• Appel à l’union des Français pour demander la #MotionDeCensure contre le #PasseVaccinal (UPR)
    https://www.crashdebug.fr/appel-a-l-union-des-francais-pour-demander-la-motiondecensure-contre-le-p

    On devais vous passer autre chose, mais cette vidéo est urgente, car Il y a un Conseil des ministres exceptionnel le lundi 27 décembre sur le passe vaccinal, puis le texte de la loi seras transféré à l’assemblée nationale pour une 1ere lecture, entre noël et le jour de l’an...,

    Un bonne façon de prendre les français(es) en traître et de passer le texte pour une promulgation début janvier.

    Aussi François Asselineau, propose de contraindre le gouvernement de façon jurique, en indiquant qu’il faut aller voir son député(e), téléphoner, écrire pour leur demander de déposer une mention de censure.

    Pour le reste, il parle de test RFID en suède, n’oubliez pas que ça, c’est leur GRAAL, un implant, et votre passe sanitaire, votre carte d’identité (pour accéder aussi à internet), votre... (...)

    #En_vedette #Divers

  • Covid-19 : les Vingt-Sept tentent de sauver le passe sanitaire européen
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/12/16/covid-19-les-vingt-sept-tentent-de-sauver-le-passe-sanitaire-europeen_610634

    Covid-19 : les Vingt-Sept tentent de sauver le passe sanitaire européen
    Réunis à Bruxelles, les chefs d’Etat et de gouvernement européens ont insisté sur une nécessaire accélération des programmes de vaccination.
    Le sujet n’avait pas disparu de leurs discussions, mais il était passé au second plan depuis cet été. Jeudi 16 décembre, la pandémie de Covid-19 a de nouveau été au cœur des échanges entre les chefs d’Etat et de gouvernement européens, qui se sont retrouvés à Bruxelles pour leur dernier rendez-vous de l’année. L’apparition du variant Omicron, qui, à en croire la Commission, pourrait devenir dominant en Europe dès la mi-janvier 2022, est venue bousculer le semblant de retour à la normale sur le Vieux Continent, permis par la montée en puissance de la vaccination.

    « Omicron a fait péter l’agenda », s’exclame un diplomate. Jeudi matin, les Vingt-Sept, qui étaient censés aborder trois sujets – la situation sanitaire, la résilience de l’Union européenne (UE) et la hausse des prix de l’énergie –, ont exclusivement parlé Covid-19. « C’est une course contre la montre », a commenté le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, alors que le nouveau variant se propage à grande vitesse et que la vaccination reste la principale arme pour le contenir. Aujourd’hui, 67 % de la population européenne a reçu deux injections, mais ce taux est inférieur à 50 % dans trois pays (Bulgarie, Roumanie, Slovaquie). Quant à l’administration de la dose de rappel, elle progresse mais ne concerne, à ce jour, que 18 % des Européens.
    Athènes n’est pas seul, ces derniers jours, à avoir mis à mal le certificat sanitaire européen et la libre circulation au sein de l’espace communautaire. Plus tôt en décembre, le Portugal et l’Irlande avaient déjà fait des annonces similaires. En début de semaine, Rome a décidé que les personnes vaccinées devront désormais effectuer un test PCR ou antigénique à leur arrivée ; les autres devront, en plus, effectuer un isolement de cinq jours. Le gouvernement de Mario Draghi n’a pas jugé utile de prévenir la Commission ni les pays voisins, ce qu’une coordination européenne minimale aurait pourtant exigé.« Si chaque pays commence à prendre des décisions dans son coin, les choses vont devenir beaucoup plus difficiles. Nous devons nous engager à avoir la même approche en Europe », a réagi Alexander De Croo, le premier ministre belge. M. Draghi a rappelé que depuis le début de la pandémie, 135 000 personnes étaient mortes en Italie et que le produit intérieur brut y avait reculé de 9 %. « Draghi a expliqué qu’il était favorable à la coordination européenne. Mais que, si la situation venait à dégénérer, il prendrait les mesures qu’il jugerait nécessaires », confie un diplomate.
    D’autant que, si la vaccination reste « clé » pour lutter contre la pandémie, elle « ne suffira pas » à empêcher les transmissions, a averti cette semaine l’Agence européenne de contrôle des épidémies (ECDC). « Le contrôle des frontières est absolument essentiel, nous allons maintenir l’obligation de présenter un test pour entrer au Portugal » au-delà de la date initiale du 9 janvier 2022, a pour sa part affirmé le premier ministre portugais, Antonio Costa.
    (...)Après les embardées solitaires de Rome, Athènes, Lisbonne et Dublin, les Vingt-Sept veulent sauver le passe sanitaire et ne pas démonétiser la vaccination. « L’extension de la vaccination à tous et l’administration des doses de rappel sont cruciales et urgentes », ont-ils indiqué dans des conclusions adoptées à l’issue de leurs échanges sur le Covid-19.
    Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Le variant Omicron résiste davantage au vaccin mais se montrerait moins sévèreIls ont également souligné « l’importance d’une approche coordonnée sur la validité du certificat Covid de l’UE », et souhaité que les restrictions décidées ne « sapent pas le bon fonctionnement du marché intérieur ou n’entravent pas de façon disproportionnée la liberté de circulation ».La Commission doit, dans les prochains jours, amender la réglementation du passe sanitaire et proposer qu’un délai maximum soit exigé entre la vaccination complète et la dose de rappel pour qu’il reste activé. Elle parlait de neuf mois jusqu’ici, mais certains pays ont d’ores et déjà fait un autre choix, comme la France (sept mois). « Il n’y a pas encore d’accord sur ces neuf mois. Les dirigeants en ont discuté, on va continuer », commente l’Elysée.

    #Covid-19#migrant#migration#UE#sante#circulation#frontiere#passesanitaire#vaccination#restrictionsanitaire#omicron

  • Un marché européen des nationalités

    Progressivement est né en #Europe un véritable marché, par lequel les États procèdent à la vente du cœur même de leur souveraineté : leur nationalité. Difficiles à justifier au regard de la théorie générale de la nationalité, ces programmes posent des défis tout particuliers à l’Union européenne.

    Le développement d’une économie de la mobilité

    Les études sur les mobilités internationales se concentrent, pour la plupart, sur des mouvements de masse, concernant au premier chef les déshérités. À l’autre bout du spectre, pourtant, se développe une mobilité beaucoup moins spectaculaire : celle des plus riches. Toute une économie s’est en effet progressivement mise en place, très largement dépourvue de frontières, visant à attirer les individus à haut patrimoine sur le territoire accueillant de certains États.

    Tous les ressorts économiques sont susceptibles de jouer, privés comme publics. Les acteurs privés, par l’intermédiaire de family offices aussi discrets qu’efficaces, peuvent ainsi conseiller les plus aisés dans leurs stratégies internationales d’investissement et de résidence. Mais ces officines ne peuvent se multiplier que parce que les États, pour leur part, mettent d’importantes facilités à disposition de ces généreux investisseurs. Au-delà des règles compréhensives en matière de société ou de règlementation bancaire, les États ont la capacité essentielle de jouer sur trois registres souverains.

    Le premier est évidemment fiscal. Aujourd’hui, il n’est plus guère besoin d’établir combien les stratégies d’investissement individuelles sont largement déterminées par les règles fiscales des États. Le débat récurrent sur la frontière — ténue — entre fraude et optimisation fiscale, les efforts européens et internationaux pour lutter contre les paradis fiscaux, les scandales (Panama puis Pandora Papers, Lux Leaks...) sont suffisamment réguliers et connus pour qu’il soit inutile de s’y arrêter plus longuement.

    Le second est celui des titres de séjour. L’économie des titres de séjour est différente et étonnante, qui consiste à en proposer de plus ou moins longs ou plus ou moins généreux en fonction de l’apport des intéressés à l’économie locale. Certains États acceptent en effet de mettre à disposition des titres de séjour indépendants de la qualité de travailleur à de généreux investisseurs. Ce sont les programmes dits de « visas dorés » (« golden visas ») dont le mécanisme est à la fois simple et brutal : permettre l’obtention d’un titre de séjour en échange d’investissements plus ou moins importants dans le pays. Ces programmes sont répandus dans le monde entier et varient beaucoup d’un État à l’autre

    . Varient tout particulièrement le prix, bien entendu, mais aussi la réalité de l’intégration, notamment par le biais de la condition de résidence. Cette absence de connexion sérieuse entre le bénéficiaire et le pays est sans aucun doute l’aspect le plus problématique de ces programmes. L’OCDE souligne en particulier qu’elle peut servir d’outil à la fraude fiscale, en faisant faussement apparaître une résidence dans un État, et porter atteinte aux exigences de transparence et de coopération internationale. L’Europe ne fait pas exception. De nombreux États vendent l’accès des titres de séjour, facilitant ainsi, d’après Transparency international, corruption, blanchiment et fraude fiscale.

    Enfin, le troisième ressort est celui de la nationalité. Certains États, par le biais d’ensemble de règles qualifiés en général pudiquement de « passeports dorés » (« Golden passports ») ou de « citoyenneté par investissement » (« Citizenship by investment »), permettent en effet purement et simplement la vente de leur nationalité. Nées à St Christophe et Nievès (St Kitts and Nevis) et très développées dans les Caraïbes, ces politiques mercantiles se sont étendues jusqu’en Europe et tout particulièrement à Malte et Chypre, dont les programmes ont rapporté jusqu’à 4,8 milliards à Chypre et 718 millions d’euros à Malte

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    Portant atteinte au cœur même de la nationalité, elles posent de graves difficultés théoriques et pratiques

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    Une atteinte à la nationalité ?

    Les programmes de vente de la nationalité diffèrent d’un État à l’autre, notamment quant aux sommes à investir
    , mais restent dans leurs grandes lignes assez proches : ils permettent, par la grâce de l’argent, de contourner la plupart des conditions en matière de naturalisation, notamment les exigences de résidence, de compétence linguistique ou, plus largement, d’intégration. Alors même que ces vérifications sont au cœur de tous les droits étatiques de la nationalité, elles sont ici oubliées, au profit d’une simple évaluation monétaire. La théorie classique de la nationalité est incapable d’expliquer ces transformations.

    Faire de la nationalité un objet d’échange monétaire constitue, en effet, une flagrante rupture d’égalité entre les citoyens. Pour la plupart des individus, c’est la preuve de l’existence d’un lien entre eux-mêmes et un État qui leur permettra d’accéder à la communauté des citoyens. C’est parce qu’ils sont nés sur le territoire et y résident, parce qu’ils sont les enfants d’un national, parce qu’ils ont construit des liens étroits avec l’État attributaire qu’ils ont pu, peuvent ou doivent pouvoir accéder à la communauté nationale. Le constat est encore plus frappant en matière de naturalisation, qui est la voie d’accès dont il est ici question. Dans la quasi-totalité des cas, la naturalisation est subordonnée à un ensemble de contrôles liés à l’intégration (domicile, langue, intégration sociale ou familiale...). Ici, nul besoin de lien, ou en tout cas un contrôle très limité sur ces liens. L’inégalité de traitement saute aux yeux.

    Pour être diverses, les justifications de la nationalité n’en reposent pas moins sur un fondement commun : l’appartenance au groupe. Les conditions de cette appartenance peuvent bien sûr varier et, de fait, varient grandement et il est bien établi que la nationalité peut tout à la fois servir de facteur d’intégration au groupe et d’exclusion du groupe

    . Mais il n’en reste pas moins que le dénominateur commun à toute politique en matière de nationalité est précisément de définir les frontières du groupe en question.

    Permettre la vente de nationalité, c’est donc transformer radicalement au passage le fondement même de la nationalité, en rompant le lien qui existe entre communauté politique et sociale et nationalité

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    Il est à noter d’ailleurs que ces programmes n’entrent pas non plus dans le cadre conceptuel, désormais classique, de contestation de la nationalité, comme reflet d’un monde disparu ou qui devrait disparaître : celui des frontières et des États-Nations. Ces programmes, en effet reposent sur l’idée même de frontières et sur une évaluation à la fois brutale et utilitariste des avantages comparés de la nationalité.

    C’est bien parce qu’il est plus avantageux d’être Maltais qu’Afghan que la nationalité maltaise est à vendre

    . Elle permet d’accéder à un nombre important de pays, de profiter des libertés de circulation en Europe et fournit potentiellement un havre de protection à celui qui en bénéficie. C’est une évidence, mais une évidence qu’il faut rappeler : la vente de nationalité ne peut prospérer que si les nationalités sont distinctes les unes des autres.

    En d’autres termes, ces programmes ont pour objet de rendre disponible ce qui, en principe, repose sur l’existence d’un lien d’intégration soigneusement évalué et, partant, non marchand par excellence : l’appartenance à une communauté. On déplace les frontières du marché, en y faisant rentrer un bien qui, à première vue, en est très éloigné.

    Le passage au marché est parfois envisagé sous l’angle de l’économie libérale

    . Le marché pourrait-il être le meilleur des critères pour l’allocation optimale des intérêts individuels, loin de toute approche morale ou politique des États ? Cette approche, contestable dans son principe, se heurte en toute hypothèse à la réalité de ce marché, qui ne conduit nullement à une remise en cause générale de l’allocation des nationalités, mais bien à une allocation ponctuelle, fondée sur la richesse extrême d’une toute petite minorité. On est bien loin de l’idée d’un marché libre et généralisé. Et ne serait-il pas paradoxal de parler de marché libre, alors que ce qui a été construit est bien plutôt un système purement étatique permettant de renflouer les caisses des États qui s’y adonnent, ce qui est l’avantage le plus immédiat de ces programmes ?

    La nationalité est ce lien qui unit à la fois un individu et un État, et cet individu à la communauté sociale et politique de cet État. En faire un objet de commerce sans tenir aucun compte de la réalité de l’intégration sociale du bénéficiaire défie le fondement même de cette appartenance.

    Ces programmes de vente de la nationalité semblent donc avoir deux défauts flagrants : placer sur le marché quelque chose qui, par nature, n’y appartient pas et, ce faisant, remettre en cause les idées d’appartenance et de communauté au cœur de toute théorie de la nationalité. Transformer le lien en bien porte donc une atteinte très profonde à la raison d’être même de la nationalité.

    Plus spécifiquement, cette transformation pose des difficultés particulières en Europe, où elle a suscité une réaction violente.
    La vente de nationalités en Europe

    Au cours des dernières années, plusieurs États membres de l’Union européenne, et tout particulièrement Chypre et Malte, ont mis en place de tels programmes de vente de leur nationalité
    . Outre les objections théoriques auxquels s’exposent ces politiques, celles-ci soulèvent des difficultés particulières en Europe. Celles-ci tiennent à la relative fongibilité dans l’Union des nationalités des États membres.

    Posséder la nationalité d’un État membre, c’est appartenir à un ensemble plus vaste, celui des citoyens européens, auquel l’article 20 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne garantit de nombreux droits, à commencer par la liberté de circulation. Dans cette mesure, ce que vendent les États membres qui ont mis en place de tels programmes, au-delà de leur propre nationalité, c’est bien l’accès à cet ensemble de droits, augmentant d’autant l’attractivité et, partant, la valeur marchande, de leur nationalité. En d’autres termes, les États qui s’y livrent font donc commerce non seulement de ce qui ne leur appartient pas, mais encore d’un bien commun à toute l’Union.

    Aussi la réaction des institutions européennes a-t-elle été à fois la vigoureuse et extrêmement critique, on va le voir.

    Ces réactions, toutefois, se heurtent à un obstacle presque infranchissable : la compétence étatique exclusive, qui est l’une des règles les mieux assurée du droit international en matière de nationalité. Chaque État décide librement, et avec ses propres critères, qui sont ses nationaux, à qui ils accordent (ou retirent, en ces temps de regain de la déchéance) leur nationalité. L’émergence de la citoyenneté européenne n’a rien changé à cette solution. Les traités l’affirment clairement et tout particulièrement l’article 20 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne qui affirme :

    Il est institué une citoyenneté de l’Union. Est citoyen de l’Union toute personne ayant la nationalité d’un État membre. La citoyenneté de l’Union s’ajoute à la citoyenneté nationale et ne la remplace pas.

    En l’état actuel du droit de l’Union, ce sont donc les États et non l’Union, qui décident, en toute souveraineté, des règles applicables à leur nationalité.

    Les voies de droit sont de ce fait peu nombreuses et forcent les institutions soit à en appeler à la morale et aux valeurs, soit à s’appuyer sur quelques principes généraux du droit de l’Union.

    La première voie est celle choisie par le Parlement européen qui a, à plusieurs reprises, vigoureusement critiqué ces programmes comme portant atteinte aux valeurs de l’Union

    . Aussi, dans le 13e point de sa résolution de 2014, le Parlement :

    prie les États membres qui ont adopté des régimes nationaux autorisant la vente directe ou indirecte de la citoyenneté européenne aux ressortissants de pays tiers de mettre ces régimes en conformité avec les valeurs de l’Union.

    La formule montre bien les limites du pouvoir du Parlement et, plus largement, de l’Union européenne en la matière. En l’état actuel du droit de l’Union, en effet, l’invocation des valeurs de celle-ci ne peut aucunement fournir de clé d’analyse (ou de condamnation) de politiques nationales en matière de nationalité. Le Parlement en est d’ailleurs parfaitement conscient, qui, au 6e point de sa résolution « reconnaît que les questions de résidence et de citoyenneté relèvent de la compétence des États membres » et, de ce fait, « prie les États membres d’exercer leurs compétences en la matière avec vigilance et de tenir compte de tout effet préjudiciable ». L’incitation reste très vague et l’efficacité juridique à peu près nulle.

    Dès lors, en dehors de la pression exercée sur un pays en particulier envers une pratique dont la condamnation politique fait l’unanimité, l’invocation des valeurs n’est absolument d’aucune utilité, ni pour décrire l’éventuelle absence de conformité entre le droit des États tel qu’il est et le droit de l’Union, ni, prospectivement, pour déterminer la direction dans laquelle devrait s’orienter le droit européen.

    Aussi est-ce plutôt la seconde voie qu’explore la Commission européenne
    . Celle-ci s’est emparée du sujet au moyen tout d’abord d’un important rapport remis au Parlement européen, au Conseil, au Comité Économique et Social Européen et au Comité des Régions qui, loin de l’habituelle prudence diplomatique, est extrêmement vigoureux dans ses critiques sur ces programmes de vente de la nationalité et, plus largement, d’octroi d’un titre de séjour par investissement direct. De la façon la plus nette, la Commission décrit et condamne les « lacunes en matière de sécurité résultant de l’octroi de la citoyenneté sans condition de résidence préalable, ainsi que les risques de blanchiment d’argent, de corruption et de fraude fiscale liées à la citoyenneté ou à la résidence par investissement »

    . Est critiquée la possibilité d’obtenir la nationalité de ces États sans qu’aucun lien soit établi entre le demandeur et l’État membre, sans qu’aucune résidence autre qu’une adresse formelle, sans même parfois qu’une présence physique autre que le jour de la remise du titre, soit exigée. Plus largement, la Commission y décrit avec beaucoup de détail les différents délits susceptibles d’être commis à l’occasion de ces programmes (atteinte à la sécurité des États, blanchiment, corruption, fraude fiscale...).

    La Commission souligne avec vigueur la rupture de solidarité que constitue la vente par les États membres de leur nationalité, tant les avantages liés à la citoyenneté européenne sont au cœur de toutes ces politiques. À nouveau, ce qui est ici vendu n’est pas uniquement la nationalité étatique, mais bien la possibilité de bénéficier de toutes les prérogatives attachées à la qualité de citoyen européen.

    Aussi la Commission estime-t-elle que ces pratiques remettent en cause, plus théoriquement, le lien d’effectivité qui serait au cœur de la conception commune aux États membres du lien de nationalité.

    Comme elle l’affirme :

    Cette conception commune du lien de nationalité est également à la base de l’acceptation, par les États membres, du fait que la citoyenneté de l’Union et les droits qu’elle implique en vertu du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne reviennent automatiquement à toute personne qui devient l’un de leurs citoyens. L’octroi de la naturalisation sur la seule base d’un paiement monétaire, sans autre condition attestant l’existence d’un lien réel avec l’État membre accordant la naturalisation et/ou ses citoyens, s’écarte des modes traditionnels d’octroi de la nationalité dans les États membres et affecte la citoyenneté de l’Union

    .

    La condamnation est donc là encore sans appel, mais fondée sur des arguments beaucoup plus juridiques, quoique généraux, que le Parlement européen.

    Les programmes de vente de la nationalité sont incontestablement un grave dévoiement de l’idée même de nationalité et de la raison d’être de l’Union européenne, à ce titre, la légitimité de la lutte contre ces règles ne fait pas de doute. Mais reste à déterminer les sanctions. Comment en effet s’opposer à ces programmes ? Qui sanctionner pour y avoir recours ?

    Deux possibilités bien distinctes semblent ici se présenter : s’opposer aux États d’un côté, refuser de reconnaître la nationalité accordée aux individus, de l’autre. La première solution est périlleuse, mais prometteuse, la seconde, en revanche, beaucoup plus contestable.
    Punir les États ; punir les individus

    Passant de la théorie à la pratique, la Commission a lancé deux procédures d’infraction contre les deux pays qui ont créé de tels programmes : Chypre et Malte

    .

