city:parm

  • Sur le capitalisme patriarcal : entretien avec Silvia Federici - ACTA, partisan.e.s dans la métropole
    https://www.youtube.com/watch?v=p7oOnb6fvpw&feature=youtu.be

    Quelle importance de la grève féministe aujourd’hui ? Quels sont les apports de l’opéraïsme au féminisme de la reproduction sociale ? Comment dénaturaliser le travail ménager ? La révolution communiste est-elle d’actualité ?

    Dans le sillage de notre série d’entretiens avec des figures du féminisme contemporain pour ACTA, après une première vidéo en compagnie de Françoise Vergès sur le féminisme décolonial, nous avons rencontré Silvia Federici suite à la parution aux éditions la Fabrique de son dernier ouvrage : Le Capitalisme Patriarcal. Nous en publions ici la version intégrale.

    Silvia Federici (née en 1942 à Parme en Italie) est une universitaire, enseignante et militante féministe radicale. Elle est professeure émérite et chercheuse à l’Université Hofstra à New York. Elle a notamment écrit Caliban et la sorcière (éditions entremonde - 2017) et le Capitalisme patriarcal (La fabrique éditions - 2019)

    #féminisme #travail_ménager #travail_de_reproduction #opéraïsme #salaire_contre_le_le_travail_ménager #Afrique #entretien #vidéo

  • Italie : le plaidoyer pour l’Europe d’un ancien « Cinq Etoiles » devenu maire de Parme
    https://www.mediapart.fr/journal/international/230519/italie-le-plaidoyer-pour-l-europe-d-un-ancien-cinq-etoiles-devenu-maire-de

    Le maire de Parme, Federico Pizzarotti, s’est lancé dans la campagne des européennes à la tête d’un petit parti, Italie en commun. Cet ancien élu du Mouvement Cinq Étoiles, qui a claqué la porte du parti en octobre 2016, chasse désormais sur les terres électorales de l’écologie.

    #EUROPE #Parme,_Mouvement_cinq_étoiles,_Emma_Bonino,_Italie

  • Estonie. Climat de guerre froide à la frontière russe

    En 2016, le photographe italien #Alessandro_Gandolfi s’est rendu en Estonie, tout près de la frontière russe, pour y réaliser cette série intitulée “Estonie. La nouvelle Crimée ?” Selon lui, un rideau de fer s’est à nouveau abattu sur l’Europe. Et plus précisément dans cet État. Ce pays Balte, aujourd’hui membre de l’Union européenne et de l’Otan, faisait partie de l’Union soviétique pendant la première guerre froide. Aujourd’hui, il se retrouve au beau milieu de la partie qui se joue entre Washington et Moscou. “Il me semblait intéressant de raconter le quotidien des Estoniens, surtout ceux qui vivent à la frontière avec la Russie. Ils sont russophones pour la plupart, pro-Poutine et peu intégrés”, explique Alessandro Gandolfi à Courrier international.

    Depuis que la Russie a annexé la Crimée en 2014, l’Estonie craint d’être la prochaine victime de son expansionnisme. L’Otan est d’ailleurs en train d’intensifier sa présence militaire le long de la frontière balte. En 2017, son budget pour cette région est monté à 3,4 milliards de dollars, et l’organisation y a détaché des milliers de soldats supplémentaires. De plus, le nombre de civils qui rejoignent des milices de volontaires ne cesse de croître.
    Né en 1970 à Parme, Alessandro Gandolfi a été journaliste au quotidien La Repubblica avant de se consacrer au photojournalisme à partir de 2001. Il a cofondé l’agence Parallelozero à Milan. Son travail, publié dans de nombreux titres internationaux comme Time, Die Zeit et National Geographic, a été plusieurs fois primé.


    https://www.courrierinternational.com/diaporama/estonie-climat-de-guerre-froide-la-frontiere-russe

    #Estonie #frontières #Russie #photographie
    ping @reka @albertocampiphoto

  • Le viol en milieu militant : une analyse de l’Assemblée Antisexiste de Turin - Marseille Infos Autonomes
    https://mars-infos.org/le-viol-en-milieu-militant-une-2726
    https://mars-infos.org/home/chroot_ml/ml-marseille/ml-marseille/public_html/IMG/arton2726.jpg?1511278783

    Suite aux traductions en français de certains textes à propos du viol collectif qui a eu lieu à Parme, au siège de la RAF (Réseau Antifasciste de Parme), voici un texte écrit par l’Assemblée Antisexiste de Turin. Ce texte est le produit d’un travail qui fait suite à l’épisode de Parme et aux viols qui ont eu lieu au campement No Border de Vintimille en 2015 et dans l’espace occupé Ex-Moi de Turin... ainsi qu’à tout les épisodes de #sexisme dont les espaces militants ne sont pas du tout exempts.
    En espérant que le travail des camarades italiennes puisse servir comme outil de ce côté de la frontière aussi.

    #viol_collectif

  • À propos du viol collectif qui a eu lieu à Parme, au siège de la RAF (Réseau Antifasciste de Parme)
    https://nantes.indymedia.org/articles/38688

    Traduction d’un texte sur le viol collectif d’une femme dans un local antifasciste à Parme, et du continuum des violences perpétrées par le milieu, comment peut-on se prétendre anarchiste et antifasciste et ne pas VOIR les violences faites aux femmes ?

