Le 24 août 2006 Gabi Ashkenazi (une dizaine de jours après le cessez-le-feu), « nouveau directeur général au Ministère de la défense » (il sera le nouveau Chef d’état-major de l’armée israélienne six mois plus tard) commente la guerre du Liban.
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D’abord, un constat qui sonne comme un euphémisme : « Ça aurait pu et ça aurait dû être mieux » (le qualificatif « mieux » n’étant compréhensible que du point de vue d’un assassin d’enfants).
Ashkenazi said that the biggest lesson learned so far after reviewing the management of the Israel-Hizballah War is that the results “could have, and should have been better.” He acknowledged that there were failures that would have to be fixed, and noted that IDF Chief of Staff LTG Halutz has already drawn up a plan to make the fixes. Ashkenazi said that the failures spanned many areas and resulted from many reasons, most having to do with how the war began, how targets were selected, and how targets were attacked.
Constante : deux points qui semblent ne jamais effleurer un bidasse israëlien quand il cherche les « erreurs » commises par son pays :
– l’invraisemblable disproportion de civils libanais massacrés par rapport aux « cibles » militaires,
– le fait que les Israéliens eux-mêmes trouvent Hassan Nasrallah plus crédible que leur propre premier ministre Ehud Olmert.
Et en avant pour le « deuxième round » (cette fois-ci, la Syrie « devra payer ») :
Ashkenazi said that although “nobody wants a second round in the immediate future,” he believes that Israel needs to prepare for a second round with Hizballah and Syria, “because Syria must also pay for its role in this war.”
Ces deux paragraphes sont graves : Ashkenazi ne présente pas ici la guerre comme défensive et inévitable (à cause du vilain Hezbollah), mais comme nécessaire pour deux raisons :
– il faudra réussir ce que le « premier tour » n’est pas parvenu à réaliser,
– il faut un deuxième tour « parce que » la Syrie doit être punie.
Ça ne semble jamais évident à un européen, mais pour beaucoup de Libanais, ce type de tournure est transparent : cela révèle qu’Israël considère avoir le droit naturel d’attaquer le pays quand bon lui semble (et le fait largement savoir).
Et l’appréciation qui n’est vraiment pas bonne pour l’image de marque de Siniora au Liban :
On Lebanon, Ashkenazi said that the GOI and Lebanese PM Siniora share the same interests: “More so than other people can understand.” Noting that he had spent several years himself in south Lebanon (Marjeyoun), Ashkenazi stressed that Israel must assist Siniora, as nobody else can take Lebanon “in the right direction.”
Ces phrases sont évidemment les plus commentées, et ce sont de véritables pépites. D’abord, la bien mystérieuse phrase « le gouvernement d’Israël et le premier ministre Siniora partagent les mêmes intérêts, “bien plus que ce que les autres peuvent comprendre” », qui ferait un excellent début pour un roman de Dan Brown. La deuxième phrase est d’une élégance remarquable : Ashkenazi dit que Siniora est le seul à pouvoir emmener le Liban « dans la bonne direction », alors qu’il vient de rappeler qu’il avait lui-même participer à l’occupation du Liban pendant « plusieurs années » ; ce qui ne présage évidemment rien de bon sur ce qu’il entend par « bonne direction »...