    Juridiquement, la contestation se fonde sur deux violations particulières : celle de l’article 4§3 du Traité sur l’Union européenne (TUE) et celle de l’article 20 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE).

    Le premier texte institue un principe de coopération loyale entre les États :

    En vertu du principe de coopération loyale, l’Union et les États membres se respectent et s’assistent mutuellement dans l’accomplissement des missions découlant des traités. Les États membres prennent toute mesure générale ou particulière propre à assurer l’exécution des obligations découlant des traités ou résultant des actes des institutions de l’Union. Les États membres facilitent l’accomplissement par l’Union de sa mission et s’abstiennent de toute mesure susceptible de mettre en péril la réalisation des objectifs de l’Union.

    En vendant leur nationalité, ces États membres ont garanti aux bénéficiaires l’accès à un ensemble de droits garantis par les Traités et donc fait commerce d’un bien commun européen. L’absence complète de lien d’effectivité entre ces néo-nationaux et le pays qui les rattache à l’Union établirait donc cette violation de la solidarité entre États.

    Le second de ces textes, on l’a vu, institue la citoyenneté européenne. Permettre à des personnes qui n’ont aucun lien avec l’Union de bénéficier de celle-ci serait donc une violation de cette citoyenneté qui constitue, comme la Cour de justice le rappelle fréquemment depuis 20 ans, « le statut fondamental des ressortissants des États membres »

    .

    Le principe de coopération loyale et le statut du citoyen européen obligeraient donc les États à adopter des règles en matière de nationalité plus conformes aux exigences du droit de l’Union qui, en l’espèce, passeraient donc par l’adoption de règles relatives à l’effectivité de la nationalité.

    Les arguments sont forts. Il n’en reste pas moins que l’Union est incompétente pour déterminer directement qui sont les nationaux d’un État. Elle ne peut que prendre acte du fait qu’un État a accordé sa nationalité à une personne et en tirer les conséquences. Cette compétence exclusive rend périlleuse la voie juridique choisie par la Commission : comment, en effet, condamner des États pour avoir utilisé à leur avantage des règles dont ils sont les seuls maîtres ?

    L’obstacle, toutefois, n’est sans doute pas infranchissable. Les exemples abondent de situations où la Cour de justice a pu remettre en cause non pas le principe, mais bien l’exercice par des États membres de leur compétence exclusive, lorsque celle-ci portait atteint à une politique de l’Union

    . C’est le cas en l’espèce, dans la mesure où ce qui est recherché au premier chef par les bénéficiaires, c’est bien la citoyenneté européenne.

    Dès lors, si une éventuelle condamnation ne peut conduire à une modification directe du droit interne de la nationalité des pays concernés, elle n’en pourrait pas moins conduire à une ingérence, plus ou moins forte, de l’Union dans l’exercice par les États membres de leur compétence exclusive.

    Il est permis, donc, de s’attendre à une intervention politique et diplomatique de l’Union, soutenue par les instruments juridiques qui sont à sa disposition ; et il n’est pas exclu que cette intervention entraîne effectivement des modifications, même de mauvaise grâce, des États impliqués. Partant, il n’est nullement impossible que pression diplomatique et action juridique conduisent à la suppression de ces programmes voire au retrait par ces États de certaines naturalisations trop complaisantes

    .

    Faut-il aller plus loin et sanctionner aussi les individus qui auraient acquis dans ces conditions la citoyenneté européenne ?

    La voie de droit serait, dans cette hypothèse, celle de l’inopposabilité. Si nul ne peut empêcher un État d’accorder sa nationalité à qui il le souhaite, il demeurerait possible de refuser de faire produire tout effet à une nationalité qui aurait été accordée alors même qu’elle ne reposerait sur aucun lien réel. La question, en effet, n’est pas tant celle de savoir ce que peut faire l’État attributaire, mais bien plutôt quelle peut être la réaction des autres États face à une nationalité qu’ils estimeraient injustement accordée ou refusée.

    L’idée repose sur un précédent fameux de la Cour Internationale de justice, l’arrêt Nottebohm

    .

    L’affaire concernait un ressortissant allemand installé depuis 1905 au Guatemala où il menait sa vie professionnelle. Les troubles venus d’Europe l’avaient conduit, au cours d’un voyage en Europe, à demander et obtenir la nationalité du Liechtenstein par naturalisation en 1939. Du fait de cette naturalisation, il fut déchu de sa nationalité allemande. L’opération, toutefois, ne put empêcher qu’il soit considéré au Guatemala comme un ressortissant allemand, donc ennemi, qu’il soit détenu puis expulsé vers les États-Unis où il fut incarcéré, pendant que ses biens étaient saisis. M. Nottebohm partit au terme de son incarcération pour le Liechtenstein où il s’installa et contesta les mesures dont il avait fait l’objet. À la fin de la guerre, le Liechtenstein exerça sa protection diplomatique pour se plaindre du traitement de M. Nottebohm. Le Guatemala contesta la compétence de la Cour internationale de justice en estimant que l’absence de lien entre M. Nottebohm et le Liechtenstein empêchait que la naturalisation produise des effets internationaux et, partant, que soit exercée la protection diplomatique.

    La Cour internationale de justice donna raison au Guatemala et, à cette occasion fournit une célèbre définition de la nationalité :

    Selon la pratique des États, les décisions arbitrales et judiciaires et les opinions doctrinales, la nationalité est un lien juridique ayant à sa base un fait social de rattachement, une solidarité effective d’existence, d’intérêts, de sentiments jointe à une réciprocité de droits et de devoirs. Elle est, peut-on dire, l’expression juridique du fait que l’individu auquel elle est conférée, soit directement par la loi, soit par un acte de l’autorité, est, en fait, plus étroitement rattaché à la population de l’État qui la lui confère qu’à celle de tout autre État. Conférée par un État, elle ne lui donne titre à l’exercice de la protection vis-à-vis d’un autre État que si elle est la traduction en termes juridiques de l’attachement de l’individu considéré à l’État qui en a fait son national

    .

    La sanction de l’inopposabilité permettrait ainsi de désactiver l’efficacité internationale de la nationalité accordée sans que soit vérifié le « fait social de rattachement » justifiant la nationalité.

    Cette solution, toutefois, est souvent discutée, critiquée et dans l’ensemble assez peu appliquée

    . Transposée à l’Europe, elle paraîtrait surtout totalement inappropriée et potentiellement dangereuse.

    Laisser un État apprécier les conditions dans lesquelles un autre État accorde sa nationalité, c’est en effet risquer d’ouvrir des débats d’une extrême sensibilité politique et gros de graves conflits entre États.

    Les exemples sont légion de règles qui ne s’embarrassent nullement d’effectivité. Le droit de la nationalité s’ancre profondément dans les histoires nationales. Les trajectoires migratoires, les conquêtes militaires ou l’expansionnisme impérial jouent toujours un rôle déterminant dans le droit étatique contemporain de la nationalité.

    Autoriser les États membres, par le biais du contrôle d’effectivité, à refuser de faire produire des effets à la nationalité accordée par l’un d’eux, c’est autoriser les États à juger de la pertinence et de la qualité des liens qui unissent un individu et un autre État. Précédent dangereux en Europe, où les histoires impériales et étatiques ont conduit à la présence de fortes minorités nationales, objets de fréquentes difficultés entre États membres. De nombreuses lois en matière de nationalité témoignent de ce passé

    et ouvrir la possibilité de l’inopposabilité, c’est se donner de nouvelles armes pour attiser ces conflits.

    En outre, à titre individuel, les citoyens ainsi gratifiés de leur nationalité restent des citoyens européens et qu’en tant que tels, ils bénéficient et doivent continuer à bénéficier des droits qui sont attachés à cette qualité. En l’état actuel du droit de l’Union, il paraît tout à fait hors de portée de refuser à des ressortissants d’États membres, au prétexte d’un lien trop peu assuré avec leur État de nationalité, de jouir des prérogatives attachées à leur citoyenneté européenne. Que les États accordent trop libéralement leur nationalité est une chose ; que les individus qui ont bénéficié de ces largesses soient pour cela sanctionnés en est une autre, d’une tout autre dimension. À partir du moment où les intéressés ont rempli les conditions légales qui s’imposaient à eux, dans une matière qui ne laisse presque aucune place à l’autonomie de la volonté mais qui, bien au contraire, est entièrement entre les mains des États et de leur administration, aucune raison ne justifie qu’on puisse faire le départ entre les nationaux qui mériteraient d’avoir accès aux droits garantis par les traités et les autres.

    Les autres États, bien entendu, ne sont pas totalement impuissants pour contester l’exercice de leurs droits par ces citoyens. Ainsi tout particulièrement en matière d’entrée et de séjour, la directive 2004/38, applicable aux citoyens et à leur famille, ne manque pas de dispositions permettant d’éloigner des ressortissants d’autres États membres, notamment en cas d’atteinte à l’ordre public. De même, à supposer d’éventuelles infractions commises par ces néo-européens, les ressources du droit pénal pourront être mobilisées pour sanctionner ces agissements. Mais le principe même de l’accès des citoyens à leurs droits doit rester garanti.

    Dans cette situation, le contrôle d’effectivité et la sanction de l’inopposabilité constitueraient donc une double ingérence, dans la compétence exclusive d’un autre État membre et dans la jouissance de ses droits par le citoyen européen, qui ne paraît ni juridiquement correcte, ni politiquement souhaitable.

    Que les États s’accordent sur des critères communs en matière de nationalité, on ne pourrait que s’en féliciter ; qu’un État se fasse juge des conditions dans lesquels les ressortissants des autres États jouissent de leurs prérogatives attachées à leur citoyenneté porterait une atteinte fatale au principe même de la citoyenneté européenne. Même s’ils en ont été abusivement gratifiés, les individus doivent continuer à jouir de leur nationalité européenne dans les autres États membres, sous peine de recourir à des remèdes pires que le mal qu’ils prétendent guérir.

    Dans l’ordre international, les programmes de vente de la nationalité portent donc atteinte à la raison d’être de celle-ci : constituer une communauté soudée entre elle et reliée à l’État par des liens réels et effectifs. En Europe, ils permettent en outre à certains États de vendre ce qu’ils ne possèdent pas en propre, la citoyenneté européenne, et aux bénéficiaires de jouir indûment d’avantages qui n’auraient pas dû leur être conférés. Dans les deux cas, ils permettent ou favorisent l’évasion fiscale, le blanchiment d’argent ou la protection contre des poursuites pénales. Difficile de trouver des exemples de politiques étatiques plus dévoyées et plus opposées aux exigences de la solidarité internationale en général et européenne en particulier.

    #nationalité #passeport #marché #vente #citoyenneté
    –—

    ajouté à la métaliste sur la #vente de #passeports et de la #citoyenneté de la part de pays européens/occidentaux à des riches citoyen·nes non-EU :
    https://seenthis.net/messages/1024213

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  • À #Briançon, les exilé.es risquent leur vie à la frontière

    La ville des Hautes-Alpes est depuis 2015 un théâtre du parcours migratoire de milliers d’hommes et de femmes. Leur route se croise avec celles de citoyen·nes solidaires, mais aussi avec celles de la police et de l’État français, qui font tout pour rendre dangereux leur voyage. Reportage depuis la frontière.

    Ciel gris sur la ville de Briançon, ce matin du samedi 13 novembre. Alors qu’il est presque 13h, le soleil est barricadé derrière les nuages et il est difficile de saisir le temps qui passe dans les changements de lumière. Nous descendons en voiture la route principale qui mène à la vieille ville, perchée sur son gros rocher et protégée par deux anciens forts, derniers remparts avant d’engager la voie du col de #Montgenèvre. Dans le sens inverse, soudainement six camions de gendarmes (de quoi faire penser à une grande manif parisienne) remontent la route. On ne peut pas s’empêcher de sentir des frissons : derrière nous, une autre bagnole, conduite par deux solidaires, transporte deux migrants qui viennent d’être retrouvés à l’entrée de la vieille ville, du côté Français de la frontière. En cas de contrôle, ils auraient des ennuis.

    15 heures plus tôt, dans la soirée du vendredi, le #campement de fortune mis en place par les associations du Briançonnais s’apprête pour le sommeil. Un groupe d’exilés vient de partir avec le bus de 20h pour Paris, et ceux qui le peuvent sont allés chez leurs hébergeur.ses pour passer une nuit un peu plus confortable. Les autres se préparent à dormir dans deux grandes #tentes, chauffées avec un grand poêle à pétrole, qui peuvent accueillir environ 50 personnes. Ce soir là, une vingtaine d’exilés sont présents, tous hommes, presque tous jeunes, tous provenant du Maghreb, d’Iran ou d’Afghanistan. Maxime1, un bénévole dans l’association « Terrasses Solidaires » qui passe souvent ses nuits au campement pour accueillir les nouveaux.elles arrivé.es, explique que : « C’est très aléatoire, des soirs nous avons beaucoup d’arrivées, d’autres très peu. Il y a dix jours, on a eu plus de trente personnes en une seule nuit. Maintenant c’est plus calme, mais la particularité de cette période est que nous n’avons jamais aucune arrivée ». Les Terrasses Solidaires, le seul lieu qui garantissait un hébergement d’urgence pour les exilé·es à Briançon, a été fermé (lire nos articles sur la fermeture du refuge et sur la mobilisation des solidaires ici : https://www.lamuledupape.com/2021/11/05/personne-ne-doit-rester-dehors-les-solidaires-de-briancon-en-detresse et ici : https://www.lamuledupape.com/2021/11/16/a-briancon-les-solidaires-sunissent-face-a-lurgence) le 24 octobre en raison de problèmes d’insécurité liés à un trop grand afflux de personnes. Le lieu accueillait 250 migrant·es, alors que la jauge maximale était de 80 personnes. Depuis la fermeture, les conditions d’accueil ont empiré, dans une situation qui était déjà très compliquée.

    Parier sa vie : un chemin obligé ?

    La nuit de vendredi s’annonce calme : vers minuit, encore aucune arrivée. Maxime est confiant, d’autant plus qu’un « maraudeur » vient nous voire pour faire un salut et, pendant la conversation, nous communique un « rien à signaler » sur les sentiers qui mènent à Briançon. Ces solidaires, guides de montagne ou simples habitant·es de la ville, prennent pendant la nuit les routes et les sentiers le plus souvent parcouru·es par les migrant·es, pour secourir celles et ceux qui ont besoin d’aide. De plus en plus souvent, ils et elles repèrent des signes préoccupants aux alentours de la frontière : « La semaine dernière, on a trouvé deux poussettes en montagne. La neige commence à tomber, les températures tombent en dessous de 0oC la nuit. C’est pas possible de laisser les gens en montagne dans ces conditions » explique Maxime.

    À une heure du matin, alors que tout le monde sauf Maxime est plongé dans le sommeil, trois personnes arrivent à pied au camp. Le salarié des Terrasses les accueille dans une petite salle, leur offre de quoi manger et un thé chaud, se préoccupe de leur état de santé et de leurs pieds, leur donne des vêtements et des chaussettes. Les trois, en effet, sont arrivés avec les pieds enveloppés dans des baskets légères, rien d’autre. Le matin suivant, nous allons trouver trois bottes d’hiver sur le chemin sortant de la ville. Les exilé·es changent souvent d’habits pour rentrer en ville, histoire d’être un peu moins reconnaissables par policier·es et délateur·ices. À 5h, la même scène se répète. Cette fois, c’est cinq personnes, toutes d’origine afghane, qui arrivent au camp. Leurs conditions sont pires que celles de leurs camarades de voyage : deux d’entre eux ont les pieds congelés, un a mal au dos, un autre aux genoux. Maxime s’empresse de répondre à ces besoins, tout en parlant avec eux par le biais d’un traducteur improvisé. Ceux et celles qui arrivent du col peuvent, en effet, alerter sur d’autres personnes égarées sur les chemins de montagne.

    Les cinq Afghans nous disent qu’en Italie, c’était un groupe de 50 qui s’est approché de la frontière avec eux. Kamran, un d’entre eux, se préoccupe de l’état de deux amis, qui ont pris un chemin plus haut qu’eux pour éviter la police. Le jour suivant, nous apprendrons d’un maraudeur qu’au moins une vingtaine de personnes ont été retenues par la PAF (Police Aux Frontières) et refoulées en Italie. Une dizaine sont restées au pied du col et tenteront la traversée le lendemain, nous disent ceux qui viennent d’arriver. Mais Maxime se préoccupe du reste : une dizaine de personnes dont nous n’avons aucune nouvelle. Il ne reste qu’à attendre, sans savoir si dix personnes sont vraiment égarées sur les cols enneigés, ou pas.

    Les contrôles à la frontière, renforcés après l’arrivée d’un nouvel escadron (110 effectifs) de #Gendarmerie_mobile (GM) dans la ville après la fermeture des Terrasses Solidaires, forcent la main aux exilé·es, qui empruntent des chemins de plus en plus dangereux. La « #route_briançonnaise » elle-même n’existerait pas si le passage de la frontière entre Ventimille et Menton n’était pas devenu si difficile en 2015, annus horribilis des politiques migratoires européennes. La fermeture temporaire (qui commence à s’éterniser) des frontières internes à l’espace Schengen permet aux policier·es français·es des #refoulements de groupe illégaux, sur la base de l’#accord_de_réadmission franco-italien, entré en vigueur en 2000. L’accord prévoit que toute personne trouvée en situation irrégulière à l’entrée en France puisse être renvoyée en Italie. Il ne prévoit pas, pourtant, la suspension du droit d’asile. Or, les exilé·es arrêté·es par la #PAF et la GM n’ont pas la chance de demander l’asile en France, iels sont refoulé·es tout de suite.

    Cette #surenchère_sécuritaire a ainsi conduit les migrant·es à marcher d’abord à travers le col de l’Échelle, ensuite sur le Montgenèvre, maintenant encore plus haut, sur des chemins peu traqués et très dangereux. Le manque pérenne d’informations peut induire à penser que les morts exigés par la montagne soient plus que ce qu’on croit. Un migrant solitaire, un faux pas, le précipice : personne pourrait savoir, le corps pourrait ne plus jamais être retrouvé.

    La #solidarité est un sport de combat

    À 7h du matin, Kamran reçoit un appel de ses amis égarés la nuit d’avant : un d’entre eux est tombé sur le chemin, il a frappé sa tête contre un rocher. Ils ont besoin d’aide, ils demandent un secours médical. Maxime a passé une nuit d’insomnie, et il aurait terminé son tour de garde, mais il reste au camp et se donne de la peine pour arriver à les localiser. Personne n’arrive à les retrouver, et Maxime décide d’appeler les #pompiers, en leur donnant la dernière localisation connue des deux exilés, qu’ils ont signalé à Kamran. Un maraudeur se dirige également dans cette direction. Une fois sur place, il fait immédiatement demi-tour : au lieu des pompiers, c’est que des policiers qu’il trouve sur place. Le #18 a joué un mauvais tour aux solidaires, et la « sécurité » a primé sur le #secours aux personnes en danger. Maxime s’approche aussi des lieux, et subit un contrôle d’identité.

    Les solidaires de Briançon ne sont pas en bons termes avec la #police : le cas, très médiatisé, des « sept de Briançon » en est un exemple éclatant. Mais au-delà des affaires judiciaires, c’est un #harcèlement_policier quotidien qui rend difficile, parfois impossible, l’#aide apportée par les maraudeur·ses. Le matin du samedi, Bernard nous raconte que la nuit d’avant il a été contrôlé par la police : « C’était pour le feu de la plaque d’immatriculation. Ils m’ont collé une amende. Le policier m’a dit, textuel : ‘normalement on laisse courir ce genre de choses, mais comme c’est vous on applique la loi jusqu’aux virgules’ ». Sam, du collectif TousMigrants, est résigné : « On ne peut rien faire contre cela, nous devons être parfaitement irrépréhensibles. Ce que nous faisons n’est pas illégal et les policiers le savent, donc ils utilisent tous les moyens qu’ils ont pour nous en empêcher ».

    La police et la #gendarmerie ont commencé, récemment, à contrôler les papiers des migrant·es même en centre-ville, ce qui était peu courant auparavant. Briançon est en effet une ville de transit, où les gens ne s’arrêtent que quelques jours tout au plus pour ensuite continuer leur voyage. La politique de la #préfecture impose désormais des #contrôles_au_faciès partout en ville, ce qui force les solidaires à accompagner, en groupe, les exilé·es jusqu’au train ou au bus pour éviter les contrôles, illégaux, des papiers. Les départs sont encore plus compliqués par la nécessité d’avoir un #pass_sanitaire : la préfecture ayant fermé la permanence de la Croix-Rouge qui garantissait des tests gratuits aux migrant·es, ces dernier·es doivent désormais se faire tester par Médecins du Monde. Mais cette association a moins de moyens que la Croix-Rouge, les tests manquent et les opérations avancent au ralenti. Tout cela force les exilé·es à une attente de plusieurs jours dans Briançon, alors qu’aucun ne souhaite y rester.

    Les contrôles en ville préoccupent Maxime, qui veut retrouver les deux personnes dispersées avant qu’elles arrivent au centre-ville en plein jour. Il est pourtant impossible de savoir s’ils ont été arrêtés ou pas, ni où ils se trouvent actuellement. La méfiance est normale et se rajoute aux difficultés du chemin, conduisant les exilé.es à éviter tout contact, ne serait-ce que avec des simples randonneur.ses. Compréhensible, pour des personnes qui ont fait des milliers de kilomètres, s’exposant aux délations, aux tabassages et aux injures. Mehdi est arrivé à Briançon il y a deux jours, il vient du Kurdistan iranien. Pour lui « tous les Balkans c’est l’enfer, sauf la Bosnie. Partout ailleurs les gens font semblant de vouloir t’aider, puis ils appellent la police. Sinon ils te poursuivent et ils te frappent eux-mêmes. » Des expériences qui n’aident pas les solidaires briançonnais à obtenir la confiance des personnes en transit.

