• Les territoires des émeutes
    https://laviedesidees.fr/Les-territoires-des-emeutes

    Le haut niveau de #ségrégation urbaine constitue le meilleur prédicteur des violences. La différence la plus marquante entre 2023 et 2005 est l’entrée en scène des villes petites et moyennes, où les adolescents de cités d’habitat social s’identifient aux jeunes des banlieues de grandes métropoles.

    #Société #jeunesse #banlieue #révolte #urbanisme #gilets_jaunes
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20240412_emeutes.pdf

    • Conclusion

      Le retour sur les émeutes de #2005 a permis de mettre en évidence à la fois des continuités et des changements par rapport à celles de #2023. Si de façon générale, les communes les plus défavorisées ont de plus fortes probabilités de connaître des émeutes, c’est surtout la ségrégation des situations sociales les plus précaires et des immigrés dans des quartiers spécifiques (#QPV) qui apparaît comme un élément de contexte crucial. À profil social et urbain équivalent, avoir un QPV augmente de façon très significative la probabilité de connaître des émeutes. De plus, cette #ségrégation_sociale et ethnique s’accompagne d’une forte #ségrégation_scolaire dont nous avons pu mesurer également l’impact : plus elle est importante, plus les émeutes sont intenses et violentes.

      Les quartiers en question sont ceux directement concernés par la #politique_de_la_ville (QPV, #PNRU, #NPNRU) depuis plusieurs décennies. Si des changements sont indiscutables sur le plan de l’amélioration du cadre de vie des habitants et plus particulièrement des #conditions_de_logement, un grand nombre de ces quartiers continuent de concentrer une large part de la jeunesse populaire d’origine immigrée, celle la plus touchée par la #relégation, les #discriminations et les #violences_policières, et donc celle aussi la plus concernée par les émeutes. Si la #mixité_sociale et ethnique s’est sensiblement améliorée dans certains quartiers, d’autres demeurent des espaces de très forte #homogénéité_sociale et ethnique, que l’on retrouve dans les #écoles et les #collèges. Ceux où les interventions de l’#ANRU ont été moins intenses ont même vu le nombre de ménages pauvres augmenter. En Île-de-France, la quasi-totalité des communes qui avaient connu des émeutes en 2005, pourtant concernées par la politique de la ville, en ont connu également en 2023.

      Notre approche socio-territoriale met d’autant plus en évidence les limites d’une analyse au niveau national, que les émeutes de 2023 se sont diffusées dans un plus grand nombre de petites villes et villes moyennes auparavant moins touchées par ces événements. Cette plus grande diversité territoriale est frappante lorsque l’on compare les banlieues des très grandes métropoles, à commencer par les banlieues parisiennes, aux #petites_villes et #villes_moyennes. Le poids du #logement_social, de l’immigration, la suroccupation des logements, le niveau de #pauvreté, mais aussi la façon dont ces dimensions se rattachent aux #familles_monoparentales et nombreuses, renvoient à des réalités différentes. Pourtant, dans tous les cas, la ségrégation joue un rôle déterminant.

      Cette approche contextuelle ne suffit pas à expliquer l’ensemble des mécanismes sociaux à l’œuvre et ce travail devra être complété à la fois par des analyses plus fouillées et qualitatives, ciblées sur les réseaux sociaux, la police et les profils des protagonistes, mais aussi des études de cas renvoyant aux différentes configurations socio-territoriales. Des études qualitatives locales devraient permettre de mieux comprendre comment, dans les différents contextes, les dimensions sociales et ethno-raciales interagissent lors des émeutes. Cela permettrait par exemple de mieux saisir l’importance de la mémoire des émeutes dans les quartiers populaires des banlieues des grandes métropoles, sa transmission et le rôle des réseaux militants et associatifs. Dans le cas des petites villes et des villes moyennes, la comparaison avec le mouvement des Gilets jaunes apporte un éclairage particulièrement intéressant sur l’intersection et la différenciation des formes que peuvent prendre la colère sociale et le ressentiment.

      #émeutes #violence #villes #urban_matter #violences_urbaines #banlieues #ségrégation_urbaine #violences #statistiques #chiffres

  • L’alerte des chefs d’établissement scolaire sur la mise en place des groupes de niveau
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/01/24/l-alerte-des-chefs-d-etablissement-scolaire-sur-la-mise-en-place-des-groupes

    L’initiative est rare de la part d’une organisation syndicale représentant des cadres de l’#éducation_nationale peu coutumière des oppositions frontales au ministère. Le SNPDEN-UNSA, largement majoritaire chez les #chefs_d’établissement du public, a remis lundi 22 janvier un courrier « d’alerte » à la ministre de l’éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra, sur les #groupes_de_niveau au collège. Cette mesure, décidée en décembre 2023 par Gabriel Attal lorsqu’il occupait encore son poste Rue de Grenelle, est « contraire à nos valeurs » et « engendre de nombreuses difficultés techniques et organisationnelles », dénonce le syndicat. « Il n’y a rien de plus difficile pour des cadres que de porter un projet auquel ils ne croient pas, et contraire à ce qu’ils ont toujours porté », prévient le courrier.

    https://justpaste.it/bwpfl

    La #ségrégation / #relégation est trop franche ?

    #défection ?

    • « Nous sommes à certains moments obligés de procéder à certaines fermetures de classes. Les écoles peuvent être performantes, mais si le nombre d’enfants est trop réduit pour une classe donnée c’est toute l’émulation qui est remise en cause », assure @AOC1978.

      Avant d’être démise, une défense inévitablement pernicieuse des sureffectifs scolaire et de la compétition.

      #école

  • La #géographie, c’est de droite ?

    En pleine torpeur estivale, les géographes #Aurélien_Delpirou et #Martin_Vanier publient une tribune dans Le Monde pour rappeler à l’ordre #Thomas_Piketty. Sur son blog, celui-ci aurait commis de coupables approximations dans un billet sur les inégalités territoriales. Hypothèse : la querelle de chiffres soulève surtout la question du rôle des sciences sociales. (Manouk Borzakian)

    Il y a des noms qu’il ne faut pas prononcer à la légère, comme Beetlejuice. Plus dangereux encore, l’usage des mots espace, spatialité et territoire : les dégainer dans le cyberespace public nécessite de soigneusement peser le pour et le contre. Au risque de voir surgir, tel un esprit maléfique réveillé par mégarde dans une vieille maison hantée, pour les plus chanceux un tweet ironique ou, pour les âmes maudites, une tribune dans Libération ou Le Monde signée Michel Lussault et/ou Jacques Lévy, gardiens du temple de la vraie géographie qui pense et se pense.

    Inconscient de ces dangers, Thomas Piketty s’est fendu, le 11 juillet, d’un billet de blog sur les #inégalités_territoriales (https://www.lemonde.fr/blog/piketty/2023/07/11/la-france-et-ses-fractures-territoriales). L’économiste médiatique y défend deux idées. Premièrement, les inégalités territoriales se sont creusées en #France depuis une génération, phénomène paradoxalement (?) renforcé par les mécanismes de #redistribution. Deuxièmement, les #banlieues qui s’embrasent depuis la mort de Nahel Merzouk ont beaucoup en commun avec les #petites_villes et #villages souffrant de #relégation_sociospatiale – même si les défis à relever varient selon les contextes. De ces deux prémisses découle une conclusion importante : il incombe à la #gauche de rassembler politiquement ces deux ensembles, dont les raisons objectives de s’allier l’emportent sur les différences.

    À l’appui de son raisonnement, le fondateur de l’École d’économie de Paris apporte quelques données macroéconomiques : le PIB par habitant à l’échelle départementale, les prix de l’immobilier à l’échelle des communes et, au niveau communal encore, le revenu moyen. C’est un peu court, mais c’est un billet de blog de quelques centaines de mots, pas une thèse de doctorat.

    Sus aux #amalgames

    Quelques jours après la publication de ce billet, Le Monde publie une tribune assassine signée Aurélien Delpirou et Martin Vanier, respectivement Maître de conférences et Professeur à l’École d’urbanisme de Paris – et membre, pour le second, d’ACADIE, cabinet de conseil qui se propose d’« écrire les territoires » et de « dessiner la chose publique ». Point important, les deux géographes n’attaquent pas leur collègue économiste, au nom de leur expertise disciplinaire, sur sa supposée ignorance des questions territoriales. Ils lui reprochent le manque de rigueur de sa démonstration.

