person:nikos pappas

  • Les propositions de Varoufakis qui menaient à l’échec CADTM - 11 août 2017 - Eric Toussaint

    Dans son dernier livre Adults in the Room, Yanis Varoufakis donne sa version des raisons qui ont conduit à la capitulation honteuse du gouvernement Tsipras en juillet 2015. Il analyse essentiellement la période 2009-2015 tout en faisant des incursions dans des époques plus lointaines.
    Avec ce livre volumineux (550 pages dans la version originale en anglais), Yanis Varoufakis démontre qu’il est un grand narrateur. Il réussit par moment à émouvoir le lecteur. Son style direct permet de suivre de manière vivante le cours des évènements.


    Ce premier article porte sur les 4 premiers chapitres d’un livre qui en compte 17. Il concerne les propositions que faisaient Varoufakis avant de participer au gouvernement en janvier 2015.

    De la démonstration faite par l’auteur, on peut clairement conclure que son comportement et l’orientation politico-économique qu’il a défendue ont contribué à conduire au désastre. En effet, Yanis Varoufakis revendique clairement un rôle de premier plan dans l’élaboration de la stratégie qu’a adoptée avant la victoire électorale de janvier 2015 une poignée de dirigeants de Syriza : Alexis Tsipras, Yanis Dragasakis, Nikkos Pappas essentiellement.

    Varoufakis ne plaide pas coupable : il est convaincu que si Tsipras avait réellement appliqué l’orientation qu’il lui a proposée et que Tsipras a acceptée à la fin 2014, cela n’aurait pas débouché sur une défaite pour le peuple grec.
    Mais, contrairement à la conviction de Varoufakis, une lecture attentive de son livre aboutit à la conclusion qu’il a contribué à la défaite. . . . . . . . . . . . .

    La suite : http://www.cadtm.org/Les-propositions-de-Varoufakis-qui

    Le récit discutable de Varoufakis des origines de la crise grecque et ses étonnantes relations avec la classe politique CADTM - 17 août 2017 - Eric Toussaint

    Dans son dernier livre Adults in the Room, Yanis Varoufakis donne sa version des raisons qui ont conduit à la capitulation honteuse du gouvernement Tsipras en juillet 2015. Il analyse essentiellement la période 2009-2015 tout en faisant des incursions dans des époques plus lointaines.

    Dans un premier article au sujet de ce livre, j’ai analysé de manière critique les propositions faites par Varoufakis avant de participer au gouvernement de Tsipras en janvier 2015, en montrant qu’elles menaient à l’échec. Ce deuxième article porte notamment sur les liens entretenus par Yanis Varoufakis avec la classe politique dirigeante grecque (tant le PASOK historiquement lié à la social-démocratie, que le parti conservateur Nouvelle Démocratie) depuis plusieurs années.


    Yanis Varoufakis met l’accent à plusieurs reprises sur le large éventail de ses relations dans le milieu politique grec. Il insiste sur son amitié passée avec Yanis Stournaras (l’actuel directeur de la banque centrale de la Grèce, allié de Draghi et des banquiers privés grecs et étrangers), sur ses bons rapports en 2009 avec Georges Papandréou (qui a mis en œuvre la politique conduisant au premier mémorandum), sur ses relations avec Antonis Samaras (qui a dirigé le gouvernement grec après le deuxième mémorandum) et il consacre une partie importante des 4 premiers chapitres du livre à relater la construction de rapports étroits de collaboration et à certains moments de complicité avec 3 dirigeants de Syriza. Il s’agit d’Alexis Tsipras (qui a conduit le peuple grec au troisième mémorandum), Nikos Pappas (l’alter ego de Tsipras, devenu ministre d’État dans le gouvernement Tsipras I) auquel s’est ajouté, en cours de route, Yanis Dragasakis (avant que celui-ci devienne vice-premier ministre des gouvernements Tsipras I et II). Dans cette deuxième partie, je vais aborder le récit du début de la crise grecque ainsi que les relations de Varoufakis avec la classe politique traditionnelle grecque.

