Un rapport fustige les dérives d’hôpitaux psychiatriques - Libération
►http://www.liberation.fr/france/2016/05/25/un-rapport-fustige-les-derives-d-hopitaux-psychiatriques_1455035
Cela se sait, cela le voit. Depuis quelques années, se multiplient des pratiques de contention et d’isolement systématiques dans les services de psychiatrie en France. Et il ne se passe rien. Ou si peu. On laisse faire, on regarde ailleurs. A l’exception de quelques personnalités comme le député (PS) Denys Robiliard, cela se poursuit dans une relative indifférence des pouvoirs publics. Le ministère de la Santé, ainsi, ne réagit pas. Est ce que le rapport que publie, ce mercredi la contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), Adeline Hazan, va changer la donne ?
Un rapport clair, ferme, et inquiétant. Pour la première fois depuis sa création en 2008, le CGLPL a établi un bilan thématique de ses 121 visites dans 112 établissements de santé mentale représentant 40% des sites spécialisés en psychiatrie. Il porte sur deux pratiques anciennes qui « connaissent une recrudescence depuis une vingtaine d’années », « l’isolement » ou le placement d’un patient dans un espace fermé qu’il ne peut ouvrir et la « contention mécanique », qui consiste à l’immobiliser par des liens, attaches ou camisoles. « La grande majorité des unités de soins visitées disposent d’une, voire de deux chambres d’isolement et de matériel de contention », explique le rapport.
Pour le CGLPL, le développement de ces pratiques s’explique par « une réduction des effectifs », « la présence insuffisante des médecins », « une évolution de l’approche psycho pathologique » et « un manque de réflexion d’ensemble sur la liberté de circulation des patients ». « L’impératif de sécurité » est également mis en avant, souligne Adeline Hazan, pour qui le malade mental « ne bénéficie pas de la représentation qui s’attache à toute maladie : souffrance, fragilité, besoins de soins, compassion » en raison d’un présupposé sur sa dangerosité, « plus alimenté par le traitement médiatique d’événements exceptionnels que par une réalité statistique d’un quelconque danger ».
Défaillances dans la surveillance
Parmi ses observations, elle constate un détournement de l’utilisation de ces outils, prévus pour faire face à des situations de crise limitée dans le temps, à des fins disciplinaires ou de sanction, « certains services allant jusqu’à établir un barème en jours d’isolement en fonction de la transgression à des règles fixées ».
#psychiatrie #santé #prison #violence #violence_d'état #violence_médicale #médecine