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  • Jérome Laronze : chroniques et états d’âmes ruraux - La Rotative
    https://larotative.info/jerome-laronze-chroniques-et-etats-3390.html
    https://larotative.info/home/chroot_ml/ml-tours/ml-tours/public_html/IMG/arton3390.jpg?1566211191

    Tué par les gendarmes le 20 mai 2017, Jérome Laronze, éleveur bovin en Saône-et-Loire, témoignait de l’attitude oppressive des services départementaux. Dans ce texte écrit peu de temps avant son assassinat, il évoquait les pressions de l’administration et son engagement pour le monde des paysans, les artisans de notre satiété.

    Sûrement déjà passé ici sur un autre site.
    #élevage

  • Grenelle sur les violences conjugales : des acteurs majeurs de la lutte oubliés par le gouvernement - La Rotative
    https://larotative.info/grenelle-sur-les-violences-3417.html
    https://larotative.info/home/chroot_ml/ml-tours/ml-tours/public_html/IMG/arton3417.jpg?1568819752

    En mettant de côté un certain nombre d’associations et d’acteurs de la lutte contre les violences faites aux femmes comme partenaires de son Grenelle sur les violences conjugales, et en médiatisant des effets d’annonce mensongers, le gouvernement démontre son incapacité à prendre en compte sérieusement ce sujet. Communiqué du réseau féministe d’Indre-et-Loire.

  • Un anarchiste américain abattu par la police en s’attaquant au système concentrationnaire US

    Le 13 juillet 2019, #Will_Van_Spronsen a été abattu par la police de #Tacoma (État de Washington) après avoir tenté d’incendier des véhicules utilisés pour la déportation des migrants enfermés au #Northwest_Detention_Center.

    Militant révolutionnaire, anticapitaliste, antifasciste, Will Van Spronsen, 69 ans, est mort en s’attaquant au #système_concentrationnaire américain. Avant d’être abattu par la #police de Tacoma, il est parvenu à incendier l’un des bus utilisés pour déporter les migrants enfermés au sein du Northwest Detention Center, un camp géré par une entreprise privée. L’attaque menée par Van Spronsen a eu lieu un an jour pour jour après le déclenchement d’une grève de la faim au sein du camp pour dénoncer les déportations et les conditions d’enfermement. Van Spronsen était armé d’un fusil d’assaut et de bombes incendiaires.

    Le Northwest Detention Center est un camp géré par une entreprise privée, GEO Group, pour le compte de la police aux frontières américaine, l’United States Immigration and Customs Enforcement (ICE). Avec une capacité d’internement de 1 575 prisonniers, c’est l’un des plus grands camps des États-Unis. Y ont notamment été internées des personnes qui ont été séparées de leurs enfants après leur arrestation, dans le cadre des nouvelles mesures racistes mises en œuvre par l’administration Trump.

    Dans une lettre envoyée à des camarades avant l’attaque, Will Van Spronsen écrit notamment :

    « Quand j’étais enfant, dans la Hollande et la France d’après-guerre, ma tête était remplie d’histoires sur la montée du fascisme dans les années 30. Je me suis promis que je ne serais pas de ceux qui restent sans rien faire pendant que leurs voisins sont arrachés à leurs domiciles et emprisonnés parce qu’ils sont perçus comme inférieurs. [...] Les camps de détention sont une abomination. Je ne peux pas rester sans rien faire. »

    La Resistencia, un groupe local de soutien aux détenu-es du camp et aux exilé-es, écrit dans un communiqué :

    « Son action témoigne malheureusement du niveau de désespoir que des gens à travers tout le pays ressentent vis-à-vis de la violence ignoble du gouvernement à l’encontre des immigrés, notamment via l’utilisation de camps de détention pour enfermer les migrants vivant aux États-Unis ou ceux qui tentent d’y trouver asile. Cette mort découle de l’incapacité du gouvernement fédéral à répondre à la colère et au désespoir ressenti face aux horreurs qui se déroulent à la frontière et à l’intérieur du pays. »

    Un rassemblement en hommage à Will Van Spronsen a été organisé dans la ville d’Olympia le soir de sa mort. Les camarades présent-es ont revendiqué la fin du système concentrationnaire, des contrôles aux frontières et des déportations.