    Maxime n’a plus d’autre choix que d’attendre. Nous le suivons, à midi, sur un chemin qui mène en ville, et nous restons en attente, à l’entrée de la forêt. Le choix se base sur la probabilité, mais reste aléatoire : les deux voyageurs auraient pu prendre d’autres routes ou être déjà au poste de police. Nous restons a l’entrée de la ville plus d’une heure, toujours essayant d’entrer en contact avec les migrants. Au final, on renonce, et on reprend le chemin à inverse. On vient de repartir, quand en se retournant encore une fois, on voit deux jeunes hommes arriver vers nous, lourdement habillés, l’un d’eux blessé à la tête. Maxime court les rencontrer, heureusement la blessure n’est pas grave. Ils seront accompagnés au camp par les solidaires. L’aventure se termine bien, mais expose toutes les difficultés du boulot des solidaires, accompagné·es constamment par l’incertitude et harcelé·es par la police.

    Une frontière c’est pour toujours

    Les deux personnes qu’on a retrouvées viennent d’Iran. L’un des deux, Hasan, a 40 ans. Il est parti pour rejoindre sa famille en Allemagne. Les histoires racontées par les exilé·es sont toutes différentes, mais elles composent une seule, grande fresque. Leurs vies font des vagues qui se cassent parfois sur les barrages policiers et sécuritaires de la frontière, mais le plus souvent arrivent à passer. Dans l’acte, pourtant, elles restent marquées. Les exilé·es porteront la frontière avec elleux pour toujours, qu’iels parviennent à régulariser leur statut ou pas. La frontière marque, d’abord physiquement.

    Leurs difficultés ne commencent pas sur la frontière franco-italienne : ceux qui y arrivent ont déjà traversé soit la Méditerranée, soit la mer de barbelés, police et fascistes que sont devenus les Balkans. « On a eu récemment un mec qui s’était cassé la cheville en Bosnie il y a un an. Il ne s’est jamais soigné depuis, et il a continué son voyage. Elle était dans un état indescriptible », nous dit Maxime. Kamran, l’ami afghan de Hasan et de son compagnon de voyage, était patron d’une salle de musculation à Kaboul. Il était aussi body-builder, et pesait 130 kilos quand il est parti. « J’ai perdu 40 kilos. C’est pas bien pour le corps d’arrêter le body-building d’un jour à l’autre, c’est un choc. Maintenant j’espère travailler un peu à Paris et ensuite ouvrir ma salle de muscu là-bas ». Voici l’autre endroit où la frontière marque la vie des exilé·es : nous écoutons Kamran, mais nous savons que probablement il ne va jamais arriver à ouvrir sa salle. Si il pourra obtenir l’asile, il demeurera discriminé, pauvre, isolé dans un pays étranger et qui lui a signifié sans laisser de doutes qu’il ne veut pas de lui, de son histoire et de ses rêves. Le message de la frontière est clair, et il accompagnera Kamran et ses camarades de voyage pour toujours, malgré le travail des solidaires. Leur assistance, qui reste vitale, doit s’accompagner d’un changement radical du #régime_des_frontières, voire de son abolition. Autrement, elles continueront à nous diviser, à nous blesser, à nous tuer.

    https://www.lamuledupape.com/2021/12/08/la-frontiere-a-briancon-espoir-et-danger
    #frontières #asile #migrations #réfugiés

    –-> citation :

    « Les exilé·es porteront la frontière avec elleux pour toujours, qu’iels parviennent à régulariser leur statut ou pas. La frontière marque, d’abord physiquement. »

    –-

    Ajouté à la métaliste sur Briançon :
    https://seenthis.net/messages/733721
    Et plus précisément ici :
    https://seenthis.net/messages/733721#message930101

  • L’opportunisme pandémique du néolibéralisme

    https://www.lamuledupape.com/2021/12/06/lopportunisme-pandemique-du-neoliberalisme-vu-par-celia-izoard

    Lors de la dernière Fête du Vent organisée par l’Amassada à la fin du mois d’août 2021, #Celia_Izoard a donné une conférence consacrée à la gestion sanitaire de la pandémie de #Covid-19 en France, et plus largement, à l’impact des intérêts capitalistes sur les politiques de #santé_publique.

    Celia Izoard introduit son propos en remontant à l’époque de l’incendie de l’usine #Lubrizol à Rouen, le 26 septembre 2019. 10 000 tonnes de produits chimiques partent en fumée : reprotoxiques, mutagènes, cancérigènes… La population locale constate des effets directs sur la santé : crises d’asthme violentes, vomissements et diarrhée, pertes de capacité respiratoire qui perdurent…
    « Ce qui est frappant, dès le départ dans cette catastrophe, c’est que très rapidement la préfecture a déclaré qu’il n’y avait pas de toxicité aiguë, en jouant délibérément sur les mots : pas de toxicité aiguë, ça veut juste dire qu’on ne va pas mourir tout de suite en respirant cet air. »
    Les angles morts de la santé publique
    Celia Izoard se lance dans une série d’enquêtes, et constate qu’il y a toute une catégorie de la population qu’on a obligé à travailler ce jour-là, malgré les nuages de fumée très dense. Les services de communication de la préfecture opposent toujours la même réponse à la journaliste : « Mais voyez-vous, l’air était complètement respirable ce jour-là. » La situation, mise en parallèle avec la crise sanitaire dans lequel le monde est plongé depuis début 2020, interroge lourdement sur la vocation de l’État à protéger la santé des citoyen•nes.
    « À ce moment-là, j’ai commencé à m’intéresser au cancer, pour plusieurs raisons. La première, c’est que je me demandais si on pourrait montrer un jour que l’incendie de Lubrizol a eu un impact. Pour l’instant, la version officielle c’est que non, on ne peut rien prouver, rien montrer. La seconde, c’est que comme dans d’autres endroits en France, près de Rouen, il y a des parents et plus particulièrement des mères de familles dont les enfant sont atteints de cancer et qui constatent des taux anormaux de cancers de l’enfant dans leur entourage – ce qu’on appelle un cluster. Elles alertent Santé Publique France, qui vient faire une enquête. Le plus souvent, l’agence de santé constate la surincidence de cancers, mais ne conclut pas sur une cause quelconque, alors que les parents suspectent les pollutions des usines ou des exploitations agricoles environnantes. »
    Dans ce cadre d’enquête, Celia Izoard travaille sur l’épidémiologie et sur le #cancer, son lien avec l’environnement, et sur la manière dont on produit les chiffres officiels. La journaliste est très étonnée de s’apercevoir que les pouvoirs publics, notamment l’agence Santé Publique France, n’a pas du tout les moyens de savoir combien il y a de cas de cancers en région parisienne ou autour de Rouen, là où se trouve une grande partie de l’industrie pétrolière et chimique française. Les registres du cancer ne sont en effet établis que dans 22 départements en France et ne concernent que 22 % de la population. Ils sont faits de manière assez arbitraire en fonction des registres préexistants, parmi lesquels figurent par exemple le Tarn ou d’autres zones pas forcément connues pour leurs forts risques environnementaux.
    « C’est très étonnant quand on se souvient du fait que le cancer fait 150 000 morts par an, qu’il y a 350 000 nouveaux cas chaque année, et que pour certaines catégories de cancers, l’augmentation est très importante et devrait constituer un signal. »
    Pour exemple avec les cancers de la thyroïde, en augmentation de 4,4% par an, ce qui est très important.
    « Il y a vraiment ce qu’on appelle une science « non produite » autour de ces questions. Et je suis très étonnée du discours officiel de ces institutions, à la fois Santé Publique France et le Circa (Centre International de Recherche sur le Cancer), qui ont une politique de santé publique fondée sur les comportements individuels : alerter la population sur le fait qu’il faut avoir une bonne alimentation, faire du sport, ne pas fumer, ne pas boire, etc. »
    Selon Celia Izoard, certains textes tendent même à dissuader les gens de penser que le cancer pourrait être lié à des facteurs environnementaux.
    Dans un article consacré à la pétrochimie et à l’incendie de Lubrizol pour la Revue Z, la journaliste reproduit un tableau du Circa dans lequel sont découpés les facteurs de risque pour le cancer : tabac, alcool, alimentation, expositions professionnelles, pollution de l’air extérieur… Les substances chimiques de l’environnement y sont classées comme dernier facteur de risques, avec seulement 0,1% des cas. Pour Celia Izoard, on a là un découpage d’une incroyable mauvaise foi, car on pourrait très bien considérer que les substances chimiques de l’environnement peuvent être liées à des expositions personnelles comme l’alimentation.
    « Ce découpage n’est pas honnête intellectuellement. J’en arrive à la conclusion qu’il y a une volonté délibérée de la part des pouvoirs publics de ne pas incriminer l’industrie et de ne pas produire de données là-dessus. »
    Lors de son enquête, Celia Izoard essaie de téléphoner à Santé Publique France afin d’obtenir un entretien, dans le but de confronter l’institution à ses conclusions. Mais l’agence oppose une fin de non-recevoir :
    « On est désolé, c’est pas contre vous, mais il n’y a personne pour vous répondre parce qu’il y a un nouveau virus, et tout le monde est là dessus. »
    On est en janvier 2020, et l’État ne peut répondre à une journaliste à propos des cancers en France, en raison d’un nouveau virus. Une non-réponse qui en dit long sur les moyens mis en place pour la santé publique.
    L’État et la pandémie
    Le cancer fait plus de 150 000 morts en France chaque année. Celia Izoard compare la différence de traitement du cancer par les autorités publiques avec le cas des infections de rougeole, pour laquelle existe un vaccin, mais non obligatoire jusqu’à récemment. Elle constate que l’État opère un pilotage très serré du contrôle de cette maladie.
    « Quand il y a des cas de rougeole, on peut être appelé, on demande quels sont les cas contacts, etc. La rougeole faisant à peu près huit morts par an, je m’interroge alors sur ce décalage avec la manière dont le cancer est pris au sérieux dans la recherche de ses causes. »
    Entre Lubrizol et l’épidémie de Covid, à ce moment la journaliste fait partie du camp des perplexes, à cause de la différence de réaction des pouvoirs publics, de l’État, face à ces deux événements catastrophiques.
    « D’un côté, une forme de déni caractéristique des catastrophes industrielles : « non ce n’est rien, il ne se passe pas grand chose », Emmanuel Macron fait un scandale car on a osé comparer Lubrizol à AZF, deux catastrophes chimiques pourtant comparable. »
    Avec le Covid, très rapidement des mesures d’exception sont prises, et semblent à beaucoup de personnes assez disproportionnées par rapport au danger. Après une première phase de déni, les médias se montrent très alarmistes, suivant les impulsions du gouvernement.
    Celia Izoard s’interroge. Et émet une première hypothèse, « très faible », pour comprendre la réaction des États qui sont désormais prêts, pour protéger la population, à bouleverser fondamentalement le système social et modifier radicalement les modes de vie en inversant les règles du droit.
    « C’est l’idée qu’il y a une sorte de peur atavique vis à vis des maladies infectieuses et contagieuses, qui serait un reste historique lié à la peste et aux grandes épidémies. »
    Par ailleurs, on accepterait certaines maladies, le cancer notamment, comme étant la rançon du progrès, bien qu’on ne présente pas celui-ci de manière objective et qu’on occulte les pollutions diverses qu’il engendre. On n’accepterait pas le retour des maladies infectieuses car elles représentent une dimension rétrograde : « l’âge moderne n’est pas censé tolérer ce genre d’événements. »
    En deuxième idée, la journaliste émet la pensée suivante : il ne faut pas confondre santé publique et santé de l’ordre public.
    « C’est à dire que la principale menace dans cette situation de pandémie, c’est la menace pour l’État lui-même. »
    Le degré de contrainte exercé par le gouvernement français sur la population serait ainsi lié à la fragilité de ses infrastructures de base. Au cours des trente dernières années, 160 000 lits d’hôpitaux ont été supprimés. On a un risque de débordement réel.
    « On ne peut pas entasser des cadavres comme on compte les décès de mort lente du cancer, ce n’est pas du tout le même phénomène visuel d’un point de vue de ce que l’on appelle une crise . »
    En mettant en place des mesures draconiennes, l’État se protègerait ainsi lui-même. C’est moins la préservation de la santé publique qui serait recherchée que celle de la continuité du pouvoir.
    « La différence de l’enjeu entre l’incendie de Lubrizol à Rouen et la pandémie de Covid, même si les phénomènes ne sont pas comparables dans leurs proportions, c’est la distinction entre la santé publique et la santé de l’ordre public. »
    Pour Celia Izoard, l’illustration la plus frappante en est le fait que des centaines de postes de vigiles ont été créés pour contrôler les passes sanitaires à l’entrée des hôpitaux, alors même qu’on est en déficit de soignant•es depuis des années.
    « La santé ne paraît pas être la priorité, ou d’une manière extrêmement spécifique et discutable, dans les mesures qui sont prises. »
    Dans sa réaction primitive, l’État cherche donc rapidement à se protéger d’un procès en imprévoyance, qui romprait le pacte qui le lie aux citoyen•nes qu’il est censé protéger. Il faut éviter de subir de plein fouet l’effet de la baisse drastique des moyens de la santé publique et de l’inaction face aux maladies chroniques, qui forment des comorbidités très importantes dans le cadre du Covid. Les discours politiques prennent soin de retourner l’accusation contre la population (on se souviendra par exemple de la déclaration du préfet de Paris Didier Lallement :
    « Ceux qui sont aujourd’hui hospitalisés, ceux qu’on trouve dans les réanimations, ce sont ceux qui au départ du confinement ne l’ont pas respecté. »
    En somme, si la situation est dramatique, c’est parce que les citoyen•nes ne se plient pas aux mesures sanitaires ou ne se font pas vacciner.
    L’opportunisme néolibéral piloté par le gouvernement
    Le troisième axe de réflexion suivi par Celia Izoard intègre les enjeux du capitalisme moderne.
    « L’État protège les empires industriels, et son rôle depuis la révolution industrielle est de piloter la modernisation. C’est à dire, développer les forces productives et, depuis un certain temps, mettre en place l’orthodoxie néolibérale. »
    L’État va donc développer des politiques de santé publique convergentes avec cet objectif. Dans le cas de Lubrizol et des accidents industriels, on comprend donc que les politiques menées ne peuvent viser à démanteler l’industrie pétrochimique, pourtant l’un des principaux vecteurs de ce type de pollution. Le rôle de l’État est donc de répondre à tout événement en plaçant avantageusement ses alliés, typiquement les grands groupes industriels ou les entreprises prometteuses.
    Pour Celia Izoard, les politiques de santé publique menées face à l’épidémie de Covid19 répondent très clairement à ces critères : « on a un soutien très fort à la télémédecine et à l’e-santé, le déploiement d’un gouvernement algorithmique et d’un vaccin biotechnologique. » On nage en plein NBIC (Nano Bio Info Cogno), cette convergence des technosciences très en vue qui tire la croissance économique.
    « D’une certaine manière, la pandémie est une opportunité dont s’est saisie l’État pour accélérer la société du Big Data et ouvrir de gigantesques marchés par la contrainte légale sur les individus. Le passe sanitaire est un formidable couteau suisse dont vont pouvoir émerger tout un tas de nouvelles start-ups et de nouveaux usages, qui ont tous pour point commun d’être liés à l’intelligence artificielle, à la donnée et à la numérisation des activités. »
    La journaliste en veut pour preuve le Ségur de la Santé à l’automne dernier, lequel a débloqué une enveloppe de 8 milliards d’investissements pour le secteur. On y trouve une augmentation de 180€ de salaire pour certaines catégories de soignant•es, mais le quart de l’enveloppe est dévolu au développement de la télémédecine, à la numérisation et à la collecte de données.
    « Entre la clinique et la télémédecine, nous avons deux visions du soin diamétralement opposées. D’un côté une médecine liée aux pratiques incarnées par des humains, qui nécessite d’embaucher. Et de l’autre côté, une médecine des nouvelles technologies fondée sur l’automatisation : la e-Santé. »
    Ainsi, c’est dans ce sens là qu’il faudrait comprendre la négligence absolue de l’État en matière de soutien aux moyens humains pour faire face à la pandémie.
    « Il y a vraiment un passage d’un système à l’autre, avec l’idée d’un système de santé où les humains, les soignant•es ont beaucoup moins de place, et où on va pouvoir marchandiser la santé en faisant travailler des tas de boîtes pour collecter des données, piloter les appareils de télémédecine, déployer la 5G et mettre en place des systèmes de capture et de surveillance épidémiologique etc. »
    Cette nouvelle médecine, sa e-Santé, ses robots et ses capteurs, sont considérés comme prioritaires dans la course des nations autour de la révolution technologique que représente l’intelligence artificielle. La réaction de l’État est donc inscrite au coeur d’une guerre économique : « data is the new oil ».
    « Le but de notre gouvernement est de créer des géants nationaux dans ce domaine et d’ouvrir des marchés. Et ça, on ne peut le faire sans une collecte massive de données de santé. »
    « Cédric Villani, dans le rapport sur l’intelligence artificielle qu’il a dirigé, le précise : le rôle de l’État aujourd’hui, c’est de lancer des grands projets qui permettent une collecte massive de données de qualité, dans les domaines prioritaires, la santé et l’éducation notamment. »
    Dans les discours politiques tenus dès les premiers temps de la pandémie, on comprend à cette lumière la mise en avant d’un monde d’après auquel s’opposerait l’archaïsme de celui d’avant. Et ce monde d’après, c’est celui dont ont besoin un certain nombre d’États pour maintenir leurs intérêts industriels.
    La formule d’Emmanuel Macron : « Nous sommes en guerre », elle fait sens. Oui, nous sommes en guerre, c’est la guerre économique. Ce qui explique aussi la violence du débat intellectuel et la violence avec laquelle tous ceux qui sont considérés comme « covido-sceptiques » ou susceptibles de tenir des propos covido-sceptiques, ou qui pourraient, de manière épidémique, être cas contact avec d’autres personnes ayant produit de tels discours, sont évincés du débat de manière hystérique et inédite.
    Le Covid s’est ainsi présenté comme une opportunité extraordinaire pour accélérer drastiquement cette transformation #numérique de la santé et de la société en général. Dès la fin 2019, l’Agence européenne de la santé lance un appel d’offres pour créer une e-carte de vaccination, dédiée à limiter les risques pandémiques en Europe. Cet appel d’offres est remporté début 2020 par quatre entreprises françaises, dont le spécialiste de la transformation numérique, l’entreprise Jouve. C’est ce consortium qui met très rapidement en place le passeport sanitaire européen. Dans le domaine de la collecte massive de données de santé, et de manière plus générale, du Big Data et de l’intelligence artificielle, « la France a beaucoup de pions à placer. »
    La course mondialisée
    Un autre élément important vient étayer la réflexion de Celia Izoard :
    « Aujourd’hui le modèle en matière de monde d’après, de société pilotée par ce genre de technologies – de manière très antagoniste avec nos traditions politiques -, ce sont les pays asiatiques : la Chine, la Corée du Sud, Singapour, Taiwan… Ce n’est pas un hasard si très rapidement, il est dit dans les plus hautes instances, qu’il va falloir imiter ces pays. »
    Ainsi de l’Institut Montaigne, l’un des principaux responsables de la mise en place des doctrines néolibérales en France, qui publie un rapport dès avril 2020 sur la réponse des pays asiatiques à la pandémie, vantant les systèmes mis en place. Au moment de la publication de ce rapport, ce n’est pas l’efficacité de ces mesures qui est mise en avant : non seulement il est encore trop tôt pour mesurer leurs effets, mais une partie des pays cités sont aussi des îles et ne connaissent donc pas les mêmes enjeux de gestion de la pandémie. Sans parler de la Chine dont les chiffres ne sont pas fiables. On ne cesse depuis de vanter ces systèmes, voire de les appliquer. « C’est un enjeu industriel majeur, il faut donc pousser dans ce sens. »
    En juin 2021, trois sénateurs français rédigent le rapport Crise sanitaire et outils numériques , dans lequel ils se livrent au même exercice, passant en revue les réponses des pays asiatiques. Le discours, en substance, est le suivant : plein de verrous ont sauté, les gens sont plus prêts à accepter les mesures, le passe sanitaire se met en place, mais ça ne va pas assez loin du tout. Il faut faire sauter d’autres obstacles politiques rapidement. Les sénateurs mettent en cause le rôle de la CNIL, terrible obstacle par sa lecture beaucoup trop traditionaliste des droits et libertés. Le modèle chinois est porté aux nues : des caméras biométriques à reconnaissance faciale permettent de scruter les interactions sociales, de rattraper ceux devant être placés en quarantaine, des caméras thermiques mesurent leur température, et un équivalent du passe sanitaire est mis en place dès mars 2020, au moment où le confinement est décrété en France. Ce passe numérique est développé par de très grandes entreprises liées au gouvernement chinois. Alibaba et Tencent développent les fameuses applis et services de réseaux sociaux utilisés par la quasi-totalité de la population en Chine. Un contact tracing est inclus dans ces applis, tout le monde y est donc soumis de fait.
    En Corée du Sud, des quarantaines obligatoires sont décidées, avec un contact tracing très intrusif. On utilise toutes les données disponibles : relevés bancaires, factures téléphoniques, géolocalisation… Lorsqu’on est placé en quarantaine, une application de géolocalisation alerte les forces de l’ordre si celle-ci n’est pas respectée ou si le smartphone est éteint pendant plus de quinze minutes. À Singapour, on a aussi une quarantaine géolocalisée couplée à une vidéosurveillance analysant les interactions des individus dans l’espace public, ainsi qu’une application « Trace Together », qui permet à l’administration de surveiller nominativement toutes les interactions en fonction de la localisation du téléphone. Dès mars 2020, un passe sanitaire est mis en place, « Safe Entry », pour contrôler les accès aux espaces publics. C’est un passe nominatif, et les données sont directement transmises aux autorités. C’est ce genre de mesures qui est clairement visé par les sénateurs ou par l’institut Montaigne, et qui dessinent l’accélération de l’hypercapitalisme contemporain.

