• Christophe Cassou : « Nous allons probablement approcher la canicule de 2003, voire peut-être la dépasser » – Libération

    https://www.liberation.fr/environnement/meteo-france-selon-christophe-cassou-nous-allons-probablement-approcher-l

    Rebelote. Seulement un mois après la dernière vague de chaleur, la France tout entière va subir dès mardi 12 juillet des températures extrêmes, atteignant ou dépassant par endroits les 40 °C, avec un pic attendu ce week-end de 15 °C supérieurs aux normales de saison. Une conséquence établie du réchauffement climatique qui accentue la précocité, la fréquence, l’intensité et la durée de ces phénomènes qui devraient doubler d’ici à 2050. « Sans politique climatique, il y a trois chances sur quatre pour que le nombre annuel de jours de vagues de chaleur augmente de cinq à vingt-cinq jours en fin de siècle selon les régions par rapport à la période 1976-2005 », souligne Météo France. De quoi susciter l’inquiétude

    #climat #canicule #paywall (Si quelqu’un·e a le texte d’origine) #christophe_cassou et #ecoanxiete

    Et donc aujourd’hui twittait https://twitter.com/cassouman40/status/1546755199540383744

    « Nous allons probablement approcher la canicule de 2003, voire peut-être la dépasser ».
    Merci @libe pour cette interview hier...
    Aujourd’hui, alors que les prévisions s’affinent, j’enlèverais le "peut-être" et je rajouterais "très" devant probablement 🥵

    Dans la continuité de https://seenthis.net/messages/966346

    Tout va bien se passer… Tout.

    • Ici dans l’Hérault, c’est déjà en train de battre les records de juillet 2003.

      Météo dans l’Hérault : Des records de chaleur ont été battus dans des villages du département
      https://www.20minutes.fr/planete/3324395-20220712-meteo-herault-records-chaleur-battus-villages-departement

      Selon Météo France, dimanche, il a fait jusqu’à 38,2 degrés à Soumont, près de Lodève, dans le nord du département. C’est un record, pour cette période. Le dernier datait du 26 juillet 2018. Le thermomètre avait grimpé jusqu’à 38 degrés.

      Autre record de chaleur, à Marsillargues, dimanche. Il a fait jusqu’à 37 degrés, dans ce village. C’est 0,1 degré de plus que le 23 juillet 2003, année marquée par la canicule.

    • #Christophe_Cassou : « Nous allons probablement approcher la canicule de 2003, voire peut-être la dépasser »

      La nouvelle #vague_de_chaleur qui s’installe sur l’Hexagone à partir de mardi 12 juillet pourrait être d’une intensité historique et durer plusieurs jours, analyse le climatologue et auteur principal du sixième rapport du Giec, qui insiste sur l’urgence d’agir rapidement afin de stabiliser le niveau de réchauffement.

      Rebelote. Seulement un mois après la dernière vague de chaleur, la France tout entière va subir dès mardi 12 juillet des températures extrêmes, atteignant ou dépassant par endroits les 40 °C, avec un pic attendu ce week-end de 15 °C supérieurs aux normales de saison. Une conséquence établie du réchauffement climatique qui accentue la précocité, la fréquence, l’intensité et la durée de ces phénomènes qui devraient doubler d’ici à 2050. « Sans politique climatique, il y a trois chances sur quatre pour que le nombre annuel de jours de vagues de chaleur augmente de cinq à vingt-cinq jours en fin de siècle selon les régions par rapport à la période 1976-2005 », souligne Météo France. De quoi susciter l’inquiétude, notamment dans les départements les plus arides tels que le Gard, en proie à de violents incendies. Cet épisode de chaleur, lié à une masse d’air qui va chauffer sur place et être potentiellement amplifiée par une seconde provenant du Maroc et d’Espagne, devrait évoluer vers une situation caniculaire. Ce scénario apparaît comme un avant-goût du climat futur, détaille Christophe Cassou, climatologue et auteur principal du sixième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec).

