person:perry anderson

  • Néo-routiers, villages parfaits, provinces instagrammées : bienvenue dans l’Hyper France | Slate.fr
    https://www.slate.fr/story/166064/hyperfrance-hipster-madeinfrance

    Au XXIe siècle, bien malin qui peut faire la différence entre la France de Jean Gabin et celle des hipsters, une attraction du parc Astérix et un bistrot branché. Cette tendance est contemporaine du courant postmoderne. Selon ses théoriciens, la postmodernité correspond à la période qui s’ouvre avec la prolifération des images et des informations véhiculées par les mass médias. Ce mouvement culturel a comme caractéristique de mêler étroitement culture et commerce. Selon le spécialiste de la postmodernité Perry Anderson, celle-ci renvoie à « la transformation simultanée de chaque objet matériel et de chaque service immatériel à la fois en signe manipulable et en marchandise » (Les origines de la postmodernité, Ed. Les Prairies ordinaires).

    #marchandisation #spectacle (société du) #tourisme (en voie de storyfication)

  • This Poisonous Cult of Personality | by Pankaj Mishra | NYR Daily | The New York Review of Books
    http://www.nybooks.com/daily/2017/12/01/this-poisonous-cult-of-personality

    Donald Trump’s election last year exposed an insidious politics of celebrity, one in which a redemptive personality is projected high above the slow toil of political parties and movements. As his latest tweets about Muslims confirm, this post-political figure seeks, above all, to commune with his entranced white nationalist supporters. Periodically offering them emotional catharsis, a powerful medium of self-expression at the White House these days, Trump makes sure that his fan base survives his multiple political and economic failures. This may be hard to admit but the path to such a presidency of spectacle and vicarious participation was paved by the previous occupant of the White House.

    Barack Obama was the first “celebrity president” of the twenty-first century—“that is,” as Perry Anderson recently pointed out, “a politician whose very appearance was a sensation, from the earliest days of his quest for the Democratic nomination onwards: to be other than purely white, as well as good-looking and mellifluous, sufficed for that,” and for whom “personal popularity” mattered more than the fate of own party and policies.

    Public life routinely features such sensations, figures in whom people invest great expectations based on nothing more than a captivation with their radiant personas. Youthful good looks, an unconventional marriage, and some intellectual showmanship helped turn Emmanuel Macron, virtually overnight, into the savior not just of France, but of Europe, too. Until the approval ratings of this dynamic millionaire collapsed, a glamour-struck media largely waived close scrutiny of his neoliberal faith in tax breaks for rich compatriots, and contempt for “slackers.”

    Another example is Aung San Suu Kyi who, as a freedom fighter and prisoner of conscience, precluded any real examination of her politics, which have turned out to be abysmally sectarian, in tune with her electoral base among Myanmar’s Buddhist ethnic majority. Her personal sacrifices remained for too long the basis for assessing her political outlook, though the record of Robert Mugabe, among many other postcolonial leaders, had already proved that suffering for the cause of freedom is no guarantee of wise governance, and that today’s victims are likely to be tomorrow’s persecutors.

  • https://www.monde-diplomatique.fr/2017/03/ANDERSON/57243
    En Occident, contestation de gauche... et de droite

    Bouillonnement antisystème en Europe et aux États-Unis
    Pas de #flonflons pour célébrer le soixantième anniversaire du traité de Rome et du Marché commun, le 25 mars. La #bannière_européenne a perdu son éclat, tant les politiques de l’Union se sont révélées désastreuses. Partout ont fleuri des mouvements #antisystème. Dans quelques pays, ils se situent résolument à gauche. Mais nombre d’entre eux font de la #xénophobie leur #fonds_de_commerce.

    source : le monde diplomatique
    @mdiplo
    par Perry Anderson

  • "Le Vol de l’Histoire. Comment l’Europe a imposé le récit de son passé au reste du monde", de Jack Goody : l’exception occidentale

