• En Bretagne, des travailleurs logés en urgence dans des internats pour sauver la saison
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/07/31/en-bretagne-des-travailleurs-loges-en-urgence-dans-des-internats-pour-sauver

    Cet été, 50 000 saisonniers manquent à l’appel en Bretagne. En cause notamment, la difficulté pour des jeunes souvent venus d’ailleurs de se loger dans les stations balnéaires. Pour faciliter des recrutements de dernière minute, la région leur ouvre certains de ses établissements scolaires. Une expérimentation précaire mais salutaire.

    #logement #paywall

    • En Bretagne, des travailleurs logés en urgence dans des internats pour sauver la saison

      Il est arrivé ici la veille. Entre deux services au bar d’un hôtel-restaurant cossu de Saint-Briac-sur-mer (Ille-et-Vilaine), où il travaille, Jason Lerigoleur termine son emménagement, en ce mercredi matin de la mi-juillet. Dans cette chambre, dont les sanitaires collectifs sont situés sur le palier, le saisonnier de 21 ans a commencé par brancher sa console de jeux vidéo et son écran plat. Pas de connexion Wi-Fi disponible pour jouer en ligne. Déçu, le jeune homme a alors rangé sa manette pour trier ses affaires dans l’armoire qui trône face à trois sommiers relevés contre un mur de la pièce.

      Faute de logement disponible sur la côte bretonne, Jason Lerigoleur a réservé une chambre dans l’#internat du lycée hôtelier de Dinard. « Ce n’est pas le grand luxe, mais ça défie toute concurrence » , relativise le barman. Loyer mensuel : 300 euros. Il poursuit : « Ici, les saisonniers galèrent à se loger. On nous propose des studios à des prix exorbitants. Jusqu’à 900 euros la semaine. Nous ne sommes pas des touristes, mais des professionnels contribuant à l’activité économique locale. » Vingt autres travailleurs estivaux sont attendus dans cet internat appartenant à la région Bretagne. La collectivité a décidé d’ouvrir en urgence cet établissement ainsi que trois autres ailleurs dans la péninsule afin de loger des dizaines de travailleurs. Une expérimentation « de secours » imaginée alors que Pôle emploi annonce un manque de 50 000 saisonniers dans la région.

      Les syndicats hôteliers misent sur ce dispositif pour pallier le manque de personnel qui contraint certains restaurateurs à fermer un ou deux jours par semaine

      L’une des causes justifiant cette pénurie récurrente de main-d’œuvre est le manque de logements. « Certains travailleurs dorment dans leur voiture, alors que nous avons des locaux vides. Le bon sens veut qu’on les ouvre, insiste Loïg Chesnais-Girard, le président (divers gauche) de la région. Une telle opération permet aussi à la collectivité d’optimiser l’usage de ses bâtiments. » Nombre des 12 000 lits des internats gérés par la région pourraient, à l’avenir, densifier cette offre d’accueil.

      Sa mise en fonctionnement a démarré courant juillet à cause de « freins administratifs et juridiques » complexifiant le transfert de la gestion de ces bâtiments à d’autres collectivités, selon les édiles. A Dinard, la municipalité gère l’accueil des locataires, avec le soutien des représentants locaux de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH). Ces derniers misent sur ce dispositif pour pallier le manque de personnel qui contraint certains restaurateurs à fermer un ou deux jours par semaine, à réduire la durée des services ou à limiter le nombre de couverts.

      Assis sur son lit une place, Jason Lerigoleur confirme une évolution du marché de l’emploi désormais favorable aux saisonniers. Après une dernière expérience à Malte, le barman a décidé de revenir en Bretagne. Une fois sur place, il a choisi son employeur, et non l’inverse. Pour convaincre Jason, son patron s’est engagé à lui trouver un logement et à prendre en charge son loyer. « Désormais, les employeurs sont vigilants sur les conditions de travail, proposent des salaires intéressants, décomptent les heures supplémentaires… Ils savent qu’un saisonnier peut quitter son boulot le matin et en retrouver un autre dans la soirée , affirme le jeune homme. Depuis le Covid, beaucoup de professionnels de la restauration ont arrêté, dégoûtés par les horaires peu compatibles avec une vie de famille et par un rythme éreintant. »

      Des biens loués de préférence aux touristes

      Au deuxième étage de l’internat, Aminata Thimbo raconte une histoire semblable. Cette serveuse de 18 ans a été embauchée sans mal dans un restaurant à la carte soignée de la station balnéaire. Après trois années de formation à l’école hôtelière, elle voulait décrocher un « vrai » premier contrat pour « muscler » son CV. « Sans cette chambre, j’aurais dû refuser ce travail et rentrer passer l’été chez ma mère, à côté de Rennes. J’aurais sans doute accepté un emploi dans une brasserie » , explique la jeune femme. Première à avoir réservé une chambre de l’internat, elle a bénéficié de l’une des plus spacieuses, avec vue sur mer. En se contorsionnant à la fenêtre, on aperçoit effectivement la Manche user la digue plus bas.