      Un pic de chaleur en juillet, est-ce si inquiétant ?

      On est dans la saison des vagues de chaleur et des canicules : les pics de températures ont généralement lieu au mois de juillet et août. Ce qui est inquiétant, c’est l’intensité, la récurrence et le changement de saisonnalité de ces pics. Si on regarde le nombre de vagues de chaleur observées en France entre 1947 et 1999, soit en cinquante-trois ans, on en a comptabilisées 17. Celle-ci sera la 25e depuis 2000, en seulement vingt-trois ans… Aujourd’hui, on enregistre donc en France environ trois à quatre fois plus de canicules, ce qui est assez représentatif de ce qui se passe à l’échelle mondiale, où elles sont aussi trois fois plus nombreuses. Il y a toujours eu des événements extrêmes. Le changement climatique ne crée pas de vagues de chaleur, il les amplifie. Voilà pourquoi on bat des records d’année en année. Les canicules se développent sur un environnement plus chaud de base et des conditions atmosphériques favorables pour générer de la chaleur plus efficaces. Actuellement, la température globale de la planète est de 1,1 °C de plus que durant la période préindustrielle (1850-1900), ce qui suffit à avoir des événements extrêmes inédits et très forts, le dernier en date étant le dôme de chaleur au Canada en 2021.

      En quoi cette vague de chaleur est différente de celle de juin ?

      Elle est différente dans sa dynamique. Elle est plus complexe. La canicule de juin était associée à une petite dépression au large de la péninsule ibérique que l’on appelle aussi goutte froide ; les vents tournaient autour de cette dépression entraînant de l’air chaud et sec vers l’Espagne puis la France. C’est ce que j’appelais une plume de chaleur en lien avec la dépression qui agit comme un engrenage. Cette fois, une plume de chaleur va se développer dans un environnement initialement beaucoup plus chaud qu’en juin. Un dôme de chaleur est en train de se constituer et son effet va être considérablement accentué au fil des jours sous l’effet de la petite goutte froide et de sa plume. Mais on ne sait pas encore quelle sera l’ampleur de la combinaison de l’ensemble de ces processus. L’incertitude est forte, notamment pour la fin de semaine. Tout va dépendre de la position et de l’intensité de cette goutte froide qui sera le faiseur de rois.

      Cet épisode pourrait-il être historique ?

      Il peut être historique par son intensité. A ce jour, selon des critères de sévérité, l’année 2003 correspond à la vague de chaleur la plus sévère. C’est un événement de type cygne noir : extrême, rare, inédit, avec des conséquences très importantes. La canicule de 2003 semblait intouchable tant sa sévérité fut forte ! Dans les prochains jours, nous allons probablement l’approcher, voire peut-être la dépasser. Même s’il est encore trop tôt pour le dire, la vague de chaleur actuelle pourrait être plus intense et plus longue encore. Elle pourrait durer très longtemps, en particulier dans le Sud de la France. On parle déjà de dix jours au-dessus de 35-40 °C, ce qui risque d’être très compliqué pour les écosystèmes, mais aussi très impactant pour nous, sociétés humaines, avec des tensions très fortes sur les rendements agricoles, sur l’énergie… Par ailleurs, cela augmentera considérablement les risques sanitaires. Deux jours à 45 °C, on peut tenir, mais dix jours dans de telles conditions, ça peut poser problème. On a tiré les leçons de 2003 en mettant en place des systèmes d’alerte précoces et des plans d’anticipation. Il est clair que l’on aurait moins de morts qu’en 2003. Cependant, le nombre de morts ne dépend pas seulement de la sévérité de la canicule mais aussi de la capacité du système hospitalier à absorber le flux de patients. Est-ce possible sachant son état de délabrement avancé et la gestion du pic de Covid en cours ?

      Pouvez-vous nous en dire plus sur la théorie des cygnes noirs ?