    Varoufakis relate de manière très discutable l’enchaînement des événements qui ont conduit à l’imposition du premier mémorandum de mai 2010. Tout en s’en défendant, il conforte la narration officielle selon laquelle la cause de la crise réside dans l’incapacité de l’État grec à faire face à la dette publique. Bien qu’il dénonce l’état lamentable dans lequel les banques privées grecques s’étaient placées |1|, il met l’accent sur l’incapacité de l’État grec à faire face à la situation et déclare que celui-ci aurait dû se déclarer en faillite. Il écarte la possibilité qui était “offerte” à l’État de refuser d’assumer les pertes des banques. Son raisonnement sur la faillite de l’État grec tient au fait que, selon lui, le passif (=les dettes) des banques privées était, qu’on le veuille ou non, à charge de l’État. Le passif des banques privées était tellement élevé que l’État grec était incapable d’y faire face. Pourtant, à différents moments de l’histoire, des États ont refusé d’assumer les pertes des banques privées. L’Islande l’a fait à partir de 2008 lors de l’effondrement de son secteur bancaire privé et s’en est très bien tirée. Elle a su faire face victorieusement aux menaces de la Grande-Bretagne et des Pays-Bas |2|.

    Il ne suffit pas de dire que la Grèce n’est pas l’Islande, il ne suffit pas d’affirmer que la Grèce fait partie de la zone euro et devait y rester pour mettre fin au débat. Varoufakis adopte une attitude en réalité conservatrice du point de vue économique et social. Il dénonce les banquiers grecs mais la solution qu’il a proposée à Alexis Tsipras à partir de juin 2012 consistait à transférer la propriété des banques grecques à l’Union européenne |3|. . . . . . . . .
    La suite : http://www.cadtm.org/Le-recit-discutable-de-Varoufakis

    Comment Tsipras, avec le concours de Varoufakis, a tourné le dos au programme de Syriza CADTM - 31 août 2017 - Eric Toussaint

    Yanis Varoufakis fait remonter à 2011 sa collaboration avec Alexis Tsipras et son alter ego, Nikos Pappas. Cette collaboration s’élargit progressivement, à partir de 2013, à Yanis Dragasakis (qui est devenu, en 2015, vice-premier ministre). Une constante dans les rapports entre Varoufakis et Tsipras : Yanis Varoufakis plaide en permanence pour modifier l’orientation adoptée par Syriza. Varoufakis affirme que Tsipras-Pappas-Dragasakis veulent eux-mêmes clairement adopter une orientation différente, nettement plus modérée, de celle décidée par leur parti.

    La narration faite par Varoufakis ne manque pas de piment. À travers son témoignage, on voit comment, à des étapes très importantes, des choix sont faits dans le dos de Syriza au mépris des principes démocratiques élémentaires.


    Varoufakis s’attribue un rôle central et, en effet, il a exercé une influence sur la ligne adoptée par le trio Tsipras-Pappas-Dragasakis. Il est également certain que Tsipras et Pappas ont cherché à construire, en dehors de Syriza, des rapports plus ou moins étroits avec des personnes et des institutions afin de mettre en pratique une politique qui s’est éloignée de plus en plus de l’orientation que Syriza avait faite sienne. Varoufakis n’est pas la seule personne à avoir été contactée mais effectivement, à un moment donné, Tsipras et Pappas ont considéré qu’il était l’homme de la situation pour aller négocier avec les institutions européennes et le FMI.

    Début 2011, premiers contacts de Varoufakis avec Tsipras et Pappas
    Varoufakis décrit sa première rencontre avec Alexis Tsipras et Nikos Pappas début 2011. Pappas lui avait donné rendez-vous dans un petit hôtel restaurant proche du local de Syriza.

    • « Quand je suis arrivé à l’hôtel, Alexis et Pappas étaient déjà en train de commander leur déjeuner. Alexis avait une voix chaleureuse, un sourire sincère et la poignée de main d’un éventuel ami. Pappas avait un regard plus illuminé et une voix plus haute. […] Il était évident qu’il avait l’oreille du jeune prince et qu’il lui servait à la fois de guide, de frein et d’aiguillon, une impression que j’aurai toujours au fil des années tumultueuses qui suivraient : deux jeunes hommes du même âge mais de tempéraments différents, qui agissaient et pensaient comme un seul homme. |1| »
    Varoufakis explique que Tsipras hésitait sur l’orientation à prendre quant à une sortie éventuelle de la zone euro.
    • « Depuis 2011, Syriza était déchiré par les divisions internes face au problème : fallait-il officiellement soutenir le Grexit (quitter la zone euro, mais pas nécessairement l’Union européenne) ? Je trouvais l’attitude d’Alexis face à la question à la fois cavalière et immature. Son objectif était de maîtriser les tendances rivales au sein de son parti plus que de se faire une opinion claire et personnelle. À en juger par les regards complices de Pappas, il était évident qu’il partageait mon point de vue. Il comptait sur moi pour l’aider à empêcher le leader du parti de jongler avec l’idée du Grexit.
    • J’ai fait de mon mieux pour impressionner Alexis et le convaincre que viser le Grexit était une erreur aussi grave que de ne pas s’y préparer du tout. J’ai reproché à Syriza de s’engager à la légère (…). »

