person:olivier favier

  • " Nellie Bly, voyageuse de génie et pionnière du journalisme d’investigation " par Olivier Favier
    http://enuncombatdouteux.blogspot.com/2019/03/nellie-bly-voyageuse-de-genie-et.html

    « Seul un homme peut le faire », répète la direction du New York World à Nellie Bly alors qu’elle s’est mise en tête de faire le tour du monde en moins de 80 jours. « Très bien, répond-elle en colère. Trouvez votre homme et je commencerai le même jour pour un autre journal et je le battrai. »


     D’allure fragile, celle qu’on surnommait Pinkie dans son enfance pour son goût immodéré du rose, cache en fait une combattante et une innovatrice invétérée.

    Nellie veut désormais battre le record fictif de Phileas Fogg, et faire le tour du monde en moins de 80 jours. Elle n’emporte qu’une seule robe, un manteau, une valise et la somme nécessaire pour payer son voyage. Elle part le 14 novembre 1889. Jules Verne, qu’elle visite à Amiens, lui prédit un succès en 79 jours.

    Lorsqu’elle atteint San Francisco le 21 janvier, Nellie Bly a deux jours de retard sur le calendrier prévu. Mais Pulitzer loue un train privé et Nellie Bly atteint New York après un voyage de 72 jours, 6 heures, 11 minutes et 14 secondes. Sa rivale, dont elle n’a appris l’existence qu’à Hong Kong, est battue d’une journée. De l’autre côté de l’Atlantique, Jules Verne pousse des hourras. Elle est la première femme à avoir accompli un tour du monde en solitaire.

  • Madagascar, 1947 :
    les morts sans nombre d’une insurrection
    Entretien avec Jean-Luc Raharimanana

    Olivier Favier et Raharimanana

    https://lavoiedujaguar.net/Madagascar-1947-les-morts-sans-nombre-d-une-insurrection-Entretien-a

    En 2007, l’écrivain malgache Jean-Luc Raharimanana a consacré à la mémoire de cette insurrection un texte d’une grande force polémique et poétique intitulé simplement Madagascar 1947.

    Je viens à la question quels sont les vecteurs de l’histoire ? Je suis à ma place, écrivain, artiste. Je reprends ces matières de l’histoire car je constate que ce qui fait mon présent, une île en proie à la misère et à la corruption, vient du fait que mon pays n’a pas pris le temps de réfléchir à son histoire, nous nous sommes laissé submerger par les événements et souvent les gens ne savent plus pourquoi ils se détestent, pourquoi ils ne parviennent pas à travailler ensemble… Nous n’avons pas eu de chroniqueurs ou d’historiens pour nous raconter les deux pacifications. Par contre, nous avons beaucoup de témoignages oraux. Est-ce de l’histoire ? Ce sont en tout cas des matières pour moi écrivain. D’où l’exposition photographique « 47, portraits d’insurgés », avec Pierrot Men. Je mets des visages sur ces anciens rebelles, des visages d’aujourd’hui, de vieux hommes, de vieilles femmes, des porteurs de mémoire, avant qu’ils ne partent définitivement, et avant que les générations futures ne se retrouvent sans mémoire. (...)

    #Madagascar #1947 #colonialisme #mémoire

  • Un siècle de guerres et de violences de masse | Olivier Favier
    http://dormirajamais.org/guerres-violences

    On pourrait commencer cette histoire par une bataille que les Européens ont oubliée, Moukden, quelque part au nord-est de la Chine, en Mandchourie, autour d’une ville qui s’appelle aujourd’hui Shenyang. Nous sommes en 1905 et durant trois semaines, des centaines de milliers de soldats russes et japonais s’y affrontent sur un front de plusieurs dizaines de kilomètres, usant de milliers de canons et de mitrailleuses, de barbelés, de mortiers, de grenades, de tranchées. Source : Dormira jamais

  • Quand des lycéens du Nord de la France invitent un jeune migrant à venir leur raconter sa terrible histoire
    https://www.bastamag.net/Quand-des-lyceens-du-Nord-de-la-France-invitent-un-jeune-migrant-a-venir-l

    Réduire la distance, échanger par écrit, se rencontrer, peut-il permettre une meilleure compréhension et éviter l’exclusion et la mise au ban des plus démunis ? Olivier Favier, contributeur pour Basta ! et intervenant en milieu scolaire, livre son récit d’une expérience à travers laquelle des lycéens du Pas-de-Calais ont correspondu avec un jeune migrant, arrivé seul en France au péril de sa vie, avant de le rencontrer autour d’un atelier de théâtre. Un témoignage sensible, qui démontre l’utilité d’une (...)

