• Tai-Luc, le chanteur de La Souris déglinguée, est mort
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    Je dois avoir tous les disques (studios) de LSD. J’étais vraiment fan. Je me rappelle avoir pogoté comme un malade à la MJC d’Hérouville...

    « On fera n’importe quoi, on fera comme les copains
    On fera n’importe quoi par solidarité »

    « Combien y a-t-il de faux espoirs/Au fond du cœur de la jeunesse ?/Combien y a-t-il de lundis matins/Pour la main-d’œuvre bon marché ?/Combien y a-t-il de lundis matins/Pour les rockeurs manutentionnaires ? » La chanson de Tai-Luc, le leader de La Souris déglinguée (LSD), groupe phare de la scène punk rock parisienne des années 1980, a pris des airs d’oraison funèbre. Avec la mort de son auteur, survenue vendredi 1er décembre, à l’âge de 65 ans, d’une infection pulmonaire, c’est un pan de l’histoire du rock français qui disparaît.

    La première fois qu’on l’a rencontré, c’était en 1983, dans la nuit de l’hiver. Aux « Frigos », ces anciens frigidaires du côté du pont de Tolbiac, à Paris, recyclés alors en lieux de répétition et en ateliers d’artistes. Il venait, avec ses comparses, de sortir son deuxième 33-tours – c’était encore l’âge du vinyle, autant dire la Préhistoire –, il jouait les durs à cuire et tirait avec allégresse le diable par la queue. « M. Assedic, c’est un ami à moi », racontait-il, crâneur, dans son blouson noir. Il avait 25 ans.

    On avait retrouvé, trente-cinq ans plus tard, son sourire narquois sous les platanes du quai de Gesvres, à Paris. Un krama cambodgien noué sur le crâne désormais chauve de l’ancien skinhead, une fesse posée sur un tabouret, devant ses quatre boîtes de bouquiniste : quelque huit mètres linéaires de livres d’occasion, denrées rares et d’autant plus recherchées. Il avait ce même air faussement absent, réellement attentif, la même parole diserte derrière la façade impavide.
    Lire le portrait (en 2020) : Article réservé à nos abonnés Regarder Paname avec les yeux d’un bouquiniste

    Côté maternel, des origines ch’tis et bretonnes, une famille communiste. Le père, lui, est un titi parisien débarqué de Cochinchine en 1939. Elle est sténodactylo, lui a été représentant en vins, vigile dans une usine d’armement, et tient une salle de sport dans le Quartier latin. Il a même été vedette de cinéma – dans un film vietnamien tourné en Camargue, que le fiston découvrira soixante ans plus tard : Vi dau nen noi, de Pham Van Nhan (La Justice des hommes, 1954). « Mon père ? Une sorte d’Alain Delon », confiait son fils unique, et tardif. A l’observer, lui, on se disait que c’était sans doute vrai.
    Quatorze albums studio

    Nguyen Tan Tai-Luc naît donc le 10 août 1958, à Suresnes (Hauts-de-Seine). Il a 14 ans lorsque ses parents se séparent. Il va moult fois déménager, écumant les banlieues au fil des changements de domicile. « Suivant mes interlocuteurs, quand je veux rassurer, je parle du lycée Hoche, à Versailles, où j’ai passé mon bac, ou sinon, de Sarcelles [Val-d’Oise], dont je connais tous les codes », racontait-il sans vergogne.

    C’est au lycée Hoche qu’il crée La Souris déglinguée. Rue des Lombards, il a découvert l’effervescence et l’énergie du rock dans les bacs de la mythique boutique parisienne de disques de Marc Zermati (1945-2020). Avec ses potes, il fait le voyage initiatique de Londres, monte sur la scène du Golf Drouot, multiplie les concerts (qui tournent en baston) et enregistre quatorze albums studio sur trois décennies. Misère et grandeur du rock’n’roll. De ses années Souris déglinguée, il disait modestement : « On a eu des instantanés professionnels. » Le 9 mai 2015, ces vétérans de la scène punk française donnent leur dernier concert à l’Olympia, entourés des stars de cette vague rageuse aujourd’hui emportée par le vent : Parabellum, Warum Joe, Swingo Porkies, RAS, Les Olivensteins… Toute une époque.

    Mais déjà Tai-Luc a accroché une autre corde à son arc. L’enfant cherche ses racines. Perpétuellement en mouvement, il s’est mis à étudier le viet, le chinois, le lao, le thaï… Il lit beaucoup, entasse les livres et, dès 1996, commence à enseigner à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco) où, dernièrement encore, il continuait de donner des cours de linguistique comparée et d’« écriture des pagodes » (un alphabet à part).

    A l’Inalco, il n’a d’ailleurs pas seulement écrit une demi-douzaine de thèses (Parlons lü : la langue taï des douze mille rivières du Yunnan ou Etude comparative du tai sipsong panna et du laotien…), il aura aussi rencontré sa « fiancée », avec qui il a eu une fille. Les punks ne sont jamais comme on les imagine.

    Grand collectionneur, ce petit-fils d’une pucière de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) est donc finalement, en 2018, devenu bouquiniste (« Je ne suis rien d’autre qu’un biffin de luxe », confiait-il avec une touchante – fausse – modestie, expliquant : « La vérité des bouquinistes, c’est que la Mairie de Paris a besoin de figurants pour donner une image de Paris telle qu’elle était avant. »). Son dernier combat aura d’ailleurs été de lever haut l’étendard de la révolte face à la demande des autorités d’enlever des quais les boîtes chargées de livres, le temps des Jeux olympiques.
    Lire aussi le récit : Article réservé à nos abonnés JO 2024 : à Paris, le déplacement des bouquinistes prend une tournure politique

    On imagine la colère de ce calme nerveux (ou le contraire) et on revoit son ombre, cette nuit-là, il y a presque quarante ans, au pont de Tolbiac, s’effaçant dans un brouillard de riffs : « Est-ce une tendance négative/Que d’avoir confiance en moi ?/Est-ce une tendance négative/Que d’avoir confiance en toi ? »
    Tai-Luc en quelques dates

    10 août 1958 Naissance à Suresnes (Hauts-de-Seine).

    1976 Formation de La Souris déglinguée.

    1981 Premier album.

    2014 « Les Toits du palace », dernier album.

    2018 Obtention d’une concession de bouquiniste.

    1er décembre 2023 Décès.

    Laurent Carpentier

    #LSD #Tai_Luc #La_Souris_Déglinguée

  • #Caen : tant qu’il y aura des gens à la rue, on squattera !
    https://fr.squat.net/2020/09/04/caen-tant-quil-y-aura-des-gens-a-la-rue-on-squattera

    Manifestation samedi 5 septembre, 14 heures. Depuis le 24 juin dernier, la préfecture du Calvados a procédé à l’expulsion de neuf squats sur l’agglomération caennaise dans lesquels vivaient environ 360 personnes, dont une majorité de familles avec enfants. Les squats de la rue Bayet à #Mondeville et la Varende à #Hérouville-Saint-Clair ont été expulsés pendant […]

    #AG_de_lutte_contre_les_expulsions #expulsion #Ifs #manifestation #sans-papiers