« On est dans une prison et ça risque d’exploser »

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  • A Huwara, en Cisjordanie, l’armée israélienne enferme les Palestiniens chez eux : « On est dans une prison et ça risque d’exploser »

    Huwara est un carrefour commercial qui se trouve au beau milieu de la Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967. Tout autour, des colonies, dont certaines sont connues pour être les plus dures de la région, comme Yitzhar, qui coiffe la colline juste au-dessus du club de M. Awda. La route est difficilement partagée entre les deux communautés. Resserrée entre deux rangées d’habitations, encombrée par les embouteillages, elle est devenue un lieu rêvé pour tendre des embuscades aux colons.

    La dernière remonte au 5 octobre. Ce jour-là, un Palestinien tire au pistolet sur la voiture d’un jeune couple avec enfant, sans faire de victimes. L’homme s’enfuit, il sera tué peu après par les forces israéliennes, déployées en nombre dans la ville. Mais les représailles ne tardent pas. Les colons des environs appellent cette tactique le « prix à payer », à chaque fois qu’un Israélien est menacé, blessé ou tué. Il s’agit de se répandre dans les rues d’Huwara, casser des vitrines, harceler des Palestiniens. Le tout, sous la protection de l’armée. Les habitants de la ville se sont adaptés. Les entrées des maisons sont solidement barricadées. Pas une fenêtre qui ne soit fermée par des barreaux.

    [...]

    Le lendemain, 6 octobre, vendredi matin, jour de prière et de funérailles, Bezalel Smotrich lui-même visite la ville. Vivant dans la colonie de Kedoumim, toute proche, le ministre des finances est avec M. Ben Gvir, l’autre suprémaciste affirmé du gouvernement. Il est aussi ministre délégué auprès du ministère de la défense pour superviser les « affaires civiles » en Cisjordanie ; à ce titre, il préside aux destinées des quelque 500 000 colons qui vivent sur le territoire palestinien, veille à étendre leurs localités, à leur construire des routes.

    Ici, M. Smotrich est connu pour avoir déclaré à un média israélien : « Le village d’Huwara doit être anéanti. Je pense que ​c’est ​à l’Etat ​d’Israël ​de le faire et – Dieu nous en garde – non ​aux citoyens​ ». C’était après le 26 février et le raid brutal de centaines de colons, à la suite du meurtre de deux des leurs, plus tôt dans la journée. Un vandalisme d’une ampleur inédite s’était alors abattu sur Huwara. Maisons, voitures, commerces avaient été incendiés par centaines sous les yeux des militaires israéliens. Yehuda Fuchs, chef de l’armée israélienne pour la « région centrale », c’est-à-dire la Cisjordanie, a qualifié par la suite le raid des colons de « pogrom ».

    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/11/02/a-huwara-en-cisjordanie-l-armee-israelienne-enferme-les-palestiniens-chez-eu
    https://archive.ph/h1ulj

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