    #/ #genre #sexualités #/,genre,sexualités

  • À propos du viol collectif qui a eu lieu à Parme, au siège de la RAF (Réseau Antifasciste de Parme) - Paris-luttes.info via @paris
    https://paris-luttes.info/a-propos-du-viol-collectif-qui-a-8797

    Traduction d’un texte sur le viol collectif d’une femme dans un local antifasciste à Parme, et du continuum des violences perpétrées par le milieu, comment peut-on se prétendre anarchiste et antifasciste et ne pas VOIR les violences faites aux femmes ?

    Nous avons voulu traduire ce texte qui raconte l’histoire de Claudia (le nom a été changé) car elle montre les mécanismes qui permettent la perpétuation des violences sexuelles des hommes contre les femmes.
    Mais elle montre aussi LA SOLIDARITE qui peut se mettre en place malgré les phénomènes de meutes. Meutes qui se protègent tentant d’empêcher la parole et la mobilisation, en décrédibilisant, humiliant, marginalisant et terrorisant la victime. Et aussi et surtout LE COURAGE de Claudia et de nous toutes.
    Un viol collectif a eu lieu dans un espace militant antifasciste, à Parme, en Italie, comme cela se passe partout dans la société.
    C’est difficile d’aller contre son propre groupe d’appartenance quand il nous accuse de le fragiliser, de le trahir et nous rend responsable du chaos. Ce transfert de responsabilité est mis en place pour nous faire taire mais les traîtres ce sont les violeurs et tous ceux qui les soutiennent !!
    La seule solution c’est la lutte et la solidarité entre les femmes.

    Les traductrices Arrabbiate lestraductricesarrabbiate@autistiche.org

    #viol

    • #fascisme #domination_masculine #virilité #mussoliniens_de_la_bite #nazis_du_zob #pine-aux-chiens #anarcouilles #anarco-fafs

      Les violeurs après avoir reproché à la victime d’avoir parler aux institutions ne se privent pas de faire appel.

      Par rapport au consentement, en droit et culturellement les femmes sont jugées comme consentantes par défaut et doivent prouvé qu’il n’y avait pas consentement de leur part. Du coup ce sont les femmes qui sont sous la menace constante vis à vis de la sexualité. On devrait faire l’inverse. Partire du principe que les femmes ne consentent pas et que leur affirmation enthousiaste et active doit etre le critère pour toute interaction physique. Il faut que la peur change de camps. Il faut que les hommes aient peur de ne pas violer. Il faut que le risque de commetre un viol les terrifient jusqu’au fond de leur etre car il est inadmissible de prendre le risque de violer une personne. Au lieu de ca les hommes ont peur d’etre accusés à tord, et les femmes ont peur d’etre violés. Mais les femmes ne devraient pas avoir à etre effrayé ni à changer leurs tenues, leurs horraires de sortie ou prendre des précautions par rapport aux viol. C’est aux hommes à vivre dans cette peur, constamment, toute leur vie. Tant que les hommes ne serons pas travaillés profondément par cette peur rien ne changera. Il faut pas attendre qu’une femme consente, il faut attendre qu’elle vienne vous chercher et qu’elle vous demande du sexe. Si aucune femme ne viens vous chercher faites vous une raison et satisfesez vous de ne pas être un potentiel violeur et branlez vous dans la paix que procure la certitude de ne pas etre un violeur.

    • Stratégies de défense des agresseurs sexuels en milieu militant – et comment les combattre - Les Ourses à plumes
      https://lesoursesaplumes.info/2017/02/23/strategies-de-defense-des-agresseurs-sexuels-en-milieu-militant-e

      Ceci est un texte collectif, issu de longues discussions entre militantes féministes d’organisations politiques et de collectifs différents, mais tous ancrés à l’extrême-gauche. Cela ne signifie aucunement que les situations décrites ne se produisent pas dans d’autres cadres. Mais certains ressorts ici exposés sont spécifiques à notre milieu, et il nous faut les exposer pour mieux les combattre.

      Les genres employés

      Les genres utilisés dans ce texte seront le masculin pour les agresseurs, le féminin pour les victimes. Cela correspond aux statistiques : 9 victimes d’agressions sexuelles et de viols sur 10 sont des femmes, 99 % des agresseurs (on entendra ici l’auteur d’agression(s) sexuelle(s) et/ou de viol(s)) sont des hommes. On parlera ici d’hommes au sens d’hommes cisgenres.

      Il ne s’agit pas d’invisibiliser les autres cas qui existent, mais de souligner un fait social, découlant du patriarcat.

      Des schémas récurrents

      Les stratégies décrites sont celles que nous avons pu observer de façon récurrente dans nos cadres collectifs, lorsqu’est rendue publique une agression sexuelle ou un viol. La récurrence frappante de ces schémas n’est pas un hasard : elle correspond à un comportement social d’agresseur. Le Collectif féministe contre le viol établit également des canevas de comportements et de défense d’agresseurs dans les cas de violences conjugales, de crimes contre des enfants, etc.

      Aussi, même si tous les agresseurs ne suivent pas ces stratégies, les personnes qui le font sont très probablement des agresseurs. Consciemment ou non, ils mettent en place des schémas leur permettant l’impunité et la récidive – un agresseur agresse rarement une seule fois.