      Elle a été introduite par un statisticien pour quantifier certains événements imprévisibles ayant une très faible probabilité d’arriver. Les événements inédits et extrêmes que j’appelle ovnis climatiques frappent partout sur la planète. Quand ils se produisent, ils ont des conséquences en cascade considérables et exceptionnelles. Un exemple : le dôme de chaleur du Canada a donné lieu à des mégas incendies. Aujourd’hui, il est impossible de calculer la probabilité exacte de ces extrêmes inédits. On sait qu’ils peuvent arriver, que leur probabilité augmente avec le réchauffement actuel et avec chaque dixième de degré additionnel, mais on n’arrive pas à estimer précisément un chiffre précis. Tout cela fait partie de ce qu’on nomme l’incertitude profonde. Personne n’est à l’abri de ces phénomènes de cygnes noirs.

      Que dit précisément le Giec au sujet de ces épisodes de chaleur extrêmes ?

      Le Giec attribue les changements des statistiques des extrêmes aux activités humaines et donc aux émissions de gaz à effet de serre. Le lien est clair, il n’y a plus à se poser la question. Le scénario qu’on vit actuellement est un avant-goût du climat futur. La probabilité des températures extrêmes augmente de manière non linéaire : les températures extrêmement chaudes se réchauffent plus vite que les températures moyennes. Je l’avoue, je suis dans une forme de colère, car ce qu’on vit était anticipable. L’ensemble correspond à ce que les faits scientifiques disaient depuis longtemps. Comment être encore aujourd’hui dans ce déni de gravité ? Comment tenir encore aujourd’hui des discours « rassuristes » ? Ça n’a pas de sens !

      Que préconisez-vous ? La sobriété comme maître-mot ?

      Nous faisons face à deux injonctions complémentaires : s’adapter au changement climatique et atténuer le changement climatique en diminuant les émissions de gaz à effet de serre de manière considérable et rapide. Il faut également stopper la déforestation et l’artificialisation des sols, les arbres et la terre étant des stocks de carbone. C’est le seul moyen d’arriver à la neutralité carbone qui est une contrainte géophysique, et non pas politique, pour stabiliser le niveau de réchauffement. Avant 2040, on va dépasser le seuil de 1,5 °C ; il y a encore une possibilité de ne pas atteindre le seuil de 2 °C supplémentaires mais elle est faible. Il faut avoir en tête que chaque dixième de degré compte pour le vivant. Aujourd’hui, certains discours actent l’échec de la lutte contre le changement climatique, affirment qu’il faut se préparer à des réchauffements de 3 °C. Pour moi, ce discours est irresponsable car il ne prend pas en compte les limites de l’adaptation : au-delà d’un certain seuil, il n’y a plus d’adaptation possible, comme le quantifie le Giec. Là, on approche très dangereusement de certaines limites dures, à la fois pour les écosystèmes et pour nous, humains dans certaines zones. Il faut agir maintenant. La sobriété est un levier indispensable. Cela ne passe pas par des petits gestes qui font porter la réduction des gaz à effet de serre à l’échelle de l’individu mais par la transformation de nos infrastructures collectives et le changement de nos modes de vie, en diminuant par exemple notre consommation en énergie et en eau. La dimension collective de la sobriété est essentielle.

      Vous pensez à une mesure en particulier ?

      Il y a des mesures de sobriété intéressantes, rapides, justes et équitables. Par exemple, le passage de 130 à 110 km/h sur l’autoroute. Cela permet de réduire de 16 à 20% les émissions de gaz à effet de serre en France pour le parc automobile ! C’est une mesure de sobriété parfaite. Les leviers pour lutter contre le changement climatique sont souvent qualifiés de punitifs ; c’est un argument fallacieux pour favoriser l’inaction. Qu’y a-t-il de punitif dans cette mesure ? Tout le monde peut continuer à se déplacer.

