#mundipharma

  • 100 000 morts en un an : les Etats-Unis dépassés par la crise des opioïdes Hélène Vissière (Washington) 05/12/2021
    https://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique-nord/100-000-morts-en-un-an-les-etats-unis-depasses-par-la-crise-des-opioides_21

    En ce mardi matin, ils sont une petite poignée devant le camping-car de Family and Medical Counseling Service, Inc., ou FMCS, stationné dans un quartier noir de Washington. Cette ONG échange les seringues usagées et fournit diverses aides aux toxicomanes. « Avant, quand on arrivait, il y avait foule, c’était de longues files d’attente, explique Tyrone Pinkney, l’un des responsables. Mais aujourd’hui tellement de gens sont morts... » A Washington, comme ailleurs aux Etats-Unis, c’est une véritable hécatombe. 

    Plus de 100 000 Américains ont succombé à une overdose entre avril 2020 et avril 2021, soit plus que le total combiné des décès causés par les accidents de la route et par les armes à feu. Les chiffres sont vertigineux : les morts par overdose ont crû de près de 30 % par rapport à l’année précédente, et plus que doublées depuis 2015. Deux tiers d’entre elles sont dues aux opioïdes de synthèse, principalement le fentanyl. 


    Un agent de l’agence américaine de lutte contre la drogue (DEA) examine des médicaments confisqués contenant du fentanyl, le 8 octobre 2019 dans un laboratoire de New York - afp.com/Don Emmert

    Cet analgésique 100 fois plus puissant que la morphine et beaucoup moins cher, fabriqué par des trafiquants et vendu via les réseaux sociaux ou dans la rue, est souvent mélangé subrepticement à la cocaïne, à l’héroïne ou à de faux comprimés d’OxyContin, de Percocet, d’hydrocodone ou de Xanax, médicaments normalement vendus sur ordonnance. 

    Selon la DEA, l’agence fédérale de lutte contre la drogue, 42 % des pilules testées en contenaient au moins 2 milligrammes, une dose potentiellement mortelle. Et le consommateur, lorsqu’il les achète, croit souvent qu’il s’agit de vrais médicaments et ne sait donc pas ce qu’il ingère. En 2016, le chanteur Prince est mort d’une overdose accidentelle. Selon le procureur, il pensait prendre un cachet de Vicodin pour soulager des douleurs à la hanche. Il avalait en fait du fentanyl. 

    La crise des opioïdes n’est pas nouvelle. A la fin des années 1990, les compagnies pharmaceutiques ont vanté, à coup d’énormes campagnes marketing, les mérites de l’OxyContin pour le mal de dos, l’arthrite, la fibromyalgie (affection chronique, caractérisée par des douleurs diffuses persistantes) et toutes les autres douleurs chroniques. Cette pilule miracle s’est révélée très addictive et moins efficace qu’annoncé. Et des milliers de mères de famille, d’adolescents et de retraités, à qui leur médecin avait prescrit de l’OxyContin pour une sciatique, une rage de dents ou une fracture, se sont retrouvés accros sans le savoir. 


    Lorsque les autorités américaines ont commencé enfin à réglementer l’accès à ces médicaments, l’effet a été catastrophique. Les consommateurs se sont rabattus sur les comprimés au marché noir, souvent contrefaits, avant de se tourner vers l’héroïne et les opioïdes synthétiques à partir de 2013. Comme Colton. « Je n’avais jamais pris de drogue de ma vie », raconte ce grand Noir qui travaille pour FMCS. A la suite d’une blessure, on lui prescrit du Percocet et d’autres antidouleur. « Je suis devenu peu à peu totalement dépendant, et je suis passé à l’héroïne. » Aujourd’hui, il s’en est sorti, mais sa femme, elle aussi accro à la suite d’un accident de voiture, est morte d’une overdose l’an dernier. 

    « Il faut arrêter de prescrire frénétiquement des opioïdes par ordonnance »
    Ces analgésiques de synthèse ont une autre conséquence dramatique. Ils causent des ravages même chez ceux qui n’utilisent pas d’opioïdes. En février, Mia Gugino, une étudiante de Las Vegas de 17 ans, a pris un soir une pilule d’ectasy mêlée à son insu à du fentanyl. A midi, quand son père est entré dans sa chambre, elle était mourante. « Un seul comprimé peut tuer », a résumé le responsable de la police locale. On en trouve même dans la marijuana. Depuis juillet dans le Connecticut, 39 individus ont fait une overdose après avoir fumé de l’herbe. 