      On pourra nous rétorquer que ces attitudes sont normales et spontanées, et qu’il est donc bien naturel de les retrouver largement. A ceci nous répondrons que nous avons vu des rares cas d’agresseurs réagissant correctement après avoir été confrontés par les victimes, ou après avoir pris connaissance des accusations à leur encontre.

  • I signori del cibo: chi decide cosa arriva sulla nostra tavola

    “Pochi grandi gruppi controllano la produzione, la commercializzazione e la distribuzione del cibo che mangiamo”, spiega Stefano Liberti. “Queste industrie trattano il cibo come se fosse un giacimento di petrolio. Si cerca di produrre il più possibile al minor costo possibile, a scapito della qualità degli alimenti, dell’ambiente e dei diritti dei lavoratori che operano nella catena alimentare”.
    Stefano Liberti, autore del libro I signori del cibo. Viaggio nell’industria alimentare che sta distruggendo il pianeta (Minimum fax 2016), ha seguito la filiera di quattro prodotti alimentari – la carne di maiale, la soia, il tonno in scatola e il pomodoro concentrato – per scoprire come si sta trasformando il mercato globale del cibo.

    http://www.internazionale.it/video/2017/02/07/liberti-cibo
    #alimentation #finance #spéculation #chaîne_alimentaire #Stefano_Liberti #porc #soja #thon #tomates #globalisation #mondialisation

    • I signori del cibo. Viaggio nell’industria alimentare che sta distruggendo il pianeta

      Dopo A Sud di Lampedusa e il successo internazionale di Land grabbing, Stefano Liberti ci presenta un reportage importante che segue la filiera di quattro prodotti alimentari – la carne di maiale, la soia, il tonno in scatola e il pomodoro concentrato – per osservare cosa accade in un settore divorato dall’aggressività della finanza che ha deciso di trasformare il pianeta in un gigantesco pasto.
      Un’indagine globale durata due anni, dall’Amazzonia brasiliana dove le sconfinate monoculture di soia stanno distruggendo la più grande fabbrica di biodiversità della Terra ai mega-pescherecci che setacciano e saccheggiano gli oceani per garantire scatolette di tonno sempre più economiche, dagli allevamenti industriali di suini negli Stati Uniti a un futuristico mattatoio cinese, fino alle campagne della Puglia, dove i lavoratori ghanesi raccolgono i pomodori che prima coltivavano nelle loro terre in Africa.
      Un’inchiesta che fa luce sui giochi di potere che regolano il mercato del cibo, dominato da pochi colossali attori sempre più intenzionati a controllare ciò che mangiamo e a macinare profitti monumentali.

      http://www.minimumfax.com/libri/scheda_libro/779

    • Le #capitalisme raconté par le #ketchup

      La force d’un système économique tient à sa capacité à s’insinuer dans les moindres replis de l’existence, et en particulier dans nos assiettes. Une banale boîte de concentré de tomate contient ainsi deux siècles d’histoire du capitalisme. Pour son nouvel ouvrage, Jean-Baptiste Malet a mené une enquête au long cours sur quatre continents. Une géopolitique de la « malbouffe » dont il présente ici un tour d’horizon inédit.

      Dans la salle d’un restaurant décorée d’ours et de cobras empaillés, au cœur de la vallée de Sacramento, en Californie, un homme mord dans son hamburger face à une bouteille de ketchup. M. Chris Rufer, patron de la Morning Star Company, règne sur la filière mondiale de la tomate d’industrie. Avec trois usines seulement, les plus grandes du monde, son entreprise produit 12 % du concentré de tomate consommé sur la planète.

      « Je suis une sorte d’anarchiste, explique M. Rufer entre deux bouchées. C’est pourquoi il n’y a plus de chef dans mon entreprise. Nous avons adopté l’autogestion » — une « autogestion » où l’informatique remplace les cadres, mais qui ne prévoit pas que les travailleurs contrôlent le capital de l’entreprise. Mécène du Parti libertarien (1), M. Rufer laisse aux employés le soin de se répartir les tâches qui échoient encore à des êtres humains. Dans les ateliers de la ville de Williams, la Morning Star transforme chaque heure 1 350 tonnes de tomates fraîches en concentré. Lavage, broyage et évaporation sous pression sont entièrement automatisés.

      Traversé continuellement d’un essaim de camions tractant des doubles bennes de fruits rouges, l’établissement est le plus compétitif du monde. Il fonctionne en trois-huit et n’emploie que soixante-dix travailleurs par rotation. L’essentiel des ouvriers et des cadres ont été éliminés, remplacés par des machines et des ordinateurs. De ce traitement de « première transformation » sortent de grandes caisses contenant différentes qualités de concentré.

