person:henri alleg

  • ENLEVÉS, DÉTENUS CLANDESTINEMENT, TORTURÉS ET PARFOIS ASSASSINÉS PAR L’ARMÉE FRANÇAISE

    Alger 1957 - des Maurice Audin par milliers
    http://1000autres.org/sadeg

    Il y eut alors des Maurice Audin par milliers…
    C’est massivement que des hommes et des femmes ont été enlevés, détenus au secret, torturés, et pour certains l’objet d’exécutions sommaires. La seule victoire des responsables de cette terreur, ces « seigneurs de la guerre aux terrifiants caprices », selon les mots de Jean-Paul Sartre dans L’Express, à la publication de La Question d’Henri Alleg, est l’ignorance par l’opinion française de son bilan humain véritable et des noms mêmes de ceux qui ne sont jamais réapparus. Comme pour toutes les répressions de masse en situation coloniale, le statut politique des Algériens autorisait à la fois le recours à des méthodes universellement réprouvées au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et l’absence complète d’attention au nombre et à l’identité des victimes. « Français musulmans » colonisés, sous-citoyens racisés, tout juste sortis officiellement de l’indigénat et dénués d’une existence politique réelle, ils étaient collectivement suspects de complicité avec une « rébellion » qualifiée d’« antifrançaise ». Ils formaient une population dépourvue de recours judiciaire et politique et de moyens d’alerter une opinion française peu disposée à s’inquiéter de leur sort. Quelques cas ont eu un écho. Ceux de Maurice Audin, d’Henri Alleg et de l’avocat algérien Ali Boumendjel, connu de juristes parisiens, torturé et « suicidé » par ses geôliers. Mais pas les autres, restés des invisibles dont le sort n’est jamais devenu une « affaire française ».
    Un vrai républicain, Paul Teitgen, secrétaire général à la préfecture d’Alger, tenta, selon les mots de Pierre Vidal-Naquet, de « comptabiliser les vivants et les morts, ou plutôt les survivants et les disparus ». Mais les « 3 024 disparus » qu’il dénombra dans l’exercice de ses fonctions ne sont qu’un ordre de grandeur plausible, le sort des personnes enlevées par l’armée lui étant largement dissimulé par les militaires.

