person:front al-nosra

  • Financement du terrorisme : le jeu de dupes des dirigeants de Lafarge

    http://www.lemonde.fr/societe/article/2018/01/04/financement-du-terrorisme-le-jeu-de-dupe-des-dirigeants-de-lafarge_5237348_3

    Les responsables se rejettent la faute des agissements du groupe en Syrie. L’enquête se concentre sur le contenu des réunions qui se sont tenues au siège du cimentier à Paris.

    Qui sont les responsables du naufrage moral du groupe Lafarge en Syrie ? L’information judiciaire pour « financement du terrorisme », ouverte contre le cimentier en juin 2017, a établi deux faits : sa filiale syrienne Lafarge Cement Syria (LCS) a monnayé auprès de groupes terroristes la sécurité de son usine de Jalabiya, dans le nord du pays, et elle s’est approvisionnée en matières premières sur des zones contrôlées par l’organisation Etat islamique (EI) et le Front Al-Nosra, affilié à Al-Qaida.

    Ces deux infractions étant documentées, les juges d’instruction cherchent désormais à en établir les responsabilités individuelles et collectives. Six personnes ont d’ores et déjà été mises en examen début décembre 2017 : les deux anciens directeurs de LCS (Bruno Pescheux et Frédéric Jolibois), ainsi que quatre responsables du groupe à Paris (Bruno Lafont, ex-PDG de Lafarge, Christian Herrault, ancien directeur général adjoint opérationnel, Eric Olsen, ex-DRH, et Jean-Claude Veillard, l’ancien directeur sûreté).

    Au fil de leurs interrogatoires, les magistrats s’évertuent à remonter la chaîne décisionnelle pour comprendre si la société Lafarge SA – qui appartient au groupe LafargeHolcim depuis la fusion avec le groupe suisse en 2015 – peut être mise en examen en tant que personne morale. Selon les auditions dont Le Monde a pris connaissance, leur tâche s’apparente à un immense jeu de poupées russes, chaque dirigeant se défaussant sur l’étage hiérarchique inférieur ou supérieur. Une dilution des responsabilités vertigineuse de la part d’une multinationale opérant dans un pays en guerre.

    Le jeu de dupes commence au sommet de la pyramide, en Suisse, où le siège de LafargeHolcim dénonce à longueur de communiqués les « erreurs » commises par la « direction locale » de la filiale syrienne. L’ancien directeur de ladite filiale, Bruno Pescheux, affirme pourtant à la justice avoir agi avec l’aval de son responsable à Paris, Christian Herrault. Ce dernier, chargé de faire le lien entre la Syrie et la direction de Lafarge, est catégorique : il a constamment tenu informé le PDG du groupe, Bruno Lafont. Ce dernier assure pour sa part qu’il n’en est rien et qu’on ne lui « a pas tout dit ».

    Les procès-verbaux du comité de sûreté

    Qui savait, qui a validé et qui a laissé faire ? Afin de tenter d’y voir plus clair, la justice s’intéresse de près au contenu des réunions qui se sont tenues au siège du cimentier à Paris entre 2012 et 2014. Selon les documents consultés par Le Monde, la situation de l’usine était régulièrement évoquée lors des réunions mensuelles du comité de sûreté, auxquelles participaient plusieurs cadres de Lafarge : Christian Herrault, Jean-Claude Veillard, Eric Olsen et Biyong Chungunco, la directrice juridique du groupe. Si le PDG Bruno Lafont n’y participait pas physiquement, les procès-verbaux lui étaient généralement remis en mains propres.

    Or, dès la fin de l’année 2013, les difficultés rencontrées par l’usine pour continuer à opérer en Syrie alors que des groupes armés contrôlaient les axes routiers autour du site ont été clairement examinées. Le procès-verbal de la réunion du comité de sûreté de septembre 2013 en a gardé la trace : « Il devient de plus en plus difficile d’opérer sans être amené à négocier directement ou indirectement avec ces réseaux classés terroristes par les organisations internationales et les Etats-Unis », à savoir l’EI et Al-Nosra. Le risque est identifié, mais décision est prise de rester.

    Le mois suivant, la situation a évolué. Le procès-verbal de la réunion d’octobre 2013 précise que « grâce à des négociations menées avec les différents intervenants », les routes logistiques ont été rouvertes et les employés ont pu reprendre le chemin de l’usine. Ni l’EI ni Al-Nosra ne sont explicitement mentionnés dans ce document. L’enquête interne confiée par LafargeHolcim au cabinet américain Baker McKenzie après l’éclatement du scandale, à l’été 2016, reconnaît qu’il est impossible, sur la foi de ce seul procès-verbal, d’affirmer que ces deux groupes figuraient parmi les « intervenants » rétribués, à côté de l’Armée syrienne libre (ASL) et des Kurdes du Parti de l’union démocratique (PYD).

    « Intervenants » rétribués

    Trois éléments du dossier semblent pourtant aller dans ce sens. Tout d’abord, c’est précisément en octobre 2013 que des « négociations ont apparemment été menées » par un intermédiaire syrien de LCS, Firas Tlass, « avec au moins certains groupes précisés dans les procès-verbaux » du comité de sûreté, parmi lesquels figuraient « l’El et Al-Nosra », souligne l’enquête interne. Ensuite, M. Pescheux, l’ancien directeur de LCS, a lui-même reconnu devant les juges que l’EI était apparu dans la liste des groupes payés par Firas Tlass à cette période, en novembre 2013.

    Enfin, un document semble indiquer que les échanges verbaux du comité de sûreté étaient bien plus explicites que leurs comptes rendus officiels ne le laissent paraître. Dans un courriel adressé en septembre 2014 à Frédéric Jolibois, successeur de M. Pescheux à la tête de LCS, Jean-Claude Veillard se dit ainsi surpris que la directrice juridique, Biyong Chungunco, prétende ne pas être au courant des relations « indirectes » entre LCS et l’El. Il écrit : « Je lui ai gentiment fait remarquer qu’elle fait partie du comité de sûreté et que je parle de ces sujets depuis presque trois ans… Depuis trois ans, nous gérons tout cela en comité très restreint. »

    Que savait le PDG, Bruno Lafont ?

    Si les négociations engagées avec des groupes terroristes ont été explicitement évoquées lors de ces deux réunions de l’automne 2013, est-il envisageable que le PDG n’en ait pas été informé ? Bruno Lafont assure que oui : « Je ne faisais pas le boulot de mes collaborateurs, et je ne lisais pas forcément les procès-verbaux », a-t-il assuré aux enquêteurs fin janvier.

    Sur ce point, le PDG est démenti par les faits : il a en effet commenté dans un courriel certains éléments du procès-verbal du comité de sûreté de septembre 2013, ce qui tend à indiquer qu’il l’avait bien lu.

    Christian Herrault est par ailleurs catégorique : il affirme avoir informé son PDG dès septembre-octobre 2013 que Lafarge finançait des groupes terroristes comme Al-Nosra et l’EI. Entendu de nouveau début décembre 2017 par les juges en vue de sa mise en examen, Bruno Lafont n’en démord pourtant pas : « Il y a beaucoup de choses que je n’ai pas sues, qui m’ont peut-être été cachées, et cela me conduit à penser que l’on ne m’a pas tout dit. »

    Un « accord » évoqué devant le comité exécutif

    Huit mois après la réunion du comité de sûreté d’octobre 2013, la situation s’est encore dégradée autour de l’usine. Le 10 juillet 2014, Christian Herrault informe Bruno Lafont par courriel de l’arrêt du site, le temps de trouver un accord « clair » avec l’El et le PYD. A cette même date, Firas Tlass envoie un autre courriel à Bruno Pescheux, Christian Herrault et Jean-Claude Veillard, les informant qu’il a engagé des négociations avec les représentants de l’El à Dubaï pour parvenir à un « accord durable ».

    L’enquête interne a établi, à partir d’échanges de courriels, que ce sont Frédéric Jolibois, Christian Herrault et Jean-Claude Veillard qui ont donné des instructions à Firas Tlass sur la manière de conduire ces négociations. Ces échanges se sont prolongés après le 15 août 2014, date d’une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) condamnant l’EI et toute entité finançant cette organisation « directement ou indirectement ».

    Ces négociations ont pourtant été de nouveau évoquées lors d’une réunion du comité exécutif, le 27 août 2014, soit deux semaines après la résolution de l’ONU. Selon des notes non officielles prises lors de cette réunion, Christian Herrault aurait même anticipé une amélioration des ventes grâce à l’« accord avec les Kurdes et Daech » (l’acronyme arabe de l’EI). Toujours selon ces notes, Bruno Lafont aurait alors souligné l’importance de s’assurer que « ce que nous faisons soit sans risque (également au regard de la loi américaine) ». Aucune trace de ces discussions n’apparaît dans les procès-verbaux officiels du comité exécutif.

    Là encore, aucun responsable de Lafarge ne se souvenait de la teneur de cette réunion lorsqu’ils ont été entendus dans le cadre de l’enquête interne il y a un an. Devant les juges, début décembre 2017, ils ont nuancé leurs dénégations, tout en continuant de minimiser leur rôle. Si Bruno Lafont reconnaît que « Christian Herrault a fait l’annonce d’un accord avec Daech » ce 27 août 2014, il affirme avoir dit que « cet accord n’était pas une bonne idée ». Quant à Eric Olsen, il assure qu’« aucun des participants de cette réunion n’a compris la teneur de cet échange » entre M. Lafont et M. Herrault.

    Le rôle du Quai d’Orsay en question

    Le syndrome des poupées russes qui contamine ce dossier dépasse le cadre de l’organigramme de Lafarge. Lors de sa première audition par les douanes judiciaires, début 2017, Christian Herrault avait ainsi assuré que la décision du groupe de se maintenir en Syrie fin 2012 malgré le départ de toutes les entreprises françaises, dont Total ou Air liquide, avait reçu le soutien de la diplomatie française. « Tous les six mois, on allait voir le Quai d’Orsay, qui nous poussait à rester (…). C’est quand même le plus gros investissement français en Syrie, et c’est le drapeau français », avait-il déclaré.

    Entendu récemment par les juges d’instruction, Eric Chevallier, ambassadeur de France à Damas entre 2009 et mars 2012, date de la fermeture de la représentation diplomatique, a vigoureusement démenti ces allégations : « Je l’affirme catégoriquement, je n’ai jamais demandé à Lafarge de rester en Syrie. Je l’affirme solennellement, je n’ai jamais laissé entendre ceci (…). Leur demander ou les inciter à rester était contraire aux consignes, je ne leur aurais jamais dit ça. Vous savez, je sais ce que c’est que cette boucherie (…). C’est une vraie boucherie, une vraie guerre, d’une violence inouïe. Dès 2011, j’avais pressenti cette violence, une des pires du XXIe siècle (…). Je l’avais signalé dès le début. »

    Confronté par les magistrats à cette vive réaction du diplomate, Christian Herrault, l’ancien directeur général adjoint opérationnel du cimentier, a simplement répondu : « Il y en a manifestement un de nous deux qui ment. »

  • Ce que révèle l’enquête judiciaire sur les agissements du cimentier Lafarge en Syrie

    http://www.lemonde.fr/international/article/2017/09/20/ce-que-revele-l-enquete-judiciaire-sur-les-agissements-du-cimentier-lafarge-

    « Le Monde » a eu accès à l’enquête sur les activités de Lafarge qui tentait de préserver sa cimenterie en Syrie pendant la guerre civile. Des responsables ont reconnu le versement de sommes à l’EI.

    Une date suffit à condenser le parfum de soufre qui émane de ce dossier. Le 29 juin 2014, l’organisation Etat islamique (EI) proclame l’instauration du « califat » : un immense territoire à cheval entre l’Irak et la Syrie bascule « officiellement » sous le joug de l’organisation terroriste. Le même jour, à Rakka (Syrie), un cadre d’une usine du cimentier français Lafarge, située dans le nord du pays, informe par mail ses supérieurs qu’il a pris rendez-vous avec un « responsable de l’Etat islamique » pour négocier la sécurité des employés du site.

    Ce rendez-vous surréaliste marque le point culminant d’un engrenage commencé trois ans plus tôt. Depuis son implantation en Syrie, fin 2010, Lafarge n’a qu’une obsession : maintenir coûte que coûte l’activité de son usine de Jalabiya, à 87 kilomètres de Rakka, quitte à financer indirectement des organisations terroristes. Une aventure industrielle hasardeuse qui se conclura de façon dramatique, le 19 septembre 2014, par la prise de la cimenterie par les troupes de l’EI.

    Après la révélation de ce scandale par Le Monde, en juin 2016, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire, en octobre 2016, faisant suite à une plainte du ministère des finances pour « relations financières illicites entre la France et la Syrie ». Dans cette enquête confiée aux douanes judiciaires, que Le Monde et Le Canard enchaîné ont pu consulter, les neuf principaux responsables de Lafarge – fusionné en 2015 avec le suisse Holcim – et de sa filiale Lafarge Cement Syria (LCS) ont été entendus.

    Leurs auditions décrivent de l’intérieur les mécanismes qui ont entraîné l’entreprise dans ce naufrage judiciaire et moral. Elles racontent, mois par mois, l’entêtement d’un groupe aveuglé par une obsession : ne pas abandonner la cimenterie LCS, promise à l’appétit destructeur des belligérants, afin de conserver un avantage stratégique dans la perspective de la reconstruction du pays.

    Cette enquête révèle deux faits majeurs. Tout d’abord, la décision du leader mondial des matériaux de construction de rester en Syrie a reçu l’aval des autorités françaises, avec lesquelles le groupe était en relation régulière entre 2011 et 2014. Ensuite, les responsables de l’usine ont omis de préciser aux diplomates le prix de leur acharnement : plusieurs centaines de milliers d’euros versés à divers groupes armés, dont 5 millions de livres syriennes (20 000 euros) par mois à l’EI.

    La conclusion des douanes est sans appel : Lafarge a « indirectement » financé des groupes « terroristes », par le truchement d’un intermédiaire, produisant au besoin « de fausses pièces comptables ». Et si seuls trois responsables ont avoué avoir eu connaissance de ces pratiques, « il est tout à fait vraisemblable que d’autres protagonistes aient couvert ces agissements », dont l’ex-PDG du groupe, Bruno Lafont, le « directeur sûreté », Jean-Claude Veillard, et « certains actionnaires ».