      Mises en conteneurs, elles circuleront sur tous les océans du globe. On les retrouvera, aux côtés de barils de concentré chinois, dans les mégaconserveries napolitaines qui produisent l’essentiel des petites boîtes de concentré vendues par la grande distribution européenne. Les usines dites « de seconde transformation » des pays scandinaves, d’Europe de l’Est, des îles Britanniques ou de Provence emploieront également du concentré importé comme ingrédient dans leur nourriture industrielle — ratatouille, pizzas surgelées, lasagnes... Ailleurs, ce produit pourpre et visqueux, mélangé à de la semoule ou à du riz, entre dans les recettes populaires et les mets traditionnels, du mafé à la paella en passant par la chorba. Le concentré de tomate est le produit industriel le plus accessible de l’ère capitaliste : on le trouve sur la table des restaurants branchés de San Francisco comme sur les étals des villages les plus pauvres d’Afrique, où il se vend parfois à la cuillère, comme dans le nord du Ghana, pour l’équivalent de quelques centimes d’euro (lire « Des produits chinois frelatés pour l’Afrique »).

      Toute l’humanité mange de la tomate d’industrie. En 2016, 38 millions de tonnes de ce légume-fruit (2), soit environ un quart de la production totale, ont été transformés ou mis en conserves. L’année précédente, chaque Terrien avait en moyenne absorbé 5,2 kilos de tomates transformées (3). Ingrédient central de la « malbouffe » (4) autant que de la diète méditerranéenne, la tomate transcende les clivages culturels et alimentaires. Elle n’est soumise à aucun interdit. Les civilisations du blé, du riz et du maïs décrites par l’historien Fernand Braudel ont aujourd’hui cédé la place à une seule et même civilisation de la tomate.

      Lorsqu’il presse le flacon Heinz pour couvrir ses frites d’une nouvelle giclée de ketchup, produisant ce bruit caractéristique que des milliards d’oreilles ont appris à reconnaître depuis l’enfance, M. Rufer n’a sans doute en tête ni la composition de la sauce ni son histoire mouvementée. Si, malgré sa couleur rouge, le « tomato ketchup » n’a pas le goût de la tomate, c’est que sa teneur en concentré varie entre 30 % et... 6 % selon les fabricants, pour 25 % de sucre en moyenne. Aux États-Unis, il s’agit de sirop de maïs (génétiquement modifié, la plupart du temps). Mis en cause dans l’épidémie d’obésité qui frappe le pays, omniprésent dans l’alimentation industrielle des Américains, ce « glucose-fructose » coûte moins cher que les sucres de canne ou de betterave. Dopés à l’amidon modifié, aux épaississants et aux gélifiants comme la gomme xanthane (E415) ou la gomme de guar (E412), les pires ketchups représentent l’aboutissement d’un siècle de « progrès » agroalimentaire.

      Dans les usines de M. Rufer comme dans toutes les installations de transformation du globe, l’essentiel de la technologie vient d’Italie. Née au XIXe siècle en Émilie-Romagne, l’industrie de la tomate a connu une expansion planétaire. C’est en émigrant, à la fin du XIXe siècle, que des millions d’Italiens diffusent l’usage culinaire de la tomate transformée et stimulent les exportations de conserves tricolores vers l’Argentine, le Brésil, les États-Unis. En Italie, durant la période fasciste, la boîte en fer symbolise la « révolution culturelle » inspirée du futurisme qui exalte la civilisation urbaine, les machines et la guerre. La tomate en conserves, nourriture de l’« homme nouveau », conjugue ingénierie scientifique, production industrielle et conservation de ce qui a été cultivé sur la terre de la patrie. En 1940 se tient à Parme la première « Exposition autarcique des boîtes et emballages de conserve », un événement qui fait la fierté des hiérarques du régime. La couverture de son catalogue montre une boîte de conserve frappée des lettres AUTARCHIA. L’autarcie verte, la voie économique suivie par le fascisme, rationalise et développe l’industrie rouge. « De nos jours, deux aliments globalisés de la restauration rapide, le plat de pâtes et la pizza, contiennent de la tomate. C’est là, en partie, l’héritage de cette industrie structurée, développée, encouragée et financée par le régime fasciste », souligne l’historien de la gastronomie Alberto Capatti.

      Apparues au XIXe siècle aux États-Unis, la boîte de soupe à la tomate Campbell’s et le flacon rouge Heinz — dont il se vend annuellement 650 millions d’unités à travers le monde — rivalisent avec la bouteille de Coca-Cola pour le titre de symbole du capitalisme. Fait méconnu, ces deux marchandises ont précédé l’automobile dans l’histoire de la production de masse. Avant que Ford n’assemble des automobiles sur des chaînes de montage, les usines Heinz de Pittsburgh, en Pennsylvanie, fabriquaient déjà des conserves de haricots à la sauce tomate sur des lignes de production où des tâches telles que le sertissage des boîtes étaient automatisées. Des photographies de 1904 montrent des ouvrières en uniforme Heinz travaillant sur des lignes de production : les bouteilles de ketchup s’y déplacent sur un rail. Un an plus tard, Heinz vend un million de bouteilles de ketchup. En 1910, il produit quarante millions de boîtes de conserve et vingt millions de bouteilles de verre. L’entreprise est alors la plus importante multinationale américaine (5).