    Principale faiblesse dénoncée, les #données, trop superficielles, ne permettraient pas de conclusions claires ni assurées. Voire, elles mèneraient à des contresens. 1) Thomas Piketty s’arrête sur les valeurs extrêmes – les plus riches et les plus pauvres – et ignore les cas intermédiaires. 2) Il mélange inégalités productives (le #PIB) et sociales (le #revenu). 3) Il ne propose pas de comparaison internationale, occultant que la France est « l’un des pays de l’OCDE où les contrastes régionaux sont le moins prononcés » (si c’est pire ailleurs, c’est que ce n’est pas si mal chez nous).

    Plus grave, les géographes accusent l’économiste de pratiquer des amalgames hâtifs, sa « vue d’avion » effaçant les subtilités et la diversité des #inégalités_sociospatiales. Il s’agit, c’est le principal angle d’attaque, de disqualifier le propos de #Piketty au nom de la #complexité du réel. Et d’affirmer : les choses sont moins simples qu’il n’y paraît, les exceptions abondent et toute tentative de catégoriser le réel flirte avec la #simplification abusive.

    La droite applaudit bruyamment, par le biais de ses brigades de twittos partageant l’article à tour de bras et annonçant l’exécution scientifique de l’économiste star. Mais alors, la géographie serait-elle de droite ? Étudier l’espace serait-il gage de tendances réactionnaires, comme l’ont laissé entendre plusieurs générations d’historiens et, moins directement mais sans pitié, un sociologue célèbre et lui aussi très médiatisé ?

    Pensée bourgeoise et pensée critique

    D’abord, on comprend les deux géographes redresseurs de torts. Il y a mille et une raisons, à commencer par le mode de fonctionnement de la télévision (format, durée des débats, modalité de sélection des personnalités invitées sur les plateaux, etc.), de clouer au pilori les scientifiques surmédiatisés, qui donnent à qui veut l’entendre leur avis sur tout et n’importe quoi, sans se soucier de sortir de leur champ de compétence. On pourrait même imaginer une mesure de salubrité publique : à partir d’un certain nombre de passages à la télévision, disons trois par an, tout économiste, philosophe, politologue ou autre spécialiste des sciences cognitives devrait se soumettre à une cérémonie publique de passage au goudron et aux plumes pour expier son attitude narcissique et, partant, en contradiction flagrante avec les règles de base de la production scientifique.

    Mais cette charge contre le texte de Thomas Piketty – au-delà d’un débat chiffré impossible à trancher ici – donne surtout le sentiment de relever d’une certaine vision de la #recherche. Aurélien Delpirou et Martin Vanier invoquent la rigueur intellectuelle – indispensable, aucun doute, même si la tentation est grande de les accuser de couper les cheveux en quatre – pour reléguer les #sciences_sociales à leur supposée #neutralité. Géographes, économistes ou sociologues seraient là pour fournir des données, éventuellement quelques théories, le cas échéant pour prodiguer des conseils techniques à la puissance publique. Mais, au nom de leur nécessaire neutralité, pas pour intervenir dans le débat politique – au sens où la politique ne se résume pas à des choix stratégiques, d’aménagement par exemple.

    Cette posture ne va pas de soi. En 1937, #Max_Horkheimer propose, dans un article clé, une distinction entre « #théorie_traditionnelle » et « #théorie_critique ». Le fondateur, avec #Theodor_Adorno, de l’#École_de_Francfort, y récuse l’idée cartésienne d’une science sociale détachée de son contexte et fermée sur elle-même. Contre cette « fausse conscience » du « savant bourgeois de l’ère libérale », le philosophe allemand défend une science sociale « critique », c’est-à-dire un outil au service de la transformation sociale et de l’émancipation humaine. L’une et l’autre passent par la #critique de l’ordre établi, dont il faut sans cesse rappeler la contingence : d’autres formes de société, guidées par la #raison, sont souhaitables et possibles.

    Quarante ans plus tard, #David_Harvey adopte une posture similaire. Lors d’une conférence donnée en 1978 – Nicolas Vieillecazes l’évoque dans sa préface à Géographie de la domination –, le géographe britannique se démarque de la géographie « bourgeoise ». Il reproche à cette dernière de ne pas relier les parties (les cas particuliers étudiés) au tout (le fonctionnement de la société capitaliste) ; et de nier que la position sociohistorique d’un chercheur ou d’une chercheuse informe inévitablement sa pensée, nécessitant un effort constant d’auto-questionnement. Ouf, ce n’est donc pas la géographie qui est de droite, pas plus que la chimie ou la pétanque.

    Neutralité vs #objectivité

    Il y a un pas, qu’on ne franchira pas, avant de voir en Thomas Piketty un héritier de l’École de Francfort. Mais son texte a le mérite d’assumer l’entrelacement du scientifique – tenter de mesurer les inégalités et objectiver leur potentielle creusement – et du politique – relever collectivement le défi de ces injustices, en particulier sur le plan de la #stratégie_politique.

    S’il est évident que la discussion sur les bonnes et les mauvaises manières de mesurer les #inégalités, territoriales ou autres, doit avoir lieu en confrontant des données aussi fines et rigoureuses que possible, ce n’est pas manquer d’objectivité que de revendiquer un agenda politique. On peut même, avec Boaventura de Sousa Santos, opposer neutralité et objectivité. Le sociologue portugais, pour des raisons proches de celles d’Horkheimer, voit dans la neutralité en sciences sociales une #illusion – une illusion dangereuse, car être conscient de ses biais éventuels reste le seul moyen de les limiter. Mais cela n’empêche en rien l’objectivité, c’est-à-dire l’application scrupuleuse de #méthodes_scientifiques à un objet de recherche – dans le recueil des données, leur traitement et leur interprétation.

    En reprochant à Thomas Piketty sa #superficialité, en parlant d’un débat pris « en otage », en dénonçant une prétendue « bien-pensance de l’indignation », Aurélien Delpirou et Martin Vanier désignent l’arbre de la #rigueur_intellectuelle pour ne pas voir la forêt des problèmes – socioéconomiques, mais aussi urbanistiques – menant à l’embrasement de banlieues cumulant relégation et stigmatisation depuis un demi-siècle. Ils figent la pensée, en font une matière inerte dans laquelle pourront piocher quelques technocrates pour justifier leurs décisions, tout au plus.

    Qu’ils le veuillent ou non – et c’est certainement à leur corps défendant – c’est bien la frange réactionnaire de la twittosphère, en lutte contre le « socialisme », le « wokisme » et la « culture de l’excuse », qui se repait de leur mise au point.

    https://blogs.mediapart.fr/geographies-en-mouvement/blog/010823/la-geographie-cest-de-droite

  • Les ZFE, une bombe sociale dans les quartiers populaires
    https://reporterre.net/Les-ZFE-une-bombe-sociale-dans-les-quartiers-populaires

    La mise en place des #ZFE [zones à faibles émissions] est un sujet explosif. Dans les agglomérations françaises, des millions de personnes vont devoir se débarrasser de leur véhicule. Objectif du gouvernement : diminuer la #pollution de l’#air. Le dispositif ne porte pas sur les émissions de gaz à effet de serre — voilà pourquoi des SUV, très lourds, qui émettent beaucoup de gaz à effet de serre mais peu de particules fines, peuvent être classés Crit’Air 1. En Île-de-France, qui abrite la plus grande ZFE de France, le calendrier de mise en place est serré — et pourrait donc être modifié. À l’heure actuelle, la métropole du Grand Paris interdit déjà la circulation aux véhicules Crit’Air 5, 4 et non classés, du lundi au vendredi de 8 heures à 20 heures. Au 1er juillet 2023 — dans moins de cinq mois — seuls les Crit’Air 1 et 2 seront autorisés. Le 1er janvier 2024, il ne restera plus que les Crit’Air 1 (gaz et hybrides rechargeables ou à essence mis en circulation à partir de 2011), les véhicules électriques et hydrogène.

