person:edith bouvier

  • Archives : en décembre 2011, Edith Bouvier évoque avec émotion (et une fausse naïveté confondante) la solidarité des combattants de la liberté libyens venus soutenir et conseiller les combattants de la liberté syriens. Des Libyens épaulent les insurgés syriens
    http://www.lefigaro.fr/international/2011/12/23/01003-20111223ARTFIG00350-des-libyens-epaulent-les-insurges-syriens.php

    De l’autre côté de la frontière, l’accueil est chaleureux. Tous se précipitent pour serrer la main des combattants libyens. Une réunion s’improvise dans le salon d’un des membres de l’Armée libre. En pénétrant dans la pièce, tous se déchaussent, déposent leurs armes sur le tapis, avant de s’asseoir autour du poêle. Quelques kalachnikovs, plusieurs revolvers 9 mm et des grenades. « C’est tout ce que vous avez ? Il va falloir s’organiser, lance Adem. Il vous faut bien plus. Nous sommes en train de mettre en place des collectes d’armes en Libye. Une fois que ce sera fait, nous devrons trouver un moyen de les acheminer jusqu’ici. Votre combat ne fera pas long feu avec aussi peu de munitions. »

    Le paragraphe introductif est un chef d’œuvre de manipulation perverse : balancé sur le ton de la naïveté feinte (évidemment feinte, puisque le type est en train de confier son « secret » qu’il faudrait à tout prix préserver à une journaliste qui va le publier…), le mercenaire islamiste pro-occidental libyen est cité dans une tournure qui te fait comprendre que, si tu fais remarquer que ces gens sont clairement, en 2011, des mercenaires islamistes libyens pro-occidentaux liés à Al Qaeda expédiés en Syrie, tu serais un affreux idiot utile de Bachar, puisque ce serait « une victoire pour les autorités syriennes » :

    Les trois hommes sont discrets. Leurs grands sacs à dos, apparemment, ne transportent que des appareils photos et des vêtements. « Nous sommes obligés de dire que nous sommes Tunisiens, que nous travaillons pour une association humanitaire. Si jamais on se faisait arrêter, ce serait une victoire pour les autorités syriennes, mais ce serait l’horreur pour nous, Libyens. »

    Et comme d’habitude, la présence en décembre 2011 d’« un proche d’Abdelhakim Belhaj, l’ancien djihadiste devenu gouverneur militaire de Tripoli », a disparu de la mémoire collective, et tu ne trouveras plus ces considérations que sur les sites hum-hum.

  • #Les_Chemins_de_Damas (en espérant que ça incite @nidal à poursuivre ses commentaires de lecture)

    Pages 285 à 288 du bouquin de Chesnot et Malbrunot : fin février 2012 dans le quartier de Homs, Bab Amr, tenu par des brigades de l’ASL, encerclé et bombardé par l’armée régulière, deux journalistes occidentaux, Edith Bouvier (blessée à la jambe) et Daniel Williams, sont coincés. LA DCRI essaie d’utiliser ses bonnes relations avec Ali Mamlouk (chef des services syriens) pour que l’armée syrienne cesse ses bombardements le temps que le Croissant Rouge les exfiltre de là puis les transfère à l’ambassade française à Damas. Mamlouk accepte.

    Mais certains rebelles proches des journalistes retenus leur ont dit que c’était un piège et qu’il ne fallait pas y aller.

    Et les journalistes refusent. Dans le dos de l’ambassadeur Chevallier et de la DCRI, la DGSE s’appuie, elle, sur les soutiens libanais de brigades de l’ASL, Ashraf Rifi et les F.S.I. libanaises, pour tenter de les exfiltrer sans passer par Damas. Car :

    En fait, si les journalistes ne veulent pas sortir, c’est parce qu’ils ne sont pas seuls. Dans Homs, sous les bombes, un petit groupe de mercenaires français est présent, aux côtés des rebelles, le groupe Abou Baqir. L’information nous a été confirmée par la DCRI , et les renseignements syriens. […] Journalistes et mercenaires quitteront Homs séparément via Al-Qoussayr et le Liban où les services de renseignement les recueilleront. Leur sortie a été négociée par la DGSE et les services libanais, selon Bernard Squarcini, avec l’aide de l’Armée syrienne libre précisera Etienne Mougeotte.