      Dans le sillage de la vague néolibérale des années 1980, et grâce à l’invention des conditionnements aseptiques (traités pour empêcher le développement de micro-organismes), qui ouvrent la voie aux flux intercontinentaux de produits alimentaires, les géants tels que Heinz ou Unilever sous-traitent progressivement leurs activités de transformation de tomates. Désormais, les multinationales du ketchup, de la soupe ou de la pizza se fournissent directement auprès de « premiers transformateurs » capables de fournir du concentré industriel à très bas coût et en très grande quantité. En Californie, en Chine et en Italie, quelques mastodontes transforment à eux seuls la moitié des tomates d’industrie de la planète. « Si les Pays-Bas, où s’est implantée une usine Heinz gigantesque, sont le premier exportateur de sauces et de ketchup en Europe, ils ne produisent pas de tomates d’industrie, précise le trader uruguayen Juan José Amézaga. Tout le concentré employé dans les sauces qu’exportent les Pays-Bas ou l’Allemagne est produit à partir de concentré d’importation en provenance de diverses parties du monde. Les fournisseurs peuvent se trouver en Californie, en Europe ou en Chine. Cela fluctue en fonction des périodes de l’année, des taux de change, de l’état des stocks et des récoltes. »

      Premier producteur mondial de concentré de tomate, la Californie ne compte que douze usines de transformation. Toutes sont titanesques. Elles fournissent à elles seules la quasi-totalité du marché intérieur nord-américain et exportent vers l’Europe des concentrés vendus parfois moins cher que les concentrés italiens ou espagnols. À la différence des « tomates de bouche », destinées au marché de frais, les variétés buissonnantes de « tomates d’industrie » ne sont pas tuteurées. Parce que le soleil dispense une énergie abondante et gratuite, elles poussent exclusivement en plein champ, contrairement aux cultures sous serre qui alimentent les étals toute l’année. En Californie, les récoltes débutent parfois dès le printemps et s’achèvent, comme en Provence, à l’automne.

      « Améliorées » depuis les années 1960 par des généticiens, les tomates de l’agro-industrie sont conçues d’emblée pour faciliter leur transformation ultérieure. La science qui guide l’organisation du travail intervient aussi en amont, au cœur même du produit. L’introduction d’un gène a par exemple permis d’accélérer les cueillettes manuelles et rendu possibles les récoltes mécaniques. Tous les fruits de la filière mondiale se détachent de leur pédoncule d’une simple secousse. Bien qu’aujourd’hui les tomates d’industrie du marché mondial soient majoritairement de variétés dites « hybrides », la purée de tomates est entrée dans l’histoire comme le tout premier aliment OGM commercialisé en Europe (6).

      Avec sa peau épaisse qui craque sous la dent, la tomate d’industrie supporte les cahots des voyages en camion et le maniement brutal par les machines. Même placée au fond d’une benne sous la masse de ses congénères, elle n’éclate pas. Les grands semenciers ont veillé à ce qu’elle contienne le moins d’eau possible, contrairement aux variétés de supermarché, aqueuses et donc inadaptées à la production de concentré. L’industrie rouge se résume au fond à un cycle hydrique perpétuel et absurde : d’un côté, on irrigue massivement les champs dans des régions où l’eau est rare, comme la Californie ; de l’autre, on transporte les fruits dans des usines pour évaporer l’eau qu’ils contiennent afin de produire une pâte riche en matière sèche.

      https://www.monde-diplomatique.fr/2017/06/MALET/57599

      Un article qui date de 2017, avec une infographie de @odilon... je mets ici pour archivage

  • Roundup, l’herbicide qui sème la discorde

    http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/10/26/roundup-l-herbicide-qui-seme-la-discorde_4797178_3244.html

    Dans le sud de la ­Colombie, c’en est fini de la noria des ­avions militaires et des longs panaches gris qu’ils laissaient dans leur sillage. Le 15 mai, le président colombien, Juan Manuel Santos, annonçait l’arrêt de l’un des instruments de lutte contre le narcotrafic les plus controversés d’Amérique latine  : l’épandage aérien d’un puissant herbicide, le glyphosate, principe actif du célèbre Roundup, sur les plantations illégales de coca. C’était la conclusion d’une des plus âpres controverses sanitaires et environnementales de ces dernières années.

    Financé depuis la fin des années 1990 par les Etats-Unis, le «  plan Colombie  » ­fédérait contre lui les populations, les ­associations environnementalistes et les organisations de défense des droits de l’homme, qui dénonçaient des épandages indiscriminés, des dégâts sur l’agriculture et le bétail, des atteintes sanitaires dans les communautés villageoises… L’Equateur voisin voyait aussi d’un très mauvais œil ces pulvérisations massives qui, au moindre coup de vent, s’invitaient sur son territoire.

    Ce ne sont pourtant ni ces protestations, ni les tensions avec le voisin équatorien, ni une quelconque interruption dans le financement américain du programme qui auront eu raison des épandages de glyphosate. Mais un texte ­lapidaire de quatre feuillets, publié le 20 mars dans la revue Lancet Oncology, signé du «   groupe de travail chargé des monographies au Centre international de recherche sur le cancer [CIRC]  » et annonçant l’impensable  : le classement de la substance, par la vénérable agence de l’Organisation mondiale pour la santé ( O.M.S. ), comme « cancérogène probable ».

    « La mère de toute les batailles »

    Les dix-sept scientifiques de onze nationalités réunis par le CIRC pour évaluer le célèbre herbicide ignoraient sans doute que leur avis mettrait, en moins de trois semaines, un terme à quinze années de polémiques autour du « plan Colombie ».

