• « Plus que jamais, les Chinois se méfient des étrangers »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/06/01/plus-que-jamais-les-chinois-se-mefient-des-etrangers_6082291_3232.html

    « Plus que jamais, les Chinois se méfient des étrangers » par Frédéric Lemaître
    Chronique. Le recensement de la population chinoise effectué en 2020, dont les résultats ont été publiés le 10 mai, le confirme : la Chine est un pays vieillissant. Les ménages ne cherchent pas à profiter de la nouvelle législation qui, depuis 2016, leur permet à nouveau d’avoir un deuxième enfant. Et rien ne dit que la possibilité qui leur a été accordée le 1er juin d’avoir trois enfants change radicalement la donne. Avec un taux de fécondité de 1,3, la Chine va connaître un rapide déclin démographique. Selon une étude publiée par la revue The Lancet en juillet 2020, la population passerait de 1,4 milliard actuellement à 732 millions (− 48 %) en 2100. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle pour la planète ne l’est pas pour les dirigeants communistes, dont l’une des fiertés est d’être à la tête du pays le plus peuplé au monde. En 2100, la Chine serait dépassée par l’Inde, mais aussi par le Nigeria.
    Une des solutions pourrait être de favoriser l’immigration. Le pays ne compte, en effet, que 845 697 étrangers, soit deux fois moins qu’en Ile-de-France. Et encore ne s’agit-il que de personnes vivant dans le pays depuis plus de trois mois. L’immense majorité d’entre elles vont repartir. Il serait assez logique que Pékin cherche à attirer ses voisins, notamment les jeunes diplômés. L’Inde offre un réservoir de main-d’œuvre inépuisable. Actuellement, près de 18 millions d’Indiens vivent à l’étranger, essentiellement aux Emirats arabes unis, au Pakistan et aux Etats-Unis. En 2010, ils n’étaient que 15 000 en Chine, et rien ne laisse penser qu’ils sont nettement plus nombreux aujourd’hui. Pourtant, l’écart croissant de niveau de vie entre les deux géants asiatiques rend a priori la Chine attractive. Le PIB par habitant y est désormais cinq fois supérieur. A l’avenir, l’Inde pourrait donc être le réservoir de main-d’œuvre de la Chine, comme le Mexique a été celui des Etats-Unis.
    Le problème de la Chine est qu’elle n’est pas un pays d’immigration. Plus exactement, elle le devient, mais très lentement et en grande partie malgré elle. Il y avait, semble-t-il, environ 20 000 étrangers en Chine dans les années 1980. Ce n’est qu’en 2010 que le recensement les a comptabilisés. Ils étaient alors 593 832 dans le pays, sans compter les Taïwanais, les Hongkongais et les Macanais. En dix ans, l’augmentation est donc réelle (+ 42 %), mais, rapporté à la population, le total reste marginal. Le président, Xi Jinping, est conscient du problème. D’où l’adhésion de la Chine à l’Organisation internationale pour les migrations en 2016. D’où, surtout, la création par Pékin, en 2018, d’une administration nationale de l’immigration (ANI). Comme l’analyse la chercheuse Tabitha Speelman dans la revue Perspectives chinoises (n° 4, 2020), jusque-là, la Chine parlait d’« étrangers » et non de « migrants ». Le changement est donc significatif. Mais il est relatif. « Le gouvernement chinois reconnaît la Chine en tant que pays de destination pour les migrants étrangers. Cependant, cela ne signifie pas que le gouvernement considère la Chine comme un pays d’immigration », note la chercheuse. D’ailleurs la création de cette administration, qui dépend du ministère de la sécurité publique, correspond aussi à une reprise en main par Pékin au détriment des provinces. En 2019, la mise en place de mesures assurant « la sécurité politique et frontalière » a facilité l’expulsion des résidents étrangers illégaux.
    Dans une Chine très nationaliste, le sujet est extrêmement sensible. Mme Speelman rappelle qu’en février 2020 l’ANI a émis sa première proposition législative. Il s’agissait d’ouvrir le statut de résident permanent à un groupe plus large d’étrangers sur le long terme. Mais les réactions de l’opinion publique ont été si critiques que l’ANI a dû faire marche arrière. Apparemment, un débat oppose, au sein du pouvoir, les tenants d’une Chine davantage ouverte sur le monde et ceux qui y voient une source de problèmes à venir. Le Covid-19 ne va évidemment pas arranger la situation. Plus que jamais, les Chinois se méfient des étrangers, notamment des Indiens. L’Inde ne deviendra donc sans doute pas le Mexique de la Chine. Reste à Pékin une dernière solution : inciter la diaspora chinoise à rentrer au pays. Vouloir devenir la première puissance mondiale et se recroqueviller derrière sa Grande Muraille constituerait alors un paradoxe « aux caractéristiques chinoises » sans précédent.