    #QR_code, #passe_sanitaire, #technocritique, #Etat, #sauver_des_vies, #obligation_vaccinale.

  • Im-passe sanitaire, le gouvernement est dans l’illusion !
    https://www.youtube.com/watch?v=bcPn5HVqCA0

    Le 7 décembre 2021, le député Ugo Bernalicis interpelle le Gouvernement dans le cadre de la séances des questions au gouvernement et lui reproche de s’obstiner à imposer le #Passe-Sanitaire, sans jamais faire la démonstration de son efficacité.
    #Cnil
    #Covid19 : « Le passe sanitaire ne nous protège pas, c’est une passoire sanitaire, c’est une impasse sanitaire », affirme #Ugo-Bernalicis.

  • « En Italie, des intellectuels aussi renommés que Giorgio Agamben, des directeurs d’institutions prestigieuses, et des universitaires, livrent bataille contre le #Passanitaire. Loin de la résignation française ! »

    https://qg.media/2021/12/04/en-italie-lexceptionnelle-resistance-des-anti-pass-reportage-par-giannina-mura

    Fortement frappée par le Covid début 2020, l’Italie de Mario Draghi est devenue le pays pionnier pour l’obligation vaccinale des soignants, et désormais pour l’ensemble des salariés, suscitant de très puissantes résistances dans de nombreuses villes du pays. Contrairement à la France, de grands noms de la pensée de gauche comme #Giorgio-Agamben y ont pris partie contre le pass vaccinal, et des directeurs d’institutions prestigieuses ont présenté leur démission pour ne pas avoir à le mettre en oeuvre.

  • Six thérapeutes transculturelles pour p(e)anser les plaies du trauma colonial
    https://desoriental.fr/therapie-transculturelle-decoloniale

    mis à jour le 01/12/2021

    "Comme nous le rappelle tristement l’actualité en Guadeloupe, le passé esclavagiste et colonial de la France a encore des conséquences aujourd’hui, économiques et politiques, mais aussi dans les âmes et dans les corps.

    Cette semaine, on t’emmène faire un tour du côté des thérapies transculturelles (car non, la psychologie et la psychiatrie ne sont pas universelles mais bien ancrées culturellement.), un champ d’étude et d’action en santé mentale encore peu connu, et qui pourtant pourrait nous aider, collectivement et individuellement, à penser et à panser les plaies du trauma colonial.

    On parle d’approches thérapeutiques transculturelles, décoloniales ou encore d’ethnopsychiatrie. L’occasion de rappeler que n’importe qui peut aller consulter un.e psychiatre. Il s’agit juste d’un.e professionnel.le qui allie psychologie et médecine et offre une modalité (remboursée par la sécu’) de prendre soin de sa santé mentale. Et comme dirait l’autre, les 20% qui vont en thérapie y vont à cause des 80% qui n’y vont pas. A bon entendeur !

    Cette semaine donc, on te présente six thérapeutes transculturelles et/ou décoloniales à suivre ou à consulter. Ces six femmes, de générations et de cultures différentes, ont toutes pour point commun d’avoir à un moment de leur vie, ressenti le besoin viscéral d’apporter une solution à cet angle mort de la santé mentale française. Elles offrent à leurs patient.e.s des espaces sécurisés qui prennent en compte leurs spécificités culturelles mais aussi l’impact des oppressions systémiques sur leurs vécus, sans jugement.
    En introduction, aux origines des approches thérapeutiques transculturelles

    Impossible de citer toutes les contributions majeures au champ des thérapies transculturelles, aussi nous te présentons très subjectivement deux personnalités dont la pensée est un repère toujours pertinent pour comprendre la réalité psychologique des Français.e.s transculturel.le.s post-coloniaux.ales :

    L’incontournable Frantz Fanon, psychanalyste français afro-caribéen fortement impliqué dans la lutte pour l’indépendance algérienne et enterré en Algérie, est l’un des premiers à envisager la part psychologique du processus et du système de colonisation et à décrire les séquelles et aliénations de la colonisation sur la psyché des sujets colonisés.

    Alice Cherki, psychanalyste judéo-algéroise indépendantiste et disciple de Fanon est, elle, toujours vivante et sa réflexion n’a fait que suivre l’évolution des générations de déraciné.e.s, comme en témoigne son livre de 2007 La Frontière invisible, violence de l’immigration. Le trauma n’est plus vécu mais hérité des générations précédentes, souvent dans le silence, souvent par le corps.
    Six praticiennes transculturelles et/ou décoloniales

    1. Marie-Ève Hoffet-Gachelin, pédopsychiatre franco-vietnamienne

    Elle exerce au centre médico-psycho-pédagogique de Colombes et a fait de la recherche sur la pédopsychiatrie post-coloniale en partant de sa connaissance des parcours post-coloniaux franco-vietnamiens.
    2. Hagere Mogaadi, psychanalyste inclusive à Paris

    Elle se présente comme décolonialiste, queer friendly, musulmane, féministe et transculturelle.

    Au-delà des consultations, elle propose du contenu autour des questions identitaires et de santé mentale sur son compte instagram : @la_psy_qui_cause.
    3. Selma Sardouk, coach décoloniale et féministe

    Selma n’est pas thérapeute mais coach formée en hypnose et en thérapies brèves, créatrice de contenu autour des questions décoloniales et féministes.

    Elle vulgarise des sujets très précis en formats très synthétiques. Mais on adore les Reels de son compte Instagram @selmasardouk qui mettent le doigt sur ces micro-moments où on peut se sentir incompris.e ou en colère face au racisme ordinaire voire bienveillant, en tant que Français.e transculturel.le. Rire libérateur assuré !
    4. Amalani Simon, psychologue clinicienne franco-indienne

    Elle exerce à l’hôpital Avicenne de Bobigny et est fortement impliquée dans la psychanalyse transculturelle et a notamment produit des travaux de recherche autour des liens entre psychologie et langage des enfants français d’ascendance tamoule.
    5. Soumaëla Boutant, psychologue interculturelle française afro-caribéenne

    L’intérêt de Soumaëla pour la psychologie interculturelle naît pendant ses études, où elle sent une sorte de dissonnance “entre [son] vécu de jeune femme française et afrocaribéenne et certaines théories qui [lui] étaient enseignées à l’université”.

    Basée en Guadeloupe, Soumaëla propose des consultations de psychologie interculturelle en visio spécifiquement pour les caribéen.ne.s francophones expatrié.e.s.
    6. Karima Lazali, psychologue franco-algérienne

    Elle exerce à Levallois-Perret en libéral et a écrit Le trauma colonial, une enquête sur les effets psychiques et politiques contemporains de l’oppression coloniale en Algérie.❞

    #colonial #France #psychologie #trauma

  • #Belgique Illégalité du Covid Safe Ticket en Wallonie : le gouvernement wallon fera appel de la décision
    https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_illegalite-du-covid-safe-ticket-en-wallonie-le-gouvernement-wallon-fera-

    Le tribunal de première instance de Namur a constaté, en référés, l’illégalité du Covid Safe Ticket (CST) en Wallonie, annonce mardi l’association de défense des droits fondamentaux et libertés « Notre bon droit », à l’origine de l’action.

    La décision du tribunal n’annule pas le Covid Safe Ticket. Le CST reste donc d’application en Wallonie, a indiqué par communiqué mardi soir le gouvernement wallon.

    La Région wallonne a été condamnée à mettre un terme à cette illégalité apparente dans un délai de 7 jours, sous peine d’astreinte de 5000 euros par jour de retard. La Wallonie a décidé d’interjeter appel de cette décision dès mercredi matin.

    « Contrariété apparente » et principe de proportionnalité non respecté
    Dans son ordonnance, le tribunal constate notamment la « contrariété apparente » du décret wallon du 21 octobre dernier relatif à l’usage du CST et au port du masque au droit supranational de l’Union européenne et son apparente violation du principe de légalité.


    Il constate également que ces diverses normes semblent contrevenir au principe de proportionnalité des mesures restrictives de liberté au regard des buts poursuivis.

    Le tribunal condamne dès lors la Région wallonne à prendre toutes les mesures qu’elle estimera appropriées pour mettre un terme à cette situation d’illégalité apparente de l’usage du CST en Wallonie, au préjudice des parties demanderesses, sous peine d’une astreinte de 5000 euros par jour de retard exigibles au-delà d’un délai de 7 jours à dater de la signification de l’ordonnance.

    « Le tribunal constate plusieurs problèmes de légalité dont la contrariété du décret Wallon au droit européen et au droit à la protection des données personnelles. La décision ajoute qu’il ne serait pas démontré que le CST serait la seule alternative à un nouveau lockdown », explique mardi soir l’asbl « Notre bon droit ».

    Selon les avocates de l’association, « le tribunal a aussi critiqué la discrimination instaurée entre les citoyens sans justification objective et scientifique, l’absence de démonstration d’une mesure proportionnée ainsi que la possibilité laissée aux citoyens de décider seuls d’imposer le CST. »

    Une action en référé similaire contre le Covid Safe Ticket bruxellois a été introduite devant le tribunal de première instance de Bruxelles. Elle sera plaidée le 8 décembre prochain.
    #pass_sanitaire #santé_publique #technologisme #crise_sanitaire #sante #santé #coronavirus #sars-cov-2 #variant #covid #pandémie #vaccins

     

  • Migrants : « Ce sont bien les Etats qui tuent aux frontières de l’Europe »

    Face aux discours de dédouanement de nombreux responsables politiques après la mort d’au moins 27 personnes au large de Calais le 25 novembre, plus de 200 universitaires spécialistes des questions migratoires demandent, dans une tribune au « Monde », que les Etats européens, y compris le Royaume-Uni, reconnaissent leurs responsabilités.

    Tribune. Mercredi 24 novembre, au moins 27 personnes sont mortes dans la Manche après avoir tenté une traversée en bateau vers les côtes britanniques. C’est le bilan le plus meurtrier de ces dernières années à Calais et ses environs. Pourtant, quiconque connaît la région ne peut s’étonner d’une telle nouvelle. D’abord parce que les frontières – mais surtout les politiques visant à empêcher leur passage – ont tué plus de 300 personnes sur ce seul littoral depuis 1999.

    Ensuite parce que, depuis le début des passages en small boats, en 2018, on ne pouvait que craindre un tel drame : la Manche est l’une des voies maritimes les plus empruntées au monde, les personnes qui traversent le font dans des embarcations de fortune et avec un équipement minimum, et la température de l’eau ne laisse que peu de chance de survie aux personnes qui passent par-dessus bord. Enfin, parce qu’avec l’approche de l’hiver et la politique de non-accueil des pouvoirs publics français, les personnes en transit sont prêtes à tout pour passer coûte que coûte.

    Dans les heures qui ont suivi le repêchage de plusieurs corps sans vie au large de Calais, on a assisté à un véritable déferlement de déclarations émanant d’élus et de représentants d’institutions publiques, se défaussant de toute responsabilité dans les conséquences dramatiques d’une politique migratoire meurtrière, qu’ils ont pourtant choisie et rendent opérationnelle tous les jours. A les entendre, les « passeurs » seraient les seuls et uniques criminels dans cette « tragédie humaine », épaulés, selon certains, par les associations non mandatées par l’Etat, qui auraient « du sang sur les mains », selon les propos tenus par Pierre-Henri Dumont, député [LR] du Pas-de-Calais, sur Franceinfo, le soir du drame. Ce retournement des responsabilités est odieux et inacceptable.

    Rhétorique éculée

    Le dédouanement des politiques en France et au Royaume-Uni fait tristement écho à la situation dramatique dans le canal de Sicile, où, depuis maintenant plus de vingt ans, des bateaux chavirent et des exilés se noient dans l’indifférence. Il fait écho aussi au traitement de la situation en cours à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, où quelques milliers de migrants sont pris au piège entre les forces armées biélorusses et polonaises, poussés en avant par les premières et repoussés par les secondes. N’y voir que le machiavélisme de la Biélorussie épaulée par la Russie, c’est occulter la responsabilité de l’Union européenne (UE) dans ce refus obstiné d’accueillir celles et ceux qui fuient leur détresse.

    C’est bien avec l’assentiment de tous les Etats membres que les gardes-frontières polonais repoussent à coups de grenades lacrymogènes et de lances à incendie des familles afghanes, syriennes et d’autres nationalités, dont la vie est chaque jour mise en danger dans des forêts marécageuses, par des températures glaciales. Ce sont bien les Etats qui tuent aux frontières européennes.

    Face à la rhétorique éculée de l’appel d’air et de l’invasion, face à l’entier report de la responsabilité à des passeurs ou à des régimes dits hostiles à l’UE, face à la criminalisation toujours plus grande de la solidarité, nous, sociologues, politistes, géographes, anthropologues, historiens, juristes, philosophes et psychologues spécialistes des questions migratoires, souhaitons rétablir quelques vérités issues de nos longues années d’observation et d’analyse des situations créées par les politiques anti-immigration :

    – les migrations ne sont pas le fait de criminels, mais de personnes qui fuient des situations insoutenables et qui exercent un droit à la mobilité devenu, dans les faits, le privilège d’une minorité ;

    – les passeurs n’existent que parce que les frontières sont devenues difficiles, voire impossibles, à traverser légalement ;

    – l’augmentation des contrôles et des moyens policiers ne fait qu’accroître le prix des services proposés pour l’aide à la traversée ;

    – les frontières tuent ; dans les pays d’origine et de transit, en Méditerranée, dans la Manche, aux frontières terrestres, dans l’espace Schengen, dans les territoires d’outre-mer, des personnes en détresse sont confrontées à la multiplication des dispositifs de contrôle frontaliers financés en grande partie par l’UE, ses Etats membres, et le Royaume-Uni ; pour éviter d’être enfermées, expulsées, maltraitées, elles empruntent des itinéraires toujours plus dangereux et tentent malgré tout le voyage en prenant des risques immenses ;

    – le durcissement et la violence de ces contrôles augmentent la durée de l’attente, le nombre de tentatives de passage aux abords des frontières, les risques d’expulsion, conduisant à des parcours erratiques à travers la France et l’Europe, renforçant d’autant les souffrances endurées et les risques létaux ;

    – la politique de « non-accueil » mise en œuvre à Calais comme ailleurs, consistant à harceler sans relâche les personnes exilées, à leur dénier l’accès aux droits fondamentaux les plus élémentaires et à entraver le travail des associations qui leur viennent en aide ne fait que rendre l’horizon britannique plus désirable ;

    – à l’encontre des politiques dominantes, la solidarité des populations avec les personnes migrantes est de plus en plus patente à travers l’Europe ; des individus et des associations se mobilisent pour permettre à des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants de survivre malgré des conditions toujours plus difficiles ; qu’ils et elles soient accusés de « favoriser l’appel d’air », quand ce n’est pas de complicité de meurtre, est tout simplement honteux.

    Face à ces drames, il est urgent que l’UE et les Etats européens, y compris le Royaume-Uni, reconnaissent leurs responsabilités et changent radicalement de cap : il n’est pour nous ni concevable ni acceptable que les institutions poursuivent dans leur entêtement à traiter les personnes migrantes comme des criminels, pour ensuite regretter hypocritement les morts que les mesures sécuritaires contribuent à produire.

    Premiers signataires : Annalisa Lendaro (CNRS, Certop) ; Karine Lamarche (CNRS, CENS) ; Swanie Potot (CNRS, Urmis) ; Marie Bassi (université Nice-Sophia-Antipolis, Ermes) ; Michel Agier (IRD-EHESS, IIAC) ; Didier Bigo (Sciences Po, CERI) ; Alain Morice (CNRS, Urmis) ; Léa Lemaire (ULB, Cofund Marie Curie) ; Morgane Dujmovic (AMU, Telemme) ; Mustapha El Miri (AMU, LEST) ; Etienne Balibar (université Paris-Nanterre, Sophiapol) ; Nicolas Fischer (CNRS, Cesdip) ; Marie-Laure Basilien-Gainche (université Lyon-III, Ediec) ; Yasmine Bouagga (CNRS, Triangle) ; Mathilde Pette (UPVD, ART-Dev) ; Sarah Sajn (Aix-Marseille Université, Mesopolhis) ; Nicolas Lambert (CNRS, RIATE)

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/12/01/ce-sont-bien-les-etats-qui-tuent-des-migrants-aux-frontieres-de-l-europe_610

    –-

    En contre-point :
    #Gérarld_Darmanin autour des morts dans #La_Manche (sans honte)
    https://seenthis.net/messages/938261

    #responsabilité #Etats #asile #migrations #réfugiés #morts #décès #morts_aux_frontières #passeurs

    • Morts et #refoulements pour cause de #non-assistance délibérée dans la Manche

      Lorsque la nouvelle a commencé à circuler qu’un bateau avait coulé au milieu de la Manche et que 27 personnes, hommes, femmes et enfants, avaient perdu la vie le mercredi 24 novembre, les gouvernements britanniques et français se sont empressés d’accuser les ” passeurs ” de cette perte de vie. Les informations qui ont émergé depuis montrent que c’est la décision des autorités de ne pas intervenir et de ne pas coopérer entre elles, alors qu’elles avaient été alertées que le bateau était en détresse, qui a conduit directement à leur mort.

      L’un des deux survivants, Mohammad Khaled, s’est entretenu avec le réseau d’information kurde Rudaw et a expliqué son histoire. Il raconte que les voyageurs sont montés sur le bateau et sont entrés dans l’eau près de Dunkerque vers 21 heures HEC dans la nuit de mardi à mercredi. Trois heures plus tard, ils pensaient être arrivés à la ligne de démarcation entre les eaux britanniques et françaises.

      Mohammad raconte que pendant leur traversée le flotteur droit perdait de l’air et des vagues entraient dans le bateau. Les passagers ont évacué l’eau de mer et utilisé une pompe manuelle pour regonfler le flotteur droit du mieux qu’ils pouvaient, mais lorsque la pompe a cessé de fonctionner, ils ont appelé les garde-côtes français à la rescousse. Ils ont partagé leur position GPS via un smartphone avec les autorités françaises, ce à quoi les Français ont répondu que le bateau se trouvait dans les eaux britanniques et qu’ils devaient appeler les Britanniques. Les voyageurs ont alors appelé les garde-côtes britanniques qui leur ont dit de rappeler les Français. Selon son témoignage, “deux personnes appelaient – l’une appelait la France et l’autre la Grande-Bretagne”. Mohammad a raconté que : “La police britannique ne nous a pas aidés et la police française a dit : “Vous êtes dans les eaux britanniques, nous ne pouvons pas venir”. Bien que les garde-côtes de Douvres et le centre français de coordination des secours maritimes de Gris-Nez connaissent l’emplacement et l’état du bateau, aucun des deux n’a lancé d’opération de recherche et de sauvetage.

      Un parent d’une des personnes à bord, également interrogé par Rudaw, explique que les problèmes avec le flotteur ont commencé vers 01h30 du matin GMT. Il a été en contact avec les personnes à bord jusqu’à 02h40 GMT et suivait également la position du bateau, partagée en direct sur Facebook. Il insiste sur le fait qu’à ce moment-là, le bateau se trouvait dans les eaux britanniques et que les garde-côtes de HM étaient au courant de la situation. Il déclare : “Je crois qu’ils étaient à cinq kilomètres à l’intérieur des eaux britanniques” et lorsqu’on lui demande si les Britanniques étaient au courant du bateau en détresse, il répond : “100 pour cent, 100 pour cent et ils [la police britannique] ont même dit qu’ils viendraient [à la rescousse]”.

      Interrogés par Rudaw, les Britanniques ont nié que le bateau se trouvait dans leurs eaux. Un communiqué du ministère de l’Intérieur indique : “Les responsables ici ont confirmé hier soir que l’incident s’est produit bien à l’intérieur des eaux territoriales françaises, ils ont donc dirigé les opérations de sauvetage, mais [nous] avons déployé un hélicoptère en soutien à la mission de recherche et de sauvetage dès que nous avons été alertés.” Cependant, Rudaw (au 29/11) n’a toujours pas reçu de réponse détaillée sur la question de savoir si oui ou non les garde-côtes de HM avaient reçu un appel de détresse du navire pendant la nuit ou tôt le matin.

