organization:florida international university

  • The Perils of a Putsch in Venezuela – Foreign Policy
    http://foreignpolicy.com/2018/05/04/the-perils-of-a-putsch-in-venezuela

    Encouraging a coup in Caracas will give Russia and China a foothold in the United States’ backyard.
    BY BRIAN FONSECA

    In recent months, high-ranking U.S. officials have been signaling to Venezuelan military leaders that they have Washington’s blessing to take the reins in Caracas. In a February speech ahead of his trip to Latin America, then-Secretary of State Rex Tillerson said, “In the history of Venezuela and South American countries, it is often times that the military is the agent of change when things are so bad and the leadership can no longer serve the people.

    Others have been blunter. Just a few days after Tillerson’s remarks, Florida Sen. Marco Rubio (R) took to Twitter to say that the world “would support the Armed Forces in #Venezuela if they decide to protect the people & restore democracy by removing a dictator.” And earlier this week, in a speech at Florida International University, Juan Cruz, U.S. President Donald Trump’s special assistant and senior director for western hemisphere affairs at the National Security Council, urged “the military to respect the oath they took to perform their functions.
     
    Giving the green light for a military coup is not only bad for America’s image; it is also a threat to U.S. strategic interests.Giving the green light for a military coup is not only bad for America’s image; it is also a threat to U.S. strategic interests. That’s because encouraging a putsch in Venezuela could backfire and end up increasing Russian and Chinese influence in the Western Hemisphere.
    The U.S. officials praising the prospect of a military takeover seem to disregard the fact that U.S.-Venezuelan military relations are virtually nonexistent today. U.S. defense contacts with Venezuela declined sharply in the years following the rise of former Venezuelan President Hugo Chávez in 1999. Meanwhile, the Russians, Chinese, and Cubans have replaced the United States as the primary sources of financial, technical, and material support to the Venezuelan military. The mere threat of a coup in Venezuela could be enough to rally the military around hard-liners and compel U.S. rivals to consider their preferred alternatives to the Maduro regime as collapse becomes imminent. Rivals with economic, political, and geostrategic interests in Venezuela, such as Russia and China, are far better positioned than the United States to influence the Venezuelan military during any transition.

    Moscow and Beijing will be especially interested in cultivating ties with the top brass in Caracas if they sense that offering economic and political support to a new Venezuelan leadership could change the mineral-rich country’s trajectory from an economic basket case to an economically and politically stable authoritarian regime. In such a situation, Russia, China, and Cuba — in some formal or informal configuration — could abandon the flailing and ineffective leadership of President Nicolás Maduro and back a military regime in uncomfortably close geographic proximity to the United States.

    The current situation in Venezuela is untenable. Oil production is declining, public unrest is spreading, inflation is up nearly 13,000 percentage points in the last two months, and military and civilian elites are becoming increasingly dissatisfied. Moreover, other countries in Latin America that stood by Chavez in the past are now denouncing Maduro. Pressure for regime change is growing.

  • Les interdictions du ‘burkini’ en France ont à voir avec bien autre chose que la religion ou l’habillement

    Washington – Il y a quelque chose qui donne le tournis dans ces arrêtés d’interdiction du burkini qui fleurissent sur le littoral français. L’évidence de la contradiction – imposer des règles sur ce que les femmes peuvent porter sur la base de l’idée qu’il est injuste pour les femmes de devoir obéir à des règles sur ce que les femmes peuvent porter – montre clairement que quelque chose de plus profond doit être à l’œuvre.

    « Les « burkinis » sont à la base des maillots de bain qui recouvrent tout le corps en conformité avec les normes musulmanes relatives à la pudeur, et mercredi, le premier ministre Manuel Valls s’est jeté dans le débat enflammé sur les interdictions prononcées sans quelques villes balnéaires du pays, dénonçant ce vêtement qu’on voit rarement comme un élément de « l’asservissement des femmes. »

    Ceci ne porte évidemment pas réellement sur une tenue de bain. Les sociologues disent que cela n’a pas non plus un rapport premier avec la protection des femmes musulmanes contre le patriarcat, mais que c’est en lien avec une volonté d’éviter à la majorité non musulmane de la France de devoir se confronter à un monde qui change : un monde qui leur demande d’élargir leur vision de l’identité quand beaucoup voudraient qu’elle demeure telle qu’elle était.