    #Covid-19#migrant#migration#chine#sante#pandemie#immigration#politiquemigratoire#diaspora#demographie#etranger#securite#nationalisme

  • Việt Nam có biến chủng nCoV mới
    https://vnexpress.net/viet-nam-xuat-hien-bien-chung-ncov-lai-hoan-toan-moi-4285841.html

    Một biến chủng virus mới, lai giữa biến chủng Ấn Độ và Anh, có tốc độ lây nhanh, phát tán mạnh trong không khí, đang được ghi nhận ở Việt Nam.

    Bộ trưởng Y tế Nguyễn Thanh Long cho biết như trên tại Hội nghị trực tuyến toàn quốc về tình hình, giải pháp cấp bách phòng, chống Covid-19, sáng 29/5.

    Ông Long cho biết hiện nay giải trình tự gene virus trên các bệnh nhân ở Việt Nam cho thấy có hai biến chủng thường thấy là Ấn Độ và Anh. Trong đó, chủng từ Ấn Độ phổ biến nhất, ở Bắc Ninh, Bắc Giang, Hà Nội... Chủng Anh xuất hiện ở Đà Nẵng và một số địa phương khác.

    Tuy nhiên, các chuyên gia y tế phát hiện một chủng mới có sự lai tạo giữa hai biến chủng trên. Trên chủng Ấn Độ có những đột biến gene của chủng Anh.

    « Bộ Y tế sẽ công bố chủng này trên bản đồ gene thế giới », ông Long nói.

    Theo Bộ trưởng Long, đặc điểm của đợt dịch lần này là lây nhanh, virus phát tán rộng và mạnh trong không khí. Mức độ đào thải mầm bệnh cũng rất nhanh.

    Khi nuôi cấy trong phòng thí nghiệm và môi trường ngoài, nồng độ virus trong dịch hầu họng tăng rất nhanh và phát tán rất mạnh trong môi trường không khí. Do đó, số ca mắc đợt này tăng rất nhanh và lan rộng trong thời gian ngắn.

    Như tại công ty Hosiden Bắc Giang, môi trường không khí hạn hẹp, thông khí kém, đông người, có tới gần 1.000 người nhiễm trong số 4.800 công nhân. Đây là ví dụ điển hình của lây lan nhanh. Vòng lây nhiễm của chủng virus này chỉ 1-2 ngày, tức là sau từng ấy ngày đã có một tầng F nữa nhiễm bệnh. Số ca nhiễm có thể lây theo cấp số nhân.

    « Đây là một trong những lý do dịch ở Bắc Giang, Bắc Ninh khó kiểm soát dù đã thực hiện nhiều biện pháp chống dịch rất quyết liệt », Bộ trưởng nhấn mạnh.

    Đến nay, Việt Nam đã ghi nhận tổng cộng 7 biến chủng của nCoV, gồm : B.1.222, B.1.619, D614G, B.1.1.7 (biến chủng Anh), B.1.351, A.23.1 và B.1.617.2 (biến chủng Ấn).

    Đợt dịch thứ 4 bùng phát từ ngày 27/4 đến nay. Tổng số ca nhiễm cộng đồng là 3.595, ghi nhận ở 33 tỉnh thành. 5 tỉnh nhiều ca nhiễm nhất là Bắc Giang 1881, Bắc Ninh 736, Hà Nội 356 ca (trong đó Bệnh viện Bệnh nhiệt đới Trung ương 90 ca, 50 ca ở Bệnh viện K), Đà Nẵng 155, Vĩnh Phúc 89. TP HCM 69 ca Covid-19, đứng thứ 6 cả nước.

    • Covid-19 dans le monde : au Vietnam, un nouveau variant découvert ; en Allemagne, une enquête ouverte pour des tests surfacturés
      https://www.lemonde.fr/international/article/2021/05/29/coronavirus-dans-le-monde-au-vietnam-un-nouveau-variant-decouvert-en-allemag


      Un officier de sécurité se désinfecte les mains, à Hanoï, au Vietnam, le 26 mai 2021.
      NHAC NGUYEN / AFP

      Le variant détecté se diffuserait rapidement dans l’air, selon le ministère de la santé vietnamien, qui a assuré que ses caractéristiques seraient bientôt publiées.
      […]
      Le Vietnam a découvert un nouveau variant, selon les médias d’Etat
      Le Vietnam a annoncé samedi 29 mai avoir détecté sur son territoire un nouveau variant du virus du Covid-19, qualifié de combinaison des variants indien et britannique par les autorités. Le pays fait face à une nouvelle vague de contaminations sur plus de la moitié de son territoire, y compris les zones industrielles et les grandes villes, dont Hanoï et Ho Chi Minh Ville.

