Les « gilets jaunes », des révolutionnaires sans révolution ?
▻https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/02/les-gilets-jaunes-des-revolutionnaires-sans-revolution_5391608_3224.html
L’autre fait marquant de ces « journées jaunes » est l’érection de barricades. Un phénomène profondément ancré dans l’inconscient révolutionnaire français, qui rappelle les Trois glorieuses de la Révolution de juillet de 1830, la Commune de Paris (1871) et Mai 68.
Dans un livre écrit au lendemain de ces événements, pompeusement intitulé Vers la guerre civile, Alain Geismar, Serge July et Erlyn Morane (pseudonyme fusionnant Herta Alvarez et Evelyne July) racontent :
« La première barricade, le 3 mai, c’est elle en définitive qui a joué un rôle déterminant. Il est 17 heures, une barricade symbolique, d’une vingtaine de centimètres de haut barre le boulevard Saint-Michel. Elle n’a aucune utilité militaire. Néanmoins elle remplit une fonction qui peut être sa fonction décisive : elle définit deux terrains, celui des manifestants et celui du pouvoir. (…) Ce terrain-là nous appartient et nous appartient à telle enseigne que nous pouvons démolir tout ce qu’il y a dedans ; démolir les panneaux de circulation, les vitrines, les bagnoles : ça n’a pas d’importance car c’est un terrain que nous possédons. »
Difficile de ne pas penser à certaines barricades du 1er décembre, comme celle de l’avenue Foch, qui n’avaient aucune utilité stratégique mais qui marquaient, symboliquement, une prise de pouvoir par les « gilets jaunes » sur un espace déterminé.