    L’épidémie faisait déjà rage avant la pandémie, mais l’isolement, la dépression, l’accès limité aux traitements et surtout au naloxone, un antidote à l’overdose, ont exacerbé la crise. Assis dans le camping-car de l’association FMCS, Terrence Cooper, un autre coordinateur, est très pessimiste. « C’est tragique. Le Covid a dopé le marché de la drogue. Les gens veulent du fentanyl, car c’est mieux pour se défoncer. On a perdu plein de patients qui ont rechuté parce que leur organisme n’était plus prêt à tolérer une substance aussi forte. On mène une lutte très dure et sans fin. » 

    Le fentanyl est très facile à produire, et rapporte à ses producteurs bien plus que la cocaïne ou l’héroïne. Il vient principalement de Chine - sous forme de composant ou de produit fini - et est acheminé au Mexique, où les cartels le récupèrent et le transportent clandestinement aux Etats-Unis, le plus souvent en petites quantités, ce qui complique son interception. 

    L’épidémie d’overdoses est « une crise nationale » qui « ne cesse de s’aggraver », affirme Anne Milgram, patronne de la DEA. L’administration Biden a prévu 2 milliards de dollars dans son plan de relance économique et 11 milliards supplémentaires dans le projet de budget pour améliorer prévention et traitement, et distribuer davantage de naloxone et de tests rapides pour aider les toxicomanes à détecter des traces de fentanyl dans leurs produits. 

    Des mesures « insuffisantes » pour le Dr Andrew Kolodny, de la Brandeis University, l’un des premiers à avoir mis en garde contre les dangers de ces analgésiques. « Il faut arrêter de prescrire frénétiquement des opioïdes par ordonnance. Il faut ensuite faciliter l’accès aux traitements comme la buprénorphine, qui soigne la dépendance, mais celle-ci reste chère et compliquée à obtenir. » Il milite pour la mise en place d’un grand programme sur le modèle de celui créé pour le sida, où les médicaments étaient accessibles à tous. « C’est une urgence de santé publique », conclut-il. D’autant que de nouvelles drogues - le protonitazène et l’isotonitazène - encore plus puissantes que le fentanyl et qui exigent une plus forte dose d’antidote en cas d’overdose sont en train d’arriver sur le marché. 

    #Johnson_&_Johnson #opioides #sackler #big_pharma #purdue_pharma #oxycontin #addiction #opioïdes #santé #pharma #purdue #opiacés #etats-unis #drogue #opioids #mundipharma #santé_publique

  • Etats-Unis : l’accord à 26 milliards sur les opiacés prêt pour la prochaine étape
    https://www.letemps.ch/economie/etatsunis-laccord-26-milliards-opiaces-pret-prochaine-etape

    Trois distributeurs américains de médicaments et le laboratoire Johnson & Johnson ont reçu le soutien d’assez d’Etats pour passer à la prochaine étape de l’accord lié aux opiacés. Ils ont accepté en juillet de payer 26 milliards de dollars pour solder des litiges.

    Ce règlement à l’amiable doit leur permettre d’éviter des milliers d’actions en justice intentées par des Etats américains et collectivités locales qui accusent les entreprises d’avoir un rôle dans cette crise sanitaire, à l’origine de plus de 500 000 morts par overdose en 20 ans aux Etats-Unis.

    #AmerisourceBergen, #Cardinal_Health et #McKesson ont, dans un communiqué commun, expliqué avoir reçu le feu vert de 42 des 49 Etats qui les poursuivaient, ainsi que du district de Washington, la capitale, et de cinq territoires américains.

    Le laboratoire pharmaceutique Johnson & Johnson a indiqué dans un message séparé être aussi prêt à passer à la prochaine étape prévue dans l’accord. « Ce règlement ne constitue pas une admission de responsabilité ou d’acte répréhensible et l’entreprise continuera de se défendre contre tout litige que l’accord final ne résout pas », a souligné la société.

