• La Vénus de Willendorf n’est pas autrichienne, mais italienne | Radio-Canada.ca
    https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1865733/venus-willendorf-origine-determination-

    Au cours de plusieurs balayages, les scientifiques ont obtenu des images d’une résolution allant jusqu’à 11,5 micromètres, une précision que l’on ne peut autrement obtenir qu’au microscope.

    Cet examen montre que la Vénus n’est pas uniforme à l’intérieur. "Une propriété particulière qui pourrait être utilisée pour déterminer son origine", note Gerhard Weber.

    L’équipe du Pr Weber compte en ses rangs deux géologues, Alexander Lukeneder et Mathias Harzhauser, qui connaissent bien les oolithes. Ils ont obtenu des échantillons de partout en Europe pour les comparer. Ces échantillons ont été sciés, puis examinés au microscope.

    L’analyse tomographique de la Vénus permet d’établir que les sédiments se sont déposés dans les roches avec des densités et des tailles différentes. Entre les deux, il y a également de petits morceaux de coquillages et six grains très denses et plus gros, appelés limonites.

    Selon les chercheurs, la présence de ces limonites explique les cavités hémisphériques de même diamètre, jusqu’alors mystérieuses, à la surface de Vénus.

    « Les limonites dures ont probablement éclaté pendant que le créateur de la Vénus la sculptait. »
    — Une citation de Gerhard Weber

    L’oolithe utilisée pour créer la Vénus est poreuse, une caractéristique qui explique probablement, selon les chercheurs, le choix de ce matériau beaucoup plus facile à travailler par le sculpteur.

    Les scientifiques ont également découvert un minuscule morceau de coquille, de seulement 2,5 millimètres de long, qui date de la période jurassique. Ils ont ainsi écarté tous les autres gisements potentiels de cette roche datant de l’ère géologique beaucoup plus tardive du Miocène, comme ceux du bassin de Vienne tout proche.
    Une statuette venue de loin

    L’équipe de recherche a également analysé la taille des grains des autres échantillons récoltés à travers l’Europe. Des centaines voire des milliers de grains ont été marqués et mesurés. Aucun d’entre eux ne provenait de la région de 200 kilomètres autour de Willendorf.

    Cette analyse a montré que les échantillons de la Vénus étaient "statistiquement impossibles à distinguer" des échantillons provenant d’un endroit situé près du lac de Garde, dans le nord de l’Italie.

    "Ce résultat est remarquable, car il signifie que la Vénus (ou du moins ses matériaux) a entamé un voyage du sud des Alpes au Danube, au nord des Alpes", notent les chercheurs.

    Les humains du Gravettien, une culture du Paléolithique supérieur, se déplaçaient en fonction du climat et de la disponibilité des proies. "Ils se déplaçaient surtout le long des rivières. Un tel voyage pouvait prendre des générations", note Gerhard Weber.
    Si les données semblent désigner le nord de l’Italie comme lieu d’origine de l’oolithe de Vénus, elle pourrait aussi venir de l’Ukraine orientale, à plus de 1600 kilomètres linéaires de Willendorf. Les échantillons provenant de cette région ne correspondent pas aussi clairement à la Vénus que ceux d’Italie, mais mieux que ceux de tous les autres.