• Des pics de crises cardiaques chez les jeunes suivent les vagues de COVID-19 | Erin McLaughlin, Maura Hohman [Video]
    https://cabrioles.substack.com/p/des-pics-de-crises-cardiaques-chez

    Une étude récente a montré que les crises cardiaques chez les personnes âgées de 25 à 44 ans ont augmenté de 30 % par rapport au nombre attendu au cours des deux premières années de la pandémie de COVID-19. Pour les survivant·es du #COVID-19, le risque de développer une maladie cardiaque même un an après l’infection, quelle que soit la gravité des symptômes, est « substantiel », selon une étude réalisée en février 2022 sur plus de 150 000 personnes atteintes de COVID-19. Le risque augmente même pour les personnes qui ne présentent aucun autre facteur de risque de maladie cardiaque.

    Erin McLaughlin est correspondante pour NBC News. Elle réalise des reportages pour l’ensemble de NBC News, MSNBC et les plateformes numériques, notamment « Nightly News », « The Today Show » et « NBC NewsNow ». Elle couvre la guerre entre l’Ukraine et la Russie depuis l’Ukraine et l’Europe de l’Est depuis janvier 2022. Elle a également assuré une couverture approfondie de la pandémie de COVID-19. Avant de rejoindre NBC News, Erin McLaughlin était correspondante internationale pour CNN Londres.

    Maura Hohman est rédactrice en chef de la rubrique santé de TODAY.com et couvre les actualités et les tendances en matière de santé et de bien-être depuis 2015. Ses articles ont été publiés sur TODAY, NBC News, US News & World Report, People, Everyday Health, WhatToExpect.com, History.com et bien d’autres encore. Elle s’intéresse notamment à la santé des femmes, aux disparités raciales en matière de santé, à la santé mentale et au COVID-19.

    #maladie_cardiaque #crises_cardiaques #post-covid

  • Comment le travail des immigrés contribue à limiter la pénurie de main-d’œuvre en France
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/09/22/comment-le-travail-des-immigres-contribue-a-limiter-la-penurie-de-main-d-uvr

    Comment le travail des immigrés contribue à limiter la pénurie de main-d’œuvre en France
    Agents de sécurité, aides-soignantes, médecins hospitaliers… Les travailleurs venus d’autres pays sont essentiels pour faire fonctionner de nombreux secteurs. Enquête sur un déni français, loin du fantasme de la submersion démographique agité par l’extrême droite.
    Par Marie Charrel
    Il se souvient des poèmes et des dessins d’enfants, des saluts depuis les fenêtres, et même des chocolats qu’un matin une jeune femme bravant le confinement lui avait offerts. Eboueur dans la petite couronne parisienne, Bakary (il préfère ne pas donner son nom) pensait que les gestes de solidarité envers sa profession durant la pandémie de Covid-19 avaient changé les choses. « Soudain, on nous célébrait, nous, les premières lignes et les immigrés, sans qui le pays ne tient pas debout », raconte cet Ivoirien de 43 ans, arrivé en France il y a quinze ans. Bakary aimerait ne pas être le seul à se souvenir des poèmes. Lui a une carte de résident, mais il s’inquiète pour ses collègues, nombreux, qui n’en ont pas. « Parfois, je suis en colère, parfois, je pleure. Entre les patrons bien contents d’exploiter les sans-papiers et ceux qui voudraient nous mettre dehors, où sont passés ceux qui applaudissaient les héros du Covid ? »
    Depuis sa présentation en conseil des ministres, début 2023, le projet de loi relatif à l’immigration, qui devrait être examiné par le Sénat début novembre, déchire la classe politique, et plus encore : il met en lumière les tabous et crispations de la société française sur le sujet. En particulier l’article 3, qui propose de créer un « titre de séjour » pour les métiers en tension, afin de régulariser temporairement les sans-papiers y travaillant.
    Le président du parti Les Républicains, Eric Ciotti, qui en a fait une ligne rouge, agite régulièrement le risque d’un « appel d’air migratoire », reprenant un argument cher à l’extrême droite. A l’opposé, certains membres de la majorité soulignent que ces sans-papiers sont indispensables à notre économie. « Sans eux, des pans entiers de notre pays ne pourraient fonctionner », ont écrit une trentaine de parlementaires, allant du MoDem et de Renaissance à Europe Ecologie-Les Verts, dans une tribune publiée, lundi 11 septembre, par Libération.
    Le sujet n’est pas seulement franco-français. « Partout en Europe, des secteurs se sont retrouvés confrontés à une pénurie de main-d’œuvre encore plus criante au sortir de la pandémie, poussant certains Etats à revoir leur politique d’immigration », rappelle Jean-Christophe Dumont, chef de la division des migrations internationales de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). « Nous avons besoin d’une immigration de main-d’œuvre qualifiée », assurait la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, mercredi 13 septembre. Et pour cause : le nombre des décès dépasse aujourd’hui celui des naissances dans l’Union européenne (UE) vieillissante. Si, après deux années de baisse, sa population a crû de 2,8 millions de personnes en 2022, pour atteindre 448,4 millions d’habitants, c’est largement grâce aux flux migratoires, montrent les données d’Eurostat. « Aujourd’hui, 100 % de la croissance de la force de travail de l’UE est liée à l’immigration », résume M. Dumont.
    La France, elle, accueille moins d’immigrés que ses voisins – leur nombre a progressé de 36 % entre 2000 et 2020, d’après les Nations unies (ONU), contre 75 % en Allemagne, 121 % dans les pays nordiques et 181 % en Europe du Sud. Il n’empêche : la crise sanitaire a souligné à quel point une série de secteurs ne pourraient pas tourner sans eux. Selon la direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques du ministère du travail, les immigrés, qui représentent 10,3 % de la population française, pèsent 38,8 % des employés de maison, 28,4 % des agents de gardiennage et de sécurité ou encore 24,1 % des ouvriers non qualifiés du BTP.
    Une étude du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii) datée de février 2022 montre qu’ils représentent également 17 % des médecins hospitaliers et que près de la moitié (44,4 %) des travailleurs immigrés sont regroupés en Ile-de-France, où ils sont 60 % des aides à domicile. « Les entreprises désœuvrées face au manque de bras sont de plus en plus pragmatiques et sortent des sentiers battus pour trouver des candidats : elles se tournent donc vers ces profils », explique Théo Scubla, fondateur d’Each One, un cabinet spécialisé dans l’inclusion de réfugiés et d’immigrés en entreprise.
    Bien sûr, la barrière de la langue et le besoin de qualification constituent de sérieux freins à l’emploi, sans parler de l’administratif, aux méandres kafkaïens. Pour les dépasser, les entreprises souhaitant s’engager dans cette voie, y compris les PME, se font souvent accompagner par des associations ou sociétés spécialisées. (...) Mais les services ne sont pas les seuls à se tourner vers ces travailleurs. « On en parle moins, mais les besoins sont aussi massifs dans l’industrie, qui s’est historiquement construite grâce à la main-d’œuvre étrangère : les Italiens dans la Lorraine de la fin du XIXe siècle, les Polonais dans les années 1930 ou encore les Portugais et Nord-Africains venus entre 1965 et 1975 », rappelle Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, la banque publique d’investissement.
    Les 160 entreprises du cluster de la « Mecanic Vallée », qui emploient 12 000 salariés en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie, en zone rurale et périurbaine, ouvrent 800 nouveaux postes de tourneurs-fraiseurs et autres opérateurs de machines chaque année. « C’est deux fois plus qu’avant le Covid, et nous échouons à tous les pourvoir, tant les candidats manquent, raconte Hervé Danton, délégué général de l’association qui regroupe ces industriels. Alors, nous allons chercher des Ukrainiens et des Maliens déjà installés dans la région, ou des Portugais et des Polonais dans leur pays. » Des profils dont il estime le nombre à environ 300 dans ces entreprises.
    « Des patrons nous paient en retard ou pas du tout » Confronté aux mêmes difficultés, Olivier Fontaine, patron de Filair, une PME de vingt-cinq salariés fabriquant des équipements en inox à La Mothe-Saint-Héray (Deux-Sèvres), a embauché un réfugié syrien de 36 ans grâce à une association d’insertion, en mars 2022. Celui-ci travaille sur un poste de soudage électrique que l’entreprise échouait à pourvoir jusque-là. « Nous sommes dans le Sud-Ouest rural, je craignais que son intégration dans l’équipe pose question, mais tout s’est bien passé : son engagement et son désir de travailler ont vite fait oublier les différences culturelles », témoigne-t-il.
    Lui est venu en France pour motif humanitaire, comme 14,6 % des personnes admises sur le territoire en 2021, selon l’Insee. L’immigration estudiantine (32,4 %) représente le principal flux migratoire, loin devant les entrées pour motifs économiques (13,3 %), mais aussi le regroupement familial (31,7 %) – une démarche en général entreprise par le primo-arrivant après des années de présence dans le pays.
    Nihad Boukaibat est ainsi arrivée du Maroc en mai 2022 pour rejoindre son mari, installé dans la région lyonnaise. La jeune femme de 28 ans a presque aussitôt intégré, comme dix-neuf autres personnes exilées, un programme de quinze semaines mené par l’association de formation Weavers et l’entreprise Accor (cours de français, de numérique, apprentissage des métiers de l’hôtellerie…), à l’issue duquel elle s’est vu offrir un CDI dans l’un des hôtels lyonnais du groupe. « J’ai trouvé un emploi stable et à temps plein rapidement, dans une équipe où je ne me sens pas étrangère. Je suis très reconnaissante », raconte-t-elle. Carole Lathouche, directrice de l’hôtel Mercure où travaille Nihad, confie que les salariés des établissements participants ont également été sensibilisés à l’accueil de ces recrues, et qu’elle est prête à renouveler l’expérience. Signe que l’intégration est amplement facilitée lorsqu’elle est accompagnée.
    Des histoires comme celle de Nihad Boukaibat, il y en a des milliers en France. Mais il y a celles, aussi, qui révèlent l’autre face du travail immigré, bien plus sombre. En particulier celui des sans-papiers. « Parce qu’on ne peut pas se plaindre, des patrons nous paient en retard ou pas du tout, exigent des heures sup au pied levé, refusent les arrêts maladie. J’en ai connu des comme ça, ils en profitent », raconte Mamadou (il n’a pas souhaité donner son nom), 33 ans, cuisinier à Nice. Arrivé de Mauritanie en 2015 pour étudier la sociologie, il s’est retrouvé sans titre de séjour après son diplôme, en 2019. « Pourtant, je paie des impôts depuis 2017. J’ai gardé toutes mes fiches d’imposition et j’ai toujours travaillé sous mon nom. » Aujourd’hui, il est salarié d’un restaurant dont le patron a accepté de lancer les démarches administratives avec lui, afin qu’il soit régularisé. Mais combien d’autres, avant, ont refusé de l’aider ? « Il y a une véritable hypocrisie dans l’hôtellerie-restauration, dénonce Nicolas Bergerault, le fondateur de l’Atelier des chefs, une entreprise qui anime des cours de cuisine aux particuliers et des formations aux métiers de services. Beaucoup d’établissements offrent des conditions de travail déplorables et se plaignent de peiner à recruter. La solution n’est pas d’aller chercher des immigrés ou des sans-papiers contraints d’être corvéables à merci, mais d’améliorer ces conditions. » Il n’en va pas autrement dans la sous-traitance en cascade du BTP, le nettoyage et les plates-formes de livraison, où les témoignages comme celui de Mamadou sont légion. « C’est le fond du problème : ces pratiques s’apparentent à du dumping social organisé », déplore Gérard Ré, membre du collectif immigration de la CGT. La confédération syndicale réclame la régularisation de ces personnes, soulignant également qu’on ne peut pas se contenter de les considérer uniquement comme une force de travail. « Sans régularisation, l’Etat valide le fait que des travailleurs n’ont pas les mêmes droits que les autres sur notre sol », ajoute M. Ré. Sachant que le nombre total de sans-papiers, en emploi ou non, est estimé de 300 000 à 750 000 personnes, selon les sources.
    La France a pourtant une longue expérience de l’immigration, rappelle-t-il. Celle-ci a pris son essor au XIXe siècle, au moment où les autres pays européens étaient encore des terres d’émigration. Trois grandes vagues migratoires se sont succédé, à la fin du XIXe siècle, durant les années 1920, puis pendant les « trente glorieuses ». Chaque fois, il s’est agi d’une immigration de travail. Chaque fois, ces vagues ont été marquées par des « ruptures brutales lors des crises économiques qui les ont suivies », soulignent les travaux de l’historien Gérard Noiriel. En 1934, la France expulse les Polonais à la suite de la crise de 1929 et la poussée des ligues d’extrême droite. En 1972, la circulaire Marcellin-Fontanet freine l’entrée des travailleurs étrangers, alors que la croissance marque le pas.
    « Depuis la fin du XIXe, les mêmes arguments xénophobes ressurgissent régulièrement : le fantasme de la submersion démographique, la crainte des étrangers qui volent nos emplois et pervertissent la nation », relève Laurent Dornel, historien à l’université de Pau et des pays de l’Adour. « Cela explique pourquoi la classe politique française, également prisonnière des amalgames avec le problème des banlieues et de la question coloniale non digérée, échoue aujourd’hui à mener une politique migratoire rationnelle », estime Catherine Wihtol de Wenden, politologue spécialiste des migrations à Sciences Po. Pourtant, les travaux d’économistes, de sociologues, de démographes européens comme américains démontant ces arguments ne manquent pas. A l’exemple de ceux sur les finances publiques. « Les immigrés touchent des aides sociales et allocations, mais ils paient aussi des taxes, impôts et contributions sociales : la difficulté est de mesurer la différence », résume Lionel Ragot, économiste à l’université Paris-Nanterre, auteur d’une étude sur le sujet en 2021. Les différentes évaluations n’utilisent pas toujours la même méthodologie. « Mais toutes montrent que l’incidence des immigrés sur le budget public est à peu près neutre », explique Hippolyte d’Albis, de l’Ecole d’économie de Paris.
    Que dire du marché du travail ? « Il convient de différencier les vagues d’immigration massives et temporaires de l’immigration régulière et étalée dans le temps », explique Anthony Edo, spécialiste du sujet au Cepii. Cela dépend, en outre, du niveau de diplôme des arrivants, de la reconnaissance ou non de leurs qualifications et de la vitesse à laquelle ils peuvent accéder au marché du travail – d’où l’importance de politiques d’intégration efficaces. En la matière, les travaux de David Card, économiste à Berkeley (Californie) et prix Nobel d’économie 2021, font référence. Il s’est penché sur l’« exode de Mariel », lorsque, en 1980, 125 000 Cubains expulsés par le régime de Fidel Castro par le port de Mariel se sont installés aux Etats-Unis, dont près de la moitié à Miami. L’économiste a étudié comment la ville de Floride avait « absorbé » ces arrivées, en comparant l’évolution des indicateurs économiques avec ceux de quatre autres villes. Résultat : ce choc migratoire n’a pas fait exploser le chômage ni fait plonger les salaires.
    « A court terme, l’arrivée d’immigrés peut néanmoins freiner la progression des salaires de personnes de mêmes qualifications peu élevées dans le pays d’arrivée – le plus souvent, il s’agit d’ailleurs des immigrés des vagues précédentes », nuance Anthony Edo. « Mais il faut également prendre en compte les effets indirects et de complémentarité, ajoute Ekrame Boubtane, chercheuse associée à l’Ecole d’économie de Paris. L’afflux d’immigrées peu qualifiées, notamment des Philippines, aux Etats-Unis, a ainsi augmenté l’offre d’aides à domicile pour les enfants et augmenté par ricochet le taux d’emploi des femmes américaines qui les ont embauchées », explique-t-elle, citant entre autres les travaux de l’économiste américaine Patricia Cortes. Si l’on s’en tient au seul produit intérieur brut, l’effet est nettement positif – les immigrés consomment et se logent, gonflant mécaniquement l’activité. Cependant, leur contribution est d’autant plus forte que leur niveau de qualification est haut. Une étude du Cepii de juin rappelle ainsi qu’entre 1965 et 2010 l’immigration aux Etats-Unis a entraîné une augmentation supplémentaire de 8 % des brevets par habitant. Et qu’en France la hausse de 1 point de pourcentage de travailleurs immigrés qualifiés dans un département permet aux entreprises locales de déposer 5,2 % de brevets supplémentaires.
    « L’immigration qualifiée pourrait être un véritable atout pour l’innovation et le dynamisme économique de la France », insiste Emmanuelle Auriol, de l’Ecole d’économie de Toulouse. « Mais à tant s’enliser dans des considérations sécuritaires et complexités administratives, elle oublie qu’elle doit fournir de sérieux efforts si elle veut attirer les cerveaux que d’autres pays, comme les Etats-Unis ou le Canada, se disputent », explique Camille Le Coz, chercheuse au Migration Policy Institute, un centre de réflexion indépendant. L’Allemagne, elle, l’a compris également et voit l’extrême droite se renforcer. Le sujet soulève aussi les craintes d’une partie de la population, notamment au regard des problèmes de logement. Pourtant, « la peur d’une pénurie croissante de salariés suscite un sentiment d’urgence dans l’industrie et a fait basculer le gouvernement vers une politique prioritaire d’attractivité de la main-d’œuvre qualifiée », expliquent Dorothée Kohler et Jean-Daniel Weisz, du cabinet Kohler Consulting & Coaching, auteurs d’une étude sur le sujet pour Bpifrance publiée en septembre.Pour combler les besoins vertigineux – deux millions de postes étaient vacants outre-Rhin fin 2022 –, il n’est désormais plus nécessaire de justifier, pour les employeurs, être à la recherche de personnel pour des métiers en tension. Le gouvernement s’apprête, en outre, à faciliter l’acquisition de la double nationalité et à réduire les barrières administratives à l’entrée sur le territoire pour les travailleurs, afin de limiter les freins à l’intégration. Il espère ainsi convaincre les nouveaux arrivants et leurs familles de rester durablement en Allemagne.
    Marie Charrel

    #Covid-19#migrant#migration#france#economie#crisesanitaire#travailleurmigrant#regularisation#politiquemigratoire#maindoeuvre#immigration#integration#sante#demographie

  • Une #université a tué une #librairie

    Une université vient de tuer une librairie. Le #libéralisme a fourni l’arme. Les codes des marchés ont fourni la balle. Et l’université, après avoir baissé les yeux, a appuyé sur la détente.