    [...] Dans le département le plus pauvre de France métropolitaine, la Seine-Saint-Denis, les chiffres sont vertigineux : trois #voitures sur quatre devront rester au garage. Dans certaines communes, comme La Courneuve, la mesure concerne 80 % des véhicules. Tout sauf un hasard pour Daphné Chamard-Teirlinck, du Secours catholique : « Les ménages précaires motorisés sont plus fréquemment détenteurs de véhicules anciens », dit-elle à Reporterre. Selon la dernière enquête Mobilité des personnes de l’Insee, 38 % des ménages les plus pauvres possédaient un véhicule classé Crit’Air 4 ou 5, contre 10 % parmi les plus riches.

    Peu d’automobilistes de Seine-Saint-Denis interrogés par Reporterre étaient au courant de ces interdictions, malgré leur imminence et leur ampleur. [...] d’après plusieurs études, plus de la moitié des Français ignorent ce qu’est une ZFE et les conséquences de sa mise en place.

  • Le centre-ville à tout prix ? #Marseille, parcours de délogés
    https://metropolitiques.eu/Le-centre-ville-a-tout-prix-Marseille-parcours-de-deloges.html

    Que sont devenus les habitants des immeubles évacués à la suite des effondrements de la #rue_d'Aubagne à Marseille ? Apolline Meyer a reconstitué le parcours des occupants d’un #immeuble, marqué par une tension entre quête de centralité urbaine, résistance à la #relégation_spatiale et besoin d’un #logement de qualité. 5 novembre 2018, deux immeubles s’effondrent rue d’Aubagne, en plein centre de Marseille. Bilan : huit morts. Plus qu’un drame isolé, ces effondrements ont provoqué une « crise du logement » sans #Terrains

    / centralité, Marseille, #habitat dégradé, logement, immeuble, relégation spatiale, rue d’Aubagne, (...)

    #centralité #habitat_dégradé
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_meyer.pdf

  • Le centre-ville à tout prix ? #Marseille, parcours de délogé·e·s
    https://metropolitiques.eu/Le-centre-ville-a-tout-prix-Marseille-parcours-de-deloge-e-s.html

    Que sont devenus les habitants des immeubles évacués à la suite des effondrements de la #rue_d'Aubagne à Marseille ? Apolline Meyer a reconstitué le parcours des occupants d’un #immeuble, marqué par une tension entre quête de centralité urbaine, résistance à la #relégation_spatiale et besoin d’un #logement de qualité. 5 novembre 2018, deux immeubles s’effondrent rue d’Aubagne, en plein centre de Marseille. Bilan : huit morts. Plus qu’un drame isolé, ces effondrements ont provoqué une « crise du logement » sans #Terrains

    / centralité, Marseille, #habitat dégradé, logement, immeuble, relégation spatiale, rue d’Aubagne, (...)

    #centralité #habitat_dégradé
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_meyer.pdf

  • Aires d’accueil — les données
    https://visionscarto.net/aires-d-accueil-les-donnees

    « Où sont les “gens du voyage” ? » — le livre de William Acker publié par les Éditions du Commun est le premier inventaire (critique) des aires d’accueil en France. Les données collectées par l’auteur sont disponibles ci-dessous, sous forme d’une cartographie interactive, et d’un fichier à télécharger.

    Ce n’est pas un hasard si les plus proches riverains de l’usine Lubrizol, partie en fumée toxique fin septembre 2019 à Rouen, étaient les habitant·es de l’aire d’accueil des « gens du voyage » de Petit-Quevilly. Partout en France, les lieux « d’accueil » attribués aux personnes relevant de cette dénomination administrative se trouvent à l’extérieur des villes, loin de tout service, ou dans des zones industrielles à proximité de diverses sources de nuisances. Constatant l’absence de chiffres opposables aux pouvoirs publics sur l’isolement de ces zones et leur rôle dans les inégalités environnementales, William Acker a décidé de les recenser, département par département, dans son livre Où sont les « gens du voyage » ? Inventaire critique des aires d’accueil, Éditions du Commun, 2021 (parution le 16 avril).

    Nous partageons ci-dessous cette base de données, sous forme d’une cartographie interactive, et d’un fichier à télécharger pour que chacun·e puisse faire ses propres analyses. Il est possible que cet inventaire, que nous voulons aussi précis que possible, comporte des erreurs ; n’hésitez pas à nous les signaler, ou d’ailleurs à nous contacter pour toute question. Le fichier sera mis à jour régulièrement à partir des informations nouvelles et de l’évolution de la situation.

    #cartographie #France #relégation #pollution #santé #inégalités_environnementales #voyageurs #datasource

  • Aires d’accueil en Seine-et-Marne (77) - William Acker - Visionscarto
    https://visionscarto.net/aires-d-accueil-seine-et-marne-77

    La Seine-et-Marne, j’y ai passé une partie de mon enfance, au bord de la nationale, sur une aire reléguée entre zone industrielle et forêt, exposée aux épandages de pesticides sur les champs avoisinants… Il me suffit de fermer les yeux pour y retourner.

    Données et récit : William Acker

    #cartographie #France #relégation #pollution #santé #inégalités_environnementales #voyageurs

  • #Stéphane_Beaud est sociologue, auteur de l’ouvrage La France des Belhoumi. Portraits de famille (1977-2017).

    Cette enquête, qu’il est venu présenter à Valence en décembre 2019, retrace le destin des huit enfants d’une famille algérienne installée en #France, et révèle notamment le rôle majeur de la #transmission_des_savoirs par l’école en milieu populaire.

    https://www.le-cpa.com/a-vos-cotes/nos-ressources
    #entretien #interview #audio #migrations #Algérie #algériens #école #classes_populaires #immigrés_algériens #migrants_algériens #quartiers_populaires

    ping @cede @karine4 @albertocampiphoto

  • Les paradoxes de la « diagonale du vide »

    « La diagonale du vide, c’est cette bande de territoire allant du
    Nord-Est de la France jusqu’au Sud-Ouest en passant par le Massif
    central, caractérisée par une faible densité démographique et une
    tendance à la dépopulation.

    Cette expression alimente souvent un discours alarmiste, voire
    catastrophiste, en opposant une France urbaine supposée riche et
    dynamique à une France rurale abandonnée, en voie d’appauvrissement et de désertification.

    Cette opposition est simpliste et le tableau de la diversité
    territoriale de la France est beaucoup plus complexe et composite. Une étude récente de l’INSEE[1] à partir du dernier recensement le montre à nouveau. »

    Comment @Marc : encore un exemple d’un usage très politique de données statistiques…

    https://www.telos-eu.com/fr/les-paradoxes-de-la-diagonale-du-vide.html

    • Je vis dans un territoire du vide et je viens d’aller en visiter un autre et les données que j’en rapporte sont assez différentes.

      La principale variable explicative des mouvements de population actuelle est soigneusement gardée sous le boisseau, car il s’agit moins d’« attractivité » des territoires périphériques que d’un renforcement jamais égalé de la force centrifuge des métropoles par la pression immobilière .

      Pour la faire très courte : il n’est pas possible avec des revenus de zones périphériques de s’implanter à moins de 30 mn d’une métropole régionale (c’est encore plus vrai pour la capitale). Les conditions demandées pour l’accès à des logements étriqués excluent de fait au moins 50% de la population (en étant très généreuse).

      S’il y a bien quelques retraités encore un peu dotés financièrement et quelques actifs qui cherchent un cadre de vie de meilleure qualité, ce n’est plus du tout un mouvement majoritaire. Les jeunes ruraux (et assimilés) des zones excentrées qui espèrent avoir une éducation et/ou un boulot de qualité doivent toujours quitter le pays pour « la ville » qui concentre à un point jamais égalé la production de valeur ajoutée . Les babas & bobos qui sont arrivés jusqu’au début des années 2000 cherchent à présent à se rapprocher des centres de santé et services des métropoles régionales, qui répondent mieux aux problématiques des gens en perte d’autonomie et de santé.

      Alors qui arrive ?