    Tsipras a soumis à Varoufakis l’idée de menacer les dirigeants européens d’une sortie de la Grèce de la zone euro, en cas de refus de leur part de remettre en cause la politique mémorandaire. Varoufakis lui a répondu qu’il éviter de sortir de la zone euro car il était possible par la négociation d’obtenir une solution favorable à la Grèce, notamment une nouvelle restructuration de sa dette.

    Tsipras a répliqué que des économistes renommés, comme Paul Krugman, affirmaient que la Grèce irait bien mieux sans l’euro.

    Varoufakis poursuit son récit : « Je lui ai répondu qu’on irait bien mieux si on n’était jamais entrés dans la zone euro, mais ne pas y être entrés était une chose, en sortir était une autre. […] Pour le persuader d’abandonner ce raisonnement paresseux, je lui ai fait le tableau de ce qui nous attendait en cas de Grexit. Contrairement à l’Argentine qui avait renoncé à la parité entre le peso et le dollar, la Grèce n’avait pas de pièces ni de billets à elle en circulation. » Pour le convaincre, Varoufakis fait observer à Tsipras que : « Créer une nouvelle monnaie demande des mois. »

    En réalité cet argument qui a été utilisé à de multiples reprises par Varoufakis et d’autres opposants à la sortie de l’euro n’est pas solide. En effet, il était possible d’adopter une nouvelle monnaie en utilisant les billets en euro après les avoir estampillés. Les distributeurs automatiques des banques auraient délivré des billets en euro qui auraient été préalablement marqués d’un sceau. C’est notamment ce que James Galbraith a expliqué dans une lettre à son ami Varoufakis en juillet 2015 |2|.
    En réalité, ce que souhaite Varoufakis, c’est convaincre Tsipras qu’il est possible de rester dans la zone euro tout en rompant avec la politique anti sociale appliquée jusque-là :
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    La suite : http://www.cadtm.org/Comment-Tsipras-avec-le-concours

    #Grèce #euro #crise-grecque organisée #union-européenne #banque #alexis-tsipras #yanis-varoufakis #mémorandum #pillage

  • entre nos mains (ces jours-ci dans les rues d’Athènes)

    {échos d’un débat avec Eric Noiré entamé à l’occasion du discours prononcé par Alexis Tsipras devant l’Assemblée nationale grecque, le 5 juin 2015, débat qui peut être suivi ici : http://blogs.mediapart.fr/blog/dimitris-alexakis/080615/discours-d-alexis-tsipras-premier-ministre-grec-devant-l-assemblee-n et là : http://blogs.mediapart.fr/blog/dimitris-alexakis/120615/entre-nos-mains-ces-jours-ci-dans-les-rues-d-athenes}

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    « trahison », « récupération »

    Le gouvernement grec peut et doit être critiqué par ceux-mêmes qui l’ont porté au pouvoir ― la Présidente de l’Assemblée, Zoé Konstantopoulou, ne s’est pas privée de contester les choix effectués par Alexis Tsipras et Nikos Pappas concernant les nominations à la tête de la radio-télédiffusion publique, ERT, qui recommence ces jours-ci d’émettre sous ce nom, l’organisation de jeunesse de Syriza vient de demander la démission de Yannis Panoussis, ministre de la « Protection du citoyen » ( sic ) et les relations du gouvernement grec avec l’État d’Israël sont fortement contestées au sein du parti au pouvoir ― faire usage de son sens critique, faire entendre sa voix est cependant tout autre chose que de faire une croix sur ce qui demeure comme la seule perspective actuelle, en Grèce, et comme la première tentative européenne de contestation des politiques d’austérité au niveau politique ; l’économiste marxiste et député de Syriza Costas Lapavitsas ne s’y est pas trompé, qui réaffirme l’importance des élections du 25 janvier au début d’un billet récent dans lequel il n’épargne pas, par ailleurs, les propositions adressées aux créanciers par le gouvernement grec (http://costaslapavitsas.blogspot.gr). Parler au stade où nous en sommes de « trahison » ou de « récupération » revient à occulter la véritable guerre à laquelle le gouvernement grec et les classes populaires grecques sont soumis depuis les élections du 25 janvier et la décision prise le 18 février par la BCE de restreindre l’émission des bons du Trésor pour la Grèce.