      « La caractéristique principale de ce virus est qu’il se transmet rapidement dans l’air. La concentration de virus dans la gorge et la salive augmente rapidement, et il se répand très vite dans l’environnement proche », a déclaré le ministre de la santé, Nguyen Thanh Long, lors d’une réunion nationale sur la pandémie.
      Article réservé à nos abonnés Lire aussi Covid-19 : l’Asie en retard sur les vaccinations

      Il n’a pas précisé le nombre de cas attribuables à ce nouveau variant, dont les caractéristiques seront prochainement publiées, ainsi qu’il l’a déclaré, en vue d’être ajoutées à la carte des variants dans le monde.

      Le Vietnam avait jusqu’à récemment très peu été touché par le virus. La majorité des 6 700 cas et des 47 morts déclarés ont ainsi été enregistrés depuis avril 2021. Un peu plus d’un million de personnes sont vaccinées, sur un total de 97 millions d’habitants.

  • #Covid-19 : l’histoire oubliée des recherches sur les #aérosols
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/05/27/covid-19-l-histoire-oubliee-des-recherches-sur-les-aerosols_6081699_3244.htm

    Dès le XIXe siècle, des travaux sur la tuberculose avaient mis en évidence la transmission par voie aérienne des maladies respiratoires. Des enseignements capitaux pour la prévention, négligés par les autorités sanitaires face à la pandémie.

    Mais d’où vient l’idée qu’une distance de un ou deux mètres protégerait du SARS-CoV-2 ? Ou que la frontière entre des « gouttelettes » plongeant vers le sol et des « aérosols » plus volatils serait une taille de cinq micromètres ? Pour le savoir et sortir des controverses sur l’importance de la transmission aéroportée du Covid-19, cinq scientifiques américains se sont mués en « archéologues », pour remonter à l’origine de ces chiffres.

    Le résultat ? Cette équipe, constituée d’une physicienne du MIT, d’un chimiste de l’université du Colorado, d’une ingénieure en aérosol et de deux historiens de Virginia Tech, révèle que les experts ne savent pas toujours lire les sources qu’ils citent. Leur article, soumis à une revue de sciences humaines et déjà accessible en prépublication, conclut que « bien que les idées sur la taille des gouttelettes et leur distance de propagation soient apparemment bien acceptées, leurs fondements sont confus et trompeurs, et ne sont pas cohérents avec la physique ».

    « Même ces concepts de taille et de distance sont incorrects, en fait », ajoute Lydia Bourouiba, la physicienne du groupe, également épidémiologiste et directrice d’un laboratoire du MIT sur la mécanique des fluides appliquée à la transmission des maladies. Pour ces cinq chercheurs, comme pour beaucoup d’autres qui donnent de la voix ces derniers temps, il n’est plus possible de considérer que, face à une infection respiratoire, la meilleure protection est une distance de sécurité de un à deux mètres. Masques et contrôle de l’air ambiant doivent aussi faire partie de l’arsenal.

    L’enjeu, pour ces auteurs, est de « remettre la science au cœur des politiques de santé publique » et de « diffuser des messages clairs sur la meilleure façon de ralentir la transmission du Covid-19 ». Le sous-entendu est que les messages véhiculés ont minimisé le rôle de la transmission dite « aéroportée » du virus et donc induit des recommandations insuffisamment protectrices.

    Recommandations inadaptées

    Le drame est que ces conclusions sont connues depuis la fin du XIXe siècle. A l’époque, l’Allemand Carl Flügge (1847-1923) conduit, à l’université de Breslau, un nombre important d’expériences-clés sur la transmission de la tuberculose. Mais son héritage a été compris de travers par ses successeurs.

    Ce savant utilise bien le terme « gouttelette », mais pour désigner n’importe quelle émission respiratoire, sans distinction de taille. Il recommande la ventilation et n’évoque pas de distance de sécurité, tant il constate des contaminations à plusieurs mètres de la source. Ce qui ne l’empêche pas d’être cité, des dizaines d’années plus tard, comme référence lorsque l’on aborde le sujet de ces distances protectrices.

    « J’ai été surprise de l’étendue et de la rigueur des expériences de ce chercheur et de son institut. Ils avaient déjà répondu à des questions que certains se posent encore en ignorant ces résultats du XIXe siècle ! », note Lydia Bourouiba, qui a alerté, dès janvier 2020, les Centers for Disease Control (CDC) américains sur les propriétés du Covid-19 et l’inadaptation des premières recommandations.