    Cette université c’est “mon” université, Nantes Université. Cette librairie c’est la librairie Vent d’Ouest, une librairie “historique”, présente dans le centre de Nantes depuis près de 47 années et travaillant avec l’université depuis presqu’autant de temps.

    Une université vient de tuer une librairie. Nantes Université travaillait, pour ses #commandes d’ouvrages (et une université en commande beaucoup …) avec principalement deux #librairies nantaises, Durance et Vent d’Ouest. Pour Vent d’Ouest, cela représentait une trésorerie d’environ 300 000 euros par an, 15% de son chiffre d’affaire. Une ligne de vie pour les 7 salariés de la libraire. Et puis Vent d’Ouest perd ce marché. Du jour au lendemain. Sans même un appel, une alerte ou une explication en amont de la décision de la part de Nantes Université.

    À qui est allé ce marché ? Au groupe #Nosoli, basé à Lyon, qui s’auto-présente comme le “premier libraire français indépendant multi-enseignes” (sic) et qui donc concrètement a racheté les marques et magasins #Decitre et #Furet_du_Nord (et récemment Chapitre.com) et dont le coeur de métier est bien davantage celui de la #logistique (#supply_chain) que celui de la librairie.

    Pourquoi Nosoli a-t-il remporté ce #marché ? Et pourquoi Nantes Université va devoir commander à des librairies Lyonnaises des ouvrages pour … Nantes ? Parce que le code des #marchés_publics. Parce que l’obligation de passer par des #appels_d’offre. Parce le code des marchés publics et des appels d’offre est ainsi fait que désormais (et depuis quelques temps déjà) seuls les plus gros sont en capacité d’entrer dans les critères définis. Parce que les critères définis (par #Nantes_Université notamment) visent bien sûr à faire des #économies_d’échelle. À payer toujours moins. Parce que bien sûr, sur ce poste de dépenses budgétaires comme sur d’autres il faut sans cesse économiser, rogner, négocier, batailler, parce que les universités sont exangues de l’argent que l’état ne leur donne plus et qu’il a converti en médaille en chocolat de “l’autonomie”. Parce qu’à ce jeu les plus gros gagnent toujours les appels d’offre et les marchés publics. C’est même pour cela qu’ils sont gros. Et qu’ils enflent encore. [mise à jour] Mais ici pour ce marché concernant des #livres, ce n’est pas le critère du #prix qui a joué (merci Jack Lang et la prix unique) mais pour être parfaitement précis, c’est le critère du #stock qui, en l’espèce et malgré le recours en justice de la librairie Vent d’Ouest, et bien qu’il soit reconnu comme discriminatoire par le ministère de la culture (en page 62 du Vade Mecum édité par le ministère sur le sujet de l’achat de livres en commande publique), a été décisif pour permettre à Nosoli de remporter le marché. [/mise à jour]

    Alors Nosoli le groupe lyonnais a gagné le marché de Nantes Université. Et les librairies nantaises Durance et Vent d’Ouest ont perdu. Et quelques mois après la perte de ce marché, la librairie Vent d’Ouest va fermer.

    On pourrait s’en réjouir finalement, ou même s’en foutre totalement. Après tout, Nantes Université va faire des #économies. Après tout une librairie qui ferme à Nantes et 7 salariés qui se trouvent sur le carreau c’est (peut-être) 7 personnes du service logistique du groupe Nosoli qui gardent leur emploi. Et puis quoi, une librairie qui ferme à Nantes mais il y en a 6 qui ont ouvert sur les deux dernières années à Nantes. Alors quoi ?

    Alors une université vient de tuer une librairie. Et quand on discute avec les gens qui, à Nantes Université, connaissent autrement que comptablement la réalité de ce qu’était le #marché_public passé avec Durance et Vent d’Ouest, et quand on échange avec celles et ceux qui ont l’habitude, à l’université ou ailleurs, de travailler avec le groupe Nosoli, on entend toujours la même chose : rien jamais ne remplacera la #proximité. Parce qu’avec Durance et Vent d’Ouest les échanges étaient souples, réactifs, pas (trop) systématiquement réglementaires, parce que les gens qui dans les bibliothèques de l’université commandaient les ouvrages connaissaient les gens qui dans les librairies les leur fournissaient, et qu’en cas de souci ils pouvaient même s’y rendre et les croiser, ces gens. Et on entend, en plus de l’aberration écologique, logistique, et sociétale, que les commandes avec le groupe Nosoli sont usuellement et comme avec tout grand groupe logistique … complexes, lentes, difficilement négociables et rattrapables, sans aucune souplesse, sans aucune écoute ou connaissance des besoins fins de l’université “cliente”. Voilà ce que l’on entend, entre autres choses plus âpres et plus en colère.

    Une université vient de tuer une librairie. Et ça fait tellement chier. C’est tellement anormal. Tellement schizophrène. Le même jour que celui où j’ai appris l’annonce de la fermeture définitive de la libraire Vent d’Ouest, j’ai aussi reçu un message de Nantes Université m’informant que, champagne, l’université venait – comme 14 autres universités – de remporter un appel à projet de plus de 23 millions d’euros. La cagnotte lancée par la libraire Vent d’Ouest après la perte du marché de Nantes Université lui avait rapporté quelques milliers d’euros qui lui avaient permis de retarder sa fermeture de cinq mois.

    Vivre à l’université, travailler à Nantes Université, c’est être tous les jours, à chaque instant et sur chaque sujet, confronté au même type de #schizophrénie. D’un côté on collecte des dizaines de millions d’euros dans de toujours plus nébuleux appels à projets, et de l’autre on gère la misère et la détresse. Et on ferme sa gueule. Parce que ne pas se réjouir de l’obtention de ces 23 millions d’euros c’est être un pisse-froid et c’est aussi mépriser le travail (et l’épuisement) des équipes qui pilotent (et parfois remportent) ces appels à projets. Oui mais voilà. À Nantes Université on organise des grandes fêtes de rentrée et on donnez rendez-vous à la prochaine #distribution_alimentaire, la #fête mais la #précarité. Et l’on fait ça tous les jours. Toutes les universités françaises organisent ou ont organisé des #distributions_alimentaires, et toutes les universités françaises remportent ou ont remporté des appels à projet de dizaines de millions d’euros. Mais les financements qui permettraient de recruter des collègues enseignants chercheurs ou des personnels techniques et administratifs en nombre suffisant, et de les recruter comme titulaires, pour garantir un fonctionnement minimal normal, ces financements on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient d’éviter de fermer une librairie avec qui l’université travaille depuis des dizaines d’années et d’éviter de mettre 7 personnes au chômage, on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient à tous les étudiant.e.s de manger tous les jours à leur faim, on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient à l’UFR Staps de Nantes Université de faire sa rentrée on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient aux collègues de la fac de droit de Nantes Université de ne pas sombrer dans l’#épuisement_au_prix et au risque de choix mortifières pour eux comme pour les étudiant.e.s on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient aux collègues de l’IAE de Nantes Université de ne pas s’enfoncer dans le #burn-out, ces financements on ne les trouve jamais. Il n’y a pas d’appel à projet à la solidarité partenariale. Il n’y a pas d’appel à projet à la lutte contre la #misère_étudiante. Il n’y a pas d’appel à projet pour permettre à des milliers de post-doctorants d’espérer un jour pouvoir venir enseigner et faire de la recherche à l’université. Il n’y pas d’appel à projet pour sauver l’université publique. Il n’y en a pas.

    Il n’y a pas d’appel à projet pour la normalité des choses. Alors Nantes Université, comme tant d’autres, est uniquement traversée par des #régimes_d’exceptionnalité. #Exceptionnalité des financements obtenus dans quelques appels à projets qui font oublier tous les autres appels à projet où l’université se fait retoquer. Exceptionnalité des #crises que traversent les étudiant.e.s, les formations et les #personnels de l’université. Exceptionnalité des mesures parfois prises pour tenter d’en limiter les effets. Dans nos quotidiens à l’université, tout est inscrit dans ces #logiques_d’exceptionnalité, tout n’est lisible qu’au travers de ces #matrices_d’exceptionnalité. Exceptionnalité des financements. Exceptionnalité des crises. Exceptionnalité des remédiations.

    Une université vient de tuer une librairie. Cela n’est pas exceptionnel. C’est devenu banal. Voilà l’autre danger de ces régimes d’exceptionnalité permanents : ils inversent nos #représentations_morales. Ce qui devrait être exceptionnel devient #banal. Et ce qui devrait être banal (par exemple qu’une université publique reçoive des dotations suffisantes de l’état pour lui permettre d’exercer sa mission d’enseignement et de recherche), est devenu exceptionnel.

    Une université vient de tuer une librairie. Dans le monde qui est le nôtre et celui que nous laissons, il n’est que des #dérèglements. Et si celui du climat dicte déjà tous les autres #effondrements à venir, nous semblons incapables de penser nos relations et nos institutions comme autant d’écosystèmes dans lesquels chaque biotope est essentiel aux autres. Nantes Université a tué la libraire Vent d’Ouest. Le mobile ? L’habitude. L’habitude de ne pas mener les combats avant que les drames ne se produisent. L’habitude de se résigner à appliquer des règles que tout le monde sait pourtant ineptes. L’habitude du renoncement à l’attention à l’autre, au plus proche, au plus fragile, dès lors que l’on peut se réjouir de l’attention que nous portent tant d’autres. L’#habitude d’aller chercher si loin ce que l’on a pourtant si près.

    Une université vient de tuer une librairie. Le libéralisme a fourni l’arme. Les codes des marchés ont fourni la balle. L’habitude a fourni le mobile. Et l’université, après avoir baissé les yeux, a froidement appuyé sur la détente.

    https://affordance.framasoft.org/2023/09/une-universite-a-tue-une-librairie

    #ESR #enseignement_supérieur

  • Anderlecht : le budget du CPAS s’élève à 161 millions d’euros pour 2023 - BX1
    https://bx1.be/categories/news/anderlecht-le-budget-du-cpas-seleve-a-161-millions-deuros-pour-2023

    À #Anderlecht, le Conseil communal de ce jeudi 19 janvier a approuvé le budget 2023 du CPAS de la commune. Celui-ci s’élève donc à 161 millions d’euros, soit une augmentation de près de 10% par rapport à 2022.

    Grâce à ce budget, le CPAS entend “accompagner les citoyens anderlechtois qui doivent faire face à une succession de #crises telles que le #Covid, la #guerre en Ukraine, et à une augmentation générale des prix“, indique-t-il par voie de communiqué.

    Actuellement, 570 foyers de réfugiés ukrainiens sont accompagnés par le #CPAS, soit plus de 1240 personnes.

    Le budget comprend une dotation communale de 38.390.000€ (soit 13,60% de plus qu’en 2022).

  • Des crises économiques, bancaires et financières à l’horizon et des « suspects habituels », par Jacques Sapir
    https://www.les-crises.fr/des-crises-economiques-bancaires-et-financieres-a-l-horizon-et-des-suspec

    Une nouvelle crise économique internationale est clairement à l’ordre du jour pour de nombreux commentateurs[1]. La multiplication des problèmes dans les systèmes bancaires de plusieurs pays, aux #États-Unis avec la Silicon Valley Bank, puis la First Republic Bank, en Suisse avec le sauvetage de Crédit Suisse, en Allemagne avec Deutsch Bank, ont ravivé les craintes […]

    #Économie #crises_internationales #Europe #Finance_internationale #Union_européenne #Économie,_crises_internationales,_États-Unis,_Europe,_Finance_internationale,_Union_européenne

  • https://aoc.media/opinion/2023/02/15/hors-sujet-theorie-de-ma-situation-climatique

    Chaque individu contribue, en dépit de ses efforts éventuels, à la dégradation de la planète. Pourtant la référence à une crise écologique ne suffit jamais à provoquer dans la vie individuelle une réponse cohérente et appropriée. Pour le dire autrement : ce qui se passe éventuellement du point de vue du sujet, dans les termes de la conscience, de la volonté, de la raison, de l’engagement, est hors sujet par rapport aux processus de dégradation environnementale.

    Dans la première conférence de son livre Face à Gaïa, le très regretté Bruno Latour passe en revue une série de « rapports » des sujets aux mutations écologiques du monde, dont le changement climatique est le paradigme. Il est intéressant de revenir à ses réflexions à l’heure où des militants écologistes prônent un mode d’action radicale, que l’ADEME publie son 23e rapport sur les représentations sociales du changement climatique, et que la COP 27 a suscité les commentaires de défiance bien connus.

    Les climato-sceptiques n’ont pas complètement disparu : ils entretiennent encore l’idée que les chiffres du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ne sont pas fiables. Un autre rapport à la crise écologique, beaucoup plus répandu, prend la forme du quiétisme. On ne se précipite pas dans le catastrophisme, on n’enquiquine pas les autres avec toutes les urgences auxquelles ils devraient réagir. Et puis il y a ceux qui ont été sensibles aux alertes et qui prétendent sortir des problèmes par un surcroît d’ubris technologique, géo-ingénierie et autres moyens de contrôler l’écosystème terrestre dans sa totalité. La conscience de la crise écologique en déprime d’autres, qui savent ce qui se passe mais savent aussi à quel point ils sont démunis. Les militants ou les porteurs de bonne parole institutionnelle continuent à y croire. Ils font la promotion de la panoplie des solutions. Quelques-uns, plus rares, se sont retirés dans l’isolement de leur activité et, sans prétendre résoudre la crise écologique, surmontent les angoisses qu’elle suscite en eux. Aujourd’hui surgissent les radicaux lanceurs d’alertes, qui espèrent faire bouger les foules et surtout les médias en lançant de la sauce tomate sur des œuvres d’art.

    Cette liste de postures pourrait fonctionner comme une injonction adressée au lecteur. Vous, oui, vous, où vous situez-vous ? Dans quel rapport concret, pratique, intellectuel, moral êtes-vous avec le monde que des mutations écologiques sont en train de bouleverser ? En acceptant une telle question, on valide les différences qui existent entre les postures mentionnées, entre les choix qu’elles expriment et entre les conséquences qu’elles induisent. De ce point de vue, cela fait bien une différence d’être climato-sceptique, militant environnementaliste, quiétiste anti-catastrophisme ou encore grand sage de la cause éco-systémique. L’intention de Latour n’est pourtant pas de provoquer son lecteur par ce genre d’interpellation. Bizarrement, par l’énumération de ces différentes postures, il souhaite montrer en réalité qu’elles sont équivalentes relativement à ce qu’il nous faut comprendre de Gaïa et de l’ère géologique (anthropocène) dans laquelle nous sommes désormais entrés. Doute, cynisme, espoir militant, engagement désespéré, quiétisme as usual, sagesse « bio » ou écologique, tout n’est que folie. Voilà le point de départ qui permet « d’aller au fond de la situation de déréliction dans laquelle nous nous trouvons ».

    Pourquoi ce jugement sur la folie des hommes et sur la déréliction à laquelle nous sommes condamnés ? Cette rhétorique quasi prophétique dit en fait que le sujet humain est HS (hors-sujet).

    #écologie #activisme #quiétisme #capitalocène #crises_systémiques #effondrements

    https://justpaste.it/b3f1n

  • Composer un monde en commun. Une théologie politique de l’#anthropocène

    Comment relever les extraordinaires défis que nous lancent les #crises induites par la #destruction de notre #habitat planétaire ? Faut-il réviser le concept même de #propriété_privée ? Remettre en cause la #souveraineté des #États-nations ? Comment construire ensemble les #institutions_internationales qui permettraient de prendre soin de nos #communs_globaux que sont le climat mais aussi la #biodiversité, la #santé, les #cultures et jusqu’à la #démocratie ?