    #Inventer

    / A la une, #Solidarités_internationales, #Migrations, #Education, #Arts_et_cultures

  • Le sourire d’Omar | Olivier Favier
    http://dormirajamais.org/sourire-omar

    La première fois que je le rencontre, en juin 2015, je ne vois qu’un sourire. Un ami l’a accompagné jusqu’au campement du jardin d’Éole, où se regroupent une centaine de migrants soudanais et érythréens, en l’attente d’une prochaine « évacuation ». Omar est arrivé à Paris le matin-même après une fugue de plusieurs jours. À Villejuif, le centre d’accueil où il a cru trouver refuge l’a remis à la rue. Source : Dormira jamais

  • Chroniques d’exil et d’hospitalité | l’Egregore
    http://www.oclibertaire.lautre.net/spip.php?article1936

    Rencontre avec Olivier Favier, autour de son livre « Chroniques d’exil et d’hospitalité. Vies de migrants, ici et ailleurs » (paru en mai aux éditions le passager clandestin). Olivier Favier est historien, traducteur, reporter, blogueur ; il a passé trois ans au contact des migrants, et a réuni des entretiens, des analyses, des portraits, des reportages, qui décrivent à la fois les traversées des uns et des autres, les lois européennes, les conditions d’accueil à Calais et ailleurs... Olivier Favier a constaté pendant ces trois années passées aux côtés des migrants, combien accueillir dignement des êtres humains qui ont fui la guerre, la dictature, la misère, n’était pas une évidence communément partagée... La rencontre, organisée par RESF Châlons-en-Champagne, s’est faite en présence de mineurs en (...)

    http://sons.audioblog.arteradio.com/audioblogs/sons/3047541/3079306_20170313-Chroniques-d-exil.mp3

  • Qui a tué Denko Sissoko ? par Olivier Favier
    http://dormirajamais.org/chambre-796

    Depuis la fenêtre de la chambre 796, d’où le 6 janvier dernier, un adolescent malien de seize ans s’est jeté dans le vide dans des circonstances demeurées partiellement inexpliquées, les lumières de la ville donnent au paysage quelque chose d’étrangement inaccessible. Nous sommes à une demi-heure à pied du centre, sur les hauteurs de la Résidence Bellevue. Dans la brume du soir, le modeste chef-lieu de la Marne devient l’image d’une Europe rêvée. Source : Dormira jamais

  • « Aucun ménagement à garder » : pour une autre histoire de la Mission Congo-Nil | Olivier Favier
    http://dormirajamais.org/marchand

    Entre juillet 1896 et mai 1899, la mission Congo-Nil a mené le capitaine Marchand, treize militaires français ainsi que cent-cinquante tirailleurs africains, de Loango sur la côte Atlantique à Djibouti au bord de la Mer Rouge. Pour appréhender la violence coloniale et son acceptation, la mission Marchand s’avère un terrain doublement pertinent : célèbre, elle n’a pas donné lieu à une dénonciation de grande ampleur sur ce plan, richement documentée, elle offre des données précises sur la nature et l’ampleur des exactions. Source : Dormira jamais

    • [LDH-Toulon] la colonne infernale de Voulet-Chanoine
      http://ldh-toulon.net/la-colonne-infernale-de-Voulet.html

      Y a-t-il eu d’autres affaires Voulet-Chanoine oubliées par la suite ?

      Il y en a "un paquet". Au traité de Versailles (1919), les Allemands ont été jugés indignes de coloniser : on les a privés de colonies. Mais les autres nations aussi ont été très dures. Côté français, durant l’époque terrible de la colonisation (1890-1905), il y eut au Congo, qui était exploité en "concessions", l’affaire Gaud et Toqué. Ces deux administrateurs s’étaient amusés, un 14 juillet, à mettre des grenades au cou d’un Noir et à le faire sauter. Ce fut un énorme scandale. De telles violences étaient constitutives du système colonial. C’est vrai, on était ou on pouvait devenir "fou" en Afrique (la "soudanite"), mais le système encourageait les dérives.

      – La colonne Voulet-Chanoine ne compte que huit Blancs...

      C’est le même schéma partout. Il y a une division du travail. Aux officiers blancs, la "gloire" de la conquête. On dit, en France, "nos" soldats mais 90 % à 99 % d’entre eux sont africains, recrutés au départ au Sénégal comme "tirailleurs", puis sur place au fur et à mesure que la conquête avance, et chargés du "sale boulot" (pillage, destruction de récoltes). C’est pourquoi l’intégration africaine pose des problèmes encore aujourd’hui. De la colonisation, nous avons hérité la balkanisation territoriale, mais aussi psychologique : l’ennemi, c’est aussi, et même plus, l’autre Africain.