    L’opposition de savants

    Avec ses collègues, elle montre aussi que ces travaux précurseurs tombent dans l’oubli et sont même combattus par de grands savants, dont Charles Chapin (1856-1941), qui prendra la tête de l’Association médicale américaine et qui, au début du XXe siècle, privilégiait la thèse des contaminations par contact, au détriment de la voie aérienne.
    Arrivent alors deux autres expérimentateurs aux Etats-Unis : William et Mildred Wells. Ils reprennent, dans les années 1930, les travaux de Carl Flügge et finiront par convaincre la communauté scientifique, dans une publication posthume de 1962, que la tuberculose est bien transmissible par l’air.

    Eux aussi font face à l’opposition d’administrateurs influents, comme Alexander Langmuir (1910-1993), qui, à la tête de l’ancêtre des Centers for Disease Control dans les années 1950, maintient que la transmission dite « aéroportée » compte peu. Il change néanmoins rapidement d’avis devant les menaces de guerre bactériologique, dont les agents infectieux sont de petite taille et véhiculés par des aérosols. « L’histoire fait des mouvements de pendule surprenant », note Lydia Bourouiba.

    Mais si les Wells, après leur mort, sont reconnus, ils sont aussi mal compris. Les diverses recommandations actuelles remontent à leurs travaux pour évoquer cette frontière imaginaire des cinq micromètres entre aérosols et gouttelettes, alors même que les époux ont montré que des particules jusqu’à 100 micromètres restent en suspension dans l’air. L’équipe pluridisciplinaire pense avoir compris la méprise en rappelant que les Wells avaient aussi montré que, pour la tuberculose, seules les particules de moins de cinq micromètres pénètrent dans les voies profondes. Un argument biologique et non physique donc.

    « Dogmatisme »

    Satisfaction, néanmoins, pour ces scientifiques, les publications des Wells connaissent depuis un regain de citations dans la littérature. Un article pionnier de 1934 a ainsi été cité près de 130 fois depuis 2020, selon la base de données Scopus.

    « Une maladie transmissible par aérosols demande d’autres précautions que les distances. Les agences de réglementation sanitaire ne peuvent pas prétendre ne pas le savoir. Il est donc très surprenant et décevant de voir que le dogmatisme peut encore régner, alors qu’il faudrait rester curieux et l’esprit ouvert. Il faut s’efforcer d’exploiter toutes les avancées scientifiques pour agir rapidement et pour le bien de tous », conclut Lydia Bourouiba.

    En avril et mai 2021, l’Organisation mondiale de la santé et les CDC ont légèrement modifié leurs pages d’information sur le Covid-19. Il n’y est plus fait mention des cinq micromètres et le rôle de la transmission aéroportée est désormais mis en avant.

    Ce journal publie chaque jour un article sur l’aérosolisation et/ou l’aération. " Le sous-entendu est que les messages véhiculés ont minimisé le rôle de la transmission dite « aéroportée » du virus et donc induit des recommandations insuffisamment protectrices " ?

    • L’aération des lieux clos, angle mort du déconfinement
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/05/27/l-aeration-des-lieux-clos-angle-mort-du-deconfinement_6081623_3244.html

      Peu de mesures concrètes ont été prises en France pour réduire la transmission aérienne du SARS-CoV-2 dans les lieux ouverts au public, en les équipant par exemple de capteurs de CO2 ou, tout simplement, en rendant obligatoire l’ouverture des fenêtres.

      « Ouvrir les fenêtres au moins cinq minutes toutes les heures » dans les lieux qui reçoivent du public. Ce conseil de « bon sens » issu d’un avis du Haut Conseil de la santé publique (HCSP), publié le 3 mai, fait pâle figure à côté des centaines de pages des protocoles sanitaires applicables depuis le 19 mai en terrasse des cafés et restaurants, dans les cinémas, les musées ou les bibliothèques. Mais il pourrait bien être l’un des plus importants pour combattre le Covid-19 à l’heure du déconfinement.

      Depuis un an, les preuves d’une transmission aérienne du SARS-CoV-2 s’accumulent, suggérant que des personnes peuvent être contaminées alors même qu’elles portent un masque ou se tiennent à 2 mètres les unes des autres. Jusque-là très prudente, l’Organisation mondiale de la santé a révisé sa position sur le sujet le 30 avril, indiquant « qu’une personne peut être infectée lorsqu’elle inhale des aérosols ».

      Une salle de classe équipée d’un boitier de mesure de qualité d’air intérieur, dans une école maternelle du 9e arrondissement, à Paris, le 19 mai 2021. RAFAEL YAGHOBZADEH POUR « LE MONDE »

      Or, peu de mesures concrètes ont été prises en France pour rendre les lieux publics plus sûrs en les équipant par exemple de capteurs de CO2 afin de suivre en temps réel la qualité de l’air ou, tout simplement, en rendant obligatoire l’ouverture des fenêtres, comme c’est le cas depuis la rentrée dans les écoles allemandes.