    Car c’est elle qui, aujourd’hui, est menacée par notre refus d’inscrire des limites à la toute-puissance de la #personnalité_juridique, des techniques extractivistes et de la #marchandisation du monde. Où trouverons-nous les ressources politiques, culturelles et spirituelles pour inventer ces limites et en faire une chance plutôt qu’une insupportable privation de liberté ?

    Un tel projet exige de refonder l’#utopie des #Lumières. Et pour cela, de puiser à la source du #christianisme, qui constitue l’une de ses matrices historiques. Il implique donc une révision de la manière dont le christianisme se comprend lui-même : expérience stylistique du retrait d’un Dieu qui s’efface pour nous ouvrir à un horizon démocratique qu’il nous revient d’imaginer ensemble ? Ou #religion d’un Christ glorieux qui légitimerait une souveraineté politique autoritaire, carnivore, phallocratique et colonialiste ? Telles sont quelques-unes questions que pose ce livre.

    Apprendre à y répondre participe peut-être de ce que les traditions bibliques nomment la sainteté.

    https://www.seuil.com/ouvrage/composer-un-monde-en-commun-gael-giraud/9782021474404

    #livre #Gaël_Giraud #communs #commons #Etat-nation #extractivisme #colonialisme #autoritarisme

  • Thread by @freakonometrics
    https://threadreaderapp.com/thread/1559859922577375232.html

    “the post-Brexit political establishment doesn’t appear to be in control at all. They’re not alone, however. All European countries, to varying degrees, are facing the disastrous consequences of what will go down in history as one of the greatest political miscalculations ever
    — the idea that Europe could weaponise Russian gas supplies without shooting itself in the foot. As the social and economic costs continue to mount, several countries are now preparing for blackouts and energy rationing this winter”

    https://unherd.com/2022/08/britains-elites-have-lost-control
    Civil disobedience is coming
    Britain’s failed elites could spark a winter revolution

    “Overall, the entire European political class is proving to be catastrophically ill-equipped to deal with the increasingly complex, interdependent and crisis-ridden reality of our 21st-century world”

  • Sans-papiers, ils font tourner un centre d’hébergement d’urgence
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/07/20/sans-papiers-ils-font-tourner-un-centre-d-hebergement-d-urgence_6135541_3224

    Sans-papiers, ils font tourner un centre d’hébergement d’urgence
    Sept travailleurs d’un hôtel social de Bagnolet, en Seine-Saint-Denis, ont entamé une grève pour réclamer leurs salaires et leur régularisation.
    Par Julia Pascual
    Publié hier à 18h27, mis à jour à 09h39
    Les employés sans-papiers lancent un mouvement de grève pour exiger le paiement de leurs salaires et leur régularisation, à l’entrée de l’hôtel Ibis à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), converti en centre d’hébergement d’urgence depuis le début de la crise sanitaire, le 20 juillet 2022.
    C’était au début de l’épidémie de Covid-19. Alors que la France était confinée depuis trois semaines à peine, la population claquemurée, l’Etat se mobilisait pour mettre à l’abri les plus vulnérables.En Seine-Saint-Denis, un nombre record de chambres d’hôtel étaient préemptées. A Bagnolet, par exemple, un hôtel Ibis était réquisitionné pour offrir un hébergement d’urgence à des sans-abri. La gestion du lieu était confiée à un opérateur bien connu de l’Etat, l’association Coallia, mastodonte de l’hébergement social de plus de 4 000 salariés, dont le président n’était autre que l’actuel ministre aux outre-mer, Jean-François Carenco. Dans ce grand bâtiment de huit étages, qui voisine l’autoroute A3, plus de 400 personnes sont encore abritées aujourd’hui, originaires notamment d’Afrique de l’Ouest, d’Afghanistan ou d’Europe.
    Et c’est ici que, mercredi 20 juillet, sept travailleurs ont entamé une grève. Ils font partie d’une équipe d’une vingtaine d’agents hôteliers qui, pour le compte d’une entreprise sous-traitante, Gaba Global Service International, gèrent l’accueil, la livraison des repas et l’entretien du réfectoire. Ils disent aussi être chargés de faire des rondes de sécurité dans les étages. Ils travaillent de jour ou de nuit, souvent douze heures par vacation. Fait tout à fait notable : ils sont sans papiers et disent n’avoir jamais été déclarés. Ils expliquent aussi au Monde n’être payés qu’un mois sur deux en moyenne.
    Originaires de Côte d’Ivoire, du Mali ou encore de Guinée, et aujourd’hui accompagnés par le syndicat CGT, ils ont débrayé pour exiger le paiement de leurs salaires et leur régularisation. A l’entrée de l’hôtel, mercredi, outre la présence des grévistes et de syndicalistes, on pouvait observer le va-et-vient routinier des résidents ainsi que d’autres salariés. Il apparaît que la gestion de ce centre est entièrement confiée à des entreprises sous-traitantes, qu’il s’agisse de la sécurité ou même de l’accompagnement des résidents. Les travailleurs sociaux, par exemple, sont tous intérimaires. Contactée, Coallia n’avait pas encore donné suite au moment de la publication de l’article. En début d’après-midi, mercredi, un représentant de l’association ainsi qu’un autre de Gaba Global Service International se sont brièvement déplacés sur le site pour rencontrer les grévistes, avant de convenir d’un nouveau rendez-vous, jeudi. « On a des loyers à payer et des familles qui comptent sur nous », explique au Monde l’un d’eux, Alassane (à leur demande, seuls les prénoms des travailleurs sont donnés). Cet Ivoirien de 39 ans vit en France depuis près de cinq ans. Il a été embauché dans le centre d’hébergement d’urgence dès son ouverture, au mois d’avril 2020. Plusieurs grévistes montrent les attestations de déplacement dont ils ont bénéficié pendant le confinement. Sur la foi de relevés bancaire et des jours qu’il dit avoir travaillés, Alassane aurait perçu 4 976 euros en 2022 pour 1 428 heures, soit moins de 3,50 euros de l’heure, sans jamais voir l’ombre d’un contrat de travail ou d’un bulletin de salaire.Son collègue Drissa, un Ivoirien de 52 ans, en France depuis près de cinq ans lui aussi, a scrupuleusement noté toutes ses heures et les virements qu’il a reçus. Selon ces éléments compilés, il aurait travaillé 1 200 heures en 2022 et dit avoir touché sur la même période 4 000 euros, soit l’équivalent d’un salaire horaire de 3,33 euros.Le patron de Gaba Global Service International leur aurait pourtant promis 9 euros l’heure puis, à partir de 2021, 8 euros l’heure. « Mais quand on réclame, il se fout de nous, témoigne Mohamed, un Guinéen de 36 ans, en France depuis 2013. Il paie une partie en promettant de payer le reste la semaine prochaine. » Mohamed dit avoir travaillé jusqu’à 336 heures par mois et avoir dû, malgré cela, cumuler deux autres emplois dans la sécurité et le jardinage pour s’en sortir. Faute d’être payé certains mois, Fousseni, un Ivoirien de 37 ans, a dû quitter un studio à Argenteuil (Val-d’Oise), dont le loyer s’élevait à 650 euros, et retourner vivre chez une logeuse ivoirienne.
    Contacté mercredi par Le Monde, le dirigeant de Gaba Global Service International, Yves Gaba, se défend d’avoir sciemment embauché des sans-papiers : « Personne ne rentre sans présenter de documents », insiste-t-il. Il ajoute que sa société « déclare une vingtaine de salariés ». A propos des défauts de paiement, il charge le donneur d’ordre, Coallia. « Les retards sont dus à plusieurs raisons, ajoute-t-il. Dernièrement, il y a eu un audit interne à Coallia qui a bloqué le paiement des factures depuis mars. » Le montant du marché s’élèverait à environ 130 000 euros par mois. Lors de son échange avec les grévistes, un représentant de Coallia a reconnu « des petits soucis de facturation » depuis plusieurs mois et promis le règlement de son sous-traitant dans les vingt-quatre heures. Les problèmes de paie seraient en réalité apparus « dès l’ouverture du site ». « A ceux qui se plaignaient, monsieur Gaba a dit : “Celui qui n’est pas content, il dégage”, témoigne Mohamed. Ça a été sa méthode. »Les grévistes assurent que Coallia ne pouvait pas ignorer la situation. Certains rapportent avoir rencontré plusieurs fois sur le site la directrice adjointe de l’association dans le département. « Elle est venue début juillet, témoigne Fousseni. Elle nous a remerciés de nous présenter sur le site malgré le non-paiement des salaires. Elle nous a demandé si on connaissait des avocats pour défendre nos droits. Elle nous a même proposé de prendre des plateaux-repas pour la maison si on en avait besoin. Coallia savait. »« De nombreux signaux d’alerte auraient dû faire réagir Coallia, dénonce à son tour la CGT dans son communiqué. Comment une telle structure financée par les fonds publics peut-elle sous-traiter une partie de l’activité à une entreprise aussi peu scrupuleuse ? »

    #Covid-19#migrant#migration#france#afrique#sante#sanspapier#centredhebergement#crisesanitaire#confinement#travailleurmigrant#regularisation

  • Rien de spécifiquement lié aux legs coloniaux mais un très riche entretien pour approcher les « textures du temps » et les rapports au passé que nous analysons en conférences de méthode.

    https://www.lorientlejour.com/article/1289138/-lhistoire-nest-pas-une-ecole-de-la-fatalite-.html
    Propos recueillis par Soulayma MARDAM BEY, le 29 janvier 2022

    Patrick Boucheron : « L’histoire n’est pas une école de la fatalité »

    Le Liban traverse aujourd’hui l’une des pires crises économiques du monde moderne dans un contexte international marqué par la pandémie de Covid-19. Alors que le soulèvement populaire d’octobre 2019 avait suscité l’espoir d’un autre monde, l’heure est désormais au désenchantement. Dans ces conditions, quelles ressources peut offrir l’étude du passé pour répondre aux défis d’un présent qui nous dépasse ? Historien médiéviste, professeur au Collège de France, spécialiste de la peste noire et de la Renaissance italienne, Patrick Boucheron revient pour « L’Orient-Le Jour », à l’occasion de son passage à Beyrouth pour la « Nuit des idées », sur sa conception de l’histoire, pensée comme un « possible qui s’ouvre ».

    Le monde traverse depuis deux ans maintenant une crise sanitaire. Cette pandémie se couple à des remises en question de nos modes de vie, de nos modèles économiques, de nos systèmes de santé, etc. Dans ces circonstances, nous sommes souvent tentés d’établir des parallèles historiques avec les grandes crises et pandémies du passé. Cette démarche vous paraît-elle pertinente  ?

    C’est une question que l’on pose souvent à un historien. On lui demande s’il y a eu des précédents en espérant pouvoir se rassurer avec ces précédents. Cela permet de se dire que comme cela a déjà eu lieu, alors on peut s’en sortir. Cela correspond exactement à ce que je crois que l’histoire est ou doit être, c’est-à-dire un trésor d’expériences. À celles et ceux qui sont dans le malheur – je pense évidemment à la société libanaise –, il faut rappeler ce que la philosophe allemande Hannah Arendt disait : l’histoire est l’art de se souvenir de ce dont les femmes et les hommes en société sont capables. Nous sommes toujours beaucoup plus capables que ce que l’on croit ou dit.

    Si l’on parle de la crise sanitaire, on va spontanément comparer le Covid aux autres épidémies, par exemple à la grippe espagnole – même si cela n’a rien à voir en termes de gravité et d’ampleur (la pandémie de grippe espagnole a causé entre 20 et 50 millions de décès entre 1918 et 1924, selon les estimations, contre environ 5,6 millions de morts à ce jour pour celle de Covid-19, selon l’Organisation mondiale de la santé, NDLR). On peut aussi chercher les précédents dans d’autres expériences, et notamment dans celle de la guerre. Au début de l’épidémie, en mars 2020, beaucoup de dirigeants, notamment occidentaux, ont adopté une posture martiale : « Nous sommes en guerre. » Cela pouvait paraître scandaleusement disproportionné, mais renvoyait sans doute à l’idée de guerre moderne contre des ennemis invisibles. Il fallait s’opposer à cette métaphore, à cette tentation martiale de gouvernement sanitaire, même si l’on comprend pourquoi beaucoup de dirigeants ont eu recours à ce vocabulaire pour appeler à « se mobiliser », voire à accepter de « suspendre » en partie nos libertés.

    Mais si cela n’est pas la guerre, ça reste très proche d’un temps de guerre, d’un moment en suspens, où nous ne nous appartenons plus vraiment, où nous sommes soumis à une chronologie qui n’est plus la nôtre. L’expérience du Covid est une expérience de la temporalité : nous sommes totalement écrasés par un présent omniprésent et envahissant. C’est une sorte de temps dédoublé où l’on se voit subir le temps.

    Ce ne sont donc pas tant des expériences historiques précises qui peuvent être comparées à ce que l’on vit, et encore moins sans doute des épidémies du passé. Il faut plutôt songer à des moments où, au fond, nous n’avons plus de prise sur notre temps intime, et où le rapport entre le dedans et le dehors s’effondre. C’est, je pense, très lié à l’expérience de la catastrophe, de la guerre.

    (...)

    #histoire #mémoire #passé #présent #révolutions #crises #pandémie

  • La police d’Ottawa a fait appel à une firme de gestion de crises pour la manifestation D’après les informations de Joanne Chianello, de CBC
    https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1859940/police-ottawa-firme-communication-messages-manifestation-camionneur

    Le Service de police d’Ottawa (SPO) a retenu les services d’une entreprise de gestion de crises très connue et coûteuse pour l’aider à gérer ses communications et son discours pendant la manifestation de camionneurs.

    Le bureau du chef de police Peter Sloly a confirmé dans un courriel à CBC que la firme Navigator a été embauchée la fin de semaine dernière pour “aider le Service de police d’Ottawa et la Commission des services policiers d’Ottawa à mobiliser et à communiquer avec la collectivité pendant la première fin de semaine de la manifestation”.

    Un conseiller principal de Navigator, Matthew Barnes, était présent lors de la conférence de presse donnée par la police d’Ottawa vendredi, huitième jour de la manifestation de camionneurs dans la capitale fédérale.

    Le coût total de ces services n’est pas encore connu, mais selon la déclaration du bureau du chef Sloly, les contribuables paient Navigator pour ce qui est décrit comme une “rémunération à l’acte” avec une “limite à la hausse” de 50 000 à 75 000 dollars.

    Il n’y a pas eu d’appel d’offres pour ce travail de communication puisque, selon la police, le contrat respecte les lignes directrices du Service de police d’OttawaSPO en matière de fournisseur unique pour les occasions spéciales.

    Il n’est pas clair si la stratégie employée fonctionne à l’heure actuelle.

    Des sources ont affirmé à CBC que le chef Sloly n’a pas suivi à la lettre ses notes d’allocution lors de la conférence de presse qu’il a donnée mercredi. Le Service de police d’OttawaSPO n’a pas commenté à ce sujet.

    En point de presse mercredi, Peter Sloly avait laissé entendre qu’il pourrait être nécessaire de faire appel à l’armée et que les services policiers ne suffiraient peut-être pas à mettre fin à la manifestation. Peu après, Justin Trudeau avait dit qu’il n’envisageait pas d’avoir recours à l’armée pour le moment.

    Que fait l’entreprise Navigator ?
    Avec le slogan “Perdre n’est pas une option”, Navigator se décrit comme “un cabinet de stratégie et de communication publique à forts enjeux”.

    Fondée il y a plus de 20 ans, cette firme a pour président-directeur général Jaime Watt, un ex-stratège progressiste-conservateur qui a travaillé avec l’ancien premier ministre Mike Harris pour l’aider à lancer sa “Révolution du bon sens”. Il a représenté des clients très connus, y compris, brièvement, l’ancien animateur de CBC Jian Ghomeshi.

    Selon sa biographie diffusée sur le site web de l’entreprise, M. Watt est “considéré comme un des plus grands stratèges en gestion d’enjeux de communication au Canada” et “a été à la tête de campagnes électorales inventives qui ont transformé le paysage politique par leur audace et leur créativité”.

    Navigator a ouvert un bureau à Ottawa en mars dernier, selon un communiqué de presse de l’époque. Ce bureau est dirigé par Graham Fox et par Matthew Barnes, qui était présent à la conférence de presse du chef de la police d’Ottawa vendredi.

    Avant de se joindre à la firme Navigator, Matthew Barnes a travaillé comme directeur principal des communications de la vice-première ministre Chrystia Freeland et de l’ancien ministre des Finances Bill Morneau.

    De son côté, Graham Fox a notamment travaillé dans le domaine des relations gouvernementales pour les clients du cabinet d’avocats Fraser Milner Casgrain, aujourd’hui appelé Dentons.

