person:pierre-andré taguieff

  • Nouvelle-Zélande : à Christchurch, un attentat islamophobe – International | L’Opinion
    https://www.lopinion.fr/edition/international/nouvelle-zelande-a-christchurch-attentat-islamophobe-181024

    Lorsque, le 27 octobre 2018, un extrémiste de droite tue 11 personnes dans une synagogue de Pittsburgh (Etats-Unis), la France avait condamné, par un tweet d’Emmanuel Macron, « un acte odieux d’antisémitisme ». Vendredi matin, après l’attaque terroriste contre deux mosquées de Christchurch (Nouvelle-Zélande), la France, via un communiqué du Quai d’Orsay, condamne un « odieux attentat ». Sans plus. Ce n’est pas suffisant.

    En France, le mot islamophobie suscite, il est vrai, polémiques et malaises. L’intellectuel Pierre-André Taguieff y voit par exemple « un mot qui tue », Pascal Bruckner « un racisme imaginaire », alors qu’Élisabeth Badinter assure qu’« il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d’islamophobe » en critiquant l’islam.

  • Lettre à Alain Finkielkraut, par Dominique EDDE (L’Orient-Le Jour), via @mona
    https://www.lorientlejour.com/article/1160808/lettre-a-alain-finkielkraut.html

    Cher Alain Finkielkraut, je vous demande et je demande aux responsables politiques de ne pas minorer ces petites victoires du bon sens sur la bêtise, de la banalité du bien sur la banalité du mal. Préférez les vrais adversaires qui vous parlent aux faux amis qui vous plaignent. Aidez-nous à vous aider dans le combat contre l’antisémitisme : ne le confinez pas au recours permanent à l’injonction, l’intimidation, la mise en demeure. Ceux qui se font traiter d’antisémites sans l’être ne sont pas moins insultés que vous. Ne tranchez pas à si bon compte dans le vécu de ceux qui ont une autre représentation du monde que vous. Si antisionisme n’est plus un mot adapté, donnez-nous-en un qui soit à la mesure de l’occupation, de la confiscation des terres et des maisons par Israël, et nous vous rendrons celui-ci. Il est vrai que beaucoup d’entre nous ont renoncé à parler. Mais ne faites pas confiance au silence quand il n’est qu’une absence provisoire de bruit. Un mutisme obligé peut accoucher de monstres. Je vous propose pour finir ce proverbe igbo : « Le monde est comme un masque qui danse : pour bien le voir, il ne faut pas rester au même endroit. »

    • Lettre à Alain #Finkielkraut - Dominique EDDE - L’Orient-Le Jour

      En général avec Finkielkraut ou BHL, je préfère quand on les ignore tant leur pensée est totalement oblitérée, mais la lettre de Dominique Edde est tellement belle (Merci @mona de me l’avoir fait connaître sur twitter) que ça méritait d’être dûment référencé ici, voire discuté. Je vous encourage chaudement à la lire avec attention.

      Morceaux choisis :

      « Vous êtes parti sans faire de place à ma colère. »

      « votre intelligence est décidément mieux disposée à se faire entendre qu’à entendre l’autre. »

      « nous sommes défaits. Oui, le monde arabe est mort. Oui, tous les pays de la région, où je vis, sont morcelés, en miettes. Oui, la résistance palestinienne a échoué. Oui, la plupart desdites révolutions arabes ont été confisquées. Mais le souvenir n’appartient pas que je sache au seul camp du pouvoir, du vainqueur. Il n’est pas encore interdit de penser quand on est à genoux. »

      « Ne faites pas confiance au silence quand il n’est qu’une absence provisoire de bruit. Un mutisme obligé peut accoucher de monstres. Je vous propose pour finir ce proverbe igbo : « Le monde est comme un masque qui danse : pour bien le voir, il ne faut pas rester au même endroit. »

      l’islam salafiste, notre ennemi commun et, pour des raisons d’expérience, le mien avant d’être le vôtre, vous a-t-il fait plus d’une fois confondre deux milliards de musulmans et une culture millénaire avec un livre, un verset, un slogan. Pour vous, le temps s’est arrêté au moment où le nazisme a décapité l’humanité.

      #antisémitisme #anisionisme #israël #palstine #occupation #démolition #colonisation #liban #humanité #extrémisme

    • Oui, le monde arabe est mort. Oui, tous les pays de la région, où je vis, sont morcelés, en miettes. Oui, la résistance palestinienne a échoué. Oui, la plupart desdites révolutions arabes ont été confisquées. Mais le souvenir n’appartient pas que je sache au seul camp du pouvoir, du vainqueur. Il n’est pas encore interdit de penser quand on est à genoux.

    • @val_k

      Cher Alain Finkielkraut,

      Permettez-moi de commencer par vous dire « salamtak », le mot qui s’emploie en arabe pour souhaiter le meilleur à qui échappe à un accident ou, dans votre cas, une agression. La violence et la haine qui vous ont été infligées ne m’ont pas seulement indignée, elles m’ont fait mal. Parviendrais-je, dans cette situation, à trouver les mots qui vous diront simultanément ma solidarité et le fond de ma pensée ? Je vais essayer. Car, en m’adressant à vous, je m’adresse aussi, à travers vous, à ceux qui ont envie de paix.

      Peut-être vous souvenez-vous. Nous nous sommes connus au début des années 1980 à Paris, aux éditions du Seuil, et soigneusement évités depuis. Lors de l’invasion du Liban par Israël, vous n’aviez pas supporté de m’entendre dire qu’un immeuble s’était effondré comme un château de cartes sous le coup d’une bombe à fragmentation israélienne. Cette vérité-là blessait trop la vôtre pour se frayer un chemin. C’est l’arrivée impromptue dans le bureau où nous nous trouvions, de l’historien israélien Saul Friedländer, qui permit de rétablir la vérité. Il connaissait les faits. J’ai respiré. Vous êtes parti sans faire de place à ma colère. Il n’y avait de place, en vous, que pour la vôtre. Durant les décennies qui ont suivi, le syndrome s’est accentué. Vous aviez beau aimer Levinas, penseur par excellence de l’altérité, il vous devenait de plus en plus difficile, voire impossible, de céder le moindre pouce de territoire à celle ou celui que vous ressentiez comme une menace. Cette mesure d’étanchéité, parfaitement compréhensible compte tenu de l’histoire qui est la vôtre, n’eût posé aucun problème si elle ne s’était transformée en croisade intellectuelle. Cette façon que vous avez de vous mettre dans tous vos états pour peu que survienne un désaccord n’a cessé de m’inspirer, chaque fois que je vous écoute, l’empathie et l’exaspération. L’empathie, car je vous sais sincère, l’exaspération, car votre intelligence est décidément mieux disposée à se faire entendre qu’à entendre l’autre.

