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  • « Au Sahel, notre politique d’aide au développement s’est complètement fourvoyée - Interview de Serge Michailof, ancien de l’AFD et de la Banque Mondiale"
    http://www.lemonde.fr/international/article/2016/04/29/serge-michailof-le-sahel-est-constitue-d-une-serie-de-poudrieres_4911188_321

    Selon vous, il faut s’attendre dans les prochaines années à une catastrophe humanitaire avec des conséquences qui s’étendront au-delà des frontières du Sahel…
    Une telle catastrophe n’a rien d’inéluctable. Mais la poursuite des politiques actuelles conduit à une impasse. En priorité, il est illusoire de compter sur des forces étrangères, françaises ou autres, pour restaurer la ­sécurité. S’il est une leçon à tirer du fiasco ­occidental en Afghanistan, c’est que tôt ou tard, des forces étrangères sont perçues comme des forces d’occupation.
    Le véritable enjeu n’est pas, comme l’annonçaient les Américains en Afghanistan, de «  tuer les méchants  », mais de répondre au désespoir d’une jeunesse sans capacité d’insertion économique ou sociale, travaillée par un islam rigoriste, et dont les meilleures perspectives se situent, objectivement, non dans une agriculture marginale, mais dans les trafics illicites contrôlés par des groupes armés.

    #aide_au_développement #principe_de_réalité #afrique

  • Le Kenya brûle son stock d’ivoire contre le braconnage des éléphants
    http://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2016/04/30/le-kenya-brule-son-stock-d-ivoire-contre-le-braconnage-des-elephants_4911293

    C’est la saison des pluies, mais les flammes promettent d’être visibles à des kilomètres. Le #Kenya doit brûler samedi 30 avril quelque 105 tonnes d’#ivoire, soit la plus grande cérémonie de destruction d’« #or_blanc » par le feu jamais organisée en Afrique.

    Onze bûchers de 16 000 défenses ont été dressés face au Parc national de Nairobi. Le symbole est fort, spectaculaire, car il y a urgence. L’#Afrique ne compte plus que 500 000 #éléphants, moitié moins qu’il y a trente ans, et 30 000 y sont tués chaque année par les braconniers. Près d’un animal toutes les quinze minutes.

    Tout le continent est frappé, ou presque. Seul le Botswana semble faire exception, abritant 40 % de la population du continent grâce à une ambitieuse politique de lutte contre le #braconnage.

  • Aux Etats-Unis, les prisons frisent l’overdose

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/04/28/aux-etats-unis-les-prisons-frisent-l-overdose_4910122_3232.html

    Douglas M. Lindsay aurait dû passer sa vie derrière les barreaux. Accusé en 1996 d’avoir organisé un trafic de crack dans son quartier, cet ancien militaire afro-américain, alors âgé de 26 ans, n’avait jamais été condamné auparavant et aucun acte de violence ne lui était reproché. Rien n’y a fait  : son sort a été scellé par une procédure pénale sans indulgence dans les affaires de drogue, en vigueur aux Etats-Unis depuis les années 1980. Ce système, aujourd’hui controversé, fait de l’Amérique la championne de l’incarcération de masse  : alors que le pays totalise 5 % de la population mondiale, ses prisons enferment un quart de l’ensemble des détenus de la planète.

    Entre 1980 et 2014, la population carcérale a connu une explosion de 340 %

    Finalement, M. Lindsay ne mourra pas en prison. Usant de l’un des rares leviers à sa disposition pour promouvoir une justice plus équitable, le président des Etats-Unis lui a accordé une grâce, en juillet 2015  : l’homme est sorti de prison à la fin de l’année.

    Au cours de son second mandat, Barack Obama s’est démarqué de ses prédécesseurs en multipliant ces gestes de mansuétude. «  L’Amérique est le pays de la seconde chance et ces gens, qui ne sont pas des criminels endurcis, méritent une seconde chance  », aime-t-il à rappeler. Au total, il a gracié quelque 240 prisonniers, non violents, pour la plupart condamnés dans des affaires de drogue. Une goutte d’eau qui passe inaperçue dans un univers carcéral saturé par la détention de 2,2 millions de personnes, soit 1 adulte sur 110.

    (...) 5 g ou 500 g, même tarif

    Les deux candidats démocrates en course pour l’investiture à la Maison Blanche, Hillary Clinton et Bernie Sanders, se sont saisis du sujet et ont promis de réformer (pour la première), voire de supprimer (pour le second), le système des « peines minimales obligatoires ». En multipliant les condamnations lourdes et sans discrimination, ces « mandatory minimum sentences » ont rempli les prisons. Les républicains se sont faits plus discrets, mais deux propositions de loi sont actuellement portées par des élus des deux camps au Congrès pour amender le système arbitraire de ces peines planchers.

    L’année électorale n’est guère propice à leur examen : les opposants, inquiets de voir libérer « des criminels », bataillent contre toute évolution de la loi. Mais les promoteurs des textes ne désespèrent pas de les voir aboutir avant les élections générales de novembre. En outre, estime Molly Gill, chargée des relations avec les responsables politiques au sein de l’organisation Families Against Mandatory Minimums (FAMM), « la culture de la sévérité des peines liées à la drogue a changé et le Congrès devra le prendre en compte, tôt ou tard. Au niveau de nombreux Etats, les réformes ont déjà commencé ».

    En attendant, le système de répression amorcé dans les années 1980, après une décennie de « guerre contre la drogue », décrétée par le président Richard Nixon en 1971 à l’extérieur et à l’intérieur des Etats-Unis, a sévi plus de trente ans, remplissant les prisons, détruisant les cellules familiales, jetant derrière les barreaux plus d’Afro-Américains que de Blancs. Par quel processus un pays dont le niveau de criminalité est sensiblement le même que celui des autres pays occidentaux incarcère-t-il 716 personnes pour 100 000 habitants (un chiffre qui monte à 870 pour les Noirs) contre 98 en France ou 147 au Royaume-Uni, selon les chiffres de Prison Policy Initiative, un groupe qui défend une réforme de la justice pénale ? Comment expliquer qu’entre 1980 et 2014 la population carcérale ait connu une explosion de 340 % ?

    C’est un fait divers tragique, qui, en 1986, a accéléré le changement
    d’échelle dans la « guerre contre la drogue ». Cette année-là, Len Bias, un joueur de basket-ball prometteur de 23 ans, meurt d’une overdose. Ce drame de la cocaïne affole l’opinion publique et incite les élus à accroître la sévérité des peines à l’encontre des dealers et des détenteurs de drogue. Le Congrès adopte une loi, signée par Ronald Reagan, qui privilégie la punition immédiate et automatique aux condamnations avec sursis. Toute personne trouvée en possession de 5 grammes de crack « avec intention d’en faire commerce » est désormais condamnée à 5 ans de prison ferme. Le même tarif est appliqué s’il s’agit de 500 grammes de cocaïne. En cas de violence, la peine est de 20 ans.

    La loi des « trois coups »

    Outre le systématisme des peines planchers, la disparité entre les deux produits – justifiée à l’époque par une gradation dans leur dangerosité – induit des discriminations raciales aux effets toujours visibles aujourd’hui. Le crack étant plus répandu dans les quartiers pauvres, noirs ou latinos, son utilisation et son trafic mènent en prison une proportion plus forte de jeunes Afro- Américains. Alors qu’ils représentent 12 % de la population, les hommes noirs constituent 41 % de la totalité des prisonniers américains, selon une étude publiée le 16 mars par la Brookings Institution, un cercle de réflexion libéral. De son côté, l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU) estime qu’un adulte noir sur quinze a fait un séjour derrière les barreaux. En 1995, un rapport de l’US Sentencing Commission, une agence indépendante officielle, confirmait que la disparité de traitement selon les substances en cause avait conduit « à punir plus sévèrement les petits revendeurs de crack, principalement des Afro-Américains, que les gros pourvoyeurs de poudre ». Le Congrès refusera toutefois de tenir compte de cet avis pour faire évoluer la loi.