      Une question se pose quant à la déclaration du ministère de l’Intérieur : quelle est la période qui, selon lui, constitue “l’incident” ? La déclaration mentionne le déploiement d’un hélicoptère “dès que nous avons été alertés”. Le suivi du vol de l’hélicoptère G-MCGU des garde-côtes de HM (nommé “Sar 111232535” sur MarineTraffic) par Sergio Scandura montre qu’il a effectué trois vols au-dessus de la zone le 24 novembre :

      Le premier entre 03h46 et 06h26 GMT, où il semble avoir effectué une recherche de type “carré en expansion”, et le second des cibles spécifiques qu’il a trouvées. S’il s’agit du lancement “dès que nous avons été alertés” dont parle le ministère de l’Intérieur, cet hélicoptère a-t-il repéré le bateau de Mohammad et d’autres navires ont-ils été lancés pour participer à la mission de recherche et de sauvetage ?

      La fois suivante, l’hélicoptère a été lancé dans l’après-midi, à 13 h 16 GMT. Il semble faire une “recherche de secteur” et encercle à nouveau certains endroits spécifiques. C’est à peu près l’heure à laquelle les Français ont lancé leur opération de recherche et de sauvetage, et il est plus probable qu’il s’agisse du lancement et de l’ “incident” dont il est question dans la déclaration du ministère de l’Intérieur. Ce n’est qu’à 15 h 47 que la préfecture maritime de la Manche et mer du Nord a indiqué pour la première fois sur Twitter qu’elle coordonnait une opération de recherche et de sauvetage concernant un naufrage dans la Manche. Les données de MarineTraffic montrent que les bateaux impliqués dans le sauvetage, par exemple le canot de sauvetage Notre Dame Du Risban de la SNSM, n’ont commencé à se diriger vers cet endroit que vers 14h00, soit environ 12 heures après que Mohammad et son parent aient déclaré avoir parlé pour la première fois avec les autorités. La majeure partie de l’activité des navires français chargés de l’opération de sauvetage en question se déroule autour de 51°12′ N, 1°12 E, une position située à environ 1 mile seulement à l’est de la ligne séparant les eaux françaises des eaux britanniques.

      Cela signifie que pendant environ 12 heures, entre 02h30 et 14h00 environ, plus de trente personnes ont été laissées à la dérive dans un bateau qui coulait et sans moteur dans l’une des voies maritimes les plus fréquentées et les plus surveillées du monde. Des informations supplémentaires sont encore nécessaires pour prouver définitivement que Mohammad et les autres personnes à bord de son bateau se trouvaient dans les eaux britanniques, pendant combien de temps, et que leur situation de détresse était connue des garde-côtes de HM. Toutefois, compte tenu du témoignage de Mohammad, des parents des autres passagers, du premier hélicoptère et du temps pendant lequel le bateau a dérivé en mer, il est extrêmement probable que les garde-côtes britanniques étaient au courant de la situation. Mais au lieu d’intervenir pour sauver des vies en mer, il semble qu’ils aient décidé de faire de la politique et d’espérer que les voyageurs reviennent à la dérive et se noient dans les eaux françaises.

      Mohammad a témoigné que, même si l’eau pénétrait dans le bateau pendant la nuit et que des personnes étaient submergées, “tout le monde pouvait supporter la situation jusqu’au lever du soleil, puis, lorsque la lumière a brillé, personne ne pouvait plus supporter la situation et ils ont abandonné la vie”. Au moment où le soleil s’est levé, ils avaient déjà perdu tout espoir de survie.

      20/11/21

      Le récit de Mohammad Khaled du 24 novembre n’est pas le premier de ce qui semble être une non-assistance délibérée aux bateaux de migrants en détresse dans la Manche. Moins d’une semaine auparavant, le 20 novembre, nous nous sommes entretenus avec une autre personne dont les appels à l’aide dans la Manche, près de la ligne frontalière, semblent avoir été délibérément ignorés par les Britanniques et qui nous a fourni le récit suivant de son voyage :

      ‘’ C’était aux environs de trois heures du matin le samedi 20 novembre, lorsque nous avons embarqué sur notre bateau. Nous étions 23 personnes sur le bateau. Trois heures après, je pense, nous avons atteint la frontière britannique puis nous nous sommes retrouvés à court d’essence, je pense à 7 heures et ensuite nous avons décidé d’appeler le 999.

      Lorsque nous les avons appelé, ils nous ont dit que nous étions dans les eaux françaises sans nous demander notre localisation. Ils nous ont dis d’appeler le 196. Dans un premier temps, nous n’étions pas d’accord pour appeler les français.

      Nous avons essayé de ramer, mais c’était très difficile à cause des vagues. Puis, nous avons décidé d’appeler les français. Quand nous avons appelé, ils nous ont demandé de leur envoyer notre localisation en direct, puis ils nous ont dit ʺ vous êtes dans les eaux britanniques ʺ. Ils nous ont dit d’appeler le 999.

      Ensuite, nous avons rappelé les anglais beaucoup de fois, mais ils ont continué à nous répéter que nous étions dans les eaux françaises et puis ils nous ont raccroché au nez. Les britanniques nous ont répondu de manière très impolie, et il nous a semblé qu’ils se moquaient de nous. Je leur ai dis deux fois qu’il y avait des gens qui mouraient à bord, mais ils n’en avaient rien à foutre.

      Nous avons envoyé notre localisation en direct une deuxième fois aux gardes côtes français. Nous avons également appelé, et nous avons essayé de les joindre avec deux téléphones mais ils ont continué à nous dire que nous étions dans les eaux anglaises.

      J’ai donc décidé aux alentours de 9h30 de téléphoner à Utopia. Puis, ils nous ont aidé et ont forcé les autorités françaises à nous envoyer un bateau pour nous sauver aux alentours de 10H-10H30.

      La raison pour laquelle je partage cela c’est parce que je ne veux pas que cela arrive encore parce que cela concerne la vie des gens. ‘’

      Utopia 56, après avoir été appelé par les personnes en détresse, a appelé le CROSS Gris-Nez, le centre français de coordination des secours maritimes responsable du détroit de Douvres.
      Utopia 56 a relayé les informations reçues et la position du bateau, puis le CROSS lui a répondu qu’il était certain que les Britanniques n’étaient délibérément pas intervenus et avaient laissé les personnes dériver vers les eaux françaises.

      Les conséquences mortelles d’un manque de coopération

      Ces deux cas indiquent que, bien que la Border Force n’ait pas encore mis en œuvre de refoulement forcé en retournant les bateaux de migrants avec des jet-skis ou en les ramenant dans les eaux françaises, des refoulements ont déjà lieu, sous la forme de refus délibéré des garde-côtes de HM de venir en aide aux migrants qui, selon eux, dériveront vers les eaux françaises. Cette non-assistance délibérée est une tactique mortelle qui laisse les gens en mer, dans des bateaux surpeuplés et en mauvais état, pendant de nombreuses heures après leur appel à l’aide, afin de traumatiser les voyageurs et de les dissuader de tenter à nouveau la traversée vers le Royaume-Uni en bateau.

      Les garde-côtes français et britanniques “ont le devoir de coopérer ensemble pour prévenir les pertes de vie en mer et assurer l’achèvement d’une mission de recherche et de sauvetage” en vertu de la Convention internationale pour la sauvegarde de la vie humaine en mer et de la Convention sur la recherche et le sauvetage. Les deux parties ont notamment la responsabilité de se contacter dès qu’elles reçoivent des informations sur des personnes en danger et de coopérer aux opérations de recherche et de sauvetage de toute personne en détresse en mer.

      Cependant, il semble que les politiques anti-migrants actuelles du Royaume-Uni signifient que cette coopération n’existe pas, dans les faits, pour les migrants en détresse dans la Manche. En particulier, le gouvernement britannique ne veut pas être vu en train de secourir les bateaux immédiatement après leur entrée dans ses eaux.

      En outre, leurs critiques à l’encontre des Français qui (à leurs yeux) n’en font pas assez pour intercepter les bateaux de migrants en mer ou les empêcher de quitter les côtes françaises, ont semblé empoisonner les relations diplomatiques et opérationnelles entre les pays. Par exemple, le Journal du Dimanche a récemment publié que, même dans les enquêtes sur les réseaux de passeurs, il y a eu une rupture dans la coopération française et britannique.

      Au lieu de coopérer pour sauver des vies en mer, la réponse franco-britannique a été de se disputer, d’introduire davantage de mesures de police aux frontières (y compris la surveillance aérienne de Frontex), de blâmer les victimes et de continuer à faire des passeurs des boucs émissaires. Cela a été utile pour détourner l’attention de leurs propres échecs de ces derniers jours, mais n’améliorera pas la situation des personnes qui doivent réellement entreprendre ces voyages. Une sécurisation accrue des plages et des mers ne fera que pousser les gens à emprunter des routes plus longues et plus dangereuses, où la couverture téléphonique n’est pas toujours bonne. Les petits bateaux en détresse se retrouveront plus loin du grand nombre de moyens de recherche et de sauvetage potentiels situés dans le détroit de Douvres.

      La mort de leurs amis et les heures passées en détresse à dériver en mer sans secours ne dissuaderont pas les gens d’essayer d’effectuer les mêmes trajets car ils n’ont pas d’autres options. Les solutions proposées, telles que les visas humanitaires, n’offriront pas à tous ceux qui en ont besoin une route sûre vers le Royaume-Uni. D’autres continueront à s’embarquer sur de petits bateaux qui ne sont pas en état de naviguer. Simultanément, des millions de personnes font ce même voyage chaque année à bord des ferries et des trains qui traversent la Manche plusieurs fois par jour sans incident. Ce n’est qu’en accordant le droit à la liberté de circulation à tous que nous mettrons fin à l’apartheid frontalier et que nous éviterons que d’autres vies soient perdues en mer.

      https://calaismigrantsolidarity.wordpress.com/2021/11/30/morts-et-refoulements-pour-cause-de-non-assistanc

    • Naufrages dans la Manche : de l’indécence à l’horreur

      Le drame qui s’est noué le 24 novembre 2021 dans la Manche est le pendant de ce qui se joue tous les jours en Méditerranée. Il était prévisible et donc évitable : la situation qui s’enlise depuis des années dans le nord de la France est la conséquence des politiques d’asile nationale et européenne.

      Face à ce drame, la réaction des autorités navre, mais ne surprend pas.

      – L’#indécence d’abord, lorsque les responsables politiques imputent aux seuls « passeurs » la responsabilité de ce drame collectif, en faisant abstraction de l’ensemble des autres causes et singulièrement de la politique de non-accueil qui offre maintenant prise à un chantage migratoire devenu outil de pression diplomatique dans toute l’Europe.

      – Le #déni, ensuite, quand le ministre de la justice assène impunément la post-vérité officielle sur les plateaux-télés : « Vous vous rendez compte de ce que l’on suggère ? Que l’on pourrait comme ça impunément lacérer des tentes, qu’on l’encouragerait et qu’on ne distribuerait pas des vivres à ces migrants ? », en se gardant bien de s’interroger sur les raisons pour lesquelles des exilé.es continuent de transiter par Calais depuis plus de vingt ans en dépit du harcèlement violent qu’ils y subissent.

      – L’#hypocrisie, quand après avoir constaté que les lacérations de tentes étaient documentées et qu’il n’était plus possible de continuer à mentir devant l’évidence, le ministre de l’intérieur rétropédale et renvoie la responsabilité ... sur les co-contractants de l’Etat qui auraient pris l’initiative, d’eux-mêmes, de décider la destruction de ces tentes.

      – L’#horreur, enfin, quand le ministre de l’intérieur affirme que « les migrants utilisaient des bébés et menaçaient de les jeter dans une eau à quelques degrés sur un moteur (sic) si [les policiers] venaient les interpeller » ou que les premiers témoignages de rescapés du naufrage du 24 novembre dénoncent l’inaction des secours français et britanniques.

      Il faut le marteler : le harcèlement policier et administratif, les démantèlements quotidiens, systématiques et violents de tous les campements sont inadmissibles. L’État doit en finir avec sa politique de déni : en cherchant à invisibiliser ou à faire fuir les personnes étrangères, il n’aboutit qu’à les mettre toujours plus en danger. Il doit cesser d’attenter à la dignité de ces femmes et ces hommes qui ont fui le danger dans leur pays et qui vivent désormais dans l’angoisse de perdre le peu qui leur reste.

      Il faut le réaffirmer : la solution à l’hécatombe migratoire ne passe pas par l’envoi d’un avion de Frontex, cette agence européenne soupçonnée d’être complice de violations des droits humains en Grèce ; ni par la seule dénonciation des accords du Touquet, qui délocalisent les frontières britanniques sur le sol français ; elle ne passe pas par l’intensification de la lutte contre le « trafic migratoire », dont les réseaux ne prospèrent que grâce au durcissement des contrôles aux frontières.

      Il faut le dénoncer : la rhétorique mensongère des pouvoirs publics français et européens ne peut tenir lieu de politique. En invoquant la faute des autres tout en poussant les exilé.es à prendre toujours plus de risques au péril de leur vie, ils sont les premiers responsables des drames qui endeuillent les frontières.

      La France doit prendre acte de la présence d’exilé.es depuis les années 1990 et leur offrir des conditions de vie dignes. Elle doit reconnaître que, quelles que soient ces conditions de vie, certains d’entre eux voudront se rendre au Royaume-Uni, quoi qu’il en coûte.

      L’Union européenne et les Etats membres doivent en finir avec une politique qui, des îles grecques au détroit de Gibraltar, de la Pologne aux côtes de la Manche, enferme, harcèle, bafoue les droits et va jusqu’à tuer, dans un renoncement fatal aux principes qui l’engagent.

      https://www.gisti.org/spip.php?article6703

    • Hécatombe aux frontières : identifier les responsables

      À la suite du dramatique accident qui a causé la mort de trois personnes exilées, fauchées par un train à proximité de Saint-Jean-de-Luz le 12 octobre dernier et au cours duquel une quatrième a été grièvement blessée, trois associations s’associent à la plainte contre X déposée ce 6 décembre par plusieurs victimes entre les mains du procureur de la République de Bayonne.

      Le 12 octobre dernier, un train en provenance d’Hendaye a percuté quatre personnes qui se trouvaient sur les voies ferrées non loin de la gare de Saint-Jean-de-Luz. Trois d’entre elles ont perdu la vie dans l’accident. Le seul survivant, très grièvement blessé, a déclaré aux enquêteurs que leur groupe, qui venait d’Espagne, s’était réfugié au niveau de cette voie, déserte et non éclairée, afin d’éviter les contrôles de police.

      De fait, depuis leur rétablissement en 2015, les contrôles aux frontières intérieures françaises sont sans cesse renforcés et la frontière franco-espagnole n’échappe pas au déploiement des moyens matériels, technologiques et humains toujours plus importants consacrés à cette surveillance.

      Pourtant, chacun sait que cette politique a un coût humain considérable : en rendant le franchissement des frontières toujours plus difficile et périlleux, elle accroît mécaniquement les risques d’accidents et de morts pour les personnes exilées auxquelles toute autre voie d’accès ou de circulation est interdite.

      C’est ainsi que le drame du 12 octobre est venu aggraver le bilan des morts à la frontière franco-espagnole pour 2021, après les décès par noyade de Yaya Karamamoko le 22 mai et d’Abdoulaye Koulibaly le 8 août – tous deux ayant tenté de traverser la Bidassoa pour rejoindre la France depuis la ville d’Irun – et celui, le 16 juillet, d’une personne également fauchée par un train entre Cerbère et Banyuls-sur-Mer. S’y ajoute désormais le décès d’une troisième personne, par noyade dans la Bidassoa, le 20 novembre dernier.

      A la frontière franco-italienne, ce sont plus de trente décès qui ont été recensés depuis 2015 : principalement des cas d’électrocution sur des trains ou de collisions avec des trains ou des véhicules sur la voie Nice-Vintimille, ainsi que des cas de chute ou d’hypothermie sur les chemins de montagne. Le 6 novembre dernier, le corps d’une personne exilée qui avait chuté du « sentier du pas de la mort » était ainsi retrouvé vers Menton, dans un état de décomposition avancée.

      Quant à la frontière avec l’Angleterre, au moins 336 personnes ont perdu la vie, depuis 1999, en tentant de la franchir : cachées dans la remorque d’un camion, électrocutées par un caténaire du site d’Eurotunnel, noyées dans la Manche, ou mortes par défaut de prise en charge médicale ou des suites d’une intervention des forces de l’ordre.

      Ces drames ne peuvent continuer de s’accumuler sans que soient questionnées des décisions et des pratiques de verrouillage des frontières toujours plus rigoureuses et sophistiquées, et ayant pour conséquence d’accroître les risques auxquels expose leur franchissement.

      C’est pourquoi l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé), le Groupe d’information et de soutien des immigré·es (Gisti) et la Cimade ont décidé de s’associer à la plainte contre X qui vient d’être déposée entre les mains du procureur de la République de Bayonne par plusieurs victimes afin que toute la lumière soit faite sur les circonstances et les causes du drame de Saint-Jean-de-Luz.

      L’hécatombe aux frontières doit cesser : en s’associant à cette plainte, nos associations manifestent l’exigence de transparence et de vérité qui doit contribuer à en identifier tous les responsables.
      Le 8 décembre 2021

      Anafé
      Gisti
      La Cimade

      Reçu via la mailing-list du Gisti, le 08.12.2021

    • Débat : Peut-on en finir avec la « #crise » des migrants dans les #médias ?

      Le 24 novembre 2021, 27 personnes meurent dans un naufrage au large de Calais alors qu’elles espéraient traverser la Manche pour rejoindre l’Angleterre.

      Dans les heures qui suivent, l’événement fait la une et les journalistes se mettent à la recherche d’« experts » à inviter à la radio et à la télévision. Rebelote quelques jours plus tard, cette fois pour commenter l’annonce du ministre de l’Intérieur d’appeler en renfort Frontex, l’agence européenne de contrôle des frontières.

      Il se trouve qu’à l’instar de nombre de mes collègues, je fais partie des chercheurs et universitaires considérés comme « spécialistes des migrations ». C’est à chaque fois pareil : les journalistes cherchent un invité pour parler durant quelques minutes ; il y a urgence car l’émission est prévue pour le soir même, ou le lendemain matin au plus tard ; et comme tout le monde prévoit de parler de Calais, les « spécialistes » sont sur-sollicités, renvoient à d’autres collègues, les journalistes enchaînent les coups de fil, l’agitation croît au fil de la journée – parfois jusqu’à l’absurde.
      Nous disons tous la même chose

      Les collègues qui finissent par passer à l’antenne disent tous la même chose. Non, les passeurs ne sont pas les seuls responsables de ces drames, ce sont les États qui condamnent les migrants à prendre des risques insensés. Non, le traitement inhumain infligé aux migrants, que ce soit à Calais, ailleurs en Europe ou encore en Libye, ne décourage personne, mais ne fait que perpétuer une impasse qui aboutit aux tentatives les plus désespérées. Oui, il est possible d’accueillir décemment ces exilés, en garantissant leur droit de demander l’asile ou en reconnaissant qu’ils occupent les emplois dont personne ne veut. Et non, une telle politique ne créerait pas l’appel d’air tant redouté, mais ne ferait que respecter les principes les plus élémentaires d’un continent qui se prétend un « espace de liberté, de sécurité et de justice ».

      De telles séquences ne sont malheureusement pas nouvelles. Depuis des décennies les migrants meurent aux frontières de l’Europe. Et depuis des décennies les États européens accusent les passeurs et renforcent le contrôle des frontières. Qui se souvient qu’au début des années 2000, l’Espagne réclamait déjà « bateaux et avions » pour empêcher les arrivées de migrants sur les îles Canaries ?

      Certains chercheurs font donc le tour des plateaux, pour l’adrénaline du direct et le narcissisme inhérent à l’exercice, bien sûr, mais aussi pour de très bonnes raisons : apporter un éclairage au débat public, valoriser l’utilité des sciences sociales, défendre des valeurs, et contrer les propos xénophobes qui saturent l’espace public, a fortiori en ce début de campagne présidentielle.

      D’autres chercheurs sont plus hésitants. Question de tempérament, d’expérience des médias, et aussi de rigueur car force est d’avouer qu’on ne connaît pas toujours grand-chose du sujet du jour, et qu’on a de toute manière pas le temps de se préparer. Pour ma part, bien que « spécialiste des migrations », je n’ai jamais étudié la situation à Calais et n’ai aucune connaissance particulière sur le sujet (de même que je connais pas grand-chose non plus sur la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, sujet sur lequel mes collègues et moi-même sommes aussi sollicités).

      Ce n’est pas vraiment un problème car je maîtrise bien les quelques généralités qu’on me demande d’énoncer. Mais cette superficialité n’en est pas moins un peu insatisfaisante, voire parfois aliénante. Et puis il y a le problème de la disponibilité, avec des émissions de très bon matin ou vers 19-20 heures, quand ce n’est pas le dimanche à midi – autant dire des horaires défavorables à la vie de famille.
      Des questions de fond

      Au-delà de ces petits débats entre collègues, le traitement médiatique des migrations pose des questions de fond. Avec la crise des migrants et des réfugiés en Europe, la manière dont la presse couvre des événements comme les naufrages en Méditerranée a fait l’objet de beaucoup de réflexions. On s’accorde à considérer que les médias jouent un rôle clé et qu’ils ont une responsabilité particulière. L’Unesco, par exemple, travaille avec les médias pour qu’ils fournissent « des informations vérifiées, des opinions éclairées ainsi que des récits équilibrés ».