    Feu aux centres de rétention et aux camps de concentration ! Rest in power, Will Van Spronsen.

    https://larotative.info/un-anarchiste-americain-abattu-par-3367.html
    #résistance #anarchisme #USA #Etats-Unis #rétention #migrations #asile #réfugiés #assassinat #meurtre #détention_administrative #police #violences_policières

    via @isskein

  • Sandvik m’a tuer ! Autopsie d’une fermeture d’usine

    Le groupe Sandvik, n°1 mondial de l’outillage en carbure de tungstène via sa marque Coromant, vient d’annoncer la fermeture de son site de Fondettes. Analyse de la situation industrielle et économique de la boîte par un ancien salarié.

    https://larotative.info/sandvik-m-a-tuer-autopsie-d-une-2968.html

    https://larotative.info/home/chroot_ml/ml-tours/ml-tours/public_html/local/cache-vignettes/L700xH507/arton2968-85639-da042.jpg?1540817716

    Ainsi, on commence à séparer dans la division tools du groupe les unités de production et le unités de vente. Au passage, cela permet l’optimisation fiscale. Ainsi, Safety se voit contrainte de vendre non plus directement à ses clients, mais à un magasin central en Hollande. C’est ce magasin qui distribuera ensuite la marque. Et lui qui fera alors la marge sur le produit, l’unité de production de Fondettes (PU) se contentant de vendre au prix de revient ses produits à ce magasin. Les bénéfices réalisés seront alors imposés en Hollande à 18 % contre 33,3 % (à l’époque) en France. De plus, cette stratégie permet de fabriquer n’importe quelle marque sur n’importe quelle unité de production. Ainsi, sur le site de Fondettes, seront fabriquées des plaquettes CW qui partiront avec l’étiquette Coromant ou Walter et, pendant un temps, Valenite.

    C’est à cette époque aussi qu’une partie non négligeable de la production partira en Inde, à Poona. Il s’agira de plaquettes avec peu de technologie intégrée. On comprendra que le coût de la main d’œuvre en Inde n’a rien à voir avec celui de la main d’œuvre française. Sur une production dont le prix du marché est bas, quelques centimes d’écart à la production font alors la différence. Ainsi, dès 2000, les unités de production sont mises en concurrence.

    #délocalisation #industrie #optimisation_fiscale

  • 25 août 1944 : massacre de Maillé, le silence et l’amer - La Rotative
    https://larotative.info/25-aout-1944-massacre-de-maille-le-527.html
    https://larotative.info/home/chroot_ml/ml-tours/ml-tours/public_html/IMG/arton527.jpg?1408118673

    Le 25 août 1944, à Maillé, village du sud-Touraine, 124 habitants sont massacrés par des SS. Mais qui sont ces SS ? Pourquoi ces crimes ? Pourquoi un silence de 60 années va-t-il peser sur cet événement ? Au delà des faits, Maillé pose des questions universelles. Pourquoi au « devoir de mémoire » préférer « le devoir d’Histoire ».

  • Orléans : la French Tech au garde-à-vous
    https://larotative.info/orleans-la-french-tech-au-garde-a-2783.html

    https://larotative.info/home/chroot_ml/ml-tours/ml-tours/public_html/local/cache-vignettes/L700xH505/arton2783-d2d4e-089c0.jpg?1526376477

    Cinq start-ups hébergées au sein du LAB’O, le « lieu totem » orléanais dédié au numérique et à l’innovation, ont signé un partenariat avec l’armée de l’Air pour développer des projets militaires.

    Étonnement, ce nouveau partenariat n’apparaît pas sur le site internet du LAB’O, qui insiste sur l’innovation, le partage et la convivialité, à grands renforts d’illustrations cartoonesques, plutôt que sur la participation de certaines entreprises hébergées aux conflits armés du futur.

    Au moment où l’armée de l’Air concluait ce partenariat avec des entreprises orléanaises, on apprenait que Google allait collaborer avec l’armée américaine pour l’analyse des images filmées par des drones [1]. Depuis, une douzaine de salarié-es de l’entreprise californienne ont démissionné pour protester contre ce partenariat, et près de 4 000 autres ont signé une pétition demandant que Google se retire du projet et s’engage à ne développer aucune technologie guerrière [2]. Mais la French Tech Loire Valley ne s’encombre pas de ce genre de considérations morales.