      Existe-t-il des textes exterminatoires ?

      Pas dans la colonisation française, ni léopoldienne, à ma connaissance. Mais dans l’Allemagne de Guillaume II, il y a des discours enflammés qui évoquent la destruction d’une race : nous sommes dans la problématique du génocide.

      – Aimé Césaire parle de la violence coloniale comme d’un "poison instillé dans les veines de l’Europe". Est-elle à la source des totalitarismes du XXe siècle ?

      Une école historique, au temps de la RDA, s’est penchée sur les origines des hauts gradés de l’armée nazie. Elle a constaté que certains de ces hommes, issus des milieux prussiens, avaient eu un père, un oncle, directement associés à des crimes commis dans le Sud-Ouest africain et au Tanganyika. » En Afrique même, nous n’avons pas fini de payer le prix des violences coloniales. Une culture de l’armée s’est installée. Idi Amin Dada a été soldat de l’armée anglaise qui écrasa la révolte des Mau Mau dans les années 50. Et, dans l’armée qui réprime à Madagascar en 1947, puis en Indochine, il y a peu d’officiers français et beaucoup de troupes coloniales. Des hommes comme Bokassa ou Eyadema ont ensuite développé dans leur pays un instinct de mort. L’horreur actuelle au Sierra Leone, au Liberia, les mains et les bras coupés, rappellent 1890. Le système dans lequel on tue les gens en les faisant souffrir découle de ces années terribles de la colonisation, époque appelée au Congo le "temps des exterminations".

      – Pourquoi cette violence extrême du colonisateur ?

      Les idées racialistes ont forcément joué. Un théoricien disait : il faut expulser [de la métropole] la violence des classes "dangereuses" et lui permettre de se débrider ailleurs. Là-bas, l’individu, livré à lui-même, transgresse tous les interdits. C’est le thème d’ Au coeur des ténèbres de Conrad (1899). En Europe, au XXe siècle, on osera transgresser parce qu’on l’a déjà fait en Afrique. »

    • « En 1884-1885, à la conférence de Berlin, quatorze puissances ont répondu à l’appel du chancelier allemand Otto von Bismarck, pour décider du partage de l’Afrique. Sept sont destinées à en devenir les propriétaires effectifs dans un avenir proche. » http://dormirajamais.org/voulet

      –-
      « La conférence de Berlin marqua l’organisation et la collaboration européenne pour le partage et la division de l’Afrique. Aussi connue comme la conférence de l’Afrique de l’Ouest1, elle commença le 15 novembre 1884 à Berlin et finit le 26 février 1885. À l’initiative du Portugal et organisée par Bismarck, l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, la Belgique, le Danemark, l’Empire ottoman, l’Espagne, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la Russie, la Suède-Norvège ainsi que les États-Unis y participèrent. Une conférence antérieure2 fit commencer le débat sur la conquête des Congo3 et amorça ainsi le début des luttes coloniales. La conférence de Berlin aboutit donc à édicter les règles officielles de colonisation. L’impact direct sur les colonies fut une vague européenne de signature de traités. »
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Conf%C3%A9rence_de_Berlin

      Ressources GALICA :

      « Compte rendu de la XXVe conférence tenue à Berlin du 23 au 28 août 1928 / publié par le bureau interparlementaire - 1928 » http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k54482074.r=Conference%20de%20Berlin%20%281884%20%201885%29?rk=21459

      « L’Afrique noire depuis la conférence de Berlin-extraits »
      http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3324908h.r=Conference%20de%20Berlin%20%281884%20%201885%29?rk=42918

      « L’Occupation des territoires sans maître » http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5629483f.r=Conference%20de%20Berlin%20%281884%20%201885%29?rk=64378

  • Le tribunal administratif de #Lille a débouté, vendredi 12 août, la préfecture du #Pas-de-Calais de sa demande en référé de fermeture des commerces informels installés dans le camp de la « #jungle » de Calais, selon le texte de la décision communiqué à la presse.
    Dans son ordonnance, le juge estime que « les préoccupations exprimées par le préfet du Pas-de-Calais sont tout à fait compréhensibles » mais que « les conditions d’urgence et d’utilité requises » par la loi « ne sont pas remplies pour faire droit » à sa demande « que soient expulsés les gérants des 72 structures de vente illégales recensées » sur le site.
    Quatre mille cinq cents #migrants vivent sur ce site, plus de 9 000 selon deux associations.
    Le tribunal administratif de Lille a débouté, vendredi 12 août, la préfecture du Pas-de-Calais de sa demande en référé de fermeture des commerces informels installés dans le camp de la « jungle » de Calais, selon le texte de la décision communiqué à la presse.
    Dans son ordonnance, le juge estime que « les préoccupations exprimées par le préfet du Pas-de-Calais sont tout à fait compréhensibles » mais que « les conditions d’urgence et d’utilité requises » par la loi « ne sont pas remplies pour faire droit » à sa demande « que soient expulsés les gérants des 72 structures de vente illégales recensées » sur le site.
    Quatre mille cinq cents migrants vivent sur ce site, plus de 9 000 selon deux associations.
    source : le monde/afp - 12.08.2016