      De même, Amnesty International déconseille l’usage de termes qui « déshumanisent » les migrants comme : clandestins, illégaux, ou flux migratoires.

      On se souvient aussi qu’en 2015 la chaine Al Jazeera écartait le terme de migrant et ne parlait que de réfugiés, pour insister sur les raisons impérieuses et légitimes qui motivent leur départ (là où de nombreux médias européens faisaient le contraire).

      Il existe également un manuel destiné aux journalistes qui travaillent sur le sujet, tandis que l’association France Terre d’asile organise des séances de formation à leur intention.

      C’est là aussi le sens des invitations aux « spécialistes des migrations », lesquels fourniraient un éclairage aux journalistes (et, à travers eux, à leur public). Mais on peut s’interroger sur ce besoin d’instruire les médias. Les quelques journalistes que j’ai eu l’occasion de rencontrer connaissent tout aussi bien que moi les arguments sur les impasses des politiques migratoires actuelles. S’ils m’invitent, ce n’est donc pas pour mes connaissances. Ce n’est pas étonnant : à force d’inviter des chercheurs, les journalistes sont devenus familiers de leurs explications. Le « spécialiste » ne fait donc que redire ce que tout le monde sur le plateau sait déjà.
      Une médiatisation qui renforce le climat de crise

      Ce que je constate surtout, c’est que les interactions entre médias et « spécialistes » sont pernicieuses car elles renforcent paradoxalement le climat de « crise » qui caractérise la perception des migrations.

      En ce qui me concerne, j’expliquerais volontiers qu’un naufrage comme celui de Calais ne relève pas d’une « crise », mais d’une forme de routine – une routine certes tragique et inacceptable, mais une routine quand même. Cette routine est la conséquence directe de la manière dont les États gouvernent les migrations, et il ne faut donc pas s’en étonner. C’est là le travail des universitaires (et des sciences sociales) : prendre du recul par rapport à l’actualité brûlante, mettre l’événement en perspective, rappeler des précédents historiques, etc.

      Mais comment exposer de tels arguments si, précisément, on ne parle des migrations qu’à l’occasion de naufrages ? En matière de communication, la forme prend souvent le pas sur le fond. Et naturellement, plus on évoque les migrations sous l’angle d’une crise, plus les responsables politiques seront fondés à ne présenter les naufrages que comme des événements imprévus et tragiques, et à les traiter à grands coups de réunions d’urgence et de mesures ad hoc – perpétuant ainsi un cycle de crise et d’urgence qui dure depuis près de trente ans.

      On objectera que les lamentations sur les biais médiatiques sont aussi anciennes que les médias eux-mêmes, et que face à l’urgence il faut se lancer dans l’arène sans hésitation ni cynisme, et avec toute l’indignation qui sied aux circonstances. Éternel débat, auquel il n’existe probablement aucune réponse satisfaisante. Mais tout de même, comment se fait-il qu’en 2021, alors que la barre des 20 000 décès de migrants en Méditerranée a été franchie depuis 2020 déjà, on continue à solliciter en urgence des « spécialistes » à chaque naufrage, pour qu’ils interviennent le soir même et commentent un événement qui, hélas, n’en est pas un ?

      https://theconversation.com/debat-peut-on-en-finir-avec-la-crise-des-migrants-dans-les-medias-1

  • Covid-19 : la santé publique comme laboratoire du contrôle social

    https://aoc.media/analyse/2021/11/23/covid-19-la-sante-publique-comme-laboratoire-du-controle-social

    La gestion de la #pandémie est largement passée par le recours à des dispositifs techniques de modélisation #statistique des comportements. En mettant à l’écart les #sciences_humaines et sociales, cette gestion techniciste aboutit à des politiques de santé publique qui visent le #contrôle plutôt que l’autonomie des acteurs.

    En participant au dispositif du contrôle social, la santé publique a délaissé sa prétention à la promotion de la #santé [1] visant l’autonomie des acteurs, pour mieux maîtriser les conduites. L’octroi de capabilités a fait place à une instrumentalisation du choix social qui, en se normalisant au gré des décisions publiques, guide l’agent de manière diffuse, insidieuse et sans contradiction. Ce tournant laisse penser que l’autonomisation des acteurs de la santé et la défense des droits n’ont plus leur place dans l’application des normes sanitaires. Il faut au contraire réguler, inhiber et désinhiber les comportements en appareillant les individus de laissez-passer.
    Qu’elle est la raison de ce changement de perspective ? Est-ce véritablement la population qui s’est écartée de la raison, en perdant confiance dans la science et les institutions ? Ou bien serait-ce plutôt les institutions qui ont perdu confiance dans l’autonomie de leurs administrés ? Alors que la complainte de la défiance s’amenuise et que plus de 50 millions de français sont vaccinés, le gouvernement réaffirme encore une fois sa visée comportementale aspirant à l’adaptation toujours plus astreinte des individus au milieu sociotechnique.
    Cette conscience dirigiste de l’État est sans doute le signe d’une inquiétude concernant la population, ou pour le moins, celui d’une conviction dans le bien-fondé de sa mise sous tutelle. La défiance, quasi-continue depuis les gilets jaunes jusqu’aux anti-vaccins, aura sans doute conduit le gouvernement à la certitude que les politiques publiques doivent parvenir à maîtriser la conduite en instrumentalisant la raison et la science. À tel point qu’embarquées dans ce dispositif, les valeurs de la santé publique se sont vidées de leur sens.
    Sommes-nous encore capables de trouver un équilibre entre le respect des droits de la personne et la protection de la santé collective ? Dans le contexte actuel, cela semble difficile à concevoir. En réduisant « l’acteur de la santé » à un « agent rationnel », le gouvernement oriente la décision et l’action individuelle par une géométrisation variable des droits de la personne. Abstrait de toute complexité, l’agent devient l’instrument d’un contrôle social qui pèse sur lui sans contrainte manifeste, dans la déréliction d’une psychologie sans sujet et d’une sociologie sans socius.
    Implémenter la conduite
    L’implémentation du #passe_sanitaire aura permis d’éluder les doutes sur les effets médicalement indésirables de la vaccination, par la promotion d’effets socialement désirables. Retrouver la vie civile suppose de consentir « librement » à la circonscription technologique de nos activités. Rien d’intrusif en apparence, si ce n’est une contrainte affranchie du statut d’obligation. L’incitation à la prophylaxie vaccinale masque ainsi de vertu un appareil de capture. La volonté d’accéder aux spectacles, aux lieux de sociabilité et aux évènements collectifs conduit nécessairement l’agent à accepter sans la moindre hésitation la vaccination, de même que l’utilisation indéfinie de ses données de santé.
    L’accoutumance à la surveillance confère un certain confort, pour lequel on concède sans regret une part de notre vie privée au contrôle. On estime ainsi éviter l’enfermement, tout en s’offrant la possibilité de prendre part à nouveau à la société. Ce new deal semble propice à la pérennisation d’un équilibre. Le suivi de nos activités, même s’il ne permet pas une sortie définitive de la crise sanitaire, apporte une certaine stabilité sociale bénéfique à la croissance économique. Aussi, les retours d’expérience des phases de confinement, de couvre-feu et de déconfinement auront finalement permis aux autorités publiques de trouver un moyen de maîtriser en douceur la crise sanitaire par un subtil jeu d’inhibition et de désinhibition.
    Le gouvernement s’en félicite. Ce dispositif technologique, que le monde entier nous envie, apporte des résultats inespérés. Il nous rappelle d’ailleurs qu’on peut débattre de tout sauf des chiffres. En valorisant ainsi un système devenu autoréférentiel, les pouvoirs publics ont évincé toute aspiration à un horizon démocratique du soin à la faveur d’un équilibre pour le moins fragile. Car, dans l’ombre de cette situation en apparence paisible, cet ingénieux dispositif pourrait finir par compromettre la santé de la population par une dégradation continue de l’accès aux soins, et par malmener les dimensions psychologique et sociale par une pratique répandue de l’aliénation.
    Le testeur testé
    Derrière le voile de la réussite autoproclamée de ce dispositif technologique, le laboratoire civil réserve des surprises. Le testeur finit lui-même par devenir le testé. À quelques mois de l’élection présidentielle, la ruse du dispositif technologique guette dans l’ombre de revirements potentiels. Alors que le contrôle des populations s’insinue en apparence sans responsabilité directe pour le décideur, le risque de l’échec plane. Le pass sanitaire, rendu nécessaire, pourrait conduire le gouvernement à être victime de ce qu’il dénonce : l’irresponsabilité.
    L’incitation, parée du masque de la vertu vaccinale, a semblé un temps à même d’éluder la responsabilité du décideur, sous les traits d’une instrumentalisation vertueuse favorisant la stabilisation de l’épidémie. Seulement, alors même que la vaccination devait nous conduire à une sortie de crise pérenne, sa mise en œuvre a exclu des soignants de la pratique clinique. Malmenés durant les vagues précédentes, voire opposés au pass sanitaire, ces derniers ont déserté les services de soin. Les lits se ferment, alors que les cas augmentent à nouveau et que le virus continue à muter.
    Comme le mentionnent les rapports du conseil scientifique en date du 5 et du 6 octobre 2021, la fragilité sociale du système de soins, avec la fermeture de 20 % de lits[2] (chiffre contesté par Olivier Véran et réduit à 5 %), la survenue cet automne/hiver d’infections respiratoires notamment chez les plus jeunes (non-vaccinés) et l’impact des retards dans la prise en charges de patients non-covid[3] laissent présager une situation critique dans les mois à venir. Comment donc faire pour ne pas subir une nouvelle vague révélant encore davantage la fragilité de notre système de santé, à la veille d’une élection présidentielle ?
    Compartimenter les suspects
    La solution gouvernementale tient au compartimentage accentué de la population, alors même que la fin de la gratuité systématique des tests fait baisser le nombre de dépistages[4]. La baisse des données issues du dépistage ne semble toutefois pas perturber les pouvoirs publics. En suivant la logique des compartiments épidémiologiques, ces derniers continuent de circonscrire la population dans des catégories abstraites de suspects, d’infectés et de retirés pour pallier le manque d’informations. En reconfigurant ainsi la distribution, on instrumentalise les non-vaccinés devenus les seuls suspects à haut risque.
    Toute cette architecture qui, dérive et/ou contribue directement à préciser la forme à compartiments SIR[5], n’est peut-être plus aussi scientifiquement valide qu’elle le prétend. Mais elle reste hautement utile d’un point de vue politique. Dans un tel modèle, les relations entre les compartiments d’individus S (suspectés), I (infectés) et R (retirés) sont définies par un taux d’infection et un taux de rémission, décrivant l’évolution de l’épidémie dans le temps au sein d’une population passant d’un état de crise à un état stable.
    Si on s’en tient à la forme simple, au début d’une épidémie (abstraite de dynamique démographique), on a dans la population complète N = S + I + R, l’approximation S(0) ≈ N ; tous les individus ou presque sont suspects. Pour atteindre la stabilité, le nombre de suspects doit donc décroître et le nombre de retirés croître de manière à infléchir le compartiment des infectés. Cette modélisation classique de l’épidémiologie est basée sur l’hypothèse que l’épidémie se terminera par l’équilibration du compartiment des retirés et le tarissement du compartiment des suspects et des infectés.
    En circonscrivant donc le compartiment des suspects aux non-vaccinés, en retirant d’office les vaccinés et en sous-évaluant les infectés par un manque de dépistage, il est probable qu’on se laisse surprendre par une vague devenue imprévisible. Si bien que pour désamorcer toute critique, le pouvoir politique change de discours. On parle déjà en Allemagne d’une « pandémie des non-vaccinés[6] » ; en Autriche, on ordonne de confiner les non-vaccinés[7]. À la première réduction de la pandémie à un phénomène épidémique nationale s’ajoute une seconde réduction du compartiment des suspects aux seuls non-vaccinés.
    Ainsi, alors même que les modèles épidémiologiques sont de moins en moins accrédités[8], il semble que leur structure fasse la part belle à une gestion politique des compartiments. Et si la vaccination permet en principe d’obvier la catégorie « infecté », la tant espérée immunité collective semble s’éloigner en raison de la baisse progressive de l’efficacité vaccinale[9]. La piqûre de rappel permettra-t-elle d’éviter une nouvelle fois la crise des hôpitaux ? Doit-on s’attendre au retour périodique de la crise ? Quoi qu’il en soit, le report de la date d’application du pass sanitaire à l’été 2022 s’annonce d’ores et déjà comme le prélude d’une géométrisation indéfinie des compartiments et de nos droits.
    La réduction des comportements
    Cette nouvelle forme de gouvernance, qui s’adjoint à l’usage du nudge, des influenceurs, des messages publicitaires, à la distanciation et à l’aménagement de l’espace-temps physique de nos activités engendre un réductionnisme physicaliste et probabilitaire des mécanismes comportementaux. L’autonomie du sujet semble irrémédiablement compromise. Au croisement des sciences cognitives et de l’épidémiologie, on évalue la probabilité d’apparition des bonnes conduites. La politique sanitaire devient alors le corrélat d’un conditionnement opérant par lequel s’efface la part raisonnable du jugement. De toute évidence, la rationalité se doit d’être instrumentalisée dans l’intérêt général. Et pour cela, il faut anticiper les conduites.
    Si on se réfère, pour illustrer cette nouvelle conception de l’agent, au modèle CovidSim de Ferguson et son équipe[10] (qui a guidé les gouvernements européens vers la mise en place du confinement général), on voit que la stabilisation de l’épidémie tient à l’évaluation et au contrôle stochastique de deux forces physiques[11]. Le comportement collectif varie ainsi selon la densité de population sous la forme d’une force communautaire (community force), propageant le virus par l’effet d’une action de masse, alors que le comportement individuel suit une force d’infection (infectivity force) variable selon l’âge des individus. Cette dernière permet d’évaluer le hasard de l’infection par le calibrage de la fréquence des rencontres des agents au domicile, à l’école, au travail et dans la société en général.
    Cette modélisation individu-centrée suppose la poursuite d’un équilibre stable entre des agents rationnels au moyen d’une physique des rapports sociaux allié à un calibrage stochastique des déplacements. Aussi spectaculaire que cela puisse paraître, l’échec de ce modèle met en exergue une erreur manifeste concernant la pensée humaine qui relève du réductionnisme. Toute considération pour l’altérité et la singularité des individus a disparu. Il s’agit bien d’une psychologie sans sujet et d’une sociologie sans socius. En effaçant le vécu des agents, pour ne s’intéresser qu’aux forces physiques qui conditionnent leurs activités et à la probabilité de leurs mouvements, la modélisation engendre un réductionnisme qui rend paradoxalement l’épidémie imprévisible.
    L’altérité au principe de la différence entre les décisions et les actions des individus n’est dès lors plus compréhensible. Comme l’indique à ce propos Simon Cauchemez, modélisateur à l’Institut Pasteur, « le problème est moins le virus lui-même que la prise en compte des comportements dans nos modèles[12] ». Il est évident que la complexité de l’individuation psychologique et sociale ne peut pas être comprise dans une telle modélisation. Aussi, la mise à l’écart, quasi-systématique, des sciences humaines et sociales dans la prise de décision sanitaire aura conduit au réductionnisme le plus creux : l’agent est réduit à un corps brut qui laisse prise à une brutalisation de ses facultés mentales.
    Transformer le laboratoire comportemental en laboratoire éthique
    Notre société ressemble de plus en plus à un laboratoire comportemental où s’inventent de nouvelles méthodes de contrôle social. Couplé à nos activités quotidiennes les plus banales, le contrôle opère ainsi selon une suite d’états discrets dans les bars, les restaurants, les salles de concert, les bureaux, les gares, les aéroports comme les hôpitaux, pour mieux nous orienter l’air de rien. En couplant nos appareils connectés à la synergie de nos vies, l’outil numérique s’élude et avec lui notre autonomie s’efface. En se confondant avec le choix social, le pass sanitaire est devenu peu à peu imperceptible, abstrait de toute contrainte.
    L’acceptation des normes par l’oubli relatif de l’outil confère à la conscience de l’utilisateur la satisfaction du choix social consenti. Lorsque le fonctionnement s’efface et qu’il se connecte parfaitement à l’agencement du monde, il se naturalise, comme si tout allait de soi. La synergie s’établit ainsi dans l’occultation des fonctions techniques du contrôle. En paramétrant les comportements, ces outils ouvrent une nouvelle voie pour l’application des politiques publiques. Le gouvernement pense alors parvenir à tout normaliser par un devenir imperceptible du contrôle, instrumentalisant le choix social du vivre-ensemble.
    Alors que la crise sanitaire aurait pu changer la société en laboratoire éthique, où la réflexion collective inventerait de nouvelles manières de considérer l’action juste, elle l’a réduit à un dispositif technologique aliénant. Et bien que la gestion de crise d’une pandémie engage une gestion statistique, administrative et sécuritaire, force est de constater que le comportement individuel et la coopération sociale échappent à cette circonscription des pouvoirs publics. L’ethos manque à toute modélisation comme, à toutes les mesures engagées par la santé publique. De sorte que c’est dans la part d’inconnu propre à l’autonomie et l’altérité que se joue la concrétisation de notre vivre-ensemble. La santé publique, si elle veut de nouveau tendre à une pérennisation de bonnes pratiques, doit reprendre contact avec sa perspective émancipatrice et sortir de l’illusion techniciste du contrôle.
    L’éthique doit, en ce sens, à nouveau tenir une place déterminante dans l’efficacité et la bonne application des normes. En les adaptant avec la réalité du terrain et au vécu des individus, la santé publique peut encore offrir à la société une perspective respectueuse de la personne et de ses droits. En favorisant les capabilités au principe de l’autonomisation individuelle et collective, il s’agit de valoriser la part de raison humaine qui échappe à tout modèle prédictif. Aussi un certain écart, voire un conflit, prend forme en silence au sein de la société civile entre la politique sanitaire fixe et impérative, et l’éthique sociale en adaptation permanente et libre.
    C’est, me semble-t-il, dans cet écart, qui entraîne nécessairement des conflits de valeurs, que naissent de nouveaux enjeux de société sur la manière la plus juste d’agir dans un monde en proie au risque indéfini de la ruine collective. La visée éthique de la santé publique doit participer à nouveau au renversement des valeurs qui se joue actuellement face à l’axiologie surannée d’une société réfractaire au progrès de la raison. C’est dans les lignes de fuite de ce système que se construit la part de raison qui échappe à la raison d’État.
    Mathieu Corteel
    Philosophe et historien des sciences, Chercheur associé à Sciences Po et à Harvard

    #Multitudes, #autonomie, #discernement, #covid

  • #Belgique : Suspicion de fraude dans une entreprise chargée du tracing en Flandre
    https://www.lalibre.be/belgique/societe/2021/11/28/suspicion-de-fraude-dans-une-entreprise-chargee-du-tracing-en-flandre-XMGIHE

    Il existe de fortes indications que l’un des call centers mis en place par les autorités flamandes pour le suivi des contacts (contact tracing) facture depuis près d’un an des prestations qui n’ont pas eu lieu, indique dimanche soir le journal Het Laatste Nieuws.

    https://www.lalibre.be/resizer/N7ygB1S2fM3V_G8nIjkd6vjJ794=/0x0:2555x1705/768x512/filters:quality(70):format(jpg)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/2LHTTFR4Q5ENVMACUKUFW25GLI.jpg

    Mifratel, une filiale de Yource qui collabore avec cinq autres entreprises pour le suivi des contacts en Flandre, aurait systématiquement laissé travailler des suiveurs de contacts sur d’autres projets mais aurait facturé les prestations au gouvernement flamand. Environ quarante de ces traceurs se seraient connectés chaque jour depuis mars sur la plateforme en ligne de recherche des contacts mais effectuaient d’autres missions.

    Les autorités paient 41,63 euros de l’heure pour un enquêteur de contacts. Ces quarante personnes totalisent des milliers d’heures et le montant pourrait dépasser un million d’euros.

    La maison mère Yource affirme qu’elle vérifiera tout et remboursera le montant « s’il a été facturé de manière incorrecte ».

    L’agence flamande Soins et Santé va porter plainte
    L’agence flamande Soins et Santé a annoncé qu’elle allait porter plainte après la publication de l’article du journal Het Laatste Nieuws. La collaboration avec l’entreprise a été immédiatement arrêtée et un audit externe a été commandé pour les autres entreprises du consortium.

    « Nous voulons enquêter de manière approfondie sur la méthode de travail et les fausses facturations de Yource devant les tribunaux et, si les soupçons de fraude sont confirmés, récupérer tous les paiements de fausses factures », a déclaré Dirk Dewolf, administrateur général de l’agence Soins et Santé.

    #escroquerie #pass_sanitaire #centres_d’appels #téléphonie #téléphone #technologisme #crise_sanitaire #sante #santé #coronavirus #sars-cov-2 #variant #covid #pandémie #vaccins #santé_publique #call_centers

  • Le nouveau #DPE et la loi Climat et Résilience font exploser les ventes de #passoires_thermiques
    https://www.banquedesterritoires.fr/le-nouveau-dpe-et-la-loi-climat-et-resilience-font-exploser-les

    Le site « Se Loger » publie une étude¹ sur les ventes de passoires thermiques, autrement dit de #logements classés E, F ou G au titre du nouveau diagnostic de #performance_énergétique (DPE). La loi Climat et Résilience du 22 août 2021 prévoit en effet une interdiction de mise en location de ces logements à partir de 2025 (logements classés G), 2028 (étiquettes F) ou 2034 (étiquettes E). Pas moins de 4,8 millions de logements sont concernés pour les seules catégories F et G.