      Le plus clair de vos raisonnements est de manière récurrente rattrapé en chemin par votre allergie à ce qui est de nature à le ralentir, à lui faire de l’ombre. Ainsi, l’islam salafiste, notre ennemi commun et, pour des raisons d’expérience, le mien avant d’être le vôtre, vous a-t-il fait plus d’une fois confondre deux milliards de musulmans et une culture millénaire avec un livre, un verset, un slogan. Pour vous, le temps s’est arrêté au moment où le nazisme a décapité l’humanité. Il n’y avait plus d’avenir et de chemin possible que dans l’antériorité. Dans le retour à une civilisation telle qu’un Européen pouvait la rêver avant la catastrophe. Cela, j’ai d’autant moins de mal à le comprendre que j’ai la même nostalgie que vous des chantiers intellectuels du début du siècle dernier. Mais vous vous êtes autorisé cette fusion de la nostalgie et de la pensée qui, au prix de la lucidité, met la seconde au service de la première. Plus inquiétant, vous avez renoncé dans ce « monde d’hier » à ce qu’il avait de plus réjouissant : son cosmopolitisme, son mélange. Les couleurs, les langues, les visages, les mémoires qui, venues d’ailleurs, polluent le monde que vous regrettez, sont assignées par vous à disparaître ou à se faire oublier. Vous dites que deux menaces pèsent sur la France : la judéophobie et la francophobie. Pourquoi refusez-vous obstinément d’inscrire l’islamophobie dans la liste de vos inquiétudes ? Ce n’est pas faire de la place à l’islamisme que d’en faire aux musulmans. C’est même le contraire. À ne vouloir, à ne pouvoir partager votre malaise avec celui d’un nombre considérable de musulmans français, vous faites ce que le sionisme a fait à ses débuts, lorsqu’il a prétendu que la terre d’Israël était « une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Vous niez une partie de la réalité pour en faire exister une autre. Sans prendre la peine de vous représenter, au passage, la frustration, la rage muette de ceux qui, dans vos propos, passent à la trappe.

      Vous avez cédé à ce contre quoi Canetti nous avait brillamment mis en garde avec Masse et puissance. Vous avez développé la « phobie du contact » à partir de laquelle une communauté, repliée comme un poing fermé, se met en position de défense aveugle, n’a plus d’yeux pour voir hors d’elle-même. Cette posture typique d’une certaine politique israélienne, et non de la pensée juive, constitue, entre autre et au-delà de votre cas, la crispation qui rend impossible l’invention de la paix. C’est d’autant plus dommage qu’il y a fort à parier que le monde dont vous portez le deuil est très proche de celui d’un nombre considérable de gens qui vivent en pays arabes sous la coupe de régimes mafieux et/ou islamistes. Pourquoi ceux-là comptent-ils si peu pour vous ? Pourquoi préférez-vous mettre le paquet sur vos ennemis déclarés que donner leur chance à de potentiels amis ? Le renoncement à l’idéal, dont j’évoque longuement la nécessité dans mon dernier livre sur Edward Said, est un pas que vous ne voulez pas franchir. J’entends par idéal la projection de soi promue au rang de projet collectif. Or, le seul rêve politique qui vaille, on peut aussi l’appeler utopie, c’est celui qui prend acte de la réalité et se propose d’en tirer le meilleur et non de la mettre au pas d’un fantasme. C’est précisément le contraire de l’idéal en circuit fermé qui fonctionne sur le mode d’une fixation infantile et nous fait brusquement découvrir, à la faveur d’une mauvaise rencontre, qu’il nourrit la haine de ceux qui n’ont pas les moyens de ne pas haïr. Cet homme qui vous a injurié a tout injurié d’un coup : votre personne, les Juifs et ceux que cette ignominie écœure. Il ne suffit toutefois pas de le dire pour le combattre et moins encore pour épuiser le sujet. À cet égard, je vous remercie d’avoir précisé à la radio que l’antisémitisme et l’antisionisme ne pouvaient être confondus d’un trait.

      Peut-être aurez-vous l’oreille du pouvoir en leur faisant savoir qu’ils ne cloueront pas le bec des opposants au régime israélien en clouant le bec des enragés. On a trop l’habitude en France de prendre les mots et les esprits en otage, de privilégier l’affect au mépris de la raison chaque fois qu’est évoquée la question d’Israël et de la Palestine. On nous demande à présent de reconnaître, sans broncher, que l’antisémitisme et l’antisionisme sont des synonymes. Que l’on commence par nous dire ce que l’on entend par sionisme et donc par antisionisme. Si antisioniste signifie être contre l’existence d’Israël, je ne suis pas antisioniste. Si cela signifie, en revanche, être contre un État d’Israël, strictement juif, tel que le veulent Netanyahu et bien d’autres, alors oui, je le suis. Tout comme je suis contre toute purification ethnique. Mandela était-il antisémite au prétexte qu’il défendait des droits égaux pour les Palestiniens et les Israéliens ? L’antisémitisme et le négationnisme sont des plaies contre lesquelles je n’ai cessé de me battre comme bien d’autres intellectuels arabes. Que l’on ne nous demande pas à présent d’entériner un autre négationnisme – celui qui liquide notre mémoire – du seul fait que nous sommes défaits. Oui, le monde arabe est mort. Oui, tous les pays de la région, où je vis, sont morcelés, en miettes. Oui, la résistance palestinienne a échoué. Oui, la plupart desdites révolutions arabes ont été confisquées. Mais le souvenir n’appartient pas que je sache au seul camp du pouvoir, du vainqueur. Il n’est pas encore interdit de penser quand on est à genoux.

      Un dernier mot avant de vous quitter. Je travaille au Liban avec des femmes exilées par la guerre, de Syrie, de Palestine, d’Irak. Elles sont brodeuses. Quelques-unes sont chrétiennes, la plupart musulmanes. Parmi ces dernières, trois ont perdu un fils. Toutes sont pratiquantes. Dieu est pour ainsi dire leur seul recours, leur seule raison de vivre. Réunies autour d’une grande table, sur laquelle était posée une toile de chanvre, nous étions une douzaine à dessiner un cargo transportant un pays. Chacune y mettait un morceau du sien. L’une un tapis, l’autre une porte, une colonne romaine, un champ d’olivier, une roue à eau, un coin de mer, un village du bord de l’Euphrate. Le moment venu d’introduire ou pas un lieu de culte, la personne qui dirigeait l’atelier a souhaité qu’il n’y en ait pas. Face à la perplexité générale, il a été proposé que ces lieux, s’il devait y en avoir, soient discrets. À la suggestion d’ajouter une synagogue, l’une des femmes a aussitôt réagi par ces mots : « S’il y a une église et une mosquée, il faut mettre une synagogue pour que chacun puisse aller prier là où il veut. Et elle a ajouté avec le vocabulaire dont elle disposait : « Nous ne sommes pas antisémites, nous sommes antisionistes. » Toutes ont approuvé, faisant valoir que « dans le temps », tout ce monde-là vivait ensemble.