    « Il faut rappeler qu’au fil des années les textes les plus sévères ont été votés à la fois par les démocrates et les républicains », précise Mme Gill. Ce fut notamment le cas en 1994, sous la présidence de Bill Clinton, qui confirma le système des peines minimales obligatoires et subordonna la construction de nouvelles prisons à l’absence de libération conditionnelle. Sa loi dite « des trois coups », qui permet de prononcer des peines de prison à vie pour des personnes commettant un troisième délit ou crime, a aussi contribué à l’incarcération de masse. « J’ai signé un texte qui a aggravé la situation », a admis, en juillet 2015, l’ancien président américain devant le congrès de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP). Aujourd’hui, la moitié des personnes condamnées à des peines de prison au niveau fédéral le sont pour des délits liés au trafic de drogue, de même que 20 % de celles qui sont détenues dans les prisons des Etats. « Or cette politique n’a rien résolu, souligne Mme Gill. Il y a toujours de la drogue, et le pays est confronté au problème de l’héroïne. »

    Allongement spectaculaire des peines

    Le systématisme des peines planchers a pourtant continué de créer des cas aberrants, tels que des condamnations à vie ou à des peines de plusieurs dizaines d’années de prison pour des faits sans violences. La durée des peines a connu un allongement spectaculaire entre 1988 et 2012 pour les affaires liées à la drogue et aux armes. Or toute période de détention contribue à déstabiliser les familles et à accentuer les inégalités sociales, soulignent les partisans d’une justice plus équitable. « Sans l’incarcération de masse, bien moins de gens auraient connu la pauvreté. Et je ne parle pas seulement des familles dont un membre est derrière les barreaux, mais aussi des 600 000 personnes libérées chaque année et qui connaissent un taux de chômage de 60 % », expliquait récemment Mme Clinton, qui admet être en porte-à-faux avec la politique poursuivie par son président de mari au milieu des années 1990.

    Au fil du temps, néanmoins, l’évidence de l’iniquité de ce système et des interrogations sur le sens même des sanctions ont fini par faire leur chemin. En 2010, Barack Obama a signé une loi supprimant les disparités entre crack et cocaïne et a mis fin aux peines minimales obligatoires dans les cas de simple possession de drogue. En 2015, sur recommandation de l’US Sentencing Commission, plusieurs milliers de prisonniers ont pu bénéficier d’une liberté conditionnelle. Quant au ministère de la justice, il recommande désormais plus de clémence et de proportionnalité pour les petites infractions liées à la drogue. « L’objectif n’est pas de faire sortir tout le monde de prison, explique Greg Newburn, de la FAMM. Mais il faut que chacun reçoive une sanction appropriée à sa situation, en fonction de son histoire. » Dans la plupart des cas, l’état mental de l’accusé et son niveau d’implication dans l’infraction ne sont pas pris en compte.

    La nécessité de réformer ces procédures relève aussi de raisons plus terre à terre. Le budget nécessaire à l’incarcération de 2,2 millions de personnes est pharaonique : quelque 80 milliards de dollars par an, assumés en majeure partie par les Etats, selon la Brookings Institution. « Le ministère de la justice y consacre aussi 30 % de son budget »,
    souligne Mme Gill. Et ce chiffre est en constante augmentation. L’ampleur de la coalition qui, aujourd’hui, défend une réforme souligne la diversité des motivations, qu’elles soient financières, sociales ou humanistes. Des démocrates les plus libéraux aux milliardaires républicains les plus conservateurs, des religieux de toutes origines aux libertariens : un quasi-consensus s’est installé.

    Cercle infernal

    « Il y a dix ans, parler de réformer le système pénal et carcéral était un suicide politique », a confié l’ancien candidat à l’investiture démocrate Jim Webb, qui en a fait son cheval de bataille, lors d’un débat sur la question organisé par l’ambassade de France à Washington, le 8 mars. « Auparavant, ce sujet était considéré comme une préoccupation exclusivement libérale ; elle est devenue une question bipartisane. Les Etats les plus conservateurs s’en sont emparés, confirme M.
    Newburn. Les responsables politiques se sont rendu compte qu’il fallait certes assurer la sécurité des citoyens, mais à un coût minimal, et que l’on pouvait interroger l’efficacité de la justice pénale au même titre que celle des politiques d’éducation, des transports ou de santé. » Une prise de conscience accélérée par la crise économique de la fin des années 2000 et la nécessité de ménager les deniers publics.

    Avec un taux de criminalité en baisse constante depuis plus de vingt ans, les contribuables américains semblent aussi moins enclins à voir leurs impôts passer dans la construction de nouvelles prisons et l’entretien de 2,2 millions de détenus. Si l’on ne peut exclure qu’une hausse des incarcérations entraîne une baisse du taux de criminalité, des experts estiment ce rapport de cause à effet marginal. A la FAMM, M. Newburn assure que « libérer un tiers des prisonniers américains serait sans effet sur la sécurité. Les ressources ainsi économisées permettraient de mettre plus de policiers dans les rues et d’améliorer la prévention ». Les élus de tous bords ont en tout cas compris les interrogations de leurs concitoyens, et plus de la moitié des Etats américains ont entrepris des réformes en ce sens : fin des peines planchers, suppression de la loi « des trois coups », requalification des infractions, libérations conditionnelles...

    Mais aux yeux de David C. Fathi, directeur du National Prison Project au sein de l’ACLU, ces changements, si bienvenus soient-ils, ne suffisent pas. « Si des efforts ne sont pas également faits sur la vie en prison, sur la santé mentale et la réinsertion, le problème de l’incarcération de masse ne sera pas réglé. Aujourd’hui, les conditions de détention abîment tellement les gens qu’ils sont pour beaucoup incapables de se réinsérer dans la société, et risquent de récidiver et de remplir à nouveau les prisons. » Cette analyse est partagée par beaucoup alors que le taux de récidive, cinq ans après la sortie de prison, atteint des sommets : 76 %, selon les chiffres officiels. Un cercle infernal dont l’Amérique mettra des « décennies » à sortir, a déjà prévenu le président Obama.

  • L’Autriche adopte un « état d’urgence » migratoire
    http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/04/27/crise-migratoire-l-autriche-veut-limiter-drastiquement-le-droit-d-asile_4909

    Tétanisés par la montée inexorable de l’extrême droite, les députés de la majorité au pouvoir ont en effet adopté à une large majorité une loi inédite d’« état d’urgence » migratoire, qui va stupéfier Bruxelles.

    Sociaux-démocrates et chrétiens conservateurs, unis dans une coalition gouvernementale depuis 2008, ont choisi de suivre la politique du voisin hongrois Viktor Orban en introduisant des dispositions qui, sauf à Budapest, n’ont guère d’équivalent au sein de l’Union européenne.

    Désormais, les réfugiés syriens, afghans ou irakiens auront un permis de séjour limité dans le temps. Au bout de trois ans, la situation dans leur pays d’origine sera examinée. Si la guerre y est finie, ils devront rentrer chez eux.

    Ils auront également plus de difficultés à faire valoir leurs droits à une vie maritale. Un frein drastique est mis aux conditions du regroupement familial, notamment pour les bénéficiaires de la protection subsidiaire.

    Cette mesure vise spécifiquement à décourager les jeunes hommes afghans, qui ont été les plus nombreux parmi les 90 000 requérants à l’asile en Autriche (8,5 millions d’habitants) pour l’année 2015.

    Anticipant une possible arrivée massive l’été prochain de réfugiés en provenance d’Italie, Vienne veut enfin pouvoir mettre en place un régime d’exception, valable deux ans, afin de refouler les migrants à ses frontières, si son administration se juge dépassée.

    Les réfugiés, même de nationalité syrienne ou irakienne, devront alors prouver dans le pays par lequel ils sont arrivés en Autriche qu’ils sont persécutés. C’est cette dernière disposition qui choque le plus, car elle est très clairement destinée à faire pression sur l’Italie, accusée par Vienne de ne pas contrôler efficacement ses frontières extérieures, et surtout, de laisser beaucoup de migrants continuer leur route vers le nord sans les enregistrer.