      Aminata Thimbo montre un immeuble un peu plus loin : « J’ai été prise en alternance en sommellerie dans le restaurant où je travaille. J’emménagerai donc bientôt dans un studio de ce bâtiment-là. » Bientôt, cela signifie en septembre. Cet été, les propriétaires ont préféré louer leurs biens à des touristes. La côte bretonne souffre d’une explosion du phénomène Airbnb, qui tarit le marché immobilier.

      En 2019, Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), ville située face à Dinard, est devenue « la championne française de la location de courte durée », selon ses élus, qui citaient alors des relevés opérés sur les trois principales plates-formes, annonçant 639 nuitées réservées pour 100 habitants dans la cité corsaire, loin devant Bordeaux (239) ou Aix-en-Provence (199). La municipalité (LR) a depuis imposé des réglementations parmi les plus restrictives du pays pour contenir le phénomène. Des mesures qui inspirent les édiles bretons.

      L’accroissement du nombre de résidences secondaires anesthésie un peu plus le marché immobilier du littoral breton. Les maisons de vacances sont devenues majoritaires dans nombre de stations balnéaires comme Arzon (Morbihan, 77,2 %), Carnac (Morbihan, 71,2 %), Saint-Briac-sur-Mer (60 %)… La pénurie de logements pour les travailleurs estivaux est aussi amplifiée par la montée en gamme des campings du bord de mer, dans lesquels mobil-homes et chalets sont devenus la norme au détriment des traditionnels et économiques terrains nus, jadis prisés des saisonniers.

      Confrontées à une inexorable envolée du prix de l’immobilier, les côtes bretonnes logent de plus en plus de retraités et de moins en moins d’actifs

      « Le vieillissement de notre population explique aussi la problématique observée autour de l’emploi saisonnier », affirme Arnaud Salmon, le maire (divers droite) de Dinard. Le quadragénaire évoque sa jeunesse dinardaise. A l’époque, les saisonniers habitaient la commune et ses alentours. Ils étaient lycéens ou étudiants et logeaient chez leurs parents le temps d’un contrat aux beaux jours. Confrontées à une inexorable envolée du prix de l’immobilier, les côtes bretonnes logent de plus en plus de retraités et de moins en moins d’actifs. Les patrons recrutent alors un personnel extérieur dépourvu de solution de logement.

      Sollicité par les restaurateurs de son territoire, Arnaud Salmon a été l’un des premiers édiles bretons à encourager l’ouverture des internats du conseil régional. La ville de Dinard a même accepté d’assumer les 30 000 euros de reste à charge non couverts par les versements des loyers pour financer les consommations en eau et en électricité, mais aussi le gardiennage du site. Loïg Chesnais-Girard, le président de la région, précise : « Cette année, le dispositif a un coût pour nos collectivités, mais nous devons le pérenniser afin d’accueillir plus de saisonniers et ainsi équilibrer l’opération. Nous devons aussi mieux associer les entreprises. »

      Voilà une manière polie d’appeler à une contribution plus forte des patrons. Pas franchement du goût du président de l’UMIH de la Côte d’Emeraude, Oscar Legendre, qui plaide pour l’application aux stations balnéaires de la loi Montagne imposant à la force publique de gérer le mal-logement des saisonniers dans les communes touristiques. Le restaurateur ajoute : « Nous ne pouvons pas financer le logement de nos salariés, mais nous devons aider au développement de microsolutions. Il faut, par exemple, mieux travailler avec les campings ou inciter les propriétaires de logements Airbnb à louer leurs biens à nos salariés. »

      Répondre à l’explosion de la demande

      A Lamballe (Côtes-d’Armor), l’entreprise agroalimentaire Cooperl s’est engagée à financer tout surcoût de fonctionnement afin de permettre la mise à disposition de l’internat du lycée de la ville. Ce spécialiste de la transformation de porc employant 7 500 personnes fait face régulièrement à des problèmes de recrutement. C’est particulièrement le cas en juillet et août, lorsque les usines lancent l’embauche de personnel pour compenser les départs en vacances et répondre à l’explosion de la demande en viandes à griller.

      Une trentaine de saisonniers sont espérés dans le récent internat lamballais de 80 places. Parmi eux : Youssouf Saraliev. Ce jeune homme de 19 ans se charge du tour du propriétaire. Ici, la cuisine avec un frigo, une double plaque de cuisson électrique et un micro-ondes ; là, le foyer équipé d’un rétroprojecteur, d’un baby-foot, d’une table de ping-pong. Au milieu de ce couloir, sa chambre d’une vingtaine de mètres carrés. Youssouf Saraliev s’assoit sur le rebord de son lit et conclut la visite en rappelant les principaux points du règlement intérieur : interdiction d’inviter des amis, de fumer dans l’internat et de boire de l’alcool.

      « Je ne peux pas être exigeant, alors que j’ai enfin l’occasion de devenir autonome. Sans ce logement, j’aurais dû me débrouiller en sollicitant l’hospitalité de personnes issues de ma communauté » , explique-t-il. Installé en France depuis son adolescence, ce Tchétchène narre l’histoire de sa famille qui a traversé l’Europe jusqu’en Bretagne. Ici, il a obtenu deux CAP. Son rêve ? Intégrer l’armée française. En attendant que sa demande de naturalisation aboutisse, il est décidé à travailler. Peu importe s’il doit intégrer les abattoirs de la Cooperl, où les conditions de travail sont réputées éprouvantes. Il hausse les épaules. Là-bas, il a la « chance » de pratiquer quelques-unes des six langues qu’il maîtrise au contact des nombreux travailleurs étrangers œuvrant dans les usines.