    #drones #frenchtech #google

  • Au Centre de création contemporaine, l’art d’abuser des services civiques
    https://larotative.info/au-centre-de-creation-2685.html
    https://larotative.info/home/chroot_ml/ml-tours/ml-tours/public_html/local/cache-vignettes/L700xH474/arton2685-28b69-7d343.jpg?1521037588

    Nouvel outil culturel au service de la politique d’attractivité de la métropole de Tours, le centre d’art ne pourrait fonctionner sans recourir à de nombreux jeunes en service civique. Une pratique qui s’apparente à du travail dissimulé.

    Depuis son installation dans le nouveau bâtiment du jardin François Ier, le CCCOD recourt largement aux services civiques, qui représentent près d’un quart de l’effectif. Réservé aux jeunes de moins de 26 ans, ce dispositif s’est généralisé dans de très nombreuses structures publiques ou associatives. Au centre de création contemporaine, de quatre à six jeunes travaillent sous ce statut, aux côtés des quatorze salariés, jusqu’à 35 heures par semaine, samedi et dimanche compris, pour une indemnité mensuelle de 580 euros.

    La responsabilité des élus locaux est forte : trop contents d’avoir un bel objet culturel entre les mains, ils n’ont apparemment pas réfléchi aux coûts salariaux que cela impliquait. Le bâtiment, dont la construction a coûté près de 16 millions d’euros, est devenu une vitrine pour la métropole, qui en a fait un argument au service de sa politique d’attractivité. L’image du CCCOD a notamment été utilisée dans le cadre d’une campagne publicitaire déclinée jusque dans les couloirs du métro parisien. Tant pis pour la réalité sociale à l’intérieur des murs. Mais sans ces jeunes volontaires sous payés, le bel édifice s’effondrerait.

    #culture #précarité #service_civique #attractivité cc @rezo

  • Mécénat et optimisation fiscale : l’hôpital ne se fout pas de la charité
    https://larotative.info/mecenat-et-optimisation-fiscale-l-2641.html

    https://larotative.info/home/chroot_ml/ml-tours/ml-tours/public_html/local/cache-vignettes/L700xH467/arton2641-4d2ac-ec814.jpg?1518440847

    Depuis 2016, le CHU de Tours promet rencontres exclusives et déductions d’impôts aux généreux donateurs qui voudront bien l’aider à boucler son budget. Un modèle qui s’est généralisé et illustre l’insuffisance du financement public des hôpitaux.

    Le CHU de Tours n’est pas le seul à s’être engagé dans cette voie. Le CHU de Nîmes a également décidé « d’explorer de nouveaux modes de financement » pour « dynamiser son business model ». On apprend ainsi que « la Fondation d’entreprise AREVA s’engage aux côtés du Centre Hospitalier Universitaire de Nîmes pour sécuriser la prise en charge et les soins apportés aux nourrissons ». Il fallait bien le concours d’une multinationale du nucléaire pour « rêver l’hôpital de demain » [2]. A Reims, la maison de champagne Krug fait partie des mécènes fondateurs. Nantes, Grenoble, Rennes, Limoges... Tous les CHU semblent s’être convertis à ce nouveau modèle.

    Le CHU de Tours a même investi les plateformes de financement participatif telles que Helloasso ou Ulule. A l’heure actuelle, le projet « Les yeux dans les étoiles », qui vise à « humaniser le bloc opératoire de la maternité du CHU de Tours », a récolté 40 euros sur les 1 800 espérés. Sur la plateforme Make in Loire Valley, fruit d’une collaboration entre Ulule et la Région Centre, l’amélioration de l’accueil des patientes est mis en compétition avec un projet d’enregistrement d’album, le financement d’une régate pour un groupe d’étudiants de l’IUT de Blois, ou la gravure de planches apéro représentant la ville d’Orléans.