      Depuis le début des années 2000 et encore plus intensément depuis la crise de 2007 qui a creusé vertigineusement les inégalités : les pauvres « inexploitables » des métropoles , les gens au minima sociaux sans espoir d’en sortir un jour, les « Cassos » qui entrent frontalement en concurrence avec les jeunes restés au pays qui godillent laborieusement dans le sous-emploi sous-payé et éclaté caractéristique de ces zones portées essentiellement par 4 secteurs d’activité :
      -- l’agriculture, saisonnière, morcelée, usante et extrêmement mal payée, qui ne permet généralement pas de sortir des minimas sociaux,
      -- les soins aux personnes (territoires vieillissants + pression foncière pour EHPADer loin des villes, où la « vie » est moins chère), un peu plus rémunérateurs mais très usants,
      -- le tourisme, qui paient peu et de manière saisonnière, donc on reste dans les systèmes D et minima sociaux,
      -- les fonctionnaires (surtout dans les préfectures) qui sont généralement les mieux payés et les mieux éduqués et qui permettent de n’avoir pas totalement une économie du tiers monde mais que les différents gouvernements s’acharnent à faire disparaître.

      L’arrivée des pauvres éjectés des villes ne se fait pas sur le mode du choix, mais plutôt de la sanctuarisation des métropoles économiques et cela engendre sur place des comportements de rejet et de repli qui ont commencé un peu à s’exprimer il y a un peu plus d’un an.

    • Tu as totalement raison. Et j’ai mentionné ce texte à dessein. Galland et un libéral de la mort qui tue. Et l’on voit donc comment tout le monde manipule les statistiques... En écho à un débat récent ici même sur les stats des atteintes sexuelles et la réponse pénale qui y est apportée...

    • Disons que j’ai remarqué une grosse vague de fond pour discréditer le travail de Christophe Guilluy sur « La France périphérique », ces derniers temps, qui va de pair avec la mise sous le boisseau du substrat (et donc de la légitimité) de la révolte des #Gilets_jaunes.

      J’ai de + en + l’impression qu’il s’agit d’invisibiliser la réalité du terrain : explosion des inégalités & durcissement des ségrégations spatiales sur fond de guerre des classes, avec sanctuarisation des centres-métropoles bourgeois.

      #territoires

    • Deux docus sur arte.tv disponibles en replay mais pas encore regardés :

      https://www.arte.tv/fr/videos/078202-000-A/les-nouveaux-pauvres-quand-travailler-ne-suffit-plus/?xtor=EPR-17

      Victimes du chômage ou condamnés aux petits boulots, un tiers des Européens, actifs et retraités, vivent dans une insécurité économique croissante. Le tableau édifiant d’une société au bord du précipice.

      https://www.arte.tv/fr/videos/084759-000-A/push-chasses-des-villes/?xtor=EPR-17

      Les grandes métropoles deviennent peu à peu le territoire exclusif des riches. Dans le sillage de Leilani Farha, rapporteuse spéciale de l’ONU sur le logement convenable, une enquête sur un phénomène mondial qui s’amplifie.

  • Pour un inventaire des lieux d’accueil des « gens du voyage » - William Acker - Visionscarto
    https://visionscarto.net/inventaire-lieux-accueil

    Constatant l’absence de chiffres opposables aux pouvoirs publics sur l’isolement de ces zones et leur rôle dans les inégalités environnementales, le chercheur indépendant et voyageur William Acker a décidé de les recenser, département par département. Il présente ici son approche cartographique, avec l’inventaire des zones « d’accueil » d’un premier département, les #Yvelines (78).

    #cartographie #France #relégation #pollution #santé #inégalités_environnementales

  • Une #métropolisation heureuse est-elle possible ? | Marianne
    https://www.marianne.net/debattons/entretiens/une-metropolisation-heureuse-est-elle-possible

    La métropolisation représente toutefois un moment particulier de cette longue histoire des desseins économiques et politiques dans et par l’urbain. Elle est le stade néolibéral du #capitalisme #patriarcal, engagé depuis une quarantaine d’années, d’abord dans les pays tôt convertis à cette doctrine, puis dans toutes les grandes agglomérations mondialisées. Ce stade est celui de la
    #polarisation urbaine des nouvelles filières économiques postindustrielles et d’une conversion rapide des pouvoirs urbains aux logiques de firme entrepreneuriale. Le statut de Métropole en vigueur en France depuis 2014 entérine et diffuse nationalement un tel mouvement, alors même que ses effets sont déjà largement connus à bien des endroits.

    Tout d’abord, un espace métropolitain n’est pas égalitaire. Les #ségrégations et #relégations y sont légion. Comme toute grande ville de l’ère thermo-industrielle me direz-vous, mais avec néanmoins une ampleur inégalée des #exclusions et évictions sociales. Au point d’interroger ce que la pensée dominante a longtemps défendu comme vertus intégratives de la grande ville : mélange et brassage, anonymisation et émancipation. A en juger par le sort réservé aux migrants, les métropoles ne sont pas les lieux idoines de l’urbanité ou encore de l’hospitalité. Nous y reviendrons. De même, on a connu plus vertueux d’un point de vue écologique. Le fait urbain c’est 55 % de la population mondiale (70 % en 2050 selon l’ONU) pour 70 % des déchets planétaires, 75 % de l’énergie consommée et 80 % des émissions de gaz à effet de serre.

    #territoire

  • Palestine occupée : lutter contre l’apartheid climatique
    Matan Kaminer, Basma Fahoum, et Edo Konrad, Al Shabaka, le 8 août 2019
    https://www.chroniquepalestine.com/palestine-occupee-lutter-contre-apartheid-climatique

    Les sondages auprès des Israéliens témoignent d’une grande indifférence à l’égard de la crise à venir, ce qui signifie que le gouvernement israélien fait face à peu de pression populaire sur cette question. Aucun sondage n’a été effectué dans les territoires palestiniens occupés, mais l’occupation actuelle de la Cisjordanie et le siège de Gaza aggravent à la fois le risque de catastrophe climatique pour les Palestiniens et rendent pratiquement impossible toute intervention de leur gouvernement dans ce domaine.

    En Cisjordanie, c’est l’approvisionnement en eau qui est le plus vulnérable aux effets du changement climatique. Selon un rapport publié en 2013 par le groupe palestinien de défense des droits de l’homme Al-Haq, la consommation israélienne d’eau à usage domestique par habitant est quatre à cinq fois supérieure à celle de la population palestinienne des territoires occupés. Les colons israéliens en Cisjordanie consomment environ six fois plus d’eau que la population palestinienne vivant sur le même territoire.

    La situation à Gaza est aggravée par le siège israélien qui a entraîné la surexploitation des ressources en eaux souterraines et l’épuisement croissant de l’aquifère côtier, tout cela a rendu 90 % de l’approvisionnement en eau impropre à la consommation humaine.

    #Palestine #Apartheid #Climat #eau, mais je l’ajoute aussi à la troisième compilation :
    https://seenthis.net/messages/680147

    #effondrement #collapsologie #catastrophe #fin_du_monde #it_has_begun #Anthropocène #capitalocène

  • La France contrainte des Gilets Jaunes | AOC media - Analyse Opinion Critique
    https://aoc.media/analyse/2018/12/12/gilets-jaunes-france-contrainte

    Et c’est précisément cette dépendance territoriale, ce lien nécessaire entre rural et urbain qui pèse sur l’essentiel des frondeurs : la hausse des prix des carburants est d’autant moins supportable que cette dépense est incompressible. Au-delà du périurbain, dans les espaces ruraux plus éloignés, la question des mobilités se joue en partie en-dehors de la ville et n’est pas forcément contrainte au quotidien, l’emploi pouvant être disponible sur place. En d’autres termes, la dépense liée au coût des transports est un peu plus arbitrable en rural que dans le cadre des migrations quotidiennes du travail des populations périurbaines. On ne trouve ainsi guère de points de mobilisation en Bourgogne, en Poitou ou sur les hauteurs du Massif central, de la Haute-Loire au Tarn et à la Corrèze.

