« C’est une page d’histoire qui est en train de s’écrire là. Je vais le réaliser quand je vais y retourner », a affirmé Kevin Lemire, un Québécois joint à Lac La Biche, où il s’est réfugié avec des amis. À son départ de Fort McMurray, où il travaille comme livreur, il a eu cinq minutes pour rassembler ses affaires. « J’ai pris une valise, tiré sur le plus de vêtements et de papiers possible », a-t-il raconté. Il était 15 h 30, mardi après-midi, mais les épais nuages de fumée donnaient l’impression d’être en pleine nuit, si ce n’était du soleil rouge qui se dessinait dans le ciel.
« J’étais dans l’auto, avec les fenêtres montées, l’air conditionné, et je sentais la chaleur. Je pense que c’est le pire souvenir : la forêt brûlait, le quartier en haut de la côte brûlait, il y avait des autos abandonnées de chaque côté de la rue, des voitures en feu, des autobus dans le fossé, des gens pris dans la bouette du fossé… C’était apocalyptique », s’est souvenu Kevin Lemire.
Jeremie Bonenfant, également livreur, a aussi utilisé un vocabulaire de fin du monde pour décrire le moment où les résidants se sont précipités sur la route qui sépare la ville, l’autoroute 63, pour fuir les flammes. « Les gens étaient en panique, ils couraient partout. La fumée était épaisse, noire, c’était dur de voir 50 pieds [15 m] en avant », a-t-il relaté. Devant l’urgence, les autorités ont finalement inversé la circulation sur deux des voies de l’autoroute. La seule direction que pouvaient emprunter les automobilistes était donc celle qui permettait de fuir les flammes, vers le sud.