      Chaque matin, Youssouf Saraliev et d’autres saisonniers de son équipe embauchent à 5 heures. Peu ont le permis de conduire. Alors, ils pédalent pour traverser la ville. Marouane Baudron, un des locataires de l’internat, a accepté ce travail pour financer son code et ses leçons d’auto-école. « Ce contrat m’offre un nouveau départ » , souffle le jeune homme de 21 ans, originaire de la campagne rennaise. Fumant une cigarette à l’ombre du bâtiment, il raconte son CAP de boulanger arrêté brutalement, ses « conneries » , ces semaines à dormir dans une voiture avant d’intégrer l’Etablissement pour l’insertion dans l’emploi (Epide).

      L’une des responsables de ce dispositif à la rigueur toute militaire l’a encouragé à accepter cet emploi. « La vie n’est pas simple. Pour avoir un logement, il faut un boulot. Pour avoir un boulot, il faut le permis de conduire. Et pour le permis, de l’argent. Aujourd’hui, je reprends les choses dans l’ordre » , se satisfait-il. Amusé, il observe son voisin de chambre s’approcher en claquettes et en short. Il y a quelques jours encore, il ne connaissait pas Ewen Coulibaly, ce gaillard de 19 ans qui espère réussir le concours de gardien de la paix. Celui-ci reprend le fil de la discussion sur l’esprit « colo » qui règne à l’internat : « Quand j’aurai 30 ans, les conditions de travail et de logement de ce job saisonnier ne me satisferont sans doute plus. A mon âge, ça me convient. L’usine et l’internat ne sont que des transitions pour la plupart d’entre nous. »

      https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/07/31/en-bretagne-des-travailleurs-loges-en-urgence-dans-des-internats-pour-sauver
      #saisonniers #travail_saisonnier #tourisme #Bretagne

  • TOTALénergies, un gros dealer de carburants qui réduit le prix de sa drogue dure, pour pouvoir continuer à en vendre ? S’en réjouir ?
    https://ricochets.cc/TOTALenergies-un-gros-dealer-de-carburants-qui-reduit-le-prix-de-sa-drogue

    TOTAL, une entreprise écocidaire et criminelle, essaie de se faire passer pour le bon samaritain en réduisant le prix de vente de sa drogue dure en vente libre, l’essence. [TotalEnergies annonce de nouvelles baisses du prix du carburant jusqu’à la fin de l’année >https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/07/22/totalenergies-annonce-de-nouvelles-baisses-du-prix-du-carburant-jusqu-a-la-f - L’entreprise va appliquer une remise à la pompe de 20 centimes par litre (...) #Les_Articles

    / #Le_monde_de_L'Economie

    https://totalenergies.com/fr/medias/actualite/communiques-presse/totalenergies-sengage-programme-massif-reduction-prix
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/07/22/totalenergies-annonce-de-nouvelles-baisses-du-prix-du-carburant-jusqu-a-la-f

  • En Bretagne, « c’est devenu impossible de se loger, on nous pousse dehors »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/07/14/en-bretagne-c-est-devenu-impossible-de-se-loger-on-nous-pousse-dehors_613472


    LOUISE QUIGNON / HANS LUCAS POUR « LE MONDE »

    Hausse brutale des prix, augmentation des résidences secondaires et des locations de de type Airbnb : c’est le cocktail qui a plongé des locaux dans des situations de logement précaire, les obligeant parfois à partir.

    L’hiver, lorsque le calme revient sur Belle-Ile-en-Mer (Morbihan), Audrey (le prénom a été changé) aime se balader de village en village. Sa voix s’enraye quand elle évoque « toutes ces maisons vides aux volets fermés », des résidences secondaires désertées par leurs propriétaires pendant la morne saison. Voilà quatre ans que cette habitante du Palais et son mari cherchent en vain un logement sur cette île bretonne de près de 5 500 habitants. « Je veux juste vivre où je suis née, alors je m’accroche comme une bernique », confie la jeune femme de 26 ans, contrainte de s’installer chez son beau-père, faute de logements abordables et disponibles.

    A Belle-Ile comme ailleurs en Bretagne, la crise sanitaire a accéléré celle de l’immobilier. En 2021, les prix ont augmenté de 15 % dans le Morbihan, département le plus touché de la région Bretagne. En cinq ans, ils ont flambé de 38 %, maisons et appartements neufs et anciens confondus, selon le baromètre de l’immobilier publié par Notaire et Breton, jeudi 7 juillet. « C’est le département de Bretagne qui a le plus de résidences secondaires, avec un taux de 18 % », souligne Nil Caouissin, professeur d’histoire-géographie, auteur du Manifeste pour un statut de résident en Bretagne (Presses populaires de Bretagne, 2021). A Belle-Ile, ce chiffre atteint les 60 % ; il frôle les 80 % à Arzon et dépasse les 70 % à Quiberon, ville de France la plus recherchée sur Airbnb.