      https://www.liberation.fr/environnement/meteo-france-selon-christophe-cassou-nous-allons-probablement-approcher-l

      #canicule #France #températures #chaleur #dôme_de_chaleur #intensité #récurrence #saisonnalité #pics #événements_extrêmes #plume_de_chaleur #santé #système_hospitalier #hôpitaux #cygnes_noirs #théorie_des_cygnes_noirs #ovnis_climatiques #incertitude_profonde #colère #déni #déforestation #artificialisation_des_sols #neutralité_carbone #adaptation #sobriété

    • Donc a priori au moins 45°C en espagne…

      – 46,3°C, nouveau record au portugal aujourd’hui

      Ontem, a temperatura atingiu 46,3ºC na localidade portuguesa de Lousã, maior marca de toda a série histórica da estação. Em Santarem, a máxima da quarta-feira foi de 46,2ºC, apenas 0,1ºC abaixo de recorde absoluto de máxima.

      Tout va bien. C’est l’été qu’ils disent…

      Sinon, je peux vous dire que 36°C ça commence à être bien chaud… Vivement lundi !

    • Run 0z GFS de ce vendredi 15 juillet : prêts pour un bon coup de chalumeau pour la journée de lundi ?


      Et (amha), ça ne se calmera pas tant que la « goutte froide » continuera d’errer entre les îles britanniques, le golfe de Gascogne, et les Açores. En fait tant qu’elle ne sera pas reprise dans la circulation atmosphérique générale.

      https://forums.infoclimat.fr/f/topic/57527-du-18-juillet-au-24-juillet-2022-pr%C3%A9visions-semaine-29/?page=3#comment-3566582

    • La task force est dans la place. Gégé & Babeth vont expulser la « goutte froide »
      https://twitter.com/Elisabeth_Borne/status/1547664066067329024

      Depuis le centre opérationnel de crise, avec Gégé, nous faisons le point avec les services de l’Etat sur les moyens engagés pour lutter contre les feux. Plein soutien aux sapeurs-pompiers qui mènent une lutte acharnée contre les flammes et protègent nos concitoyens !

    • Ah oui, et aussi, j’ai fait un petit tour en bord de Charente hier pour me rafraichir… il faisait correct sous les arbres au bord d’eau… mais 36°C dès que tu en sortais… et… des maïsiculteurs arrosaient du maïs, à 15h30, sous 36°C, en période de sécheresse… mais comment est-ce encore possible bordel !? J’attends avec impatience les dépités de la filière ostréicole en aval qui vont crier au manque d’eau douce, par ailleurs déjà trop chaude…

    • Un peu plus doux par chez moi aujourd’hui, mais de nombreux records absolus de chaleurs (>40°C) ont été battus en France, notamment Nîmes, Béziers…
      Il reste toujours le plus dur (lundi - mardi) à passer…

      Un joli 47°C au Portugal…

    • Bon, alors mon petit record extérieur chez moi fut 40.7°C donc ce fameux lundi il y a quelques jours.

      La question qui va peut être se poser est : est-ce qu’on va le battre dans les prochains jours d’août ?

      https://twitter.com/cassouman40/status/1551838212229849088

      Christophe Cassou dit :

      Lassitude-effroi : il va falloir encore écrire des🧵pr expliquer la nvelle poussée de chaleur qui se profile pr début Aout.
      Bof...prenez les🧵précédents ! Dyn. en #DomeDeChaleur/déferlement d’onde & lien robuste #canicule #changementclimatique déjà expliqués. Tout quasi déjà dit😢

      En réponse à Gaétan Heymes :

      Prévision ECMWF pour la première semaine d’août : renforcement des conditions anticycloniques en altitude, induisant le retour d’une forte chaleur généralisée et une persistance de la sécheresse.

  • Expliquer le Coronavirus avec les données : pourquoi tant de morts en Italie ? Et dans le monde ?