  • Au Canada, une société veut capturer le CO2 pour en faire du combustible

    http://www.lemonde.fr/climat/article/2016/04/27/au-canada-une-societe-veut-capturer-le-co2-pour-en-faire-du-combustible_4909

    L’air semble si pur sur la route côtière, sinueuse, qui mène de North-Vancouver à Whistler, en Colombie-Britannique. A mi-chemin, le village de Squamish est niché au fond d’une large baie, encadrée de sommets enneigés. Passé le yacht-club, un chemin se faufile entre le terrain d’une compagnie forestière et le terminal portuaire. Carbon Engineering a posé ses pénates juste avant la plage : le hangar et les quelques installations extérieures de son unité pilote réussissent déjà, après moins d’un an, à retirer de l’air ambiant 1 tonne de CO2 par jour, l’équivalent d’un vol Paris-New York aller-retour pour un passager.

    Plus de 90 millions de tonnes de CO2 sont émises chaque jour dans le monde. La petite société de Calgary (Alberta), dont le projet a été financé – entre autres – par Bill Gates, figure parmi les onze finalistes du prix Virgin Earth, récompensant les meilleures solutions d’élimination des gaz à effet de serre. Elle a de grandes ambitions : « aspirer » directement de l’atmosphère, d’ici à 2020, 1 million de tonnes de CO2 par an et le recycler pour produire 400 millions de litres de carburant synthétique, principalement pour le transport lourd (avions, camions, camionnettes…) avec de bons revenus à la clé, incluant la vente de crédits carbone.

    « La machine du progrès est en marche »

    Dans l’éventail des mesures de lutte contre les changements climatiques, celle-ci aurait l’avantage d’être facile à mettre en place, n’importe où, à grande échelle et à coûts raisonnables, affirme Geoffrey Holmes. Le directeur du développement de Carbon Engineering fait le constat qu’il sera « encore pour longtemps difficile de contrôler à la source les émissions de gaz à effet de serre qui ne proviennent pas de grandes industries polluantes mais du transport, de l’agriculture... » Autant, ajoute-il, capter ce carbone dans l’air, mais sans l’emprisonner sous terre, comme le font les unités de captage de carbone existantes.

    De nombreux scientifiques sont aussi convaincus que le retrait massif de CO2 dans l’atmosphère sera nécessaire. Ce que fait Carbon Engineering est « un premier pas démontrant que la machine du progrès est en marche », estime Klaus Lackner, directeur du Center for Negative Carbon Emissions de l’université d’Arizona. Et Alan Robock, professeur en climatologie à l’université Rutgers du New Jersey, voit d’un bon œil le projet canadien : « C’est l’une des premières tentatives pour capter le carbone dans l’air et l’utiliser pour faire un nouveau produit plutôt que l’enfouir. J’espère que de tels projets se développeront à grande échelle », déclare-t-il, tout en craignant que les coûts actuels, élevés, refrènent les ardeurs. Expert de l’atmosphère à la Carnegie Institution for Science de Stanford, Ken Caldeira s’interroge aussi sur la « viabilité commerciale du projet, expérimental pour l’instant ».

    Carbon Engineering a, en tout cas, déjà commencé à recycler le CO2 capté pour produire un carburant synthétique. Elle n’a pour l’heure que deux concurrents (le californien Global Thermostat et le suisse Climeworks) mais affirme « avoir une meilleure technologie ».

    Dans la cour de l’unité-pilote, qui a coûté 7 millions d’euros, trône la pièce majeure du système. Le contacteur est une boîte de 4 mètres de côté, dont 2 mètres d’entrées d’air, avec un gros ventilateur au-dessus. « Son design est celui d’une tour de refroidissement », souligne l’ingénieur chimiste Kevin Nold. Ici s’arrête la comparaison : au lieu d’eau chaude, le système utilise une solution d’hydroxyde de sodium ou potassium qui absorbe les trois quarts du dioxyde de carbone aspiré. Son prototype a été développé par David Keith, professeur de physique à l’université de Calgary qui a créé l’entreprise. Aujourd’hui enseignant à Harvard, il a été sacré « héros de l’environnement » par le magazine Time pour ses travaux sur les changements climatiques.

    Objectif : capter 100 000 tonnes de CO2 par an

    Du contacteur, le gaz carbonique est transféré dans le hangar adjacent pour être soumis à différentes réactions chimiques. A l’état de solide, il forme des boulettes beiges, comme de gros grains de sable. Avec 1 tonne de CO2 capté, on obtient 2 tonnes de boulettes. L’idée est de
    valoriser le produit. « L’unité-pilote a démontré qu’on peut capter le carbone, puis en chauffant les boulettes à 900 degrés Celsius, obtenir par réaction avec de l’hydrogène un combustible synthétique », note M. Holmes.

    La société a déjà récolté 7 millions d’euros d’investissements privés et autant de subventions publiques. Fin 2016, elle prévoit de se doter de son unité de production de carburant synthétique. « Le plan est de sortir un baril par jour avant d’entamer la vraie phase commerciale, souligne M. Holmes. Dès 2018, nous aurons une usine de captage de carbone et de recyclage en carburant. » Objectif : capter 100 000 tonnes de CO2 par an et produire 40 millions de litres de carburant pouvant alimenter en essence 25 000 véhicules par an. Puis multiplier par dix les volumes captés et le carburant produit.

    Sa mise en marché rapporterait 28 millions d’euros par an, à 1 dollar le litre de carburant. Sans compter les revenus tirés de la vente de crédits carbone. A 84 euros la tonne, 100 000 tonnes de CO2 retirées de
    l’atmosphère donneraient droit à 8,4 millions d’euros. « A terme, on pourra capturer dix fois plus de CO2 avec une seule unité, estime M. Holmes. Imaginez si l’on commence à en installer partout sur
    la planète ! »

  • Le premier lancement d’une fusée depuis le nouveau cosmodrome russe Vostotchni retardé
    http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/04/27/le-premier-lancement-d-une-fusee-depuis-le-nouveau-cosmodrome-russe-vostotch

    Le lancement du vaisseau russe Soyouz 2.1a, qui devait être le premier effectué depuis le nouveau cosmodrome Vostotchni, situé dans l’Extrême-Orient russe, a été reporté mercredi 27 avril matin de vingt-quatre heures, a annoncé l’agence spatiale du pays, Roskosmos. « Il y a eu un arrêt par le système de contrôle automatisé », a expliqué son directeur, Igor Komarov, aux agences de presse russes, les seules autorisées sur le site. Cet ordre a été donné « deux minutes et demie » avant l’heure prévue du décollage, 11 h 1 heure locale (4 h 1 à Paris).
    […]
    Le décollage aurait dû avoir lieu en présence de Vladimir Poutine, a révélé mercredi matin son porte-parole, Dmitri Peskov, alors que la présence du chef de l’Etat n’avait pas été confirmée jusque-là. « Le président est arrivé ce matin à Blagovechtchensk [la principale ville des environs] et s’est rendu au cosmodrome Vostotchni afin de participer au lancement. » Après ce contretemps, il a décidé de reste au cosmodrome.

  • Un nouveau satellite pour mettre à l’épreuve Galilée, Newton et Einstein

    http://www.lemonde.fr/cosmos/article/2016/04/26/un-nouveau-satellite-pour-mettre-a-l-epreuve-galilee-newton-et-einstein_4908

    Faire mentir Galilée, Newton et Einstein. Tel est l’objectif de l’audacieuse expérience scientifique qui va débuter à 711 kilomètres de la Terre avec le satellite Microscope du Centre national d’études spatiales (CNES). Après plusieurs reports dus à la météo et une anomalie de la fusée Soyouz, il a été mis en orbite héliosynchrone, lundi 25 avril, depuis le centre spatial guyanais, à Kourou. Il testera, durant deux ans, la véracité de l’un des grands postulats de la physique moderne : le « principe d’équivalence ».