    Aux collectivités locales de se prononcer
    Johnson & Johnson, qui fait partie des laboratoires accusés d’avoir alimenté la crise en produisant des opiacés, a confirmé en juin avoir arrêté la production et la vente de ces substances. Les distributeurs de médicaments sont, eux, accusés d’avoir fermé les yeux sur des commandes d’opiacés suspectes.

    Selon les termes négociés, le versement des 26 milliards de dollars (23,7 milliards de francs) - qui doivent permettre aux Etats et collectivités de financer les traitements rendus nécessaires par ce fléau - dépend du nombre d’Etats américains qui valideront l’accord.

    Chaque Etat participant a maintenant jusqu’au 2 janvier pour demander à leurs collectivités locales respectives si elles veulent aussi être parties prenantes à l’accord. Si les conditions sont remplies, l’accord entrera en vigueur « 60 jours après que les distributeurs auront déterminé qu’il y a une participation suffisante pour procéder », détaille le communiqué.

    S’il se confirme, l’accord sera le plus important de l’épique et complexe bataille juridique engagée par les Etats et collectivités américaines pour faire payer les entreprises.

    #Johnson_&_Johnson #opioides #sackler #big_pharma #purdue_pharma #oxycontin #procès #addiction #opioïdes #santé #pharma #purdue #opiacés #etats-unis #drogue #opioids #mundipharma #marketing #McKinsey

  • AP key findings about Mundipharma’s OxyContin sales in China
    https://apnews.com/a9b1324e5b7d4679b5a6d465cea2dd2e

    This Sept. 24, 2019 photo shows 40-milligram Oxycontin tablets sold in China in Hunan province. China fought two wars in the 19th century to beat back British ships dumping opium that fueled widespread addiction. Today, the cultural aversion to taking drugs, in Chinese, literally “sucking poison”, is so strong addicts can be forced into police-run treatment centers. (AP Photo/Mark Schiefelbein)

    SHANGHAI (AP) — The Sackler family’s opioid empire in the United States is collapsing under an avalanche of litigation over marketing tactics. Their Purdue Pharma company is in bankruptcy, but the family continues to profit from sales of their signature painkiller OxyContin abroad. Sales reps at their international affiliate, Mundipharma, have been chasing profits in China using many of the same tactics that Purdue was forced to abandon in the U.S. as the death toll from opioid overdoses soared, interviews and documents obtained by the AP show.

    Here are key findings from those documents and interviews.

    — Purdue and its executives paid a historic $635 million in legal penalties in the U.S. for misrepresenting OxyContin as less addictive than other opioids and pledged never to do it again. That didn’t stop Mundipharma sales reps from making the same pitch to doctors in China more than a decade later.

    — Mundipharma managers required sales reps to copy patients’ private medical records without consent to better target sales, in apparent violation of Chinese law.

    — Faced with fast-rising sales targets, OxyContin reps in China sometimes disguised themselves as medical staff, putting on white coats and lying about their identity to visit patients in the hospital.
    ratio
    Youtube video thumbnail
    — Mundipharma aggressively pushed high doses of opioids in China, despite warnings that higher doses carry higher risks of overdose and death. The year after the U.S. Centers for Disease Control said that taking even 33mg of OxyContin a day at least doubles the risk of overdose, Mundipharma ran a campaign to promote sales of 40mg pills in China.

    #Sackler #OxyContin #Marché_mondial #Purdue_Pharma #Mundipharma

  • Opioid crisis goes global as deaths surge in Australia
    https://www.apnews.com/cfc86f47e03843849a89ab3fce44c73c

    Half a world away, Australia has failed to heed the lessons of the United States, and is now facing skyrocketing rates of opioid prescriptions and related deaths. Drug companies facing scrutiny for their aggressive marketing of opioids in America have turned their focus abroad, working around marketing regulations to push the painkillers in other countries. And as with the U.S., Australia’s government has also been slow to respond to years of warnings from worried health experts.

    In dozens of interviews, doctors, researchers and Australians whose lives have been upended by opioids described a plight that now stretches from coast to coast. Australia’s death rate from opioids has more than doubled in just over a decade. And health experts worry that without urgent action, Australia is on track for an even steeper spike in deaths like those seen in America, where the epidemic has left 400,000 dead.