    Conséquence, de nombreux locaux sont confrontés à des situations de logement précaire, voire insalubre, poussant certains à quitter leur territoire. « Pour des gens lambda, comme nous, c’est devenu impossible de se loger, on nous pousse dehors », résume Audrey, qui a recensé plus de 700 annonces sur Airbnb pour la saison estivale, « alors qu’on ne trouve rien à l’année ». En deux mois d’été, les propriétaires gagnent en moyenne deux fois plus que s’ils louaient à l’année.


    Elise, 30 ans, contractuelle dans la fonction publique devant son logement, à Pluneret (Morbihan), le 29 juin 2022.
    LOUISE QUIGNON / HANS LUCAS POUR « LE MONDE »

    « On n’a pas le pouvoir d’achat pour rivaliser avec les retraités qui veulent se mettre au vert et les télétravailleurs bien lotis », abonde Etienne, 26 ans, qui cumule trois heures de route par jour pour rejoindre son lieu de travail, dans le Finistère. Après des mois de recherche, Etienne et Elise ont dû repenser leur projet immobilier en Centre-Bretagne, « dans des endroits aujourd’hui saturés de demandes, considérés comme indésirables il y a quelques années », souligne la femme de 29 ans, vacataire dans la fonction publique, comme son compagnon.

    Elise reconnaît une forme d’« obsession » liée à cette recherche de logement. Sur son ordinateur, elle consigne « les annonces les plus indécentes » : « Un propriétaire qui loue son garage, un terrain non constructible à 45 000 euros l’hectare, le studio d’une vingtaine de mètres carrés à 640 euros. »

    #paywall

    • Et donc, plus possible de trouver de la main d’oeuvre, par exemple pour travailler dans les hôtels, les restaurants, les supermarchés . . . .
      Ca permettra aux journalistes de crier haro sur ces salarié.e.s qui ne veulent plus travailler.
      Ils ne peuvent plus travailler, tous simplement.

    • la suite :

      Si elle tente aujourd’hui d’en rire, la jeune femme décrit «  l’état de stress  » , «  les cauchemars  » et «  les pleurs  » . «  Mon boulot était en jeu, j’avais signé un contrat, j’ai dû annoncer la veille de la rentrée que je ne pourrai pas travailler avec eux, car nous n’avions pas trouvé de logement  » , se rappelle Elise.

      Tous les deux au smic, Elise et Etienne ont fini par trouver une maison délabrée à Saint-Barthélémy pour 140 000  euros. «  On récupère les rebuts, les ruines, les bords de route  » , poursuit la jeune femme. «  En plus des belles maisons, les personnes avec des moyens s’offrent un cadre de vie sain, quand nous, on risque de crever d’un cancer à 60 ans  » , ajoute Etienne, après avoir visité de nombreuses habitations «  au milieu des champs de monocultures pleins de pesticides  » .

      En arrivant à Belle-Ile, en 2017, après l’embauche de son compagnon, Oriane Pantani a vécu plusieurs mois dans un bungalow avec leurs trois enfants, dont un nouveau-né. Leur second logement, une maison louée 1 000 euros par mois, s’est révélé tout aussi précaire : «  Il pleuvait dans les chambres, et mon fils a fait de l’asthme à cause des champignons.  »

      Dix mois de l’année, Jimmy Faure, 47 ans, occupe une coquette maison ornée d’hortensias fuchsia dans la commune de Locmaria, à Belle-Ile. Durant l’été, l’entrepreneur dans le bâtiment est contraint de vivre au camping, laissant la place à sa propriétaire, de passage pour les vacances. «  J’organise ma vie pour tout déplacer  » , précise le père de famille séparé, posté devant son «  potager à roulettes  » , qu’il emporte avec lui au camping, où il accueille ses deux enfants l’été. Deux mois à 1 600  euros, sans eau, sans électricité.

      «  Mentalité de colons  »

      Vivant de gîte en gîte depuis des mois, Karène Lerner, 48 ans, a dû quitter son dernier logement fin juin. «  Je payais 620 euros par mois, c’est le prix auquel le gîte est désormais loué à la semaine  » , précise la mère de famille au chômage, installée en Bretagne depuis cet hiver, avec l’ambition d’ouvrir une écurie. Grâce à un article publié dans une gazette du coin, Karène s’est vue proposer un logement dans un local agricole, à Languidic. Une solution qu’elle espère temporaire  : «  Ma fille cadette s’installe avec moi à la rentrée.  » En attendant, elle stocke «  quarante-huit ans de vie dans un poulailler  » , gardant, dans sa voiture, les objets de première nécessité, alors que ses deux chevaux vivent sur un terrain prêté par une connaissance.

      Parfois, le départ constitue la seule option. Originaire de Belle-Ile depuis des générations, Tatiana Féchant, 45 ans, a quitté le caillou en 2021, emmenant son père et sa fille cadette, Thaïs. «  Après des années en HLM,j’avais envie de devenir propriétaire, de laisser quelque chose à mes enfants  » , confie cette mère de trois filles. Les prix étant devenus inabordables pour son salaire d’aide-soignante, elle s’est installée à Guern, près de Pontivy.