  • Alger 1957 - des #Maurice_Audin par milliers

    Après soixante et un ans, le Président de la République française a reconnu officiellement que Maurice Audin a été torturé par des militaires qui l’avaient arrêté à son domicile et que sa mort a été rendue possible par un système légalement institué qui a favorisé les disparitions. Pour tous ceux qui ont lutté depuis 1957 pour faire reconnaître la vérité, c’est une grande victoire — posthume pour l’historien Pierre Vidal-Naquet, le mathématicien Laurent Schwartz, les universitaires Madeleine Rebérioux et Gérard Tronel, engagés dans le Comité Maurice Audin (1957-1963) puis, depuis 2002, dans l’Association Maurice Audin.
    Le meurtre de ce jeune mathématicien de 25 ans, grossièrement maquillé en évasion, fut loin d’être un cas isolé. Ce fut l’un des nombreux cas d’enlèvement, séquestration, torture, suivis souvent de mort, produits, à Alger, de janvier à septembre 1957, par un véritable système de terreur militaire délibérément instauré et rendu possible par des dispositions législatives adoptées par les institutions de la République française. Algérien d’origine européenne, Maurice Audin s’était rangé, avec le parti communiste algérien, du côté de la lutte d’indépendance de ce pays, dans un moment où l’ensemble de la population autochtone d’Alger était la cible d’une terreur visant à la dissuader de faire ce choix et à la maintenir par force sous la domination coloniale.
    Il y eut alors des Maurice Audin par milliers…
    C’est massivement que des hommes et des femmes ont été enlevés, détenus au secret, torturés, et pour certains l’objet d’exécutions sommaires. La seule victoire des responsables de cette terreur, ces « seigneurs de la guerre aux terrifiants caprices », selon les mots de Jean-Paul Sartre dans L’Express, à la publication de La Question d’Henri Alleg, est l’ignorance par l’opinion française de son bilan humain véritable et des noms mêmes de ceux qui ne sont jamais réapparus. Comme pour toutes les répressions de masse en situation coloniale, le statut politique des Algériens autorisait à la fois le recours à des méthodes universellement réprouvées au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et l’absence complète d’attention au nombre et à l’identité des victimes. « Français musulmans » colonisés, sous-citoyens racisés, tout juste sortis officiellement de l’indigénat et dénués d’une existence politique réelle, ils étaient collectivement suspects de complicité avec une « rébellion » qualifiée d’« antifrançaise ». Ils formaient une population dépourvue de recours judiciaire et politique et de moyens d’alerter une opinion française peu disposée à s’inquiéter de leur sort. Quelques cas ont eu un écho. Ceux de Maurice Audin, d’Henri Alleg et de l’avocat algérien Ali Boumendjel, connu de juristes parisiens, torturé et « suicidé » par ses geôliers. Mais pas les autres, restés des invisibles dont le sort n’est jamais devenu une « affaire française ».
    Un vrai républicain, Paul Teitgen, secrétaire général à la préfecture d’Alger, tenta, selon les mots de Pierre Vidal-Naquet, de « comptabiliser les vivants et les morts, ou plutôt les survivants et les disparus ». Mais les « 3 024 disparus » qu’il dénombra dans l’exercice de ses fonctions ne sont qu’un ordre de grandeur plausible, le sort des personnes enlevées par l’armée lui étant largement dissimulé par les militaires.
    C’est dans ce contexte qu’une archive publique devenue accessible en 2017, sur laquelle a travaillé Fabrice Riceputi, est importante. Ce fichier, conservé aux Archives nationales d’Outre-mer (ANOM) depuis la fin de la guerre d’Algérie, dans le fonds d’un service de la préfecture d’Alger, fournit des informations sur une partie conséquente de la masse anonyme des « humiliés dans l’ombre », selon les mots de Paul Teitgen à Robert Lacoste, de la Grande répression d’Alger, appellation préférable à celle, impropre, de « bataille d’Alger ». C’est la source essentielle qui nous permet de publier ici des données sur plus d’un millier d’Algéroises et Algérois dont nous savons trois choses : ils furent arrêtés au cours de l’année 1957 par l’armée française ; leurs proches réclamèrent aux autorités de connaître leur sort, très souvent en vain ; beaucoup furent torturés et certains ne reparurent jamais.
    Librement consultables, environ 850 « fiches de renseignement » remplies entre la fin février et le début d’août 1957 sont ce qui subsiste du fichier du Service des liaisons nord-africaines (SLNA). En septembre 1958, selon un bilan statistique conservé, il en aurait compté 2 049. A ces cas, nous avons ajouté plus d’une centaine d’autres provenant de sources différentes. En particulier du « Cahier vert », publié dans Témoignages et documents en octobre 1959, puis la même année dans Les Temps modernes et aux éditions La Cité, à Lausanne. Et de l’ouvrage L’Affaire des enseignants d’Alger, édité en 1958 par le Comité de défense des enseignants, qui contient de nombreuses plaintes officielles d’européens, communistes ou chrétiens progressistes, victimes et témoins de tortures, en mars et avril 1957, dans l’un des principaux lieux de terreur, la Villa Sésini.
    D’où les plus de mille notices individuelles que nous rendons publiques au lendemain de la déclaration présidentielle du 13 septembre 2018 au sujet du sort de Maurice Audin et de l’institutionnalisation de la torture durant la guerre d’Algérie. Ces notices portent sur des personnes enlevées et séquestrées à Alger, en 1957, dont les proches ont cherché à avoir des nouvelles et dont certaines ne sont jamais réapparues. Leur nombre ne manquera pas de s’accroître lorsque d’autres cas documentés nous seront signalés. Cette publication est aussi un #appel_à_témoignages, notamment vers une #mémoire familiale que nous savons encore vive.
    Puisse ce site contribuer à rendre justice à ces personnes et à mieux faire connaître un pan d’histoire trop longtemps occulté.


    http://1000autres.org
    #Algérie #guerre_d'Algérie #histoire #disparitions #archive #exécutions #torture #France #mémoire_familiale

    cc @reka @albertocampiphoto

  • SYRIE : quand les pyromanes impérialistes crient de nouveau au feu !
    https://www.initiative-communiste.fr/articles/international/syrie-pyromanes-imperialistes-crient-de-nouveau-feu