    “If only Australia could understand how quickly this can get out of hand. We’re not immune to it,” says Jasmin Raggam, whose brother Jon died in 2014 of an opioid overdose and whose brother-in-law is now addicted to the opioid OxyContin. “I was screaming from the mountaintops after Jon died and I’d started doing my research. And it was like I’m screaming and nobody wants to hear me.”

    Opioids were once reserved for treating pain that was short-term, terminal or related to cancer. But in the 1990s, pharmaceutical companies began aggressively marketing them for chronic pain.

    Starting in 2000, Australia began approving and subsidizing certain opioids for use in chronic, non-cancer pain. Those approvals coincided with a spike in opioid consumption, which nearly quadrupled between 1990 and 2014, says Sydney University researcher Emily Karanges.

    A few years ago, a pharmacist at the hospital told her they needed to hire an extra person just to handle all the prescriptions they were handing out for Endone, a brand of oxycodone. Stevens discovered that the hospital’s Endone prescriptions had increased 500 percent in 8 years, with no decrease in other opioids dispensed. Further study revealed that 10 percent of patients were still taking opioids three months after surgery, even though the drugs are generally only recommended for short-term use.

    “We were just pumping this stuff out into our local community, thinking that that had no consequences,” says Stevens, a vocal advocate for changing opioid prescribing practices. “And now, of course, we realize that it does have huge consequences.”

    Just like in the U.S., as opioid prescriptions rose, so did fatal overdoses. Opioid-related deaths jumped from 439 in 2006 to 1,119 in 2016 — a rise of 2.2 to 4.7 deaths per 100,000 people, according to the Australian Institute of Health and Welfare. Most of those deaths were related to prescription opioids, rather than illegal opioids such as heroin.

    More than 3 million Australians - an eighth of the country’s population - are getting at least one opioid prescription a year, according to the latest data.

    In Australia, pharmaceutical companies by law cannot directly advertise to consumers, but are free to market the drugs to medical professionals. And they have done so, aggressively and effectively, by sponsoring swanky conferences, running doctors’ training seminars, funding research papers, giving money to pain advocacy groups and meeting with doctors to push the drugs for chronic pain.

    “If the relevant governing bodies had ensured that the way the product was being marketed to doctors especially was different, I don’t necessarily think we would see what we’re seeing now,” says Bee Mohamed, who until recently was the CEO of ScriptWise, a group devoted to reducing prescription drug deaths in Australia. “We’re trying to undo ten years of what marketing has unfortunately done.”

    Mundipharma, the international arm of Purdue, has received particular criticism for its marketing tactics in Australia. In 2018, addiction specialist Dr. Simon Holliday filed a complaint against the company over a marketing pamphlet for its drug Targin, a painkiller designed to prevent the constipation that is common with other opioids.

    The campaign, which encouraged people suffering painkiller-induced constipation to talk to their doctors, never mentions Targin by name, because it legally can’t. But the advertising agency Mundipharma hired described on its website how they worked around that regulation, by using print, radio and online ads to target regions where pain medication use was high. Google search data showed that people looking for information on constipation from painkillers used terms like “blocked up,” so the agency used the phrase “blocked pipes.”

    In a statement, Mundipharma said the campaign was a “disease awareness initiative” that did not violate the spirit of any law and did not market any medication.

    Stevens, the Sydney pain specialist, has pushed back against several drug companies over their marketing tactics. A couple years ago, she says, Mundipharma was marketing Targin to surgeons at her hospital, reassuring them that they could prescribe higher doses. Unlike pain specialists, surgeons are generally not well-educated on the intricacies of opioids, she says.

    In a statement, Mundipharma said it strictly adheres to the Medicines Australia code of conduct and has always been transparent about the risks associated with opioids. Still, in a submission last year to the TGA as it considered tougher restrictions on opioids, Mundipharma appeared to minimize the severity of Australia’s problem.

    “We acknowledge that there is an issue associated with opioid misuse,” the company wrote. “However to describe the Australian situation as a ‘crisis’ is alarmist and risks stigmatizing patients who have a legitimate need for opioid analgesics to manage their pain.”