    Certes, on pourra arguer du fait que ces territoires ont surtout moins d’habitants que d’autres ; il faut pourtant voir plus loin. En effet, la typologie des lieux soumis à blocage ou occupation contient en elle-même l’essence de la vie périurbaine : ronds-points aux entrées de ville, barrières de péage, dépôts pétroliers, parkings des zones commerciales agrègent l’essentiel des rassemblements. Tout est lié à la voiture, ce qui est logique puisqu’on parle de taxes sur les carburants ; mais c’est aussi sans doute parce que l’on occupe plus aisément un territoire que l’on connaît bien et dont on maîtrise les points sensibles. Plus encore : en procédant ainsi, le mouvement des « gilets jaunes » vise d’abord à se rendre visible à lui-même, et à faire entrer dans la mobilisation toutes celles et ceux qui partagent les contraintes quotidiennes de la mobilité. A l’inverse, gares, nœuds de transports en commun ou aéroports n’ont que peu fait l’objet de blocages – or il est permis de supposer que c’est plutôt là que l’on pouvait interpeller la « France d’en haut ». Quant aux rassemblements de centre-ville, ils s’adressent quant à eux directement au pouvoir national (préfectures, palais de l’Elysée).

    Quelle est donc le mal-être spécifique qu’affichent ces populations d’abord périurbaines ? Elle est liée avant tout au poids des dépenses contraintes, c’est-à-dire à l’ensemble des frais pré-engagés, sur lesquels on n’a quasiment pas de prise : loyers ou remboursements de prêts, abonnements téléphoniques, eau, gaz, cantine, assurances, etc. Ainsi, en dépit d’une hausse globale du pouvoir d’achat, la part des dépenses contraintes a augmenté quant à elle encore plus vite, passant de 12 à 29% des revenus en moyenne en un demi-siècle, si bien que la part de revenu arbitrable – ce qui reste une fois les factures payées – est orientée à la baisse.

    Or c’est ici que réside le cœur du problème périurbain : ce territoire est précisément celui du cumul des dépenses contraintes. On y trouve à la fois la plus grande part d’accédants à la propriété, avec une part des remboursements de prêt et charges dépassant le quart du montant de leurs revenus ; et la plus grande part de dépenses de carburant, qui est elle aussi à considérer comme une dépense contrainte dès lors qu’elle est liée essentiellement à l’emploi. On n’a pas encore pris, sans doute, toute la mesure des conséquences de cette extension historique de l’influence urbaine hors des villes. Le périurbain, un « urbanisme d’opportunité », a en effet été promu pendant plusieurs décennies comme une alternative aux banlieues, selon les préceptes de l’anti-urbanisme qui voulait développer une société de propriétaires. Dopée par les aides à l’accession et à la construction, motivée par un marché de promoteurs-constructeurs qui proposait une solution rentable face à l’envol des prix de l’immobilier en ville, l’offre périurbaine a ainsi fixé dans la campagne une France contrainte, plus que toute autre sensible aux variations de ses conditions matérielles de vie et enserrée dans ses dépenses de logement et de transport.

    A la contrainte périurbaine, on peut enfin ajouter – toujours avec prudence – une autre surreprésentation géographique, si l’on rapporte toutefois le nombre de points de blocage à l’importance démographique des agglomérations : celle des petites villes ouvrières touchées par la désindustrialisation.

    En somme, il est vain de chercher une explication géographique ultime à la crise des « gilets jaunes », tout comme au mal-être social qui s’exprime plus largement dans la société française dans son ensemble. Les territoires ne sont pas la cause des problèmes, ils en sont le révélateur : l’espace périurbain ou les petites villes du déclin industriel, par leur composition sociale particulière, rendent plus visibles qu’ailleurs des revendications de fond qui traversent en réalité la société dans son ensemble. Les arguments de fond du mouvement en cours relèvent avant tout d’une exigence de justice fiscale, laquelle s’est cristallisée autour du refus de transférer les produits d’une fiscalité proportionnelle aux revenus, relativement équitable, vers une fiscalité à la consommation, qui est l’impôt le plus inéquitable qui soit. En négligeant la réalité quotidienne des dépenses contraintes des ménages, et en ignorant le poids des représentations sociales de l’inégalité, on en vient à provoquer une dégradation d’ensemble du consentement à l’impôt, et l’on sape ainsi dangereusement les bases du modèle républicain.

    #Gilets_jaunes #Périurbain

  • Pourquoi la limitation à 80 km/h n’aura pas l’impact positif prétendu par le gouvernement
    https://www.huffingtonpost.fr/loic-prud-homme/pourquoi-la-limitation-a-80-km-h-naura-pas-limpact-positif-pretendu-p
    https://o.aolcdn.com/images/dims3/GLOB/crop/3861x2031+0+277/resize/1200x630!/format/jpg/quality/85/http%3A%2F%2Fo.aolcdn.com%2Fhss%2Fstorage%2Fmidas%2F890140583b8f6909fa36d1

    Par ailleurs les usagers se trouvent régulièrement confrontés à des décisions contradictoires : aménagements dispendieux pour tripler-quadrupler les voies de circulations péri-urbaines mais zones de circulations restreintes (ZCR) pour la qualité de l’air en centre-ville excluant les véhicules anciens (donc les plus pauvres) et stationnement payant qui se généralise pour faire face à la congestion. Les usagers « centrifugés » des #métropoles, habitants #péri-urbains et #ruraux, se trouvent relégués sans cesse plus loin par des temps de parcours allongés. Et à la merci d’un radar automatique un matin en retard pour aller bosser... La #relégation s’accélère quand le service public ferroviaire de #proximité est mis à mal par les récentes décisions.

  • Logement. Le surpeuplement, un mal en pleine expansion | L’Humanité
    https://www.humanite.fr/logement-le-surpeuplement-un-mal-en-pleine-expansion-649535#comment-117555

    « Six personnes tassées comme ça dans un deux-pièces, c’est insupportable ! » lance monsieur Baalouche. Depuis plus de vingt ans, il vit dans ce 43 m2 de l’Est parisien avec sa femme et ses quatre enfants. « Au début, ça allait, mais les enfants ont grandi. Trois sont maintenant adolescents, et c’est devenu très compliqué », renchérit sa femme, une petite dame frêle au visage barré par d’énormes cernes. Chaque geste est contraint. Impossible, par exemple, de prendre un repas familial tous ensemble. Il n’y a pas assez de place dans le salon, encombré par deux lits posés perpendiculairement le long des murs. Une petite table ronde est poussée contre le mur. La vie à l’étroit est faite de rangements et de dérangements quotidiens : chaque soir, il faut réinstaller sur le sol les deux matelas. Chaque matin, « je suis obligée pour habiller la petite de mettre toutes ses affaires par terre, parce que les habits sont entassés dans un tout petit espace », explique madame Baalouche. Tout est sujet à tension : l’accès à la salle de bains, où se trouve aussi l’unique toilette, les rythmes de sommeil différents entre les générations qui dorment dans chaque pièce, les désaccords sur l’heure à laquelle il faut éteindre la télé, le bruit, l’espace pour les devoirs… « On ne se supporte plus tellement on est serrés », résume madame Baalouche.

    Cette famille n’est pas un cas isolé. Entre 2006 et 2013, le nombre de ménages en surpeuplement « modéré » (1) a augmenté de 11,5 %, souligne la Fondation Abbé-Pierre (FAP), qui met l’accent sur la problématique dans son 23e rapport annuel publié aujourd’hui. Le surpeuplement accentué – à partir de deux pièces en moins que la norme – a, lui, connu une hausse de 17,2 %. Au total, 2,7 millions de ménages sont concernés, selon l’enquête logement 2013 de l’Insee. Près d’un million d’entre eux sont dans le parc locatif privé. Mais, aucun secteur n’est épargné. En HLM, 16,8 % des ménages (776 000) vivent une situation de surpeuplement. Même des propriétaires sont touchés, le plus souvent parce qu’ils se retrouvent bloqués dans un logement devenu trop petit après la naissance des enfants. Proportionnellement, les personnes « aux portes du logement » (hôtels, sous-locations, marchands de sommeil) sont les plus affectées, puisque 52 % d’entre elles vivent en situation de surpeuplement (+48 % entre 2006 et 2013 et +77 % pour le surpeuplement accentué).