      « En ayant vécu toute ma vie à Belle-Ile, je sais de quoi je la prive, mais l’évolution de l’île ne me convenait plus » , rapporte Mme  Féchant, évoquant l’arrivée massive de néoinsulaires. Elise décrit aussi «  la mentalité de colons  » de certains résidents secondaires  : «  En venant dépenser leur argent ici, ils pensent apporter leurs bienfaits, à nous, les ploucs.  » Cette crise du logement souligne avec acuité une reconfiguration sociale qui charrie son lot de tensions.

      Samedi 2 juillet, deux mondes se font face à Quiberon. A l’initiative du collectif Dispac’h, des tentes Quechua ont été installées sur l’immense plage de la station balnéaire, alors que l’artère principale déverse son flot de touristes. «  La Bretagne n’est pas à vendre  » , «  Camping pour locaux  », «  La Bretagne n’est pas une résidence secondaire  » , peut-on lire sur les pancartes du rassemblement.

      Déplorant «  un manque de courage politique  » et «  une inaction des élus  » , les différents collectifs réclament en urgence l’intégration de la Bretagne en «  zone tendue  » . Jusqu’ici réservée aux grandes agglomérations, cette catégorisation décidée par l’Etat permet notamment aux maires de plafonner les loyers ou d’augmenter la taxe d’habitation sur les résidences secondaires. Selon le collectif Dispac’h, si plusieurs communes se disent intéressées par ce dispositif, aucune n’en a fait la demande.

      Lors de la dernière session du conseil régional de Bretagne, le président de la région, Loïg Chesnais-Girard (divers gauche), a réclamé au nouveau gouvernement des outils pour mieux réguler les locations de courte durée. «  Nous voulons donner la capacité aux maires d’acquérir des biens pour ensuite loger leurs administrés  » , détaille M. Chesnais-Girard. Jimmy Pahun député (Ensemble  !) du Morbihan, défend, lui, le comblement des «  dents creuses  », des parcelles vides situées entre deux bâtiments construits dans un même hameau.

      «  Les seules mesures proposées consistent à construire de nouveaux logements, mais c’est une aberration écologique de défendre l’artificialisation des sols , selon Ewan Thébaud, porte-parole de Dispac’h.  Les élus ont tout à gagner en dynamisant leurs communes à l’année  » . Sinon, la pénurie de logements pourrait se transformer en pénurie de bras. «  Il ne faudra pas s’étonner quand l’île sera vide, que les bars seront fermés l’hiver, que les infirmières devront quitter l’hôpital  » , s’alarme Audrey, craignant que les volets fermés soient un jour aussi les siens.

      #logement #inégalités #précarité #pression_immobilière #propriété #résidences_secondaires #vacance

    • Nouveau défi quand on organise ses quelques vacances : en plus de ne pas trop polluer en voyageant (pas d’avion au max, train ou voiture bien remplie) : ne pas participer à la spéculation immobilière en arrêtant de prendre une semaine en AirBnb…

      Et là c’est bien compliqué car ya plus que ça d’abordable partout, une semaine en hotel ou chambre d’hôte c’est bien bien plus (d’autant plus pour 4).

      #immobilier #spéculation_immobilière #loyer #tourisme #Bretagne (mais partout pareil)

    • Oui et non, car le problème de AirBnb c’est pas juste l’intermédiaire, c’est que le système complet pousse (plus encore qu’avant) à utiliser des millions de logements uniquement pour faire de la location touristique, et non pas juste louer son propre logement où on habite quand on part soi-même ailleurs. Même pas juste pour les escrocs qui ne font que ça, même pour les gens qui ont hérité d’un autre logement unique en plus du leur, il est plus rentable de le transformer en AirBnb permanent plutôt qu’un location normale à un habitant.

      C’est ce point précisément qui fait qu’autant en Bretagne que dans les grandes villes Paris, Bordeaux et partout dans le monde, il y a des millions de logements jamais utilisables pour des vrais habitants (permanents ou étudiants), et qui fait que ça augmente encore la bulle immobilière.

      Le tourisme c’est quasi toujours la plaie à long terme pour les habitants d’un lieu, et il est très difficile d’imaginer du tourisme réellement « éco-citoyen-responsable ». Mais bon si déjà hotels, campings et chambres d’hôte étaient moins chers (les méthodes que les gens utilisaient avant AirBnb), ça permettrait de revenir un peu en arrière (tout en sanctionnant les logements AirBnb où on n’habite pas et qui devraient toujours être loués en priorité à des vrais habitants).

    • Airbnb. Quiberon dans le top 10 des destinations les plus recherchées de l’été
      https://www.ouest-france.fr/bretagne/auray-56400/quiberon-dans-le-top-10-des-destinations-les-plus-recherchees-de-l-ete-


      Selon le site Airbnb, Quiberon, dans le Morbihan, est la 6e destination la plus recherchée par les internautes pour cet été.

      Selon le site Airbnb, Quiberon, dans le Morbihan, est la 6e destination la plus recherchée par les internautes pour cet été.

      La Bretagne, ça vous gagne. Le slogan semble n’avoir jamais été si vrai. D’après Airbnb, plateforme de partage de logements, Quiberon (Morbihan) est en effet la 6e destination la plus « tendance » de l’été 2022, c’est-à-dire parmi les destinations estivales nationales les plus recherchées par les voyageurs français.