      « Il est temps d’adapter les recommandations au regard des avancées de la littérature scientifique », plaident les experts du HCSP qui se sont « autosaisis » pour cet avis.
      Les données disponibles ne permettent pas d’établir des seuils à partir desquels il existe un risque d’infection : quantité de virus en suspension dans l’air, durée d’exposition. Mais « plus la concentration en aérosol est importante dans un espace donné, plus le risque de contamination est élevé », soulignent les auteurs de l’avis, rappelant qu’une part importante des cas – plus de la moitié, selon certaines estimations – sont liés à des personnes asymptomatiques ou présymptomatiques, qui ne toussent ni n’éternuent. Et que la contamination peut avoir lieu après que la personne infectée a quitté l’espace clos.

      Expérimentation « en vie réelle »

      Pour documenter le risque « en vie réelle », une expérimentation a été menée fin mars dans un collège des Yvelines. Des capteurs de CO2 et d’autres instruments de mesure de qualité de l’air ont été installés dans plusieurs classes de l’établissement, la cantine des élèves et celle des enseignants ou encore la salle des professeurs.

      A l’extérieur, la concentration en gaz carbonique est de l’ordre de 400 ppm (« parties par million », une unité souvent utilisée pour mesurer la pollution). « En intérieur, idéalement, il faudrait éviter de dépasser une concentration de 600 ppm, notamment dans les locaux où le port du masque n’est pas possible (…). Une concentration supérieure à 800 ppm est le signe d’une aération insuffisante dans un contexte de Covid-19 », est-il indiqué dans un document diffusé par l’éducation nationale en avril.

      Dans les faits, « le respect de ces recommandations dépend beaucoup des comportements individuels. Certains enseignants ouvrent systématiquement leurs fenêtres, certains jamais, d’autres de temps en temps », souligne le chimiste Jean-Louis Roubaty, qui a piloté l’étude. Dans une salle destinée à l’enseignement des langues étrangères, le taux de CO2 a ainsi pu dépasser 2 500 ppm, faute d’aération, tandis que dans la classe d’à côté, où l’enseignante faisait cours la fenêtre ouverte, ce taux était stable, autour de 600 ppm.
      Le chercheur a aussi pu constater que quelques minutes d’ouverture des fenêtres en plus ou en moins pouvaient changer la donne. Dans une classe en demi-jauge (quinze élèves), le taux de CO2 s’est élevé de 600 ppm à 1 300 ppm après une heure de cours, avant de redescendre à 1 000 ppm après trois minutes d’aération. Il a ensuite grimpé à plus de 1 500 ppm au cours de l’heure suivante, avant de retomber à 600 ppm après sept minutes d’aération à l’interclasse.

      Mesurer le taux de CO2

      A la cantine, la situation s’est avérée plus maîtrisée, avec une concentration en gaz carbonique inférieure à 800 ppm tout au long du service. « Mais le risque, là, est davantage d’arroser ses voisins avec des postillons », rappelle Jean-Louis Roubaty, en précisant que la disposition des élèves en quinconce, en demi-jauge, ne les empêche pas de discuter avec leurs voisins.
      Les lieux les plus difficiles à sécuriser « sont les zones de restauration collective, car on y parle, on est démasqué et c’est en intérieur »

      Dans le restaurant des professeurs, la situation était bien plus problématique, avec un taux de CO2 atteignant 2 000 ppm, bien que la jauge soit là aussi respectée. « Pour se couper du bruit de la cantine des élèves, les enseignants ferment la porte et personne n’ouvre la fenêtre, car il y en a toujours un pour se plaindre du froid », souligne le scientifique, précisant qu’il faisait pourtant assez doux dehors à ce moment-là.

      Ce monde « en miniature » reflète ce qui se passe dans bien des situations de la vie quotidienne : dans une salle de réunion, un restaurant, un cinéma ou un magasin. « En théorie, si le masque est bien porté, le risque est sous contrôle, mais dans la vraie vie, la totalité de l’air inspiré n’est pas filtrée car le masque fuit sur les côtés », indique le chimiste, qui a participé à la rédaction de plusieurs avis du HCSP sur les mesures à prendre pour limiter la propagation du SARS-CoV-2.
      Publié le 12 mai, le protocole sanitaire pour les commerces indique qu’il faudra « aérer les locaux par une ventilation naturelle ou mécanique ». « Idéalement », portes et fenêtres devraient rester ouvertes en permanence ou au minimum plusieurs minutes toutes les heures. Le taux de CO2 devra être mesuré : au-delà de 800 ppm, il faudra aérer ou réduire le nombre de clients et au-delà de 1 000, les commerces devront évacuer, le temps de redescendre en dessous de 800.