    Ce « retour du surpeuplement » est alimenté par des évolutions lourdes de la société, souligne la FAP : précarisation des ménages face à l’explosion des prix de l’immobilier, augmentation des familles monoparentales ou recomposées et, enfin, « crise des politiques d’accueil » des étrangers, dont 29 % sont affectés par le surpeuplement, contre 7 % pour le reste de la population. Le caractère durable de ces évolutions conduit la FAP à souligner que, loin d’être « le résidu d’une période révolue », le surpeuplement est « un phénomène en expansion, qui pourrait continuer à se développer dans l’avenir ».
    L’espace, c’est la base de la vie

    « On n’arrive pas à s’arranger du surpeuplement, c’est une bataille du quotidien, ça prend les gens à la gorge », a souligné Manuel Domergue, directeur des études de la FAP. Mal étudié et souvent minoré en France, le surpeuplement a un impact durable sur la vie des familles et le parcours de leurs enfants. « À cause de ce logement, toute la famille est détruite », analyse monsieur Baalouche. L’appartement est comme une Cocotte-Minute, en permanence au bord de l’explosion. Privés de toute intimité, les deux grands (21 et 22 ans) sont en conflit constant avec les autres. « Dieu merci, pour le moment, on n’en est jamais venu aux mains, mais les mots, ça, oui ! » confie la mère, qui hésite à quitter le domicile tellement elle craint l’irruption de violence. Cette tension est alimentée par le manque de sommeil. Quand ils rentrent le soir, les deux garçons, qui travaillent parfois comme chauffeurs chez Uber, allument la lumière et réveillent tout le monde, générant de nouvelles tensions. « Vous avez vu mes cernes. Je ne dors pas plus de quelques heures par nuit ! » lance la mère, qui partage la chambre du fond avec ses deux filles.

    Une quinte de toux éclate dans l’appartement. C’est Yasmine, la petite dernière, âgée de 9 ans. « Avec la poussière et l’humidité, elle est devenue allergique », explique sa mère. C’est le cas aussi de l’aîné des fils, malade depuis des années. Le surpeuplement a accéléré la dégradation du logement, situé dans une copropriété privée datant des années 1970-1980 et peu rénovée. Le père montre les fenêtres qui ne ferment pas, sur lesquelles le moisi s’est accumulé. Entassés dans un unique placard, les habits de la famille sentent l’humidité et la poussière. « D’une manière générale, observe la FAP, la dégradation du logement, aggravée par le phénomène de suroccupation, accentue les problèmes de santé. »

    La fille aînée des Baalouche est en dépression. Incapable de réviser dans cet environnement exigu, elle a raté son bac l’année dernière et semble depuis plongée dans la stupeur. « Même dans son corps, pour se faire belle ou se laver, elle a abandonné », se désole sa mère. « En l’absence d’un espace ‘‘à soi’’ permettant de s’isoler et de se ressourcer, le bien-être des membres du ménage se trouve mis à mal », observe la FAP, qui souligne à quel point la suroccupation met à mal le droit à l’intimité. C’est d’autant plus vrai pour des adolescents dont « la construction d’un univers à soi est primordiale ». L’impossibilité d’amener des amis dans un logement trop petit, dont on a honte, a aussi des conséquences sur la capacité à mener une vie sociale normale.

    Pour ceux qui y grandissent, le surpeuplement est « une cicatrice à vie », souligne la FAP. Depuis le développement psychomoteur freiné dans la petite enfance faute d’espaces sécurisés, jusqu’aux difficultés de concentration, en passant par la dégradation des liens interfamiliaux, ces jeunes cumulent les handicaps. L’impact sur leur scolarité est évident. Ils ont 40 % plus de risques que les autres d’accuser une année de retard entre 11 et 15 ans, selon une étude de l’OFCE citée par la FAP. In fine, « le surpeuplement peut avoir un impact à terme sur l’insertion professionnelle des jeunes ».

    Avec son arthrose carabinée qui l’empêche de travailler et ses 1 600 euros mensuels d’allocations diverses, monsieur Baalouche a des revenus insuffisants pour accéder à un F4, même dans le secteur social. Malgré une demande de logement datant de vingt-trois ans et l’obtention en 2011 du statut de prioritaire au titre du logement opposable (Dalo), il est bloqué avec sa famille dans son appartement vétuste et trop petit. En colère, il sait que cette situation impacte toute sa vie. « Pour moi, explique-t-il, l’espace, c’est la base de la vie. Quand on a un grand espace, qu’on est tranquille dans le cerveau, on peut réussir. »
    (1) auxquels il manque une pièce par rapport à la norme d’une pièce de séjour par ménage, d’une chambre par couple, et d’une chambre pour deux enfants à condition qu’ils aient moins de 7 ans ou soient de même sexe.
    Camille Bauer
    Journaliste rubrique Société

    #logement #sur-occupation (plutôt que surpeuplement) #relégation

    • #vocabulaire c’est intéressant surpeuplement comme terme (que je découvre). Mais comme sur-occupation, le terme sous entends quelque chose qui me dérange, qui renvoit d’une certaine manière à une responsabilité individuelle. Comment disait-on avant ? Appartements trop petits ? Chambres de bonnes ? Galetas ? Taudis ?

    • Oui, en fin de compte, je voulais surtout marquer le fait que le terme « surpeuplement » renvoyait à un concept de « surpopulation », ce concept savamment distillé il y a peu par tous les médias aux ordres pour nous faire réagir que, et bien ... il y avait beaucoup trop de « monde » sur cette pauvre planète et que ... ben ... s’il y en avait qui passait l’arme à gauche ...euh ... ceux qui restent s’en porteraient pas plus mal.
      Il y aurait bien un terme plus approprié pour ce genre de faits, c’est « mal-logement » (mais là aussi, on marche dans les plates-bandes administrativo-médiatiques et ça sent pas forcément la rose). Alors pourquoi pas « pauvreté » ou « précarité » ou « logement-de-merde ». Finalement #taudis c’est pas mal.

  • Gens du voyage. La relégation des indésirables

    En 2015, La Brique rencontrait des femmes issues de la communauté #Gens_du_voyage, organisées en collectif et bien décidées à faire reconnaître les pollutions générées par deux usines installées autour de leur aire d’accueil. Nous découvrions alors les zones de #relégation dans lesquelles sont installé.es les Gens du voyage.


    http://labrique.net/index.php/thematiques/droit-a-la-ville/923-gens-du-voyage-la-relegation-des-indesirables
    #Roms #pollution #femmes #ségrégation #discrimination #Lille #France #Hellemmes-Ronchin #UNIBETON
    cc @albertocampiphoto @daphne @marty

  • Les émeutes de 2005 vues comme une épidémie de grippe, Julia Pascual, LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 22.01.2018
    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/01/22/les-emeutes-de-2005-vues-comme-une-epidemie-de-grippe_5245339_1650684.html

    Modèles de la vague d’émeute de 2005 en fonction des départements. Les événements (en gris) et les courbes de prédiction mathématique (en rouge). Nature

    Il n’y a pas eu d’embrasement généralisé, mais une extension de la violence de proche en proche dans les banlieues pauvres.

    Les violences urbaines de 2005, qui ont secoué les banlieues françaises pendant trois semaines, se sont propagées sur le territoire comme une épidémie de grippe. C’est ce qu’est parvenue à identifier et modéliser une équipe pluridisciplinaire de sept chercheurs, réunissant des sociologues, des physiciens, des mathématiciens et un informaticien.

    Les résultats de leurs travaux ont été publiés le 8 janvier dans la revue Scientific Reports, du groupe Nature. Les auteurs montrent que ces émeutes, « les plus longues et les plus étendues géographiquement d’Europe contemporaine », ont agi comme un virus, contaminant des émeutiers de proche en proche, et se déplaçant sur de longues distances sans que les émeutiers eux-mêmes ne se déplacent : parties de Clichy-sous-Bois, où deux jeunes garçons sont morts électrocutés alors qu’ils cherchaient à échapper à un contrôle de police, elles ont peu à peu gagné d’autres communes d’Ile-de-France.