      Cher Alain Finkielkraut, je vous demande et je demande aux responsables politiques de ne pas minorer ces petites victoires du bon sens sur la bêtise, de la banalité du bien sur la banalité du mal. Préférez les vrais adversaires qui vous parlent aux faux amis qui vous plaignent. Aidez-nous à vous aider dans le combat contre l’antisémitisme : ne le confinez pas au recours permanent à l’injonction, l’intimidation, la mise en demeure. Ceux qui se font traiter d’antisémites sans l’être ne sont pas moins insultés que vous. Ne tranchez pas à si bon compte dans le vécu de ceux qui ont une autre représentation du monde que vous. Si antisionisme n’est plus un mot adapté, donnez-nous-en un qui soit à la mesure de l’occupation, de la confiscation des terres et des maisons par Israël, et nous vous rendrons celui-ci. Il est vrai que beaucoup d’entre nous ont renoncé à parler. Mais ne faites pas confiance au silence quand il n’est qu’une absence provisoire de bruit. Un mutisme obligé peut accoucher de monstres. Je vous propose pour finir ce proverbe igbo : « Le monde est comme un masque qui danse : pour bien le voir, il ne faut pas rester au même endroit. »

      Dominique EDDÉ est romancière et essayiste. Dernier ouvrage : « Edward Said. Le roman de sa pensée » (La Fabrique, 2017).

      –—
      Note de l’auteure

      Rédigée le 23 février dernier, cette lettre à Alain Finkielkraut a été acceptée par le journal Le Monde qui demandait qu’elle lui soit « réservée », puis elle a été recalée, sans préavis, 9 jours plus tard alors qu’elle était en route pour l’impression.

      L’article qui, en revanche, sera publié sans contrepoids ce même jour, le 5 mars, était signé par le sociologue Pierre-André Taguieff. Survol historique de la question du sionisme, de l’antisionisme et de « la diabolisation de l’État juif », il accomplit le tour de force de vider le passé et le présent de toute référence à la Palestine et aux Palestiniens. N’existe à ses yeux qu’un État juif innocent mis en péril par le Hamas. Quelques mois plus tôt, un article du sociologue Dany Trom (publié dans la revue en ligne AOC) dressait, lui aussi, un long bilan des 70 ans d’Israël, sans qu’y soient cités une seule fois, pas même par erreur, les Palestiniens.

      Cette nouvelle vague de négationnisme par omission ressemble étrangement à celle qui en 1948 installait le sionisme sur le principe d’une terre inhabitée. Derrière ce manque d’altérité ou cette manière de disposer, à sens unique, du passé et de la mémoire, se joue une partie très dangereuse. Elle est à l’origine de ma décision d’écrire cette lettre. Si j’ai choisi, après le curieux revirement du Monde, de solliciter L’Orient-Le Jour plutôt qu’un autre média français, c’est que le moment est sans doute venu pour moi de prendre la parole sur ces questions à partir du lieu qui est le mien et qui me permet de rappeler au passage que s’y trouvent par centaines de milliers les réfugiés palestiniens, victimes de 1948 et de 1967.

      Alors que j’écris ces lignes, j’apprends qu’a eu lieu, cette semaine, un défilé antisémite en Belgique, dans le cadre d’un carnaval à Alost. On peine à croire que la haine et la bêtise puissent franchir de telles bornes. On peine aussi à trouver les mots qui tiennent tous les bouts. Je ne cesserai, pour ma part, d’essayer de me battre avec le peu de moyens dont je dispose contre la haine des Juifs et le négationnisme, contre le fanatisme islamiste et les dictatures, contre la politique coloniale israélienne. De tels efforts s’avèrent de plus en plus dérisoires tant la brutalité ou la surdité ont partout des longueurs d’avance.

      Que les choses soient claires : l’antisémitisme n’est pas, de mon point de vue, un racisme comme un autre. Il est le mal qui signe la limite irrationnelle de l’humain dans notre humanité. Le combattre de toutes nos forces n’est pas affaiblir la Palestine, c’est la renforcer. Alerter un certain milieu intellectuel et politique sur les dangers d’une mémoire sioniste exclusive, c’est l’alerter sur la grave injustice qu’elle signifie, mais aussi sur le désastreux effet d’huile sur le feu antisémite que peut produire cette occultation de l’autre.

      D.E.

    • Et aussi

      Note de l’auteure

      Rédigée le 23 février dernier, cette lettre à Alain Finkielkraut a été acceptée par le journal Le Monde qui demandait qu’elle lui soit « réservée », puis elle a été recalée, sans préavis, 9 jours plus tard alors qu’elle était en route pour l’impression.

      L’article qui, en revanche, sera publié sans contrepoids ce même jour, le 5 mars, était signé par le sociologue Pierre-André Taguieff. Survol historique de la question du sionisme, de l’antisionisme et de « la diabolisation de l’État juif », il accomplit le tour de force de vider le passé et le présent de toute référence à la Palestine et aux Palestiniens. N’existe à ses yeux qu’un État juif innocent mis en péril par le Hamas. Quelques mois plus tôt, un article du sociologue Dany Trom (publié dans la revue en ligne AOC) dressait, lui aussi, un long bilan des 70 ans d’Israël, sans qu’y soient cités une seule fois, pas même par erreur, les Palestiniens.


      #le_monde

    • @touti : quand tu préconises Tor, c’est « Tor Browser » ou le réseau Tor ? J’ai pas encore osé me lancer dans ce truc car ça m’a l’air complexe.
      Sinon, j’utilise un service qui fournit des accès à des VPN, ce qui me permet de « délocaliser » mon IP, d’anonymiser mes connections et d’en crypter le contenu. Ça s’appelle « Cyberghost » et c’est payant aussi, mais bon ...

    • Oui TOR browser, et ça utilise le réseau TOR, faut arrêter d’avoir peur (les médias dominants ont bien travaillé avec le dark web, raaaa bouououuoouh TOR c’est le mal) , c’est aussi simple que n’importe quel navigateur.

    • Euh ... En fait, c’est pas le darquouèbe qui me fout les jetons, c’est la complexité technique du bouzin. Faudra que je teste sur une vieille machine sous Linux.
      Sinon, à propos de Cyberghost, un peu de doc ici même :
      https://www.tomsguide.com/us/cyberghost-vpn,review-4458.html

      Mais si j’arrive à maîtriser Tor (et son « brouteur »), j’abandonne derechef mon service payant. (Désolé @monolecte d’avoir squatté ton post avec mes angoisses techniques.)

    • Non mais ya rien à faire, tu ouvres TorBrowser et c’est fini. C’est juste un Firefox pré-configuré pour passer par Tor. Dès que tu l’allumes il fait un chemin au hasard dans les nœuds Tor, et du coup c’est comme si tu faisais ta requête depuis ailleurs (mais le nœud sortant est aussi en France). À tout moment t’as une entrée de menu « rouvrir avec un autre chemin » si tu veux le changer.