    Aucun de ces responsables n’a été amené à s’expliquer devant un tribunal à l’issue de cette enquête. Mais les investigations suivent leur cours. Une information judiciaire, ouverte le 9 juin 2017 pour « financement du terrorisme » et « mise en danger d’autrui » après une plainte déposée par l’ONG Sherpa, a été élargie, le 23 juin, aux faits visés par le travail des douanes.

    2008-2010 : le pari de Lafarge en Syrie

    L’engrenage qui a conduit Lafarge à se compromettre dans le conflit syrien débute à la fin des années 2000. En 2008, le cimentier, qui vient de racheter la société égyptienne Orascom afin de renforcer son implantation dans la région, valide la construction d’une usine dans le nord de la Syrie, près de la frontière turque. Deux ans plus tard, la cimenterie LCS sort de terre. L’investissement s’élève à 680 millions de dollars, l’amortissement est prévu sur vingt ans. Mais l’histoire va quelque peu bousculer ces prévisions comptables.

    Mars 2011 : le début des troubles

    L’usine vient à peine de commencer sa production de ciment quand d’importantes manifestations embrasent le sud du pays et se propagent rapidement aux principales agglomérations. En relation avec les autorités françaises, les responsables du groupe décident de rester.

    « On est informés, forcément. On avait vu ce qui s’était passé pour les “printemps arabes”, mais on était dans l’incapacité totale d’anticiper et de prévoir », explique l’ancien PDG de Lafarge Bruno Lafont, devant les enquêteurs des douanes judiciaires. « L’usine est au nord, près de la frontière turque, très isolée. Au début, et pendant toute l’année 2011, il ne se passe absolument rien », tempère Bruno Pescheux, PDG de LCS jusqu’en juin 2014.

    Tout au long de son aventure syrienne, Lafarge est resté en contact permanent avec l’ambassade de France à Damas – qui sera fermée par Nicolas Sarkozy en mars 2012 –, puis avec l’ambassade de France en Jordanie. Jean-Claude Veillard, un ancien fusilier marin dans les forces spéciales et les commandos, est également en relation avec la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE).

    « Jean-Claude avait de bons contacts avec les services, notamment la DGSE », explique Eric Olsen, ancien DRH, puis directeur général de Lafarge. Il « me tenait informé des mouvements des Kurdes et de l’Armée syrienne libre, poursuit-il. Je comptais sur l’expertise et la protection de l’Etat français pour nous tenir au courant ».

    Chaque mois, au siège de Lafarge à Paris, un comité de sûreté réunissant les opérationnels, le département juridique, l’assurance, le directeur du siège et les ressources humaines fait le point sur les pays où le groupe est implanté, dont la Syrie.

    Mai 2011 : les premières sanctions

    Le 9 mai 2011, le Conseil de l’Union européenne (UE) adopte un embargo sur les armes et le pétrole syriens. Celui-ci sera étendu le 18 janvier 2012 pour un ensemble élargi de matériaux, notamment certains ciments. A cette époque, Lafarge, dont le marché est local, ne s’estime pas concerné par les sanctions. « D’après ce que j’avais compris, explique Bruno Pescheux, il s’agissait essentiellement de prohibition d’exportations depuis la Syrie vers l’UE. Or, nous étions dans l’autre sens, on importait. »

    Décembre 2011 : Total quitte la Syrie

    Le 1er décembre, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme déclare la Syrie en état de guerre civile. Quatre jours plus tard, le pétrolier Total annonce son départ du pays. Dans les mois qui suivent, Air liquide et les fromageries Bel plient bagages à leur tour. Fin 2012, Lafarge est le dernier groupe français présent en Syrie.

    « Pourquoi Lafarge reste en Syrie ?, demandent les enquêteurs aux responsables du cimentier.

    – On pouvait toujours fonctionner en sécurité et en conformité. Donc on a continué, répond laconiquement Bruno Lafont.

    – Mais en janvier 2012, la situation dégénérait…, intervient l’enquêteur.

    – Ce n’est pas ce que disait le Quai d’Orsay, insiste Christian Herrault, ancien directeur général adjoint opérationnel du groupe. Le Quai d’Orsay dit qu’il faut tenir, que ça va se régler. Et il faut voir qu’on ne peut pas faire des allers-retours, on est ancrés et, si on quitte, d’autres viendront à notre place… »

    Juillet 2012 : l’évacuation des expatriés
    A l’été 2012, l’armée du régime perd le contrôle de la frontière turque. A l’ouest, la zone passe sous l’emprise des Kurdes du Parti de l’union démocratique (PYD), à l’est, sous celle de l’Armée syrienne libre et de divers groupes islamistes. La ville de Kobané, à 55 kilomètres de l’usine, est tenue par les Kurdes, tandis que Manbij, à 66 kilomètres, est sous le contrôle des rebelles.

    « Cette nouvelle redistribution des cartes ne vous fait-elle pas craindre pour vos salariés et votre usine ?, s’enquiert l’agent des douanes.

    – Un peu, oui, répond M. Lafont. Mais, là encore, je me fie à ce que mes collaborateurs me disent. »

    Les « collaborateurs » de M. Lafont semblaient pourtant bien au fait des risques encourus par le personnel du site. « On a même interrompu l’usine à l’été 2012, faute de sûreté suffisante », relate M. Pescheux. Le directeur de la cimenterie demande alors aux employés chrétiens et alaouites de ne plus venir travailler, pour raison de sécurité. Les expatriés – une centaine de salariés sur plus de 300 – sont quant à eux exfiltrés du pays en juillet 2012.

    A partir de la fin de l’été, seuls les employés sunnites et kurdes sont autorisés à continuer à travailler sur le site. Afin de limiter les trajets, de plus en plus périlleux, leur patron leur demande de se domicilier à Manbij, ou d’emménager directement dans la cimenterie. M. Pescheux, lui, déménage ses bureaux de Damas au Caire, en Egypte, d’où il dirige l’usine à distance, en toute sécurité.

    Malgré la dégradation de la situation, le directeur de LCS justifie devant les enquêteurs la décision de maintenir l’activité du site avec le personnel local : « L’idée était de préserver l’intégrité de l’usine en la faisant fonctionner, même de manière discontinue. On voulait éviter la cannibalisation de l’usine, qui serait arrivée si elle avait été perçue comme à l’abandon. »

    Davantage que le profit immédiat – la production de ciment a rapidement chuté, passant de 2,3 millions de tonnes en 2011 à 800 000 tonnes en 2013 –, c’est la volonté acharnée d’occuper le site dans la perspective de la reconstruction du pays qui motivera les décisions du groupe. A cette date, personne, au sein de l’entreprise, pas plus qu’au Quai d’Orsay, ne semble anticiper la tragédie dans laquelle la Syrie est en train de sombrer.

    Septembre 2012 : une « économie de racket »

    A la fin de l’été 2012, la situation dégénère. « L’économie de racket a commencé en septembre ou octobre 2012 », se souvient M. Herrault. En septembre, deux responsables du groupe, Jean-Claude Veillard, le directeur de la sûreté, et Jacob Waerness, gestionnaire de risque sur le site de l’usine LCS, se rendent à Gaziantep, en Turquie, pour y rencontrer des milices de l’opposition syrienne.

    « Il était très clair qu’elles étaient indépendantes et ne voulaient pas se coordonner. Et il était très clair qu’elles voulaient taxer ce qui passait par les routes, poursuit M. Herrault. C’était clairement du racket, même si c’était les “bons” qui rackettaient. Tous les six mois, on allait voir le Quai d’Orsay, qui nous poussait à rester.

    – Vous vous souvenez du nom de ces milices ?, demande l’enquêteur.

    – Ah non, elles changent d’allégeance… Ce qui était un peu fou, c’est que toutes ces milices étaient alimentées en armes et argent par le Qatar et l’Arabie saoudite, sous le regard américain, sans aucun discernement. On aime bien mettre des noms sur les choses, mais là-bas rien n’est si simple… »

    A l’issue de la réunion de Gaziantep, LCS missionne un ancien actionnaire minoritaire de l’usine, Firas Tlass, pour monnayer la sécurité de ses employés sur les routes. Entre septembre 2012 et mai 2014, cet homme d’affaires – fils de l’ex-ministre de la défense du président Bachar Al-Assad, ayant fait défection au régime – se voit remettre entre 80 000 et 100 000 dollars par mois pour négocier avec les groupes armés qui tiennent les checkpoints autour de l’usine.

    A cette période, l’Etat islamique en Irak, ancêtre de l’EI, n’a pas encore fait irruption dans la guerre civile syrienne. L’usine est en revanche encerclée par les milices kurdes et des groupes islamistes, dont le Front Al-Nosra. Selon le directeur de l’usine, M. Pescheux, il n’existait pas de liste précise des destinataires des fonds versés par Firas Tlass : « Ceux qui gardaient un checkpoint pouvaient changer d’allégeance », assure-t-il.

    Octobre 2012 : neuf employés kidnappés

    En octobre 2012, neuf employés de l’usine sont pris en otage. Le directeur sûreté de Lafarge, M. Veillard, raconte : « Ces employés alaouites avaient été écartés de l’usine pour leur sécurité confessionnelle. Ils étaient au chômage technique, à Tartous [dans l’ouest de la Syrie]. Ils étaient payés jusqu’au jour où le DRH de l’usine leur a demandé de venir percevoir leur salaire à l’usine. Les neuf employés sont venus en bus, via Rakka, et se sont fait enlever par des Kurdes, puis [ont été] revendus à des milices locales. Lafarge a payé 200 000 euros, en livres syriennes. »

    Avril 2013 : Lafarge, « c’est le drapeau français »

    Début 2013, le pays bascule dans une nouvelle ère. Le 6 mars, Rakka est prise par différents groupes islamistes, dont le Front Al-Nosra, qui prête allégeance à Al-Qaida et tombe donc sous le coup des sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU. Un mois plus tard, le 9 avril, l’Etat islamique en Irak, qui s’est implanté en Syrie, se rebaptise « Etat islamique en Irak et Levant » (EIIL). Le groupe prend le contrôle de Rakka le 13 juin.

    « Comment Lafarge peut-elle conserver une usine dans cette guerre qui devient de plus en plus sale, qui dégénère ? demande un enquêteur aux dirigeants du groupe.

    – C’est là où on se pose la question si on reste ou pas, répond le PDG, Bruno Lafont. On commence à penser qu’on va se replier. On a eu des feedbacks de nos gars. On pouvait visiblement continuer.

    – Ce qu’il faut comprendre, c’est que lorsque cette guerre a commencé, l’usine venait de démarrer, insiste le patron de l’usine, Bruno Pescheux. On pensait que quand tout serait fini, il y aurait au moins une cimenterie qui pourrait fournir du ciment pour reconstruire la Syrie…

    – On allait voir, tous les six mois, l’ambassadeur de France pour la Syrie [à Paris], et personne ne nous a dit : “Maintenant, il faut que vous partiez”, précise Christian Herrault. Le gouvernement français nous incite fortement à rester, c’est quand même le plus gros investissement français en Syrie et c’est le drapeau français. Donc oui, Bruno Lafont dit : “On reste.” »

    Octobre 2013 : « Daech s’inscrit dans le paysage »
    Le 11 octobre 2013, le Conseil européen confirme les sanctions à l’encontre de certaines entités terroristes, dont le Front Al-Nosra, Al-Qaida et l’EIIL. « Pourquoi Lafarge a pris le risque de rester en Syrie, où ces trois organisations sont présentes ? », demande l’enquêteur. La réponse du directeur général adjoint opérationnel est un pur modèle de rationalisation économique :

    « On gérait les risques par cette économie de racket, et il n’y a pas eu de phénomène marquant jusqu’à fin 2013 », explique Christian Herrault, oubliant au passage l’enlèvement de neuf employés alaouites de l’usine un an plus tôt.

    « Quel est ce phénomène marquant ?

    – Daech s’inscrit dans le paysage. Ils affichent la volonté de taxer les routes. Un des chefs se réclamant de Daech convoque Bruno [Pescheux] et Jacob [Waerness] à Rakka (…). C’est Firas [Tlass], ou un de ses hommes, qui y va et voit la situation. Daech vient dans la liste des racketteurs, ça fait 10 % des sommes, dont la moitié était pour les Kurdes.

    – A ce moment-là, que vous dit le Quai d’Orsay ?

    – Pas de changement de leur position. Encore une fois, pas de solution intermédiaire, soit on partait, soit on restait. Le rackettage de Daech, c’était l’équivalent de 500 tonnes… Sachant qu’on a trois silos de 20 000 tonnes… Est-ce qu’on va tout plier pour 500 tonnes ? »

    C’est l’ancien actionnaire minoritaire M. Tlass qui sera chargé de payer les groupes armés en utilisant le cash de l’usine. Pour entrer ces dépenses dans la comptabilité, « on utilisait des notes de frais que je signais “frais de représentation”, explique M. Herrault. Donc là, c’était les notes de Bruno [Pescheux], mais il n’y avait rien dessus, il n’y avait aucun nom de milice. »

    Bruno Pescheux, lui, se souvient avoir vu les noms de Daech et du Front Al-Nosra mentionnés sur des documents :

    « Avez-vous vu le nom de Daech ? demande l’enquêteur.

    – Oui, répond le directeur de l’usine.

    – Avez-vous une idée du montant prévu pour Daech ?

    – De l’ordre de 20 000 dollars par mois. »

    Juin 2014 : un rendez-vous avec l’organisation Etat islamique
    A l’été 2014, l’EIIL contrôle le nord-est de la Syrie et fait une percée vers l’ouest. Le 29 juin, l’organisation proclame le « califat » et se baptise « Etat islamique ». Au sud de l’usine, les combats font rage entre le Front Al-Nosra et l’EI, qui est aux prises avec les Kurdes au nord du site. L’étau se resserre : à 500 mètres de l’usine, un checkpoint marque la sortie de la zone kurde ; à 20 kilomètres, un barrage signale l’entrée de la zone contrôlée par l’EI.