    #santé #crowdfunding #hôpital

  • #balancetonhosto : le CHU de Tours tente de faire taire le personnel hospitalier
    https://larotative.info/obligation-de-reserve-et-censure-2629.html
    https://larotative.info/home/chroot_ml/ml-tours/ml-tours/public_html/local/cache-vignettes/L700xH525/arton2629-8d363-14492.jpg?1518021959

    A la suite du mouvement autour du hashtag #balancetonhosto, qui a permis aux professionnels de santé d’exprimer leur exaspération quant à leurs conditions de travail, les agents du CHRU de Tours se sont vus rappeler à l’ordre.

    C’est une note de service peu banale qui a été adressée au personnel hospitalier du CHRU de Tours le 15 janvier dernier. Le document, titré « Rappel de l’obligation de réserve de tous les agents du service public sur les réseaux sociaux et dans les médias », constitue en fait une tentative d’intimidation. On peut y lire :

    Tous les agents publics sont tenus à l’obligation de réserve et de mesure dans l’expression écrite et orale de leurs opinions personnelles. Aussi, cette obligation s’applique de la même manière sur les blogs, les réseaux sociaux et dans les médias.

    [...] Les agents doivent éviter toute manifestation d’opinion de nature à porter atteinte aux supérieurs hiérarchiques, à dévaloriser l’institution et à nuire à la considération du service public par les usagers. L’obligation de réserve constitue en ce sens une limite à la liberté d’opinion. Le non-respect de cette obligation de réserve est susceptible de constituer une faute disciplinaire.

    Derrière ce « rappel », la direction générale du CHU menace en fait de sanction les agents qui oseraient témoigner de la réalité du travail dans les différents établissements hospitaliers de la métropole. Une réalité déjà dénoncée par les organisations syndicales du CHU, qui luttent contre les suppressions de postes et de lits à l’hôpital, en dénonçant leurs conséquences sur la qualité des soins et des conditions de travail.

    #intimidation #santé

  • Mobilité contrôlée : une multinationale du parking déploie ses vélos à Tours
    https://larotative.info/mobilite-controlee-une-2617.html

    https://larotative.info/home/chroot_ml/ml-tours/ml-tours/public_html/local/cache-vignettes/L700xH480/arton2617-f6eac-10975.jpg?1517478568

    L’entreprise Indigo, qui se présente comme « leader mondial du stationnement », lance un service de vélos en libre service sans bornes. Une offre soi-disant « révolutionnaire » qui colle à l’ambition des élus de faire de Tours une ville « intelligente ».

    La filiale d’Indigo s’est déjà implantée à Metz et compte déployer largement son offre sur un marché déjà très concurrentiel. En plus de se diversifier, l’entreprise aux 4 000 parkings se paye un petit coup de greenwashing en développant un nouveau service garanti « écologique et durable ».

    En consultant les sites de recherche d’emploi, on tombe sur une offre de CDI pour un poste d’« agent opérationnel » basé à Tours, proposée par la multinationale du parking. Notamment chargé d’ « effectuer des réparations légères sur la flotte de vélos » et d’« assurer le déploiement de la flotte de vélos en extérieur », cet agent devra être « rigoureux, organisé, autonome, polyvalent, imaginatif, bon communicant, sociable et appliqué », mais aussi connaître Tours comme sa poche. Autant de compétences grassement rémunérées : l’offre promet un SMIC.

    Ensuite, cela donne une image moderne et connectée de la ville. Comme l’explique Serge Clémente, PDG d’Indigo, sa société ne se contente pas de gérer des parkings : elle est un outil au service de la « smart city » [4]. Même élément de langage dans la bouche d’Yves Massot, adjoint aux transports de la ville de Tours le jour de l’inauguration d’Indigo Weel, cité sur le compte Twitter de l’entreprise :

    « Le projet #Indigoweel s’adapte complètement à notre envie d’une ville #smartcity" »

    #transport #mobilité #vélo #smartcity #greenwashing

  • Service militaire : souvenirs d’un appelé tourangeau
    https://larotative.info/service-militaire-souvenirs-d-un-2601.html

    https://larotative.info/home/chroot_ml/ml-tours/ml-tours/public_html/local/cache-vignettes/L700xH467/arton2601-4b145-f9974.jpg?1516624205

    Au mois de janvier 2018, le chef de l’État a réitéré sa promesse de mettre en place un « service national universel » encadré par les armées pour les jeunes de 18 à 21 ans. Ce témoignage rappelle ce qu’était cet exercice imposé à la jeunesse : une vaste entreprise d’abrutissement, entre violence, racisme, humiliations et alcoolisme.