      Le littoral, premier lieu de vacances des internautes
      Selon cette étude menée du 1er janvier au 31 mars, le littoral et la montagne restent des incontournables de l’été en France sur Airbnb. Arrive en tête le village du Castellet, dans le Var, puis l’île Rousse, en Haute Corse.
      Les destinations côtières sont également prisées, avec Honfleur et Deauville dans le Calvados en 3e et 4e position, Clisson en Loire-Atlantique.

      Le festival de métal Hellfest juste au dessus de Quiberon
      La 5e place revient à une recherche liée au festival de métal Hellfest. Enfin, la Bretagne, avec Quiberon, se place donc dans le top des destinations les plus recherchées.

      100% d’accord avec @rastapopoulos
      d’autant plus vu ci-dessus,…

      je cherche à avoir des infos sur le poids actuel de la location de très courte durée dans le coin ; pas facile…
      subjectivement, j’ai l’impression que ça a explosé cette année.

      sinon, sur le tourisme, voir le manifeste de l’Office de l’anti-tourisme, https://seenthis.net/messages/967356 , dernier article de la revue Nunatak mise en ligne hier (et accessible…) par @cdb_77 (merci !)

    • Mon cas était celui d’un gîte dans les Cévennes :)

      Plusieurs villes serrent la vis sur ce sujet :

      La ville de Lisbonne part en guerre contre les appartements et maisons inoccupés

      Dans la capitale portugaise, les propriétaires des dizaines de milliers de logements vides vont être incités à mettre leur bien sur le marché de la location pour faire baisser les prix et répondre aux besoins les plus urgents, rapporte le “Diário de Notícias”.

      https://www.courrierinternational.com/article/le-chiffre-du-jour-la-ville-de-lisbonne-part-en-guerre-contre

    • En location, il ne peut pas non plus louer à plus de 833 €/mois.

      Imagine les mères isolées qui sont en plus *punies* par la CAF si elles louent en surpeuplement, sachant qu’elles doivent héberger des gosses avec des revenus inférieurs ou égaux au SMIC et qu’elles sont soumises aussi à la règle de 3 (percevoir au moins 3 fois le montant du loyer) et qu’avec les résidences alternées, le père peut carotter tout ou partie de l’ALS ET imposer une zone de résidence…

      #logement #crise

    • Le tourisme écolo n’existe pas

      Le tourisme, « vert » ou de masse, détruit territoires et rapports sociaux. Il transforme tout en marchandise, en produit à consommer, dénonce Henri Mora dans « Désastres touristiques ».

      [...]

      Mais, me direz-vous, ne serait-il pas possible d’imaginer un tourisme durable, compatible avec les désirs des habitants d’un territoire ? C’est là que la critique de Mora se fait la plus radicale. Pour l’auteur, le tourisme alternatif est une fable, car, intrinsèquement, cette industrie détruit un territoire et ses rapports sociaux.

      https://reporterre.net/Le-tourisme-ecolo-n-existe-pas

  • La course à l’hydrogène dans les airs est lancée
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/07/14/la-course-a-l-hydrogene-dans-les-airs-est-lancee_6134725_3234.html

    Une première pour ce qui est présenté comme le carburant du futur.

    Carburant du futur, ben voyons... Rappelons aux techno-neuneus que l’hydrogène s’obtient principalement par électrolyse de l’eau. Donc génial, on va taper dans les réserves en eau pour faire du carburant ! L’eau y’en a beaucoup hein, c’est pas comme si c’était un problème !

    Un peu comme les ceusses qui te causent de « biocarburants » en parlant des carburants obtenus à partir du colza ou autres plantes : transformer de la surface agricole en surface à produire du carburant, c’est à peu près aussi débile que transformer de l’eau en carburant.

    Mais je crains que cette chaîne de causalité soit totalement hors de portée de ces crétins cyniques.

    #transport #énergie #startup_nation #techno_solutionisme

    • Mettre la main sur un co-investisseur n’est cependant pas chose aisée. Non pas parce que le positionnement politique du journal serait « trop mélenchoniste », selon des propos prêtés à Denis Olivennes par La Lettre A, et que le cogérant de Libération a démenti sur son compte Twitter jeudi 7 juillet. Ce qui rebuterait d’éventuels nouveaux partenaires, suggère notre interlocuteur, c’est « d’investir sans avoir son mot à dire » sur la marche du journal et sa ligne éditoriale en raison de sa structure juridique.

      #media

  • Elon Musk renonce au rachat de Twitter
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/07/08/elon-musk-renonce-au-rachat-de-twitter_6134048_3234.html

    « Twitter n’a pas respecté de multiples clauses de l’accord, et semble avoir donné des informations fausses et trompeuses sur lesquelles M. Musk s’est basé pour s’engager dans l’accord d’acquisition », affirme la lettre officielle, qui évoque également des licenciements récents d’employés de Twitter et le gel des recrutements.

