Dans son article, intitulé Révélation : Israël a empoisonné des terres palestiniennes pour construire une colonie en Cisjordanie dans les années 1970, Ofer Aderet raconte l’histoire de la dépossession du village palestinien d’Aqraba, situé à environ trois miles de Huwwara, dans le nord de la Cisjordanie. Les terres d’Aqraba étaient convoitées pour y établir Gitit, une nouvelle colonie juive. Au final, 83 % des terres d’Aqraba, qui était alors un village de 4 000 habitants, ont été confisquées par Israël, les réduisant de 145 000 dounams (36 000 hectares) à 25 000 dounams (6 000 hectares).
Voici comment les Israéliens ont procédé :
« La première étape a consisté à déposséder les habitants du village palestinien voisin de leurs terres sous le prétexte fallacieux d’en faire une zone d’entraînement militaire. Lorsque les Palestiniens ont insisté pour cultiver la terre, les soldats israéliens ont saboté leurs outils. Ils ont ensuite reçu l’ordre d’utiliser des véhicules pour détruire les cultures. En cas d’échec, une solution radicale était employée : un pulvérisateur agricole répandait un produit chimique toxique. La substance était mortelle pour les animaux et dangereuse pour les humains. »
L’empoisonnement des cultures n’était pas un acte d’autodéfense. Il a été soigneusement planifié et a impliqué non seulement des acteurs militaires, mais également l’Agence juive :
Une réunion organisée au commandement central [de l’armée en avril 1972], à laquelle ont participé des officiers, un représentant du département « colonie » de l’Agence Juive ainsi que le responsable des propriétés des absents, était intitulée « Pulvériser les zones irrégulières dans le secteur de Tel-Tal ». Tel-Tal est devenu Gitit... Selon ce document, l’objectif de cette rencontre était d’établir la « responsabilité et le calendrier de l’épandage ». Il y est également préciser que personne ne devait se rendre dans la zone dans les trois jours qui suivraient la pulvérisation « par crainte d’un empoisonnement de l’estomac. » Les animaux, selon le document, ne devaient pas pénétrer dans la zone pendant une semaine supplémentaire... Une autre réunion a eu lieu plus tard dans le mois. « Ce commandement n’a aucune objection à procéder à la pulvérisation comme prévu », peut-on lire dans le procès-verbal. « Le responsable des propriétés des absents veillera à ce que les frontières de la zone soient marquées avec précision et dirigera l’avion d’épandage en conséquence ».
C’était l’Israël de la Première ministre Golda Meir.