    L’ambiance entre appelés était encore relativement bonne et me permit de supporter l’ahurissement éprouvé à cette époque : agressivité encouragée, division des appelés entre eux, rapports humains négatifs, méfiance inouïe, racisme, liberté d’expression pratiquement nulle, dérision des objectifs présentés du service national, dérogations par rapport au règlement, impossibilité de prendre du recul par rapport au groupe, inadaptation du règlement à la France de 75 (...1975).

    Mon arrivée au camp du Ruchard fut un grand soulagement : le grand air, l’espace, les horizons ouverts, la nature, Tours à proximité... Je travaillais au « Foyer du Soldat ». En fait, il s’agissait de vendre des illusions par paquets, sous forme de canettes de bière. Les abus amenaient souvent des comportements très impulsifs chez les appelés. L’exemple des gradés ne passait pas inaperçu.

    Un exemple significatif à l’extrême de cet état d’esprit : le cas C. Arrivé de la veille, il s’est fait rouer de coups, a subi des vexations personnelles graves. Sa personnalité s’en est trouvée touchée d’une façon durable ; au point qu’il a dû être réformé au bout de quelques semaines. La passivité des autres appelés durant cette agression est connue. Ces mêmes appelés qui bénéficieront de jours de « bon soldat » ; à qui l’on délivrera des « certificats de bonne conduite » ; enfin des hommes, en un mot.

    Et bien, c’était le fond, l’essence de cette structure dont il s’agissait. Au Ruchard comme à Fontainebleau, et ailleurs sans doute, l’armée me semblait n’être qu’une gigantesque organisation isolée dans le temps et dans l’espace, dans la société française. Organisation dont la devise aurait pu être : « Le biceps, la fesse, et l’ivresse... »

    #armée #caserne #service_national

  • Assurance-chômage : « Nous n’avons pas de devoirs, nous n’avons que des droits ! »
    https://larotative.info/assurance-chomage-nous-n-avons-pas-2600.html
    https://larotative.info/home/chroot_ml/ml-tours/ml-tours/public_html/local/cache-vignettes/L700xH465/arton2600-693d1-b9565.jpg?1516616733

    Depuis leur arrivée au pouvoir, Emmanuel Macron et sa majorité multiplient les déclarations contre les chômeurs, qu’ils veulent soumettre à un contrôle renforcé. Entretien avec Jean-Pierre Antoine, secrétaire de la CGT chômeurs rebelles du Morbihan, qui dénonce la stigmatisation des privés d’emploi et s’inquiète d’un possible démantèlement du régime d’assurance-chômage.

    Depuis le 1er janvier 2018, les salarié-e-s ne cotisent plus à l’assurance-chômage. Pour compenser la suppression des cotisations des salariés à l’assurance-chômage, l’État a décidé d’une hausse de la CSG, qui est prélevée sur tous les revenus d’activité et revenus de remplacement, y compris les pensions de retraite. Comme c’est désormais un impôt qui financera l’assurance-chômage, et non plus les cotisations des salariés, l’État va pouvoir mettre en cause la légitimité des représentants des salariés qui siègent au conseil d’administration de l’Unédic. Puisque les salariés ne cotisent plus pour financer le régime d’assurance-chômage, pourquoi seraient-ils représentés et associés à sa gestion ?

    Je suis persuadé qu’on se dirige vers une transformation complète de la gestion de l’assurance-chômage. L’État pourra décider du fonctionnement de l’assurance-chômage sans concertation. Et Emmanuel Macron a déjà annoncé la couleur : deux offres raisonnables refusées, ça se traduira par une suppression de l’allocation versée (bien sûr, la notion d’offre raisonnable n’est pas précisée). En outre, avec la suppression de la cotisation sur les salaires, on peut imaginer que l’allocation versée ne sera plus calculée en fonction des salaires antérieurs. L’État pourrait donc décider de fixer le montant et la durée de versement du revenu de remplacement alloué aux privés d’emplois. On va se retrouver sur un modèle similaire à ce qu’on connaît en Angleterre, avec l’État à la baguette.