    (très très mauvaise qualité de l’image)

    –-> il souligne avant tout, ce qui est tout à fait logique, que les personnes qui ont eu un #test de #dépistage rentrent dans les #statistiques

    –-> #Décès : distinction entre ceux qui meurent DE covid (sans autre pathologie auparavant) et ceux qui meurent AVEC covid (personnes qui ont une autre pathologie, et apparemment c’est surtout des #maladies_cardiovasculaires qui seraient là un facteur aggravant) :
    – AVEC covid 98,8% des cas
    – DE covid 1,2% des cas


    –-> 85,6% des personnes décédées ont plus de 70 ans


    –-> mise en garde d’une « bombe à retardement », tous les jeunes, notamment les étudiant·es, mais aussi des travailleurs, qui habitent au Nord de l’Italie et qui sont rentré·es au Sud pour se confiner... danger pour les régions du Sud où la population est très âgée...


    –-> La question de la #temporalité de la maladie :
    – 4 jours entre le moment dans lequel le dépistage est fait et l’hospitalisation
    – 5 jours entre l’hospitalisation en thérapie intensive et le décès

    –-> Source, une étude épidémiologique du 20 mars de l’ISS (https://www.iss.it) :


    –-> Quand le système hospitalier commence à s’effondrer (manque de lits en #soins_intensifs), et qu’il n’y a pas assez de lits en thérapie intensive, les patients décèdent après 5 jours entre le moment dans lequel elles rentrent à l’hôpital en soins ordinaires et le décès


    –-> Et quand le #système_hospitalier s’effondre complètement et qu’il n’y a même plus de lits en soins hospitaliers, les personnes en #confinement_domestique ne sont même plus hospitalisées et on ne fait plus de test de dépistage...
    –-> augmentation du nombre de décès non comptabilisés

    Quand est-ce qu’un système hospitalier collapse ?


    –-> graphique qui montre, par pays, le nombre de « patients actifs » (contaminés) par rapport au nombre de patients en thérapie intensive (sur ce graphique en nombres absolus)
    –-> division des pays entre effondrement, situation très critique, critique, sous stress


    –-> Taux de mortalité en #Chine
    –-> une courbe qui, comme dit le conférencier, semble bien trop parfaite...


    –-> en #Corée_du_Sud


    –-> en Italie, où la courbe, à un certain moment, au lieu de baisser car le système sanitaire arrive à contrôler les morts, elle augmente. Le conférencier explique cela notamment par le fait que le système de santé s’est effondré, donc il y a des personnes à l’intérieur des hôpitaux qui sont contaminés alors qu’elles étaient hospitalisées pour autre chose, des personnes qui ne peuvent pas être hospitalisées, etc.


    –-> Espagne, même tendance qu’en Italie


    –-> #UK #Angleterre


    –-> #Allemagne

    Eléments communs des pays qui soit ont un fort taux de décès et ceux qui ont un faible taux de décès :


    –-> le nombre de tests de dépistage, qui permet de faire un confinement plus ciblé et une hospitalisation plus rapide


    –-> nombre de lits en soins intensifs


    –-> nombre de lits en hôpital (pas forcément en soins intensifs)

    https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=1578893788930683&id=100004302308708?sfnsn=scwspwa&d
    #coronavirus #Italie #taux_de_mortalité

    ping @simplicissimus @fil

  • Coronavirus : à quel point le système hospitalier est-il sous pression ? Quelle est sa capacité totale ? Et à quel point cette capacité a-t-elle diminué ces dernières années ?

    Dans les figures certains de mes calculs à l’échelle provinciale et de #bassin_hospitalier (voir les notes).

    Le message est assez clair :
    1. dans les zones les plus touchées, la situation est largement au-delà de la capacité « ordinaire » de gestion par le service national de santé. Heureusement, ces zones sont les plus capables de supporter l’impact (et ce n’est pas un hasard : elles sont parmi les zones les plus « riches les plus interconnectées avec d’autres régions et pays, plus denses de population et activités, et donc plus exposées au danger de contagion). L ’ un des principaux mérites des mesures d’isolement et d’avoir empêché (pour l’instant) que la contagion se répande dans les zones les moins capables.