  • Comment la gauche israélienne et le Camp de la paix perpétuent l’occupation
    Armelle Laborie & Eyal Sivan, Etat d’Exception, le 2 octobre 2018
    http://www.etatdexception.net/quest-ce-que-la-gauche-israelienne-et-le-camp-de-la-paix

    À l’étranger, le Camp de la paix bénéficie d’un important réseau de soutien. En France par exemple, le comité de parrainage de La Paix maintenant compte des personnalités aussi pacifistes et prestigieuses qu’Élisabeth Badinter, Alain Finkielkraut, Élisabeth de Fontenay ou Pierre-André Taguieff.

    Bien plus que les atteintes aux libertés des Palestiniens, ce sont en fait leurs propres libertés que défendent les représentants de la gauche sioniste et qui mobilisent leurs amis à l’étranger. Le traitement que réserve l’État israélien au Camp de la paix devient le baromètre du niveau de la démocratie israélienne et c’est à la mesure des privilèges dont bénéficie ce groupe particulier qu’est évalué l’état du pays tout entier.

    Rappel : les fameux « israéliens juifs de gauche » dont on parle beaucoup, ne constituent que 7% des israéliens juifs
    https://seenthis.net/messages/701083

    #Palestine #BDS #boycott #sionisme de « #gauche »

  • Pourquoi le NPA refuse-t-il de répondre ? Michel Collon - 30 Août 2018 - Investigaction

    https://www.investigaction.net/fr/pourquoi-le-npa-refuse-t-il-de-repondre

    Texte de la lettre adressée en mars par Michel Collon à la direction du NPA et restée sans réponse. Sur son site, le NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste français) publie un ramassis de calomnies signé Ornella Guyet contre Michel Collon, fondateur et directeur du site Investig’Action. Or, cette pseudo-journaliste s’est aussi acharnée contre Jeremy Corbyn, François Ruffin, Pierre Carles, Frédéric Lordon, Alain Gresh, Noam Chomsky… Toute ressemblance avec les campagnes de diabolisation menée par le lobby sioniste… n’est pas fortuite. Le NPA répondra-t-il enfin ?

    Au comité national dirigeant le NPA,

    Bonjour,

    Vous diffusez sur votre site un article fort long[1] qui me calomnie sur base de rumeurs, ragots et déformations. Vous m’accusez d’ « imposture journalistique », de « mercantilisme » et de complicité avec des dictatures. Vous me prêtez des amitiés avec des gens que je ne fréquente pas ou que je dénonce.

    L’auteur de ce torchon, véritable degré zéro du journalisme, s’appelle Ornella Guyet. J’y ai relevé 70 erreurs factuelles, fautes journalistiques grossières ou calomnies pures et simples. Si vous en doutez, je suis prêt à en discuter avec vous. Je me limiterai ici à vous poser cinq questions :

    Comptez-vous publier aussi les articles dans lesquels Ornella Guyet a agressé et calomnié d’autres progressistes : Jeremy Corbyn, François Ruffin, Pierre Carles, Frédéric Lordon, Hervé Kempf, Alain Gresh et Noam Chomsky ?

    Savez-vous que Guyet a répandu ses calomnies sous divers pseudonymes, destinés à faire croire qu’il s’agissait d’un mouvement d’opinion et non d’une seule personne ? Savez-vous qui finance toute cette activité ?

    Savez-vous que la source primaire de Guyet est le site Conspiracy Watch, tenu par Rudy Reichstadt, proche de Bernard Henri-Lévy ? Ce site se nourrit en permanence du théoricien islamophobe Pierre-André Taguieff et recopie les pires délires des néocons islamophobes US : Daniel Pipes, Norman Podhoretz et le site d’extrême droite MEMRI. Comment expliquez-vous que les critiques d’Ornella Guyet épargnent les Etats-Unis, Israël et leurs alliés des pétromonarchies réactionnaires ?

    Savez-vous que le travail « journalistique » de cette personne a été sévèrement critiqué par Le Monde Diplomatique, Acrimed et d’autres groupes ? Savez-vous qu’elle a toujours refusé tout débat public ? Parce que manifestement elle se sait incapable de répondre aux critiques sur ses méthodes tendancieuses, et a d’ailleurs fini par arrêter l’activité de son site.

    Sur votre site, vous affirmez « avoir reçu cette contribution » de Guyet et « la publier bien volontiers ». Mais d’après elle[2] c’est vous qui lui auriez commandé ce torchon. Qui dit vrai ?

    Beaucoup de gens me demandent comment il est possible qu’une organisation de gauche reprenne de telles calomnies. Et je vous le demande à mon tour. Votre publication me cause du tort ainsi qu’à toute l’équipe de jeunes journalistes d’Investig’Action qui travaille dur contre la pensée dominante et la désinformation. Héberger ce ramassis de mensonges alors qu’Investig’Action est déjà la cible des néocons, du lobby pro-Israël et de certains journalistes chiens de garde, qui répandent les mêmes attaques que Guyet, cela vous place dans un curieux voisinage, non ?

    Je vous demande donc de retirer cet article et d’en informer vos lecteurs. Je me tiens à votre disposition si vous souhaitez des éclaircissements quant aux accusations que cette personne porte contre moi. Si vous refusez, je vous demande d’en débattre publiquement avec moi.

    Je n’ai aucun problème avec le fait qu’on critique mes analyses en échangeant des arguments politiques. J’estime même que la gauche française devrait davantage discuter sereinement ses divergences. On reste trop entre soi. Mais remplacer ce débat par des insultes et calomnies, en recopiant les attaques de nos ennemis de classe, me semble le contraire du véritable débat politique et un signe de faiblesse.

    Bien à vous
    Michel Collon
    Investig’Action – Bruxelles

    Notes :

    [1] http://tantquillefaudra.org/debats/article/michel-collon-un-militant-de-la-347

    [2] « Le NPA, dont la Commission nationale anti-fasciste (Cnaf) m’a commandé il y a plusieurs mois… un dossier sur Michel Collon, qui a été l’article le plus abouti que j’ai publié à ce jour à son sujet. » http://www.confusionnisme.info/index.php/2015/10/05/le-martyre-de-saint-michel

    #ornella_guyet #NPA #Michel_Collon #Jeremy_Corbyn #François_Ruffin #Pierre_Carles #Frédéric_Lordon #Alain_Gresh #Noam_Chomsky #calomnies #information #débat #conspiracy_watch #rudy_reichstadt #bernard_henri-lévy #BHL #pierre-andré_taguieff #daniel_pipes #norman_Podhoretz #MEMRI

    • Pétition pour la réouverture immédiate du carnet Russeurope, par Jacques Sapir
      Pour une science ouverte à la liberté d’expression des chercheurs.
      Demande de réouverture du Carnet en ligne de Jacques Sapir

      https://www.change.org/p/marin-dacos-demande-de-r%C3%A9ouverture-du-carnet-en-ligne-de-jacques-sapir?

      Le 26 septembre 2017, les responsables de la plateforme Hypotheses.org et de OpenEdition décidaient de suspendre le carnet de recherche (blog) de Jacques Sapir, Russeurope.