    Pour nous, c’est clair : plutôt que contrôler les chômeurs, ils feraient mieux de contrôler les offres d’emplois. Le site du Pôle Emploi a été largement ouvert, et les employeurs peuvent désormais publier directement leurs annonces, qui ne sont plus contrôlées par des agents du Pôle Emploi mais par des algorithmes. Ils feraient mieux de revenir à un système de contrôle préalable des offres.

    Nous sommes opposés au contrôle des chômeurs. L’assurance-chômage, c’est un droit. Quand on nous parle de devoirs, c’est une façon de stigmatiser les privés d’emploi. Nous n’avons pas de devoirs, nous n’avons que des droits ! S’il y a six millions de chômeurs dans ce pays, ce n’est pas parce que les privés d’emploi ne cherchent pas de travail, mais tout simplement parce qu’il n’y a pas de boulot.

    #chômage #pôle_emploi #précarité

  • Congrès de Tours : « Beaucoup de militants pensaient que la révolution était à portée de main »
    https://larotative.info/congres-de-tours-beaucoup-de-2563.html

    https://larotative.info/home/chroot_ml/ml-tours/ml-tours/public_html/local/cache-vignettes/L700xH526/arton2563-1d6f8-a51d9.jpg?1514460693

    Du 25 au 30 décembre 1920, les socialistes français réunis à Tours débattent de l’adhésion de leur parti à la Troisième Internationale, créée à Moscou en 1919. Ce congrès aboutit à une scission, qui conduira à la création du Parti communiste français. Entretien avec Julien Chuzeville, auteur du livre Un court moment révolutionnaire, la création du parti communiste en France (1915-1924) chez #Libertalia

    Beaucoup de militants pensent que la révolution est à portée de main. Le gouvernement français le craint aussi. C’est pourquoi il fait arrêter en mai 1920 les principaux militants révolutionnaires, en particulier Fernand Loriot, Boris Souvarine et Pierre Monatte. Ils sont toujours en prison pendant le congrès de Tours.

    Les délégués présents au congrès sont appelés à se prononcer sur l’adhésion de la SFIO à l’Internationale communiste, créée par les bolcheviks à Moscou en mars 1919. Au moment des débats, que savent les socialistes français de la situation en Russie ?

    Il n’y a pas une ignorance complète, mais une vision déformée. Les révolutionnaires pensent souvent que les conseils ouvriers (« soviets », en russe) ont le pouvoir en Russie, que c’est l’autogestion. En fait, en décembre 1920 les soviets n’ont déjà plus qu’un rôle décoratif.

    Le souvenir de la Commune de Paris de 1871, moins de 50 ans auparavant, joue un rôle important : les communards avaient été accusés d’atrocités largement exagérées. En 1920, la presse conservatrice en France est très opposée aux bolcheviks. Elle publie souvent des fausses nouvelles — la mort de Trotski est par exemple plusieurs fois annoncée —, et diffuse des détails fantaisistes qui, pour les révolutionnaires, lui enlèvent toute crédibilité. Ils pensent que c’est la propagande anti-communarde qui recommence. Les russes blancs en exil diffusent des théories du complot. Il y a des « fake news » des deux côtés, ce qui empêche d’avoir une lecture claire de la situation. Et la voix des révolutionnaires russes opposés aux bolcheviks est alors quasiment inaudible en France.

    Enfin, l’Internationale communiste ne correspond pas à ce que les révolutionnaires avaient espéré : elle ne veut surtout pas d’une nouvelle synthèse entre marxisme, syndicalisme révolutionnaire, voire communisme libertaire. La bureaucratisation est rapide et s’accompagne d’un tournant idéologique autoritaire.

    A partir de 1924, les militants qui avaient été à la tête de la minorité internationaliste pendant la guerre se retrouvent en pointe dans la lutte contre la bolchevisation ordonnée par Moscou — qui va s’avérer être le début de la stalinisation. Ils forment une opposition communiste en interne, mais il n’y a plus de fonctionnement démocratique : ils sont donc exclus ou démissionnent.