    En revanche, ils se doutaient qu’ils ​allaient créer l’une des plus vastes paniques réglementaires de l’histoire récente et déclencher un formidable ​affron​tement d’experts. « c’est clairement la mère de toutes les batailles, dit un toxicologue français qui n’a pas participé à l’évaluation. Le glyphosate, c’est un peu comme ces grandes banques américaines qu’on ne peut pas laisser faire faillite sans casser tout le système : too big to fail. » Dès la publication de l’avis du CIRC, Monsanto a diffusé un communiqué inhabituellement agressif, qualifiant le travail de l’agence de « science pourrie » (junk science, dans le texte), exigeant de Margaret Chan, directrice générale de l’OMS, qu’elle fasse « rectifier » la classification du glyphosate.
    Le travail du CIRC jouit toutefois d’une haute reconnaissance dans la communauté scientifique.

    A l’évidence, le glyphosate n’est pas un pesticide comme les autres. Inventé en 1970 par Monsanto, dont le brevet mondial est arrivé à échéance en 1991, c’est le pesticide de synthèse le plus utilisé dans le monde. Mais c’est aussi la pierre angulaire de toute la stratégie de l’industrie des biotechnologies végétales. Selon les données de l’industrie, environ 80 % des plantes transgéniques actuellement en culture ont été modifiées pour être rendues tolérantes à un
    herbicide – le glyphosate, en grande majorité. Et ce, afin de permettre un usage simplifié du produit. Celui-ci détruit en effet toutes les adventices (les mauvaises herbes) sans nuire aux plantes transgéniques.

    Embarras

    Le développement exponentiel du glyphosate s’est construit sur l’idée qu’il était presque totalement inoffensif pour les humains. « Moins dangereux que le sel de table ou l’aspirine », selon les éléments de langage des industriels. C’est dire si l’avis rendu en mars par le CIRC a fait l’effet d’une bombe. D’autant plus que le glyphosate est précisément en cours de réévaluation au niveau européen. Avant la fin de l’année, l’Union européenne devra dire si elle réautorise ou non, pour les dix prochaines années, le glyphosate sur son territoire...

    Comble de l’embarras : l’Institut fédéral allemand d’évaluation du risque (le Bundesinstitut für Risikobewertung, ou BfR), chargé de le réévaluer au nom de l’Europe, a rendu en 2014, à l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), un rapport de réévaluation écartant tout potentiel cancérogène et proposant même de relever de 60 % le seuil de sécurité actuel ! L’EFSA devait ensuite passer en revue la version préliminaire rendue par le BfR et transmettre un avis positif à la Commission européenne. Le glyphosate aurait été sans anicroche réautorisé pour une décennie en Europe.

    La publication du CIRC a fait voler en éclats cette mécanique.
    En France, le ministère de l’écologie a saisi en urgence, le 8 avril, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), afin qu’elle rende un avis sur... l’avis du CIRC. Quatre experts français ont été affectés, séance tenante, à l’examen des divergences entre le CIRC et le BfR. Quant à ce dernier, il a mis à jour sa réévaluation en tenant compte des ​conclusions du CIRC et doit la remettre avant la fin octobre à l’EFSA.

    Divergences

    A l’agence européenne, basée à Parme (Italie), la situation est source de profond embarras, car c’est elle qui devra, in fine, jouer le rôle d’arbitre et rédiger l’avis définitif à l’intention de la Commission européenne. En fin de compte, l’EFSA, qui cherche à réparer son image mise à mal par les accusations répétées de conflit d’intérêts, a prévu de consulter l’ensemble des agences de sécurité sanitaire européennes avant de se prononcer.

    En attendant, on tente de relativiser les divergences entre groupes d’experts. « Il faut comprendre que l’avis rendu par le CIRC n’est pas une évaluation du risque, dit-on à l’EFSA. Le CIRC dit que le glyphosate est un cancérigène probable, et non qu’il représente un risque de cancer pour la population ! » Cependant, le BfR et le CIRC ne s’entendent pas non plus sur les propriétés mêmes de la substance. Dans son rapport préliminaire, le BfR jugeait qu’« un échantillon adéquat d’études in vitro et in vivo n’ont pas fourni d’indice de potentiel génotoxique », tandis que le CIRC estime que les données disponibles sont « suffisantes » pour conclure au caractère génotoxique du glyphosate. Notamment grâce à une étude menée sur les communautés villageoises des hauts plateaux ​- colombiens : après les épandages, les taux de lymphocytes anormaux augmentaient chez les sujets analysés.

    Comment expliquer de telles divergences ? « Une première raison est la nature des études qui ont été examinées par les deux groupes d’experts, explique Gérard Lasfargues, directeur général adjoint de l’Anses. Le BfR a notamment examiné des études conduites par les entreprises qui ne sont pas rendues publiques pour des questions de secret industriel, ce que n’a pas fait le CIRC. » De fait, l’agence de l’OMS ne fonde ses avis que sur des données publiques ou sur des études publiées dans la littérature scientifique, et donc préalablement soumises à la revue par les pairs (peer review).