    Tandis que la Turquie, à l’aide des tanks allemands et le soutien de l’OTAN, écrase depuis des semaines Afrine sous les bombes, que l’Arabie Saoudite …

    #Médias

    • Tandis que la Turquie, à l’aide des tanks allemands et le soutien de l’OTAN, écrase depuis des semaines Afrine sous les bombes, que l’Arabie Saoudite extermine les femmes et les enfants du Yemen avec des armes dont certaines livrées par la France, les médias en France n’ont d’inquiétude que pour “la Goutha” en Syrie. Une enclave majoritairement contrôlée par des milices islamistes soutenues par l’occident (Jaich al-Islam, Faylaq al–Rahmane et Ahrar al-Cham*), d’où ces derniers bombardent et mènent des attentats contre Damas et dont l’armée syrienne a entrepris de reprendre le contrôle.

      La machine médiatique à mentir pour mieux broyer tourne à nouveau à plein régime : TOUS les médias d’État, toute la presse oligarchique (du Figaro à Libé, huit milliardaires détiennent l’ensemble des journaux « qui comptent » !) accusent l’État syrien légal de crimes de guerre et s’emploient à l’unisson à vendre à l’opinion un nouveau prétexte pour relancer la guerre en Syrie. « Jupiter » Macron n’a-t-il pas récemment menacé la Syrie de « frappes » en vertu d’on ne sait quel mandat du Ciel accordé à la France pour faire la loi en Syrie (mais aussi en Libye, au Mali ou ailleurs !). En fait de « nouveau monde », la politique macroniste continue le vieux néocolonialisme français réduit désormais au rôle de valet d’armes de l’Oncle Sam. Étrangement, les arguments « humanitaires » mis en avant par les éditorialistes bien-pensants laissent ces mêmes journalistes « pacifistes » de marbre quand les armes françaises, vendues à l’Arabie saoudite, dévastent la population civile, femmes et enfants compris, au Yémen ou à Bahreïn…

      Il faut bien entendu que les armes, toutes les armes, celles de l’armée syrienne, mais celles aussi des milices intégristes qui utilisent les civils comme des boucliers humains, se taisent sur tout le territoire syrien. Il faut évidemment que les organisations humanitaires réellement indépendantes puissent au plus tôt intervenir en Syrie pour apporter sur place les vivres et les soins nécessaires. Mais pour cela, TOUTES les parties en conflit doivent faire preuve de retenue. Pour commencer, les États impérialistes occidentaux et pétro-monarchiques qui ont attisé la guerre civile en Syrie doivent revenir aux principes fondateurs de l’ONU : le respect de la souveraineté de chaque pays, de l’égalité entre les nations, le refus absolu des ingérences dans les affaires intérieures d’autrui.

      Terminons par une remarque générale : Macron se réclame d’un nouveau « Pacte girondin » pour démanteler la « République indivisible » héritée du Comité de salut public jacobin. Le loup élyséen déguisé en agneau ne croit pas si bien dire car en 1792, les Girondins (c’est-à-dire l’aile droite de la Révolution française) prônaient la « guerre révolutionnaire » à outrance pour détourner les Sans Culottes parisiens des changements révolutionnaires en France. Partisan conséquent desdits changements, le jacobin Robespierre refusait ces projets impérialistes en rappelant que « les peuples n’aiment pas les missionnaires armés ». Alors que la « nouvelle gauche » PS et Benoît Hamon applaudissent les rodomontades impérialistes de Macron, les militants franchement communistes appellent à défendre la paix mondiale, la souveraineté des peuples, l’indépendance et l’unité syriennes, en gardant présent à l’esprit ce principe imparable : l’impérialisme, y compris le déclinant (et d’autant plus agressif) impérialisme français, que nous ne confondons pas avec la nation populaire éprise de paix, est l’ennemi principal de la paix, de la sécurité et de l’indépendance de tous les pays, y compris le nôtre.