      Cette décision, que de nombreux juristes considèrent comme sans fondements et arbitraire, a immédiatement suscité une grande émotion dans le monde universitaire et au-delà. Cette décision met en cause le principe de la liberté des chercheurs.
      Elle s’avère contradictoire avec le fait que ces chercheurs, et en particulier dans les sciences humaines et sociales, sont directement et immédiatement insérés dans l’espace politique. Enfin, cette mesure est de nature à porter un immense préjudice aux institutions de recherches en France, et à les déconsidérer aux yeux des chercheurs étrangers.
      Des protestations très nombreuses ont été envoyées à M. Marin Dacos, responsable d’Hypotheses.org ainsi qu’à son supérieur au Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, M. Alain Beretz. Pour l’instant, M. Marin Dacos se refuse de répondre.

      Cette pétition sera remise à Marin Dacos, OpenEdition

      Premiers signataires
      *M. Denis Alland, Professeur en Droit Public, Université de Panthéon-Assas (Paris-2)

      *Bernard Cassen, Professeur émérite d’Anglais à l’Université de Paris-8.

      *David Cayla (Maître de Conférences en économie à l’université d’Angers).

      *Franck Collard, Professeur d’Histoire Médiévale à Paris-Ouest (Paris-10, Nanterre)

      *Daniel Bachet, Professeur des Universités, Sociologie, Université Paris-Saclay

      *Michel Bergès, Professeur de Sciences Politiques, Université de Bordeaux

      *Olivier Berruyer, actuaire et blogueur (Lescrises.fr)

      *Bernard Bourdin, Professeur à l’Institut Catholique de Paris, Historien des idées, philosophe politique.

      *Coralie Delaume, écrivain et blogueur (l-arene-nue.blogspot.fr)

      *Eric Desmons, Professeur de Droit Public, Université de Paris-XIII

      *Marcel Gaucher, Directeur d’études (retraité) à l’EHESS, Philosophe.

      *Jacques Généreux, économiste, maitre de conférences des Universités, professeur à l’IEPP – Sciences Po.

      *Jacques A. Gilbert, Professeur de Littérature comparée, Université de Nantes

      *Brigitte Granville, Professor of International Economics and Economic Policy, Chevalier des Palmes Academiques, Fellow of The Higher Education Academy (FHEA), School of Business and Management, Queen Mary University of London

      *Alain Guery, Directeur de recherche au CNRS, Historien.

      *Éric Guichard, Philosophe de l’internet et du numérique, Enssib-Ens, Ancien Directeur de programme au Collège international de philosophie

      *Annie Lacroix-Riz, professeur émérite d’histoire contemporaine, université Paris 7.

      *Dominique Lecourt, Philosophe, professeur émérite des universités, ancien recteur d’académie, président d’honneur des Presses Universitaires de France.

      *Laurent Loty, Historien des imaginaires et des idées scientifiques et politiques au CNRS, Président d’honneur de la Société Française pour l’Histoire des Sciences de l’Homme

      *Roseline Letteron, Professeur des Universités, professeur de Droit à Paris-Sorbonne.

      *Laurent Loti, Chargé de recherche au Centre d’Étude de la Langue et des Littératures Françaises (CNRS—Université Paris-Sorbonne)

      *Jérôme Maucourant, Maître de conférences (HDR) en sciences économique à l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne

      *Laurent Pinsolle, blogueur (gaullistelibre.com)

      *Nicolas Pons-Vignon, Senior researcher in development economics, University of the Witwatersrand, Afrique du Sud

      *Benedetto Ponti, professeur de Droit administratif au département de Science Politique de l’Université de Perugia, professeur de droit des médias numériques.

      *Bertrand Renouvin, Journaliste et écrivain.

      *Stéphane Rials, professeur de relations internationales et de philosophie politique à Panthéon-Assas (Paris 2).

      *Claude Roddier, Professeur des universités, retraitée depuis 2001. Professeur d’astronomie à l’université Aix-Marseille

      *François Roddier, Professeur des universités, retraité depuis 2001. Directeur du département d’Astrophysique de l’Université de Nice

      *Antoni Soy, Honorary Professor of Applied Economy, University of Barcelona. Former Deputy Minister of Industry and Business, Government of Catalonia. Former Mayor of Argentona

      *Serge Sur, Professeur émérite à l’Université Panthéon-Assas (Paris 2)

      *Pierre-André Taguieff, philosophe et historien des idées, directeur de recherche au CNRS

      *Véronique Taquin, écrivain, normalienne et agrégée de Lettres modernes, professeur de chaire supérieure en khâgne au lycée Condorcet.

      *Bruno Tinel, économiste, Maître de conférences, HDR, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

      *Michèle Tribalat, démographe

      *Jérôme Valluy, Maître de Conférences (HDR) de Sciences Politiques à Paris-1

      *Alain Venturini, archiviste-paléographe, conservateur général du patrimoine, directeur des Archives départementales de l’Aveyron

  • Macron au microscope
    http://www.dedefensa.org/article/macron-au-microscope

    Macron au microscope

    Nous nous sommes permis d’emprunter cette interview de Pierre-André Taguieff, par Alexandre Devecchio de Figaro-Vox, le 15 septembre 2017 parce que l’appréciation de Taguieff nous semble correspondre à une analyse tout à fait raisonnable et développée par un regard critique et extrêmement ferme, avec des jugements tranchants qui correspondent parfaitement à l’événement de Macron devenu président. C’est dire qu’il s’agit moins de mettre en cause une personne en tant que telle (Macron) que cette personne dans la représentation qu’on a faite d’elle et à laquelle elle s’est prêtée sans la moindre restriction (Macron-président).

    Macron est ce qu’il est en tant que personnalité propre et ce n’est pas là ce qui est en cause, – et peut-être est-ce d’ailleurs l’un des nœuds les plus serrés du (...)

  • Inquiétant le Ministère de la vérité inspirée par Najat Belkacem a crée un programme "d’hyigène mental", à l’éducation des "bons médias" face aux "médias alternatifs" ou russes accusés de véhiculer des fake news ou intox :http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1388914-theorie-du-complot-intox-j-eduque-mes-eleves-a-discerner-l
    http://www.ac-grenoble.fr/ien.cluses/spip.php?article583
    Mme Rose Farinella-Elkabbach explique son travail qui ressemble à du "bourrage de crâne" étant donné le succès des médias alternatifs face à la baisse importante des ventes de journaux, médias dominants subventionnés de surcroit.
    http://www.zdnet.fr/blogs/digital-home-revolution/tv-les-jeunes-une-veritable-menace-pour-l-avenir-des-cha-nes-39817774.htm
    C’est très politique selon moi et qu’en pense les parents ? ou est la laicité si on politise ces cours d’hygiène mentale comme ils les appellent. Un des commenteurs dit ceci ;
    ""On découvre pourtant des conspirations tous les jours.

    Hier encore, Sarko nous disait qu’il attaquait Khadafi pour protéger le peuple lybien des actes de son dictateur.
    Aujourd’hui, nous apprenons des mail d’Hillary Clinton que le petit homme n’a provoqué la guerre que pour des raisons économiques et militaires, que BHL était à la manœuvre avec la DGSE.
    Les "conspirationnistes" ne sont pas surpris et attendent la nouvelle qui annoncera qu’il a aussi voulu éliminer un créancier gênant.