      Espaces intérieurs et extérieurs

      Ce dispositif « comporte des avancées » mais « on est encore loin d’un protocole de maîtrise du risque », commente Bruno Andreotti, professeur à l’Université de Paris et chercheur à l’Ecole normale supérieure. A 800 ppm, « le risque est acceptable », à condition, toutefois, d’être « masqué correctement », fait-il valoir, soulignant « qu’un FFP2 filtre beaucoup mieux qu’un petit masque en tissu ou un chirurgical mal mis ». Surtout, fixer un seuil aussi élevé que 1 000 ppm « n’est pas sérieux », ajoute ce scientifique.

      Les lieux les plus difficiles à sécuriser « sont les zones de restauration collective, car on y parle, on est démasqué et c’est en intérieur ». Les restaurants doivent à nouveau accueillir des clients en intérieur à partir du 9 juin, en limitant tout d’abord l’affluence à la moitié de leur capacité. Selon le protocole gouvernemental, l’idéal est donc de « privilégier une ventilation de la pièce par deux points distincts (porte et fenêtre par exemple) » pour créer des courants d’air. Bruno Andreotti préconise cependant des investissements supplémentaires, « quitte à ce que l’Etat mette la main à la poche ».

      En extérieur, le risque des aérosols est beaucoup moins élevé que dans les espaces intérieurs mal ventilés. Mais en terrasse, il n’est pas nul, car on parle fort, on est rapproché et on n’a pas de masque. Près d’une personne infectée, on peut inhaler les aérosols avant qu’ils soient dispersés dans l’air, explique M. Andreotti, selon qui le risque dépend donc de deux paramètres : la distance et la vitesse du vent.

      « Sur une terrasse très bien ventilée, on peut laisser un mètre entre les chaises. Mais si elle n’est pas bien ventilée, il faut mettre plus de distance et rajouter du vent, avec de gros ventilateurs de chantiers » correctement orientés, indique le physicien en regrettant que ces points manquent dans les directives officielles. Il « encourage les restaurateurs à mener des expériences » pour visualiser la dispersion des aérosols et déterminer le meilleur emplacement des tables.

      « Maîtriser la ventilation, c’est maîtriser le risque »

      Les restaurateurs, pour leur part, regrettent qu’aucune étude scientifique n’ait été réalisée en amont de la définition des jauges. « Jusqu’en novembre [2020], la limite était de dix personnes par table, maintenant c’est six, mais il n’y a eu aucun débat sur ce chiffre, pas plus que sur la jauge à 50 % », indique-t-on à l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie.

      « Ces seuils sont arbitraires. C’est une incitation à la prudence », avance Didier Lepelletier, membre du HCSP. « L’objectif, dans cette période incertaine, est de voir comment cela se passe. Chaque étape doit être un succès, car les Français ne comprendraient pas qu’on revienne en arrière », poursuit ce médecin spécialisé en santé publique.

      Selon lui, conduire des expérimentations en terrasse n’aurait pas beaucoup de sens. « Placer des capteurs à l’extérieur ne va rien donner, car tout dépend de l’endroit où vous les disposez, de la configuration des lieux, et de la météo, estime Didier Lepelletier. On ne peut pas tout mesurer et dans la vie réelle, tout est d’abord une question de responsabilité. »

      Pragmatique, il suggère d’abord aux établissements recevant du public de vérifier l’état de leur ventilation mécanique pour s’assurer qu’elle est conforme aux exigences fixées par le « règlement sanitaire départemental type ». « Maîtriser la ventilation, c’est maîtriser le risque. Si les lieux s’avèrent mal ventilés, il ne faut pas accueillir de public », martèle-t-il, en rappelant qu’« on n’est pas en Israël ni aux Etats-Unis », où la moitié de la population a déjà reçu au moins une dose de vaccin.

      Covid-19 : mesurer le CO2 pour mieux aérer et diminuer la transmission, 23 avril 2021
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/04/23/covid-19-mesurer-le-co2-pour-mieux-aerer-et-diminuer-la-transmission_6077734

      Limiter la transmission du SARS-CoV-2 par voie aérienne, enjeu crucial du déconfinement, 04 mai 2021
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/05/04/limiter-la-transmission-du-sars-cov-2-par-voie-aerienne-enjeu-crucial-du-dec

  • Pénurie et flambée des prix : la filière bois au bord de la crise de nerfs
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/05/26/penurie-et-flambee-des-prix-la-filiere-bois-au-bord-de-la-crise-de-nerfs_608

    Le marché est soumis à de fortes tensions. A la clé, des délais d’approvisionnement qui s’allongent et des chantiers retardés.