      Quant à nous, héritiers des traditions patriotiques ET anticolonialistes du grand PCF de Jeanne Labourbe, d’Henri Martin et d’Henri Alleg, nous disons à Macron : bas les pattes en Syrie, en Libye, au Mali, au Venezuela et ailleurs ! Dans chacune de nos luttes, clamons à pleine voix : assez d’argent pour la guerre impérialiste et la mort, l’argent public pour le progrès social en France et pour la coopération entre peuples ÉGAUX.

  • Elle était l’auteure de l’attentat du “Coq hardi”
    Djamila Bouazza s’est éteinte
    http://www.liberte-algerie.com/actualite/djamila-bouazza-sest-eteinte-227418

    Djamila Bouazza , une des figures marquantes de la Révolution algérienne, qui a été la première condamnée à mort avec Djamila Bouhired, par le tribunal militaire français d’Alger, s’est éteinte hier à l’aube à la clinique El-Azhar d’Alger, à l’âge de 78 ans. “Elle a rendu l’âme ce matin, épuisée par la vie”, a indiqué, à l’APS, son mari Boussouf Abboud. Djamila Bouazza, née en 1938, est employée au Centre des chèques postaux à Alger, quand elle est recrutée, en tant qu’agent de liaison, par Djamila Bouhired, et par l’intermédiaire de Habib Réda (Mohamed Hattab) et de son frère Madjid.
    À 19 ans, elle avait reçu pour tâche de poser le 26 janvier 1957 une bombe à la terrasse du Coq Hardi, une brasserie située rue Charles-Peguy. La bombe, qui explosa à 17h, a fait 4 morts et 60 blessés. Pour cette mission, Djamila Bouazza, cette jeune fille charmante, aux longs cheveux noirs, aux yeux marron clair, surnommée “Miss cha cha cha”, s’était fait teindre en blonde pour passer inaperçue.
    Dans un récit publié par la revue Historia magazine en 1972, Francis Attard retrace les détails de cet attentat. “Il est 17h10 lorsque Djamila Bouazza fait volontairement tomber son mouchoir à la terrasse, vitrée en hiver, de la brasserie du Coq Hardi, située rue Charles-Péguy, près du plateau des Glières. En se baissant pour le ramasser, la jeune fille glisse rapidement son ‘truc’ sous le pied en fonte du guéridon sur lequel un garçon en veste blanche a déposé un Coca-Cola. (…) Après avoir ramassé sa monnaie, Djamila Bouazza se lève, sort et va se mêler aux passants de la rue Michelet.”
    Cependant, elle avait été arrêtée le 25 avril 1957, puis transférée à El-Biar, où elle est interrogée par l’OPJ Fernand, le 9 mai 1957, et torturée par le capitaine Graziani.
    Elle est incarcérée à la prison de Maison-Carrée (El-Harrach) en compagnie de Djamila Bouhired, Jacqueline Guerroudj et Zohra Drif.
    Djamila Bouazza est condamnée le 15 juillet 1957 à la peine de mort. Mais devant la campagne menée par Jacques Verges et Georges Arnaud qui signent un manifeste, publié aux Éditions de Minuit, suivi de l’ouvrage d’Henri Alleg, qui ont alerté l’opinion internationale, sa peine fut commuée en travaux forcés à perpétuité. Elle est graciée le 8 mars 1962. Avec le décès de cette moudjahida, un pan entier de l’histoire de l’Algérie combattante s’en va, en laissant ni témoignages ni contribution devant servir à l’écriture de la mémoire collective de ce pays.

    A. R.

    • 13 Juin 2015 Publié par Saoudi Abdelaziz
      Elle fut la première condamnée à mort. Djamila Bouazza nous a quittée hier
      http://www.algerieinfos-saoudi.com/2015/06/elle-fut-la-premiere-condamnee-a-mort-djamila-bouazza-nous-a-qu

      Elle a vécu et puis est morte à l’écart des fastes de la nomenklature. A l’âge de 78 ans, L’ancienne militante de la Bataille d’Alger s’est éteinte hier à l’aube, à la clinique El Azhar d’Alger. C’est son mari Boussouf Abboud qui a rendu publique la nouvelle.

