person:minister sergey lavrov

  • Gareth Porter sur la fin de la cessation des hostilités et la promesse non-tenue des Américains aux Russes de faire en sorte que les groupes rebelles se séparent d’al-Nousra et sur le fait que les nouveaux accords - qui concernent désormais Alep - ne règlent pas ce problème :
    http://www.truth-out.org/news/item/35984-obama-broke-pledge-to-demand-syrian-opposition-s-separation-from-nu

    The gradual erosion of the cease-fire in Syria over the past month is the result of multiple factors shaping the conflict, but one of the underlying reasons is the Obama administration’s failure to carry out its commitment to Russia to get US-supported opposition groups to separate themselves physically from the Nusra Front — the al-Qaeda organization in Syria.
    US Secretary of State John Kerry made the promise to separate the groups as part of the understandings underlying the February 22 cease-fire, but never delivered on it. And by the time Kerry and Russian Foreign Minister Sergey Lavrov finished negotiating on how to make the “cessation of hostilities” more effective in the Syrian city of Aleppo on May 2, the Obama administration had effectively withdrawn that concession completely.

    L’article documente dans le détail les différentes déclarations de part et d’autre sur cette question.
    Selon lui les Russes se sont retenus de bombarder massivement les zones autour d’Alep et d’Idlib de février à mars pour laisser le temps aux Américains de réaliser leur promesse :

    The Russians agreed to refrain from air attacks on Nusra Front forces until the expected physical separation could be carried out. That concession explains the relative paucity of Russian air attacks against the Nusra Front zones in Aleppo and Idlib provinces from late February through March.

    Ce que Porter omet d’indiquer c’est que les concessions russes sont allées au-delà puisque dès la rédaction des accords de cessez-le-feu de février les Russes ont accepté de renoncer à la formulation de la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l’ONU incriminant les groupes classés terroristes comme « le Front al-Nosra et tous les autres individus, groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida » :
    http://seenthis.net/messages/463575, pour n’incriminer finalement qu’al-Nousra et Da’ich.

    La tentative ratée de la Russie hier, de faire passer une résolution au CS de l’ONU classant Ahrar et Jaysh al-Islam comme terroristes (vote contre de la France, du RU, des USA, et de l’Ukraine) illustre ce qu’elle a concédé :
    http://www.dailystar.com.lb/News/Middle-East/2016/May-11/351601-russian-bid-to-blacklist-syrian-rebel-groups-blocked-at-un.ashx
    Si la formulation de la résolution 2254 avait été conservée dans les accords de cessez-le-feu, le fait qu’Ahrar participe encore aux combats au sein de Jaych al-Fatah aurait suffi puisque cette coalition est bien une « entité associée à al-Qaïda »...

    • Ca commence...

      Nous pouvons citer au moins deux textes, de bonne tenue et d’excellente référence, qui présentent ou mentionnent cette rencontre de Paris sans dire un seul mot du ministre français. A les lire, on croirait que Lavrov et Kerry ont choisi Paris pour se rencontrer comme ils auraient choisi, – disons Genève (-II) ou Damas, par exemple... C’est le cas de Russia Today, le 27 mai 2013, qui titre (notre souligné en gras) « Take two : Lavrov, Kerry working to broker redo of Syria peace conference », et qui commence son texte de cette façon : « During their meeting in France, US Secretary of State John Kerry and Russian Foreign Minister Sergey Lavrov are expected... » ; bla bla bla pour la suite, avec cette question anecdotique dans notre esprit : Fabius nulle part mentionné, késako ? L’autre texte (du 26 mai 2013) est de M K Bhadrakumar, plus général et portant sur les relations Russie-USA, sur un aspect que nous abordons plus loin. Certes, M K Bhadrakumar mentionne d’une façon marginale le dîner dont nous parlons, mais nous voyons bien que, bien qu’à Paris, bien qu’avec notre ministre, nulle mention au moins aimable n’est faite de ce dernier, avec un style et dans un esprit qui font croire à son inexistence et confirment l’impression que, oui, la chose aurait effectivement pu avoir lieu à Genève (-II) ou à Damas :

      [Kerry et Lavrov] « ... are having a candle light supper in Paris on Monday to figure out the actual modalities of the Geneva peace meet over Syria, now that they managed to shepherd the opposite sides towards the negotiating table. This is their fourth meeting in some twenty days. Amen. »

      • Ainsi en est-il de la politique étrangère française, du type “Lost in Translation”, qui semblerait désormais inexistante tant l’échec que lui imposent les circonstances de la situation vraie semble l’avoir pulvérisée.

      Ca continue...

      Les habituelles “sources” du Quai d’Orsay, pompeuses et sûres d’elles comme il se doit, arrivent à faire porter le chapeau à la Russie, comme d’habitude objet de toutes les vindictes, mais avec une nuance qui nous rapproche du comique de l’absurde puisque le reproche conduirait à penser que son principal défaut, voire sa principale faiblesse, à la Russie, est d’avoir maîtrisé la complexe situation syrienne et d’avoir réussi à ouvrir la possibilité d’un règlement négocié de la crise : « ... la Russie, elle, est obsédée par l’idée de retrouver une place sur scène internationale. »

      Et puis...

      Drôle d’obsession, qui permet à la Russie de tenir ferme, et seule, une position principielle sur l’affaire syrienne, et de s’imposer comme la maîtresse du jeu en défendant des principes qui sont dans la droite ligne de la doctrine gaullienne du respect de la souveraineté, – ce qui, évidemment, ne peut que scandaliser les Français, mais pour un tout autre motif...

      Et enfin...

      Tout de même, quelques-uns, à Paris, sont en train de s’apercevoir qu’il se passe quelque chose de très catastrophique pour la France, comme Le Figaro peu après la rencontre Lavrov-Kerry à Moscou. (Voir notamment l’article du Figaro, le 10 mai 2013.) Quelques commentateurs, qu’on n’a pas toujours lus si avisés, se découvrent un bon sens nouveau, comme Georges Malbrunot, sur son blog du Figaro, le même 10 mai 2013, qui exécutait sans appel la politique française. Il en arrivait même à nous rappeler quelques précisions intéressantes, bonne “pour l’histoire”, quand on jugera la période.

      Etc...

      D’humeur maussade, ai basculé du CD sur la radio dans la voiture... France Info... Entendu Fabius évoquer le fait que tout de même, la Syrie reçoit des tonnes d’armes de la Russie, de l’Iran, du Hezbollah, quand les gentils n’en reçoivent pas vraiment assez pour tenir tête... J’ignorais qu’on pouvait prétendre être une grande puissance et raconter des âneries pareilles... J’avoue qu’amha la position de la Russie a autrement plus de gueule.