    Il n’y a donc pas eu d’embrasement généralisé ni simultané mais une « diffusion sur la base d’une proximité géographique » qui a généré « une sorte de vague d’émeutes autour de Paris », peut-on lire dans l’article.

    Effet de proximité

    « Les gens sont influencés par ce qui se passe près de chez eux. La tendance à rejoindre l’émeute est d’autant plus grande qu’il y a des émeutes à proximité. Cela produit un déplacement de la vague, c’est assez étonnant, explique l’un des auteurs, le physicien Jean-Pierre Nadal, du CNRS et de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Alors qu’à l’époque, on avait l’impression que les émeutes se déroulaient un peu partout et en même temps, en fait elles durent deux ou trois jours à un endroit, ­elles se renforcent, puis elles décroissent de manière douce, même à ­Clichy-sous-Bois. Cela a fonctionné comme une ola dans un stade. »

    Cette observation relativise l’impact des moyens de communication modernes : « On pense souvent que ce sont les médias qui ont un pouvoir d’influence mais notre étude montre que les émeutiers semblent plutôt adopter une démarche rationnelle et ne s’engagent dans une émeute que s’ils ­savent qu’ils vont se retrouver en nombre suffisant, fait remarquer le mathématicien Henri Beres­tycki (EHESS), coauteur de l’étude. C’est ce que permet une diffusion de proche en proche, comme en épidémiologie. L’influence à plus longue distance vient se rajouter dans un second temps. »

    Pour identifier le phénomène de contagion, les chercheurs ont eu accès à une large base de données de la police, répertoriant tous les incidents – jets de pro­jectiles contre la police ou les pompiers, incendies de voitures, de poubelles, de bâtiments publics… – enregistrés dans toutes les communes de plus de 20 000 habitants, entre le 26 octobre et le 8 décembre 2005, ce qui couvre la période des émeutes et deux ­semaines au-delà.

    Ouvrir les données

    C’est aussi cette quantité de données à l’échelle de tout un pays qui fait l’intérêt de l’étude. D’autres travaux, portant par exemple sur les émeutes ethniques des années 1960 aux Etats-Unis, mettaient au jour la propagation des confrontations à l’intérieur d’une ville, à la façon d’une grippe. Mais elles ne permettaient pas, par exemple, d’étudier la diffusion des émeutes d’une ville à une autre. « Ces travaux montrent l’importance d’ouvrir les données à la ­recherche », souligne Marc Barthélémy, physicien des systèmes complexes à l’Institut de physique théorique (Saclay), qui n’a pas participé à l’étude.

    En s’appuyant sur un modèle épidémiologique de propagation, les chercheurs sont parvenus à reproduire la dynamique spatio-temporelle des émeutes. Pour donner à voir l’amplitude des violences de 2005, ils ont introduit dans leur équation une variable sociologique : après avoir testé plusieurs catégories de population, ils ont retenu la taille, dans une commune, de celle des jeunes entre 16 et 24 ans, sans diplôme et hors du système scolaire. Marc Barthélémy valorise cet apport : « On modélise depuis longtemps certains phénomènes à la façon d’une épidémie, à l’image de la propagation d’une rumeur. Ce qui est nouveau, c’est de la relier à un aspect socio-économique. Cette étude trouve l’indicateur qui détermine la population susceptible de répondre à la “maladie” ».

    « C’est un ingrédient important, souligne à son tour Jean-Pierre ­Nadal. L’émeute ne touche que les quartiers défavorisés, qui forment un réseau dense en région parisienne, et elle meurt au-delà. » C’est donc cette « géographie de la pauvreté qui permet la diffusion continue des émeutes comme une vague », appuie à son tour le sociologue du CNRS et coauteur de l’étude Sebastian Roché. Il met en avant l’intérêt d’une telle modélisation pour les pouvoirs publics : « La propagation de la violence à la suite d’une intervention de police est liée aux conditions socio-économiques, et cela doit être intégré à une nouvelle manière de faire de la police dans les quartiers sensibles. »

    #émeutes #contagion #Sebastian_Roché #expertise #maintien_de_l'ordre

  • Les #pauvres sont les premières victimes de la #pollution
    https://reporterre.net/Les-pauvres-sont-les-premieres-victimes-de-la-pollution

    au milieu de ce brouillard toxique, il y a l’hôpital Delafontaine. Bordée par l’A1 et une autre voie rapide, sa maternité est, elle aussi, une des premières de France : 4.600 naissances chaque année, soit plus de 12 par jour (selon le JSD). Des associations de riverains (Collectif Lamaze, Union des associations de riverains du Stade de France et Comité porte de Paris) réclament que cette portion d’autoroute soit enterrée, afin de mettre fin au bruit, à la pollution, et à la fracture entre quartiers qu’elle entraîne.

    Pour eux, il s’agit d’une « discrimination territoriale ». Est-elle due au hasard ? Pas vraiment. La commune de Saint-Denis, ville polluée, est aussi une des communes où le taux de pauvreté est le plus important, autour de 30 % de sa population (contre 14 % environ à l’échelle nationale, d’après l’Insee).

    • Merci pour la transmission des articles, vous me permettez d’éviter les « pollutions » quotidiennes de l’information sur les grands médias. J’apprécie particulièrement vos contributions et suis toujours dans l’attente de vos messages. Grand merci.

    • A mettre en perspective avec le reste du monde :

      La pollution, responsable de 9 millions de morts dans le monde par an
      Stéphane Mandard, Le Monde, le 20 octobre 2017
      https://seenthis.net/messages/638551

      et cet extrait :

      Si tous les pays sont touchés, ce sont essentiellement les plus pauvres qui paient le prix fort. Environ 92 % des 9 millions de victimes de la pollution se trouvent dans des pays à bas et moyen revenus (où le revenu national brut est inférieur à 12 235 dollars par habitant et par an, selon la classification de la Banque mondiale).

      La pollution est donc responsable de 9 millions de morts dans le monde par an, dont 8 millions de pauvres...

  • #ÉMEUTES : "IL Y A UN « LANGAGE DES ACTES », À NOUS DE L’ENTENDRE" Entretien avec l’anthropologue Alain Bertho.

    En diabolisant la #banlieue, puis l’islam, on a dressé une sorte de cordon sanitaire autour des pauvres racisés et à diviser profondément la jeunesse et les classes populaires. Cet isolement est exceptionnellement fort. (...) En #France, on a laissé le débat sur la #Nation se développer sur le mode #colonial : l’injonction d’#intégration ou d’#assimilation lancée à de jeunes français de naissance est une façon de consolider chaque jour l’inégalité de traitement et de légitimer la violence institutionnelle.

    https://lundi.am/Emeutes-Il-y-a-un-langage-des-actes-A-nous-de-l-entendre

    #colonialisme #relégation

  • #8 / Les centres de #rétention administrative : La programmation ordinaire de l’#indignité