    Opacité

    Plusieurs ONG, comme Greenpeace ou Corporate Europe Observatory (CEO), sont très critiques sur l’opacité de l’évaluation conduite par le BfR prenant en compte des études industrielles et tenues confidentielles. « Le BfR a été tellement débordé par le volume des études soumises par les entreprises que son travail a surtout consisté à passer en revue les résumés d’études fournies par l’industrie », assure-t-on à CEO. En outre, quatre des douze experts du comité Pesticides du BfR – qui n’a pas répondu aux sollicitations du Monde – sont salariés par des sociétés agrochimiques ou des laboratoires privés sous contrat avec ​elles. A l’inverse, les experts du CIRC ne sont pas seulement sélectionnés sur des critères de compétence scientifique, mais également sur l’absence stricte de conflits d’intérêts.

    Une autre raison des divergences entre le CIRC et le BfR est plus étonnante. « Le CIRC a tenu compte d’études épidémiologiques qui ont été écartées par le BfR de son analyse, explique
    M. Lasfargues. Et le BfR a écarté ces études sur la foi de certains critères, dits “critères de Klimisch”, qui en évaluent la solidité. Mais ce qui pose question est que ces critères sont censés estimer la qualité des études toxicologiques, non des études épidémiologiques, et on ne sait pas comment ces critères ont été éventuellement adaptés. »

    Bataille d’experts

    Plusieurs de ces études épidémiologiques prises en compte par le CIRC suggèrent un risque accru de lymphome non hodgkinien (LNH) – un cancer du sang – chez les travailleurs agricoles exposés au glyphosate. Cependant, l’affaire est loin d’être claire. Ainsi, rappelle une épidémiologiste française, « les résultats de la grande étude prospective sur la santé des travailleurs agricoles [dite « Agricultural Health Study », menée dans l’Iowa et en Caroline du Nord] n’ont pas permis pas de faire ce lien entre glyphosate et lymphome non hodgkinien ».

    La bataille d’experts en cours ne se réduit pas à une opposition entre le CIRC et le BfR... Un autre groupe scientifique constitué par l’Institut national de la santé et de la recherche biomédicale ​- (Inserm) avait déjà, dans son expertise de 2013 sur les effets sanitaires des pesticides, affirmé le caractère génotoxique du glyphosate et suspectait, comme le CIRC, un lien avec le LNH...

    D’autres expertises viennent encore ajouter à la confusion. Dans son communiqué du 23 mars, Monsanto notait ainsi que le groupe d’experts commun à l’OMS et à l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation sur les pesticides – dit « Joint Meeting on Pesticide Residues », ou JMPR – avait, dans son dernier avis, écarté tout potentiel cancérogène du glyphosate. Deux groupes d’experts œuvrant sous l’égide de l’OMS et parvenant à des conclusions opposées, l’affaire faisait un peu désordre.

    Conflits d’intérêts

    Selon nos informations, un troisième groupe d’experts a été constitué en urgence par l’OMS pour... départager les deux autres. Le résultat de l’audit, discrètement publié courant septembre sur le site de l’OMS, est cruel pour le JMPR. Celui-ci est critiqué pour n’avoir pas pris en compte certaines études publiées dans la littérature scientifique et pour n’avoir pas, au contraire du CIRC, tenu compte de « toutes les données utiles » à l’évaluation... Le JMPR est enfin sèchement ​invité à « revoir ses règles internes » et à « refaire l’évaluation complète » du glyphosate. L’OMS n’a pas répondu aux sollicitations du Monde.

    Là encore, les ONG ont leur interprétation. Dans une lettre adressée, le 16 juin, à la direction générale de l’OMS, une dizaine d’organisations de défense de l’environnement (National Resources Defense Council, Friends of the Earth, etc.) relevaient les conflits d’intérêts de quatre des huit experts du JMPR qui travaillent régulièrement avec l’industrie agrochimique. L’un d’eux avait même été exclu d’un groupe d’experts de l’EFSA – fait inédit – pour avoir omis de déclarer certaines de ses collaborations avec l’industrie...

    Embryons d’oursin

    Le potentiel génotoxique et probablement cancérogène attribué au glyphosate n’étonne guère le biologiste Robert Bellé, professeur émérite à l’université Pierre-et-Marie-Curie (Paris). « Au contraire, beaucoup de temps a été perdu, déplore ce pionnier de l’étude des effets du glyphosate. A la fin des années 1990, je cherchais un modèle biologique pour étudier les effets de substances toxiques sur les mécanismes de cancérogénèse et de tératogénèse au sein de la cellule. » L’équipe du biologiste utilise des embryons d’oursin pour observer les mécanismes de ​division cellulaire et la manière dont ils peuvent être perturbés par des polluants. « Nous cherchions une substance très banale et couramment ​utilisée, présente partout, pour exposer les cellules témoins, raconte M. Bellé. Nous avons choisi de prendre celui qui nous a semblé le plus commun, et donc sans doute le plus étudié : nous avons pris du Roundup, en vente libre. Et ce que nous avons observé nous a beaucoup surpris. »

    A partir de 2002, l’équipe du biologiste français publie une série de résultats montrant que le Roundup inhibe la division cellulaire et active un « point de ​contrôle » des dommages de l’ADN – un mé​canisme-clé qui permet d’éviter que des cellules à l’ADN altéré ne se multiplient.
    « Lorsqu’on utilise le glyphosate seul, ces effets disparaissent, car le glyphosate semble incapable de pénétrer dans la ​cellule, sauf à très hautes doses, explique M. Bellé. Or, il n’est commercialisé que mélangé à des surfactants qui lui permettent d’entrer dans les cellules et donc d’être ​efficace. On comprend du coup pourquoi le glyphosate ne sera jamais interdit : les tests toxicologiques réglementaires
    n’expérimentent que les effets du principe ​actif seul... » Un constat étayé depuis une décennie par d’autres travaux, conduits par l’équipe du biologiste français Gilles-Eric Séralini (université de Caen, Criigen), qui a fait du glyphosate l’un de ses chevaux de bataille.