    Une note de bas de page précise :

    Hormis certains sites, personne en France ne parla de ces hommes engagés aux côtés des rebelles.

    Comme dans tout le livre, il y a ce que balancent C. et M. (la présence de « mercenaires » français à Bab Amr et le double jeu de la DGSE). Il y a ce qu’ils sous-entendent sans le dire (ces barbouzes sont liées au COS ou à la DGSE, et le sont forcément avec l’aval d’autorités françaises supérieures). Et il y a ce qu’ils taisent : qui sont « ces sites français » qui ont évoqué l’affaire à l’époque, et qu’est-ce que cela implique ? S’agit-il de Mediapart, de Rue89 ? Non, il s’agit en fait de Thierry Meyssan, via le réseau Voltaire, présent à Damas. Le jour même où Edith Bouvier allait être blessée (22 février 2012), Meyssan écrivait : http://www.voltairenet.org/article172861.html

    Lors de la prise du bastion insurgé dans le quartier de Bab Amr, à Homs, l’armée syrienne a fait plus de 1 500 prisonniers, dont une majorité d’étrangers. Parmi ceux-ci, une douzaine de Français ont requis le statut de prisonnier de guerre en déclinant leur identité, leur grade et leur unité d’affectation. L’un d’entre eux est colonel du service de transmission de la DGSE

    Du coup comment C. et M. peuvent-ils se contenter de cette affirmation un peu sibylline de Mamlouk ?

    Nous ne savions pas s’il s’agissait de civils ou de militaires nous assura Ali Mamlouk. Nous n’avons pas conclu d’accord avec la France les concernant. L’arrangement a été noué entre la DGSE et les Libanais qui ont aidé à faire sortir tout ce beau monde de Bab Amr.

    Car si Meyssan savait (quoique de manière un peu confuse), comment Mamlouk n’aurait-il pas su ? Par la suite Meyssan prétendra avoir joué un rôle dans la négociation (ratée) et quelques jours après leur libération (3 mars 2012), il donnera sa version des évènements. Il y fait de Bouvier une probable agent de la DGSE et n’oublie pas d’évoquer … Malbrunot :
    http://www.voltairenet.org/article172956.html

    Il n’est pas surprenant que la journaliste se fasse la porte-parole d’Alain Juppé. Elle a été engagée au groupe Le Figaro par Georges Malbrunot. Selon les autorités syriennes, ce dernier était dans les années 80 l’agent de liaison de la DGSE avec les Frères musulmans. Il fut arrêté à Hama, puis restitué aux autorités françaises à la demande expresse du président François Mitterrand.

    Dans ce même article, Meyssan – dont il est toujours difficile d’évaluer la qualité des informations - parle par ailleurs d’un accord sous le manteau entre la France et Assef Chawkat :

    En définitive, je découvris qu’un accord avait été négocié par le général Assef Chawkat avec une haute personnalité française de ses amis pour trouver une solution politique à cet imbroglio. Les Forces loyalistes ont ouvert leurs lignes pour laisser passer nuitamment les conseillers militaires français et les journalistes vers le Liban. Au petit matin, l’Armée « syrienne » libre a découvert leur fuite. Comprenant qu’ils étaient abandonnés, les mercenaires décidèrent de se rendre, abandonnant leur propre arsenal, tandis que les islamistes refusèrent les dernières sommations.

    • Pour info, Chesnot et Malbrunot donneront une conférence à Lyon

      Organisée par le GREMMO

      Mardi 9 décembre 2014 - de 18h à 20h - grand Amphi - Sciences Po Lyon - rue Appleton - Lyon 7e

      La conférence sera précédée par une dédicace de l’ouvrage par les auteurs.