    2. Le système hospitalier est à peu près partout inadéquat pour gérer une urgence terrible et imprévisible comme celle-ci, notamment en raison de politiques de réduction des dépenses, de réduction du personnel et de réduction des capacités hospitaliers qui se poursuivent depuis plusieurs décennies : le nombre de lits pour le traitement des cas aigus » pour 1.000 habitants était de 10 en 1977, 8 en 1985, 6 en 1995 en 1995, 4 en 2001 , 3 en 2010 et est aujourd’hui d’environ 2,5 (données OCDE). La réduction des lits est également due à la réduction du temps de séjour et du recours à l’hospitalisation, mais elle est liée à la réduction du personnel médical et para-médical. Le nombre de lits équipés pour les soins intensifs est à peu près partout très bas.
    Que la crise soit l’occasion de réfléchir aux raisons qui nous ont amenés jusqu’ici et à ce qu’il faut faire pour éviter que cette situation ne se reproduise lorsque, tôt ou tard, la prochaine pandémie éclate.

    Les suggestions et les critiques sont les bienvenues.

    Je remercie infiniment Gianluigi Salvucci de m’avoir aidé à localiser les hôpitaux et Lorenzo Lev Paglione pour les suggestions utiles sur quoi (ne) carte.

    Notes :
    – les indicateurs sont calculés en additionnant les valeurs par zone avec celles de toutes les zones contiguës afin de « spacialiser » la variable étant donné que toute hospitalisation ne doit pas nécessairement se faire dans les hôpitaux les plus proches des lieux de résidence.
    – on considère le total des cas de contagion avant les guéris, car c’est la seule donnée disponible au niveau provincial (que je sache).
    – les données officielles sur les cas constatées peuvent, comme vous le savez, sous-estimer considérablement le nombre effectif de contaminés et être déformé par les différentes manières avec lesquelles les régions et territoires sont en train de gérer l’épidémie.
    – le rapport entre les cas de Covid-19 et les lits n’est pas un indicateur du niveau de saturation effectif des hôpitaux, mais une proxy du degré global de pression sur le système hospitalier, tant en termes de gestion de la pandémie que de D ’ autres maladies " ordinaires
    – les bassins hospitaliers ont été construits par diagramme de Voronoi à partir de la localisation de chaque établissement hospitalier qui abrite un service de soins intensifs. Les bassins contigus plus petits de 500 km2 ont été agrégés aux bassins contigus.
    – les données pourraient être inexactes en raison d’erreurs lors de l’imputation et de traitement. La photographie globale est cependant valable, peut-être pas dans les valeurs exactes des indicateurs, mais dans leur répartition territoriale.
    – Source des données : Protection civile, Ministère de la santé, Istat (http://opendatadpc.maps.arcgis.com/apps/opsdashboard/index.html#/b0c68bce2cce478eaac82fe38d4138b1, http://www.dati.salute.gov.it/dati/dettaglioDataset.jsp?menu=dati&idPag=96, http://dati.istat.it/Index.aspx?DataSetCode=DCIS_POPRES1)
    – toute utilisation ou réutilisation des images est autorisée, il suffit de citer la source et de me communiquer comment et finalité. Les données sont à la disposition de tous ceux qui en font la demande.

    https://www.facebook.com/filippo.celata/posts/10219670537745528
    #hôpitaux #système_hospitalier #Italie #système_de_santé #cartographie #visualisation #données #chiffres #statistiques
    De #Filippo_Celata
    ping @simplicissimus @reka @fil