    Observé par Galilée, puis par Newton, élevé au rang de « théorie heuristique » par Albert Einstein qui s’en servit comme base pour ses travaux sur la relativité générale, celui-ci dit que tous les corps en chute libre tombent dans le vide à la même vitesse, quelle que soit leur masse ou leur composition chimique. Une assertion qui a été vérifiée expérimentalement par les physiciens, jusqu’à la treizième décimale après la virgule. Mais qui « a longtemps été un sujet d’étonnement pour les savants », racontait, quelques jours avant le lancement, le physicien Thibault Damour de l’Institut des hautes études scientifiques (Bures-sur-Yvette, Essonne).

    Microscope va devoir établir si la proposition est vraie, avec un degré de précision relative cent fois supérieur à tous les tests jamais réalisés. Elle va consister, explique son principal investigateur, Pierre Touboul (Office national d’études et de recherches aérospatiales [Onera]), « à déposer dans l’espace deux cylindres – l’un en platine, l’autre en titane – insérés l’un dans l’autre. Puis à mettre ces pièces métalliques en chute libre en leur faisant décrire des séries d’orbites autour de la Terre ». Si le principe d’équivalence est vrai jusqu’à un certain degré seulement, alors on devrait constater une différence dans les forces électrostatiques générées par le dispositif pour maintenir égales l’altitude et l’accélération de ces deux objets de compositions chimiques différentes.

    Ce qui serait, à coup sûr, un événement majeur pour la physique. Certains des modèles développés par les spécialistes de la « théorie des cordes » – qui prétend réunir, dans un même cadre, la relativité générale (qui décrit la gravitation) et la physique quantique (qui rend compte des autres interactions fondamentales ou forces de la nature) – prévoient en effet la possibilité que le principe d’équivalence soit violé. Une mise en défaut qui, explique Thibault Damour, « ouvrirait la voie à la découverte d’autres dimensions dans l’Univers – jusqu’à sept en plus des quatre d’espace et de temps que nous connaissons –, ainsi qu’à la mise en évidence d’une interaction fondamentale supplémentaire ». Une nouvelle force de la nature, à longue portée, se superposant à la gravité, à même d’agir différemment sur les noyaux des atomes, selon que leur énergie électrique est plus ou moins grande !

  • Mediator, UBS, HSBC : les rudes lendemains des lanceurs d’alerte

    http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/04/25/mediator-ubs-hsbc-les-rudes-lendemains-des-lanceurs-d-alerte_4908085_3224.ht

    Les nouveaux héros du quotidien se reconnaissent aux « bravo » et « merci » que leur adressent les passants dans la rue. A cet air ému et à leur allure un peu gauche lorsqu’ils montent sur scène pour recevoir un prix, une Marianne, voire le diplôme de citoyen de l’année. Ces honneurs les portent et les réconfortent, bien sûr. Mais une fois les estrades redescendues, les vivats évanouis, eux seuls, les « lanceurs d’alerte », connaissent l’envers du décor et les conséquences qu’a eues leur geste sur leur vie et celle de leurs proches.

    Difficile de savoir combien ils sont à payer le prix fort pour avoir dénoncé les dysfonctionnements dont ils ont été témoins dans leur travail. Mais le procès d’Antoine Deltour qui s’ouvre mardi 26 avril au Luxembourg aux côtés d’un de ses ex-collègues, Raphaël Halet, et du journaliste Edouard Perrin, est emblématique de ces lendemains vertigineux. Le père de famille de 30 ans risque dix ans de prison et plus d’un million d’euros d’amende. L’intérêt général retiendra que l’ancien auditeur de PricewaterhouseCoopers a permis la révélation d’un vaste système d’optimisation fiscale établi entre des multinationales et le Grand-Duché. Son ex-employeur bloque sur le vol de données et la divulgation de secrets d’affaires.

    L’après est souvent cauchemardesque, mais si c’était à refaire, la quasi-totalité des personnes interrogées par Le Monde recommenceraient. La question se pose d’autant moins chez ceux dont l’alerte constituait le cœur de métier.

    (...) L’usure psychologique s’installe

    La réplique fut violente. Passe encore le climat délétère des dix-huit mois qui ont précédé son licenciement. Nettement plus désagréables furent le rat éventré retrouvé sur le climatiseur de sa voiture, les mots sur le pare-brise – « Si tu vas trop loin, on sait où tes enfants vont à l’école » –, son domicile visité, et ces « personnes, dans la rue, qui vous observent en regardant leur montre ». La banque niera toujours être à l’origine de telles intimidations. Hasard ou pas, son ex-collègue Stéphanie Gibaud, qui, elle aussi, a contribué à dénoncer ce système d’évasion fiscale, a retrouvé la porte de son appartement trois fois grande ouverte le matin. Depuis, elle vit avec un chien.

    A mesure que la menace s’éloigne, l’usure psychologique s’installe. Le bras de fer entre Nicolas Forissier et son ancien employeur dure depuis neuf ans. Certes, les 300 000 euros gagnés aux prud’hommes marquent une première victoire, mais UBS a fait appel. « Je ne manque de rien, j’ai un toit, un chauffage, mais ma vie est réduite à sa plus stricte simplicité. Tout mon salaire passe en frais d’avocats : 6 000, 7 000 euros par trimestre. Et je n’ose imaginer si je perds en appel. »
    L’affaire UBS a rapporté des milliards d’euros à l’Etat grâce à la régularisation de milliers de comptes, mais elle a détruit une femme. Stéphanie Gibaud, licenciée il y a quatre ans, est toujours sans travail.
    « J’ai mis du temps à reprendre connaissance. Maintenant, qui voudrait de celle qui a parlé ? », se désole l’ex-responsable événementiel d’UBS France.

    Aujourd’hui, elle vit des minima sociaux : 450 euros par mois quand on est mère célibataire de deux ados, c’est maigre. Au risque de lasser, elle rappelle les heures passées à renseigner les douanes. Ne comprend pas l’incapacité de l’Etat à indemniser le préjudice. Ses lettres à Bercy, au président de la République, au garde des sceaux, au défenseur des droits sont restées vaines.

    La famille trinque

    Le lanceur d’alerte échappe rarement à une campagne de discrédit. « Après quinze et vingt ans de travail sans histoire à Monaco, nous serions “des gestionnaires indélicats” », soupirent Céline Martinelli et Mathieu Chérioux, deux des trois anciens employés de la banque Pasche qui, en 2012, ont signalé des remises d’espèces douteuses. Ils ont été mis à la porte un an plus tard. « Les conséquences sont raides. Alors qu’on aurait très bien pu fermer les yeux, ne rien dire et partir chercher ailleurs, nous voilà sans emploi » – aucune banque n’a répondu à leurs lettres de candidatures –, « déboutés en premier instance » par le tribunal du travail et avec « des amis monégasques qui nous ont subitement tourné le dos ».

    Inévitablement, la famille trinque. A la maison, le sujet prend toute la place. Vos amis vous trouvent obsessionnel. « Alors que c’est souvent eux qui, par sympathie, demandent des nouvelles de “votre” affaire », rectifie Daniel Ibanez, organisateur du Salon du livre des lanceurs d’alerte, et ardent détracteur du tunnel Lyon-Turin. Amélie, la petite dernière de la pneumologue Irène Frachon, ne veut plus entendre parler du Mediator ni des laboratoires Servier qui lui ont volé sa mère durant six années de sa vie. Hervé Falciani, l’informaticien de HSBC parti en 2008 avec des listes d’évadés fiscaux, et désormais conseil « du gouvernement grec, de municipalités Podemos en Espagne, mais aussi de Chypre », vit toujours sous protection en Espagne.

    Le couple d’Olivier Thérondel n’a pas résisté. Lui, c’est l’ancien fonctionnaire de Tracfin, la cellule antiblanchiment de Bercy, qui s’agaçait sur un blog de la lenteur avec laquelle sa direction gérait l’affaire Cahuzac. « Lorsque j’ai reçu ma convocation pour “violation du secret professionnel”, j’ai voulu médiatiser. Pendant des mois, j’ai été absorbé par mon combat, alors que mon amie, le politico-financier c’était pas son univers. » Condamné à deux mois de prison avec sursis, mais sans inscription au casier, il est toujours aux douanes. Il vit mal sa perte d’anonymat et, lors de ses rendez-vous, évite de donner son nom le premier soir de peur que la jeune femme ne rappelle pas.