    #communication #Démocratie #Liberté #Solidarité #manifestation #Canada #Ottawa #Quebec #Winnipeg #pass_sanitaire #Freedom_Convoy_2022 #mckinsey #médias #pouvoir #mac_kinsey #politique #consulting #élections #crises #Navigator

    • Un « Woodstock de la liberté » promis à Québec Sébastien Tanguay à Québec

      Les opposants aux mesures sanitaires rassemblés devant le Parlement, à Québec, ont reçu la consigne de quitter la capitale dimanche soir pour mieux se donner rendez-vous dans deux semaines.

      Plus grand, mieux organisé et tout aussi revendicateur : le deuxième rassemblement annoncé par les organisateurs Bernard « Rambo » Gauthier et Kevin « Big » Grenier entend réunir deux plus plus de participants.


      Photo : Jacques Boissinot La Presse canadienne Bernard « Rambo » Gauthier a invité les manifestants de Québec à quitter pour mieux revenir dans 2 semaines, à l’occasion de la fermeture du carnaval.

      « Ce qu’on a fait en fin de semaine, c’est un carnaval de la liberté, a indiqué « Big » Grenier devant une foule de plusieurs centaines de participants. Dans deux semaines […] ça va être un Woodstock de la liberté, parce que je veux du monde en criss ! »

      L’occupation de Québec ne s’éternisera pas comme à Ottawa, à en croire son principal instigateur.

      « Faut comprendre que les camions, ce sont des pères et des mères de famille qui ont besoin de travailler la semaine », a souligné « Rambo » Gauthier. « On ne veut pas écoeurer personne », a-t-il poursuivi, félicitant les participants pour trois journées de démonstration « exemplaires ». « On a manifesté pacifiquement, à c’t’heure, on s’attend à un retour d’ascenseur. »
      . . . . . .
      De nombreuses familles étaient encore présentes, dimanche matin, pour afficher leur ras-le-bol des mesures sanitaires. La foule était aussi bigarrée que les messages affichés : ici, une enfant brandissait une pancarte exprimant « On veut jouer » ; là, un sexagénaire levait la sienne en réclamant « Liberté ! ».
      . . . . . . .

  • Dans le sud de l’Algérie, la pandémie de Covid-19 encourage un tourisme local
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/02/01/algerie-dans-le-sud-du-pays-la-pandemie-de-covid-19-encourage-un-tourisme-lo

    Dans le sud de l’Algérie, la pandémie de Covid-19 encourage un tourisme local
    De nombreux Algériens de la classe moyenne, empêchés de passer leurs vacances en Europe, en Tunisie ou en Turquie, se sont tournés vers une offre locale.
    Sur la place du souk, le marché de Ghardaïa, les négociations vont bon train pour l’acquisition de produits locaux, en particulier les tapis en laine faits à la main par les femmes de la région. Les touristes, qui viennent d’Alger, d’Oran ou encore d’Annaba, portent déjà le chèche, long foulard typique des régions du sud, pour se protéger du soleil. Ils ont fait plusieurs heures de route ou pris l’un des vols affrétés par la compagnie nationale Air Algérie pour se rendre dans cette ville du nord du Sahara connue pour ses palmeraies et ses cinq ksour, ces citées fortifiées où vit la communauté berbérophone des Mozabites.« Habituellement, nous allons en Europe, mais c’était trop cher et contraignant à cause du nombre limité de vols et du Covid », explique Lina, une enseignante de la banlieue algéroise. Elle et son mari sont venus passer leurs vacances à Ghardaïa, dans la vallée du Mzab, à 600 kilomètres au sud d’Alger. « Ici, la saison touristique débute au mois d’octobre et se termine vers avril », précise Anas, un habitant. Durant la saison haute, ce diplômé en architecture de 26 ans devient guide touristique pour les « nordistes » à qui il fait découvrir cette région classée au patrimoine mondial par l’Unesco depuis 1982. Preuve du succès qu’il rencontre, son téléphone ne cesse de sonner. Au bout du fil, des agences de voyage du nord le chargent de trouver un hébergement de dernière
    En Algérie, où la relance – régulièrement annoncée – du secteur touristique s’apparente à un vœu pieux, plus de deux millions de ressortissants ont l’habitude de se rendre chaque année en Tunisie pour y passer des vacances. Mais, depuis la crise sanitaire, la frontière terrestre avec le voisin de l’est – par laquelle transitait 90 % du flux touristique – est fermée. Elle a été partiellement rouverte le 5 janvier mais seulement pour les résidents. L’Europe et la Turquie, deux autres destinations prisées, sont également devenues plus difficilement accessibles. Alors, comme Lina et son mari, de nombreux Algériens de la classe moyenne se sont tournés vers l’offre locale, dans le désert du sud, mais aussi dans les montagnes de l’est du pays. Non sans créer quelques difficultés, car si certains ont organisé eux-mêmes leur séjour, d’autres sont passés par des agences pas toujours en règle.
    La baisse d’activité due au Covid-19 a conduit à la fermeture temporaire ou définitive d’agences de voyage ayant pignon sur rue, ce qui a profité « à certaines organisations parasitaires », déplore Saïd Boukhelifa, président du Syndicat national des agences de tourisme (SNAT). « Certaines se débrouillent pas trop mal mais, pour la majorité, c’est l’aventure : elles louent un autocar, prennent un accompagnateur et se dirigent vers Tikjda et le Djurdjura [région montagneuse du nord-est du pays] ou vers le sud, notamment à Taghit », explique-t-il. Cette petite oasis de la région de Béchar (sud-ouest) – qui ne devrait pas recevoir plus de 1 000 touristes à la fois, selon M. Boukhelifa – est régulièrement au centre de polémiques à cause de la dégradation de gravures rupestres millénaires et de la pollution des lieux dues à l’afflux d’estivants. Durant le réveillon 2022, des milliers de personnes ont convergé vers la grande dune de Taghit, site majestueux qui surplombe la palmeraie, tiré des feux d’artifices et laissé leurs déchets dans le sable. « Cela fait trois années consécutives que l’on assiste à un massacre écologique. L’Etat doit réglementer l’accès à ces sites », dénonce le président du SNAT.La ville de Ghardaïa, où les coutumes et modes de vie sont préservés depuis des siècles, n’a pas connu ce problème. Les visites dans les cinq cités fortifiées y sont étroitement réglementées. A l’entrée de chacune d’entre elles, un bureau associatif géré par des habitants forme de petits groupes de touristes et leur met à disposition un membre de la communauté mozabite chargé de les diriger dans les ruelles étroites.
    Même encadrement strict à l’intérieur de la vieille ville où il est interdit de fumer et de photographier les habitants sans leur autorisation, notamment les femmes qui apparaissent furtivement drapées de leur haïk, un long tissu blanc en laine qui laisse entrevoir un seul œil.Mais durant ces vacances de fin d’année, les associations locales ont rapidement été dépassées par l’affluence de visiteurs, explique Anas. « C’était du jamais vu. Elles ont été obligées de former des groupes de plus de vingt personnes, ce qui est inhabituel pour les lieux. Après deux ans de vide à cause du Covid, ça fait du bien de voir Ghardaïa animée et c’est bon pour l’économie locale », se réjouit le jeune homme. A l’échelle du pays, cet afflux de touristes nationaux est toutefois « très relatif », tient à nuancer Saïd Boukhelifa. Si les capacités hôtelières ont connu une augmentation en milieu urbain, elles restent très limitées dans les zones où le tourisme est saisonnier, avec « moins de 2 000 lits en montagne et 8 000 lits dans le sud », précise-t-il. Pas de quoi accueillir convenablement l’ensemble des nationaux ni les touristes étrangers, seulement « 5 000 à visiter annuellement le pays », regrette cet ancien cadre de l’Office national algérien du tourisme (ONAT).

    #Covid-19#migrant#migration#algerie#sante#tourisme#economie#crisesanitaire#circulations#frontiere

  • Sur la catastrophe en cours et comment en sortir - Serge Quadruppani & Jérôme Floch
    https://lundi.am/Sur-la-catastrophe-en-cours-et-comment-en-sortir

    Il y a tout de même pas mal de choses intéressantes dans cet article de Quadruppani (qu’on sait déjà mais dites au public antibiopolitique).

    On a pourtant aussi toutes les raisons d’écouter le cri de rage d’un ami infirmier, à qui j’ai fait lire l’interview de Lamarck : « Je voudrais surtout pas tomber dans le pathos, mais le subjectif est là, et je vais pas le refouler : quand tu as vu des personnes âgées qui ont un nom : Marthe, Francis, Suzanne, Mario, Huguette , Gilberte et tant d’autres, magnifiques, qui ne demandaient qu’à finir leurs vies tranquilles, sereines et entourées, partir en 24 heures, emballées dans des housses mortuaires, sans préparation, sans que leurs proches ne puissent les voir, ne serait-ce qu’une dernière fois, quand tu as vu tes collègues infirmières et aides-soignantes, pourtant pleines d’expérience, et qui savent tenir la « bonne distance » professionnelle avec la mort, te tomber dans les bras et pleurer de détresse, que tu as vu toute l’équipe soignante aller au tapis, frappée de plein fouet par le virus, et les rares soignantes encore valides rester à poste 18h sur 24, que tu as vu le quart des personnes prises en charge mourir en une semaine, les poumons bouffés par le virus, et qu’il s’en fallait à peine d’un mois pour que des vaccins soient disponibles... alors le gus qui te déclare, du haut de son Olympe conceptuel : « c’est la porte ouverte à la modification moléculaire de l’humain », tu as juste envie de lui hurler : « ta gueule, connard ! Tu n’as aucune idée de ce dont tu parles... ! » C’est con, hein ? »

    Non, c’est pas con, et d’autant moins que c’est assorti d’une critique des affirmations lamarckienne qui peut s’avérer fort utile pour dissiper les fantasmes attachés à ce vaccin à ARNm souvent au cœur des argumentaires antivax. « Bien, alors le truc affreux [d’après Lamarck] ce serait ces vaccins à ARN messager modifié « enrobés dans un vecteur complètement artificiel ». Le mot est lâché : « artificiel », sûrement opposé à « naturel ». Ne relevons même pas que bien des produits artificiels se sont révélés forts utiles, et que nombre de produits naturels peuvent être extrêmement nocifs. Le truc ici consiste à faire peur : c’est « artificiel » ! Pas bon ça ! Le vecteur en question est une microparticule avec 4 lipides (dont du cholestérol), 4 sels (chlorures de sodium, de potassium, dihydrogénophosphates de sodium, de potassium), du sucre (saccharose) et de l’eau... (c’est presque Bio !) Non, faut que ça fasse peur ! Car nous disent-ils tout ça « est injecté massivement depuis décembre 2020 sans tests cliniques suffisants tant sur l’innocuité que sur l’efficacité ». C’est évidement faux, les essais de phase I, II, et III ont bien eu lieu, et si la phase III se poursuit c’est pour étudier les effets secondaires inattendus, la durée de protection induite par la production d’anticorps et la mémoire immunitaire induite, et d’envisager le calendrier vaccinal de rappels le cas échéant … à ce jour près de 8 milliards de doses de vaccins contre la Covid ont été administrées, et près de 55% de la population mondiale a reçu au moins une dose (dont seulement 6% dans les pays pauvres). Jamais dans l’histoire des traitements et vaccins il n’y a eu une telle surveillance de pharmacovigilance. »

    Et jamais peut-être il n’a été aussi important d’éclaircir nos rapports avec la science en général, et avec la science médicale en particulier. L’humeur antivax est ancienne, en particulier dans des milieux où les ennemis du capitalisme se recrutent en grand nombre. Au risque de déplaire à bien des amis ou des alliés, disons-le sans détour : cette humeur repose pour l’essentiel sur des fantasmes sans fondement. Deux reproches principaux ont alimenté longtemps le refus de la vaccination, et, malgré tous les démentis, ont resurgi à la faveur de celle contre le Covid : son lien avec l’autisme et les accidents consécutifs à la présence d’aluminium. La première rumeur, qui eut d’abord les honneurs du Lancet, a ensuite été démentie et il s’est avéré que celui qui l’avait lancée était un escroc. Quant à la seconde, s’il est vrai que de l’aluminium a bien été ajouté à certains vaccins pour les booster, et que ce métal a, dans quelques cas, déclenché des réactions locales à l’endroit de l’injection, il n’a jamais entraîné d’accidents graves.

    […]

    On se gardera pourtant de reprendre à notre compte le vocable de « Big Pharma ». Pas seulement parce qu’on le retrouve systématiquement dans des bouches qui ont très mauvaise haleine, — est-ce un hasard ? — mais parce qu’il charrie une vision simpliste de ce à quoi nous faisons face et ne permet donc pas d’en saisir la complexité, les dynamiques et les rouages. « Big Pharma » est à l’ère des gouvernements biopolitiques revendiqués ce qu’était le mythe des deux cents familles au XIXe siècle. Il n’y a pas plus de gouvernement mondial secret que de Big Pharma, ce à quoi nous faisons face c’est à une coalition d’intérêts qui opèrent et prospèrent au sein d’un ordre du monde et d’une organisation sociale organisés par et pour eux. Il y a donc fort à parier que, à l’instar de toutes les structures étatiques, l’INSERM ne soit pas à l’abri de du lobbying général des grandes compagnies pharmaceutiques comme de l’influence de telle ou telle d’entre elles. Mais c’est justement parce qu’il s’agit d’une coalition d’intérêts particuliers et non pas d’une entité monolithique, qu’on peut compter sur l’existence de contradictions en son sein. Peut-on imaginer que s’il existait le moindre soupçon d’effets secondaires néfastes avec l’ARN, Johnson&Johnson et Astrazeneca, les concurrents sans ARN, épargneraient leurs rivaux d’une intense campagne de lobbying pour effrayer la population et récupérer tout le marché ? Et comment s’expliquer, sous le règne omnipotent de « Big Pharma » et du déjà un peu ancien « nouvel ordre mondial » que les stratégies sanitaires, idéologiques et politiques aient été aussi radicalement différentes des Etats-Unis à la France, d’Israël au Brésil, de la Suède à la Chine ?

    […]

    La vérité est à la fois beaucoup plus simple et complexe. Face à la pandémie, à la profondeur de ce qu’elle venait remettre en cause et au risque qu’elle faisait peser soudainement sur l’économie mondiale, les gouvernants ont paniqué. Et c’est cela que leurs litanies de mensonges devaient recouvrir, alors que tout leur pouvoir repose sur leur prétention à gérer et anticiper, ils ont dû bricoler, dans un premier temps du moins. Non pas pour sauver des vies mais pour préserver leur monde de l’économie. Au moment même où les appareils gouvernementaux de toutes les plus grandes puissances mondiales connaissaient leur plus grande crise de légitimité, certains ont voulu y voir le complot de leur toute puissance. Le complotiste aime les complots, il en a besoin, car sans cela il devrait prendre ses responsabilités, rompre avec l’impuissance, regarder le monde pour ce qu’il est et s’organiser.

    […]

    Dans la vidéo « La Résistance », dont le titre est illustré sans honte par des images de la seconde guerre mondiale, le Chant des Partisans en ouverture et Bella Ciao à la fin, on voit défiler les gourous anti-vax sus-cités. Renard Buté y nomme l’ennemi suivant le vocabulaire typique de QAnon : c’est l’ « Etat profond » et les « sociétés secrètes », il nous dit que le vaccin tue, que c’est un génocide qui est en cours, et qu’il faut s’y opposer par toutes sortes de moyens. La vidéo semble vouloir rallier les différentes chapelles antivax, de Réinfocovid au CNTf (organisation délirante, mêlant islamophobie, revendication du revenu garanti et permaculture, et partisane de rapatrier les troupes françaises pour… surveiller les frontières contre la « crise migratoire » et les banlieues), et après un appel à la fraternisation avec l’armée et la police (thème de prédilection du CNTf) débouche sur un autre appel… à la constitution d’une nouvelle banque qui serait entre les mains du peuple. Tout cela se mêle à des thèmes qui peuvent paraître pertinents aux yeux d’opposants radicaux au capitalisme : l’autonomie comme projet de vie, la manière de s’organiser et de faire des manifestations moins contrôlables, la démocratie directe… autant de thèmes et revendications qui pourraient sortir de bouches amies, voire des nôtres. Que ce genre de salmigondis touche pas mal de gens qui pourraient être des alliés, et que des amis proches puissent éventuellement avoir de l’indulgence pour ce genre de Renard fêlé, nous paraît un signe de l’ampleur de la secousse que la crise du Covid a provoquée dans les cerveaux.