    Alertes anciennes

    « Au début des années 2000, à deux reprises, j’ai reçu la visite de responsables du CNRS à qui j’ai expliqué mes résultats et qui les ont trouvés intéressants et pertinents, raconte M. Bellé, qui ne souhaite pas donner l’identité des intéressés pour éviter la polémique. On m’a dit que je pouvais ​- continuer mon travail sur le glyphosate, mais que je ne devais pas communiquer auprès du public, pour ne pas inquiéter les gens. » Ultérieurement, alors que les avis scientifiques des experts étaient favorables, ​toutes les demandes de financement public pour approfondir ses travaux sur l’herbicide ont été rejetées.

    Le glyphosate, un Léviathan de l’industrie phytosanitaire

    Le glyphosate, c’est le Léviathan de l’industrie phytosanitaire. Loin de se ​réduire au seul Roundup – le produit phare de Monsanto –, il entre dans la composition de près de 750 produits, commercialisés par plus de 90 fabricants, répartis dans une vingtaine de pays... La production mondiale est montée en flèche ces dernières années un peu partout dans le monde, tirée vers le haut par l’adoption rapide des maïs et autres sojas transgéniques « Roundup ready ». De 600 000 tonnes en 2008, la production mondiale de glyphosate est passée à 650 000 tonnes en 2011, pour atteindre 720 000 tonnes en 2012, selon les données compilées par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Aux Etats-Unis, les quantités épandues ont été multipliées par 20 en ​l’espace de vingt ans, passant de 4 000 tonnes par an en 1987 à 80 000 tonnes en 2007. En 2011, dans une étude publiée par la revue Environmental Toxicology and Chemistry, l’US Geological Survey annonçait avoir détecté du glyphosate dans les trois quarts des échantillons d’eau de pluie et d’air analysés dans une région de grandes cultures. En France, il s’en épand environ 8 000 tonnes par an. Avec son principal produit de dégradation, l’AMPA, il constitue le produit le plus fréquemment détecté dans les cours d’eau de France métropolitaine.

    Les travaux du biologiste français et de son équipe suggéraient donc déjà, il y a près de quinze ans, que le glyphosate pouvait être impliqué dans la cancérogenèse.

    En outre, la monographie du CIRC rappelle ce fait surprenant : lorsque, en 1985, la substance est évaluée pour la première fois par l’Agence de protection de l’environnement américaine, elle est d’emblée classée cancérogène. Les experts américains signalent en effet que les souris exposées au produit ont un risque accru de développer un cancer du tubule rénal... Des discussions pointues sur la nature de quelques-unes des tumeurs observées conduiront, quelques années plus tard, à considérer ce résultat comme non significatif.

    Malgré ces alertes anciennes, le glyphosate s’est installé comme le plus sûr des herbicides sur le marché pendant de nombreuses années. La confiance dans le produit a été telle que certains risques sanitaires, sans liens avec le cancer, ont été totalement ignorés.

    Neurotoxicité

    « Nous savons avec certitude que le glyphosate est neurotoxique : cela est documenté par des études menées sur les animaux et aussi par les cas d’intoxication aiguë chez l’homme, dit ainsi Philippe Grandjean, professeur à l’université ​Harvard, l’un des pionniers de l’étude de l’effet des polluants environnementaux sur le système nerveux central. Or si le glyphosate a un effet sur le cerveau adulte, nous savons aussi qu’il aura un effet sur le cerveau en développement du jeune enfant ou sur le fœtus, par le biais de l’exposition des femmes enceintes. »

    Toute la question est alors de savoir à partir de quel niveau d’exposition au glyphosate ces dégâts apparaissent. « Cela, nous ne le savons pas, répond M. Grandjean. A ma connaissance, il n’y a eu aucune étude valide, menée selon les standards réglementaires, pour évaluer les effets du glyphosate sur le neurodéveloppement. S’agissant du pesticide le plus utilisé dans le monde, cette situation me semble être assez problématique. »

  • A Bruxelles et à Parme, les dirigeants publics et privés se sucrent
    http://alternatives-economiques.fr/blogs/raveaud/2012/05/12/a-bruxelles-et-a-bruxelles-les-dirigeants-se-sucrent

    Chez Dexia, tout va bien : certes, des prêts menteurs ont été distribués à des collectivités locales aujourd’hui sur-endettées qui doivent pressurer leurs habitants, y compris les plus pauvres. Mais un vote des actionnaires vient d’exonérer les dirigeants, qui pourront partir avec leurs bonus et échapper à toute poursuite judiciaire.

    Du côté de l’Agence européenne de sécurité des aliments, c’est également la fête : sa directrice vient de passer au privé, pour travailler pour le lobby agro-alimentaire, celui qui nous vend des produits trop gras, trop sucrés, trop salés, et qui adore les organismes génétiquement modifiés.

    #corruption