    « Il faut casser le mythe du lanceur d’alerte assoiffé de média. En réalité, il rêve d’être tranquille chez lui », confirme Daniel Ibanez.
    Bernard ne souhaite d’ailleurs ni que l’on donne son nom de famille ni que l’on s’étende trop sur sa nouvelle vie de libraire, pour préserver sa sérénité retrouvée. Il y a dix ans, directeur financier dans le parapétrolier, il s’était ému auprès de sa hiérarchie du système de contournement de l’impôt de la société. Pressions, intimidations, rumeurs, procès, il a tout subi, et n’a jamais retrouvé de travail dans sa branche.

    Seul, on ne tient pas

    Le seul à regretter son geste est l’ex-commandant de police Philippe Pichon, pourfendeur du fichier de traitement des infractions STIC et de ses données approximatives conservées plus que de raison. Face à la sourde oreille de sa hiérarchie, il se tourne vers la presse. Le site d’information Bakchich réalise un joli coup en publiant, en 2008, les fiches de Johnny Hallyday et Jamel Debbouze, mais le ministère de l’intérieur n’apprécie guère. L’indélicat est mis à la retraite d’office et n’a pu conserver sa maison que grâce à la solidarité familiale. En 2014, le médiateur de la police nationale a plaidé pour sa réintégration. Lui qui rêve « de contact humain », et vivote de missions de conseil juridique, l’attend toujours.

    Un jour, pourtant, les procédures judiciaires s’éteignent et l’ennemi qui a hanté vos nuits disparaît. Foi de Denis Robert, l’homme qui s’est battu dix ans contre la chambre de compensation luxembourgeoise Clearstream. Antoine Deltour ne fut pas le premier à lui demander conseil. Seul, on ne tient pas, confirme Denis Robert. Lui a supporté la quarantaine de procédures initiées dans cinq pays grâce à l’ingéniosité d’une bande de copains qui a tout osé – vendre des tee-shirts, transformer un mauvais vin en cuvée « Denis Robert », organiser un concert à la Cigale – pour payer les plus de 100 000 euros d’honoraires d’avocats.

    Antoine Deltour n’a pas encore cette notoriété mais son comité a déjà récolté 18 000 euros. Après l’émission « Cash investigation » sur les « Panama papers », Stéphanie Gibaud a, elle, reçu 12 000 euros de dons anonymes. En attendant qu’une loi cohérente et adaptée protège les lanceurs d’alerte en France, la société civile soutient comme elle peut ses modèles du moment.

  • Que faire des « OGM cachés » ?

    http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/04/25/que-faire-des-ogm-caches_4907938_3244.html

    Vous connaissiez « les OGM », il va désormais falloir vous familiariser avec « les OGM cachés ». Jusqu’à présent, les choses étaient assez simples : pour produire un OGM, un gène étranger (un « transgène ») était introduit dans un organisme, de manière à le pourvoir de certaines propriétés, et l’affaire était faite. Les autorités de régulation, les militants écologistes, les semenciers, les agrochimistes, vous et moi, tout le monde était d’accord. Depuis le milieu des années 1990, la technique d’obtention des nouvelles variétés végétales structurait commodément le débat : d’un côté « les OGM » (infamie pour les uns, panacée pour leurs adversaires) et de l’autre, tout le reste.

    Dans un proche avenir – en réalité, dès à présent –, les choses risquent de ne plus être aussi simples. La ligne de démarcation entre « OGM » et « non-OGM » menace de s’effacer, d’être dissoute par les nouvelles technologies d’ingénierie du vivant. Celles-ci permettent d’amender le patrimoine génétique de manière bien plus subtile et discrète que l’antique transgénèse. Aucun gène étranger n’est ajouté à la plante, mais diverses techniques permettent de modifier son génome. « Extinction » de certains gènes grâce à des ARN interférents, cisgénèse, mutagénèse dirigée, etc. : ces noms barbares n’évoquent pas grand-chose au béotien, mais augurent de l’arrivée imminente de ces variétés souvent qualifiées d’« OGM cachés ».

    Faut-il réguler les « OGM cachés » ?

    Ces « OGM cachés » sont parfois très proches de leurs pendants conventionnels.

    ( ...) faut-il réguler ces « OGM cachés » au même titre que les OGM classiques ? Doit-on au contraire les considérer comme des variétés conventionnelles ?

    Cette question alimente de nombreux débats partout dans le monde. En France, elle est au cœur de la crise traversée par le Haut Conseil des biotechnologies (HCB), l’organisme chargé d’éclairer la décision publique en matière de génie génétique, et aux travaux duquel participent des associations professionnelles (FNSEA, Confédération paysanne, semenciers, etc.), des organisations de la société civile (les Amis de la Terre, Greenpeace, France nature environnement, etc.), des chercheurs de plusieurs disciplines...

    Au terme d’une procédure contestée (et à vrai dire réellement problématique), le comité scientifique du HCB prenait en janvier un rapport sur le sujet, recommandant qu’une grande part de ces « OGM cachés » ne soient pas soumis au même régime d’évaluation des risques que les OGM actuels. Contestant ces conclusions, un membre du comité scientifique, chercheur à l’Institut national de recherche agronomique (INRA), a démissionné de son mandat, déclenchant la colère d’une demi- douzaine d’associations membres du HCB (Greenpeace, Confédération paysanne, etc.). Celles-ci ont habilement joué de la crise, démissionnant du HCB avec tambours et trompettes, parvenant à faire entendre leur mécontentement jusque dans la revue Nature qui, dans l’éditorial de son édition du 14 avril, faisait état de cette dispute franco-française.

    Tant de bruit n’est pourtant, peut-être, qu’une sorte de chant du cygne, ou tout au moins « la manifestation d’un désarroi », selon l’expression de Christine Noiville, la présidente du HCB. Devant l’effacement possible – probable ? – de la frontière stricte qui séparait « les OGM » du reste du règne végétal, le mouvement anti-OGM est en effet contraint de se réinventer ou de mourir. Il n’y a plus de cultures transgéniques d’un côté, et tout ce qui est acceptable de l’autre. Une nébuleuse de techniques diverses déboule, capable de produire des cultures dont on pourrait bientôt ne plus savoir réellement si elles sont, ou non, assimilables à des OGM...

    Repenser les termes du débat public

    Au reste, tout cela a déjà commencé. Les adversaires des biotechnologies végétales prêchent ainsi dans le désert depuis plusieurs années contre les variétés de colza et de tournesol tolérantes à des herbicides, qui prennent racine dans les campagnes françaises. Le mouvement anti-OGM n’a, ainsi, pas réussi à se faire entendre de la société : puisqu’elles sont considérées comme conventionnelles (elles sont obtenues par mutagénèse aléatoire), ces cultures ont globalement été acceptées dans l’indifférence générale.

    Pourtant, elles reproduisent l’un des traits les plus contestables des OGM cultivés outre-Atlantique. Comme l’a souligné l’expertise collective conduite en 2011 par l’INRA et le CNRS, la mise en culture de variétés tolérantes à un herbicide en favorise mécaniquement l’épandage, augmentant ainsi son impact sur l’environnement et la santé, et favorisant de surcroît l’apparition de mauvaises herbes résistantes.

    Cette situation devrait conduire à repenser les termes du débat public. Celui-ci, polarisé autour de la technique d’obtention d’une variété – « OGM » ou « non-OGM » – gagnerait à être réorienté. On devrait plutôt s’interroger sur les propriétés de ces plantes modifiées que sur la technique grâce à laquelle elles ont été modifiées. Qu’y a-t-il de commun, en termes de bénéfices et de risques potentiels pour la société, entre une pomme de terre produisant moins d’acrylamide à la cuisson, un soja tolérant au glyphosate et un maïs résistant à la pyrale ?