    […]

    On a tendance, dans notre tradition très hégélienne de l’ultragauche à considérer que tout ce qui est négatif est intrinsèquement bon. Comme si par la magie de l’Histoire, la contestation de l’ordre des choses produisait automatiquement et mécaniquement la communauté humaine disposée à un régime de liberté supérieur. Pourtant, lorsque l’on se penche sur la nébuleuse anti-vaccin, c’est-à-dire sur les influenceurs et porte-paroles qui captent l’attention sur les réseaux sociaux, organisent et agrègent les énoncés et les rassemblements, on s’aperçoit qu’une écrasante majorité baigne depuis de longues années dans l’extrême droite la plus bête et la plus rance. Militaires à la retraite, invités hebdomadaires de radio courtoisie, lobbyistes contre les violences féminines (oui, oui...), il suffit de passer une heure à « googliser » ces porte-paroles autoproclamés pour avoir une idée assez précise des milieux dans lesquels ils grenouillent. Certes, on pourrait être magnanimes et essayer d’imaginer que l’épidémie de Covid ait pu transformer de telles raclures en généreux camarades révolutionnaires mais comment s’expliquer que les seules caisses de résonances que trouvent leurs théories alternatives sur le virus et l’épidémie soient Egalité et Réconciliation, Sud Radio, France Soir, Florian Phillipot, on en passe et des pires ? En fait, si on se peut se retrouver d’accord sur des énoncés formels, on bute bien vite sur un point fondamental, c’est-à-dire éthique : la manière dont on est affecté par une situation et à la façon que l’on a de se mouvoir en son sein. En l’occurrence, ce qui rend tous ces « rebelles » anti-macron aussi compatibles avec la fange fasciste c’est l’affect de peur paranoïaque qu’ils charrient et diffusent et qui sans surprise résonne absolument avec une longue tradition antisémite, xénophobe, etc. Et c’est là que l’on peut constater une différence qualitative énorme avec le mouvement gilets jaunes. Eux, partaient d’une vérité éprouvée et partagée : leur réalité matérielle vécue comme une humiliation. C’est en se retrouvant, sur les réseaux sociaux puis dans la rue, qu’ils ont pu retourner ce sentiment de honte en force et en courage. Au cœur du mouvement antivax se loge une toute autre origine affective, en l’occurrence la peur, celle qui s’est distillée des mois durant. La peur d’être contaminé, la peur d’être malade, la peur de ne plus rien comprendre à rien ; que cette peur du virus se transforme en peur du monde puis du vaccin, n’a finalement rien de surprenant. Mais il nous faut prendre au sérieux cette affect particulier et la manière dont il oriente les corps et les esprits. On ne s’oriente pas par la peur, on fuit un péril opposé et supposé, quitte à tomber dans les bras du premier charlatan ou sauveur auto-proclamé. Il n’y a qu’à voir les trois principales propositions alternatives qui agrègent la galaxie antivax : Didier Raoult et l’hydroxychloroquine, Louis Fouché et le renforcement du système immunitaires, l’Ivermectine et le présumé scandale de son efficacité préventive. Le point commun de ces trois variantes et qui explique l’engouement qu’elles suscitent, c’est qu’elles promettent d’échapper au virus ou d’en guérir. Toutes disent exactement la même chose : « Si vous croyez en moi, vous ne tomberez pas malade, je vous soignerai, vous survivrez. » Mot pour mot la parole biopolitique du gouvernement, dans sa mineure.

    […]
    Dans la soirée évoquée, ce n’est pas « quelqu’un du public » mais bien Matthieu Burnel lui-même qui avait ironisé sur les suceurs de cailloux !

    Parce que le pouvoir n’a jamais été aussi technocratique, livide et inhumain, certains tendent une oreille bienveillante aux premiers charlatans venus leur chanter « le vivant ». Mais l’engrenage est vicieux et une fois qu’on a adhéré à une supercherie du simple fait qu’elle prétende s’opposer au gouvernement, on a plus d’autre choix que de s’y enferrer et d’y croire. Lors d’une discussion un lundisoir, une personne du public avait commis quelques blagues peu finaudes à propos d’antivax qui lécheraient des pierres pour se soigner du cancer, et cela a apparemment provoqué quelques susceptibilités. Le problème en l’occurrence, c’est que cette plaisanterie n’était caricaturale que dans sa généralisation certainement abusive. Il n’en est pas moins vrai qu’Olivier Soulier, cofondateur de Réinfocovid assure soigner l’autisme et la sclérose en plaque par des stages de méditation et de l’homéopathie, que ce même réseau promulguait des remèdes à base de charbon aux malheureux vaccinés repentis pour se « dévacciner ». Autre nom, autre star, Jean-Dominique Michel, présenté comme l’un des plus grands experts mondiaux de la santé, il se propulse dès avril 2020 sur les devants de la scène grâce à deux vidéos sur youtube dans lesquelles il relativise l’importance et la gravité de l’épidémie, soutient Raoult et son élixir, et dénonce la dictature sanitaire à venir. Neurocoach vendant des séances de neurowisdom 101, il est membre d’honneur de la revue Inexploré qui assure soigner le cancer en buvant l’eau pure de l’une des 2000 sources miraculeuses où l’esprit des morts se pointe régulièrement pour repousser la maladie. Depuis, on a appris qu’il ne détenait aucun des diplômes allégués et qu’il s’était jusque-là fait remarquer à la télévision suisse pour son expertise en football et en cartes à collectionner Panini. Ses « expertises » ont été partagées par des millions de personnes, y compris des amis et il officie désormais dans le Conseil Scientifique Indépendant, épine dorsale de Réinfocovid, première source d’information du mouvement antivax. Ces exemples pourraient paraître amusants et kitchs s’ils étaient isolés mais ils ne le sont pas.

    […]

    Historiquement, ce qui a fait la rigueur, la justesse et la sincérité politique de notre parti, - et ce qui fait qu’il perdure-, c’est d’avoir toujours refusé de se compromettre avec les menteurs et les manipulateurs de quelque bord qu’ils soient, de s’être accrochés à une certaine idée de la vérité, envers et contre tous les mensonges déconcertants. Que le chaos de l’époque nous désoriente est une chose, que cela justifie que nous perdions tout repère et foncions tête baissée dans des alliances de circonstances en est une autre. Il n’y a aucune raison d’être plus intransigeant vis-à-vis du pouvoir que de ses fausses critiques.

    […]

    Au moment où l’idée même que l’on se faisait de la vie se trouvait acculée à être repensée et réinventé, on a critiqué les politiciens. Quand le gouvernement masquait si difficilement sa panique et son incapacité à exercer sa fonction fondamentale et spirituelle, prévoir, on a entendu certains gauchistes même anarchistes caqueter : si tout cela arrive, c’est qu’ils l’ont bien voulu ou décidé. Ironie cruelle, même lorsque l’État se retrouve dans les choux avec le plus grand mal à gouverner, il peut compter sur ses fidèles contempteurs pour y déceler sa toute puissance et s’en sentir finauds.

    Faire passer des coups de force, de l’opportunisme et du bricolage pour une planification méthodique, maîtrisée et rationnelle, voilà le premier objectif de tout gouvernement en temps de crise. En cela, il ne trouve pas meilleur allié que sa critique complotiste, toujours là pour deviner ses manœuvres omnipotentes et anticiper son plein pouvoir. C’est en cela que le gouvernant a besoin du complotiste, il le flatte.

    #Serge_Quadruppani #covid #antivax #gauche #émancipation #réflexion #science

  • Entre « fermeté » et « humanité », la ligne de crête d’Emmanuel Macron sur l’immigration
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/01/20/entre-fermete-et-humanite-la-ligne-de-crete-d-emmanuel-macron-sur-l-immigrat

    Entre « fermeté » et « humanité », la ligne de crête d’Emmanuel Macron sur l’immigration
    La politique migratoire du chef de l’Etat, incarnée par loi Collomb, n’a pas marqué de rupture franche avec celle de ses prédécesseurs à l’Elysée.
    (...)Les chiffres annuels de l’immigration, publiés jeudi 20 janvier par le ministère de l’intérieur et censés traduire la teneur de la politique en vigueur, révèlent surtout l’incidence de la crise sanitaire en 2021 sur l’administration et les mouvements de population. Les flux, qui avaient chuté en 2020, rattrapent presque leur niveau de 2019. Quelque 272 000 premiers titres de séjour ont été délivrés et tandis que la demande d’asile repart à la hausse, les éloignements sont toujours à la peine.
    Pendant ce temps-là, le chef de l’Etat évolue sur une ligne de crête, durcit le ton tout en cherchant à se démarquer de ses concurrents. (...)Le chef de l’Etat fait du « en même temps ». Mais en prônant l’équilibre du diptyque « fermeté » et « humanité », selon ses propres mots, il s’aligne en fait sur ses prédécesseurs. Son mandat n’a, de ce point de vue, pas fondamentalement marqué de rupture. « On ne peut pas dire que les choses aient été différentes du précédent quinquennat », confirme un préfet sous le couvert de l’anonymat. « C’est la même politique, appuie un autre cadre du ministère de l’intérieur. Le reste, c’est de l’affichage. »
    Le président de la République a tenu une ligne « libérale et populiste à la fois » et a « manqu[é] d’ambition », juge, à son tour, Pierre Henry, ancien directeur de France Terre d’Asile (FTDA), qui avait soutenu le candidat Macron en 2017. « On a continué à bricoler au doigt mouillé, sans qu’il y ait de grande réforme sur le plan opérationnel, regrette-t-il. C’est comme ça depuis Valéry Giscard d’Estaing. »Le quinquennat de M. Macron aura été marqué par l’adoption d’une énième loi sur l’immigration (la septième en quinze ans), dite « loi Collomb », qui a tôt fait de semer des dissensions au sein de la majorité parlementaire. Promulguée le 10 septembre 2018, elle a suscité de fortes contestations des élus de l’aile « humaniste » de La République en marche (LRM). « Il devait y avoir un volet ambitieux sur l’intégration mais c’est incomparable avec le zèle qui a été mis en faveur d’une politique plus restrictive, plus dure », estime l’ex-LRM et député du Val-d’Oise Aurélien Taché, auteur d’un rapport sur l’intégration remis en février 2018 au gouvernement et dont seulement une partie des propositions ont été retenues, notamment le doublement des heures de français pour les titulaires de titre de séjour.
    La loi Collomb a surtout marqué les esprits pour avoir porté la durée maximale de rétention administrative à quatre-vingt-dix jours (alors que plus de 90 % des éloignements ont lieu avant quarante-cinq jours), réduit les délais pour déposer une demande d’asile, renforcé les possibilités d’éloignement des déboutés provenant de pays dit « sûrs » ou encore créé un fichier biométrique des jeunes se déclarant mineurs étrangers isolés et confié aux préfectures un rôle d’appui à l’évaluation de leur âge auprès de l’aide sociale à l’enfance. Pour autant, à peine entrée en vigueur, la loi Collomb est aussitôt jugée insuffisante. Le gouvernement est confronté à des mauvais chiffres : les expulsions ne s’améliorent pas significativement, la demande d’asile poursuit sa hausse et les délais d’instruction des dossiers ne descendent pas à six mois, comme promis par le chef de l’Etat et en dépit des moyens supplémentaires consacrés à l’Office français de protection des réfugiés et apatrides et à la Cour nationale du droit d’asile.
    (...) Début 2019, le chef de l’Etat décide alors de faire de l’immigration un thème de la grande consultation citoyenne organisée pour conjurer la colère des « gilets jaunes ». Le sujet ne remonte pas du mouvement social des ronds-points mais l’hypothèse d’un duel face à Marine Le Pen en 2022 se renforce. A l’automne, un débat est, cette fois, organisé au Parlement par M. Macron qui déclare aux élus de la majorité vouloir « regarder en face » la question migratoire. Là encore, le président joue la partition du « en même temps » et défend l’idée que « pour continuer à accueillir tout le monde dignement, on ne doit pas être un pays trop attractif ».A l’issue de cette séquence, un volet de mesures libérales est annoncé qui comprend la simplification des procédures de recours à l’immigration professionnelle ou la réduction des taxes sur les titres de séjour. Le gouvernement assume aussi l’effort de solidarité dans la répartition des migrants secourus en Méditerranée et rappelle l’engagement tenu d’accueillir 10 000 réfugiés en 2018 et 2019 depuis des pays de transit.
    (...) Reste que ce que le gouvernement met en scène avant tout, c’est son souhait de « reprendre le contrôle de [la] politique migratoire » à travers le durcissement de l’accès aux soins pour les demandeurs d’asile et les sans-papiers mais aussi par la construction de trois nouveaux centres de rétention administrative. Les prises de parole d’Edouard Philippe ou de ses ministres à l’Assemblée nationale ou au Sénat ont surtout été l’occasion de cibler les « abus et les fraudes » des migrants venus faire du tourisme médical ou qui détournent la demande d’asile. « Le pôle sécuritaire a pris le pas », résume un cadre du ministère de l’intérieur.La nomination de Gérald Darmanin place Beauvau, en juillet 2020, qui succède à l’ex-socialiste Christophe Castaner, en témoigne. A ses côtés, Marlène Schiappa doit mettre en scène la politique d’asile et d’« intégration républicaine » ; elle accélère, par exemple, la naturalisation des travailleurs étrangers en situation régulière mobilisés pendant la crise sanitaire du Covid-19. Là encore, on retient surtout le style martial du maire de Roubaix qui, par exemple, se félicite d’avoir, dès le lendemain de sa prise de fonctions, « demandé au préfet du Pas-de-Calais d’ordonner une expulsion [d’un campement de migrants] » à Calais où, ce faisant, le phénomène des traversées de la Manche à bord de petites embarcations explose. Cela débouchera, notamment, sur un naufrage sans précédent au cours duquel au moins 27 personnes périssent le 24 novembre 2021.« Le quinquennat de Macron, c’est une sorte de continuité dans le durcissement, considère Laurent Giovannoni, responsable du département accueil et droits des étrangers au Secours catholique. On observe d’abord une plus grande brutalité dans les campements et notamment à Calais où les migrants sont harcelés au quotidien. Ensuite, il n’y a pas eu de dialogue avec les associations comme on a pu en avoir avec Manuel Valls ou Bernard Cazeneuve. Et puis il y a eu un certain manque de courage. Je pense notamment aux démarches qu’on a pu entreprendre après le confinement et restées sans réponse pour régulariser les travailleurs sans papiers qui se sont illustrés pendant le Covid. »
    Lise Faron, de la Cimade, une association d’aide aux migrants, fait remarquer que « ce qui est vraiment marquant dans ce quinquennat, c’est la place prépondérante qu’ont prise les problématiques d’accès aux préfectures ». Les gens attendent aujourd’hui entre deux mois et trois ans pour réussir à déposer une demande de titre. « Cela traduit a minima un désintérêt, au pire une politique de dissuasion. »Pour imprimer sa marque, le gouvernement choisit d’afficher une sévérité vis-à-vis des immigrés mis en cause pour des troubles à l’ordre public. L’été 2020 est marqué par l’emballement autour de faits divers impliquant des ressortissants tchétchènes à Dijon ou une famille de Bosnie-Herzégovine à Besançon. En septembre, un Pakistanais commet une attaque terroriste devant les anciens locaux de Charlie-Hebdo et blesse deux personnes. Quelques jours plus tard, le 29 septembre, M. Darmanin diffuse une instruction aux préfets pour leur rappeler tout l’arsenal disponible afin de retirer leur titre de séjour et d’éloigner les étrangers « ayant commis des infractions graves ou représentant une menace grave pour l’ordre public ».L’ambition du ministre de l’intérieur de relancer les expulsions ayant été grevée par la mise à l’arrêt des transports et les restrictions aux frontières dus à la pandémie mondiale, le gouvernement assume, à la rentrée 2021, la brouille diplomatique en annonçant un gel des visas accordés aux pays du Maghreb en raison de leur « refus » de délivrer des laissez-passer consulaires nécessaires à l’éloignement de leurs nationaux en situation irrégulière.
    Pour quel résultat ? Les éloignements restent largement entravés par les conséquences de la crise sanitaire tandis que la demande d’asile repart à la hausse. Le mandat se termine alors que débute la présidence française de l’Union européenne, engluée dans l’impasse depuis des années sur la question de l’asile.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#immigration#crisesanitaire#naturalisation#regularisation#immigrationirreguliere#politiquemigratoire#asile#visas

  • Immigration : la crise sanitaire pèse encore sur les flux
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/01/20/immigration-la-crise-sanitaire-pese-encore-sur-les-flux_6110245_3224.html