    Alors que le tribunal administratif de Lille a rejeté la requête de la préfecture qui demandait la destruction des magasins et restaurants créés par les exilé-e-s, le dernier recensement de la population du #bidonville par Help Refugees et l’Auberge des Migrants vient d’être publié.
    Ce qui surprend d’abord, c’est l’ampleur de l’augmentation en un mois, de 7037 à 9106 personnes. Dont 865 enfants, parmi lesquels 670 sont non-accompagnés. Le groupe plus important est maintenant les exilé-e-s soudanais-e-s.

    http://passeursdhospitalites.wordpress.com/2016/08/12/bidonville-de-calais-recensement-daout-plus-de-9000

  • CODEDO – COllectif pour une DÉpénalisation du Délit d’Outrage / Contre les violences policières : Amende abusive de Mamadou, 17 ans, appel à soutien
    http://codedo.blogspot.fr/2015/09/amende-abusive-de-mamadou-17-ans-appel.html

    L’histoire de Mamadou Bah aurait pu se terminer par un délit d’outrage (contrôle nocturne d’un jeune cycliste de couleur par des policiers, manifestement racistes, l’accusant d’avoir volé le vélo sur lequel il roule), elle s’est terminée par une amende de 90€ pour franchissement de la ligne continue (135€ avec la majoration de 45€ en cas de contestation, ce qu’a fait l’intéressé). L’association La Boussole a lancé une souscription pour l’aider, et recherche un avocat pour sa défense.

    Les faits sont les suivants.

    Le 21 août dernier, vers 23 heures, le jeune Mamadou Bah, mineur isolé, rentre chez lui après son dernier jour de stage à l’hôtel Best Western de Soissons (Aisne). A cette heure, en ce mois, la ville est pratiquement déserte. Sur son vélo, il pédale vite, car le lendemain matin il veut prendre un train pour profiter de quelques jours de vacances à Paris, chez moi. Sur une avenue, une voiture banalisée le double par la droite, sans gyrophare. Il s’écarte peu à peu vers la gauche, franchit alors la ligne blanche avant de s’arrêter vers le trottoir d’en face. Entre temps, la voiture banalisée s’est garée devant lui, pour lui barrer la route. Des policiers en descendent, visiblement convaincus que le jeune homme se promène sur un vélo volé.

    La suite sur la page Facebook d’Olivier Favier, qui a recueilli le témoignage du jeune homme.

    https://www.facebook.com/dormirajamais/posts/735758673234276

  • Conscience et humanité noyées, par Olivier Favier. | Dormira jamais

    http://dormirajamais.org/mediterranee

    Via Aline Jobert

    Dormira jamais

    " Tout est près. Les pires conditions matérielles sont excellentes. Les bois sont blancs ou noirs. On ne dormira jamais." André Breton, Manifeste du surréalisme, 1924.
    Conscience et humanité noyées, par Olivier Favier.

    Le 13 avril 2011, vingt jours après leur départ de la Libye, deux embarcations disparaissent en haute mer corps et biens. Elles portaient respectivement 335 et 160 émigrants érythréens à destination de l’île italienne de Lampedusa. Le 3 octobre 2013, un autre bateau coule au large de la même île avec à son bord 440 passagers, la plupart somaliens et érythréens. 155 sont sauvés, 111 corps sont repêchés sans vie le jour-même… le sort des autres ne laisse malheureusement aucun doute.

    L’écrivain et journaliste Léonard Vincent, qui a consacré un livre aux Érythréens (Rivages, 2012), s’interroge au matin du 4 octobre sur un réseau social : « Pourquoi l’épouvantable naufrage de Lampedusa fait-il la « une » aujourd’hui, mais pas les précédents, dont certains ont tué plus de fugitifs encore ? » En effet, pourquoi la presse du jour, cédant à un fugitif « emballement médiatique », répète-t-elle à l’envi la même erreur factuelle : « Ce naufrage est la pire tragédie de l’immigration de ces dernières années ».