    A frapper la transgénèse du sceau exclusif de l’infamie, on en vient à ce qu’en 2010, des Faucheurs volontaires trouvent indispensable d’aller détruire une parcelle expérimentale de l’INRA où l’organisme public testait une vigne transgénique résistante au court-noué, une maladie virale. Quitte à lutter contre les risques et les dégâts induits par le modèle agricole actuel, n’y avait-il vraiment rien de plus urgent à faire ?

  • Antoine Deltour, le discret artisan des LuxLeaks

    http://www.lemonde.fr/international/article/2016/04/25/antoine-deltour-lanceur-d-alerte-discret-mais-determine_4907970_3210.html

    Antoine Deltour n’a rien d’un révolutionnaire, ni d’un adepte de l’exposition médiatique. À tout juste 30 ans, le lanceur d’alerte de l’affaire LuxLeaks cultive au contraire la précision et sa timidité. Petites lunettes, air sérieux, ton posé : la seule angoisse qui transparaît chez ce spécialiste de la comptabilité, ce sont ses mains qui ne restent pas en place quand il parle. « Si j’avais pu choisir l’anonymat, j’aurais préféré rester anonyme. J’ai hâte d’en finir », assure-t-il depuis un petit café d’Épinal, la ville de son enfance où il est retourné habiter après le scandale.

    La discrétion est certes une stratégie de défense, alors qu’il doit être jugé au Luxembourg à partir du mardi 26 avril pour « vol, violation du secret professionnel et du secret des affaires, accès ou maintien dans un système frauduleux informatique, blanchiment et divulgation de secrets d’affaires ». Mais elle n’est clairement pas forcée. Ancien auditeur au sein du cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC), Antoine Deltour est accusé d’avoir copié des centaines d’accords fiscaux confidentiels entre des multinationales et le fisc luxembourgeois, pour les transmettre à un journaliste de l’émission « Cash Investigation », Edouard Perrin. Ce dernier comparaîtra également à ses côtés, ainsi qu’un autre employé de PwC, Raphaël Halet, qui a lui signé un accord de confidentialité avec la firme qui le menace de demander 10 millions d’euros de dommages et intérêts s’il prend la parole avant son procès.

    Vaste scandale

    (...) Mais la justice luxembourgeoise ne veut pas entendre parler de lanceur d’alerte. Des dizaines de soutiens, dont de nombreuses personnalités politiques, sont attendues devant le tribunal et à la barre. L’avocat d’Antoine Deltour, William Bourdon, promet déjà le « premier grand procès en Europe d’un lanceur d’alerte ». « Je ne souhaite pas devenir un symbole, affirme pourtant le prévenu, angoissé qu’une éventuelle condamnation compromette sa carrière de fonctionnaire, entamée en 2012. Dans son administration, ses actes ne sont pas toujours bien vus et il appréhende un peu la réaction des Luxembourgeois qui ont longtemps profité de l’opacité de la place financière locale. « Les plus hostiles sont souvent les travailleurs frontaliers qui me reprochent d’avoir craché dans la soupe. »

    Jusqu’en octobre 2010, Antoine Deltour était un anonyme au parcours aussi classique que possible parmi les centaines d’employés de PwC au Luxembourg. Père enseignant, mère médecin, il a fait toute sa scolarité à Épinal avant une prépa puis une école de commerce à Bordeaux. Là-bas, il se tourne vers l’audit parce que cette filière garantit un travail. Le Luxembourg et ses milliers de filiales de multinationales, dont certaines ne sont que de simples boîtes aux lettres, est ensuite une destination naturelle pour ce Lorrain. En 2008, après un stage, il décroche un CDI chez PwC. Le salaire est bon pour un jeune diplômé - 2 600 euros net par mois.

    Démission, avec un dossier sensible sous le bras

    Mais, « très progressivement », il se rend compte que quelque chose cloche dans ses dossiers de certification de comptes. En examinant le dossier d’une filiale d’une multinationale européenne, il calcule alors que les bénéfices de celle-ci ne sont de facto taxés qu’à 2 % ou 3 %, alors que le taux officiel au Luxembourg est de 29 %. Pour obtenir un tel taux, l’entreprise a pu profiter d’un de ces fameux rescrits fiscaux, signés à tour de bras par un fonctionnaire luxembourgeois réputé pour ne pas poser trop de questions. L’extrême prudence de PwC confirme des doutes. « Certains dossiers étaient tellement sensibles qu’on ne pouvait les consulter qu’en présence d’un salarié de l’entreprise cliente, raconte le lanceur d’alerte. En cas de contrôle douanier, on avait consigne de ne pas directement coopérer et d’appeler en urgence un associé pour ne pas donner l’accès aux données. »

    En pleine crise des dettes souveraines, l’écart entre ses convictions et ces pratiques d’optimisation fiscale lui pose de plus en plus problème. Sans être un militant, Antoine Deltour a toujours été « engagé », raconte ainsi sa sœur Amélie Deltour. En octobre 2010, fatigué par ces pratiques mais aussi par l’ambiance de travail, il pose sa démission. « La veille de mon départ, je cherche des documents de formation pour pouvoir partir avec. C’est à ce moment-là que je trouve un dossier librement accessible qui contient des centaines de taxes rulings. Des données très sensibles et pourtant non protégées, assure Antoine Deltour. Je les ai copiés et pendant des semaines, je n’en ai rien fait. »
    Ce n’est que plusieurs mois plus tard qu’il est contacté par Edouard Perrin, qui a repéré ses commentaires informés en bas d’un blog.

    L’ancien auditeur assure qu’il a accepté de confier ces documents au journaliste, en échange de son engagement à ne pas citer PwC ou le Luxembourg, et surtout à ne pas les publier. « Cash Investigation » diffusera pourtant les noms, et les rescrits fiscaux seront publiés intégralement par l’ICIJ. Après la diffusion de l’émission, PwC porte plainte pour vol. En retraçant ses connexions sur les serveurs du cabinet, les enquêteurs identifient rapidement Antoine Deltour. Mais la police française mettra du temps à le retrouver : il est placé en garde à vue en juin 2014. « C’est à ce moment qu’il nous en a parlé pour la première fois lors d’un déjeuner de famille, se souvient Amélie Deltour. Cela m’a surprise qu’il ait pris un tel risque, je ne sais pas s’il l’avait mesuré. »

    Prix du citoyen européen, mais pas de soutien officiel

    Mais la famille Deltour n’hésite pas un instant à soutenir le plus jeune des trois enfants. À la suite de son inculpation par la justice luxembourgeoise, en décembre 2014, William Bourdon lui recommande de sortir de l’anonymat. Un comité de soutien est monté, d’abord autour de sa famille et des réseaux associatifs spinaliens. Antoine Deltour reçoit le prix du citoyen européen décerné en juin 2015 par le Parlement européen. Puis il est appelé à témoigner devant la commission spéciale mise en place après le scandale. « Vous avez initié, au fond, un nouveau type de citoyenneté, en décidant de violer la loi, en en subissant les conséquences et en provoquant un débat », le félicite l’eurodéputé français Alain Lamassoure (PPE).

    En revanche, le gouvernement français ne l’a jamais soutenu officiellement. Mais Antoine Deltour dit comprendre les raisons « diplomatiques » qui poussent à cette prudence. A la veille de son procès, il a récolté plus de 100 000 signatures et 18 000 euros de dons, de quoi payer un peu ses avocats. Celui qui se voit comme un « dommage collatéral » du LuxLeaks, n’est pourtant que modérément satisfait des conséquences de ses actes. « La directive va avoir des conséquences concrètes, mais il reste du chemin à faire pour mettre fin aux pratiques fiscales dommageables », explique-t-il avant de se lancer dans une démonstration argumentée de tout ce qu’il faudrait encore changer dans les règles européennes. Derrière sa timidité, Antoine Deltour est clairement un homme déterminé, qui ne regrette rien.

