Leur rythme dans ma peau
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Dans le fim Un jour sans fin (1993), chef-d’œuvre d’Harold Ramis, Bill Murray se réveille, jour après jour, dans le même monde. Coincé avec horreur dans la routine d’un travail qu’il déteste. Privé, pour l’éternité, de vacances. Cette satire de la répétitivité du quotidien fascine parce qu’elle ressemble à l’expérience vécue. Et qu’elle s’en distingue immédiatement : notre monde est rythmé, et le cycle journalier, dans lequel est coincé Murray, n’en est qu’un parmi de nombreux autres. Pour nous, mortels, chaque moment diffère de l’autre : il n’y a eu qu’un seul 12 décembre 2012 à 12 h 12. Mais pour la société, au contraire, chaque jour se reproduira de manière cyclique.
Le sociologue Marcel Mauss, dans son Essai sur les variations saisonnières des sociétés eskimos (1904), s’était intéressé aux changements, entre l’hiver, où la vie est collective dans les igloos, et l’été, où la société est moins concentrée. « La vie sociale ne se maintient pas au même niveau aux différents moments de l’année ; mais elle passe par des phases successives et régulières d’intensité croissante et décroissante, de repos et d’activité, de dépense et de réparation. »