• Sci-Hub, la science au juste prix – L’Alambic numérique
    https://alambic.hypotheses.org/6020

    Pour autant, on pourrait imaginer qu’en négociation, cet élément exerce une pression indirecte. La stratégie classique des grands éditeurs en négociation, c’est le tout ou rien : « Voilà le prix du bouquet, à prendre ou à laisser. Le titre à titre, c’est possible… mais c’est plus cher. » Or, il est bien plus facile à un établissement de refuser un contrat s’il sait que ses chercheurs n’en pâtiront pas trop et pourront se débrouiller pour accéder aux articles. Sci-Hub ne sera, bien sûr, jamais évoqué, mais comment douter que son ombre pèsera dans la discussion, puisqu’il est démontré que les chercheurs savent s’en servir en cas de besoin ? Songeons, par exemple, à cette université canadienne qui, après une difficile négociation avec Springer, a écarté le bouquet et choisi le titre à titre… Un tel choix aurait-il été concevable il y a un ou deux ans, alors même que la situation financière des universités était déjà dramatique ? On peut lire la décision annoncée de plusieurs façons : soit les budgets ont été si profondément drainés qu’il ne reste même plus de quoi payer tous les bigs deals (c’est donc la concurrence entre les big deals qui s’engage, avec un résultat déjà prévisible), soit c’est le consentement à payer des universités qui est atteint : désormais, ce qu’elles ne veulent pas, les universités ne peuvent plus être forcées à l’acheter. Parce qu’elles n’en ont plus les moyens (ceci n’est pas nouveau), mais aussi parce que les chercheurs peuvent désormais se procurer gratuitement ce dont ils ont besoin, si leur établissement ne peut le leur fournir.

    .../…

    Si j’avais une inquiétude, ce serait celle-ci : secoués par le succès de Sci-Hub, les éditeurs vont certainement redoubler d’efforts pour basculer du modèle de l’abonnement vers celui de l’auteur-payeur. C’est la seule parade réaliste pour eux à long terme, et on sait déjà qu’elle est rentable. Les chiffres que vient de publier l’Autriche, par exemple, montrent que la transition est engagée, à un rythme affolant, parce que très coûteux ! L’hybride s’envole, loin devant les autres modèles économiques. Grâce à lui, les éditeurs réassurent leur prise sur le circuit de publication, tout en s’assurant de nouveau, au passage, de considérables bénéfices.

    #open_access #scihub
    #xyzaeiou

  • La laïcité répressive - Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-multitudes-2015-2-page-104.htm
    https://www.cairn.info/publications-de-Sibertin-Blanc-Guillaume--20293.htm
    ❝Les historiens des idées et des institutions républicaines françaises ont établi depuis longtemps que la notion de laïcité, aux sources philosophiques anciennes et complexes, avait trouvé au tournant du XIXe et du XXe siècle son inscription juridico-politique, non dans la forme glorieuse d’une victoire d’une République « anticléricale » contre l’Église, mais au contraire dans la forme d’un compromis historique entre des forces sociales antagoniques. Elle combinait des éléments provenant de la tradition du libéralisme politique (à commencer par la liberté de conscience et de croyance) et du républicanisme révolutionnaire (abolissant dans les « droits de l’homme et du citoyen » toute discrimination fondée sur des critères religieux ou irreligieux) dans la privatisation du service du culte et sa reconnaissance comme liberté publique, dans le cadre de la liberté d’association fixée par la loi de 1901 où pouvaient se reconnaître aussi bien catholiques que républicains et socialistes – tandis que la rupture avec le Concordat, les questions du droit de nomination du clergé et du financement public des lieux de cultes, la rupture des relations diplomatiques avec le Saint-Siège que l’entrée en guerre en 1914 imposera de restaurer prestement, et la question non moins brûlante des contraintes d’organisation (« démocratiques » ou « hiérarchiques ») que le statut d’association devait ou non imposer aux « cultuelles », divisaient tous les partis, jusque dans les rangs des républicains eux-mêmes,"

    Un mal français dès les Lumières
    La prohibition de l’islam.
    https://www.cairn.info/revue-multitudes-2015-2-page-61.htm
    "Dans la France contemporaine, la question de l’islam implique davantage les non-musulmans que les musulmans car, d’une part, l’islam y a été de façon pérenne réduit à Mahomet, et celui-ci à la violence ; d’autre part, il a été, avec la langue arabe, socialement et politiquement prohibé. Le « bien-fondé » et « l’évidence » de cette situation n’ont de sens que relativement à une certaine idéologie empruntée aux Lumières et au passé colonial français, notamment en Algérie. La production française d’un islam postcolonial de contrebande est donc proprement postcoloniale."
    #sci_hub