    Immigration : la crise sanitaire pèse encore sur les flux
    L’immigration et les éloignements sont freinés par la crise du Covid-19. La demande d’asile repart à la hausse mais reste significativement inférieure à 2019.
    Ce sont des chiffres sujets à controverse, a fortiori dans un contexte de campagne présidentielle. Le ministère de l’intérieur devait publier, jeudi 20 janvier, le nombre de premiers titres de séjour délivrés en 2021. Une mesure de l’immigration, partielle, qui traduit la teneur d’une politique migratoire et, encore aujourd’hui, les conséquences de la crise sanitaire sur les mouvements de population.D’après les estimations de la direction générale des étrangers en France, le pays a délivré en 2021 quelque 272 000 premiers titres de séjour, soit une hausse de 21,9 % par rapport à 2020. Cette augmentation est toutefois en trompe-l’œil, tant l’année 2020 a été marquée par une chute drastique des titres, dans un contexte de pandémie (mise à l’arrêt des transports et des administrations et fermeture des frontières). En réalité, le niveau de 2019 est en voie d’être rattrapé, à l’exception des titres humanitaires dont le nombre augmente à 43 000 (il s’agit essentiellement des réfugiés), contre 33 000 en 2020 et moins de 38 000 en 2019. Le ministère y voit l’effet d’un effort de traitement des stocks des demandes d’asile en instance par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) grâce notamment à des renforts d’effectifs (les délais globaux de traitement d’une demande s’établissent autour de quatorze mois).
    Ce faisant, la demande d’asile repart à la hausse, avec 103 011 demandes déposées à l’Ofpra en 2021, mais demeure significativement inférieure à 2019. Les Afghans représentent de loin la première nationalité des demandeurs (l’année a aussi été marquée par les opérations d’évacuation de quelque 3 000 ressortissants depuis Kaboul, dont les demandes d’asile sont traitées en priorité). Viennent ensuite les Ivoiriens, les Bangladais et les Guinéens. Le taux moyen de protection est stable à 39 %.
    Net recul des régularisations Au global, la répartition en volume des premiers titres délivrés reste inchangée. Plus de 88 000 ont été attribués pour motif familial, qui demeure la principale catégorie d’entrée régulière sur le territoire et qui est constituée majoritairement de conjoints de Français. Viennent ensuite les 85 000 visas étudiants (qui ont vocation à repartir dans leur pays d’origine au terme de leur cursus) et les 36 000 titres de séjour pour motif économique, portés notamment par le dispositif d’immigration très qualifiée du « passeport talent » (environ 11 000 premiers titres).
    Tous ces chiffres ne tiennent enfin pas compte des résidents britanniques qui, conséquence du Brexit, sont, depuis le 1er octobre 2021, dans l’obligation de détenir un titre de séjour pour résider en France. Ils étaient plus de 96 000 dans ce cas à la fin de 2021. Le ministère de l’intérieur a fait le choix de les isoler statistiquement.Fait notable : les régularisations sont en net recul, y compris par rapport à 2020. Que ce soit, par exemple, parce qu’elles sont présentes en France depuis au moins cinq ans et ont des enfants scolarisés depuis au moins trois ans, ou parce qu’elles travaillent et ont une promesse d’embauche en CDI, 23 700 personnes sans papiers ont été régularisées, contre 27 400 en 2020 et 30 600 en 2019. Le ministère de l’intérieur y voit « l’effet d’une volonté gouvernementale qui consiste à être rigoureux dans l’appréciation des demandes ». Cela peut en outre s’expliquer par le difficile accès des personnes sans papiers aux préfectures, qui priorisent les renouvellements de titres.
    La crise sanitaire se ressent aussi sur les visas (principalement touristiques). Quelque 733 000 ont été délivrés en 2021, à peine plus qu’en 2020 et toujours cinq fois moins qu’en 2019 (3,5 millions). Arrivent en tête les ressortissants marocains, algériens, saoudiens et tunisiens, alors que des baisses très importantes concernent les Russes et les Chinois – elles résultent notamment de la non-reconnaissance de leurs vaccins.
    Enfin, alors que le gouvernement s’est fixé pour objectif la lutte contre l’immigration irrégulière, la crise « a encore fortement contraint les éloignements », reconnaît le ministère de l’intérieur. Environ 16 800 personnes ont quitté la France en 2021 (qu’il s’agisse de départs forcés ou de retours volontaires), soit à peine plus qu’en 2020 (16 000) et encore beaucoup moins qu’en 2019 (31 400). « Des chiffres pas satisfaisants au regard des enjeux », regrette la Place Beauvau, qui évoque les conséquences de l’activité consulaire réduite, la difficulté d’obtention de laissez-passer consulaires, la baisse du trafic aérien ou encore le refus des personnes de se soumettre à un test Covid.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#crisesanitaire#immigration#eloignement#visas#regroupementfamilial#regularisation#politiquemigratoire#passeporttalent#vaccination

  • Les résidents du Royaume-Uni vaccinés contre le Covid-19 pourront venir en France sans motif impérieux
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/01/13/les-residents-du-royaume-uni-vaccines-contre-le-covid-19-pourront-venir-en-f

    Les résidents du Royaume-Uni vaccinés contre le Covid-19 pourront venir en France sans motif impérieux. « Pour les personnes vaccinées, on met aussi fin à la période d’isolement de quarante-huit heures. On demandera seulement un test négatif de moins de vingt-quatre heures au départ », a annoncé jeudi le ministre délégué chargé du tourisme et des PME, Jean-Baptiste Lemoyne. Les personnes vaccinées venant du Royaume-Uni seront autorisées à partir de vendredi à entrer en France sans présenter de motif impérieux, a annoncé, jeudi 13 janvier, le ministre délégué chargé du tourisme et des petites et moyennes entreprises (PME), Jean-Baptiste Lemoyne.« Pour les personnes vaccinées, on met aussi fin à la période d’isolement de quarante-huit heures. On demandera seulement un test négatif de moins de vingt-quatre heures au départ. On pourra à nouveau se déplacer depuis le Royaume-Uni pour des motifs de loisirs et [pour] aller skier » dans les stations françaises, a ajouté le ministre sur TV5 Monde.
    « La contrainte est plus forte sur les personnes non vaccinées qui gardent des motifs impérieux et ne peuvent pas venir pour des motifs de loisirs. Le vaccin fait la différence », a complété M. Lemoyne. Afin de limiter la propagation du variant Omicron, le gouvernement avait annoncé mi-décembre un durcissement des conditions d’accès en France. Les ressortissants de pays extérieurs à l’Union européenne (UE) devaient avoir un « motif impérieux » pour entrer sur le territoire et transiter vers un autre pays de l’UE. Or, depuis le Brexit, les Britanniques sont des ressortissants d’un pays tiers. « Tous les voyageurs, vaccinés ou non, devront présenter au départ un test négatif [PCR ou test antigénique] de moins de vingt-quatre heures », a précisé dans la foulée le cabinet du premier ministre dans un communiqué. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, avait annoncé mercredi que Paris assouplirait « dans les tout prochains jours » les restrictions appliquées aux frontières avec le Royaume-Uni. « La clientèle britannique, c’est 15 % de la clientèle des stations de ski françaises », a ajouté M. Lemoyne, alors que depuis deux ans l’Etat a soutenu à hauteur de 38 milliards d’euros les acteurs du tourisme victimes des conséquences économiques de la crise sanitaire. « Avant crise, il y avait 90 millions de touristes internationaux par an en France, aujourd’hui, c’est plutôt 45 millions », a rappelé M. Lemoyne. « La saison [de sports d’hiver] est bien engagée, a-t-il estimé. Par rapport à 2019, on est à − 8 % mais on commence à se rapprocher de niveaux intéressants. Dans les Pyrénées, il y a du + 10 %, + 30 %. » « C’est plus compliqué pour certaines grandes stations en Savoie, qui dépendent de cette clientèle internationale, notamment des Britanniques », a cependant reconnu M. Lemoyne. « La décision de ce matin va permettre un rattrapage, j’espère. La première semaine de janvier, on est à + 5 % par rapport à 2019 grâce aux Belges et aux Néerlandais. »

    #Covid-19#migrant#migration#france#grandebretagne#sante#tourisme#vaccination#frontiere#circulation#UE#crisesanitaire

  • Participer à cartographier le monde pour mieux prévenir les crises humanitaires

    Cartographier les zones de la planète les plus vulnérables pour faciliter l’intervention humanitaire en cas de catastrophe. C’est la mission que s’est fixée depuis des années le projet Missing Maps. Le tout grâce à la carte participative OpenStreetMap et à une armée de contributeurs bénévoles.

    « Au printemps dernier, les organisations humanitaires ont commencé à sonner l’alarme », rapporte Jana Bauerová, du bureau tchèque de Médecins sans frontières (MSF). L’une des pires sécheresses de ces dix dernières années, conjuguée à la pandémie de Covid-19 et aux divers confinements avaient plongé le sud de Madagascar dans une grave crise alimentaire. « Des collègues ont réalisé une mission d’exploration en mars », poursuit la jeune femme. Dans les districts les plus touchés, près de 28% des enfants de moins de 5 ans souffraient de malnutrition aigüe, dont une partie de malnutrition aigüe grave. Autrement dit, sans soins immédiats, leur chance de survie est faible.

    Problème : la zone est enclavée, beaucoup de routes ne sont pas carrossables, et surtout les cartes disponibles sont obsolètes. « Il y avait un fort besoin d’actualisation sur les populations, détaille Jana Bauerová, chargée de la communication et de la participation des communautés pour le projet Missing Maps au sein de MSF. On a donc mis en place une campagne pour cartographier les districts d’Amboasary et d’Ambovombe, dans la région d’Anôsy, les communes les plus atteintes, où nos collègues sur le terrain prévoyaient des projets de cliniques mobiles, d’accès à l’eau potable, également dégradé par la sécheresse, des actions de distribution alimentaire et même d’ustensiles de cuisine, certaines familles, au bord de la famille, ayant tout vendu. »
    Mieux visualiser les actions à mener

    « Nous avons pu cartographier 236 000 bâtiments et 7 239 zones résidentielles ainsi que 350 km de voies, précise Jana Bauerová. Cela a permis d’aider les collègues sur place à mieux visualiser la situation en prenant en compte les dernières données pour planifier les actions à mettre en place. » Mais au-delà de ces chiffres, les nouvelles données récoltées ont aussi permis à l’ONG de confirmer la pertinence de l’option de cliniques mobiles pour ces zones difficiles d’accès, et bien sûr d’organiser au mieux leur répartition.

    « Remettre les communautés les plus vulnérables sur la carte ». C’est le slogan du projet Missing Maps. Fondé en 2014 par les Croix Rouge américaine et britannique, l’Humanitarian OpenStreetMap Team (HOT) et Médecins sans frontières UK, le projet part du principe que « la plupart des endroits où se produisent des catastrophes sont absents des cartes libres et accessibles, et les premiers secours manquent d’informations pour prendre les bonnes décisions ». L’idée est donc de cartographier préventivement ces zones afin d’améliorer la réponse des ONG en cas de crises.

    Comment ? Grâce à la cartographie numérique participative. « Le principe consiste à mobiliser des contributeurs autour d’un projet précis », explique Martin Noblecourt, responsable du projet Missing Maps au sein de CartONG. Basée à Chambéry, en France, cette ONG a pour vocation de mettre la donnée géographique au service de projets d’intérêt général, à travers notamment un appui technique à des organisations qui ont des besoins en cartographie.
    « Un milliard de personnes vivent dans des zones non ou insuffisamment cartographiées »

    GPS, Google Maps… Les cartes sont entrées dans notre quotidien. Aujourd’hui, plus besoin de s’arracher les cheveux pour les plier, elles tiennent dans la poche et sont disponibles à tout moment. Mieux, elles sont sans cesse actualisées. Pourtant, qu’ils habitent dans des bidonvilles ou des régions reculées, « on estime qu’un milliard de personnes vivent dans des zones non ou insuffisamment cartographiées, ce qui a un gros impact sur les ressources auxquelles elles peuvent accéder, en cas d’urgence particulièrement, si on ne sait même pas que des gens vivent là », souligne Gihan Hassanein, chargée de la communication pour l’Humanitarian OpenStreetMap Team (HOT), l’ONG adossée à OpenStreetMap, ce projet qui a pour but de créer en ligne une carte libre du monde entier.

    Exister sur une carte n’a rien d’anodin, rappelle Christophe Chabert, cartographe indépendant et auteur du site Mind The Map. Il rappelle par exemple que le gouvernement de Jair Bolsonaro au Brésil veut demander aux peuples indigènes d’Amazonie de prouver, par des documents, qu’ils vivaient déjà sur ses terres lors de la signature de la Constitution de 1988. « S’il existait une cartographie qui recense les villages, on pourrait avoir un élément de preuve qui permettrait à ces populations d’accéder à la propriété sur ces terres », avance-t-il.

    Point essentiel, souligne Martin Noblecourt : les cartes sont réalisées sur OpenStreetMap, « le Wikipédia des cartes », « une carte du monde participative, collaborative et sous licence libre, donc qui peut être utilisée par tout le monde ». D’autres ONG pourront ainsi réutilisées librement ces données.

    Tout a commencé en 2010, explique la porte-parole de HOT, lors du tremblement de terre en Haïti. « Les dégâts étaient énormes à Port-au-Prince et il n’y avait pas de cartes fiables et actualisés de la ville. Les premiers secours ne savaient même pas où chercher les gens. » Une poignée de gens qui utilisaient déjà OpenStreetMap se sont alors réunis pour cartographier la zone à distance à l’aide des images satellites. Depuis, le petit groupe est devenu une ONG, qui n’a cessé de grandir, et des communautés de contributeurs locaux ont éclos autour du monde.

    Mais comment cartographier rapidement une région précise ? La première étape a lieu en ligne, explique le responsable projet Missing Maps de CartONG : des contributeurs tracent sur des images satellites les principaux éléments. Un outil permet de diviser la zone en petits carrés où ils identifient les quadrilatères ou polygones des bâtiments, les différentes voies, les cours d’eau. La deuxième étape se passe sur le terrain. « Cette partie à distance doit ensuite être complétée sur place, soit par des membres des ONG, soit par des contributeurs bénévoles locaux, qui se baladent avec un smartphone afin de récolter des informations sur des points précis tels que les centre de santé, les écoles, les installations sanitaires, etc. Ils peuvent aussi rajouter des informations plus qualitatives sur l’état de certaines infrastructures par exemple. » Un système de validations multiples permet de s’assurer de la fiabilité des données.
    « Mapathons »

    La démocratisation des images satellitaires, qui ne sont plus réservées à un usage militaire, et la multiplication des données disponibles ont mis la cartographie à la portée du tous. Pour participer, pas besoin d’être informaticien ou expert en cartographie, il suffit d’un ordinateur, d’une souris et d’une connexion wifi, expliquent les organisations. Et à la clé, la satisfaction d’avoir contribué, à son échelle et derrière son écran, à un projet à visée humanitaire.

    Pour encore plus d’efficacité, des « mapathons », où des anonymes viennent cartographier pendant un temps précis une zone précise, sont régulièrement organisés. En 2020, à la demande du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), CartONG a par exemple organisé plusieurs événements de ce type pour cartographier des camps de réfugiés au Soudan du Sud, au Soudan, en Birmanie et en Éthiopie, « des zones qui bougent vite et ne sont généralement pas sur les cartes officielles », commente Martin Noblecourt. « Ce qu’on voit essentiellement sur les images satellites, c’est le réseau routier, les tentes et quelques infrastructures pas forcément identifiées. Après, le personnel du HCR complète. » Selon le site de CartONG, quelque 700 contributeurs ont ainsi passé près de 700 heures à cartographier 180 000 bâtiments et 3 800 km de route. « Un moyen de calculer par exemple combien de tentes sont à moins de 50 ou 100 mètres d’un point d’eau et combien de personnes en dépendent. Et donc d’aider à la prise de décision : savoir où il faut réimplanter des points d’eau. »

    Évaluer les besoins, les représenter visuellement sur une carte, adapter les actions et mesurer leur impact… Les usages sont très variés. La pandémie de Covid-19 a par exemple généré des besoins en cartographie, notamment pour organiser les campagnes de vaccination. Mais il peut aussi s’agir de mieux préparer les populations aux catastrophes naturelles. « Nous venons de faire un projet au Tadjikistan qui a consisté à accompagner une ONG locale, The Little Earth, pour identifier des villages reculés et y collecter des données, notamment sur les réseaux hydrographiques et les risques que cela génère en termes d’inondations, les points de rassemblements, les installations sanitaires, etc. Et eux après, ont organisé des animations de sensibilisation au risque avec les habitants. »
    Renforcer les communautés contributeurs locaux

    Des projets collaboratifs qui permettent de créer une émulation locale. « J’étais justement en train de nettoyer les données », explique Jackson Mumbere Kombi au téléphone. En gros, un travail de tri. Il fait partie des centaines de membres de la communauté de contributeurs d’OpenStreetMap RDC (OSM RDC). Lorsqu’il a commencé à cartographier Beni, au Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo, en 2018, explique-t-il, « la carte était quasi-vierge ». Avec d’autres contributeurs, ils y ont progressivement ajouté des données basiques – bâtiments, routes, lieux publics (églises, marchés, etc.) puis des données plus précises comme la localisation des centres de santé par exemple ou encore la délimitation des parcelles agricoles. Au fil du temps, il s’est formé aux outils. Puis c’est lui qui a formé une petite équipe de jeunes de Beni, toujours avec OSM RDC, qui continue à travailler sur la carte et à l’actualiser.

    Il y a une « fierté » pour les habitants à être cartographiés, « à pouvoir dire : ici, c’est ma maison », affirme-t-il. « Et cela leur permet de mieux maîtriser leur milieu. « L’idée, c’est que si quelqu’un a besoin d’une information, il puisse la trouver facilement, justifie-t-il. Grâce à cette cartographie précise, pendant l’épidémie d’Ebola, on a pu mieux localiser certains contacts à risque. Donc mieux orienter les personnels de santé. »

    « Soutenir les communauté OpenStreetMap dans le monde. » Aujourd’hui, c’est ce à quoi travaille l’équipe humanitaire OSM (HOT), qui revendique 268 000 contributeurs, explique sa porte-parole. « S’assurer qu’ils ont l’équipement dont ils ont besoin, qu’ils ont les compétences dont ils ont besoin, s’assurer que les données sont de bonnes qualités », précise Gihane Hassanein. Les communautés OSM peuvent aussi postuler à des bourses pour des projets précis.