    Ce 29 juin, le nouveau responsable sûreté de l’usine, un ancien des forces spéciales jordaniennes qui a remplacé M. Waerness, envoie un mail au DRH local, avec le directeur de LCS, M. Pescheux, en copie : « Je viens d’arriver de Rakka. Le responsable de l’Etat islamique est toujours là, il est à Mossoul en ce moment. Notre client de Rakka m’a arrangé un rendez-vous avec lui, concernant nos expatriés au Pakistan et en Egypte. Une fois que j’aurai l’autorisation, je vous informerai. »

    « Pourquoi aller voir cette personne de l’El ?, demande l’enquêteur au directeur de l’usine.

    – L’idée était de dire : pour faire fonctionner cette usine, les locaux ont beaucoup de mal. L’idée était de faire revenir des expats pour les épauler, mais il fallait garantir leur sûreté : pas de kidnapping ou de choses comme ça », répond M. Pescheux.

    Juillet 2014 : « La situation autour de l’usine a empiré »
    Début juillet, l’El attaque les Kurdes à Kobané, à 50 kilomètres de la cimenterie. Les combats font plusieurs centaines de morts. Le 8 juillet, le responsable jordanien de la sûreté de l’usine envoie un mail alarmiste à M. Pescheux, qui a été versé au dossier par la plainte de Sherpa :

    « La situation autour de l’usine a empiré après que le camion-suicide a explosé au checkpoint du PYD [parti kurde] hier, à minuit. C’était à 10 kilomètres à l’est de l’usine, les quatre passagers ont été tués. L’Etat islamique a commencé une campagne discrète contre le PYD dans notre région (…). Le PYD a établi de sérieuses mesures de sécurité autour de l’usine, et a demandé la fermeture et l’évacuation de l’usine. »

    « A ce moment-là, on me dit que la situation est de plus en plus difficile. Je sais, à ce moment-là, qu’on va partir », assure Bruno Lafont. Le directeur sûreté du groupe, M. Veillard, est moins alarmiste : « Pour moi, l’attentat à 10 kilomètres n’existe pas. Il n’y a rien autour de l’usine. Le premier village doit être à 30 kilomètres. Maintenant, c’est peut-être un type qui s’est fait sauter. En aucun cas, il n’y avait un risque pour les employés et l’usine. »

    Le 17 juillet, un responsable de l’usine envoie pourtant un nouveau mail sans équivoque au PDG de LCS : « Notre personnel à l’usine est très perturbé et inquiet. Ils se sentent comme des prisonniers au sein de l’usine (…). L’EI est en train de s’emparer du contrôle de l’entrée de l’usine et n’autorise personne à entrer ou sortir (…). Nous ne sommes pas capables de rassurer nos employés (…). Nous avons besoin de votre aide pour régler cette question avec nos voisins. »

    27 juillet 2014 : l’usine interrompt sa production

    A la fin du mois de juillet 2014, la dégradation de la situation militaire contraint la cimenterie à interrompre son activité. Malgré les injonctions du chef militaire kurde d’évacuer les lieux, LCS reprendra pourtant la production cinq semaines plus tard.

    15 août 2014 : « J’ai fait la recommandation de fermer l’usine »

    Le 15 août 2014, une résolution de l’ONU interdit toute relation financière avec les groupes terroristes présents en Syrie, pouvant être « considérée comme un appui financier à des organisations terroristes ». « Que s’est-il passé chez Lafarge à ce moment-là ? », s’enquiert un enquêteur des douanes.

    « Frédéric [Jolibois, qui a remplacé Bruno Pescheux à la tête de LCS] envoie un mail au service juridique pour la conduite à tenir. Il faut voir que Daech n’avait alors rien fait en dehors de la Syrie, il n’y avait pas eu Charlie, le Bataclan… C’était alors une affaire syrienne, relativise M. Herrault. Je précise au service juridique que Daech, vers le 16 août, est bel et bien une organisation terroriste. Ce que je sais, c’est que rien n’a été payé après le 15 août. »

    La directrice juridique de Lafarge est consultée. Elle explique aux douaniers : « J’ai été informée sur deux points (…). Le deuxième était : l’Etat islamique demande des taxes aux transporteurs. Peut-on traiter avec ces transporteurs ? C’était en août 2014. L’avis juridique a été rendu début septembre 2014 et était très clair : oui, il y a un risque juridique. J’ai fait la recommandation de fermer l’usine. »

    1er septembre 2014 : le laissez-passer de l’EI

    Malgré l’avis de la direction juridique, l’usine se prépare à reprendre ses activités. Un laissez-passer pour ses clients et transporteurs, daté du 1er septembre 2014 et tamponné par le gouverneur de l’El à Alep, a été versé au dossier. Son contenu laisse entendre que l’usine a passé un « accord » avec l’EI : « Au nom d’Allah le miséricordieux, les moudjahidine sont priés de laisser passer aux barrages ce véhicule transportant du ciment de l’usine Lafarge, après accord avec l’entreprise pour le commerce de cette matière. »

    9 septembre 2014 : reprise de l’activité

    Passant outre les injonctions du commandant kurde, l’usine reprend sa production le 9 septembre. Le lendemain, son nouveau directeur, M. Jolibois, se rend à l’ambassade de France en Jordanie. Selon le compte rendu qu’a fait l’ambassade de cet entretien, il réaffirme la volonté du groupe de se maintenir en Syrie pour « préserver ses actifs et ses activités futures ».

    Le directeur de LCS assure aux autorités françaises que Lafarge « ne verse rien au PYD ou à l’Etat islamique ». Il reconnaît seulement que les « transporteurs locaux » doivent obtenir des laissez-passer « sans impliquer l’usine ou Lafarge », ce qui semble contredit par l’exemplaire daté du 1er septembre qui a été retrouvé. Le compte rendu de l’ambassade conclut : « Jolibois ne semblait pas particulièrement inquiet des conséquences, pour la sécurité de l’usine et de son personnel, de la présence de l’Etat islamique à quelques kilomètres d’Aïn-Al-Arab [nom arabe de Kobané]. »

    « Nous sommes à cinq jours d’une attaque décisive de l’El dans la région. Comment pourrait-on caractériser ces déclarations : un manque de lucidité, la cupidité ou business as usual ?, s’enquiert l’agent des douanes.

    – Je ne suis pas au courant, élude le PDG, M. Lafont. Je pense qu’il faut poser la question à M. Jolibois. Je ne sais pas de quoi il était au courant. »

    Dans leur rapport de synthèse, les douanes s’étonnent des réponses systématiquement évasives du PDG de Lafarge : « Bruno Lafont disait tout ignorer des pratiques de son personnel en Syrie (…). Il serait tout à fait étonnant que M. Lafont n’ait pas demandé à son équipe de direction d’avoir un point précis de la situation d’une cimenterie dans un pays en guerre depuis plusieurs années. »

    Le jour de l’entretien de M. Jolibois à l’ambassade de France en Jordanie, ce dernier a en effet envoyé un mail à plusieurs responsables du groupe, à Paris, évoquant un plan d’évacuation de l’usine : « La semaine prochaine, Ahmad [le directeur sûreté de l’usine] partagera notre plan d’évacuation avec le département de sécurité de Lafarge, et il devrait être en mesure de nous envoyer la version à jour d’ici deux semaines. » L’usine sera attaquée dix jours plus tard…

    19 septembre 2014 : l’attaque de l’usine

    Le 18 septembre, un employé de l’usine est informé d’une attaque imminente de l’EI et en fait part à son patron. Le directeur de l’usine envoie par mail ses dernières consignes de sécurité. Il suggère de « préparer des matelas, de la nourriture, de l’eau, du sucre, dans les tunnels techniques de l’usine ». « Si les affrontements arrivent à l’usine, déplacer les équipes dans les tunnels et attendre », précise-t-il.

    Quelques heures plus tard, les troupes de l’EI sont aux portes de l’usine. La plupart des employés sont évacués en catastrophe par bus vers Manbij. Mais le plan d’évacuation est défaillant. Les bus ne reviennent pas à l’usine. Une trentaine d’employés bloqués sur place doivent s’enfuir par leurs propres moyens, entassés dans deux véhicules abandonnés sur le site. L’usine sera prise d’assaut dans la nuit.

    Quatre employés de Lafarge sont arrêtés par l’EI pendant l’évacuation, et retenus en otage une dizaine de jours. Parmi eux, deux chrétiens arrêtés dans un des bus affrétés par Lafarge sont contraints de se convertir à l’islam avant d’être relâchés.

    Le 21 septembre, un employé en colère écrit un mail au directeur de la cimenterie : « Nous vous demandons fermement de commencer une enquête afin de vérifier les faits suivants (…). Après plus de deux ans de réunions quotidiennes portant sur la sécurité, qui est responsable de l’absence de plan d’évacuation de l’usine de notre équipe, et qui a abandonné plus de trente de nos braves employés une heure avant l’attaque de l’El et l’explosion du réservoir de pétrole ? »

    Quelques jours plus tard, M. Jolibois se félicitera pourtant, dans un mail envoyé au groupe, du succès de l’évacuation : « Malgré la complexité de la situation et l’extrême urgence à laquelle nous avons été confrontés, nous avons réussi à sortir nos employés de l’usine sains et saufs. Les choses ne se sont probablement pas déroulées telles que nous les avions planifiées ; néanmoins, nous avons atteint le but principal. Lafarge Cement Syria n’est pas morte. Je suis convaincu que nous gagnerons la dernière bataille. »

  • Evacuations à la frontière syro-libanaise : le Hezbollah à la manœuvre - Moyen-Orient - RFI
    http://www.rfi.fr/moyen-orient/20170801-evacuations-frontiere-syro-libanaise-le-hezbollah-manoeuvre?ref=fb

    C’est la première évacuation de combattants et de civils syriens organisée au Liban depuis le début de la guerre en Syrie, en 2011. Il s’agit de deux opérations distinctes.

    La première concerne quelque 500 jihadistes de l’ex-Front al-Nosra, des membres de leurs familles et d’autres civils, qui ont choisi de partir avec eux. Au nombre de 8000, ces personnes vont se diriger mardi vers la province d’Idleb, en empruntant un itinéraire passant par le territoire syrien. Les convois seront escortés par des véhicules du Croissant rouge syrien.

    Dès leur arrivée à Alep, les jihadistes relâcheront 8 combattants du Hezbollah. Trois d’entre eux ont été capturés lors des combats de la semaine dernière au Liban, et 5 autres ont été faits prisonniers dans la région d’Alep, fin 2016.

    L’autre opération concerne 500 combattants d’une brigade de l’Armée syrienne libre, Saraya Ahl al-Cham, et 2 500 membres de leurs familles. Ils ont choisi de revenir dans leurs villes et villages du Qalamoun syrien, non loin de l’endroit où ils sont réfugiés depuis des années.

    C’est le Hezbollah libanais qui a joué les intermédiaires avec le gouvernement syrien pour conclure l’accord permettant le retour de ce groupe. Ces rebelles conserveront leurs armes légères après s’être engagés à cesser le combat contre l’armée syrienne.

  • « La bataille touche à sa fin », affirme le Hezbollah - L’Orient-Le Jour
    https://www.lorientlejour.com/article/1064008/-la-bataille-touche-a-sa-fin-affirme-le-hezbollah.html

    Après avoir pris le contrôle de Wadi el-Khayl, les combattants du Hezbollah ont planté des drapeaux en hommage aux martyrs de l’armée, avec des photos des quatre soldats décapités par le Front al-Nosra. Ils faisaient partie de la trentaine de militaires enlevés dans le cadre des violents combats qui avaient opposé l’armée libanaise aux jihadistes dans le jurd de Ersal en août 2014. Seize d’entre eux avaient été libérés par le groupe jihadiste en décembre 2015 et neuf autres sont toujours otages de l’EI, mais leur sort est plus que jamais incertain.
    Les mêmes drapeaux ont été plantés dans le centre d’opérations du Front, sur les hauteurs de Hoqak Khayl, d’où le chef du groupe islamiste au Liban, Abou Malek el-Talli, dirigeait les opérations jusqu’au début de la bataille. Il a, depuis, quitté cet endroit. Enfin, toujours selon le média de guerre du Hezbollah, les combattants du parti chiite contrôlent désormais totalement Wadi el-Maaysara, Wadi Maarouf, Wadi al-Kahil, Wadi Zaarour, Wadi el-Dam et Wadi el-Dakayek. Les combats, selon une source proche des services de sécurité, citée par l’agence Reuters, ont fait 19 morts dans les rangs du Hezbollah et plus de 130 morts parmi les jihadistes.

  • Première étape de la bataille du jurd : mission accomplie pour le Hezbollah - Scarlett HADDAD - L’Orient-Le Jour
    https://www.lorientlejour.com/article/1064003/premiere-etape-de-la-bataille-du-jurd-mission-accomplie-pour-le-hezbo

    Dès le départ, le jurd a donc été divisé militairement en deux, la région contrôlée par Daech, au Nord, et celle contrôlée par al-Nosra et Saraya Ahl ech-Cham, plus au sud, face à Ersal. La seconde zone était toutefois considérée prioritaire en raison de sa proximité avec les camps de déplacés syriens installés autour de Ersal qui abritent près de 100 000 personnes. Le Hezbollah considérait ainsi que le Front al-Nosra a plus d’influence au sein de ces camps que Daech, et c’est pourquoi il lui semblait primordial de couper le lien géographique entre le jurd et les camps. De plus, la dernière opération préventive de l’armée dans les camps d’el-Nour et Qariyé a montré que les combattants d’al-Nosra ont pu se cacher dans ces camps avant de se faire exploser au milieu des civils. Aussitôt, des contacts diplomatiques et sécuritaires ont été entrepris pour préparer le terrain politique à une éventuelle opération. Des négociations ont été ainsi menées avec les responsables des combattants pour étudier la possibilité d’une reddition sans combat, avec un retrait des combattants vers Idleb ou Raqqa. Avec le chef local d’al-Nosra Abou Malek al-Tallé, les négociations ont échoué à la dernière minute en raison des conditions que ce dernier avait posées. Il ne restait donc plus d’autre choix que de passer à l’action militaire. Les rôles ont été distribués de manière à éviter de coincer l’armée libanaise sur le terrain en la plaçant en confrontation directe avec les combattants. Son rôle se limitera donc à empêcher l’infiltration des combattants vers le Liban et plus particulièrement vers les camps, tout en empêchant d’éventuels sympathisants des combattants dans les camps de bouger. De même, des contacts ont été entrepris avec des parties régionales et internationales pour assurer un minimum de couverture à l’opération. Le Qatar, qui revoit actuellement ses positions sur l’ensemble des dossiers régionaux, a montré de l’indifférence, alors que l’Arabie saoudite ne s’est pas opposée, sachant qu’al-Nosra est considérée comme étant appuyée par le Qatar. Sollicités, les Américains ont aussi adopté « une neutralité tacite » et des contacts ont été entrepris avec les organisations palestiniennes pour éviter un éventuel mouvement de protestation dans les camps. L’opération a donc été menée par le Hezbollah du côté libanais, et par les soldats syriens du côté syrien, selon le plan établi avec toutefois une rapidité inespérée. Les combattants de Saraya Ahl ech-Cham ont rapidement négocié leur retrait, alors que ceux d’al-Nosra sont poussés dans leurs derniers retranchements et que le lien géographique avec les camps autour de Ersal a été en principe coupé. C’est donc une victoire foudroyante qui a été enregistrée, pour le Hezbollah, mais aussi pour le Liban.