      A l’âge de 19 ans, elle avait reçu pour tâche de poser le 26 janvier 1957 une bombe à la terrasse du Coq Hardi, une brasserie du centre d’Alger. Aux côtés de Djamila Bouhired, Djamila Bouazza a été condamnée le 15 juillet 1957 à la peine de mort par le tribunal permanent des forces armées d’Alger.

      La mobilisation menée par son avocat Jacques Verges et par l’écrivain Georges Arnauda permis que sa peine soit commuée en travaux forcés à perpétuité.

      Après l’indépendante, Djamila Bouazza s’était tenue à l’écart des activités de la nomenklatura . Son mari Boussouf Abboud, qui s’opposa activement au coup d’Etat du 19 juin, a évoqué un épisode de la vie de l’ancienne condamnée à mort : "Lorsque j’ai été enlevé par l’organisation qui s’intitule « Sécurité militaire », le 27 septembre 1983, en même temps que d’autres patriotes algériens, mon domicile et notre commerce, appartenant à ma femme, furent totalement saccagés par les agents de cette organisation. Elle confisqua – ou ils confisquèrent – tout document qu’elle trouva chez nous, qu’il soit d’ordre personnel, familial ou professionnel. Elle emporta trois cartables et trois grands cartons pleins, y compris les albums photos de nos enfants, le registre du commerce, les factures d’achat et de vente, les pièces relatives à notre activité pendant la guerre de libération, etc. A partir de ce jour, ma femme Djamila Bouazza, qui fut la première jeune fille condamnée à mort par les tribunaux militaires du colonialisme en 1957, fut privée de toute ressource pour vivre et subvenir aux besoins de nos enfants" .

  • La Cité, éditions militantes
    http://www.lecourrier.ch/122857/la_cite_editions_militantes

    En 1958, Lausanne devient soudain la base arrière de la lutte algérienne pour l’indépendance. Les militants défilent à la Tour Bel-Air. C’est là, dans l’ancien atelier de décorateur de son père, que Nils Andersson vient de lancer La Cité Editeur, par la publication d’un livre qui propulse aussitôt la maison sur le devant de la scène : La Question d’Henri Alleg, où le militant du Parti communiste algérien et ancien directeur d’Alger républicain raconte la torture subie pendant sa détention à El-Biar, en banlieue d’Alger.
    D’abord publié en France chez Minuit, l’ouvrage se vend à 65 000 exemplaires en cinq semaines et est aussitôt saisi par les autorités françaises – une censure qui ne fera qu’amplifier son écho. L’éditeur Jérôme Lindon contacte Nils Andersson, diffuseur depuis quelques mois des livres de Minuit, Arche et Pauvert en Suisse, afin de voir s’il est possible de rééditer le livre dans la région francophone. Né en 1933 à Lausanne d’un père suédois et d’une mère française, Nils Andersson est alors un jeune homme passionné de théâtre, « compagnon de route » du communisme et fondateur de l’éphémère revue Clartés, « qui veut relier rénovation politique et culturelle ».

    cc @alaingresh

  • De l’alliance judéo-noire

    "Il existe, sur le rapport entre racisme et antisémitisme, un vaste débat : les uns ont vu dans les génocides coloniaux le paradigme de l’Holocauste, les autres ont souligné la différence entre le pillage d’un continent et l’extermination conçue comme une fin en soi, comme un « massacre ontologique ». Pour Fanon, qui défend une vision sartrienne du juif et du Noir comme images négatives fabriquées par l’antisémite et le raciste, reste néanmoins un clivage lié à la couleur. L’antisémite et le raciste peuvent pareillement biologiser le juif et le Noir, en les renvoyant à des essences, mais le juif peut essayer de pénétrer le monde des gentils par l’assimilation alors que le Noir ne peut pas échapper à sa couleur. C’est pourquoi, selon Fanon, « le nègre représente le danger biologique ; le juif, le danger intellectuel » (Fanon). Et c’est pourquoi la « color-line » a joué un rôle si important dans les relations judéo-noires. Nicole Lapierre a analysé le phénomène de la « mimesis noire », rendue célèbre dans la culture de masse par The Jazz Singer, le premier film parlant réalisé en 1927 par Alan Crosland, produit par les frères Warner et interprété par Al Jolson (AsaJoelsen, d’origine judéo-lituanienne). Ce film s’inscrit dans la tradition du Minstrel, un spectacle extrêmement populaire au tournant du XXe siècle mettant en scène des Blancs qui, déguisés en Noirs, se produisaient dans un répertoire de musique et de danse nègres. Très prisé par les acteurs juifs depuis la fin du XIXe siècle, ce genre comique a été interprété tantôt comme l’expression d’une adhésion aux stéréotypes racistes de l’époque, tantôt comme le révélateur d’une solidarité judéo-noire fondée sur l’identification d’une minorité opprimée à une autre. Le blackface, suggère Nicole Lapierre, a favorisé l’américanisation des migrants juifs qui, « en noircissant, se faisaient plus blancs » (Lapierre). Lorsqu’ils étaient encore victimes de discriminations, les Minstrels les aidaient à se situer du bon côté de la « color-line », parmi les Blancs. Ce procédé mimétique consistant à se mettre dans la peau de l’ Autre est à l’origine des transferts culturels judéo-noirs du XXe siècle (qui poursuivront ensuite d’autres buts et d’autres stratégies).