    L’un des derniers chantiers pour Jackson Mumbere Kombi à Beni reste d’ajouter les noms de rues manquants. Dans cette ville en proie à des massacres répétés depuis plusieurs années, l’enjeu c’est aussi la sécurité. Après, pointe le contributeur, il faudra s’occuper de rendre « visible » le reste de la RDC.

    https://www.rfi.fr/fr/technologies/20211128-participer-%C3%A0-cartographier-le-monde-pour-mieux-pr%C3%A9venir-les-c

    #humanitaire #cartographie #crises #cartographie_collaborative #cartographie_participative #catastrophes #OpenStreetMap #OSM #Missing_Maps #Humanitarian_OpenStreetMap_Team (#HOT) #MSF #cartographie_numérique #mapathon #images_satellitaires #mages_satellites #géographie_du_plein #géographie_du_vide

    #ressources_pédagogiques

  • Covid-19 : confinement prolongé pour deux semaines en Nouvelle-Calédonie
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/10/01/covid-19-confinement-prolonge-pour-deux-semaines-en-nouvelle-caledonie_60966

    Covid-19 : confinement prolongé pour deux semaines en Nouvelle-Calédonie. Longtemps épargné par l’épidémie, l’archipel est durement touché par le variant Delta, qui a fait près de 130 morts en trois semaines.
    Le confinement, en vigueur depuis le 7 septembre en Nouvelle-Calédonie, est prolongé de deux semaines, en raison d’une circulation « encore trop élevée » du coronavirus, a annoncé vendredi 1er octobre le président du gouvernement local. Louis Mapou, indépendantiste, a précisé que, jusqu’au 10 octobre inclus, l’actuel confinement strict – fermeture des écoles et des commerces non essentiels, couvre-feu de 21 heures à 5 heures, déplacements soumis à une attestation – serait maintenu. Ensuite, « si les indicateurs évoluent favorablement, des adaptations pour une reprise progressive de l’économie » seront appliquées jusqu’au 17 octobre avant une probable mise en place du passe sanitaire.
    Pendant plus de dix-huit mois, la Nouvelle-Calédonie a pu se targuer d’être une des rares terres de la planète épargnée par la pandémie de Covid-19. Cet apanage s’est effondré le 6 septembre, avec la détection de trois cas locaux du variant Delta, dont la contagiosité a eu raison de l’étanchéité du sas sanitaire aux frontières. Depuis, l’épidémie flambe. Dix personnes ont succombé à la maladie au cours des dernières vingt-quatre heures, portant à 129 le nombre total de morts depuis le début de la crise liée au variant Delta.« Quatre-vingt-seize pour cent des morts étaient non vaccinés, leur moyenne d’âge est de 71 ans et le plus jeune avait 40 ans ; 56 % sont des Kanak, 22 % des Wallisiens et Futuniens et 22 % sont issus des autres communautés », a précisé M. Mapou. Grâce au confinement, le taux d’incidence du virus, qui atteignait 1 200 pour 100 000 habitants il y a dix jours s’établit actuellement à 588, mais la crise « va encore durer de longues semaines », a averti le chef de l’exécutif collégial.En tout, 7 619 personnes ont été jusqu’à présent contaminées et 4 300 d’entre elles ont guéri.
    Alors que près de 300 patients sont hospitalisés, dont 56 en réanimation, le centre hospitalier territorial est saturé et son personnel mis à rude épreuve. A cet égard, M. Mapou a rendu hommage aux soignants et aux « moyens colossaux mobilisés par l’Etat ». Patrice Faure, haut-commissaire de la République, a annoncé qu’un « deuxième contingent de 103 soignants » de la réserve sanitaire arriverait la semaine prochaine en provenance de l’Hexagone et s’ajouterait aux 174 personnels déjà dépêchés dans l’archipel. « La solidarité nationale durera autant que nécessaire », a-t-il affirmé.Les deux responsables ont une nouvelle fois exhorté la population à se faire vacciner, dans les nombreux centres ouverts à travers le territoire. Actuellement, 34 % de la population dispose d’un schéma vaccinal complet et environ 65 % a reçu au moins une dose.

    #Covid-19#migrant#migration#france#nouvellecaledonie#sante#reservesanitaire#circulationtherapeutique#personnelmedical#variant#crisesanitaire

  • Covid-19 : plus de 12 000 travailleurs étrangers « en première ligne pendant la crise sanitaire » naturalisés - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/34952/covid19--plus-de-12-000-travailleurs-etrangers-en-premiere-ligne-penda

    En un an, 12 012 travailleurs étrangers ont été naturalisés, selon un dispositif spécifique en lien avec la pandémie de Covid-19. Un an après son lancement, le dispositif spécifique mis en place pour les travailleurs étrangers « en première ligne » durant la crise sanitaire a abouti à la naturalisation de 12 012 personnes. Une procédure qui « masque le durcissement politique » qui s’exerce par ailleurs sur « l’accès aux droits des personnes étrangères installées en France », déplorent les associations.
    Ils sont aides à domicile, caissiers, éboueurs, agents d’entretien, professionnels de santé, employés dans le secteur funéraire ou encore éboueurs. Au total, 12 012 travailleurs étrangers « en première ligne pendant la crise sanitaire » ont obtenu leur naturalisation, sur 16 381 dossiers déposés en préfecture en un an, indique un communiqué du ministère de l’Intérieur. Le résultat d’un dispositif exceptionnel d’acquisition de la nationalité française lancé le 14 septembre 2020 par la ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène Schiappa."Ces travailleurs de la première ligne ont répondu présents pour la nation. C’est normal que la nation fasse un pas vers eux. Je souhaite bienvenue dans la nationalité française à nos nouveaux compatriotes et leur dis merci au nom de la République : le pays a tenu bon aussi grâce à eux !", a-t-elle déclaré.Pour prétendre à la naturalisation dans ce cadre, tout travailleur étranger en situation régulière – donc détenteur par exemple d’un titre de séjour – a dû remplir une attestation spécifique à glisser dans le dossier habituel de demande d’accès à la nationalité française. La procédure, qui s’appliquait jusqu’au 15 juillet 2021, s’adressait aux demandeurs exerçant « une profession particulièrement exposée ou indispensable à la continuité de la nation pendant la période de crise sanitaire », précise le ministère. Il fallait également justifier « d’un engagement professionnel actif pendant la période d’état d’urgence du Covid-19 ».Pour ces derniers, la durée minimale exigée de résidence en France a été réduite à deux ans, au lieu de cinq habituellement. À cela s’ajoute les conditions demandées d’ordinaire pour une naturalisation, notamment « une connaissance suffisante » de la langue française, de sa culture et « l’adhésion aux principes et aux valeurs essentiels de la République ».Si la mesure a pu être utile à ses 12 000 bénéficiaires, pour les associations de défense des droits des migrants, sa portée reste très limitée. Antoine Math, membre du Gisti, y voit avant tout un « effet d’annonce », destiné à « masquer le durcissement politique qui s’exerce par ailleurs sur la question ». « La demande de naturalisation est une procédure difficile, dont le niveau est bien plus élevé qu’auparavant, assure-t-il. Nos parents étrangers devenus français il y a encore 20 ans ne le seraient jamais devenus avec les exigences actuelles ». Pour preuve, selon lui : « la baisse drastique » de naturalisations opérées l’année dernière. En 2020, 61 371 personnes ont acquis la nationalité française, soit 20 % de moins que l’année précédente. Pour la Cimade aussi, le dispositif et ses résultats, célébrés en grande pompe ce jeudi 9 septembre au Panthéon, cache « le silence des pouvoirs publics sur les autres enjeux, immenses, d’accès aux droits des personnes étrangères installées en France, qu’elles travaillent ou non dans des secteurs désormais dits essentiels », avait affirmé l’association en janvier.Parmi eux, l’accès aux démarches administratives, rendues très difficiles depuis le début de la pandémie. « Les préfectures sont devenues plus inaccessibles que jamais aux demandeurs et demandeuses d’un titre de séjour ou d’une naturalisation en raison de la dématérialisation des procédures – même pour celles et ceux potentiellement concernés par la mesure gouvernementale », avait dénoncé la Cimade.
    Des personnes qui, une fois naturalisées, sont « affublées du tampon ’méritant’ », regrette Antoine Math, opérant de fait « une division entre l’étranger respectable, et les autres ». La directive, qui concerne uniquement les étrangers en situation régulière, « exclue les quelque 350 000 sans-papiers qui vivent dans l’Hexagone », déplore également la Cimade.Alors que « la majorité travaille dans des emplois dits d’utilité sociale essentielle comme le nettoyage, la manutention, la mise en rayon, la livraison, la sécurité ou l’aide à la personne », expliquait en septembre 2020 Marilyne Poulain de la CGT à InfoMigrants. Au contraire des travailleurs naturalisés, ceux-là ne seront pas, comme l’indique le ministère de l’Intérieur, « conviés, Place Beauvau, à la rentrée ».

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#crisesanitaire#pandemie#travailleurpremiereligne#naturalisation#politiquemigratoire#travailleurutile#merite

  • France grants citizenship to 12,000 Covid frontline workers | France | The Guardian
    https://www.theguardian.com/world/2021/sep/09/france-grants-citizenship-to-12000-covid-frontline-workers
    https://i.guim.co.uk/img/media/0e21e9ea197f756f96ed076cefe5c35ba784ffce/0_168_8192_4915/master/8192.jpg?width=1200&height=630&quality=85&auto=format&fit=crop&overlay-ali

    France grants citizenship to 12,000 Covid frontline workers. Fast-track scheme is aimed at those whose jobs put them at risk in pandemic. France has granted citizenship to more than 12,000 frontline workers whose jobs put them at risk during the Covid pandemic under a special fast-track scheme.As well as speeding up the application process, which normally takes up to two years, the government also cut the residency requirement from five years to two. “Frontline workers responded to the call of the nation, so it is right that the nation takes a step towards them,” said the citizenship minister, Marlène Schiappa. “The country pulled through thanks to them. “I welcome our new compatriots to French nationality and thank them in the name of the republic. The country also thanks them.”
    In September 2020, the interior ministry invited those who had “actively contributed” to fighting the Covid health crisis to apply for fast-track naturalisation. On Thursday, Schiappa said 16,381 had applied and 12,012 applications were approved. Among them were health professionals, security and cleaning staff, those who looked after essential workers’ children, home help workers and refuse collectors, the minister announced.
    John Spacey, a Briton, was one of those given fast-track nationality as a foreigner who had “proved their commitment to the republic” in the eyes of the ministry. Spacey lives in the Creuse region in central France and works for an organisation that provides domestic care for elderly people. “It genuinely feels like a great honour to be offered citizenship,” he told the Local earlier this year. “France has been very good to me since my arrival and has given me opportunities I could never have dreamed of before stepping off the Eurostar in 2016 – a home of my own, a wonderful relationship, a 20-year-old Peugeot 106, a 40-year-old Mobilette, the most satisfying job in the world and a very bright future.“Soon, I’ll be able to vote, will regain my freedom of movement and will finally feel fully European once more, finally feel fully integrated into the nation I’ve already come to love like my own.”Spacey said he also received a one-off bonus payment from the state “as a kind of merci for services rendered during the crisis … something for which I was very grateful and that I’d not expected, given I’d been paid for my work anyway”.He added: “Then came another, far more unexpected, thank you – the chance to apply for French nationality six months earlier than would have been possible under the normal rules and to have the process fast-tracked. All for doing a job I love.”In April 2020, French hospital staff and nursing home workers were awarded tax-free bonuses of between €1,000 and €1,500 as part of the government thank you for their work during the Covid-19 crisis.In August 2020, France’s 320,000 home-care workers were given Covid-19 bonuses of up to €1,000.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#crisesanitaire#pandemie#travailleurpremireligne#nation#naturalisation

  • Covid-19 : plus de 12 000 travailleurs étrangers « en première ligne » naturalisés
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/09/covid-19-plus-de-12-000-travailleurs-etrangers-en-premiere-ligne-naturalises

    Covid-19 : plus de 12 000 travailleurs étrangers « en première ligne » naturalisés. Le ministère de l’intérieur a allégé la procédure d’acquisition de la nationalité française pour les professionnels de santé, les agents de sécurité ou d’entretien, les caissiers ou les aides à domicile étrangers mobilisés lors de la crise sanitaire.Ce sont les « premiers de corvée ». La crise sanitaire provoquée par l’épidémie de Covid-19 a révélé l’importance « des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal », déclarait le président de la République, Emmanuel Macron, le 13 avril 2020, lorsqu’il détaillait les modalités de la prolongation du confinement jusqu’au 11 mai et esquissait sa « stratégie » pour sortir de la crise. A la mi-septembre 2020, le gouvernement avait demandé aux préfets d’« accélérer » et de « faciliter » l’accès à la nationalité française pour les personnes qui avaient « contribué activement » à la lutte contre le Covid-19. Plus de 12 000 travailleurs étrangers en France en « première ligne » durant l’épidémie de Covid-19 ont été naturalisés, a annoncé, jeudi 9 septembre, le ministère de l’intérieur. Depuis un an, 16 381 dossiers ont été déposés en préfecture sur l’ensemble du territoire français et 12 012 étrangers sont devenus Français, a détaillé le cabinet de la ministre déléguée à la citoyenneté au ministère de l’intérieur, Marlène Schiappa.
    Le ministère a allégé la procédure d’acquisition de la nationalité française pour les professionnels de santé, les agents de sécurité ou d’entretien, les caissiers ou les aides à domicile étrangers mobilisés lors de la crise sanitaire, en réduisant notamment à deux ans au lieu de cinq la durée minimale de résidence en France exigée. « Ces travailleurs de la première ligne ont répondu présents pour la nation. C’est normal que la nation fasse un pas vers eux. Je souhaite bienvenue dans la nationalité française à nos nouveaux compatriotes et leur dis merci au nom de la République : le pays a tenu bon aussi grâce à eux ! », a déclaré Mme Schiappa dans le communiqué.Au total en 2020, 61 371 personnes ont acquis la nationalité française, soit 20 % de moins que l’année précédente.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#naturalisation#travailleurpremiereligne#nation#pandemie#crisesanitaire

  • Tunisie : la diaspora se mobilise face à une situation sanitaire « catastrophique »
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/07/14/tunisie-la-diaspora-se-mobilise-face-a-une-situation-sanitaire-catastrophiqu