    […] Selon Se Loger, les propriétaires bailleurs de passoires thermiques qui mettent un logement en vente manqueraient de moyens – malgré des dispositifs comme #MaPrimeRénov' – pour assurer la #rénovation_énergétique de leur bien et préfèreraient donc s’en débarrasser dès à présent, avant qu’ils deviennent interdits à la location. Selon une étude de Notaires de France, 47% des propriétaires (bailleurs ou non) de logements classés F ou G seraient employés, ouvriers ou retraités. Cette proportion serait de 44% pour les logements étiquetés E. Or, ce type de profil, notamment les personnes âgées, a beaucoup de mal à trouver auprès des banques de quoi boucler une opération de rénovation énergétique, qui se chiffre à plusieurs dizaines de milliers d’euros pour des passoires thermiques. Le « prêt avance rénovation » – issu du rapport d’Olivier Sichel, le directeur de la Banque des Territoires, sur la rénovation énergétique – devrait permettre de financer cette soudure avec la garantie de l’État, mais il ne sera pas opérationnel avant le début de 2022 (voir notre article du 2 septembre 2021).

    1. https://edito.seloger.com/actualites/france/loi-climat-resilience-boom-mises-vente-passoires-energetiques-article

  • Les Faucheurs volontaires d’OGM (69-42) contre le pass sanitaire
    https://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?article1605

    Nous avons reçu un communiqué des Faucheurs volontaires d’OGM (Rhône-Loire), qui exposent les raisons de leur refus du pass sanitaire, y compris lors d’événements « militants » ou politiques. Merci de faire circuler. ***** LE COLLECTIF DES FAUCHEURS VOLONTAIRES D’OGM RHÔNE-LOIRE SE POSITIONNE FACE AU PASS Les structures bienveillantes voire militantes qui poursuivent tant bien que mal leurs activités publiques nous appellent parfois à participer à leurs évènements. Nous tenons à les informer des motifs qui nous empêchent d’accepter toute invitation sous réserve de pass dit « sanitaire ». La plupart des Faucheurs-ses Volontaires d’Organismes Génétiquement Modifiés n’ont pas de pass car : – les vaccins exigés pour son obtention sont des produits génétiquement modifiés, classés OGM par la législation (...)

    #Nécrotechnologies
    https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/faucheurs_contre_pass_sanitaire.pdf

  • Migration de transit : #Belgique et #France appellent #Frontex à l’aide

    L’agence aux frontières extérieures pourrait fournir une surveillance aérienne pour identifier les embarcations tentant de traverser la #Manche depuis les côtes françaises.

    Et pourquoi ne pas aider le nord ? Dans le cadre des « #consultations_de_Val_Duchesse » – rencontre entre gouvernements français et belge sur les thématiques sécuritaires –, Sammy Mahdi, le secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration, a appuyé la #demande française d’un #renfort de l’agence des frontières extérieures, Frontex, pour surveiller la #côte_d’Opale. En cause : le nombre grandissant de traversées de migrants tentant de rejoindre l’Angleterre par la mer. En à peine deux jours, ce week-end, près de 250 personnes ont ainsi été secourues par les autorités alors qu’elles étaient en difficulté en mer. « Depuis le Brexit, la lutte contre la transmigration n’est pas devenue plus facile », a souligné le secrétaire d’Etat dans un communiqué. « Frontex apporte son aide dans le sud et l’est de l’Europe, mais devrait également le faire dans le nord. »

    Phénomène longtemps marginal, les traversées irrégulières de la Manche par bateau ont commencé à augmenter à partir de fin 2019 et n’ont pas cessé depuis. Un transfert s’expliquant probablement par la sévérité des contrôles des camions, par l’imminence du Brexit – dont le bruit courait qu’il aurait un impact sur la possibilité de franchir la frontière avec des contrôles douaniers systématiques – et peut-être par l’effet dissuasif du drame de l’Essex, lorsque 39 personnes avaient été retrouvées mortes dans un camion frigorifique. Mais aussi… par son taux de réussite. Depuis le début de l’année, la préfecture maritime Manche-mer du Nord a enregistré 1.231 tentatives de traversées impliquant plus de 31.500 personnes (certaines personnes ayant pu être impliquées dans plusieurs traversées). Seules un quart ont été interceptées et ramenées vers les côtes françaises. Et comme le Royaume-Uni a refusé de négocier un volet « réadmission » dans le cadre de l’accord du Brexit (pour remplacer le règlement Dublin), il doit gérer les personnes migrantes une fois débarquées.

    Pour les autorités belges, mais surtout françaises, le défi tient à l’immensité de la zone à surveiller. Alors que les départs avaient jusqu’à récemment lieu depuis les alentours de Calais, le point le plus proche de l’Angleterre, ils se sont dispersés vers le sud à mesure de la hausse des contrôles, allant jusqu’au Touquet, à 70 km de là. Ils sont en revanche toujours rarissimes côté belge. Les petites embarcations restent la norme – Decathlon a annoncé il y a quelques jours suspendre la vente de ses kayaks dans les magasins de Calais et Grande-Synthe, constatant un « détournement de leur usage sportif » –, signe de traversées autonomes. « Mais depuis 2019, avec la montée en puissance de réseaux criminels, voire mafieux, nous voyons des embarcations de plus en plus grandes et de plus en plus chargées, engendrant un effet de saturation ponctuelle. Les embarcations plus robustes, type voiliers ou chalutiers, restent plus anecdotiques », indique la préfecture maritime. Comprendre : les moyens de traversée les plus sûrs sont les plus rares. Or, la Manche est réputée être une autoroute de cargos, très dangereuse pour de petites embarcations la traversant.

    La France a déjà considérablement renforcé les moyens de surveillance et le travail de coordination pour mieux contrôler la côte, soutenue par une enveloppe de 62 millions d’euros promise par le Royaume-Uni. Un cadre opérationnel doit encore être déterminé pour définir l’intervention de Frontex : combien de temps, quels moyens humains, matériels… L’agence indique que la demande concerne du « soutien de surveillance aérienne ».

    « Ce serait la première fois que Frontex s’emploie à stopper les flux sortants au lieu de protéger les frontières extérieures contre les menaces extérieures », souligne le cabinet du secrétaire d’Etat Sammy Mahdi. « Mais si vous regardez les chiffres des départs en 2021, c’est une façon valable de penser. Si ce modèle continue à porter ses fruits avec les arrivées au Royaume-Uni, la transmigration sera difficile à arrêter. »

    https://www.lesoir.be/407906/article/2021-11-22/migration-de-transit-belgique-et-france-appellent-frontex-laide
    #asile #migrations #réfugiés #frontières #aide

    • Frontex deploys Danish surveillance aircraft over northern France

      Frontex has deployed a plane to support French and Belgian authorities trying to spot illegal boat crossing activity, a week after 27 migrants drowned when their dinghy deflated in the Channel, the European Union’s joint frontier force said.

      In a statement, Frontex said the plane, provided by Denmark had landed in Lille, northern France, adding the aircraft was equipped with modern sensors and radar to support land and sea border control.

      The deployment was decided during a meeting on Sunday in Calais between French Interior Minister Gerald Darmanin and some of his European counterparts, an event to which British Interior Minister Priti Patel had been disinvited following a letter from British Prime Minister Boris Johnson letter that angered Paris. (https://www.reuters.com/world/europe/france-says-it-will-not-be-held-hostage-by-british-politics-migration-2021-)

      France and Britain are at loggerheads over post-Brexit trading rules and fishing rights and last week relations soured further after 27 people died trying to cross the Channel.

      “The evolution of the situation in the Channel is a matter of concern. Upon the request from member States, Frontex deployed a plane in France to support them with aerial surveillance in just three days,” Frontex Director Fabrice Leggeri said.

      “We are starting with one plane, but we stand ready to reinforce our support if needed.”

      The aim of the operation on the coastline is to prevent the rising number of sea crossings.

      https://www.reuters.com/world/europe/frontex-deploys-danish-surveillance-aircraft-over-northern-france-2021-12-0

      #Danemark #militarisation_des_frontières

    • Le ministre de l’Intérieur @GDarmanin a annoncé la semaine dernière la mise en service d’un avion de l’agence #Frontex pour surveiller les traversées de migrants dans la Manche.

      Repéré par notre collègue @MickaelGoavec, l’appareil a commencé à survoler la zone aujourd’hui.

      Comment s’y prendre pour pister l’appareil ?
      La photo ci-dessus ne montre pas l’immatriculation.

      En cherchant sur Twitter on tombe sur un autre tweet du ministère @Interieur_Gouv et on devine les chiffres «  ??-080 ».

      En passant cette image dans Bing et en zoomant sur l’avion, on tombe sur plusieurs photos d’un appareil ressemblant fortement à celui évoqué par @GDarmanin.

      On peut alors récolter « l’empreinte » de l’avion :

      Immat. : C-080 de la Royal Danish Air Force
      Code ICAO/HEX : 45F422

      En poursuivant les recherches, on tombe sur cette note diffusée par le ministère des Affaires étrangères danois.

      Elle indique que l’avion a été envoyé par le #Danemark pour contribuer à l’opération Triton de lutte contre l’immigration illégale en Méditerranée en 2017.

      Comme beaucoup d’avions militaires et gouvernementaux, le parcours de vol est masqué sur la plupart des sites comme @flightradar24
      ou @flightaware
      .

      Le site @RadarBox24 montre un parcours partiel mais précise bien que les informations sont « bloquées ».

      Mais certains internautes l’ont déjà repéré avant qu’il n’atterrisse à Lille.

      Et d’autres sites, notamment @ADSBexchange, n’acceptent généralement pas les demandes des particuliers ou des organisations souhaitant masquer leurs avions des sites de tracking.

      On peut donc suivre le parcours de l’appareil de surveillance en direct sur ce site :
      https://globe.adsbexchange.com/?icao=45f422

      On remarque un « motif » de surveillance et une altitude basse, un peu moins de 400m.

      Il semble aussi s’attarder sur les dunes qui entourent les villes de #Dunkerque et #GrandeSynthe, où les migrants ont installé des campements.

      https://twitter.com/RevelateursFTV/status/1466745416045764614

    • Migrants dans la Manche : Frontex a la « possibilité de déployer des personnels au sol »

      Fabrice Leggeri, directeur exécutif de Frontex, a été auditionné ce mercredi 8 décembre devant la commission des affaires étrangères du Sénat. Il est revenu sur la « nouvelle opération » de #surveillance_aérienne dans la Manche, qui a commencé début décembre, ainsi que sur les différentes crises auxquelles fait face l’agence européenne. « On va vivre pour longtemps avec une pression migratoire forte », prévient-il.

      Entre la France et le Royaume-Uni, la tension reste forte sur la question de l’immigration depuis le naufrage, au large de Calais, d’une embarcation causant la mort de 27 personnes, le 24 novembre dernier. Hier, lors de son audition à la commission des Lois de l’Assemblée nationale, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a demandé, une fois de plus, au Royaume-Uni « d’ouvrir une voie légale d’immigration » pour réduire le nombre de traversées illégales entre les deux pays. Ce mercredi, Fabrice Leggeri, le directeur exécutif de Frontex, a détaillé devant les membres de la commission des affaires étrangères du Sénat la « #nouvelle_opération » de surveillance de l’agence européenne de #garde-côtes et #gardes-frontières dans la Manche. « L’#avion de Frontex est arrivé à Lille le 1er décembre et a commencé ses patrouilles [..]. Nous fournissons depuis quelques semaines des #images_satellitaires à la France - la Belgique est intéressée, les Pays Bas aussi - pour détecter quelques jours à l’avance des #préparatifs_de_départs, des activités de #passeurs ou de #trafiquants près de la #côte », indique-t-il.

      « Nous pouvons faire davantage » si des États le souhaitent

      Pour assurer la #surveillance des dizaines de kilomètres de côtes, en France, en Belgique ou même aux Pays-Bas, Fabrice Leggeri garantit que « nous pouvons faire davantage s’il y a un souhait [des pays] d’aller plus loin ». Outre « le #rapatriement et l’#éloignement des #étrangers_en_situation_irrégulière, nous avons la possibilité de déployer des personnels de gardes-frontières au #sol qui pourraient avoir des missions de surveillance en complément et sous la direction des autorités nationales ». Sans oublier le devoir d’information de l’agence si elle observe « des situations de détresse en mer ».

      Interrogé sur la tenue de discussions avec le Royaume-Uni pour pouvoir intervenir sur leur territoire, le directeur de Frontex pointe « un paradoxe. Nous sommes présents physiquement en Albanie, en Serbie, parce qu’il y a un accord entre l’Union Européenne et ces pays-là, mais il n’y en a pas le Royaume-Uni. Pas d’accord post-Brexit pour coopérer avec eux dans la Manche ». Et Fabrice Leggeri d’insister sur sa volonté de travailler « dans un cadre juridique. On ne peut pas faire du bricolage à la carte ».

      « Avoir un cadre juridique clair »

      Sur d’autres frontières, en Biélorussie, Pologne et Lituanie, le patron de Frontex – qui parle de « #menace_hybride, d’une instrumentalisation des migrants comme moyen de pression politique ou géopolitique - rapporte aussi « une incertitude juridique qui me préoccupe au moins autant que la force physique ». Il donne l’exemple d’une loi lituanienne, adoptée à l’été 2021 en réponse à l’afflux de migrants à sa frontière : « Certains disent que cette loi n’est pas conforme à l’ordre juridique de l’Union européenne. […] Il est important pour l’agence d’avoir un cadre juridique clair. Ce n’est pas le cas actuellement ».

      Au total, entre 2 000 et 2 200 personnels de Frontex sont déployés dans l’Union Européenne. Les plus grosses opérations ont, pour le moment, lieu en Grèce (400 personnels), Italie (200), Espagne (200) et en Lituanie (une centaine). L’objectif est d’atteindre les 10 000 agents en 2027. Qui seront les bienvenus, selon Fabrice Leggeri. Car en plus de la lutte contre la criminalité et la prévention des menaces terroristes, « on va vivre pour longtemps avec une #pression_migratoire forte. La démographie l’explique, les déséquilibres économiques aussi, accentués avec la #crise_sanitaire ».

      https://www.publicsenat.fr/article/parlementaire/migrants-dans-la-manche-frontex-a-la-possibilite-de-deployer-des-personn

    • Frontex en action dans la Manche : la Grande-Bretagne, une force d’attraction pour les réfugiés

      Le pilote danois #Michael_Munkner est de retour à la base après cinq heures et demie de vol au-dessus de la Manche.

      Il est commandant de l’avion « #Côte_d'Opale » dans le cadre de l’opération européenne Frontex. Depuis le naufrage d’un radeau qui a tué 27 demandeurs d’asile le mois dernier, il surveille la zone :

      « Je ne peux pas entrer dans le détail de ce que nous avons vu exactement, mais nous avons pris quelques photos que nous pouvons vous montrer des différents camps que nous surveillons en particulier à Calais et Dunkerque. Nous surveillons les camps pour voir, ce qu’ils font, s’ils se préparent à partir, et aussi bien sûr les plages pour voir s’il y a des départs. »

      L’agence Frontex a organisé des vols au-dessus de la zone à la demande de la France. La mission est censée durer jusqu’à la fin de l’année.

      Si les agents ont admis que des discussions sur le renouvellement de leur mandat étaient en cours, certains doutent de l’efficacité des mesures prises pour dissuader les personnes désespérées d’effectuer la traversée de la Manche.

      « Je pense que les gens tenteront la traversée. S’ils sont suffisamment désespérés, ils iront, quoi qu’il arrive. J’espère simplement que nous pourrons être là pour aider à éviter les pertes de vies humaines » explique Michael Munkner, le commandant du détachement Frontex pour la Manche.

      Elyaas Ehsas est un réfugié afghan. Il est d’accord pour dire que les exilés continueront de chercher à traverser par tous les moyens pour se rendre au Royaume-Uni, malgré les obstacles.

      « S’ils avaient une chance de rester dans leur pays d’origine, ils resteraient. Imaginez comme ça... quelqu’un dans votre pays vous prend tout, que feriez-vous ? »

      Elyaas a quitté l’Afghanistan il y a 6 ans. Après avoir vu sa demande d’asile rejetée par la Suède, il avait aussi pensé à faire la traversée de la Manche :

      « Une des raisons pour lesquelles les gens traversent et prennent beaucoup de risques, c’est à cause de l’accord de Dublin, ils se disent si je vais au Royaume-Uni, il n’y a pas de règlement de Dublin au Royaume-Uni à cause du Brexit. Le Royaume-Uni a quitté l’Union européenne, et donc il n’y a pas d’empreintes digitales. Au moins, ils peuvent rester là-bas pendant un certain temps et se reconstruire une nouvelle vie. »

      Le règlement de Dublin part du principe que les réfugiés bénéficient du même niveau de protection dans tous les États membres de l’UE, et qu’ils doivent demander l’asile dans le pays d’arrivée.

      Les 27 ont reconnu les limites du dispositif et promis de créer un nouveau système de gouvernance migratoire.

      Le mois dernier, Elyaas a pu faire une nouvelle demande d’asile, cette fois-ci en France. Mais son histoire n’est pas encore terminée. Il dit que si les autorités françaises rejettent sa demande, il poursuivra son voyage quelles qu’en soient les conséquences.

      https://fr.euronews.com/2021/12/17/frontex-en-action-dans-la-manche-la-grande-bretagne-une-force-d-attract

  • En #Pologne, la solidarité s’improvise au secours de #migrants « traités moins bien que des #animaux » - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/international/211121/en-pologne-la-solidarite-s-improvise-au-secours-de-migrants-traites-moins-

    À la frontière avec la Biélorussie, ils sont nombreux à s’engager pour sauver des vies. Simples résidents, activistes, médecins, juristes… ils ou elles agissent en réseau pour venir au secours des exilés refoulés par Minsk comme par la Pologne.

    Hajnówka (Pologne).– À l’origine, Grzegorz (prénom modifié) n’a pas grand-chose d’un activiste. Cet employé de la construction vivait jusqu’ici une existence tranquille, à l’orée des forêts de Podlachie en Pologne. Sauf que sa vie a basculé il y a quelques semaines, depuis que des réfugiés en provenance de #Biélorussie parcourent régulièrement les forêts non loin de chez lui. Et ce, même si les tentatives de #passage de la #frontière polonaise sont en baisse depuis qu’un camp de plusieurs milliers d’exilés du côté de la Biélorussie, formé le 8 novembre, s’est retrouvé déserté une semaine plus tard.

    « C’est vrai qu’il y a un peu moins de passages, mais il y en a encore », assure le trentenaire joint au téléphone. Grzegorz est de ceux qui pensent que la frontière doit être défendue, mais pas à n’importe quel prix. « Si les migrants sont déjà sur le territoire polonais, on ne peut pas les traiter comme des balles de ping-pong et les renvoyer en Biélorussie. Ça ne veut pas dire qu’ils doivent rester dans l’Union européenne, il existe des moyens civilisés de les renvoyer chez eux. En revanche, on doit mettre en place un système et leur permettre qu’ils reçoivent de l’aide. En lieu et place de cela, les migrants sont traités moins bien que les animaux en Pologne. D’ailleurs, on ne les enregistre nulle part », confie cet homme qui vit à proximité de Narewka et consacre désormais plusieurs heures hebdomadaires à la rescousse de réfugiés, sans disposer de l’aide psychologique nécessaire.

    En général, il se rend sur place après avoir reçu une géolocalisation de la part de bénévoles de Grupa Granica, un collectif qui aide les migrants en détresse en Pologne depuis août – soit le début de la crise migratoire qui touche la Pologne orientale. Parfois, Grzegorz se promène dans la forêt et rencontre par hasard ces exilés venus de Syrie, d’Afghanistan, d’Irak… ou encore d’Afrique subsaharienne. « La plupart des migrants que j’ai vus passer étaient affamés, assoiffés, trempés, leurs téléphones étaient sans batterie, certains avaient laissé leurs chaussures dans les marécages… J’ai vu des hommes pleurer et forcément ça fait quelque chose. Le plus dur, c’est quand on n’a aucune nouvelle de ces personnes. Parce que, mine de rien, on s’attache. » Pour Grzegorz, tout a commencé à la mi-octobre, à la suite d’un refoulement dont il a été témoin.

    La Pologne pratique depuis le début de cette crise - orchestrée par le régime de Minsk – un refoulement quasi systématique des migrants qu’elle parvient à intercepter à sa frontière avec son voisin, qu’ils soient éligibles à une protection - ou non – au sein de l’Union européenne. Ces refoulements ont été légalisés en août par le biais d’une ordonnance du ministère de l’intérieur, ainsi qu’avec l’entrée en vigueur d’un amendement à la loi sur les étrangers, le 23 octobre.