  • « Le procès des LuxLeaks aura l’apparence d’un procès de droit commun, mais la réalité d’un procès politique »

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/04/24/le-proces-des-luxleaks-aura-l-apparence-d-un-proces-de-droit-commun-mais-la-

    Par Eric Alt, magistrat et vice-président de l’association Anticor

    Le 26 avril, Antoine Deltour comparaîtra devant le tribunal de Luxembourg. Il encourt cinq ans d’emprisonnement et 1,25 million d’euros d’amende pour « vol domestique, accès ou maintien frauduleux dans un système informatique, divulgation de secrets d’affaires, de violation de secret professionnel et blanchiment-détention des documents soustraits ». Les condamnations prononcées pourraient être exécutées en France, en vertu des textes sur la reconnaissance mutuelle en matière pénale.

    Antoine Deltour est à l’origine des LuxLeaks [les Luxembourg Leaks, en 2014] qui ont mis en lumière la concurrence fiscale déloyale et agressive du Luxembourg. Ces pratiques ont permis de localiser des bénéfices considérables dans ce pays, au préjudice des autres Etats de l’Union : 548 arrangements fiscaux ont été conclus entre l’administration de ce pays et plus de 300 entreprises multinationales entre 2002 et 2010. Ils leur ont permis d’obtenir des réductions de l’impôt sur les sociétés drastiques, du taux légal de 29 % à moins de 1 %.

    Antoine Deltour a reçu le prix du citoyen européen, le prix éthique Anticor et 100 000 personnes ont signé une pétition de soutien en sa faveur. Mais il sera seul à la barre, avec un journaliste. Ce procès aura l’apparence d’un procès de droit commun, mais la réalité d’un procès politique. Antoine Deltour a justement été pressenti pour le prix Sakharov, dissident qui avait écrit « Mon pays est malade ». Il parlait d’une URSS qui ignorait la justice sociale et qui était dominée par une bureaucratie d’Etat disposant de privilèges indus. Aujourd’hui, c’est notre Europe qui est malade.

  • #Revenu_universel : des chiffres qui donnent le vertige
    http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2016/04/21/revenu-universel-des-chiffres-qui-donnent-le-vertige_4906414_3232.ht

    Tous les opposants au revenu de base s’accordent à dire qu’une telle mesure coûterait trop cher. Les chiffres bruts sont, il est vrai, assez vertigineux  : un revenu de base de 450 euros pour les 51 millions de Français majeurs et de 255 euros pour les 15 millions de mineurs représenterait 320 milliards d’euros  ; à 800 euros par personne, c’est 450 milliards, soit les dépenses de la Sécurité sociale  ; à 1 500 euros par adulte et 750 euros par mineur, comme le préconisent les partisans d’un ­ ­ «  revenu d’existence  », tel l’économiste et sociologue Bernard Friot (université Paris-Ouest), c’est 1 000 milliards, la moitié du PIB  !

    L’économiste Pierre Cahuc (Centre de recherche en économie et statistique, Crest), spécialiste du marché du #travail, estime que si son montant est bas, le revenu de base ne fera pas mieux que le RSA et les transferts sociaux et fiscaux tels qu’ils existent aujourd’hui  : la nouveauté serait seulement de simplifier le système, ce sur quoi tout le monde est d’accord… à ceci près que chaque niche fiscale ou sociale a ses défenseurs. Mais si son montant est élevé, ajoute Bruno Palier ­ (Sciences-Po), spécialiste de la protection sociale, comment le financer  ? En supprimant les prestations sociales  ? Cela reviendrait à appliquer le programme ultralibéral, alors que la société a plus que jamais besoin d’investissements publics dans l’éducation, la santé, la dépendance, le logement…

    Les partisans du revenu de base rétorquent que ces sommes ne s’ajoutent pas aux budgets existants, mais remplacent nombre d’entre eux. La technique de l’impôt négatif, dit Gaspard ­Koenig, transfère le produit de l’impôt des poches de l’Etat et des administrations sociales à celles des contribuables. Selon le Mouvement français pour le revenu de base (MFRB), le revenu de base se substituerait à la plupart des aides sociales, aux subventions des entreprises en faveur de l’emploi, aux allocations et au quotient familial – remplacé par le forfait enfant.

    Les partisans du revenu d’existence, quant à eux, estiment que des marges de manœuvre fiscales existent (en mettant fin à la fraude et à l’évasion fiscales) et que les banques centrales peuvent s’affranchir des règles budgétaires en versant directement de l’argent dans les poches des citoyens  : c’est ce que l’économiste australien Steve Keen nomme le «  quantitative easing for the ­people  » («  la création de richesse pour le peuple  »).

    #fiscalité #financement

    http://zinc.mondediplo.net/messages/24444 via BoOz

  • Le #revenu_universel, généalogie d’une utopie
    http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2016/04/21/le-revenu-universel-genealogie-d-une-utopie_4906393_3232.html

    Une variante de cette filiation «  communiste  », plus radicale et incarnée par le philosophe André Gorz (1923-2007), l’un des inspirateurs de l’écologie politique, considère le ­ «  revenu d’autonomie  » comme le moyen de s’affranchir de l’aliénation du #travail imposée par le #capitalisme. Le revenu de base devient ainsi le moyen de refuser les #emplois sous-payés ou privés de tout sens social (ceux que l’anthropologue américain David Graeber appelle les «  #bullshit_jobs  », littéralement «  les emplois de merde  »), pour pouvoir vivre d’activités socialement utiles, mais que le marché ne rémunère pas forcément (par exemple, le travail associatif). Il permettrait aussi, notait le philosophe Michel Foucault (1926-1984), qui en était partisan, de se libérer du contrôle social étatique et stigmatisant attaché à la vérification des «  droits sociaux  » – un «  bénéfice secondaire  » d’ailleurs également mis en avant par… les libéraux  !

    http://zinc.mondediplo.net/messages/24443 via BoOz

  • Absurdes et vides de sens : ces jobs d’enfer
    http://abonnes.lemonde.fr/m-perso/article/2016/04/22/dans-l-enfer-des-jobs-a-la-con_4907069_4497916.html?xtmc=bullshit_jo

    c’est un article signé de David Graeber, « Sur le phénomène des jobs à la con », qui avait conceptualisé les #bullshit_jobs. Anthropologue à la London School of Economics, amateur de pantalons en flanelle et de barricades altermondialistes – il est venu à la rencontre des militants de #Nuit_Debout, à Paris, à la mi-avril, et était l’un des piliers du mouvement Occupy Wall Street –, ce chercheur américain affirmait que les progrès technologiques, loin de réaliser la prophétie de Keynes, qui imaginait l’avènement d’une semaine limitée à quinze heures travaillées, auraient à l’inverse permis l’explosion et la prédominance du secteur administratif. « Dans la théorie économique du capitalisme (…), la dernière chose que le marché et l’entreprise sont censés faire, c’est de donner de l’argent à des travailleurs qui ne servent à rien, écrit David Graeber. C’est pourtant bien ce qu’il se passe ! La plupart des gens travaillent efficacement probablement pendant quinze heures par semaine, comme l’avait prédit Keynes, et le reste du temps, ils le passent à critiquer l’organisation, organiser des séminaires de motivation, mettre à jour leurs profils Facebook et télécharger des séries TV. »

    #travail #temps_libre

    http://zinc.mondediplo.net/messages/24442 via BoOz

    • L’automatisation des emplois administratifs soulagerait peut-être les détenteurs de bullshit jobs, conclut The Economist. Mais il y a peu de chance qu’émerge une nouvelle génération de métiers « passionnants et pleins de sens. (…) Il est assez probable que les jobs à la con dans l’administration ne soient qu’une transition entre les jobs à la con dans l’industrie et pas de job du tout. »

      #informatisation

    • L’article de 2013 dans The Economist se trouve là :

      http://www.economist.com/blogs/freeexchange/2013/08/labour-markets-0?fsrc=rss

      We can’t be certain that the robots are coming for all our jobs. Disemployment in administrative jobs could create new, and perhaps highly remunerative, work in sectors or occupations we can’t yet anticipate. If we’re lucky, that work will be engaging and meaningful. Yet there is a decent chance that “bullshit” administrative jobs are merely a halfway house between “bullshit” industrial jobs and no jobs at all. Not because of the conniving of rich interests, but because machines inevitably outmatch humans at handling bullshit without complaining.