    « Ce genre de déclaration [celle de Manuel Valls, NdT] est une manière de sanctionner [le sociologue emploie le verbe to police qui signifie contrôler, surveiller] ce qui est français et ce qui n’est pas français, » explique Terence G. Peterson, un professeur de la Florida International University qui étudie la relation de la France avec les immigrés musulmans et avec le monde musulman.

    Si cette bataille sur l’identité prend de l’ampleur au lendemain des attentats terroristes [Nice et Saint-Etienne du Rouvray, NdT], elle fait en réalité rage sous une forme ou une autre depuis des dizaines d’années dans la société française, affirme le Professeur Peterson. Ce qui semble être une confrontation sur une petite question de vêtement islamique porte en réalité sur ce que signifie être français.

    Pendant l’époque coloniale, quand la France contrôlait de vastes régions musulmanes, le voile était devenu un « symbole hyperchargé » explique le Professeur Peterson. Le voile était considéré comme un symbole de l’arriération des Musulmans et les normes vestimentaires féminines françaises, plus flexibles, étaient considérées comme un signe de supériorité culturelle, des façons de voir qui justifiaient le colonialisme.

    Le colonialisme est au fondement de la crise d’identité que vit la France actuellement parce qu’il a ancré un sentiment d’identité nationale française en tant que distinct et supérieur aux identités musulmanes – tout en promettant l’égalité aux Musulmans colonisés qui avaient commencé à immigrer en France en grand nombre. La choc qui en résulte prend souvent la forme de débats sur les tenues vestimentaires.

    Le voile est resté un symbole puissant de l’altérité quand le colonialisme s’est effondré après la seconde guerre mondiale et que les Musulmans des pays colonisés ont afflué en France. Mais maintenant, cette altérité se joue à l’intérieur même d’un pays qui tente de définir sa propre identité post-coloniale.

    Au fil des générations, le voile s’est répandu chez les Musulmanes françaises, en tant que pratique religieuse et, peut-être, comme symbole de leur héritage culturel particulier. Il était un signe visible de la manière dont la France elle-même, ainsi que son rôle dans le monde, était en train de changer.

    Le résultat a été que le voile est devenu le symbole non seulement d’une différence religieuse mais du fait que les Français « de souche » n’avaient plus le monopole de la définition de l’identité française. La France était devenue une nation multiculturelle et multiethnique où les traditions signifiaient différentes choses pour différentes personnes.

    Le symbole du voile à l’époque coloniale en tant que signe de l’infériorité musulmane en a fait une cible commode pour les arguments selon lesquels l’identité française « traditionnelle » devait demeurer non seulement dominante mais la seule identité culturelle en France.

    Les burkinis peuvent sembler effrayants car ils sont perçus comme menaçant ce type particulier d’identité française par l’expression d’une forme alternative d’identité – dans ce cas, en tant que Musulmans. Beaucoup de Français, au lieu de croire que ces identités peuvent coexister, les perçoivent comme nécessairement concurrentes.

    Il existe même un mot français péjoratif pour qualifier l’introduction de ces identités alternatives, le « communautarisme » dont le développement est considéré comme une crise nationale.

    Des articles d’habillement musulmans comme le voile ou le burkini sont devenus des symboles du fait que l’identité nationale française n’est plus le domaine réservé de groupes de populations qui vivent dans ce pays depuis des siècles. Des décisions comme les interdictions cet été du burkini ont pour but d’empêcher une redéfinition élargie de l’identité française en contraignant les Musulmans non seulement à s’assimiler mais aussi à adopter l’identité plus étroite et rigide [celle qui exclut les Français issus de l’immigration musulmane, NdT].

    C’est une méthode à laquelle la France a recouru pendant des dizaines d’années, et qui a à chaque fois échoué.