    This is Australia’s poorest state, and like Appalachia, it is the country’s epicenter for opioids. Tasmania has the nation’s highest rate of opioid packs sold per person — 2.7 each. One region has the highest number of government-subsidized opioid prescriptions in Australia: more than 110,000 for every 100,000 people.

    Ten years ago, while working as a dairy farmer, Casey jumped off a truck and felt her knees give way. An operation provided temporary relief, but the pain came back. She was told she had osteoarthritis.

    A doctor prescribed her opioids to ease her pain. When she stuck the first patch on her skin, it felt like heaven.

    But the agony eventually returned, so the doctor upped the dosage. The side effects were hell — depression, anxiety, panic attacks. And her pain got worse.

    #Opioides #Australie #Mundipharma

  • Plusieurs musées refusent les dons de la famille Sackler, propriétaire d’un laboratoire d’opioïdes | Slate.fr
    https://www.slate.fr/story/174966/musees-refusent-dons-sackler-laboratoire-opioide?amp

    Après le National Portrait Gallery et le Tate à Londres, le musée Guggenheim de New York a lui aussi annoncé qu’il ne recevrait plus de dons de la part de la famille Sackler, révèle ABC News

    https://www.insidephilanthropy.com

    #PURDUE #mundiPHARMA #OxyContin #opioïde

  • Enquête. OxyContin, un antidouleur addictif à la conquête du monde | Courrier international
    https://www.courrierinternational.com/article/enquete-oxycontin-un-antidouleur-addictif-la-conquete-du-mond

    Alors que l’usage d’opioïdes antalgiques fait des ravages aux États-Unis, les fabricants de ces médicaments vantent leurs mérites dans le monde entier pour élargir leurs marchés. En minorant les risques de dépendance et les conséquences pour la santé des patients, à l’image de Purdue, producteur de l’OxyContin, sur lequel a enquêté le Los Angeles Times.

    Face à l’épidémie d’addiction aux opioïdes analgésiques qui a déjà causé 200 000 morts dans le pays, l’establishment médical américain commence à prendre ses distances avec les antalgiques. Les plus hauts responsables de la santé incitent les généralistes à ne plus les prescrire en cas de douleur chronique, expliquant que rien ne prouve leur efficacité sur le long terme et que de nombreux indices montrent qu’ils mettent en danger les patients. 

    Les prescriptions d’OxyContin ont baissé d’environ 40 % depuis 2010, ce qui se traduit par plusieurs milliards de manque à gagner pour son fabricant, basé dans le Connecticut, Purdue Pharma. 

    La famille Sackler, propriétaire du laboratoire, a donc décidé d’adopter une nouvelle stratégie : faire adopter l’oxycodone, l’analgésique qui a déclenché la crise des opioïdes aux États-Unis, dans les cabinets médicaux du reste du monde.

    Pour mener à bien cette expansion mondiale, ces entreprises, regroupées sous le nom collectif de Mundipharma, utilisent quelques-unes des méthodes controversées de marketing qui ont fait de l’OxyContin un best-seller pharmaceutique aux États-Unis. Au Brésil, en Chine et ailleurs, les sociétés mettent en place des séminaires de formation dans lesquels on encourage les médecins à surmonter leur “opiophobie” et à prescrire des antalgiques. Elles sponsorisent des campagnes de sensibilisation qui poussent les gens à solliciter un traitement médical de leurs douleurs chroniques. Elles vont même jusqu’à proposer des ristournes aux patients afin de rendre plus abordables les opioïdes sur ordonnance.

    L’ancien commissaire de l’agence des produits alimentaires et des médicaments [Food and Drug Administration] David A. Kessler a estimé que l’aveuglement face aux dangers des antalgiques constitue l’une des plus grosses erreurs de la médecine moderne. Évoquant l’entrée de Mundipharma sur les marchés étrangers, il a déclaré que la démarche était “exactement la même que celle des grands fabricants de cigarettes. Alors que les États-Unis prennent des mesures pour limiter les ventes sur leur territoire, l’entreprise se développe à l’international.”