    Alors, le doute n’est-il pas nécessaire ?""

    Un nouveau délit le complotisme ?? Un réaction d’un blog
    http://stopmensonges.com/manipulation-des-enfants-a-lecole-par-les-medias-officiels-de-propaga
    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/06/A/53082
    Tentative de politisation des élèves au prétexte de lutter contre de méchants complotistes. Il va falloir que les parents agissent avant de se retrouver en ex-Urss ou Allemagne nazie ?? http://www.clemi.fr
    Les mêmes qui voulaient ré-éduquer les "je suis pas Charlie" comme le disant Mme de Saint-Criq ..
    ""Il y a ensuite une catégorie « Rumeurs et théories du complot » où l’on y découvre des liens vers de nombreux articles qui sont donc conseillés par ce CLEMI et qui présentent grosso modo le bagage « intellectuel » à avoir avant de se lancer avec sa classe dans un débat sur les médias.

    Dieudonné est évoqué directement sur le site mais E&R est aussi indirectement cité via des liens.

    Voici quelques perles trouvées dans les liens vers lesquels ce site de propagande renvoie :

    « Un exposé à faire sur l’égalité, et la première ressource proposée par votre moteur de recherche est le site "Égalité et Réconciliation". Pour l’instant, les robots des moteurs de recherche se contrefichent de la qualité ou de la validité d’une information. »

    « ...sans compter que si 20% des élèves croient à la théorie du complot, on ne connaît pas la proportion de profs qui y croient aussi. Il est vrai que tous les enseignants ne sont pas à l’aise avec Internet... »

    « Le "complot judéo-maçonnique" s’est transformé à la fin du XXe siècle en "complot américano-sioniste". Aujourd’hui, l’imaginaire politique du monde musulman, dans toutes ses composantes, en est saturé. »

    « La Fabrique du web » propose un démontage des manipulations de Dieudonné ou un « kit de détection des foutaises ».

    Parmi les auteurs des articles on retrouve parfois Pierre-André Taguieff ou Rose-Marie Farinella Elkabbach Danger l’école doit être protégée du monde politique et des manipulations politiciennes. Laicité en danger ..
    http://www.lectoro.com/index.php?action=search&ytq=Ep03%20L%E2%80%99Autod%C3%A9fense%20Intellectue

  • Du « judéo-bolchévisme » à « l’islamo-gauchisme » : une même tentative de faire diversion
    Publié le 08-06-2016 à 11h04 - Modifié le 09-06-2016 à 08h07
    Par Shlomo Sand - Historien
    http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1524662-du-judeo-bolchevisme-a-l-islamo-gauchisme-une-meme-tentati

    (...)Les juifs survivants et les bolchéviks, quasiment disparus, ont cessé de constituer une menace pour la position et l’identité des élites dominantes, mais l’état de crise permanent du capitalisme, et l’ébranlement de la culture nationale, consécutif à la mondialisation, ont incité à la quête fébrile de nouveaux coupables.

    Une appellation qui émerge dès 2002

    La menace se situe désormais du côté des immigrés musulmans et de leurs descendants, qui submergent la civilisation « judéo-chrétienne ». Et voyez comme cela est étonnant : de nouveaux incitateurs propagandistes les ont rejoints ! Tous ces gens de gauche qui ont exprimé une solidarité avec les nouveaux « misérables » ont fini par s’éprendre ouvertement des invités indésirables venus du sud.

    Ces antipatriotes extrémistes trahissent une nouvelle fois la glorieuse tradition de la France dont ils préparent l’humiliante soumission « houellebecquienne ». L’appellation « islamo-gauchiste » a émergé parmi les intellectuels, avant de passer dans l’univers de la communication, pour, finalement, être récupérée par des politiciens empressés.

    Pierre-André Taguieff, futur conseiller du CRIF, fut, semble-t-il, le premier à recourir à la formule « islamo-gauchisme » (dans le sens actuel de terme), déjà en 2002. Caroline Fourest, Elisabeth Badinter, Alain Finkielkraut et Bernard-Henry Lévy s’emparèrent du terme et veillèrent à lui assurer une diffusion à longueur d’interviews et d’articles. Des figures comme Alain Gresh, Edwy Plenel, Michel Tubiana et Raphael Liogier devinrent des « islamo-gauchistes » archétypiques.

    Une marche supplémentaire vient cependant d’être franchie. Cela a commencé avec Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement, qui, au nom du républicanisme universel, dans un article intitulé : « La gauche qui vient », s’en est pris à la gauche de la gauche, accusée de soumission au pluralisme culturel. Il a particulièrement ciblé Clémentine Autain, la porte-parole d’Ensemble, l’une des composantes du Front de gauche.

    La lourde charge de Manuel Valls

    Mais c’est de Manuel Valls qu’est venue la charge la plus lourde, dans la vague de stigmatisation de « l’islamo-gauchisme ». À l’occasion d’une interview accordée, le 21 mai, à Radio J, une radio communautaire juive, n’a-t-il pas déclaré :

    « Il y a ces capitulations intellectuelles… Les discussions entre Madame Clémentine Autain et Tariq Ramadan, les ambiguïtés entretenues qui forment le terreau de cette violence et de cette radicalisation. »

    Et Manuel Valls de ne pas hésiter à ajouter : « Il n’y a aucune raison pour que M. Tariq Ramadan obtienne la nationalité française ».

  • Du Post-fascisme

    Vous avez proposé d’utiliser le concept de “post-fasciste” pour désigner la droite radicale de notre temps. En même temps, vous reconnaissez les limites de cette notion. Pouvez-vous en dire plus ?

    Le concept de “post-fascisme” désigne une transition en cours dont on ne connaît pas encore l’aboutissement. Les droites radicales demeurent marquées par leurs origines fascistes (en Europe centrale, elles revendiquent même cette continuité historique), mais essaient de s’émanciper de ce lourd héritage et de faire peau neuve, en modifiant en profondeur leur culture et leur idéologie. Leur filiation avec le fascisme classique devient de plus en plus problématique. Le cas français est particulièrement emblématique de cette mutation, illustrée par le conflit entre Jean-Marie et Marine Le Pen : un leadership dynastique, dans lequel le père incarne l’âme fasciste originelle et la fille une nouvelle âme qui voudrait transmigrer les valeurs anciennes (nationalisme, xénophobie, racisme, autoritarisme, protectionnisme économique) dans un cadre républicain et libéral- démocratique.

    « Lorsque l’ensemble de la classe politique française s’aligne sur les positions du FN, lutter contre ce dernier au nom de la République devient presque incompréhensible. »

    Peut-on appréhender les effets de cette transformation “post-fasciste” ?