    John Bowen, anthropologue à la Washington University de Saint-Louis, explique que la France a rendu à essayer ce genre de restrictions aux moments où elle affrontait des tensions aussi bien sur le plan intérieur qu’extérieur en relation avec les Musulmans et le monde musulman.

    Les choses ont commencé en 1989 avec la fameuse affaire du foulard quand trois collégiennes françaises avaient été exclues pour avoir refusé de retirer leur coiffe. Ostensiblement, la raison était que les foulards étaient des symboles religieux visibles et qu’ils contrevenaient donc avec la loi française sur la laïcité, ou sécularisme. Mais la laïcité était dans la législation depuis 1905 et les foulards sur la tête étaient néanmoins autorisés en général.

    Ce qui a changé, écrivait le Professeur Bowen dans un livre sur le sujet, ce sont des événements dans le monde qui ont fait que l’Islam a semblé être une force particulièrement pernicieuse. En 1989, le leader de l’Iran, l’Ayatollah Rouhollah Khomeini avait signé un décret contre l’écrivain Salman Rushdie. A la même époque, des Algériens avaient constitué le Front Islamique du Salut (FIS), un parti tenant d’une ligne dure et qui basculera ensuite dans l’insurrection.

    Interdire les foulards dans les écoles françaises devenait une manière de gérer l’anxiété générée par les événements à l’intérieur et à l’extérieur du pays, et d’affirmer le droit de protéger les valeurs françaises.

    Les foulards à l’école sont revenus sur le devant de la scène nationale en 1993 et 1994 quand les autorités françaises craignaient de voir de jeunes hommes membres de familles immigrées algériennes rejoindre les rangs de l’insurrection islamiste en Algérie. Après les attentats du 11 septembre 2001, le voile cristallisa une fois de plus les peurs à l’égard de communautés musulmanes qui étaient à l’écart de la culture et de la société française dominantes.

    Et cet été, la France est sous le choc d’une série d’agressions terroristes et est de plus en plus préoccupée par les jeunes Musulmans qui vont en Syrie pour rejoindre l’Etat Islamique ou d’autres organisations djihadistes. Une fois de plus, certains en France voient le processus d’assimilation comme une question de sécurité nationale.

    Le voile est un symbole qui a une puissance anxiogène spécifique en matière d’assimilation parce qu’il est porté par choix. Tandis que des caractéristiques fixes comme la race ou la couleur de la peau n’impliquent aucun jugement sur la culture ou les valeurs françaises, l’habillement implique une décision de se différencier – de donner la priorité à son identité culturelle ou religieuse par rapport à celle de son pas d’adoption.

    Les interdictions vestimentaires ont pour but, en effet, de faire pression sur les Musulmans français pour qu’ils se détournent de tout sentiment d’identité communautaire et adoptent l’identité française étroitement définie qui préexistait avant leur arrivée. Mais essayer de forcer à l’assimilation peut avoir l’effet contraire : dire aux Musulmans français qu’ils ne peuvent pas avoir simultanément une identité musulmane et une identité française, les forcer à choisir, c’est ainsi les exclure de ce que recouvre l’identité nationale au lieu de les convier à y contribuer.

    La France a un autre choix : elle pourrait élargir sa définition de l’identité nationale pour inclure les Musulmans français tels qu’ils sont. C’est quelque chose qui peut effrayer beaucoup de Français, qui le vivrait comme renoncer à une identité « traditionnelle » confortable et non comme l’ajout d’une nouvelle dimension à celle-ci. En l’absence d’acceptation de ce changement, il existe une volonté de faire pression sur les Musulmans français pour résoudre la crise identitaire, mais cette démarche employée pendant des dizaines d’années n’a apporté que peu de progrès – et beaucoup de tensions.

    [ Amanda Taub , The New York Times, 18 août 2016 traduit par Djazaïri ]

    https://mounadil.wordpress.com/2016/08/19/burkini-et-crise-de-lidentite-francaise-vus-par-le-new-york-time