    #pcf #sfio #communisme #libertaire #révolution cc @rezo @fil

  • Top des entreprises, flop du journalisme
    https://larotative.info/top-des-entreprises-flop-du-2548.html

    https://larotative.info/home/chroot_ml/ml-tours/ml-tours/public_html/local/cache-vignettes/L700xH525/arton2548-a9804-6384a.jpg?1513586484

    Chaque année, le groupe La Nouvelle République invite le patronat local au centre de congrès de Tours pour une soirée dédiée à « valoriser la performance ». Un événement qui illustre les rapports incestueux du journal avec les pouvoirs locaux.

    Cette « grande soirée des entrepreneurs tourangeaux », qui a réuni 1 500 acteurs économiques, était organisé par le groupe La Nouvelle République. Depuis plusieurs années, le principal groupe de presse de la région invite le patronat local à s’autocélébrer lors de cet événement sobrement nommé « Top des entreprises ». On s’applaudit entre pairs et on se récompense, dans différentes catégories : manager de l’année, création d’entreprise, innovation, export...

    C’est l’occasion pour le groupe de presse de brosser dans le sens du poil ses annonceurs actuels et potentiels. Rien de tel que des remises de trophées et des petits fours pour sceller une bonne entente. Pour La Nouvelle République, les collectivités et les entreprises ne sont pas des acteurs de la vie locale dont le journal devrait couvrir l’activité avec un semblant de neutralité, mais des partenaires privilégiés.

    Confronté depuis des années à un effondrement de sa diffusion [2], le journal a intérêt à maintenir de bonnes relations avec ses annonceurs, qu’il s’agisse d’entreprises ou de collectivités. D’où la multiplication d’événements et de partenariats avec ces acteurs : Top des entreprises, Tops du tourisme, participation à l’organisation du Festival du cirque, petits-déjeuners VIP, etc.

    #médias #presse #PQR #journalisme

  • Protection de l’enfance : le conseil départemental d’Indre-et-Loire met en danger les mineurs
    https://larotative.info/protection-de-l-enfance-le-conseil-2538.html
    https://larotative.info/home/chroot_ml/ml-tours/ml-tours/public_html/local/cache-vignettes/L700xH525/arton2538-bf47a-ef086.jpg?1512414427

    Début octobre, le président du conseil départemental d’Indre-et-Loire, Jean-Gérard Paumier, annonçait à deux des acteurs clés de la protection de l’enfance que leurs financements étaient suspendus. En jeu : quatre millions d’euros, alors que le secteur souffre déjà d’un grave manque de moyens. Entretien avec Muriel, éducatrice spécialisée, salariée de l’Association départementale de sauvegarde de l’enfance (ADSE).

    La suspension des financements représente environ deux millions d’euros pour chacune des deux associations. Sans cet argent, l’ADSE ne pourra pas survivre très longtemps. Là, aucun contrat à durée déterminée n’est renouvelé. Comme il n’est pas possible pour les éducateurs de suivre plus d’enfants qu’ils le font actuellement – compte tenu des situations que nous suivons, qui sont parfois dramatiques, ce serait beaucoup trop risqué — cela signifie que certains enfants qui font l’objet d’un signalement et d’une décision de justice visant à les protéger ne peuvent pas être pris en charge et sont inscrits sur liste d’attente .

    Concrètement, cela veut dire que l’admission de certains enfants est refusée, et que l’Aide Sociale à l’Enfance — qui dépend du conseil départemental — conteste des décisions de placement prononcées par la justice. Dans certains foyers, les collègues se retrouvent parfois seuls en soirée avec huit jeunes. Cela les place dans des situations délicates : on ne peut pas aller chercher un enfant à l’école en même temps qu’on prend en charge un groupe. Et il ne s’agit pas d’enfants en colonie de vacances : beaucoup de ces mômes sont « cassés », certains présentent des problématiques très complexes, peuvent parfois être violents. Beaucoup de salariés sont épuisés. D’après ce qu’on sait, le nombre d’arrêts maladie a explosé depuis la conclusion du contrat d’objectifs.