    Cette mutation risque de dynamiter le cadre politique. Lorsque, après les attentats de janvier et surtout de novembre, c’est l’ensemble de la classe politique française qui s’aligne sur les positions du FN (du PS à la droite), lutter contre ce dernier au nom de la République devient presque incompréhensible. Le FN n’est pas une force “antirépublicaine” comme pouvait l’être l’Action française sous la IIIe République. Sa mutation révèle plutôt les contradictions intrinsèques du national-républicanisme. Il ne s’agit pas, sauf exception, d’une transition du fascisme vers la démocratie, mais vers quelque chose de nouveau, encore inconnu, qui remet en question en profondeur les démocraties réellement existantes. Non plus le fascisme classique, mais pas encore autre chose : c’est dans ce sens que je l’ai appelé post-fascisme.

    Dans l’univers mental du “post-fascisme”, la haine du musulman a pris la place de celle du juif, sans que s’efface le vieux fonds de l’antisémitisme. Comment cela fonctionne-t-il ?

    Historiquement, l’antisémitisme était un des piliers des nationalismes européens, notamment en France et en Allemagne. Il agissait comme un code culturel autour duquel on pouvait construire une idée d’“identité nationale” : le juif était l’“anti-France”, un corps étranger qui rongeait et affaiblissait la nation de l’intérieur. L’épilogue génocidaire du nazisme tend à singulariser la haine des juifs et à brouiller les analogies profondes qui existent entre l’antisémitisme européen d’avant la seconde guerre mondiale et l’islamophobie contemporaine. Comme le juif autrefois, aujourd’hui le musulman est devenu l’ennemi intérieur : inassimilable, porteur d’une religion et d’une culture étrangères aux valeurs occidentales, virus corrupteur des mœurs et menace permanente de l’ordre social… Le juif anarchiste ou bolchevik a été remplacé par le musulman djihadiste, le nez crochu par la barbe, le cosmopolitisme juif par le djihad international.

    Enzo Traverso

    http://www.regards.fr/web/article/enzo-traverso-la-mutation-post

  • Lettre ouverte à un ex-ami
    http://endehors.net/news/lettre-ouverte-a-un-ex-ami

    Lu sur Les invités de Médiapart : "L’historien israélien Shlomo Sand répond à la tribune de Pierre-André Taguieff publiée dans Le Monde, à propos de l’antisémitisme en France. « De mon point de vue, la principale caractéristique de la judéophobie parmi les groupes marginaux de banlieues est l (...) — Pour comprendre

  • Lettre ouverte à un ex-ami
    (Traduit de l’hébreu par Michel Bilis)
    http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/290915/lettre-ouverte-un-ex-ami

    L’historien israélien Shlomo Sand répond à la tribune de Pierre-André Taguieff publiée dans Le Monde, à propos de l’antisémitisme en France. « De mon point de vue, la principale caractéristique de la judéophobie parmi les groupes marginaux de banlieues est l’identification dangereusement erronée entre : sionisme, Israël et juifs. Or, c’est précisément ce que font, sans relâche et sans distinction, les dirigeants d’Israël, le CRIF…. et toi. »

    • Après, je trouve dommage qu’un spécialiste comme Sclomo Sand utilise indifféremment les vocables « antisémitisme » et « judéophobie », alors qu’ils recouvrent précisément deux notions différentes, bien que connexes.
      Par contre, il a 100% raison pour ce qui est de la confusion entre les Juifs et Israël (et même entre le gouvernement et le peuple) et le problème de la politique d’apartheid de l’État d’Israël.
      Pareil pour l’effet substitutif entre antisémitisme et islamophobie, même s’il faut être attentif au fait que l’islamophobie tente d’être acceptable en prétendant rejeter des principes religieux antirépublicains, alors qu’en fait, c’est un faux nez pas bien fixé pour planquer un authentique racisme anti-arabes. Il suffit de rappeler à certains « laïcards new generation » que les majorités musulmanes dans le monde sont indiennes et asiatiques pour les voir faire des gueules de merlans frits. Ils s’en branlent de la réalité complexe de la religion musulmane et de son état géopolitique, ce qui les intéresse, c’est de pouvoir « légitimement » casser du « bougnoule », tout comme avant, bien ignorants de ce que peut être la réalité du monde juif (entre pratiquants et non croyants, sionistes et antisionistes, ashkénazes ou sépharades, etc.), ils pouvaient accuser le fameux « complot juif ».

      L’antisémitisme franchement assumé n’est plus acceptable. Il est même spécifiquement condamné par la loi. On pourrait penser le problème réglé, mais comme toutes les créatures de l’ombre, il continue d’avancer… masqué.
       
      L’une des formes d’antisémitisme masqué qui a le plus le vent en poupe actuellement, c’est l’antisionisme. Bien sûr, il ne s’agit pas de dire que tous les antisionistes sont des antisémites retors, mais la critique de la politique et de l’existence de l’État d’Israël permet de ramener sur la place publique des discours franchement antisémites.
       
      Cette situation est d’autant plus complexe que le radicalisme et le repli communautaire prospèrent dans une société mondiale profondément anomique. En l’absence de perspectives d’avenir, de projets de société progressistes et non excluants, comme toujours, les populations retrouvent leur cohésion en stigmatisant l’autre, le différent, l’ennemi intérieur et extérieur.
       
      Pour ce qui est de l’ennemi intérieur et du complot international, force est d’avouer que depuis le 11 septembre 2001, les Juifs ont largement laissé la place aux Arabes musulmans et l’antisémitisme a été largement éclipsé par l’islamophobie ordinaire qui s’étale complaisamment à la une des journaux, dans les diners en ville, dans les discours et les actes politiques, avec la même ferveur tranquille que l’antisémitisme de l’entre-deux-guerres. Qu’importe le bouc émissaire, du moment que les effets d’une crise économique majeure peuvent être imputés à une population donnée et facile à stigmatiser et à rendre coupable de tous les maux.

      http://www.amazon.fr/dp/295357011X

    • Je crois que les différences principales entre l’antisémitisme d’hier et celui d’aujourd’hui, ou entre l’antisémitisme d’aujourd’hui et l’islamophobie ou la romophobie d’aujourd’hui, résident d’une part dans les sphères où elles se développent, et d’autre part dans les conséquences qu’elles impliquent :

      1) l’antisémitisme d’hier était un antisémitisme d’Etat, porté, soutenu, défendu, argumenté par l’Etat qui votait des lois spéciales pour cette population, et cet antisémitisme jouait un rôle dans sa politique intérieure comme dans ses affaires extérieure. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, mais c’est, dans une certaine mesure, un peu le cas de l’islamophobie et de la romophobie.

      2) l’antisémitisme, comme tout racisme, a des conséquences dramatiques qui vont des insultes aux meurtres, et je n’insisterai pas sur le fait qu’on meurt beaucoup moins aujourd’hui qu’en 1940 du fait d’être juif, car même un mort est un mort de trop. A ces conséquences dramatiques, s’ajoutait un racisme systémique, un racisme qui faisait qu’un Juif était discriminé à l’immigration, à l’embauche, à l’obtention d’un logement, à l’éducation, à la représentation politique, à l’accès à tout un tas de services. Encore une fois, on peut se réjouir que ces discriminations là n’existent quasiment plus en France aujourd’hui, mais on constate néanmoins qu’elles frappent d’autres populations, et en particulier les Noirs, les Arabes, les Musulmans etc.