    C’est par un effort emphatique poussant ses acteurs à franchir la « ligne de couleur » que la Negro-Jewish Alliance a pu voir Je jour. Par le déplacement qu’elle implique, cette empathie rend possible une remise en cause de soi-même tout à fait fructueuse. C’est un détour par lequel des juifs et des Noirs ont élargi leurs horizons, en inscrivant leur réflexion et leur combat dans une perspective plus large, en découvrant des affinités et en nouant des alliances. En 1949, la visite des ruines du ghetto de Varsovie avait aidé l’historien afro-américain W.E.B. Du Bois à comprendre que le racisme ne se réduisait pas à la « color-line » , donc à « sortir d’un certain provincialisme vers une conception plus large des manières dont la lutte contre la ségrégation raciale, contre la discrimination religieuse et l’oppression des pauvres devait évoluer » (Du Bois).

    La « ligne de couleur » renvoie donc à une question historique plus large qui est au cœur du combat de Frantz Fanon, tout en restant absente ou cachée dans ses réflexions sur l’antisémitisme : la question coloniale. Les juifs ont été, pendant des siècles, le paradigme de l’altérité au sein du monde occidental, au cœur de l’Europe et de sa culture, en devenant un marqueur négatif dans le processus de construction des identités nationales ; les colonisés ont été le paradigme d’une altérité située en dehors de la « civilisation, une altérité dont l’Europe avait besoin afin de légitimer sa domination et de dessiner son autoportrait de culture et de race supérieures. Ces deux paradigmes ont été complémentaires mais ils étaient dissociables. Les juifs émancipés pouvaient s’assimiler et franchir la « ligne de couleur ». Ainsi, Cesare Lombroso pouvait apporter sa contribution aux doctrines du racisme fin-de-siècle, dans un ouvrage intitulé L’Homme blanc et l’Homme de couleur (Lombroso, 1892), et Theodor Herzl, quelques années plus tard, mettre en avant les bienfaits du sionisme en Palestine : « Pour l’Europe, nous constituerions là-bas un avant-poste contre l’Asie, nous serions l’avant-garde de la civilisation contre la barbarie » (Herzl).

    L’adhésion des juifs au racisme rencontrait l’obstacle puissant de l’antisémitisme qui, en dépit de leur culture et de leurs choix, les renvoyait dans le camp des dominés ou les faisait apparaître comme des intrus dans le camp dominant. Cela avait créé les conditions d’une rencontre entre les juifs et les colonisés, dans une sorte d’osmose d’antifascisme et d’anticolonialisme. Pendant la guerre d’Algérie, en faisant écho à La Question d’Henri Alleg, Jean Améry voyait dans la torture plutôt que dans les chambres à gaz l’essence du nazisme, et le photographe Adolfo Kaminsky expliquait pourquoi il s’était mis à fabriquer des faux papiers pour les militants du FLN : la chasse aux Algériens et les contrôles au faciès dans les rues de Paris étaient intolérables pour un homme qui, seulement quelques années plus tôt, avait connu les mêmes pratiques mises en œuvre par la Gestapo contre les juifs."