    Ce qui devait être un simple appel pour s’assurer que la commande passée en février d’un millier de panneaux de particules était bien livrée le lendemain a été une nouvelle déconvenue pour Christophe Bonnin, qui codirige, avec sa sœur Karine Bouhier, Les Charpentiers de l’Atlantique, une entreprise spécialisée dans le gros œuvre en bois. « Vous n’êtes pas au courant ? On a supprimé toutes les commandes. On alloue maintenant des lots par pays, et aux commerciaux de chaque secteur », s’est entendu répondre, le 20 mai, celui qui composait déjà, depuis janvier, avec des délais d’approvisionnement passés d’un à quatre mois pour certaines poutres.

    Quant au deuxième camion, attendu en juillet pour démarrer le chantier d’une école et d’une crèche dans le sud des Hauts-de-Seine, il a aussi été annulé, a répondu l’usine luxembourgeoise. « Je vais chercher des matériaux de remplacement, mais ce sont les mêmes fabricants, ils sont débordés », poursuit Christophe Bonnin. Et c’est sans compter la hausse des prix. Avec sa sœur, ils s’attendent à des surcoûts de 10 % sur certaines opérations, quand leurs marges n’étaient que de 3 % ou 4 %. « Mais cela, on ne regarde même plus. On est prêts à tout acheter pour ne pas retarder les chantiers. »
    Dans le petit milieu qu’est celui du bois, les anciens, souvent à la tête d’entreprises héritées du père ou du grand-père, sont formels : les tensions que rencontre actuellement le secteur et les conséquences sur les chantiers sont sans précédent. « En 1974, au moment du choc pétrolier, les prix avaient augmenté de 30 %. Mais jamais je n’ai vécu une telle crise », observe Luc Charmasson, 74 ans, président du Comité stratégique de la filière bois, qui confie ne « même plus savoir comment conseiller [s]on fils Thomas », qui dirige le groupe Gipen-Roux.

    Un effet Covid-19
    Ce n’est pas la ressource en forêt qui manque, précisent d’emblée les scieurs, constructeurs et promoteurs. Tous redoutent que cette crise, « conjoncturelle » – insistent-ils –, freine l’engouement pour un matériau qui, rappellent-ils, répond aux impératifs de réduction de l’empreinte carbone des bâtiments. Mais la chaîne de production du bois est indéniablement grippée et pourrait l’être encore plusieurs mois, reconnaissent-ils.
    « En 1974, au moment du choc pétrolier, les prix avaient augmenté de 30 %. Mais jamais je n’ai vécu une telle crise », Luc Charmasson, président du Comité stratégique de la filière bois […]

    #paywall

    dans la partie visible, rien sur la ou les causes…
    dans le bâtiment, on évoque la spéculation

    • peut-être aussi, des anticipations sur une future interdiction par la Russie d’exportation de troncs bruts et l’appétit chinois pour le bois de construction …
      (article de novembre 2020)

      Russia plans to implement log export ban by 2022 - Wood Business
      https://www.woodbusiness.ca/russia-plans-to-implement-log-export-ban-by-2022

      Softwood log exports from Russia have been in steady decline for the past 15 years and could reach zero in 2022 if President Putin’s new log export ban is implemented

      In a recent statement, Russian president Vladimir Putin ordered the government to strictly control the exportation of roundwood and low-value forest products, and to clamp down on the illegal trade of logs (in his terms: “hard-hitting decriminalization of the industry”).

      He also requested a “complete ban on shipments of unprocessed or roughly processed conifer and valuable hardwood out of Russia by January 1, 2022.

      This statement would indicate that lower-value hardwood logs, such as birch pulplogs exported to Finland, may be excluded from the future export ban.

      To encourage domestic processing of Russian timber, Putin also wants to implement a government program of subsidized loans for investing in wood processing facilities, primarily in Siberia and Russia’s Far East, targeting the growing wood markets in Asia.

      These industry loans would be available for facilities producing lumber and panels, and pellet manufacturers which predominantly use small-diameter logs for their wood furnish.

      If the log ban is enacted, it will be the end of Russia’s long-lasting role as one of the world’s largest exporter of softwood logs. Over many decades, the country exported large volumes of wood raw-material, predominantly to forest products manufacturers in Asia and Europe.

      Softwood log export volumes peaked at 37 million m3 in 2006, but when log export tariffs were implemented in 2008, shipments fell dramatically and were down to only 8.5 million m3 in 2019.

      This year, the decline has continued and only an estimated six million m3 is likely to be exported, according to the Wood Resource Quarterly. A majority of the shipments have gone to China (about 75 per cent) and Finland (10 per cent) in the first half of 2020.