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    « socialisme(s) »

    Si je ne parle pas de « socialisme » mais de « contestation des politiques d’austérité » c’est que je n’oublie pas que Syriza est un parti parlementaire ― le seul en mesure d’ouvrir aujourd’hui en Grèce une brèche dans le mur des politiques néo-libérales ― et que l’événement du 25 janvier demeure essentiellement un événement électoral ― et non, qu’on le veuille ou non, le produit de luttes sociales massives qui seraient parvenues, par exemple, à immobiliser l’économie du pays comme ont pu le faire les grèves de 1936 ou de 1968 en France ― voire à s’emparer des moyens de production, comme le mouvement ouvrier hongrois de 1956. J’écris « qu’on le veuille ou non » pour signaler que cela n’a dans une certaine mesure pas eu lieu ― pas eu lieu avec l’intensité qui permettrait de parler de « processus révolutionnaire ».

    De très nombreuses luttes ont eu lieu au cours de ces dernières années en Grèce, nous avons vécu une longue grève générale et plusieurs tentatives de réquisition ouvrière des moyens de production (Vio.me) et de création de circuits de production parallèles (marchés agricoles sans intermédiaires), mais l’arrivée au pouvoir de Syriza, indissociable de ces mobilisations, doit à mon sens être interprétée à la lumière d’un certain repli et d’une certaine fatigue des mouvements sociaux dans la période qui a immédiatement précédé le scrutin.

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    passer le relais, reprendre le relais

    L’interprétation du vote en faveur de Syriza comme un vote de délégation faisant fond sur un repli (provisoire ?) des luttes sociales est fortement confirmée par l’absence notable de véritable mobilisation (mais surtout peut-être par la difficulté à imaginer quelles pourraient être les voies d’une telle mobilisation dans la situation du rapport de forces inédit avec les créanciers) dans les mois qui ont suivi les élections et jusqu’à aujourd’hui. On peut imaginer que des mobilisations directement liées à la production, à la réquisition des terres et des moyens de production et répondant aux besoins immédiats (occupation populaire de terrains militaires transformés en « jardins ouvriers » autogérés, par exemple, selon le modèle mis en pratique dans la banlieue de Thessalonique et répondant à la question cruciale de l’autosuffisance alimentaire) auraient été plus efficaces, plus pertinentes dans le contexte de l’arrivée au pouvoir de Syriza que de décréter, par exemple, une grève générale ― dans une économie déjà immobilisée et détruite par les politiques néo-libérales. (Et on pourrait presque dire que la situation qui prévaut depuis quatre ou cinq ans ici, loin d’être une situation de grève générale est à l’inverse une situation de lock-out généralisé et étendu sur une très longue période.) Mais le fait est que, pour le moment, nous n’en sommes pas là et que le « soulèvement populaire », ces jours-ci dans les rues d’Athènes, est plus une invocation sur les affiches d’Antarsya (1) qu’une réalité sociale ou qu’un sentiment partagé.

    Il y a à ce niveau un blocage assez net, un effet de délégation électorale et de sidération (nous sommes en partie devenus les spectateurs de la négociation en cours) qui ne favorise pas la mobilisation ― et en parlant de mobilisation j’entends beaucoup plus des formes de production, d’appropriation de moyens de production et de lieux de vie que les formes souvent encadrées et bureaucratiques de la manifestation et de la grève.

    Le fait que l’espace politique ouvert par Syriza ne puisse pour l’heure être identifié au « socialisme » (singulier de majesté qui devrait être pluralisé et redéfini à partir des expériences de luttes, de production et de vie concrètes qui se sont faites jour au cours de ces dernières années, en Grèce, en France et ailleurs) ne signifie pas pour autant qu’il doive être automatiquement confondu avec le champ social-démocrate (que beaucoup ont évidemment à l’esprit mais dont le schéma aveugle plus d’un observateur ― tellement pressé d’anticiper sur la trahison forcément en préparation qu’il rate les spécificités et les possibilités de la situation présente). Si Syriza n’est pas « le socialisme », il vaut certainement la peine de réfléchir à ce qu’il est à partir du constat de la mort de la social-démocratie ― et sans perdre le sens des possibles. (LE socialisme n’existe pas.)