    Après avoir déposé son offre d’achat, Elon Musk, qui devait acquérir le réseau social pour 44 milliards de dollars (plus de 43 milliards d’euros), avait déjà annoncé avoir des doutes sur la sincérité d’un certain nombre d’indicateurs statistiques publiés par Twitter, dont ceux sur les spams, les faux comptes et les moyens mis en place pour en limiter la prolifération.

    Au début de juin, le conseil d’administration du groupe a accepté de permettre à Elon Musk l’accès aux montagnes de données nécessaires pour répondre à ses questions sur ce sujet, après que l’homme d’affaires a menacé, dans un document officiel, de retirer son offre. L’homme le plus riche du monde et son équipe ont donc entrepris d’analyser ces données brutes pour déterminer si le pourcentage de faux comptes représente réellement moins de 5 % des utilisateurs actifs quotidiens de Twitter.

    Ce projet de rachat avait provoqué de vives réactions parmi les employés de l’entreprise, majoritairement très critiques d’un potentiel nouveau propriétaire qui a, à plusieurs reprises, dénoncé Twitter comme un réseau social penchant trop à gauche. Libertarien revendiqué, M. Musk fait partie des rares patrons de la Silicon Valley à avoir soutenu, en partie, Donald Trump.

    Les dirigeants de Twitter « confiants »

    Pour certains observateurs, les réserves de M. Musk auraient surtout pu viser à faire baisser le prix d’achat de l’entreprise, voire à lui offrir une porte de sortie pour échapper à une procédure d’achat compliquée et chère. Malgré son immense fortune personnelle, le milliardaire avait dû mettre en place un montage financier complexe pour tenter d’acquérir Twitter, basé notamment sur d’importants prêts gagés sur des actions Tesla, l’une des entreprises qu’il dirige. Or la valeur des actions Tesla avait baissé après l’annonce de la tentative de rachat de Twitter, les investisseurs considérant que le constructeur automobile ne serait plus la priorité d’Elon Musk s’il rachetait Twitter – ce qui avait mécaniquement renchéri les prêts sollicités par M. Musk.

    En mettant fin à son engagement de racheter Twitter, Elon Musk s’est exposé à des poursuites judiciaires conséquentes.

  • Les vacances d’été, parenthèse entre le Covid-19 et la crise économique
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/07/02/les-vacances-d-ete-parenthese-entre-le-covid-19-et-la-crise-economique_61330

    Les vacances d’été, parenthèse entre le Covid-19 et la crise économique
    Malgré des prix très élevés, poussés par l’inflation, le retour des touristes étrangers et la loi de l’offre et de la demande, les Français semblent déterminés à partir en vacances, quitte à partir moins loin.
    Par Clément Guillou
    Publié hier à 03h00, mis à jour hier à 07h10
    En 2022, les Français font de la brasse coulée. Entre la guerre en Ukraine, deux élections et une septième vague de Covid-19, ils semblent déterminés à prendre une respiration cet été, avec un taux de départ en vacances au plus haut, malgré des prix brûlants comme un soleil de juillet. C’est comme s’il fallait solder deux ans de pandémie, alors qu’elle revient, reprendre son souffle après plusieurs mois d’inflation et d’incertitude politique, quand elles ne font que commencer.La route des vacances a rarement été aussi encombrée et semée d’embûches. Car cet appétit se heurte à diverses cures d’amaigrissement : celle des effectifs, dans tous les services liés au tourisme ; celle des destinations, puisque l’Asie reste difficile d’accès, deux ans et demi après le début de la pandémie ; celle du stock de voitures de location ou de trains.« On s’attendait à un choc négatif de la demande, mais on est passé au choc de l’offre, et violemment », analyse Christian Mantei, le président d’Atout France, l’organe de promotion touristique du pays. De sorte que, dans un secteur qui n’ignore plus rien du yield management – adaptation des prix à l’offre restante et à l’imminence du séjour –, l’inflation s’annonce souvent excessive. Tour d’horizon des dynamiques à l’œuvre à la veille des grands départs.Depuis un an, les professionnels du tourisme profitent du revenge travel (« revanche du voyage ») consécutif aux confinements à répétition. Les Français peuvent aussi puiser dans l’épargne accumulée depuis 2020, dont la Banque de France soulignait, le 28 juin, qu’elle se maintient à un niveau très élevé.Il y a enfin, derrière les avions remplis, des avoirs émis durant ces dix-huit mois, où le voyage international a subi de nombreuses pauses. Beaucoup craignent que ces circonstances ne durent pas et que le loisir redevienne, comme il l’a toujours été, une variable d’ajustement des budgets des foyers. D’où la nécessité pour eux de capitaliser sur cet été où la demande est supérieure à l’offre.Sur tous les postes de la dépense touristique, la hausse dépasse nettement l’inflation du secteur des services, évaluée à 3,2 %, en juin, par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Il y a le carburant des voitures, moyen privilégié de déplacement pour les vacances de quatre Français sur cinq.Mais aussi le train, où la SNCF a été prise de court par le niveau exceptionnel de la demande dès la mise en vente de ses billets estivaux, de sorte qu’il n’est vite resté que des tickets à trois chiffres pour les TGV les week-ends. (...)A destination, même embarras. Sur la Côte d’Azur, les dernières voitures de location disponibles s’arrachent à 1 000 euros la semaine. Elles sont difficilement trouvables sur les îles. Les hébergeurs encaissent la flambée de l’énergie et des matières premières alimentaires, les hausses de salaires, du coût des travaux… et profitent de la baisse de l’offre consécutive à la pandémie, particulièrement dans certains pays du bassin méditerranéen. La faiblesse de l’euro pèse également sur les séjours long-courriers.