    Reste maintenant la seconde étape. Selon la source sécuritaire précitée, des négociations indirectes se poursuivent avec les représentants de Daech pour trouver un accord sur leur retrait de la zone qu’ils contrôlent sans combat. Si elles échouent, l’opération militaire aura forcément lieu, mais selon le timing choisi par les différents protagonistes, le Hezbollah, l’armée syrienne, mais aussi l’armée libanaise. Cette opération pourrait aussi être reportée, sachant que la priorité absolue était de pacifier le jurd de Ersal contrôlé par al-Nosra parce qu’il est en contact direct avec les camps de déplacés syriens dans le secteur, eux-mêmes reliés à la bourgade de Ersal.

  • Syrie : frappe de la coalition contre un dépôt d’armes chimiques de l’EI, des victimes
    https://fr.sputniknews.com/international/201704131030880171-frappe-coalition-syrie-armes-chimiques-daech

    Si la nouvelle est confirmée, ce qui n’est pas gagné, quelques experts et autres éditorialistes vont devoir récrire leur copie. Les politiques, eux, s’arrangeront comme ils savent le faire.

    La coalition internationale a porté mercredi une frappe contre un dépôt d’armes chimiques appartenant à Daech à Deir ez-Zor, faisant des centaines de victimes, a annoncé l’État-major syrien. L’incident prouve que les terroristes possèdent des armes chimiques, affirme l’armée syrienne.

    Une frappe portée mercredi par la coalition menée par les États-Unis contre un dépôt d’armes chimiques appartenant à Daech dans la région de Djalta, près de la ville de Deir ez-Zor, a provoqué l’intoxication de centaines de personnes, a annoncé le commandement des forces armées syriennes dans un communiqué diffusé par l’agence syrienne Sana.

    Selon l’agence, le raid aérien a été mené mercredi à 17h30 (heure locale) et a permis d’éliminer un grand nombre de terroristes de Daech, y compris plusieurs étrangers engagés à leurs côtés.

    Suite à la frappe, « un nuage de fumée blanche, puis jaune s’est formé » au-dessus du lieu de l’attaque, « ce qui témoigne de la présence importante de substances toxiques », indique le document dont Sputnik a obtenu une copie. « L’incendie sur les lieux a duré jusqu’à 22h30 », précise le communiqué.

    Selon le document, l’intoxication aux substances chimiques a fait des centaines de morts, y compris par asphyxie, parmi les terroristes ainsi que parmi les civils.

    « Ce qui s’est passé prouve que les terroristes des Daech et du Front al-Nosra possèdent des armes chimiques et sont capables d’en faire usage, de les obtenir et de les transporter », lit-on dans le document, qui rappelle une fois de plus que les troupes gouvernementales ne possèdent pas d’armes chimiques.

    Les États-Unis démentent de leur côté avoir mené une frappe près de Deir ez-Zor.

  • Un conseiller d’Obama admet : « Nous avons armé Al-Nosra et Al-Qaïda en Syrie » - RipouxBlique des CumulardsVentrusGrosQ
    http://slisel.over-blog.com/2017/01/un-conseiller-d-obama-admet-nous-avons-arme-al-nosra-et-al-qaida-e
    http://www.algeriepatriotique.com/sites/default/files/styles/282x211/public/field/image/ben+rhodes.jpg?itok=8-F2jIez

    Les éléments tangibles prouvant que les Etats-Unis ont directement ou indirectement soutenu les groupes terroristes activant en Syrie s’amoncellent. Certains sont même fournis par d’anciens hauts responsables de l’Administration Obama qui vient de passer le relais à l’équipe de Donald Trump. Ben Rhodes, conseiller adjoint à la Sécurité nationale pour les communications stratégiques de Barack Obama, a fait des révélations cette semaine qui ont provoqué un séisme à Washington. Il a affirmé qu’il existe des vases communicants entre ce que certains appellent l’opposition syrienne modérée et les groupes terroristes affiliés à Al-Qaïda. Dans ses confidences reprises samedi par un site animé par des vétérans de l’armée américaine, Ben Rhodes a non seulement soutenu que les rebelles syriens avaient des contacts avec Al-Qaïda et le Front Al-Nosra, mais que « l’opposition » avait aussi maintes fois préconisé à Washington de travailler avec les terroristes. « Ce qui est étrange, c’est que j’ai rencontré l’opposition syrienne, et souvent ses responsables ont soutenu que nous devrions travailler avec Al-Nosra, qui est Al-Qaïda », a-t-il déclaré, ajoutant qu’« Al-Nosra combat avec des armes américaines ».

    Rhodes semble dire que les Etats-Unis n’ont finalement pas travaillé avec Al-Nosra et Al-Qaïda. Mais en lâchant une telle déclaration, il admet tout de même que les rebelles syriens et Al-Nosra étaient les deux faces d’une même médaille et que leur seul but était de renverser Bachar Al-Assad. Même si l’on suppose que les Etats-Unis n’ont jamais travaillé avec Al-Nosra, le fait cependant que les rebelles syriens aient demandé à Washington de travailler avec Al-Nosra est un élément qui remet totalement en cause le discours tenu par les Occidentaux pour justifier la destruction de la Syrie.

    Il ressort aussi des déclarations post-Obama de Ben Rhodes que les invitations incessantes de Washington à distinguer entre ce qu’elle appelle l’opposition modérée et les mouvements terroristes se revendiquant d’Al-Qaïda ou de Daech étaient une fumisterie du moment qu’il n’y avait aucun moyen pour les Etats-Unis d’empêcher les rebelles syriens de fraterniser avec Al-Nosra, précisément parce que les deux entités avaient militairement juré de combattre Al-Assad par tous les moyens. Cela y compris en accusant Al-Assad d’utiliser des armes chimiques contre son propre peuple. En fait, il a été largement rapporté que « les rebelles syriens avaient promis loyauté à Al-Qaïda ».

    Bien évidemment, tout cela, les Américains le savaient. Ils savaient également que les armes fournies aux soi-disant rebelles syriens allaient fatalement tomber entre les mains d’Al-Nosra et d’Al-Qaïda. D’ailleurs, les rebelles eux-mêmes ont clairement dit qu’ils ne combattraient pas Al-Nosra. C’est ce qui se produira. D’importants lots d’armes américaines ont fini entre les mains de nombreuses cellules terroristes.

    Malgré les mises en garde de certains cadres de son administration, Barack Obama n’a rien voulu savoir. Il a même dit préférer les terroristes à Bachar Al-Assad, adoptant ainsi la même position que les Israéliens vis-à-vis d’Al-Qaïda et de Daech. Cela explique pourquoi Tel-Aviv n’a pas lésiné aussi sur les moyens, y compris militaires, pour aider le Front Al-Nosra et mettre les bâtons dans les roues de l’armée syrienne.

    Khider Cherif

    http://www.algeriepatriotique.com

  • Des rebelles empêchent les civils de fuir Alep-Est
    http://www.lefigaro.fr/international/2016/12/09/01003-20161209ARTFIG00292-des-rebelles-empechent-les-civils-de-fuir-alep-es

    Après le départ de plus de 8.000 d’entre eux ces derniers jours, il reste encore 100.000 civils, selon l’ONU, soumis à un déluge de feu à Alep-Est. Mais certains groupes armés empêchent des habitants de s’enfuir, a accusé à Genève Robert Coville, le porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, confirmant des informations qui circulaient depuis plusieurs jours à Alep.

    Toujours selon l’ONU, des djihadistes n’hésitent pas à faire usage de leurs armes contre les civils. « Certains civils qui tentent de s’enfuir sont apparemment bloqués par des groupes armés de l’opposition (…), notamment le Front Fatah al-Cham », ex-Front al-Nosra (al-Qaida en Syrie), a précisé Robert Coville.

    « Au cours des deux dernières semaines, le Front Fatah al-Cham et les kataëb Abou Amara ont apparemment enlevé et tué un nombre inconnu de civils qui avaient demandé de quitter leur quartier afin d’épargner la vie de la population », a ajouté le représentant de l’ONU.

    • Syrie : des groupes rebelles accusés d’exactions à Alep
      http://fr.euronews.com/2016/12/09/syrie-des-groupes-rebelles-accuses-d-exactions-a-alep

      Certaines familles auraient été utilisées comme boucliers humains par des groupes rebelles, et ces jeunes garçons, devant la caméra de Reuters, s’en font l‘écho :

      « Dans notre immeuble, nous étions au rez de chaussée. Quand on a vu l’armée, on a voulu sortir mais les rebelles nous en ont empêchés. Ils nous ont dit : “vous voulez aller avec l’armée pour nous tuer”. Ils nous ont dit aussi : “l’armée va vous tuer”.

      […]

      Des manifestations ont même eu lieu dans Alep pour demander le départ des groupes rebelles, et des exactions auraient été ensuite commises par le groupe anciennement appelé Front Al-Nosrah contre les organisateurs de ces rassemblements. Le même groupe est accusé d’avoir tiré sur des civils en fuite.

    • Syrie : les déplacés d’Alep-Est ont fui des quartiers où la faim est aussi une arme de guerre
      http://www.francetvinfo.fr/monde/revolte-en-syrie/les-deplaces-d-alep-est-ont-fui-des-quartiers-ou-la-faim-est-aussi-une-

      Un homme d’une cinquantaine d’années, un bébé dans les bras, explique la situation dans son ancien quartier : « Ils aidaient uniquement ceux qui étaient avec eux, qui combattaient avec eux. » L’armée empêchait-elle la nourriture de rentrer ? « Bien sûr, il avait le siège », reconnait cet homme, arrivé au hangar il y a cinq jours. « Mais les rebelles avaient de la nourriture, poursuit-il, pourtant, ils ne la donnaient qu’aux gens qui combattaient avec eux ».

      En trois semaines, les raids meurtriers de l’aviation syrienne et de son allié russe ont tué plus de 300 civils, dans les quartiers d’Alep-Est. Des bombardements que Fatima serait presque tentée d’excuser. « Il y a parfois des victimes civiles, parfois c’est de l’autre côté. Les cibles ne sont pas toujours très précises. Les rebelles se sont infiltrés entre les civils. C’est obligé de recevoir des obus, même s’ils ne nous visent pas directement. »

    • Aleppo’s terrified residents flee rebel districts, death and hunger
      https://www.theguardian.com/world/2016/dec/10/aleppos-terrified-residents-tell-of-death-and-hunger-as-flee-rebel-dist

      The United Nations and local aid agencies are mobilising resources to improve conditions as thousands more arrive each day. Their journey across front lines has been fraught with risk.

      “We waited, five families together, until it was dark so that no one would see us and we wouldn’t get shot at,” Nahla tells me. “Then we walked for seven hours straight until we reached a corridor made by the Syrian army.”

      Some rebel fighters tried to stop them. “They were firing and shooting at everyone who tried to go,” she says.

    • Chaos and Desperation as Thousands Flee Aleppo Amid Government Advance
      http://www.nytimes.com/2016/12/09/world/middleeast/syria-aleppo-united-nations.html

      Mr. Colville said the agency had heard reports that two armed opposition groups had abducted and killed an unknown number of civilians who asked them to leave their neighborhoods. He added that residents trying to leave the Bustan al-Qasr neighborhood may have come under fire from armed opposition groups, something that could amount to the war crime of hostage-taking.

      “Civilians are caught between warring parties that appear to be operating in flagrant violation of international humanitarian law,” Mr. Colville said. “All sides are deeply culpable.”

  • Moscou : les initiateurs de la résolution française sont obnubilés par l’idée du coup d’Etat en Syrie - France Révolution
    http://france-revolution-investigative-reporter.over-blog.com/2016/10/moscou-les-initiateurs-de-la-resolution-francaise-sont-obnubiles-par-l-idee-du-coup-d-etat-en-syrie.html

    Après le véto de Moscou contre le projet français de résolution sur la Syrie présenté au Conseil de sécurité, le ministère russe des Affaires étrangères a accusé ses auteurs de défendre les terroristes de l’ex-Front Al-Nosra.

    « Le texte de la résolution, présentée évidemment pour flatter les Etats-Unis après leur refus de se plier aux accords russo-américains en Syrie, altérait gravement la situation et possédait un caractère politisé, unilatéral et assymétrique. L’escalade des tensions sur le territoire syrien a été complètement attribuée au gouvernement de Bachar al-Assad », a fait savoir le ministère russe des Affaires étrangères.

    « De plus, on a essayé ouvertement de mettre à couvert les combattants du Front Fatah al-Cham [ex-Front Al-Nosra depuis qu’il a rompu avec al-Qaïda] et les autres terroristes qui les ont rejoints en interdisant les survols d’Alep en dépit de l’obligation des pays-membres de l’ONU de lutter contre la menace terroriste par tous les moyens », a-t-il ajouté.

    Il a en outre précisé que la résolution française ne mentionnait pas le fait que la crise humanitaire avait été « provoquée de manière artificielle par le refus des terroristes de laisser passer les convois humanitaires, menaçant de les attaquer en août et en septembre derniers. De plus, d’après la diplomatie russe, le projet français de résolution ne mentionnait pas les étapes qui auraient pu conduire à une résolution de la crise syrienne, sabotée plusieurs fois par ceux qui sont « maternés » par les pays occidentaux.