      Et l’article de Graeber est ici :
      http://strikemag.org/bullshit-jobs

  • Inde : un quart de la population est touché par une grave sécheresse
    http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/04/22/inde-un-quart-de-la-population-est-touche-par-une-grave-secheresse_4906970_3

    Après deux années d’une faible mousson, au moins le quart de la population indienne doit faire face à la sécheresse, a reconnu mardi 19 avril un avocat du gouvernement indien devant la Cour suprême. Dans l’est de l’Inde, une centrale thermique à charbon a cessé de fonctionner pendant dix jours par manque d’eau de refroidissement en provenance d’un canal relié au Gange.

    A l’autre extrémité du pays, dans l’Etat du Maharashtra, dont Bombay est la capitale, des trains spéciaux ont été affrétés pour approvisionner en eau plusieurs districts ruraux. Les réservoirs de cette région ne sont remplis qu’à 19 %, contre 32 % à la même date il y a un an. La Haute Cour de justice de Bombay a dû ordonner, mi-avril, aux autorités organisatrices du championnat de cricket d’organiser temporairement leurs matchs au-dehors de l’Etat pour éviter l’arrosage des terrains, qui consomme 6 millions de litres d’eau.

    grr, #paywall (ou la #sécheresse des médias) va trouver ailleurs

    • intéressant

      Le Maharashtra souffre d’un grave problème, bien humain celui-là : les millions d’euros investis pour développer l’irrigation depuis dix ans ont été siphonnés par un réseau sophistiqué de corruption venant du plus haut niveau de l’administration régionale. Et enfin, cet Etat comprend énormément de champs de canne à sucre, une plante qui requiert beaucoup d’eau, une aberration dans une région aussi sèche. Mais les barons du sucre dirigent également l’un des principaux partis politiques locaux. Et ne semblent pas vouloir assécher leur industrie, même si cela met en danger la vie de milliers d’autres paysans.

      http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20160411-inde-maharashtra-secheresse-agriculteurs-suicide-corruption

    • Sècheresse des médias français peut-être

      http://indianexpress.com/tag/drought

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      India drought: ’330 million people affected’ - BBC News
      http://www.bbc.com/news/world-asia-india-36089377

      India drought: ’330 million people affected’

      20 April 2016
      From the section India

      Image copyright EPA
      Image caption India is heavily dependant on monsoon rains which have been poor for the past two years

      At least 330 million people are affected by drought in India, the government has told the Supreme Court

      Authorities say this number is likely to rise further given that some states with water shortages have not yet submitted status reports.

      The drought is taking place as a heat wave extends across much of India with temperatures crossing 40C for days now.

      An 11-year-old girl died of heatstroke while collecting water from a village pump in the western Maharashtra state.

      –---

      Indian drought ’affecting 330 million people’ after two weak monsoons | World news | The Guardian
      http://www.theguardian.com/world/2016/apr/20/india-drought-affecting-330-million-people-weak-monsoons

      Indian drought ’affecting 330 million people’ after two weak monsoons

      Government says quarter of the population suffering, as NGO asks supreme court to order Modi government to do more to help
      People from the drought-affected districts of Maharashtra collect water from a tank in Mumbai.
      People from the drought-affected districts of Maharashtra collect water from a tank in Mumbai. Photograph: Divyakant Solanki/EPA

      Agence France-Presse in Delhi

      Wednesday 20 April 2016 12.07 BST
      Last modified on Wednesday 20 April 2016 12.36 BST

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      About 330 million people are affected by drought in India, the government has said, as the country reels from severe water shortages and desperately poor farmers suffer crop losses.

      A senior government lawyer, PS Narasimha, told the supreme court that a quarter of the country’s population, spread across 10 states, had been hit by drought after two consecutive years of weak monsoons.

      Narasimha said the government had released funds to affected regions where a crippling shortage of rainfall had forced the rationing of drinking water to some communities.

      As summer hits India, reports of families and farmers in remote villages walking long distances to find water after their wells dried up have dominated local media.

      Narasimha gave the figures on Tuesday after an NGO filed a petition asking the top court to order Prime Minister Narendra Modi’s government to step up relief to the hardest-hit areas.

      High temperatures have hit parts of eastern, central and southern India in recent weeks, with scores of deaths reported from heatstroke.

      Every year hundreds of people, mainly the poor, die at the height of summer in India, but temperatures have risen earlier than normal, increasing concerns about this year’s toll.

      “We had never recorded such high temperatures in these months in more than 100 years,” said PK Mohapatra, the special relief commissioner in Orissa state.

  • Le #Hijab_Day organisé à Sciences Po pour « sensibiliser sur le voile » divise
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/04/20/le-hijab-day-organise-a-sciences-po-pour-sensibiliser-sur-le-voile-divise_49

    Ils ont imaginé cet événement pour « sensibiliser sur la question du foulard en France ». Mercredi 20 avril, des étudiants de Sciences Po Paris organisaient un Hijab Day, appelant ceux qui le souhaitent à « se couvrir les cheveux d’un voile le temps d’une journée ». Un stand était installé dans le hall de l’institution.

    L’objectif est de « mieux comprendre l’expérience de la stigmatisation vécue par de nombreuses femmes voilées en France » et de « montrer que nous disposons de nos corps comme nous l’entendons et n’admettons pas l’idée d’un diktat quant à la façon dont nous choisissons de nous présenter », ont expliqué les organisateurs.

    Mais l’initiative divise. L’association féministe de Sciences Po Politiqu’elles, par exemple, soutient « pleinement » cette action, estimant qu’elle vise « à donner la parole à celles dont on parle tout le temps et qui ne sont jamais écoutées ». Au contraire, le groupe Front national de Sciences Po ou le mouvement Nous les jeunes, représentant les jeunes soutenant Nicolas Sarkozy, ont dénoncé cette initiative, perçue comme une « provocation ».

    Des responsables politiques, tels Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, ou Bruno Le Maire, candidat à la primaire Les Républicains et enseignant à Sciences Po, ont également critiqué le Hijab Day. « En France, les femmes sont visibles. Non au prosélytisme ! », a écrit le député de l’Eure sur Twitter.

  • Alerte aux certificats falsifiés dans le nucléaire

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/04/20/alerte-aux-certificats-falsifies-dans-le-nucleaire_4905333_3234.html

    L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) française est inquiète. Un mouton noir a été repéré dans la filière. Un fabricant de pièces métalliques qui, dans une soixantaine de cas au moins, a fourni à ses clients comme Areva des produits présentant des malfaçons, accompagnés de certificats falsifiés. L’ASN a demandé à toutes les entreprises du secteur de vérifier les pièces qu’elles utilisent en provenance de cette PME, pour pouvoir stopper les équipements en cas de besoin, a-t-elle annoncé lundi 18 avril.

    En France, l’histoire débute en octobre 2015. Un industriel du nucléaire tique en consultant le certificat assurant que la pièce qu’il vient de recevoir est conforme à la commande et aux normes. Le fabricant, SBS, une PME de Boën (Loire), a beau travailler pour le nucléaire depuis la construction des premiers réacteurs, ce client a un soupçon. Il prend donc contact directement avec Bureau Veritas, la société qui a émis le certificat. Le pot aux roses est découvert. Selon le document original de Veritas, la pièce forgée n’était pas conforme. Un tour de passe-passe, et elle l’est devenue dans l’exemplaire remis à l’acheteur.

  • La population de thons albacores en danger
    http://media.greenpeace.fr/paaj3#http://abonnes.lemonde.fr/planete/article/2016/04/18/la-population-de-thons-albacores-en-danger_4904287_3244.html

    Les principaux indices d’abondance – en particulier la faible part des animaux en âge de se reproduire – ont de quoi inquiéter, quels que soient les modèles numériques utilisés. Cette population risque de dépasser un point de non-retour d’ici à 2017, diagnostiquent les scientifiques qui travaillent pour la Commission thonière de l’océan Indien (CTOI), l’organisation chargée de mettre en place une gestion durable de la pêche dans cette partie du monde. Sans hésiter, ils attribuent la responsabilité du désastre à « l’augmentation du niveau des captures ».

    #thon #surpêche