Josh Begley a le don de rendre saillants les sujets sensibles, ceux sur lesquels les autorités américaines tentent de se faire discrètes. Son goût pour la transparence paradoxale, à la fois légale et clandestine, l’amène à trouver dans les données accessibles une façon de rendre compte d’une réalité dérangeante. C’est ainsi qu’il s’est intéressé au méga-système carcéral américain.
L’artiste est parti du constat qu’il est très difficile de disposer d’informations sur le sujet, alors même que les Etats-Unis détiennent le record mondial du taux d’emprisonnement, avec 2,2 millions de personnes derrière les barreaux en 2012, soit près d’un Américain sur cent (0,7 %). C’est ce décalage entre un phénomène massif et un vide de représentation globale qui lui a donné l’envie de montrer le paysage de l’univers carcéral par un assemblage exhaustif de photos. « Qu’est-ce que cela implique d’avoir 5 000 ou 6 000 personnes enfermées au même endroit ? A quoi ressemblent ces espaces carcéraux ? Comment transforment-ils leur environnement naturel (ou sont-ils transformés par lui ) ? », sont parmi les questions qu’il souhaitait soulever.
Omniscient
Pour réaliser sa collecte photographique, l’auteur s’est basé sur des travaux rassemblant les données géographiques des prisons. Un travail minutieux qui a permis de recenser et situer les prisons fédérales et d’Etat, les prisons locales, les centres de détention et les établissements à gestion privée. Soit au total 4916 établissements pénitentiaires, dont les images satellite ont été collectées sur Google Map à travers le pays. Josh Begley en a sélectionné 700 spécimens permettant de visualiser cette composante de la société américaine dans un hypnotique patchwork de vues aériennes sur lequel il est possible d’agrandir chaque photo.