    « Cette tentative avortée d’abuser de l’autorité du Conseil de sécurité de l’ONU a confirmé que les initiateurs du projet français de résolution étaient obsédés par l’idée d’un changement inconstitutionnel du pouvoir en Syrie grâce aux groupes terroristes qui bénéficient de l’aide étrangère », conclut le ministère russe des Affaires étrangères.

    Le 8 octobre, le Conseil de sécurité de l’ONU a voté sur deux projets distincts de résolution sur la Syrie. Le projet français n’a pas passé la rampe car la Russie a fait usage de son droit de veto, estimant que la création d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus d’Alep profiterait aux terroristes. Le projet russe, qui suggérait le rétablissement de l’accord de cessez-le-feu conclu à Genève entre Washington et Moscou le 10 septembre en laissant les combattants du Front Fatah al-Cham [l’ex-Front Al-Nosra] quitter la ville, a lui aussi été rejeté par le Conseil de sécurité des Nations unies.

  • Un album photo des rois saoudiens effraie le département d’Etat US
    https://fr.sputniknews.com/international/201608291027504677-usa-arabie-saoudite-yemen-accusations

    Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a exprimé jeudi, lors d’une rencontre avec les représentants du Royaume-Uni et des six monarchies membres du Conseil de coopération du Golfe, la préoccupation de Washington face aux photos qui lui avaient été présentées par le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Nayef. M.Kerry a déclaré que les clichés, qui n’ont pas été publiés, montrent « des missiles iraniens déployés à la frontière saoudienne ». Le secrétaire d’Etat a mis en garde contre la menace posée par l’envoi de missiles et d’autres armes sophistiquées iraniennes au Yémen, « qui s’étend bien au-delà du Yémen et n’est pas seulement une menace pour l’Arabie saoudite et la région ».

    (...) Selon l’expert et diplomate iranien, ces spéculations font partie « du projet baptisé Iranophobie et destiné à cacher les crimes » américains et saoudiens dans la région.

    « Ces déclarations sont un signe de la défaite politique des Etats-Unis. Un vainqueur ne monte jamais des accusations infondées contre son adversaire », a ajouté le diplomate.

    M.Afghani a estimé que les Américains et les Saoudiens, qui soutiennent la guerre, « n’ont aucun droit de décider du sort du Yémen » et doivent permettre aux Yéménites de s’entendre au moyen d’un dialogue politique au niveau national.

    « Les mains des Américains, de la dynastie saoudienne et de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite sont couvertes du sang des civils yéménites (…). Les chasseurs américains mis à la disposition de l’Arabie saoudite bombardent ouvertement des quartiers résidentiels des villes yéménites, tuant des civils (…). Les Etats-Unis livrent des armes à Riyad, qui servent à tuer des Yéménites (…). L’Arabie saoudite soutient les terroristes, y compris Daech, en Syrie et en Irak », a déclaré l’expert.

    Il a rappelé que l’Onu avait protesté à maintes reprises contre les bombardements des civils au Yémen et a même inscrit l’Arabie saoudite sur sa liste noire des pays et organisations violant les droits des enfants.

    « Malheureusement, le secrétaire général de l’Onu Ban Ki-moon a par la suite cédé à la pression de Riyad en retirant l’Arabie saoudite de cette liste. C’est aussi surprenant : le secrétaire général d’une organisation censée être un symbole de protection et de maintien de la paix, de lutte contre l’agression et l’oppression des peuples, avoue qu’il a été +obligé de le faire+ », a poursuivi M.Afghani.

    D’ailleurs, si l’Iran souhaitait accorder une aide directe au Yémen, « il le fera car il ne craint personne » et lutte déjà contre le terrorisme dans plusieurs pays, d’après l’expert.

    « Nous aidons les Palestiniens en leur envoyant des armes (…). Nous participons au conflit en Syrie : nos conseillers militaires combattent aux côtés des militaires syriens contre les terroristes. Et nous en sommes fiers. Nous envoyons des armes à l’armée irakienne, aux milices Al-Hashd Al-Shaabi (forces de mobilisation populaire) qui luttent contre le terrorisme. Plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu soutiennent cette guerre antiterroriste contre Daech et le Front al-Nosra », a rappelé le diplomate iranien.

    L’Iran agit dans le cadre des normes internationales alors que « les Etats-Unis entendent blanchir les terroristes du mouvement Front al-Nosra en leur donnant d’autres épithètes et noms », a conclu M.Afghani.

    Diplomatie de l’#iran au #yémen

  • Des avions russes frappent en Syrie pour la première fois depuis l’Iran

    Des bombardiers russes ont frappé mardi des positions des jihadistes en Syrie après avoir décollé pour la première fois d’une base aérienne situé en Iran, ont annoncé les agences de presse russes citant le ministère de la Défense.

    « Le 16 août (mardi), des bombardiers Tu-22M3 et Su-34 ont décollé, armés, de l’aérodrome Hamedan en Iran et ont frappé des cibles des groupes terroristes Etat islamique et Front Al-Nosra dans les régions d’Alep, Deir Ezzor et Idleb », a indiqué le ministère.

    http://www.courrierinternational.com/sites/ci_master/files/styles/image_original_765/public/afp/1babf5c419f13416e5a5a4ce627e4bf4a9d57a1f.jpg?itok=GNBZwWBN

    http://www.courrierinternational.com/depeche/des-avions-russes-frappent-la-syrie-depuis-liran-une-premiere

    #conflit #guerre #Syrie #Russie #frappes_aériennes

  • Alep, capitale de la rébellion syrienne, encerclée
    http://www.lemonde.fr/syrie/article/2016/07/12/alep-capitale-de-la-rebellion-syrienne-encerclee_4968265_1618247.html

    J’aime bien les titres de Benjamin Barthe. « Alep, capitale de la rébellion syrienne, encerclée »... Quoi qu’on pense du camp d’en face, il oublie juste de dire que la plus grosse partie de la ville, et de ce qu’il reste de sa population, n’a jamais été perdue par le régime. Et il passe sous silence le fait que la « rébellion » n’a jamais présenté un front uni et qu’elle resssemble de plus en plus, en dépit de la présence d’authentiques militants, à une vaste coallition hétéroclite de mercenaires souvent fanatisés en provenance de tous les horizons. Il se dispense sans doute de rappeler (l’article est en pay wall) que la ville a rejoint très très tardivement la « rébellion », faute d’adhérer à ses idées pour une très grande partie de sa population... Un bon titre en somme... #syrie

    • sans paywall


      Il lui aura fallu un an et demi de combats acharnés, de progression lente, centaines de mètres par centaines de mètres, mais le régime Assad a finalement atteint son but. Alep, la capitale de la rébellion syrienne dans le nord de la Syrie, est désormais encerclée par ses troupes. Jeudi 7 juillet, avec le soutien de l’aviation russe, celles-ci sont parvenues à couper la fameuse route de Castello, la dernière voie de ravitaillement des quartiers orientaux de la ville, aux mains de l’insurrection depuis l’été 2012.

      C’est une victoire importante pour les autorités de Damas et un tournant potentiel dans la guerre civile qui fait rage depuis plus de cinq ans et a fait des centaines de milliers de morts. Si les rebelles échouent à repousser leurs adversaires, Alep-est, dont la population est estimée à près de 200 000 habitants, pourrait subir un siège en règle, en plus des bombardements quasi quotidiens des avions russes et syriens. « La situation est très difficile, confesse Brita Haj Hassan, le président du Conseil local, qui gère les quartiers orientaux, joint par WhatsApp, une application de téléphonie par Internet. Il n’y a déjà presque plus de légumes sur les marchés. Le prix du riz et du sucre a été multiplié par trois en une semaine. Nous sommes au bord d’une catastrophe humanitaire. »

      C’est un tournant potentiel dans la guerre civile qui fait rage depuis plus de cinq ans en Syrie

      La route de Castello, qui démarre dans les faubourgs nord d’Alep puis oblique vers l’ouest en direction de la frontière turque, était dans le collimateur de l’armée syrienne et de ses supplétifs chiites étrangers (irakiens, iraniens et libanais) depuis le mois de novembre 2014. A l’époque, les forces loyalistes se trouvaient à une dizaine de kilomètres de cet axe stratégique, par où transite toute l’aide envoyée vers la ville, alimentaire comme médicale. C’est ce chemin qu’empruntent par exemple les médecins syriens qui alternent les périodes de travail, très éprouvantes, dans les hôpitaux de l’est, et les phases de récupération, auprès de leur famille, en Turquie.

      « Victoire indiscutable »

      L’avancée des troupes loyalistes s’est faite en deux temps principalement : en février, à la faveur d’une vaste offensive, soutenue par l’aviation russe, elles ont progressé au nord d’Alep, coupant la ville du terminal de Bab Al-Salamah, l’une de ses deux voies d’accès à la Turquie. Puis, la semaine dernière, alors même que Damas avait décrété un « régime de calme », qui supposait une suspension des combats, elles se sont emparées des fermes de Mallah, une colline à 500 mètres de la route de Castello. Cette position haute leur permet d’interdire tout trafic entre Alep et sa banlieue et de rompre le lien avec Bab Al-Hawa, l’autre poste frontalier avec la Turquie, à l’ouest.

      Le Conseil local des quartiers-est déconseille désormais aux civils de sortir de la ville. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), un homme et ses deux fils qui circulaient vendredi 8 juillet sur la route de Castello ont été tués par des tirs provenant des forces pro-Assad. « Le régime a remporté une victoire indiscutable, mais la position de ses forces est encore fragile, souligne Sinan Hatahet, analyste au think tank Omran, proche de l’opposition syrienne. Il a besoin d’avancer sur d’autres axes pour prendre un contrôle définitif de la route de Castello. »

      Les deux contre-offensives lancées ces derniers jours par les brigades rebelles ont cependant échoué. Dimanche, une trentaine de combattants, membres du Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda, et de Faylaq Al-Sham, un groupe armé affilié aux Frères musulmans, ont péri alors qu’ils s’approchaient des fermes de Mallah. Quasi hégémonique dans la province voisine d’Idlib, les djihadistes du Front Al-Nosra jouent un rôle secondaire à l’intérieur d’Alep, où la défense des quartiers orientaux est conduite par des groupes locaux, soutenus pour certains par les Etats-Unis.

      Percée diplomatique

      Lundi, une deuxième opération, dirigée contre la citadelle d’Alep, située dans la zone sous contrôle gouvernemental, et destinée à soulager le front de Castello, a fait long feu elle aussi. Les insurgés, arrivés par des tunnels, ont dû battre en retraite sous les tirs ennemis. Simultanément, des centaines d’obus de mortiers ont été tirées sur les secteurs ouest, tenus par les loyalistes, faisant cinq morts et des dizaines de blessés, selon l’OSDH.

      La percée des pro-Assad à Alep s’ajoute à la progression des forces régulières dans deux autres zones clés : dans la Ghouta, la banlieue orientale de Damas, un vaste fief rebelle, qui rétrécit de plus en plus, sous les coups de boutoir de l’armée et les bombardements russes ; et à Daraya, au sud de la capitale syrienne, ville pionnière de la révolte pacifique de 2011, encerclée et affamée depuis quatre ans, assommée de barils explosifs, où l’armée a déclenché un assaut qu’elle espère final.

      Le moment est d’autant plus porteur pour le régime Assad qu’il marque des points sur le terrain diplomatique aussi. La réconciliation entre la Turquie et la Russie, scellée fin juin, qui a clos l’escalade déclenchée par la destruction d’un avion de chasse russe dans le ciel turc en novembre, constitue une bonne nouvelle pour Damas, dont Moscou est le principal protecteur avec Téhéran. Les autorités syriennes espèrent que cette normalisation sera le prélude à un recentrage d’Ankara, jusque-là fer de lance du front anti-Assad sur la scène internationale et principal sponsor des groupes rebelles.

      «  Encercler Alep, c’est une chose, mais la reprendre, c’est une tout autre affaire », observe l’analyste Sinan Hatahet
      Le régime Assad peut aussi se féliciter de l’accroissement de la coopération entre les Etats-Unis et la Russie sur le dossier syrien. Mercredi 6 juillet, le président américain, Barack Obama, et son homologue russe, Vladimir Poutine, sont convenus d’« intensifier » leur coordination militaire. Selon la Maison Blanche, les deux dirigeants ont confirmé leur détermination à combattre non seulement l’organisation Etat islamique, cible de frappes régulières des Etats-Unis, mais aussi le Front Al-Nosra, beaucoup moins visé par Washington. Samedi, au sommet de l’OTAN à Varsovie, le président français, François Hollande, a appelé lui aussi à étendre la guerre contre l’EI à la branche syrienne d’Al-Qaïda.

      Malgré ces évolutions, favorables à Damas, le siège d’Alep, s’il se confirme, pourrait durer très longtemps. Les quartiers orientaux de la ville sont beaucoup plus étendus que le vieux centre de Homs, où les insurgés avaient résisté près de trois ans à l’encerclement de l’armée syrienne. « Encercler Alep, c’est une chose, mais, la reprendre, c’est une tout autre affaire, dit Sinan Hatahet. Le régime et ses alliés n’ont pas les ressources humaines suffisantes pour entreprendre une bataille pareille. S’ils ouvrent ce front, ils devront en dégarnir d’autres, et c’est le Front Al-Nosra qui en profitera. »

  • Gareth Porter sur la fin de la cessation des hostilités et la promesse non-tenue des Américains aux Russes de faire en sorte que les groupes rebelles se séparent d’al-Nousra et sur le fait que les nouveaux accords - qui concernent désormais Alep - ne règlent pas ce problème :
    http://www.truth-out.org/news/item/35984-obama-broke-pledge-to-demand-syrian-opposition-s-separation-from-nu

    The gradual erosion of the cease-fire in Syria over the past month is the result of multiple factors shaping the conflict, but one of the underlying reasons is the Obama administration’s failure to carry out its commitment to Russia to get US-supported opposition groups to separate themselves physically from the Nusra Front — the al-Qaeda organization in Syria.
    US Secretary of State John Kerry made the promise to separate the groups as part of the understandings underlying the February 22 cease-fire, but never delivered on it. And by the time Kerry and Russian Foreign Minister Sergey Lavrov finished negotiating on how to make the “cessation of hostilities” more effective in the Syrian city of Aleppo on May 2, the Obama administration had effectively withdrawn that concession completely.