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    « contradictions »

    Notre chance, la spécificité de la situation grecque actuelle, ce sont les mouvements sociaux apparus au cours de la période précédente mais aussi les contradictions de Syriza : le fait que ce parti ne constitue pas (encore ?) une forme bureaucratique figée, fossile, définitivement centralisée, le fait qu’il demeure encore poreux aux mouvements sociaux, aux luttes et aux processus collectifs de réponse à la crise et à la réorganisation néo-libérale ― une réorganisation qui s’opère dans le cas de la Grèce par le vide, la table rase, la déstructuration de la production et une mise au chômage massive.

    Si la réponse apportée à l’ensemble de cette séquence historique (faillite de l’État grec, crise économique, politique des mémorandums, renversement de l’Ancien Régime tenu durant une quarantaine d’années par les deux partis traditionnels et processus de négociation avec les créanciers) demeure « entre les mains » de Syriza et / ou de l’exécutif, on aura alors toutes les raisons de redouter un repositionnement du noyau dur gouvernemental et du parti (concentration des décisions par le « premier cercle » autour du Premier ministre + injonction à la discipline de parti) au centre de l’espace politique, à la faveur d’un accord permettant au pays d’échapper à la faillite, avec l’appui des « classes moyennes » (pour dire vite, car cette catégorie commode demanderait certainement à être redéfinie), comme je l’avais indiqué dans un billet récent (https://oulaviesauvage.wordpress.com/2015/05/19/grece-soyons-pessimistes-demandons-limpossible).

    Si j’écris cela c’est bien sûr qu’il existe déjà plusieurs signes avant-coureurs d’une telle évolution, notamment en ce qui concerne les formes d’exercice de la politique et de l’autorité, les voies de la prise de décision ; les tensions internes autour de la nouvelle direction d’ERT, des déclarations du ministre de la Protection du Citoyen ou d’Israël auxquelles je faisais référence plus haut en sont indicatives. Il existe aussi, heureusement, de nombreux signes contraires, non seulement en provenance de la Plateforme de Gauche mais aussi de la part de la Présidente de l’Assemblée, assez isolée, ou du groupe « 53+ ».

    Syriza n’est pas (encore) un parti classique, soumis à l’exécutif par la discipline de parti et dont le rôle se réduirait à n’être qu’une « chambre d’enregistrement » de décisions prises en haut lieu. Si les luttes sociales continuent à faire défaut, il le deviendra sûrement. La réponse dépend en grande part de la reprise de l’initiative populaire ― plus sur le terrain de la production de richesses (réquisitionner des terrains à cultiver et des structures industrielles, les exploiter à notre intérêt) que sur celui de la protestation politique (manifester contre le gouvernement) ; la réponse aux créanciers n’est pas seulement entre les mains du gouvernement ou du « parti de la gauche radicale » mais entre nos mains.

    Dimitris Alexakis
    https://oulaviesauvage.wordpress.com
    Athènes, vendredi 12 juin 2015

    (1) Antarsya : parti à la gauche de Syriza, partisan de la rupture et de la sortie de l’euro.

  • « En attendant les hordes de grands buveurs de bière... »
    (Grèce / revue de presse du 31 mai 2015)

    Mais à présent, qu’allons-nous devenir sans barbares ? / Ces gens-là, écrivait en substance le grand poète grec Constantin Cavafis, c’était quand même une solution...
    Non sans ironie, l’économiste Paul Krugman associe le salut des Grecs en cas de #sortie_de_l'euro et de dévaluation externe au déferlement de hordes de « grands buveurs de bières britanniques » :
    http://mobile.agoravox.fr/actualites/europe/article/paul-krugman-le-vrai-risque-pour-167882