  • L’#hôpital applaudi par ceux qui l’ont appauvri

    La gestion de l’épidémie repose sur un #système_sanitaire précaire, rationalisé à outrance et maltraité.
    Voilà un fameux #paradoxe : c’est à un #hôpital_public dont les acteurs clament depuis des mois qu’il est en détresse et en survie précaire et à qui on objectait les #contraintes_budgétaires pour leur refuser un #apport_financier à hauteur de leur demande, qu’il incombe aujourd’hui de sauver la patrie en danger. Je ne sais pas moi, mais si j’étais un de ces responsables, notre empathique président au premier chef, qui à longueur d’antenne font, des trémolos dans la voix, l’éloge du dévouement de nos soignants (notez l’affectueux possessif sans doute comme une excuse), je serais dans mes petits souliers. Parce que ce sont eux, justement, les responsables de ce paradoxe, eux qui, l’#urgence_sanitaire ne peut le faire oublier, ont depuis des décennies, et sans solution de continuité d’un gouvernement à l’autre, imposé au système de santé ce business model asservi à la #doxa_libérale qui l’a mis au bord du gouffre.

    Dommage que les librairies soient fermées : je vous aurais dit d’y courir acheter d’abord de la poésie, qui est depuis toujours un anticorps à l’affaissement moral et d’un même mouvement l’opuscule de #Stéphane_Velut, neurochirurgien au CHU de Tours, l’Hôpital, une nouvelle industrie (« Tracts » Gallimard). En quarante pages péremptoires et lumineuses, Velut décrit le processus d’assujettissement de l’hôpital aux diktats de la #rentabilité et de l’#efficacité, bref de la #rationalisation_économique. On y apprend comment on passe de l’hôpital de #stock (le stock, c’est vous et moi, malades, et le stock, ça encombre et, horreur, ça coûte) à l’hôpital de #flux, comment le #bed_manager (sic) fait la loi, comment on gère et organise à coups de GHM, GHS, T2A, PMSI, DMS, Fast RAAC, etc. Vous ne comprenez rien à ces sigles ? Moi non plus. Mais cette abstraction dit tout : le sous-titre de ce formidable petit traité d’intelligence politique est justement le #Langage_comme_symptôme. Il s’agit bien ici de faire entrer de force la réalité dans un schéma conceptuel hors-sol, coûte que coûte si l’on peut dire. Ce que ça coûte ? La négation de l’humain, de ce que Velut nomme le « trop humain » que l’Administrant, qui a, lui, le sens des réalités, n’a pas le temps de considérer. On se permettra de rappeler à l’Administrant, et particulièrement à l’Administrant en chef, qui en tirera sûrement les conséquences, cette pensée du poète Georges Perros : « Le sens des réalités va contre le sens de la réalité. »

    https://www.liberation.fr/france/2020/03/18/l-hopital-applaudi-par-ceux-qui-l-ont-appauvri_1782286

    #hypocrisie #hôpitaux #applaudissement

    • L’Hôpital, une nouvelle industrie. Le langage comme symptôme

      Tenter de soustraire au maximum le #facteur_humain, #trop_humain, du #système_hospitalier, c’est prendre le risque que ce système s’effondre. Il faudra quand même, un jour, se demander si c’est bien.
      Stéphane Velut.

      Tout juste soixante ans se sont écoulés depuis la création des Centres hospitaliers universitaires. Ces structures sont le cœur d’un système à la réputation excellente. Mais ce cœur s’est emballé. Le corps soignant s’épuise et les patients s’inquiètent. Les crises se succèdent avec leurs ordonnances de vains remèdes. Le malade que nous sommes, ou que nous serons presque tous un jour, a tout lieu de s’inquiéter. Le mal est profond. Il s’entend dans le nouveau langage qui s’est imposé au sein des pratiques hospitalières. Tel est l’éloquent symptôme qui révèle le dessein de faire de l’hôpital une nouvelle industrie, au mépris de son humaine justification. Un dessein indicible, qui rêve de fondre le soin dans la technicité abstraite et gestionnaire de notre société.


      http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Tracts/L-Hopital-une-nouvelle-industrie
      #livre