    La production de la ville indigne relèverait de logiques différenciées. Au titre des premières prennent place le laisser-faire mais aussi l’inadaptation de réponses apportées à un problème – tel fut celui de « la jungle de Calais ». Au titre des secondes, figure la production d’un #urbanisme de déqualification que justifie la construction de la paix sociale à partir d’une gestion discriminante des #corps dans l’#espace dans un contexte socio-politique déterminé – tel fut le cas de l’urbanisme colonial en Afrique du Nord séparant colons et indigènes ou encore celui du réaménagement de l’opération alors inachevée de Drancy-la-Muette pour y séquestrer les juifs en attente de déportation (Baudouï, 1992). La production de l’inégalité de traitement des individus dans l’espace revêt de multiples formes relevant autant de la méconnaissance d’une situation que de l’intégration au plan institutionnel de représentations comportementales, raciales et xénophobes élevées au rang de normes sociétales. Bien que l’indignité soit de l’ordre du vécu et du ressenti, elle ne saurait recouvrir toutes les formes contemporaines de la marginalité. À la fois nid et cage, le #ghetto peut, par son #confinement, fonctionner comme lieu de protection des plus faibles. La construction de l’entre-soi protège aussi du regard de l’autre. Dans d’autres circonstances, l’#isolement dans une configuration spatiale et sociale de #pauvreté, la #relégation dans une #marginalité urbaine avancée, doublée du maintien d’une ouverture sur le monde extérieur qui, par effet retour, stigmatise le quartier où l’on vit, sont à même de susciter un sentiment d’#exclusion et d’indignité (Kokoreff, 2009).
    ...
    Dès l’arrivée de François Mitterrand à la Présidence de la République les conditions d’accès au titre de séjour et à l’asile politique sont assouplies. La loi du 29 octobre 1981 relative aux conditions d’entrée et de séjour des #étrangers en #France offre de nouvelles garanties de procédure pour les étrangers en situation d’#expulsion. Dans les faits, la procédure de rétention administrative est réaffirmée. Par décision du Premier ministre du 5 avril 1984 sont créés les centres et locaux de rétention administrative (CRA et LRA), placés sous la responsabilité de la direction générale de la police nationale et de la direction générale de la gendarmerie nationale. La loi du 17 juillet 1984 renforce le contrôle aux frontières pour lutter contre l’immigration clandestine et maintient le placement des étrangers à expulser en CRA et #LRA. Sous la présidence de François Mitterrand, les CRA passent de 1 en 1981 à 6 en 1995 ; sous Jacques Chirac de 7 en 1996 à 16 en 2007 ; sous Nicolas Sarkozy de 17 en 2007 à 21 en 2012. Ils sont aujourd’hui 26.


    http://www.revue-urbanites.fr/8-les-centres-de-retention-administrative-la-programmation-ordinaire
    #détention_administrative #asile #migrations #réfugiés #CRA #Vincennes

  • Ce que l’avenir vous promet…
    http://blog.monolecte.fr/post/2016/03/26/ce-que-lavenir-vous-promet

    Parfois, j’ai du mal à vraiment comprendre la #novlangue. Déjà, parce que je ne sais pas toujours que c’est de la novlangue, et ensuite, même quand j’arrive à le percevoir, je rate ce qu’il y a derrière. « On a tous à y gagner » Quand on est au cul des vaches, en zone de grande #relégation … Lire plus

    #Brouhaha #chroniques #services_publics #vieux #handicap

  • Emploi, école : les réussites et les blocages de l’intégration en France
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/01/08/les-enfants-d-immigres-s-integrent-mais-restent-victimes-du-chomage-et-de-la

    Du premier pied posé en France par un #immigré à l’installation dans la vie adulte de ses enfants s’écrit une histoire d’intégration. Pour comprendre ce processus, qui transforme en Français un nouveau venu et sa descendance, mais aussi pour en repérer les blocages, une équipe de 22 chercheurs de l’Institut national d’études démographiques (INED) et de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) ont scruté les vies de 8 300 immigrés issus de sept vagues d’entrées successives. Ils les ont comparées à celles de 8 200 de leurs descendants et à des Français sans ascendance étrangère.

    Les 600 pages d’analyses, intitulées « #Trajectoires_et_origines », rendues publiques vendredi 8 janvier, se lisent comme le roman scientifique de la construction de la France contemporaine. Il raconte une société qui, en dépit de ses doutes, sait intégrer. Face aux hésitations sur notre capacité à recevoir les réfugiés de Syrie ou d’ailleurs, la science apporte donc sa pierre. Elle réfute le repli communautaire de la #deuxième_génération [et troisième ?] , qui n’apparaît pas dans les résultats de cette vaste #enquête réalisée en 2008-2009. Celle-ci confirme toutefois un phénomène de #ghettoïsation des fils d’immigrés venus du Maghreb, d’Afrique subsaharienne ou de Turquie. Il y perce d’ailleurs plutôt l’idée que, malgré les difficultés, l’« attachement à la France est fort », comme le rappelle le sociodémographe Patrick Simon, un des trois coordonnateurs des travaux.

    Ces travaux, qui auront duré pas loin de dix ans, présentent une #intégration_« asymétrique ». Certes, les #enfants_d’immigrés obtiennent des diplômes, trouvent des conjoints et des amis sans ascendance migratoire, ont souvent mis entre parenthèses la langue de leurs parents… Pourtant, ils restent plus longtemps victimes du #chômage que la population majoritaire et se sentent discriminés. « L’intégration socio-économique est difficile pour eux, alors que leur intégration sociale est en marche », résume Cris Beauchemin, le deuxième coordonnateur du projet. (...)

    Emploi : l’ascension sociale ne protège plus des discriminations

    Mais des indicateurs plus inquiétants viennent pondérer ces résultats. En effet, l’intégration économique des deuxième génération ne suit pas leur insertion sociale ; l’« asymétrie » se situe là. D’abord, un diplôme n’a pas le même rendement pour un enfant de migrant et pour un Français de lignée. Même si leur niveau scolaire n’a rien à voir, Mme Hamel, la troisième coordinatrice, observe que « la répartition des emplois des descendants d’immigrés s’approche de manière estompée de celle des emplois occupés par les immigrés de même origine » ; preuve du déclassement manifeste des personnes de seconde génération.
    « Ayant plus de mal à s’insérer dans le monde du travail, ils acceptent plus souvent des postes déqualifiés et ensuite y progressent moins vite que leurs collègues qui ne sont pas issus de l’immigration », regrette la sociologue. « Les enfants d’immigrés sont partout confrontés à des discriminations. Ce qui est vrai dans la recherche d’un emploi l’est aussi pour le #logement ou l’accès aux #loisirs », insiste-t-elle. « En fait, eux font le travail d’intégration. Mais quand la dynamique doit venir de la société française, là, les blocages apparaissent », regrette Patrick Simon.
    La seconde génération souffre plus que la première des discriminations et cette expérience est d’autant plus systématique qu’ils font partie des minorités visibles. Maghrébins, Turcs et Subsahariens en sont le plus souvent victimes. Et rien ne les protège : ni le mariage mixte ni l’ascension professionnelle. Au contraire. « Alors que le couple mixte est souvent conçu comme un indicateur d’intégration, les migrants et leurs enfants qui ont fait le choix de vivre en couple avec une personne de la population majoritaire subissent dans leur quotidien davantage de racisme », précisent les chercheurs, qui ajoutent que « les cadres immigrés sont significativement plus confrontés au #racisme que toutes les autres catégories socioprofessionnelles ».

    ENQUÊTE « TRAJECTOIRES ET ORIGINES »
    http://teo.site.ined.fr

    #discrimination #xénophobie #exploitation #précarité #relégation

  • Comment le CNED traite les « gens du voyage » (Mescladis e còps de gula)
    http://taban.canalblog.com/archives/2015/12/13/33062741.html

    Bref ces cahiers de test, quel que soit le niveau réel de l’élève, sont, dans les conditions de leur réception, rigoureusement infaisables. Et l’envoyeur le sait bien, puisque l’enveloppe est directement adressée à l’élève ; il sait bien que celui-ci va se retrouver seul à seul avec le cahier. Pourtant les (non) résultats vont décider du niveau du cours que l’on choisira pour lui… Je vous laisse le soin de trouver les bons adjectifs pour qualifier cette négligence, cet abandon en fait, sous couvert d’une apparence de suivi, un simulacre de suivi auquel cependant les parents doivent s’astreindre, sous peine de perdre leurs allocations, voire la garde des enfants.

    J’ai noté autre chose : l’univers iconique et culturel des questions est largement étranger à celui de leurs destinataires. […] Voilà comment un enfant tout à fait capable, du fait de ses conditions sociales, risque bien d’être considéré comme déficient par l’école de la République.

    Je ne peux m’empêcher de rapprocher cette affaire de cahier d’évaluation infaisable aux histoires, j’en connais toute une série, de tous ces manouches qui ont pourtant usés leurs fonds de culottes dans toutes les écoles de la région, et ne savent pas lire, pas du tout. Je n’ai aucune raison de mettre leur parole en doute, lorsqu’ils me disent que dans les écoles où ils passaient (et où ils ne pouvaient rester, du fait de la règle des 48 heures), on les mettait au fond avec une feuille et des crayons de couleur.

    #éducation #Rroms #manouches #CNED #stigmatisation #relégation