    L’article documente dans le détail les différentes déclarations de part et d’autre sur cette question.
    Selon lui les Russes se sont retenus de bombarder massivement les zones autour d’Alep et d’Idlib de février à mars pour laisser le temps aux Américains de réaliser leur promesse :

    The Russians agreed to refrain from air attacks on Nusra Front forces until the expected physical separation could be carried out. That concession explains the relative paucity of Russian air attacks against the Nusra Front zones in Aleppo and Idlib provinces from late February through March.

    Ce que Porter omet d’indiquer c’est que les concessions russes sont allées au-delà puisque dès la rédaction des accords de cessez-le-feu de février les Russes ont accepté de renoncer à la formulation de la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l’ONU incriminant les groupes classés terroristes comme « le Front al-Nosra et tous les autres individus, groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida » :
    http://seenthis.net/messages/463575, pour n’incriminer finalement qu’al-Nousra et Da’ich.

    La tentative ratée de la Russie hier, de faire passer une résolution au CS de l’ONU classant Ahrar et Jaysh al-Islam comme terroristes (vote contre de la France, du RU, des USA, et de l’Ukraine) illustre ce qu’elle a concédé :
    http://www.dailystar.com.lb/News/Middle-East/2016/May-11/351601-russian-bid-to-blacklist-syrian-rebel-groups-blocked-at-un.ashx
    Si la formulation de la résolution 2254 avait été conservée dans les accords de cessez-le-feu, le fait qu’Ahrar participe encore aux combats au sein de Jaych al-Fatah aurait suffi puisque cette coalition est bien une « entité associée à al-Qaïda »...

  • Syrie : « Pourquoi les Américains n’ont-ils rien fait ? »

    http://www.lemonde.fr/international/article/2016/03/15/syrie-pourquoi-les-americains-n-ont-ils-rien-fait_4882787_3210.html

    C’est l’histoire d’un hold-up tragique, aux répercussions mondiales, et de quelques hommes de bonne volonté qui ont tenté de l’empêcher. Cinq ans après le premier défilé anti-Assad, dans les souks de Damas, le 15 mars 2011, la révolution syrienne est prise en tenailles par les forces prorégime, d’une part, et les djihadistes du Front Al-Nosra et de l’organisation Etat islamique (EI), de l’autre.

    Ces deux formations issues d’Al-Qaida, initialement absentes de la révolution, ont réussi une percée foudroyante, au détriment des combattants de l’Armée syrienne libre (ASL), les pionniers de l’insurrection. La bannière noire des djihadistes flotte désormais sur la plus grande partie du nord du pays, une région libérée à l’hiver 2012-2013, et dont les opposants rêvaient de faire le laboratoire d’une nouvelle Syrie.

    Les principales causes de ce détournement, qui a ébranlé tout le monde arabe et dont l’onde de choc est ressentie jusque dans les capitales européennes, sont bien connues : la brutalité sans limite du régime syrien, qui a semé le chaos propice à l’implantation des extrémistes ; le jeu trouble des bailleurs de fonds du Golfe, qui ont contribué à la confessionalisation du soulèvement ; et le morcellement de l’opposition, qui a multiplié les erreurs.

    A ces trois facteurs, il faut en rajouter un quatrième : le dédain des Etats-Unis pour les opposants syriens, dont les signaux d’alerte ont été régulièrement ignorés. Le Monde a mené l’enquête, recueillant la confession exclusive d’un homme, le maître-espion de l’Armée syrienne libre (ASL), « M. » rencontré à trois reprises.

    Pendant près de deux ans, il a transmis à la CIA des
    rapports très fouillés, nourris par son réseau d’informateurs. Une mine de données, truffées de cartes, de photographies, de coordonnées GPS et de numéros de téléphone.

    « Du moment où Daech [l’acronyme arabe de l’EI] comptait 20 membres à celui où il en a compté 20 000, nous avons tout montré aux Américains, explique cette source. Quand on leur demandait ce qu’ils faisaient de ces informations, ils répondaient de façon évasive, en disant ce que c’était entre les mains des décideurs. »

    Le Monde a pu prendre connaissance de plusieurs de ces pièces et en récupérer quelques-unes, notamment la localisation des bureaux et des check points des djihadistes à Rakka, leur quartier général en Syrie. Par la même filière, Le Monde a eu accès à un plan secret, élaboré à l’été 2014, en concertation avec Washington, qui devait permettre d’expulser l’EI de la province d’Alep. Repoussée à plusieurs reprises par les Américains, l’attaque a finalement été torpillée fin 2014, par un assaut surprise du front Al-Nosra, sur la brigade de l’ASL qui devait la mener.

    Des entretiens avec deux autres hommes de l’ombre ont permis d’authentifier ces documents, ainsi que de recouper et d’enrichir le récit initial. Mis bout à bout, ces éléments dessinent les contours d’une formidable occasion manquée. Si elle avait été saisie, il est probable que la communauté internationale se serait retrouvée dans une situation beaucoup plus confortable qu’elle ne l’est, aujourd’hui, face à l’EI.

    « Nous sous-estimons la richesse que les Syriens peuvent apporter en termes de renseignements sur l’EI », affirme Charles Lister, un spécialiste des mouvements djihadistes syriens, qui a été confronté à de multiples reprises aux récriminations d’opposants, dont les informations avaient été ignorées par les Etats-Unis.

    « A la fin de l’année 2013, nous avons raté deux coches, renchérit un diplomate occidental. Le premier, c’est l’attaque chimique contre la banlieue de Damas [le 21 août 2013], qui est restée sans réponse, ce qui a remis en selle le régime. Le second, c’est le renforcement de l’acteur qui aurait lutté contre Daech, et l’ASL était la mieux placée pour assumer ce rôle. »

    Appelons notre source « M. ». Pour des raisons de sécurité, son identité ne peut être révélée, de même que celle de tous les autres Syriens cités dans cet article. Dans la Syrie d’aujourd’hui, il ne fait pas bon espionner l’EI. Ces derniers mois, plusieurs militants révolutionnaires exilés en Turquie ont payé de leur vie leur engagement antidjihadiste.
    La carrière de « M. » dans le renseignement débute en avril 2013, lorsqu’il intègre le Conseil militaire suprême (SMC). Formé quatre mois plus tôt, cet organe ambitionne de coordonner les opérations des brigades labellisées ASL, et de centraliser l’aide financière qui afflue alors dans le plus grand désordre.

    « M. » contribue d’abord à la mission d’enquête des Nations unies sur
    l’usage d’armes chimiques en Syrie. Puis, il participe à des médiations destinées à obtenir la libération d’étrangers, capturés par des groupes djihadistes. Mais très vite son attention se porte sur l’EI, qu’il a observé à Saraqeb, une ville de la province d’idliv.

    « Son responsable sur place s’appelait Abou Baraa Al-Jazairi, c’était un Belgo-Algérien, raconte M. Il jouait à l’idiot, il fumait du haschisch en permanence. Il parlait de créer un califat, qui s’étendrait comme un cancer, et tout le monde pensait qu’il rigolait. Mais son parcours m’intriguait. Il avait combattu en Irak et en Afghanistan, il parlait le russe, le français et l’anglais, avec un background d’ingénieur. Tout sauf un amateur. Quand ses hommes ont ouvert un tribunal et ont commencé à y juger des gens, on a réalisé que les bêtises d’Abou Baraa étaient sérieuses. »

    En accord avec ses chefs, « M. » décide de monter des dossiers sur ces intrus. L’EI s’appelle alors l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL). Ses combattants, non Syriens en majorité, se distinguent par leur empressement à imposer leur loi sur le territoire où ils se déploient, contrairement à leurs rivaux d’Al-Nosra, mieux intégrés à l’insurrection, qui se concentrent sur le renversement du régime. Ils arrivent par centaines chaque mois à la frontière syro-turque, dont la traversée est alors un enfantillage.

    « Ces étrangers venaient voler notre pays, nos droits et notre terre », s’indigne « M. » qui les identifie comme un danger mortel pour la révolution. « Si vous n’arrêtez pas ce flot de terroristes, dans trois mois, même les Syriennes porteront la barbe », s’alarme son chef, à peine ironique, lors d’une rencontre en Turquie avec Robert Ford, l’ambassadeur américain auprès de l’opposition syrienne.

    Infiltré au sein de l’EI

    « M. » est envoyé se former à l’étranger. A son retour, il recrute une trentaine d’hommes de confiance, disséminés dans les villes qui sont en train de tomber sous la coupe de l’EIIL. Jarablus, Al-Bab, Tell Abyad, Manbij, Rakka. Pour financer son réseau, l’espion en chef demande
    30 000 dollars (27 000 euros) par mois aux Etats-Unis. Il en reçoit 10 000. Les rencontres avec ses officiers traitants se tiennent dans les palaces de la Turquie centrale, à Adana, Gaziantep, Ankara.

    L’un des agents les plus précieux du SMC est une taupe infiltrée dans le bureau des affaires financières de l’EIIL, situé à Manbij, non loin de la frontière turque. Un rapport rédigé sur la base de ses « infos », que Le Monde s’est procuré, fait état de transfert d’argent de Radwan Habib, un parlementaire syrien, membre du Ba’as, le parti au pouvoir, vers son frère Ali, émir de l’EI à Maskaneh, une petite ville sur l’Euphrate. Dix versements sont recensés entre novembre 2013 et avril 2014, dont l’un d’une valeur de 14 millions de livres syriennes (environ 67 000 euros).
    « Initialement, il s’agissait pour Radwan Habib de soutenir son frère, un simple chef rebelle, face à une tribu rivale, détaille « M ». Mais quand Ali est passé chez Daech, l’argent a continué à affluer. »

    Les mouchards de l’ASL ne font pas qu’écouter aux portes. Ils font aussi de la reconnaissance de terrain, parfois très risquée. Au Monde, « M. » a montré la photographie, prise au téléobjectif, d’un camp d’entraînement, dans le nord de la province de Lattaquié, fréquenté par des djihadistes étrangers. « Je l’ai évidemment transmise à mes contacts occidentaux, avec les coordonnées GPS, mais je n’ai eu aucun retour, maugrée « M. ». Des agents à moi ont aussi réussi à se procurer des numéros de téléphone de responsables de Daech, des numéros de série d’appareils satellites et même des adresses IP. Mais là encore, zéro retour. »

    A l’époque, au tournant de l’année 2013-2014, les Etats-Unis sont encore loin d’être entrés en guerre contre l’EI. Ils observent en retrait les groupes armés qui poussent alors comme des champignons, tentant de déceler ceux qui menacent leurs intérêts et ceux avec lesquels ils pourraient travailler.
    « Obama et son équipe ont toujours été très réticents à utiliser la force militaire en Syrie et à équiper les rebelles, rappelle Robert Ford, qui a pris sa retraite de diplomate en février 2014, et officie aujourd’hui comme chercheur au Middle East Institute. Leur inquiétude était double : d’une part que les armes fournies soient utilisées contre le régime Assad, ce qui aurait été une grave violation du droit international [les Etats-Unis considérant toujours que, même si leur ambassade à Damas a fermé, le régime Assad

    reste dépositaire de la légalité syrienne]. D’autre part, que ces armes puissent atterrir dans les mains de groupes comme Nosra. »
    A cet égard, la capture des bureaux et des entrepôts de l’ASL, en décembre 2013, dans le village d’Atmeh, sur la frontière turque, marque un tournant. En quelques heures, des groupes islamistes armés s’emparent des lieux et de l’arsenal qui s’y trouve. C’est le coup de grâce pour le SMC, déjà court-circuité par de nombreux bailleurs de la rébellion. Le Qatar et la Turquie par exemple disposent de leur propre filière et de leurs propres clients, hors ASL. Des armes arrivent même de Libye par bateaux, affrétés par un imam de Stockholm, Haytham Rahmé, membre des Frères musulmans.

    Halte à la foire, disent les Etats-Unis. Désormais tout devra passer par le « MOM » [un acronyme du turc qui signifie centre d’opérations militaires], une structure de coordination, hébergée dans les bases militaires du sud de la Turquie, où siègent les principaux parrains des rebelles (Arabie saoudite, Qatar, Turquie, France et Royaume-Uni), sous la baguette de la CIA. Pour faire avaler la pilule aux rebelles, les Etats-Unis leur promettent des armes antichars : les missiles TOW. Ils seront fournis par l’Arabie saoudite et la formation des artilleurs sera faite au Qatar, par des experts américains. Un coup à trois bandes.
    La première brigade de l’ASL à recevoir ces engins, au mois de mars 2014, s’appelle Harakat Hazm. Elle a été fondée au début de l’année par des anciens du bataillon Farouk, les défenseurs de la vieille ville de Homs. Avec les TOW – dont les premières vidéos font sensation sur Internet –, 4 000 hommes répartis entre les provinces d’Idlib, d’Alep et de Hama et un budget mensuel de quelques centaines de milliers de dollars, réglé par l’Oncle Sam, Hazm voit loin : elle aspire à devenir le principal pôle rebelle du nord.

    « Ce n’était pas la priorité de Washington »

    C’est là que se recycle « M. » après le fiasco du SMC. Pendant tout l’été 2014, alors que les hordes de l’Etat islamique proclamé par Abou Bakr Al-Baghdadi déferlent sur Mossoul, en Irak, il travaille à un plan secret, susceptible de bouleverser l’équilibre des forces dans le nord de la Syrie. Il s’agit d’attaquer les positions de l’EIIL du nord au sud de l’axe Azaz-Alep, ce qui compléterait l’offensive du mois de janvier 2014, qui avait déjà permis d’expulser les djihadistes d’Alep. Le Monde a vu les documents soumis aux Américains en préparation de cette offensive, à laquelle d’autres brigades de l’ASL devaient se joindre, comme Jaysh Al-Moudjahidin, basée à Alep.