    Rappel à la discipline de parti sur fond d’accord en vue (et de « concessions douloureuses » et/ou de « compromis honorable ») avec les #créanciers : Nikos Pappas (ministre en charge de l’audiovisuel et bras-droit d’Alexis #Tsipras) accentue ses critiques contre la présidente de l’Assemblée nationale, Zoe #Konstantopoulou, trop indépendante selon la fraction majoritaire/gouvernementale du parti au pouvoir et sans doute trop soucieuse aux yeux de ces derniers de défendre (depuis un « perchoir » hautement politisé après son entrée en fonction) le respect des engagements initiaux du #gouvernement_grec (la charge contre Z. K. alimente depuis quelques semaines plusieurs articles de la presse de gauche proche de N. Pappas) : http://www.thepressproject.gr/article/77577/Austiro-minuma-tou-Nikou-Pappa-pros-diafonountes

    A Bruxelles, les pourparlers sur l’économie grecque semblent s’accélérer dans le cadre du Brussels Group. Questions sur la table : système fiscal, régimes de retraites, fonctionnement de la Justice, des marchés, du système bancaire – entre autres. Un accord au niveau des « équipes techniques » du Groupe de Bruxelles paraît « possible », selon des sources proches des négociateurs grecs. Les entretiens se poursuivront vraisemblablement ce lundi, tant au niveau des équipes techniques qu’à celui des responsables politiques.
    http://tvxs.gr/news/eyropi-eop/epitaxynontai-oi-diaboyleyseis-sto-brussels-group

    Après l’entretien de jeudi dernier (en marge de la rencontre au sommet de Riga), une vidéoconférence est prévue ce soir (dimanche 31 mai) entre A. Tsipras, A. #Merkel et F. #Hollande :
    http://tvxs.gr/news/ellada/tilediaskepsi-tsipra-me-merkel-kai-olant-simera-brady
    Cf. aussi :
    http://itgenial.it/articoli/2015/04/01/1386853-crisi-grecia-stathakis-accordo-entro-settimana-prossima-tv

    Le ministre des Finances grec, Yanis #Varoufakis, est vertement critiqué par plusieurs des responsables de Syriza (dont Dimitris #Papadimoulis, député européen et l’une des voix les plus écoutées du parti de gauche radicale) pour avoir nommé Elena Panariti (ancienne membre du #PASOK, ayant travaillé avec l’ancien Premier ministre Giorgos Papandréou) au poste de représentante de la Grèce au #FMI :
    http://en.enikos.gr/politics/29799,Syriza-upheaval-intensifies-over-Greeces-new-IMF-representative.html
    http://tvxs.gr/news/ellada/skies-metaksy-maksimoy-%E2%80%93-baroyfaki-logo-panariti

    Yanis Varoufakis dément les rumeurs concernant sa démission imminente – sans exclure le fait qu’elle pourrait intervenir à un stade ultérieur :
    http://tvxs.gr/news/ellada/ti-apanta-o-baroyfakis-sta-peri-paraitisis-toy

    « La question des #privatisations en cours constitue un objet de négociation pour le gouvernement, qui s’efforce de promouvoir des changements importants dans les clauses de l’accord, changements susceptibles de garantir l’intérêt public », a déclaré depuis Chania (île de Crète) le ministre grec de l’Économie Giorgos Stathakis, qui a rencontré des représentants de l’administration et du personnel de l’aéroport local. Le président du syndicat des employés s’est déclaré opposé au programme de privatisation des aéroports régionaux.
    A propos de la privatisation du port de #Pirée comme de celle des 14 aéroports régionaux, projets lancés lors de la législature précédente, G. Stathakis a indiqué que le gouvernement s’efforçait d’obtenir de meilleures conditions (plus favorables à l’intérêt public) que celles qu’avait obtenues le gouvernement précédent.
    Le même déclare au « Corriere Della Serra » que la signature de l’accord avec les créanciers n’est plus qu’une question de jours.
    (A ce sujet lire aussi :
    http://www.reuters.com/article/2015/05/30/eurozone-greece-voutsis-idUSL5N0YL02S20150530

    Pour une lecture de la philosophie qui semble guider en l’occurrence le gouvernement grec, cf. mon billet du 19 mai : « L’une des questions posées par cette réorientation est de savoir si cette « mutualisation » hypothétique des bénéfices est une pure vue de l’esprit, un artifice idéologique ou une réalité possible — et, dans ce dernier cas, s’il ne s’agirait pas simplement, dans le contexte spécifique de la faillite achevée de l’État grec et de la reconnaissance d’une #dette insoutenable, de la poursuite, par des moyens assez peu différents, des politiques néolibérales. »
    https://oulaviesauvage.wordpress.com/2015/05/19/grece-soyons-pessimistes-demandons-limpossible