    Tunisie : la diaspora se mobilise face à une situation sanitaire « catastrophique » ;Des chaînes de solidarité s’organisent entre la société civile et les Tunisiens vivant à l’étranger, permettant de recueillir des fonds face à l’explosion des cas de Covid-19.
    Le réseau social, qui compte 7 millions d’utilisateurs dans un pays de 12 millions d’habitants, est aussi l’un des vecteurs de la chaîne de solidarité en train de s’organiser avec les Tunisiens à l’étranger. Une diaspora qui représente plus d’1,5 million de personnes, dont plus de 700 000 en France.« Nous avons déjà récolté près de 71 000 euros en dix jours et commandé une dizaine de concentrateurs d’oxygène de 10 litres ainsi que des masques FFP2 », déclare Mehdi Bouchair, 34 ans, pharmacien basé à Bizerte (nord) et vice-président de l’association d’entraide Lost and Found Tunisia en Tunisie.
    La collecte a été possible grâce à la participation de cinq associations tunisiennes issues de France, d’Allemagne, des Pays-Bas et des Etats-Unis. Un geste qui a nécessité de vaincre certaines réticences. « Les donateurs voulaient savoir où irait l’argent et exprimaient leur refus de donner aux ambassades ou à l’Etat », explique Mehdi Bouchair.La crise sanitaire s’inscrit dans un climat politique morose au sein du pays et une défiance généralisée à l’égard des institutions. Au printemps 2020, pendant le confinement, l’Etat tunisien avait mis en place un fonds de solidarité ayant permis de récolter près de 62 millions d’euros. Mais sa gestion et la répartition des financements dans la lutte contre la pandémie ont été critiquées pour leur opacité.
    « Nous sommes en train de suivre la même voie que le Liban après l’explosion du port de Beyrouth où tout le monde demandait de donner aux associations et non à l’Etat », confirme Lotfi Hamadi, fondateur de l’association Wallah We Can et membre du collectif Nafassni (« Laissez-nous respirer ») qui prévoit de publier tous les chiffres des aides et dons reçus tant de l’OMS que des pays étrangers.Malgré cette défiance à l’égard de l’Etat, la société civile s’organise pour faire face à une situation sanitaire qualifiée de « catastrophique » par les autorités. Le pays enregistre une moyenne de 100 à 150 décès par jour dus au Covid-19, soit le taux de mortalité le plus élevé du continent.« On ne peut pas parler d’un effondrement du système de santé car celui-ci continue de résister et de fournir des efforts considérables, mais c’est vrai qu’il est en souffrance », précise Yves Souteyrand, représentant de l’OMS en Tunisie.
    Il ajoute que le pays a été dépassé par l’arrivée du variant Delta, très virulent, « qui aujourd’hui représente près de la moitié des contaminations ». Selon lui, les mesures de restrictions sanitaires n’ont peut-être pas été prises assez tôt après que ce variant a été détecté dans certaines régions. « Aujourd’hui, nous avons l’un des taux épidémiques les plus sévères de la région avec 900 morts en une semaine et un taux de positivité de 35 % », explique-t-il.Face à la pénurie de vaccins et aux lenteurs de la campagne de vaccination – seulement 5 % de la population est complètement vaccinée –, de nombreux pays ont réagi en envoyant des vaccins – près de 4 millions de doses devraient ainsi affluer. « Cette solidarité internationale, qui concerne aussi l’équipement médical et l’oxygène, est remarquable », ajoute Yves Souteyrand.« Nous avons aidé et nous allons encore aider et je pense particulièrement à la Tunisie », a insisté Emmanuel Macron lors de son discours sur la situation épidémique lundi 12 juillet. Le gouvernement français a promis mardi que 800 000 doses seraient livrées « dans les prochains jours », tout en plaçant le pays sur liste rouge en raison de la dégradation de la situation sanitaire. La Tunisie enregistre plus de 500 000 cas de contamination et 16 651 décès à la date du 14 juillet.
    L’ambassade de Tunisie en France a appelé ses ressortissants le 10 juillet à participer à l’effort collectif à travers des dons en argent et en équipement médical. Dès le 18 mai, déjà alerté par la recrudescence des cas et des décès, un collectif de binationaux avait publié une tribune dans Le Monde pour appeler à la solidarité internationale, avant la visite officielle du premier ministre Jean Castex en Tunisie.
    La psychiatre Fatma Bouvet de la Maisonneuve, l’une des signataires, déplore qu’un « marché noir de la santé » s’installe face à l’urgence. Un développement symptomatique, selon elle, des défaillances dans la gestion de la crise sanitaire. « La mobilisation des associations est nécessaire car, parallèlement, vous avez des vendeurs de mort. J’y ai été confrontée lorsque j’ai essayé de chercher à distance un concentrateur d’oxygène pour l’un des membres de ma famille : les prix ont triplé en une semaine », décrit-elle.
    Lire aussi En Tunisie, la crise sur tous les frontsLa société civile et la diaspora misent sur un système d’entraide bien rodé depuis la révolution. « Beaucoup d’entre nous se sont connus via des réseaux de la société civile qui ont aidé pour la supervision des élections législatives et présidentielle depuis 2011. Avec les réseaux sociaux, on peut s’organiser facilement », explique Nesrine Rebai, 37 ans, consultante basée à Tunis pour des associations et agences onusiennes. Elle-même vient de lancer un groupe Facebook privé SOS Tunisie Covid-19 qui diffuse des initiatives et met en contact les donateurs et les organisations.
    D’autres travaillent quand même avec l’Etat, comme l’association Tunisiens des deux rives, qui a passé depuis 2020 une convention avec le ministère de la santé afin que les dons médicaux puissent être exemptés de taxes douanières. L’association, qui a mis en place un système de traçabilité des dons, a pu obtenir 300 concentrateurs d’oxygène de Tunisiens vivant à l’étranger et près de 3 millions de masques offerts par une entreprise française.Certains aimeraient donner la possibilité aux médecins partis à l’étranger de revenir dans leur pays ponctuellement, le temps de la crise. La Tunisie perd actuellement entre 700 et 800 médecins par an. S’ils sont en France, ils ne peuvent plus exercer dans leur pays d’origine, car ils doivent faire une demande de radiation auprès de l’ordre des médecins. Même chose s’ils décident de repartir en Tunisie. Si on prend l’exemple des médecins réanimateurs tunisiens : 160 exercent encore en Tunisie dans le public, 250 dans le privé, contre près de 500 en France.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#france#sante#diaspora#crisesanitaire#solidarité#medecin#retour

  • Avec la crise sanitaire, moins d’enfermements en 2020 dans les centres de rétention administrative
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/07/06/avec-la-crise-sanitaire-moins-d-enfermements-en-2020-dans-les-centres-de-ret

    Avec la crise sanitaire, moins d’enfermements en 2020 dans les centres de rétention administrative. Malgré une baisse du nombre d’enfermements, plusieurs associations estiment que la rétention, prélude à l’expulsion des étrangers en situation irrégulière, a été parfois indûment utilisée alors que les frontières fermées empêchaient les mesures d’éloignement.
    Dans le domaine migratoire, ce sont des lieux qui concentrent toutes les attentions : d’une part, celle des associations, préoccupées par la question de la privation de liberté et du respect des droits ; d’autre part, celle du ministère de l’intérieur, qui y organise les reconduites aux frontières d’étrangers sans titre de séjour.
    En 2020, la situation dans les centres de rétention administrative (CRA) a été marquée par la crise sanitaire due au Covid-19, qui a entraîné la fermeture des frontières, et par la « volonté du gouvernement de poursuivre les éloignements malgré un contexte qui rendait potentiellement dangereux [le placement en rétention] », dénoncent plusieurs associations, dont La Cimade et Forum réfugiés-Cosi, mardi 7 juillet, à l’occasion de la publication de leur bilan annuel sur l’enfermement au sein de ces lieux.
    Première conséquence de la crise sanitaire : la baisse du nombre de placements en rétention, qui chute presque de moitié par rapport à 2019. Les associations présentes au sein des CRA ont recensé, en 2020, près de 28 000 personnes enfermées en vue d’une expulsion, dont la majorité en outre-mer et plus précisément à Mayotte, contre près de 54 000 l’année précédente. Une épine dans le pied du gouvernement et du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, qui tente par tous les moyens d’accélérer le renvoi des étrangers en situation irrégulière depuis plusieurs mois.
    Lire aussi En 2019, près de 54 000 étrangers sans titre de séjour ont été enfermés
    Le 17 mars 2020, au départ du premier confinement, un mouvement de désengorgement des CRA était amorcé. Sous l’effet de décisions prises par les juges des libertés et de la détention, de multiples mesures de remise en liberté étaient ordonnées, justifiées par la menace que constituait la circulation du virus dans ces lieux où la distanciation sociale est quasi impossible.Au sortir du premier confinement, la donne a progressivement changé, avec la mise en place d’un protocole sanitaire et l’instauration de jauges. « Insuffisant », ont jugé les associations, qui ont constaté la formation de plusieurs clusters tout au long de l’année. En novembre 2020, la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Dominique Simonnot, appelait à la fermeture temporaire des CRA ou, au minimum, à une baisse drastique de leur activité.
    La crise sanitaire a, en outre, relancé la critique sur l’opportunité même d’un placement en rétention, alors que la possibilité de renvoyer un étranger sans titre de séjour était parfois rendue impossible par la fermeture des frontières. En 2020, le nombre de personnes expulsées depuis un centre de rétention a logiquement chuté, passant de 49,4 % en 2019 à 40,4 % en 2020, selon le rapport des associations.Certaines situations interpellent, comme celle des ressortissants algériens. « C’est l’exemple emblématique de cette année 2020 », estime Justine Girard, responsable des questions de rétention à La Cimade. Au total, 970 Algériens ont été placés en CRA entre le 17 mars et le 31 décembre 2020. Sur l’ensemble de l’année, il s’agit de la nationalité la plus représentée parmi les personnes retenues. Or, selon le bilan des associations, seules 8 % d’entre elles ont effectivement été renvoyées depuis le premier confinement, à 90 % vers un autre pays de l’Union européenne, et seulement quatre personnes ont pu être expulsées vers l’Algérie, qui avait décidé de la fermeture totale de ses frontières le 17 mars. « Des personnes ont fait l’objet de longues durées de rétention alors qu’on savait qu’elles ne seraient pas expulsées », poursuit Justine Girard.
    A l’inverse, les renvois se sont accélérés du côté des ressortissants roumains (77,1 % des personnes enfermées ont été expulsées), albanais (68,2 %) ou géorgiens (48,8 %). Une « politique du chiffre », jugent les associations, alors que le renvoi vers ces pays était plus simple que vers ceux du Maghreb.Enfin, en 2020, 26,5 % des personnes placées en rétention – soit une sur quatre – sortaient de prison, chiffre le plus haut enregistré ces dernières années. « Déjà observée en 2019, cette tendance s’est renforcée et témoigne d’un recours à la rétention pour d’autres finalités que l’éloignement du territoire français », estiment les associations dans leur rapport. Depuis son arrivée place Beauvau, en juillet 2020, le ministre de l’intérieur multiplie les instructions aux préfets pour expulser les étrangers en situation irrégulière qui constituent une « menace grave pour l’ordre public ».Depuis 2017, le nombre de places en rétention a doublé, passant de 1 069 à près de 2 200. Sur la seule année 2020, plus de 400 places ont été créées, à travers la construction de nouveaux CRA, comme à Lyon, Bordeaux, au Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) ou à Olivet (Loiret). Au sein des centres de rétention, si les jauges limitaient en 2020 le nombre de personnes retenues, leur taux de remplissage augmente de nouveau et « tourne aujourd’hui autour de 80 % », rapporte Justine Girard.

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  • La mobilité résidentielle des familles freinée par le Covid-19
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/05/27/la-mobilite-residentielle-des-familles-freinee-par-le-covid-19_6081670_3224.

    La mobilité résidentielle des familles freinée par le Covid-19. Les parents d’élèves scolarisés au primaire, au collège et en classe de 2de ont moins déménagé de commune en commune que les années précédentes, bien que cette tendance reste à confirmer à la rentrée 2021.« Si seulement on pouvait partir… » Combien de parents d’élèves, depuis le début de la crise sanitaire, et à chaque annonce d’une classe qui ferme – 5 110 recensées par le ministère de l’éducation, vendredi 21 mai, date du dernier bilan officiel –, ont formulé ce souhait ? Rêvé de s’échapper du domicile familial, de « couper » avec la pression de l’école à la maison, pour prendre la clé des champs ou, simplement, pour déménager dans « plus grand » ?
    En rendant publique, ce jeudi 27 mai, une photographie de la mobilité des familles – la première du genre –, le service statistique du ministère de l’éducation (la « DEPP », dans le jargon de l’école) apporte des éléments de réponse. A l’opposé d’un sauve-qui-peut, la mobilité résidentielle des parents d’enfants scolarisés au primaire, au collège et en classe de 2de – les statisticiens du ministère ont laissé de côté le niveau supérieur du lycée – a diminué durant les premiers mois de la crise sanitaire.Ainsi, à la rentrée 2020, 5 % des écoliers et 6,4 % des collégiens et des élèves de 2de ont changé de commune de résidence par rapport à septembre 2019. C’est presque 1 point de moins qu’un an plus tôt pour les écoliers : entre 2018 et 2019, le changement de lieu de résidence avait concerné 5,9 % des élèves du premier degré et 6,7 % des élèves scolarisés au collège ou en 2de.
    Avant de parler de « tendance », mieux vaut attendre les chiffres de la rentrée 2021, prévient Fabienne Rosenwald, directrice de la DEPP. « Les deux années scolaires sur lesquelles nous avons pu enquêter n’embrassent qu’une partie – la toute première – de la crise sanitaire », explique-t-elle. En septembre 2020, l’école française sort à peine de son premier confinement ; la deuxième vague épidémique est devant elle. « Sans doute que de nombreux foyers n’ont pas encore, à cette date, concrétisé leurs projets ou qu’ils temporisent, vu le contexte incertain, souligne l’experte. Difficile de se projeter quand on mesure mal l’impact de la crise sur l’emploi et sur l’offre immobilière. »Sans surprise, cette mobilité en recul concerne moins les enfants des familles aisées que ceux des catégories sociales moyennes (- 0,2 point) ou défavorisées (- 0,6 point), et ce à tous les niveaux d’enseignement (hormis la 2de). Ce sont ces mêmes enfants qui, lors d’enquêtes qualitatives menées par le ministère de l’éducation au sortir du premier confinement (mars-mai 2020), signalaient avoir le plus manqué d’espace pour étudier, et le plus manqué d’accompagnement ; « bref, le plus manqué d’école », souligne Mme Rosenwald.Cette baisse de la mobilité est jugée d’autant plus « significative » par les statisticiens que les publics scolaires dits fragiles sont, dans un contexte ordinaire, ceux qui se déplacent le plus d’une année sur l’autre, « parce que leurs parents sont plus souvent locataires, parce qu’ils déménagent dès qu’ils le peuvent, quand ils ne sont pas ballottés d’un lieu à l’autre, d’un emploi à l’autre », relève-t-on rue de Grenelle.
    Pour le reste, les caractéristiques des mobilités entre les deux années scolaires étudiées n’ont pas – ou peu – varié. Elles s’intensifient en début de cycle, en CP, 6e et 2de, c’est-à-dire à l’entrée dans un nouvel établissement. On savait que le passage au collège coïncidait, souvent, avec un déménagement. La DEPP le prouve statistiquement : la mobilité de commune à commune a concerné 9,4 % des élèves de 6e, à la rentrée 2020 comme à celle de 2019, pour diminuer en deçà de 6 % en classe de 5e, 4e et 3e. « La fin du premier degré et le début d’un autre cycle, la volonté de se rapprocher du collège de son enfant, mais aussi des stratégies d’évitement scolaire sont autant de raisons motivant les parents à changer de domicile à la fin de l’école élémentaire », peut-on lire dans la note d’analyse qui accompagne la diffusion de cette étude de la DEPP.
    Pas de révolution, pour autant, dans la vie de l’enfant : lorsqu’elles changent de commune de résidence, les familles restent le plus souvent dans un rayon relativement proche. Dans plus de deux cas sur trois, l’ancienne et la nouvelle adresse se situent dans le même département. Autre trait commun aux deux rentrées : les mobilités s’effectuent dans la grande majorité des cas entre zones urbaines – de ville à ville –, et sans changement d’environnement (autrement dit, dans un environnement de densité équivalente pour l’enfant).Les familles qui ont quitté la ville, en mars 2020, pour se confiner à la campagne, semblent toutes ou presque revenues à la « case départ » pour la rentrée des classes. Signe que l’école rurale n’exerce pas – ou pas à elle seule – d’attrait particulier. En tout cas pas dans un calendrier aussi restreint : la DEPP n’exclut pas, à ce stade, que les cartes aient pu être rebattues à la rentrée 2021.

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  • L’OIM et Harvard lancent une étude sur les flux migratoires en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale | Organisation internationale pour les migrations
    https://www.iom.int/fr/news/loim-et-harvard-lancent-une-etude-sur-les-flux-migratoires-en-afrique-de-louest
    https://www.iom.int/sites/default/files/styles/highlights/public/press_release/media/mtd0053.jpg?itok=FVBLVI5c

    Genève - En collaboration avec le Centre François-Xavier Bagnoud pour la santé et les droits de l’homme de l’Université de Harvard, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) lance une étude conjointe intitulée « See migration like water : An Analysis of IOM Flow Monitoring Survey Data on Migration Flows in West and Central Africa ». Le rapport analyse les flux migratoires et les vulnérabilités des migrants lors de leurs périples à l’intérieur et au départ de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale.
    La région de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale offre de nombreux exemples de schémas migratoires dynamiques, notamment une longue histoire de flux migratoires infrarégionaux et interrégionaux divers. La complexité et l’évolution rapide des caractéristiques de la mobilité dans la région, associées à l’émergence de nouveaux défis et risques, comme la COVID-19, aggravent les risques le long des itinéraires migratoires et laissent de nombreux migrants sans protection.
    Le rapport appelle à une compréhension globale et contextualisée des vulnérabilités des migrants à travers les itinéraires migratoires les plus populaires d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale - en examinant les facteurs de risque et de protection aux niveaux individuel, familial, communautaire et structurel.L’étude est fondée sur les données du suivi des flux de la Matrice de suivi des déplacements (DTM) de l’OIM recueillies auprès de plus de 110 000 migrants, à travers 38 points de transit dans 7 pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. En outre, des données qualitatives issues d’entretiens avec des experts menés en 2020 éclairent l’impact de la COVID-19 sur les périples des migrants et leur bien-être.
    Cette étude conjointe s’inscrit dans le cadre d’un effort plus large de l’OIM pour recueillir et diffuser des données empiriques solides sur les dynamiques et les vulnérabilités migratoires afin de soutenir les progrès vers le renforcement de la migration sûre, notamment pour soutenir la mise en œuvre du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières et réaliser les Objectifs et cibles de développement durable (ODD) liés à la migration.

    #Covid-19#migrant#migration#OIM#harvard#recherche#fluxmigratoire#sante#crisesanitaire#afriquedelouest#afriquecentrale#transit#pactemondial#bienetre#vulnerabilite