Azerbaïdjan, un score soviétique pour la dynastie Aliev
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Toutefois, dans ces élections observées par l’OSCE qui les a estimées en deçà des normes démocratiques, Jamil Hasanli peut se targuer d’avoir bien accompli sa mission qui était de montrer une opposition unie face au régime Aliev. Cette unité de l’opposition est d’autant plus inquiétante pour le régime qu’il n’a pas d’autre choix que de poursuivre sa fuite en avant dans le refus de faire des réformes politiques, et de se focaliser sur les progrès économiques rendus possible grâce aux ressources pétrolières et gazières de la Caspienne. En effet, comme cela est le cas également dans d’autres pays de l’ex URSS, notamment en Ouzbékistan et au Kazakhstan où prédomine également un système politique clanique complexe, le président en Azerbaïdjan est au sommet d’une pyramide complexe.
Bien que paraissant omnipotent et à la tête d’une dynastie qui accapare toute la richesse du pays, il est en réalité fragile, car il doit sans cesse arbitrer entre plusieurs clans aux intérêts divergents et qui se livrent à une violente et invisible rivalité pour préserver ou accroitre leurs intérêts économiques dans les structures de l’Etat. Cette fragilité n’est pas ignorée par la grande puissance régionale, la Russie qui a eu une influence non négligeable sur la campagne électorale, notamment dans le choix du candidat de l’opposition. En effet, la Russie qui n’apprécie guère la politique pro occidentale du président Aliev, notamment sa décision de ne pas renouveler le contrat de location de la base militaire russe de Gabala, a envoyé plusieurs messages forts à Bakou à quelques mois de l’élection présidentielle. Elle a notamment maintenu le suspens jusqu’au dernier moment sur le point de savoir si elle allait ou non aider le candidat de l’opposition Rustam Ibrahimbekov à sortir de la citoyenneté russe, pour pouvoir affronter Aliev aux élections. Finalement, en retardant la requête de l’intéressé qui, du coup, n’a pu se présenter sa candidature, Moscou a choisi de soutenir davantage le régime en place, que l’opposition qui à vrai dire n’a jamais été pro-russe.
Quant aux Etats Unis, leur attitude durant la campagne électorale a été assez subtile. Important allié pour Washington dans la région, l’Azerbaïdjan est surtout précieux par la place qu’il occupe dans l’acheminement de matériel non militaire aux troupes occidentales en Afghanistan. Par ailleurs, comme les Européens, les Etats Unis soutiennent le régime d’Azerbaïdjan, notamment sa politique énergétique afin de réduire le poids de la Russie dans l’approvisionnement en énergie des marchés occidentaux. Conscient de cette importance mais gênées par l’atmosphère peu démocratique de la campagne électorale, les Etats Unis ont par la voix de leur ambassadeur émis quelques critiques pour rappeler que le caractère démocratique d’une élection se jugeait aussi à l’aune de la campagne qui précède le jour des élections.