    Dans ce contexte, la débrouille n’est plus d’aucun secours pour ceux qui n’ont pas accès à une résidence secondaire familiale. Sur les plates-formes de location entre particuliers Airbnb et Abritel, les tarifs ont bondi de 14 % depuis 2019, près de 20 % en Italie et 30 % aux Etats-Unis, selon les données du site AirDNA. Cela ne freine pas les réservations, avec 13 millions de nuitées pour juillet-août réservées dans l’Hexagone (+ 11,7 %).
    (...)Habitués à dénicher des bonnes affaires de dernière minute, en raison de l’abondance d’offres de voyages, les Français qui ont choisi d’attendre en 2022 se retrouvent sans solution. Il fallait prendre position entre la vague Omicron et la guerre en Ukraine, avant le rebond d’avril, quand les professionnels avançaient dans le brouillard. Exception faite de la Turquie, abandonnée par sa clientèle russe, le bassin méditerranéen va déborder de touristes, particulièrement la Grèce.« Les paramètres de marché ont changé, mais les clients ne l’ont pas intégré », souligne Alain de Mendonça, PDG de Fram et de Promovacances, dont les séjours en Italie ou aux Baléares ont été épuisés deux semaines plus tôt qu’à l’ordinaire. « Des gens nous disent au téléphone : “C’est trop cher, je vais attendre.” On doit leur montrer des graphiques pour leur prouver que cela va continuer de monter. »Dans une étude OpinionWay pour Atout France et ADN Tourisme, publiée le 29 juin, une majorité de partants rapporte que le coût du carburant et l’inflation auront un impact sur leurs séjours. Ils s’adapteront en modérant les extras – restaurants ou activités – et en évitant la voiture sur place.
    Dans la droite ligne d’un printemps très chargé, les séjours prolongés cet été concerneront, selon divers sondages, environ six Français sur dix. Un taux habituel qui cache quelques évolutions de comportement. Les clubs et colonies de vacances de l’Union nationale des associations de tourisme et de plein air (UNAT) « voient arriver des publics qui allaient dans des établissements plus haut de gamme, et disparaître des clientèles qui avaient du mal à réserver des vacances », dit son directeur, Simon Thirot, décrivant « une fracture entre ceux qui rognent sur le reste à vivre pour financer les vacances, et ceux qui ont complètement renoncé ».Autre moyen d’économiser : la proximité. Le tourisme intrarégional se présente une nouvelle fois comme une tendance forte, de même que l’attrait pour la campagne, où les locations sont moins chères. Les Villages Vacances France (VVF), qui ciblent les classes moyennes, sont remplis à moins de deux heures des grandes agglomérations. L’Occitanie, moins chère que la Côte d’Azur, est à la mode. Partir en dehors de la très haute saison, les semaines du 2 et du 9 juillet, est une autre piste. Dans les campings, ces semaines moins chères sont de plus en plus demandées, rapporte la Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air, de même que les emplacements nus, plus économiques. Le mois de septembre, encore moins cher, est celui qui a le plus progressé par rapport à 2019.Un phénomène particulièrement visible dans le tourisme social, qui voit arriver des familles sorties de leurs radars. A date similaire, la Vacaf, le dispositif d’aides aux vacances des caisses d’allocation familiales, a réservé 12 % de séjours en plus qu’en 2021. Cette année s’est ajoutée une aide aux transports. Anne Zenou, sa directrice, perçoit « une levée des angoisses et un besoin de prendre du temps en famille et de recharger les batteries. Le resserrement des liens familiaux, lié au Covid-19, renforce l’importance du temps passé en vacances ».Des structures comme Vacances ouvertes, qui organisent ces séjours de tourisme social, constatent la même ruée, liée au retour d’une politique d’aide au départ par le gouvernement ou par certaines municipalités. « On n’a jamais autant parlé de vacances pour tous de manière aussi positive, estime son directeur, Marc Pili. Et on a tous eu, à un moment ou l’autre de cette pandémie, la crainte de ne plus jamais partir en famille. Si on avait eu les leviers humains et financiers, on aurait pu faire partir 40 000 personnes cet été, pas 25 000. »Les projets montés et cofinancés par les ménages s’élèvent à 3,3 millions d’euros ; Vacances ouvertes ne dispose, pour cet été, que de 1,9 million d’euros. « L’écart n’a jamais été aussi grand », observe M. Pili, qui essaye désormais de solliciter l’aide d’entreprises du tourisme. Un premier fonds de dotation créé par la région Auvergne-Rhône-Alpes, Essentiem, a vu le jour en 2021 et cofinancera, cet été, un millier de séjours. Une bouée de secours essentielle avant de replonger dans une nouvelle vague de Covid-19, doublée d’une période de stagflation.

    #Covid-19#migration#migrant#france#tourisme#economie#crise#circulation#frontiere#sante#pandemie#famille