      Russian hardwood log exports have fluctuated between 7-8 million m3 the past five years but are likely to fall in the next two years if higher-value logs such as oak and ash are banned for exports.

      China has sourced about 10-12 million m3 of softwood and hardwood logs annually from Russia for the past five years. Subsequently, the log export ban will substantially impact the future sourcing of both wood raw-material and processed products to China, a potentially troublesome scenario due to their outlook for increased consumption of forest products.

    • Comme pour les autres matériaux, il y a eu, bien sûr, un effet Covid-19. La mise à l’arrêt des scieries et des usines de transformation a fait chuter la production mondiale. Mais personne n’avait anticipé une reprise aussi forte et rapide. La demande est d’abord venue des Etats-Unis. Les milliards injectés dans l’économie par les présidents Trump et Biden ont dopé la #construction comme jamais. « Au printemps, on a atteint un niveau supérieur à celui de 2019, lorsque la mise en chantier de logements était remontée à 1,5 million, voire 1,6 million de logements, détaille Philippe Chalmin, professeur d’histoire économique à l’université Paris-Dauphine. Cela nous ramène à des niveaux qu’on n’avait pas connus depuis 2007. » Or, aux Etats-Unis, 80 % des maisons individuelles sont en bois.

      Cette demande subite, conjuguée à des stocks encore trop faibles, a fait s’envoler les cours sur le marché à terme de la Bourse de Chicago. Habituellement, les prix du lumber, le bois d’œuvre, oscillent entre 300 et 500 dollars (entre 245 et 408 euros). Ils ont été multipliés par quatre. On parlait déjà de record, à l’été 2020, quand les 1 000 pieds-planche (2,36 m3) approchaient la barre des 1 000 dollars, atteinte en décembre. Mais cet hiver, un pic a même été enregistré à 1 600 dollars, avant que la courbe ne se stabilise autour des 1 200 dollars. « Les importateurs américains se sont branchés sur le marché européen » , poursuit M. Chalmin, et ont acheté du résineux aux pays scandinaves, à l’Allemagne et à l’Autriche.

      De multiples conséquences en bout de chaîne

      Dans le même temps, la demande a aussi grimpé en France. Elle n’est pas seulement due à cette passion soudaine des cafetiers pour les terrasses en palettes. Les Français confinés ont voulu surélever leur maison, aménager des espaces extérieurs. Les scieurs, ils sont plus d’un millier, qui s’approvisionnent sur la forêt française – la quatrième d’Europe en termes de surface –, ont tenté de suivre. Mais même en faisant travailler les équipes le samedi, en annulant des vacances, la capacité de l’outil de production stagne à 120 % et ne suffit pas à couvrir les besoins d’un marché auquel manque aussi une partie des stocks partis outre-Atlantique. Les scieurs français ont dû faire des choix : « On a réduit nos exportations pour privilégier le territoire national » , explique Jean Piveteau, le président du groupe vendéen du même nom. Et, reconnaissent-ils, les clients qui soutenaient le bois français ont été servis les premiers.

      En bout de chaîne, où les livraisons et même les prix ne sont plus garantis, les conséquences sont multiples. La situation pour les entreprises devenait si délicate que, sous la pression de la Fédération française du bâtiment, le gouvernement a demandé, le 20 mai, à l’Etat, de montrer l’exemple en n’appliquant pas de pénalités lorsque le retard est lié « aux envolées des prix des matières premières ou aux pénuries d’approvisionnement » . Les collectivités sont invitées à faire de même. Pour le privé, c’est une autre histoire. Quant aux prix, « on commande sans connaître le montant, et pour des contrats conclus avec les chiffres de 2020, détaille Thomas Charmasson. Or, pour des sociétés comme la nôtre, la matière première représente 35 % à 40 % de la vente globale d’un bâtiment. »

      Une compétition accrue

      La décision prise par la Russie, le deuxième exportateur mondial de bois, d’interdire, dès 2022, l’exportation de certaines essences de grumes – les troncs bruts –, n’arrange rien au tableau et ne fait qu’accroître la compétition autour d’une ressource mondialement chassée. Un négociant lituanien ambitionne d’acheter les lots d’une des plus grandes ventes annuelles de résineux de l’Office national des forêts pour les envoyer en Chine.

      Tout cela plaide pour une meilleure structuration de la filière. Le mouvement est enclenché. Début mai, Bouygues Bâtiment signait un contrat-cadre avec le groupe vendéen Piveteaubois, roi du résineux, pour sécuriser son approvisionnement en panneaux pour plus de deux années à venir. Bpifrance, la banque publique d’investissement, est, elle, sur le point d’annoncer que son objectif de réunir 75 millions d’euros pour lancer son nouveau fonds de soutien aux industriels du #bois est déjà largement atteint.