    Tout était prévu, heure par heure, rue par rue : de l’itinéraire suivi par les assaillants, aux filières de ravitaillement en armes et en essence. Un travail de fourmi nourri par l’armée d’indics de « M ».
    « Dans chacun des villages tenus par Daech, on connaissait le nombre d’hommes armés, l’emplacement de leurs bureaux et de leur planque, on avait localisé les snipers et les mines, on savait où dormait l’émir local, la couleur de sa voiture, et même sa marque. D’un point de vue tactique comme stratégique, on était prêts. »

    Les Américains hésitent, demandent des précisions. Mais le temps presse. Dans la région d’Idlib, le Front Al-Nosra se fait menaçant. Au mois d’août, il s’empare de Harem, dans la région d’Idlib, en y délogeant les hommes du Front des révolutionnaires syriens (FRS), un groupe estampillé ASL et armé par le MOM, commandé par Jamal Maarouf, un ancien ouvrier du bâtiment reconverti en seigneur et profiteur de guerre.

    L’offensive d’Al-Nosra pose un dilemme à Hazm qui connaît la popularité du groupe sur le terrain, non seulement parmi les civils mais aussi dans les rangs des rebelles modérés. « Nous avons sondé nos contacts au Conseil de sécurité national, à Washington, se remémore un consultant syrien, embauché par Hazm. Nous leur avons parlé de combattre le Front Al-Nosra, avant qu’il ne devienne trop fort. Ils ont refusé, en expliquant que ce n’était pas leur priorité. »

    L’urgence, pour la Maison Blanche, est à Kobané. A la mi-septembre 2014, l’EI rentre dans cette bourgade kurde, adossée à la frontière turque. L’aviation américaine, déjà à l’œuvre en Irak, bombarde aussitôt ses colonnes de pick-up. Pendant tout l’automne, l’US Air Force offre aux combattants du YPG, le bras armé du mouvement autonomiste kurde, un soutien aérien massif, qui débouchera sur le retrait des djihadistes, fin janvier 2015. Les membres d’Hazm, qui comme la plupart des révolutionnaires syriens se méfient du YPG, coupables à leurs yeux de collusion avec le régime syrien, observent la bataille avec des sentiments mêlés.

    Car parallèlement, la planification de leur propre offensive contre l’EI s’est enlisée. Beaucoup de réunions dans les palaces turcs et toujours pas de feu vert. « Les Américains rechignaient à nous fournir des images satellites, déplore « M ». Ils disaient aussi que leurs avions ne pourraient pas nous aider une fois les combats avec l’EI commencés. Tout ce qu’ils nous proposaient, c’était de nous débarrasser d’un ou deux obstacles, avant le début de l’offensive. »

    Le Front Al-Nosra ne leur en donnera pas l’occasion. En novembre, il s’empare des QG du FRS et de Hazm dans la province d’Idlib. En quelques semaines, ses combattants balaient leurs rivaux, en qui ils voient une copie conforme des « Sahwa », ces milices sunnites que Washington avait mobilisées en Irak, de 2007 à 2010, pour défaire Al-Qaida. En réaction, Washington suspend son aide militaire et financière aux deux groupes rebelles syriens. Une réunion des chefs de l’ASL est organisée en urgence à Reyhanli, du côté turc de la frontière.
    Dans une atmosphère électrique et enfumée, le chef de Hazm, Hamza Al-Shamali, plaide pour une riposte musclée à Nosra et surtout un engagement à s’entraider, en cas de nouvelle attaque. « Tous les chefs de l’ASL ont dit d’accord en bombant le torse, se rappelle un conseiller de l’opposition syrienne, présent ce jour-là. Mais au bout de quelques minutes, j’en ai vu qui se mettaient déjà à douter. Quand, au mois de janvier, Nosra a attaqué le dernier QG de Hazm à l’ouest d’Alep, personne n’a bougé. La vérité, c’est que Nosra faisait peur à tout le monde. Et que les Américains n’ont pas encouragé leurs autres clients à réagir. »

    Lâchage ? Manipulation ? L’ex-ambassadeur américain Robert Ford, qui n’était plus alors en poste, répond sur un ton clinique. « Les membres de Nosra qui ont défait Hazm ne préparaient pas d’attaque contre des cibles américaines. Ils n’étaient pas une priorité. Et par ailleurs, les Etats-Unis ont toujours été nerveux sur la fiabilité des groupes armés du nord de la Syrie », dit-il en visant implicitement la formation de Jamal Maarouf, accusé de multiples exactions.

    Le fiasco du programme « Train and Equip »

    En Turquie, « M. » fulmine. A la suite d’une ultime rencontre, il coupe les ponts avec ses officiers traitants. « Si nous avions pu aller au bout de notre plan, nous serions considérés aujourd’hui comme les partenaires obligés dans la lutte contre le terrorisme, dit-il. Mais visiblement, quelqu’un ne voulait pas que nous accédions à cette position. »

    « Je ne crois pas aux théories du complot, corrige le consultant d’Hazm, associé de près à la filière CIA. Obama n’est pas interventionniste, c’est comme ça. Il estime que c’est aux Etats du Moyen- Orient de gérer leur chaos. Son seul souci, c’est de parler avec tout le monde. Quant à l’opposition, elle ne peut pas se plaindre. Elle a reçu plein d’armes. Mais elle a fait trop d’erreurs. »

    Sur le terrain, l’épisode de l’automne 2014 a des conséquences dramatiques. De peur de subir le même sort que Hazm et le FRS, les autres leaders de l’ASL se placent plus ou moins sous la tutelle du Front Al-Nosra. Plus possible pour les modérés de prendre des initiatives sans son aval. « Nosra s’est mis à prélever une partie de l’aide humanitaire et militaire qui arrive à l’ASL, accuse Jamal Maarouf, rencontré dans une banlieue du sud de la Turquie, où il vit aux crochets du gouvernement Erdogan. Mais il leur laisse les missiles TOW dont il a besoin pour détruire les tanks du régime. Il sait que s’il s’en empare, les Américains cesseront de les livrer. »

    A l’été 2015, le fiasco du programme « Train and Equip » (« Entraînement et équipement ») qui devait permettre de former des rebelles anti-EI, pousse les conséquences des errements américains dans ce conflit à leur paroxysme. A peine entrés en Syrie, les quelques dizaines d’hommes armés sélectionnés à la va-vite par le Pentagone, sont dépouillés de leurs armes par les combattants du Front Al-Nosra. Parce qu’il interdisait à ses recrues de combattre le régime, le Pentagone n’avait pas jugé bon d’offrir à ses « protégés » une couverture aérienne.

    Depuis la Turquie, « M. » ressasse son amertume. Il voit les Kurdes du YPG, avec lesquels les Etats-Unis collaborent de plus en plus, s’arroger le rôle dont il rêvait. Son ultime travail pour les Américains a consisté à monter un gros rapport sur Rakka, le sanctuaire de l’EI en Syrie. Un document qui comporte l’organigramme local de l’organisation djihadiste, de l’émir jusqu’aux responsables des check points, ainsi que des pages entières de coordonnées GPS. « C’était il y a un an et demi et Rakka est toujours la capitale de Daech », vitupère « M. ».

    Palmyre abandonnée

    Un autre Syrien partage sa colère. Un ancien officier des services de renseignements du régime Assad en rupture de ban, reconverti dans le business au Royaume-Uni, qui sert d’intermédiaire discret à l’ASL. Le Monde l’a rencontré en novembre, dans un hôtel de Gaziantep, pour parler à sa demande de Palmyre. Quelques mois plus tôt, en juin 2015, la célèbre cité antique avait été saisie par les troupes de l’EI, en un raid éclair qui avait stupéfait le monde entier. Une attaque dont les Américains avaient pourtant été prévenus, affirme-t-il.

    « J’étais à Iskanderun [un port turc, non loin de la Syrie]. Des gars à moi à Soukhné [une ville à une centaine de kilomètres à l’est de Palmyre] m’ont appelé pour me dire que des jeeps de l’EI fonçaient vers Palmyre. J’ai alerté la CIA et le Pentagone. La seule réponse que j’ai eue, c’est qu’ils avaient vu eux aussi le départ des convois, mais que leur pilote avait repéré des enfants dans une camionnette. Et les autres véhicules alors ? »

    Cette source n’a pas produit de documents étayant ses propos. Mais ils sonnent juste. « Dans l’opposition, tout le monde savait au moins dix jours à l’avance, que l’EI allait attaquer Palmyre, assure l’ex-consultant d’Hazm. C’est du terrain, plat, désertique, facile à bombarder. Pourquoi les Américains n’ont-ils rien fait ? Cela reste un mystère ». L’analyste Charles Lister n’a pas de réponse non plus. « L’opposition doute depuis longtemps des objectifs des Etats-Unis en Syrie, dit-il. Et il semble que la méfiance existe de l’autre côté aussi. Pourtant l’EI ne pourra jamais être vaincu sans l’aide des Syriens du terrain, autrement dit, l’opposition, majoritairement sunnite et arabe. »

    Dimanche 13 mars, une autre brigade de l’ASL, la Division 13, a été défaite par le Front Al-Nosra dans la ville de Maarat Al-Numan et les villages environnants. Après le FRS et Hazm, c’est un nouveau groupe modéré qui s’incline face aux djihadistes. La série noire continue. Il est minuit moins le quart en Syrie.

  • سامي كليب : أية خلفيات تقف وراء سحب القوات الروسية من سوريا؟ : : الصفحة الرئيسة | جريدة السفير
    http://assafir.com/Article/1/481405

    Sami Kleib, très intéressant sur la décision de Poutine. Pour le moment, je reprends juste la conclusion :

    لا شك أن بوتين فاجأ الجميع بقراره الذي يريد من خلاله تسهيل المفاوضات وكسب الخصوم، لكن لا شك أيضاً أن قراره يعيد فتح الملف السوري على الاحتمالات كافة. يبدو أنه في الوقت الراهن يعطي الأولوية للاتفاق مع أوباما حتى ولو غضب الحلفاء. لاحقاً قد يغير رأيه، خصوصاً إذا ما شعر بأن كل ما قام به لم يغير رأي خصومه وخصوم حلفائه. حين يصبح الحسم العسكري مبرراً حتى ولو أنه صار مستبعداً الآن.

    « Il ne fait pas de doute que Poutine a surpris tout le monde avec une décision qui vise à faciliter les négociations et à briser l’hostilité mutuelle. Il ne fait pas de doute également que cette décision permet de laisser ouvertes toutes les possibilités en ce qui concerne le dossier syrien. Apparemment, il privilégie actuellement un accord avec Obama, même s’il faut pour cela provoquer la colère de ses alliés. Mais il pourrait changer d’avis par la suite s’il s’aperçoit que ce qu’il a fait n’a rien changé du côté de ses adversaires et de leurs alliés. Alors la solution militaire pourrait être justifiée, même si elle paraît lointaine aujourd’hui. »

    #syrie

    • Syrie : Poutine annonce le début du retrait des forces russes
      Par Georges Malbrunot Mis à jour le 15/03/2016
      http://www.lefigaro.fr/international/2016/03/14/01003-20160314ARTFIG00372-syrie-poutine-annonce-le-debut-du-retrait-des-for

      (...) S’agit-il d’une réelle volte-face ou d’un simple retrait tactique, voire d’une pause qui a priori ne devrait pas concerner les groupes classés comme terroristes, Daech et le Front al-Nosra ?

      Selon certaines sources, il s’agirait d’une manœuvre pour permettre aux négociations de Genève de produire de vrais résultats. À travers cette annonce, Moscou chercherait à promouvoir des opposants adoubés par la Russie, c’est-à-dire des Kurdes jusque-là évincés des pourparlers et d’autres, basés eux aussi en Syrie, qui formeraient l’ossature d’un futur gouvernement de transition dont la mise au point est au programme des pourparlers de Genève. Baptisé « Groupe de Khmeïmim » (du nom de la base aérienne russe près de Lattaquié), il comprendrait des « opposants syriens qui n’ont pas pris part à la lutte armée contre le régime d’Assad ». À Moscou, des experts estiment qu’il s’agit de renforcer la position russe dans les négociations sur le futur de la Syrie. Le Kremlin entend ainsi montrer qu’il est prêt à voir « plus loin qu’Assad ou qu’il a un plan B ».

      Une chose est sûre : contrairement à ce qu’affirme Vladimir Poutine, les objectifs de l’intervention militaire russe en Syrie sont loin d’avoir été atteints. Au-delà du sauvetage d’Assad qui paraît acquis, l’un de ces buts de guerre visait à « fermer » la frontière avec la Turquie. Ce qui avait justifié l’intensification des bombardements russes au nord d’Alep, qui avaient ruiné la précédente session de pourparlers à Genève, fin janvier. Or, même si l’armée syrienne et les éléments kurdes ont avancé au nord d’Alep, la frontière avec la Turquie est loin d’avoir été neutralisée. De la même manière, si, grâce à l’intervention russe, l’armée syrienne a repris du terrain au nord de Lattaquié, le fief des Assad, ces gains restent fragiles.(...)

    • Annonce du kremlin : les systèmes de défense anti-aériens (donc, a priori les S-400) restent pour l’instant en Syrie, soit un moyen de pression pour discuter de qui et qui ne peut pas remplir le ciel syrien :
      https://twitter.com/AFP/status/709680477096038400

      Russia to keep advanced air defence systems in Syria : Kremlin

      ou : https://www.lorientlejour.com/article/975622/larmee-russe-maintiendra-en-syrie-ses-systemes-de-defense-antiaerienn

      et :
      https://twitter.com/AFP/status/709689682188181504

      Russian planes to keep striking ’terrorist’ targets : Russian official in Syria

      (twitter AFP)

      Ainsi les bombardements de l’aviation russes sur Da’ich semblent continuer puisqu’on en annonce en ce moment à Palmyre.

    • Dépêche Reuters sur la poursuite des bombardements russes contre Da’ich, malgré le retrait partiel :
      http://news.trust.org/item/20160315104459-zhrdh

      MOSCOW, March 15 (Reuters) - The Russian air force will continue striking targets in Syria linked to Islamic State and other terrorist groups despite a partial withdrawal, the RIA news agency quoted Russian Deputy Defence Minister Nikolai Pankov as saying on Tuesday.

      Pankov was speaking a day after President Vladimir Putin announced that “the main part” of the Russian military contingent in Syria would begin to withdraw.