    On est là pour mener un boulot éducatif, ça demande énormément de temps et d’investissement. Il faut entrer en lien avec les jeunes qui nous sont confiés, avec leur famille quand on travaille en milieu ouvert… Ce travail est complètement nié. Quand on parle de situations humaines, on nous répond « réduction budgétaires » . On n’a pas le même vocabulaire… Mais s’occuper des mômes coûte de l’argent. Et pour bon nombre d’entre eux, si on a le temps et les moyens, on peut les aider à s’en sortir. Les soutenir, leur montrer que tout n’est pas inéluctable, qu’ils peuvent faire autre chose de leur vie, même si leur enfance a été difficile. On sait que ça fonctionne. C’est une question de choix politique.

    #ASE #enfance #prévention #salariat

  • Au Sanitas, le promoteur immobilier fait disparaître les populations noires et arabes
    https://larotative.info/au-sanitas-le-promoteur-immobilier-2525.html

    https://larotative.info/home/chroot_ml/ml-tours/ml-tours/public_html/local/cache-vignettes/L700xH413/arton2525-d81f4-b1bd7.jpg?1511811694

    Le panneau d’affichage qui montre à quoi ressemblera l’immeuble de bureaux en cours de construction dans ce quartier prioritaire de Tours ne présente que des personnes blanches. A l’opposée de la réalité sociale actuelle du quartier.

    Ce qui frappe, quand on examine en détail l’image, ce sont les personnages qui y figurent. On en voit une vingtaine, parmi lesquels quelques enfants. Tous sont blancs. Plusieurs hommes portent une veste et une cravate. L’un d’eux a le portable vissé à l’oreille et l’autre main négligemment enfoncée dans la poche. On est face à de jeunes cadres dynamiques. On voit aussi une femme portant une chemise en flanelle et des bottines en cuir, une autre portant une jupe de tailleur noire qui téléphone depuis une salle de réunion, une dernière qui porte un short à motifs et un chapeau qui lui confèrent un look de blogueuse mode. Ils semblent tous appartenir à la classe moyenne.

    Comme le remarquait le chercheur Alex Schafran, qui a observé une soixantaine d’images du même type, notamment en banlieue parisienne :

    « Il est frappant de constater que les personnes figurant dans ces représentations du futur ne ressemblent en rien aux personnes vivant en réalité sur ces territoires. [...] [Les rendus] dépeignent une image systématiquement plus blanche et typiquement plus bourgeoise que la réalité du quartier. » [1]

    #urbanisme #architecture #blanchiment #racisme #embourgeoisement

    cc @fil

    • Les décideurs sont rarement racisés et veulent s’identifier au projet. Ensuite et surtout, tout le monde veut attirer des CSP+ sur son territoire et personne ne veut de pauvres → même au bled, quand les communes ou les interco ont un projet, c’est toujours au bénéfice des CSP+, personne ne veut dépenser du fric pour des gens « qui ne rapportent pas ».
      Enfin, même quand il ne s’agit pas de projet, les dominants invisibilisent les dominés, sauf quand ils ont besoin de stigmatiser. Quand TF1 et France 2 ont parlé du quartier du Garros, à Auch, l’un des quartiers les plus pauvres de France, ils ont réussi à le faire en ne montrant que quelques vieux blancs. Avec @heautontimoroumenos, on était choqué tellement ils avaient réussi à montrer le contraire de la réalité, c’est à dire un quartier très jeune, très pauvres et très racisé.

      L’idée derrière tout cela est toujours de faire « disparaitre » les « indésirables » et pas seulement symboliquement : la plupart des projets prévoient en réalité de remplacer les quartiers populaires par des quartiers bourgeois, sans jamais rien prévoir pour ces populations dont personne ne veut… une sorte de colonisation intérieure.
      Et ainsi de projets en projets, on arrive à repousser les pauvres dans les territoires dévalorisés, coincés entre l’usine de produits chimiques, le croisement de deux ou trois autoroutes et la décharge…
      Mais c’est « le marché » qui veut ça, hein !
      Voilà un #grand_remplacement qui ne dit pas son nom…