    #migrations #asile #réfugiés #naufrage #lampedusa

    • Un #pont, pas un #cimetière

      Face à l’ampleur de la tragédie qui s’est jouée jeudi au large de Lampedusa – l’un des naufrages les plus meurtriers impliquant des immigrants tentant de gagner l’Europe –, les réactions effarées fusent. On retiendra celle du pape, qui, à Assise, a dénoncé l’indifférence à
      l’égard de ceux qui fuient l’esclavage et la faim, et trouvent la mort.
      Cet été, il s’était justement rendu sur cette île – qui, en vingt ans, a accueilli près de 200 000 migrants –, lors d’un voyage hautement symbolique où il avait demandé pardon pour les morts. En deux décennies, 20 000 à 25 000 réfugiés ont péri dans la Méditerranée en tentant de la traverser. Tous les naufrages ne sont pas aussi spectaculaires que celui qui fait la « une » ces jours, mais au fond, cette issue est devenue banale – une réalité terrible à reconnaître.
      Face à l’horreur, des responsables politiques européens s’émeuvent. Mais leurs larmes de crocodile et leurs discours de fermeté ne doivent pas tromper.
      Renforcer la lutte contre les passeurs ? Bien sûr. Mais l’Europe qui prétend cela est justement celle qui permet à ce business sanglant de prospérer en s’érigeant en une forteresse impénétrable. Car l’Europe déploie des moyens colossaux pour traquer l’immigration illégale et se barricader – hélicoptères, avions, radars et bientôt des drones. Elle a aussi confié à l’Afrique la mission de stopper le flux migratoire, en sous-traitant les violations des droits humains qui accompagnent ces politiques sécuritaires. Avec pour conséquence, également, un durcissement de la mobilité entre les Etats subsahariens et une déstabilisation des rapports au sein du sous-continent.
      Autre exemple de fermeture, les Etats européens sont allés jusqu’à refuser le dépôt de demandes d’asile dans leurs ambassades, à l’image de la Suisse récemment en votation. De quoi favoriser les traversées périlleuses et la traite humaine. Si des Syriens périssent en mer, c’est bien parce que l’Europe rechigne à leur délivrer des visas pour qu’ils puissent y demander asile.
      Comme le prouvent les morts qui s’accumulent, ces politiques sécuritaires n’enlèvent en rien l’attrait de l’Europe. Tant qu’il y aura des guerres, des catastrophes et de la pauvreté, aucune entrave ne sera assez dissuasive pour qui veut fuir les persécutions et la misère. Sans compter les signaux contradictoires de l’Europe, qui, hypocrite, a besoin de cette main-d’œuvre dans plusieurs secteurs (agriculture, construction...).
      Cet été, le pape avait appelé à ne plus voir dans les migrants une menace. Pour que la Méditerranée redevienne un pont entre deux continents et non plus une fosse commune, l’Europe doit ouvrir de nouvelles voies d’immigration légales.
      Mais il ne faut pas trop se faire d’illusions, car l’indifférence risque de très vite reprendre ses droits. En attendant, la Commission européenne promet de renforcer la surveillance de la Méditerranée afin de pouvoir mieux porter secours aux bateaux en perdition. Une autre hypocrisie puisque cette mer est déjà l’un des endroits les plus surveillés au monde.

      http://www.lecourrier.ch/115126/un_pont_pas_un_cimetiere

  • Un mausolée pour Graziani | Olivier Favier (Dormira jamais)
    http://dormirajamais.org/graziani

    Affile est une commune de 1 500 habitants à 70 km au sud-est de Rome. Dans ce village, le 11 août dernier, le maire a inauguré un mausolée au maréchal Rodolfo Graziani. Son corps repose au cimetière communal, depuis sa mort en 1955. Le monument a coûté à la région du Latium la somme de 230 000 euros(1), officiellement destinés à l’entretien du parc de Radimonte et à l’érection d’un monument “au soldat”. Nulle part, dans la demande présentée par le maire, le nom du dit “soldat” n’a été précisé, et le terme a été entendu par les autorités compétentes dans un sens générique. À ceux qui ont cru à une mauvaise plaisanterie, le maire a répondu clairement : « À Affile, quand on dit “le soldat”, on ne veut rien dire d’autre que Graziani »(2). Les dites autorités, il est vrai, n’ont pas été très vigilantes. En mai, le même maire avait inauguré un buste en bronze de Giorgio Almirante, sur la place du même nom. Il remplaçait un buste en marbre, précédemment détérioré. (...) Source : Dormira jamais