    #Opioides #Mundipharma

  • Enquête. OxyContin, un antidouleur addictif à la conquête du monde | Courrier international
    https://www.courrierinternational.com/article/enquete-oxycontin-un-antidouleur-addictif-la-conquete-du-mond

    Face à l’épidémie d’addiction aux opioïdes analgésiques qui a déjà causé 200 000 morts dans le pays, l’establishment médical américain commence à prendre ses distances avec les antalgiques. Les plus hauts responsables de la santé incitent les généralistes à ne plus les prescrire en cas de douleur chronique, expliquant que rien ne prouve leur efficacité sur le long terme et que de nombreux indices montrent qu’ils mettent en danger les patients.

    Les prescriptions d’OxyContin ont baissé d’environ 40 % depuis 2010, ce qui se traduit par plusieurs milliards de manque à gagner pour son fabricant, basé dans le Connecticut, Purdue Pharma.

    La famille Sackler, propriétaire du laboratoire, a donc décidé d’adopter une nouvelle stratégie : faire adopter l’oxycodone, l’analgésique qui a déclenché la crise des opioïdes aux États-Unis, dans les cabinets médicaux du reste du monde.
    Best-seller pharmaceutique

    Un réseau d’entreprises internationales détenues par la famille est en train de s’implanter en Amérique latine, en Asie, au Moyen-Orient, en Afrique et dans d’autres régions, et d’encourager le recours généralisé aux antalgiques dans des endroits très mal outillés pour faire face aux ravages de l’abus d’opioïdes et de la dépendance qu’ils induisent.

    Pour mener à bien cette expansion mondiale, ces entreprises, regroupées sous le nom collectif de Mundipharma, utilisent quelques-unes des méthodes controversées de marketing qui ont fait de l’OxyContin un best-seller pharmaceutique aux États-Unis. Au Brésil, en Chine et ailleurs, les sociétés mettent en place des séminaires de formation dans lesquels on encourage les médecins à surmonter leur “opiophobie” et à prescrire des antalgiques. Elles sponsorisent des campagnes de sensibilisation qui poussent les gens à solliciter un traitement médical de leurs douleurs chroniques. Elles vont même jusqu’à proposer des ristournes aux patients afin de rendre plus abordables les opioïdes sur ordonnance.
    Les leçons de l’expérience américaine

    Le directeur américain de la santé publique [surgeon general], Vivek H. Murthy, a déclaré qu’il conseillerait à ses homologues étrangers d’être “très prudents” avec les médicaments opiacés, et de tirer les leçons des “erreurs” américaines. “Je voudrais les exhorter à envisager avec une extrême prudence la commercialisation de ces médicaments”, a-t-il déclaré dans une interview.

    Aujourd’hui, avec le recul, nous nous rendons compte que pour nombre d’entre eux les bénéfices ne compensaient pas les risques.”

    L’ancien commissaire de l’agence des produits alimentaires et des médicaments [Food and Drug Administration] David A. Kessler a estimé que l’aveuglement face aux dangers des antalgiques constitue l’une des plus grosses erreurs de la médecine moderne. Évoquant l’entrée de Mundipharma sur les marchés étrangers, il a déclaré que la démarche était “exactement la même que celle des grands fabricants de cigarettes. Alors que les États-Unis prennent des mesures pour limiter les ventes sur leur territoire, l’entreprise se développe à l’international.”
    Un marketing agressif

    Des représentants de Mundipharma et certains de ses matériels promotionnels s’emploient à minorer les risques d’addiction des patients aux opioïdes. Ces affirmations rappellent la première campagne de commercialisation de l’OxyContin aux États-Unis à la fin des années 1990, dans laquelle Purdue avait trompé les médecins au sujet de la nature addictive du médicament.

    En 2007, Purdue et trois hauts responsables de l’entreprise ont plaidé coupable face aux accusations fédérales de publicité mensongère sur leurs médicaments. Ils ont été condamnés à une amende de 635 millions de dollars. L’agence fédérale de lutte contre la drogue [Drug Enforcement Administration] a estimé en 2003 que le marketing “agressif, excessif et inapproprié” de l’entreprise avait “aggravé de manière très importante” l’usage abusif et le trafic illégal de l’OxyContin.

    Purdue était une petite firme pharmaceutique new-yorkaise lorsque les frères Mortimer et Raymond Sackler, tous deux

    [...]
    Harriet RyanLisa Girion et Scott Glover

    #Mundipharma #Sackler #Opioides