    Enzo Traverso

    http://bougnoulosophe.blogspot.be/2014/01/de-lalliance-judeo-noire.html

  • En quoi Henri Alleg est-il précieux aux nouvelles générations ?
    http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5186089

    Nous sommes malheureusement à l’heure où les ennemis de toujours suscitent avec succès des affrontements aussi sauvages qu’absurdes à l’échelle transcontinentale, non seulement entre musulmans et non musulmans, mais aussi et surtout entre acteurs se réclamant tous de l’islam. Survivre ou non à ces périls signifie avant tout rester ou non les jouets des aveuglements suicidaires.

    Trois décennies de la montée en force du néolibéralisme mondialisé, mettent de plus en plus en lumière la vanité et le danger des approches métaphysiques. Elles tendent à opposer dans leur globalité les courants dits « laïques » aux courants qualifiés d’islamistes. Pour Henri comme pour tous les partisans d’une vision philosophique matérialiste de l’Histoire, le clivage réel et fondamental traverse les courants d’inspiration culturalistes sans exception. Ce clivage oppose de façon existentielle les partisans de l’indépendance, de l’égalité et de la justice sociale aux forces de la réaction néolibérale mondiale et à ses valets et émules sous- développés.

    Les deux camps fondamentaux sont présents autant chez ceux qui se réclament du « laÏcisme » que de « l’islamisme » ou d’autres « ismes ». La position de principe des partisans de la démocratie souverainiste et sociale est de ne pas se tromper de cible, de peuple et de combat. Elle est de défendre leur autonomie de pensée et d’organisation contre les hégémonismes et fondamentalismes laïcs ou religieux, qui instrumentalisent la confusion. Il s’agit d’être corps et âme aux côtés et au sein de la société opprimée, exploitée, cherchant les voies de sa libération.

  • Henri Alleg ou l’espiègle Harry Salem

    http://www.huffingtonpost.fr/jean-pierre-lledo/henri-alleg-ou-lespiegle-harry-salem_b_3623929.html

    La famille communiste algérienne fut, durant la colonisation, la seule formation politique qui avait vraiment pratiqué la mixité ethnique. Elle se distinguait notamment des formations politiques nationalistes toutes islamo-centrées. On adhérait par exemple dans le parti de Messali Hadj en jurant sur le Coran. Aussi avais-je de suite précisé à Alleg, personnage principal de mon avant dernier film Un Rêve algérien, que l’hommage irait non à un homme, mais à une idée : la fraternité. Cela lui convint. Alleg avait des défauts, mais certainement pas celui de l’égo. Et il accepta, certes non sans fléchir un instant, suite aux pressions de certains de ses camarades : chez les communistes, la fraternité ne pouvait être que prolétarienne...

  • Les Algériens saluent la mémoire d’Henri Alleg - Algérie / France - RFI
    http://www.rfi.fr/afrique/20130719-algeriens-saluent-memoire-henri-alleg?ns_campaign=google_choix_redactio

    Le journaliste et militant anticolonialiste Henri Alleg, auteur du récit La Question, qui a dénoncé l’usage de la torture par l’armée française durant la guerre d’Algérie, est décédé à Paris ce mercredi à l’âge de 91 ans. En Algérie, Henri Alleg était considéré comme un héros de la résistance et de la lutte pour l’égalité.

    #mémoires

  • Mort d’Henri Alleg
    De la torture en Algérie
    http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2013-07-18-Alleg


    La Question relate donc ce qui est arrivé à Henri Alleg, dirigeant communiste algérien juif, directeur du quotidien Alger-Républicain jusqu’à son interdiction en 1955. Alleg est alors entré en clandestinité ; il sera arrêté le 12 juin 1957 par les parachutistes, au domicile du mathématicien Maurice Audin, lui-même incarcéré et qui mourra sous la torture. Alleg subira durant de longs mois « la question », sous l’œil parfois admiratif d’appelés qui s’étonnent de son courage mais ne s’opposent pas aux mauvais traitements. Il réussit à faire sortir son témoignage et à le faire publier.

    #Algérie #Armée #Livre #Personnalités #Torture #Guerre_d’Algérie_1954-1962