    « Tout au début, j’ai rencontré une famille kurde. J’ai consenti à être leur représentant légal dans le cadre d’une demande d’asile. Les gardes-frontières sont arrivés, je leur ai tout expliqué. Ils m’ont promis que la famille serait conduite au poste des gardes-frontières pour y effectuer la procédure. Ça a été un choc quand ces Kurdes m’ont annoncé par messagerie qu’ils étaient en Biélorussie et qu’ils avaient froid et soif. »

    Au départ, le trentenaire ne connaît personne mais réussit rapidement à obtenir des provisions de la part d’un internaute, qui faisait une collecte sur le Web pour les exilés. Puis il entre en contact avec les divers réseaux d’aide aux migrants actifs en Podlachie, dans l’est de la Pologne, et estime depuis avoir assisté environ deux cents personnes en l’espace d’un mois. Le week-end du 13 novembre, Grzegorz vient même au secours d’un groupe de 80 personnes. « On n’avait pas assez de provisions, alors je suis passé au centre d’aide de Michalowo, là n’importe quel bénévole peut se ravitailler. »

    À Michałowo, près de l’école, c’est dans plusieurs conteneurs que des bénévoles de WOSP - une organisation caritative polonaise - se relaient toutes les douze heures depuis le 5 novembre. Et cette municipalité de 6 000 habitants fait figure d’exemple en matière d’aide aux exilés. « Cela fait trois mois qu’a commencé la crise migratoire à Michałowo », précise Konrad Sikora, adjoint au maire. « Cet été, nos pompiers ont aidé à extraire des migrants coincés dans un marécage. Les habitants aidaient déjà par ailleurs les migrants. Mais nous avons compris qu’il n’y avait pas de temps à perdre, que les températures chuteraient vite. L’ensemble du conseil municipal a ainsi donné son accord pour que Michałowo mette en place un centre d’aide pour migrants, inauguré le 4 octobre dans notre caserne de pompiers, continue le quadragénaire. Honnêtement, on n’a rien fait de spécial et ça ne coûte pas grand-chose. »

    Rapidement, les pompiers bénévoles des hameaux rattachés à la commune de Michałowo, dont celui de Jałówka, situé dans la zone d’état d’urgence, rejoignent le mouvement, laissant eux aussi la porte de leurs locaux ouverte aux réfugiés. Et les pompiers de la caserne municipale de Michałowo se sont mis à faire des maraudes tous les deux jours, à la recherche de migrants aux prises avec le froid, la faim ou une condition physique dégradée.

    L’aide des habitants comme celle de Grzegorz est d’autant plus cruciale que sur une bande de 3 km de large, le long de 400 km de frontière avec la Biélorussie, la Podlachie vit sous état d’urgence depuis le 2 septembre. Les médias comme les ONG n’y ont pas accès. Seuls les résidents peuvent y pénétrer en montrant patte blanche aux checkpoints. Quand l’état de santé des migrants s’avère précaire, ses habitants sont alors en proie à un dilemme cornélien : d’une part, les ambulances (seule institution médicale autorisée à accéder à la zone sous état d’urgence) sont escortées par les forces de l’ordre ; d’autre part, il n’est pas rare qu’après une hospitalisation, les gardes-frontières escortent les anciens patients à la frontière bélarusse.

    C’est pour venir en renfort des ambulances mais également agir en toute discrétion qu’a été formé en octobre « Médecins à la frontière », un collectif bénévole de médecins qui a dû abréger sa mission pour cause de vandalisme. Les professionnels de PCPM – une équipe d’intervention humanitaire polonaise qui a fait ses preuves dans le monde entier – ont alors repris le flambeau. Mais ses médecins bénévoles se heurtent également à l’accès prohibé à la zone.

    Une chose est sûre cependant, si ce n’était cette solidarité mise en place à la frontière et les opérations de sauvetage pilotées notamment par Grupa Granica, où des bénévoles arrivent avec thé chaud, soupe, eau, vêtements, chaussures, couvertures thermiques, il y aurait eu bien plus de décès que la dizaine officiellement rapportée.

    « Je crains qu’il n’y ait bien plus de corps sans vie dans la zone d’état d’urgence notamment et dans les recoins marécageux. C’est ce que nous rapportent les résidents. C’est aussi pour cela que les autorités polonaises ont “besoin” de cette zone, pour mieux cacher ce qui s’y passe », ajoute Agata Kołodziej, employée d’Ocalenie, une organisation déployée sur le terrain hors zone d’état d’urgence et membre de Grupa Granica.

    À l’extérieur de la maison de Kamil Syller, une lumière verte scintille de nuit. Ce juriste, qui vit avec sa compagne et sa fille à quatre kilomètres de la frontière, a eu l’idée à la mi-octobre de signaler ainsi sa main tendue aux migrants, une initiative qui a été depuis répliquée dans toute la Pologne. « L’idée m’est venue lors d’une première intervention où j’ai vu des Médecins à la frontière sauver une femme en situation d’hypothermie. J’ai alors compris l’urgence de la situation », témoigne ce quarantenaire qui offre repas chaud, rechargement de téléphone, vêtements aux migrants toquant à sa porte. Lui et sa compagne partent également en expédition dans les forêts, équipés de ravitaillement, mais aussi de caméra infrarouge, afin de repérer toute personne sans force ou qui craindrait les forces de l’ordre.

    Bon tout de même hein, Grzegorz fait remarquer que : "il existe des moyens civilisés de les renvoyer chez eux". Ah bon ok...

  • « Que n’ont-ils pas fait pour nous contraindre ? S’arroger tous les pouvoirs en créant un état d’urgence sanitaire dès le début de la pandémie afin de passer au dessus des lois. Amplifier les chiffres du Covid et les aligner tous les jours sans remise à zéro annuelle du « compteur » (avec une prime en cas de décès Covid pour les hôpitaux ou de consultation pour les médecins de ville). Interdiction des traitements précoces par les médecins de ville. Administration du Rivotril à nos anciens en EHPAD afin qu’ils partent plus vite et n’encombrent pas les urgences… Obligation du port du masque en extérieur et même sur la plage allant même jusqu’à poursuivre quelques malheureux randonneurs par hélicoptère ou personnes isolées dans le bois d’un petit village. Aucune augmentation du nombre de lits de réanimation, de personnels soignants, de matériel médical. Verrouillage de tous les médias : journaux, TV. Censure de toutes les voix qui ne sont pas dans la droite ligne du discours unique officiel avec l’aide des Facebook, YouTube et autres. Pourchasser et démettre de leur fonction les médecins et scientifiques récalcitrants même nos plus grands, reconnus dans le monde entier. Organiser la délation en favorisant les appels anonymes pour les fêtes privées à plus de six personnes. Invention du mot « complotiste », « conspirationniste », « antivax », etc. Levée du secret médical afin d’aller chercher nominativement chacun qui ne sera pas encore vacciné. »

    #passe_sanitaire #pass_sanitaire #vaccination #coronavirus #obligation_vaccinale #Covid19 #Covid_19

    https://appelantigone.over-blog.com/2021/08/que-n-ont-ils-pas-fait-pour-nous-contraindre.html

  • #Belgique : 64% des personnes hospitalisées sont vaccinées, pourtant le vaccin fonctionne
    https://www.lalibre.be/belgique/societe/2021/11/05/coronavirus-les-personnes-non-vaccinees-sont-surrepresentees-aux-soins-inten

    Ce vendredi le commissaire corona Pedro Facon a donné des précisions sur l’effet de la vaccination en Belgique.
    Quels sont les effets de la vaccination sur les contaminations au Covid-19, les hospitalisations et le nombre de patients en soins intensifs ? Lors d’une longue conférence de presse, Pedro Facon et Steven Van Gucht ont détaillé les derniers chiffres publiés par Sciensano.

    . . . . . .
    Vaccination et hospitalisations
    Pedro Facon s’est ensuite focalisé sur les hospitalisations. Selon les chiffres donnés ce vendredi matin par Sciensano, 64% des nouveaux hospitalisés entre le 21 octobre et le 3 novembre étaient vaccinés.

    Malgré ce pourcentage élevé, les données de Sciensano prouvent l’efficacité vaccinale."Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Pour les 18 à 64 ans, il y a jusqu’à 9 fois moins d’hospitalisations chez les personnes vaccinées. Pour les 65 à 84 ans, il a eu jusqu’à trois fois moins d’hospitalisations chez les personnes vaccinées. Au-delà de 85 ans, les observations vont dans le même sens, mais sont moins importantes", a-t-il observé.
    . . . . .
    Pour les plus de 65 ans : 82 % des personnes hospitalisées sont vaccinées, 18 % ne le sont pas.

    Ces chiffres montrent deux choses. Premièrement, que l’état de santé et l’âge sont des variables clés pour comprendre les risques liés au Covid-19. Le vaccin protège moins bien les personnes âgées de plus de 65 ans. . . . . .

    #covid-19 #santé #coronavirus #sante #confinement #crise_sanitaire #vaccination #pandémie #variant #santé_publique #sars-cov-2 #passsanitaire

  • 06.11.2021 : Ventimiglia, cadavere nel burrone. Iniziato il recupero

    Si tratta probabilmente di un migrante precipitato dal passo della morte.

    Sono iniziate stamani le operazioni di recupero del corpo avvistato ieri sera nel dirupo sottostante il cosiddetto “passo della morte”, a Ventimiglia.

    A recuperare la salma, probabilmente appertenente ad un migrante, saranno i vigili del fuoco del nucleo Saf (Speleo Alpino Fluviale) con l’ausilio di un’autoscala.

    https://www.riviera24.it/2021/11/ventimiglia-cadavere-nel-burrone-iniziato-il-recupero-725159/?share_from=facebook

    #mourir_aux_frontières #frontière_sud-alpine #asile #migrations #réfugiés #mort #décès #Alpes #Vintimille #Italie #France #frontières #passo_della_morte

    –—

    ajouté au fil de discussion sur les morts à la frontière de Vintimille :
    https://seenthis.net/messages/784767

    lui-même ajouté à la métaliste sur les morts aux frontières alpines :
    https://seenthis.net/messages/758646

    • Migranti, trovato cadavere sul ‘Passo della Morte’ tra Italia e Francia

      Un corpo è stato avvistato, nella tarda serata di ieri, in una gola sotto il Passo della Morte, in frazione Mortola di Ventimiglia, il sentiero scosceso solitamente utilizzato dai migranti per espatriare in Francia.

      Questa mattina sono iniziate le operazione per il recupero della salma, segnalata da un escursionista di passaggio che ha notato il corpo in fondo alla scarpata: sul posto anche i vigili del fuoco che hanno aiutato con i propri mezzi a raggiungere il cadavere.

      Al momento sono in corso le operazioni per identificare il corpo, in modo da risalire alle cause dell’incidente e quindi ricostruire la vicenda.

      https://www.genova24.it/2021/11/migranti-trovato-cadavere-sul-passo-della-morte-tra-italia-e-francia-282523

  • Des sénateurs recommandent « la dictature, si elle sauve des vies »

    Établir une dictature numérique en cas de crise grave, c’est la proposition choc des sénateurs, dans un rapport de la délégation sénatoriale à la prospective. Se basant sur les succès de pays asiatiques dans le contrôle de l’épidémie via des outils numériques contraignants, nos politiciens incapables de contrôler une simple frontière, rêvent d’une société de flicage pour sauver nos libertés en cas de crise grave.

    https://www.youtube.com/watch?v=LNTdc92FIWg

    RAPPORT D’INFORMATION FAIT au nom de la délégation sénatoriale à la prospective (1) sur les crises sanitaires et outils numériques : répondre avec efficacité pour retrouver nos libertés, https://urlz.fr/gIt1
    Qu’est-ce que la Crisis Data Hub, cette plateforme de récolte des données qui effraie sur les réseaux sociaux https://urlz.fr/gIt2
    Le projet de Crisis Data Hub un angoissant glissement progressif vers la société de surveillance https://urlz.fr/gIt3
    En France, la tentation de créer une société sous surveillance https://urlz.fr/gIt4
    Des sénateurs plaident pour une surveillance intrusive en cas de crise - Basta ! https://urlz.fr/gIsZ
    Covid-19 des salariés équipés d’un collier qui sonne en cas de rapprochement trop marqué https://urlz.fr/gIt6
    Passe sanitaire prolongé le Sénat vote un texte profondément remanié https://urlz.fr/gIt7
    Prolongation du passe sanitaire le texte adopté en première lecture à l’Assemblée https://urlz.fr/gIt8
    Comment des pass sanitaires valides de Bob l’éponge ou Adolf Hitler ont-ils pu se retrouver en ligne https://urlz.fr/gIt5

    #France #passsanitaire #covid-19 #santé #coronavirus #sante #confinement #crise_sanitaire #vaccination #pandémie #variant #santé_publique #sars-cov-2

  • Vaccin obligatoire : en Guadeloupe, un « absentéisme massif » des soignants à l’hôpital
    https://www.lavoixdunord.fr/1093895/article/2021-11-03/vaccin-obligatoire-en-guadeloupe-un-absenteisme-massif-des-soignants-l-

    La direction du CHU de la Guadeloupe a dénoncé mercredi un « taux d’absentéisme massif » parmi ses personnels, en soupçonnant « des arrêts de complaisance » et la conduisant à envisager de « saisir le Conseil de l’ordre des médecins ».


    Les arrêts de travail se multiplient depuis quelques jours au CHU de Guadeloupe. - AFP

    Selon les autorités hospitalières de Guadeloupe, le taux d’absentéisme « avoisine dans certains services soignants 30 % » avec des arrêts de travail qui se multiplient depuis quelques jours. Le centre hospitalier guadeloupéen https://www.lci.fr/societe/covid-19-vaccination-obligatoire-le-chu-de-guadeloupe-condamne-des-operations-co souligne toutefois « un taux de conformité de plus de 80 % aux obligations vaccinales » des personnels de l’établissement, contre 30 % mi-septembre.

    « Le nombre d’arrêts maladie observés depuis le 25 octobre est anormalement élevé en cette période, par comparaison avec les périodes identiques des années passées », a souligné le directeur du CHU, Gérard Cotellon, en décelant un « absentéisme inexplicable autrement que par des arrêts de complaisance ».

    Selon lui, « le CHU est contraint de mutualiser plusieurs services chirurgicaux et médicaux dans le cadre d’un Plan de continuité de ses activités ». Il a par ailleurs appelé « tous les professionnels de santé prescripteurs à assumer pleinement les responsabilités » et s’est réservé « le droit de saisir le Conseil de l’ordre des médecins et la Caisse Générale de Sécurité Sociale de la Guadeloupe de cette situation ».

    « Tout le monde tombe malade à la même date »
    Le directeur adjoint du CHU de Pointe-à-Pitre/Abymes, Cédric Zolezzi, a ironisé auprès de l’AFP : « C’est très étonnant que tout le monde tombe malade à la même date dans des proportions pareilles ». « On peut imaginer des gestes de solidarité ou de protestation quand bien même ces personnes seraient en règle pour ce qui les concerne personnellement », a-t-il poursuivi, alors que la situation sociale en Guadeloupe s’est tendue ces dernières semaines sur fond de contestations de l’obligation vaccinale des soignants https://www.20minutes.fr/sante/3160491-20211029-coronavirus-guadeloupe-vaccination-avance-pass-sanitaire- .

    Environ 600 d’entre eux ont été suspendus, sur 3 300 agents, a précisé Cédric Zolezzi, en faisant valoir que des régularisations avaient également lieu « chaque jour », mettant fin aux suspensions. « Ils ont la monnaie de leur pièce » car « 80 % des personnes qui ont été se faire vacciner l’ont été sous la contrainte », a pour sa part commenté Gaby Clavier, délégué syndical de l’UTS UGTG au CHU, interrogé par l’AFP.

    #Guadeloupe #Grève #médecine #médecins #doctoresse #docteurs #passsanitaire #covid-19 #santé #coronavirus #sante #confinement #crise_sanitaire #vaccination #pandémie #variant #santé_publique #sars-cov-2

  • Le gouvernement a-t-il réintégré les autotests au pass sanitaire, comme l’exige le Conseil d’État ?
    https://www.lci.fr/sante/pass-sanitaire-les-autotests-ont-ils-ete-reintegres-par-le-gouvernement-comme-l-

    Dépistage - Le candidat à la présidentielle Jean-Frédéric Poisson affirmait mardi que les autotests n’étaient toujours pas valides pour utiliser le pass sanitaire malgré une décision du Conseil d’État du 29 octobre en ce sens. Côté gouvernement, les choses ont finalement bougé ce jeudi 4 novembre.

    Les autotests, persona non grata du pass sanitaire ? Mardi 2 novembre, le candidat à la présidentielle Jean-Frédéric Poisson a accusé le gouvernement de ne pas s’être mis en conformité avec la récente ordonnance du Conseil d’État au sujet des autotests, retirés du pass le 15 octobre par le gouvernement.

    Voici ce qu’il a affirmé en substance, sur son compte Twitter : « Je constate, grâce à vos très nombreux témoignages, que l’ordonnance du Conseil d’État réintroduisant les autotests supervisés comme test ouvrant droit au passe-sanitaire n’a pas été suivi d’exécution par le Gouvernement. Je viens donc de saisir le service contentieux ad hoc . »

    Tel qu’indiqué, l’opposant au pass sanitaire a d’ailleurs écrit le jour même au Premier ministre, demandant à ce que « cette décision soit appliquée dans les plus brefs délais, que les autotests soient disponibles et permettent aux Français qui les font d’obtenir le passe-sanitaire qu’on les oblige à avoir ». De fait, le Conseil d’État a bien demandé au gouvernement de considérer de nouveau les autotests comme des preuves pour présenter un pass sanitaire.

    Une décision à exécuter « sans délai »

    Dans une ordonnance du 29 octobre, non publiée mais que nous avons pu consulter, le juge administratif approuve la fin de la gratuité des tests dits « de confort » pour les personnes non-vaccinés tout en suspendant le décret du 14 octobre qui avait invalidé le recours aux autotests pour le pass sanitaire. « Le ministre de la Santé n’invoquant (…) aucune raison de nature à justifier cette suppression ou à faire obstacle à la suspension de son exécution, l’application du décret litigieux est de nature à porter une atteinte grave et immédiate à la situation des requérants et aux intérêts qu’ils entendent défendre », justifie le Conseil d’État.

    Les autotests finalement intégrés ce jeudi 4 novembre

    Interrogé sur un éventuel délai accordé au gouvernement pour se mettre en conformité, le service de communication du Conseil d’État nous indique qu’il s’agit ici d’"une décision de justice, qui doit être exécutée sans délai".

    Mercredi, rien n’avait changé dans la communication gouvernementale et le site officiel d’information sur l’épidémie, « Info Coronavirus Covid-19 », qui n’avait pas été mis à jour depuis le 22 octobre, soit sept jours avant l’ordonnance du Conseil d’État. Ce mercredi 3 novembre en fin de journée, on y lisait toujours que « depuis le 15 octobre, les autotests réalisés sous la supervision d’un professionnel de santé ne sont plus reconnus comme preuves pour le pass sanitaire ».

    Les choses ont manifestement bougé ce jeudi 4 novembre en milieu de journée. SI-DEP, l’outil numérique du dépistage, signale désormais sur son site : « à compter du 3 novembre 2021 à partir de 19h30, la saisie dans #SI-DEP des #autotests réalisés sous la supervision des professionnels de santé habilités sera rétablie et, sur résultat négatif, permettra de délivrer un #pass-sanitaire. »

  • Frida, médecin généraliste, témoin privilégiée
    https://www.kairospresse.be/frida-medecin-generaliste-temoin-privilegiee

    La vidéo en MP4 : https://www.kairospresse.be/video/ITW%20Frida.mp4

    Dès le début de la crise du covid, plus politique que sanitaire, les médecins généralistes, ceux qui connaissent le mieux leurs patients, ont été mis de côté. A ce moment, de toute sa carrière, Frida, exerçant à Valence, n’aura jamais eu si peu de patients. Derrière le rideau de fumée médiatique, elle a pu voir ce qui se passait dans le réel. Par son discours, elle nous ramène à l’essentiel : cette société est malade, à tous les niveaux, et nombreux ne veulent plus que cela continue.

    Il faut recréer le rapport à soi, aux autres et à la nature.

    #témoignage #soins #médecine #médecins #doctoresse #docteurs #paracétamol #passsanitaire #covid-19 #santé #coronavirus ##sante #confinement #crise_sanitaire #vaccination #pandémie #surveillance #variant #santé_publique #sars-cov-2 #kairos

  • #détournement : Les trois doses (Part.1)
    https://www.youtube.com/watch?v=GLdowgvx7lI


    Didier, Bernard et Pascal ont fait leur 2 doses (plus ou moins réellement pour certains) afin d’avoir le précieux sésame et retrouver leur « libertés », ils viennent le récupérer mais tout ne se passe pas comme prévue...

    Les trois doses (Part.2)

    https://www.youtube.com/watch?v=5J5Cfld5Qf8

    Après avoir essuyé le refus du pass sanitaire car ils n’ont pas de 3ème dose d’injection expérimentale, Didier et Bernard ont noyé leur déception dans l’alcool. Didier rentre chez ses futurs beaux-parents, mais la goutte de trop arrive...

    Film : Les trois frères
    Date de sortie : décembre 1995
    De Bernard Campan,
    Didier Bourdon
    Par Didier Bourdon, Bernard Campan
    Avec Didier Bourdon, Bernard Campan, Pascal Légitimus
    Pathé

    #passsanitaire #covid-19 #santé #coronavirus #france #sante #confinement #crise_sanitaire #vaccination #pandémie #surveillance #variant #santé_publique #sars-cov-2