      “Certain positive results have been achieved. A real chance has emerged to put an end to this long-running standoff,” RIA quoted Pankov as saying at a “mission accomplished” ceremony at Russia’s air base in Hmeymim, Syria.

      “But it is still early to talk about victory over terrorism. The Russian aviation group has the task to continue carrying out strikes on terrorist facilities.” (Reporting by Maria Kiselyova; Writing by Dmitry Solovyov; Editing by Andrew Osborn)

    • L’aviation russe continuera ses frappes contre des objectifs terroristes
      http://www.romandie.com/news/Laviation-russe-continuera-ses-frappes-contre-des-objectifs-terroristes/685566.rom

      Moscou - La Russie poursuivra ses frappes aériennes contre des objectifs terroristes en Syrie malgré le retrait de la majeure partie de son contingent militaire, a déclaré mardi un responsable militaire russe en Syrie.

      Il est trop tôt pour parler de victoire sur les terroristes. L’aviation russe a pour mission de poursuivre ses frappes contre des objectifs terroristes, a déclaré un vice-ministre de la Défense, le général Nikolaï Pankov, cité par les agences de presse russes depuis la base aérienne russe de Hmeimim, dans le nord-ouest de la Syrie.

  • Le régime syrien reprend un fief rebelle avant les pourparlers de Genève - L’Orient-Le Jour
    http://www.lorientlejour.com/article/966875/double-attentat-meurtrier-a-homs-le-regime-reprend-un-bastion-rebelle

    Alliée indéfectible du régime intervenue le 30 septembre dans la guerre en Syrie, la Russie s’est félicitée du fait que son intervention avait permis de « renverser la situation » en faveur des forces gouvernementales.
    « Les actions des forces aériennes russes effectuées à la demande des autorités syriennes ont vraiment aidé à renverser la situation et à réduire l’espace contrôlé par les terroristes », a dit le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov à Moscou, en référence au notamment au Front al-Nosra et au groupe jihadiste Etat islamique (EI).
    Les troupes du régime ont en effet repris l’initiative avec l’aide de l’aviation russe, progressant sur plusieurs fronts, à Lattaquié (nord-ouest), Alep (nord) et à Deraa.

  • En Syrie, vingt chefs rebelles victimes d’assassinats ciblés en un mois - L’Orient-Le Jour
    http://www.lorientlejour.com/article/963495/en-syrie-vingt-chefs-rebelles-victimes-dassassinats-cibles-en-un-mois

    Une série d’assassinats ont ciblé en un mois 20 chefs rebelles islamistes en Syrie dont le dernier en date a coûté la vie mardi à un « émir » dans le centre du pays, a affirmé mercredi une ONG.

    Abou Rateb al-Homsi, commandant pour la région de Homs d’Ahrar al-Cham, le plus important groupe islamiste du pays, a été abattu par des hommes armés alors qu’il circulait en voiture, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme Al-Homsi est le plus important responsable tué dans une série de liquidation ayant visé principalement des cadres du Front al-Nosra, branche syrienne d’el-Qaëda et d’Ahrar al-Cham, principaux adversaires du régime et des extrémistes de l’Etat islamique (EI).

    « Les assassinats se sont multipliés depuis début décembre mais personne ne sait qui les a commis », a noté le directeur de l’OSDH Rami Abdel Rahmane.
    Les 20 commandants ont perdu la vie par des bombes placées sur le bord de la route, des mines ou par des armes automatiques mais personne n’a revendiqué ces meurtres. Parmi les victimes figurent sept responsables du Front al-Nosra, qui est très présent dans le nord et le sud du pays ainsi que dans la banlieue de Damas, selon M. Abdel Rahmane.

  • L’EI évacue le sud de Damas - L’Orient-Le Jour
    http://www.lorientlejour.com/article/961986/lei-evacue-le-sud-de-damas.html

    Environ 4.000 personnes, jihadistes et civils, doivent évacuer samedi trois quartiers du sud de la capitale syrienne, au lendemain de la mort d’un puissant chef rebelle dans un raid aérien revendiqué par l’armée.

    Ce départ doit avoir lieu en vertu d’un accord inédit du régime et des représentants de la population locale, sur le départ de jihadistes du groupe Etat islamique (EI), du Front al-Nosra et de civils, du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk et des quartiers voisins de Qadam et de Hajar al-Aswad. Ces trois quartiers connaissent une profonde dégradation des conditions de vie, causée par le siège imposé par l’armée depuis 2013, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
    Il s’agit du premier accord de ce genre impliquant l’EI. Quatre tentatives d’évacuation similaires avaient par le passé échoué, selon une source gouvernementale.

    L’initiative intervient alors qu’un raid aérien revendiqué par l’armée, a tué vendredi Zahrane Allouche, le chef de Jaich al-Islam (Armée de l’Islam), principal groupe rebelle de la région de Damas. Sa mort porte un coup sévère à l’insurrection et aux négociations entre régime et opposants censées débuter dans un mois selon les experts.

  • Bachar Al-Assad et les girouettes françaises (décembre 2015)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/12/A/54364

    En 2005, le président Jacques Chirac avait rompu toute relation avec le régime syrien après l’attentat contre le premier ministre libanais Rafic Hariri. Son successeur Nicolas Sarkozy invite M. Bachar Al-Assad à l’Elysée : « Vous avez bien compris que nous entamons de nouvelles relations. Pas pour quelques jours, pas pour quelques semaines : des relations structurelles, stratégiques » (12 juillet 2008). 

    A la suite des révoltes arabes, le ministre des affaires étrangères Alain Juppé marque le changement de cap : « La France a dit, la première, que Bachar Al-Assad devait quitter le pouvoir » (27 août 2011).

    Le 13 novembre 2012, M. François Hollande demande la levée de l’embargo afin de pouvoir livrer des armes à l’opposition. « La France reconnaît la Coalition nationale syrienne comme la seule représentante du peuple syrien et donc comme le futur gouvernement provisoire de la Syrie démocratique. »

    Fin août 2013, Paris se retrouve seul à vouloir bombarder les troupes de M. Al-Assad. Pendant trois ans, le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius a défendu une position extrême, allant jusqu’à critiquer la décision américaine de placer le Front Al-Nosra sur la liste des organisations terroristes : « Parce que, sur le terrain, ils font du bon boulot » (13 décembre 2012).

    Quand, le 28 septembre 2015, le président russe Vladimir Poutine propose une coalition devant l’Assemblée générale des Nations unies, le président français lui répond à la même tribune : « Bachar Al-Assad est à l’origine du problème ; il ne peut pas faire partie de la solution. »

    Mais il change radicalement de position le 16 novembre, devant le Congrès réuni à Versailles, après les tueries de Paris : « Aujourd’hui, il faut plus de frappes — nous en faisons —, plus de soutien à tous ceux qui se battent contre Daech — nous l’apportons, nous, la France —, mais il faut un rassemblement de tous ceux qui peuvent réellement lutter contre cette armée terroriste dans le cadre d’une grande et unique coalition — c’est ce à quoi nous travaillons. » [#st]

    http://zinc.mondediplo.net/messages/13773 via Le Monde diplomatique

  • Les militaires otages du Front al-Nosra retrouvent enfin la liberté - L’Orient-Le Jour
    http://www.lorientlejour.com/article/957449/militaires-otages-lapplication-de-laccord-avec-al-nosra-a-commence-af

    Quinze mois après leur capture en août 2014, durant la bataille de Ersal (Békaa), les militaires libanais otages du Front al-Nosra ont été libérés dans le cadre d’un accord entre le groupe jihadiste et les autorités libanaises. L’échange des militaires contre 13 détenus au Liban s’est déroulé dans le jurd de Ersal, à la frontière de la Syrie.

    « Les efforts de la Sûreté générale, sous la direction du général Abbas Ibrahim, mandaté par le gouvernement, ont été couronnés de succès avec la libération mardi de seize militaires qui étaient retenus par le Front al-Nosra dans le jurd de Ersal », a annoncé la SG dans un communiqué.

    Les soldats de l’armée libanaise libérés sont : Georges Khoury, Rayane Salam, et Nahi Abou Kalfouni. Les agents des Forces de sécurité intérieure (FSI) sont : Pierre Geagea, Ihab al-Atrache, Sleiman Dirani, Maymoun Jaber, Ahmad Abbas, Waël Hommos, Ziad Omar, Mohammad Taleb, Lameh Mzahem, Abbas Mchayk, Maher Fayad, Georges Khazzaka et Rawad Abou Darhamayn.

  • Les militaires otages du Front al-Nosra retrouvent enfin la liberté
    http://www.lorientlejour.com/article/957449/militaires-otages-lapplication-de-laccord-avec-al-nosra-a-commence-af

    Quinze mois après leur capture en août 2014, durant la bataille de Ersal (Békaa), les militaires libanais otages du Front al-Nosra ont été libérés dans le cadre d’un accord entre le groupe jihadiste et les autorités libanaises. L’échange des militaires contre 13 détenus au Liban s’est déroulé dans le jurd de Ersal, à la frontière de la Syrie.

  • Crise syrienne. La feuille de route se précise, des écueils persistent
    http://magazine.com.lb/index.php/fr/component/k2/item/13973-crise-syrienne-la-feuille-de-route-se-pr%C3%A9cise-des-%C3%A9cuei

    Il semble, en effet, qu’une feuille de route ait été établie, avec un calendrier précis, dans l’objectif de mener à une sortie de crise en Syrie, via une transition politique. Ainsi, au terme de la réunion, on apprenait dans le communiqué final que les participants « ont affirmé leur soutien à un cessez-le-feu et à un processus mené par les Syriens pour établir d’ici six mois (…) un calendrier pour rédiger une nouvelle Constitution ». « Des élections libres et équitables auraient lieu conformément à cette nouvelle Constitution d’ici dix-huit mois », indique également le texte. Par ailleurs, les dix-sept pays participants se sont entendus sur « la nécessité de réunir le gouvernement syrien et des représentants de l’opposition pour des négociations formelles, sous les auspices de l’Onu, dès que possible, avec l’objectif du 1er janvier ». Une quatrième réunion est, d’ores et déjà, prévue d’ici un mois pour faire un point sur les progressions. Côté européen, l’optimisme était, semble-t-il, de mise. « Ça a encore l’air utopique », a ainsi commenté le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, « mais nous avons toutes les puissances autour de la table ». Même son de cloche de la part de la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, qui a qualifié la réunion de « très bonne », estimant qu’un « processus peut définitivement commencer ». Pour autant, la question épineuse du devenir de Bachar el-Assad n’est toujours pas réglée. « Nous avons toujours des divergences concernant ce qu’il doit advenir de Bachar el-Assad », a admis le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, à l’issue de la réunion. Les Occidentaux, la Turquie et les pays arabes sunnites, Arabie saouditeen tête, exigeaient que le texte prévoit un calendrier pour sa mise à l’écart. Une demande rejetée, comme il fallait s’y attendre, par la Russie et l’Iran. « Nous avons insisté sur le fait que seule la personne de Bachar el-Assad pouvait déciderde se représenterou pas aux élections et seul le peuple syrien pouvait décider de voterou pas pour lui », a souligné dimanche le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian. Côté occidental, on argue que « la transition politique permettra de montrerque le maintien de Bachar el-Assad n’est pas possible. Les rebelles modérés n’accepteront le cessez-le-feu que si une perspective de changement est proposée », selon une source diplomatique.

    • Une autre « question [au moins aussi] épineuse », abordée par l’article de « Magazine » : les pays du Golfe veulent permettre à des groupes « djihadistes » de faire partie d’un futur gouvernement syrien et que l’ONU range le Hezbollah dans sa liste de groupes terroristes,

      En attendant, l’émissaire onusien pour la Syrie, Staffan de Mistura, a été chargé d’obtenir un cessez-le-feu entre les forces du régime syrien et l’opposition. Reste à savoir de quelle opposition il s’agit. Pour cela, la Jordanie a été chargée de « coordonner une liste commune de groupes terroristes » sous l’égide des Nations unies, afin qu’une autre liste de groupes, appartenant à l’opposition et susceptible de participer à la transition politique, puisse être définie. Autant dire que ce point risque de créer de nombreuses tensions entre les pays réunis à Vienne.

      Dans l’immédiat, en effet, seuls l’Etat islamique et la franchise syrienne d’al-Qaïda en Syrie, le Front al-Nosra, sont reconnus comme des groupes terroristes par l’Onu. Alors que le régime syrien, ainsi que ses alliés iraniens et russes, qualifient de « terroristes » la plupart des groupes de l’opposition. Les tensions devraient se cristalliser autour des groupes ouvertement jihadistes et salafistes, comme Ahrar el-Cham et Jaich el-Islam, qui sont soutenus militairement et financièrement par les pays du Golfe et la Turquie. A contrario, les monarchies du Golfe et les Etats sunnites de la région ont appelé au placement sur la liste des groupes terroristes des milices chiites soutenues par l’Iran, comme le Hezbollah. La Résistance libanaise, qui combat ouvertement en Syrie aux côtés du régime, est déjà considérée comme terroriste par l’Union européenne et par le Département américain, alors que la Russie a déclaré, via son vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, qu’elle « ne considérait pas le Hezbollah comme une organisation terroriste ».

      Le responsable russe a noté que des membres de l’aile politique du groupe terroriste chiite ont été légalement élus au Parlement libanais, et que l’organisation, qu’il a qualifiée de force « sociopolitique légitime » n’avait jamais effectué des attaques sur le sol russe. Ces divergences de vues des différents participants de Vienne risquent de compliquer l’obtention d’un consensus.

  • Interdiction de frapper #Al-Qaïda pour les pilotes de la coalition US
    http://fr.sputniknews.com/international/20151008/1018677266/Syrie-coalition-interdiction-AlQaida.html

    « La Turquie (membre de l’Otan), l’Arabie saoudite et le Qatar (alliés et clients des Etats-Unis et de la France) arment et financent cette Armée de la Conquête », une force « dirigée par le Front Al-Nosra (branche syrienne d’Al-Qaïda) », écrit le Canard.

    « Les pilotes américains et alliés ont, voilà plus d’un an, reçu l’ordre de ne jamais balancer le moindre missile sur ces héritiers de Ben Laden. Une interdiction encore valable aujourd’hui », poursuit le journal célèbre pour ses révélations.