      Donc l’idée n’est pas à mon avis de nier l’existence ou l’importance de l’antisémitisme, mais de constater que si ce racisme existe toujours du point de vue individuel (même si ça peut concerner beaucoup d’individus), il a perdu son caractère étatique et son caractère systémique. En revanche, l’islamophobie dont on parle beaucoup en ce moment comporte ces caractères étatiques et systémiques, qui d’une part sont scandaleux et qui d’autre part rendent nécessaire une critique au niveau politique au delà du niveau individuel. Ce n’est donc pas un jugement de valeur, mais un constat qu’il s’agit de sphères différentes...

      Dror

  • +Entretien avec Ivan Segré
    La philosophie française et les « Juifs »+
    Basile Dewez et Ivan Segré
    http://labyrinthe.revues.org/4092

    L’apparition d’un courant intellectuel français qui, au nom de la « défense d’Israël » et de la « lutte contre l’antisémitisme », a développé un argumentaire réactionnaire, contre les Maghrébins ou les Noirs d’identité musulmane, plus largement contre les jeunes des quartiers populaires, et contre les progressistes, est un phénomène notoire. L’originalité de mon analyse, c’est de montrer que, à y bien regarder, ce courant intellectuel français n’est absolument pas le symptôme d’un « repli communautaire juif », comme on a pu le penser, mais plutôt l’avant-garde d’une réaction idéologique dont le mot d’ordre véritable est la défense de l’Occident, et non la défense des Juifs ou d’Israël.

    Des intellectuels comme Shmuel Trigano, Alexandre Adler, Alain Finkielkraut, Emmanuel Brenner (alias Georges Bensoussan) ou encore Pierre-André Taguieff, bien loin de s’inscrire dans une pensée sioniste ou de se soucier de la « lutte contre l’antisémitisme », renouent en fait avec le mot d’ordre réactionnaire et xénophobe de la « défense de l’Occident ». Car, comme je l’indiquais plus haut, la défense de l’État d’Israël ne comptera bientôt pour rien dans cette affaire, l’essentiel étant de produire une argumentation qui désigne le « musulman » et le « gauchiste » comme des ennemis de la démocratie occidentale. Pour exemple, je cite dans mon livre un texte d’Alexandre Adler qui, dans l’Odyssée américaine (Grasset, 2004), nous fait part de ses visions prophétiques sur l’avenir de l’État d’Israël, et conclut : « L’une des frontières de l’Amérique se situera bientôt sur le Jourdain, mais ce sera une frontière électronique, cybernétique, balistique, laissant aux gardes-frontières juifs et druzes le soin de faire la police au sol, face à un État palestinien qui, étroitement relié aux forces nationalistes et sunnites les plus résolues, fera toujours partie du problème et non de la solution, au Moyen-Orient. » Il me semble que les visions prophétiques d’Alexandre Adler font clairement apparaître qu’en guise de défense d’Israël, ces intellectuels défendent une conception du judaïsme qui n’a d’autre consistance que celle-ci : des « gardes frontières juifs et druzes » chargés de faire « la police au sol » sur la frontière américaine du Jourdain.

    « La réaction philosémite ». Entretien avec Ivan Segré
    http://indigenes-republique.fr/la-reaction-philosemite-entretien-avec-ivan-segre

    #racisme #antisémitisme #philosophie #histoire #anti_philosophie #Marx #juifs #Ivan_Segré

  • Ces #intellectuels qui dédiabolisent le #FN
    http://www.lemonde.fr/livres/article/2014/05/29/ces-intellectuels-qui-dediabolisent-le-fn_4428431_3260.html

    Les #historiens retraceront un jour la résistible ascension du #Front_national. Ils devront alors étudier les intellectuels qui ont œuvré à sa « #dédiabolisation ».

    Ils constateront que ces intellectuels partageaient peu ou prou une même trajectoire : formés à l’école du progressisme, ils avaient commencé par souligner les points aveugles de l’antifascisme ; de livres en tribunes, et à juste titre, ils avaient démontré que la gauche imposait l’« obsession » antifasciste pour terroriser ses adversaires et pour ne pas affronter ses propres démons ; petit à petit, cependant, c’est leur propre rejet qui était devenu obsessionnel ; à force de déconstruire l’antifascisme mais aussi l’antiracisme, ils avaient fini par en faire les principaux fléaux de notre société ; à force de présenter la « bête immonde » comme un monstre imaginaire, ils l’avaient imposée comme un animal de bonne compagnie.

    Ainsi les chercheurs du futur se pencheront-ils sur l’œuvre de #Pierre-André_Taguieff. Ils liront Face au racisme (1993), ou Face au Front national (1998), ouvrages visant à dessiller les yeux des militants antiracistes en leur montrant les angles morts de leur discours. Et ils essaieront de comprendre.

    • Reste que vu le niveau général d’instruction et d’information de la population, je ne suis pas sûr qu’ils aient eu bcp d’influence dans l’ascension du FN. Je vois ces « intellectuels » comme des symptômes anecdotiques de la montée du FN, plus que comme des catalyseurs ou des pompiers pyromanes. Et à leur décharge je considère moi aussi que la stratégie de diabolisation a été contre-productive, voire nocive. Blessez l’orgueil des gens en leur faisant la morale avec condescendance, et vous dopez leur bêtise...

      Les gens qui votent FN lisent-ils Le Monde ? Je ne crois pas..
      Les Bruckner et cie sont typiquement des bobos (ascendant reacs certes) de l’intelligentsia parisienne qui semble plutôt irriter les gens à qui l’on prête le vote FN.

      Par contre qu’ils aient eu une influence chez les électeurs de droite pour décomplexer le discours raciste et les faire sortir du pacte républicain, c’est possible. Quand on voit le programme de Nadine Morano et celui du FN pour les européennes, dur de distinguer l’original et la copie. Et moi il me semble que si les chercheurs font bien leur boulot plus tard, au delà de Taguieff, ils révéleront que Sarkozy a été le premier président ouvertement anti-républicain de la Vème république..

  • Un Oubli De Pierre-André Taguieff
    http://www.bakchich.info/blogs/sebastien-fontenelle/un-oubli-de-pierre-andre-taguieff

    Les Presses universitaires de France (PUF) viennent de publier un très volumineux - puisqu’il fait plus de 2.000 pages - Dictionnaire historique et critique du racisme », ouvrage « de référence » et « de nature encyclopédique », dont la confection a été coordonnée par un certain Pierre-André Taguieff, « directeur de recherche au CNRS ». On y trouve, parmi nombre d’autres contributions (comme celle, par exemple, de l’inégalable Robert Redeker, auteur, naguère, de l’impérissable sentence selon laquelle « (...)