    Que s’est-il passé ? Depuis une dizaine d’années, la question du destin de l’Occident intéresse à nouveau les historiens, sur fond de « conflit des civilisations » et de montée des puissances asiatiques. Quels facteurs expliquent le développement exceptionnel de l’Europe au XVIe siècle ? Ces facteurs permettent-ils de prévoir un maintien de sa suprématie au moment où elle est contestée ?
    A l’instar de Bernard Lewis, qui a fait de cette question le titre d’un de ses ouvrages sur l’islam (Gallimard, 2002), les historiens montrent souvent que l’Europe possède quelque chose qui manque aux autres civilisations : la démocratie, l’individualisme, l’amour courtois. Ces valeurs éparses peuvent être réunies dans un ensemble cohérent, une « mentalité européenne », et liées au développement du capitalisme, dont l’esprit d’entreprise détache l’individu des liens traditionnels, comme l’ont illustré les travaux classiques de Max Weber, Karl Polanyi ou Fernand Braudel.
    En réaction à cette tendance, d’autres affirment que la supériorité de l’Occident est une invention qui a permis à l’Europe de justifier ses conquêtes. Ainsi de Martin Bernal rappelant les racines afro-asiatiques de la culture classique. Ou de Dipesh Chakrabarty, un des auteurs phares des études postcoloniales.
    L’anthropologue britannique Jack Goody renvoie dos à dos ces deux attitudes. S’il dénonce la justification de la guerre en Irak par l’introduction de la démocratie, il critique également les excès littéraires du postcolonialisme. Selon lui, la « supériorité » de l’Occident ne tient ni à une « mentalité européenne » qui résisterait à la contingence des événements, ni à un discours colonial que la globalisation effacerait comme une époque révolue. Elle tient plutôt à un ensemble de « technologies de l’intellect » que l’Europe a empruntées aux autres civilisations, et dont elle a fait un usage particulièrement retors : listes, catalogues, livres de comptes...

    L’oubli d’une dette

    D’où lui vient cette singularité ? La réponse de Goody peut s’énoncer ainsi : c’est parce qu’elle est intervenue au moment où l’Europe était en train de s’effondrer que la redécouverte des textes classiques a produit une « renaissance » ; cette effervescence a conduit à forger l’image d’une Antiquité idéale en occultant la conservation de ces mêmes textes en Orient.
    La Renaissance ne marque donc ni l’apparition d’une nouvelle mentalité ni l’invention d’un nouveau discours, mais un usage singulièrement intense des technologies d’information et d’échange. « Pourquoi ne pas reformuler la discussion sur l’avantage pris par l’Occident à l’époque moderne en des termes autres - ceux d’une intensification de l’activité économique et d’autres activités au sein d’un cadre à long terme qui serait celui du développement des villes et des activités de production et d’échange ? », demande-t-il. C’est ce que Goody appelle le « vol de l’Histoire », qui ne suppose pas une mauvaise intention mais plutôt l’oubli d’une dette.
    Cette méthode conduit l’anthropologue à regarder la « grande divergence » entre l’Orient et l’Occident - pour reprendre la formule de l’Américain Kenneth Pomeranz - depuis son expérience de terrain en Afrique. Au moment de l’indépendance du Ghana, Goody a pu observer l’effervescence qui accompagne l’appropriation des textes classiques. Il note que « lorsqu’en 1947 une université fut créée au Ghana - c’est-à-dire dans celui des Etats coloniaux africains qui sera le premier à accéder à l’indépendance - le premier département à employer un personnel entièrement africain fut celui des lettres classiques ».
    Une telle méthode doit beaucoup à l’héritage de Marx. Goody se réclame ici de deux historiens marxistes : Gordon Childe (1892- 1957), archéologue de « l’âge de bronze », et Perry Anderson, historien du féodalisme. Dans une telle optique, le « vol de l’Histoire » n’est ni le décollage d’une civilisation ni l’usurpation d’un pouvoir : c’est une série d’emprunts et de reprises dont l’issue reste imprévisible. Goody donne là une surprenante actualité à la phrase de Marx selon laquelle les hommes font l’histoire sans savoir qu’ils la font.

    Frédéric Keck

    http://www.lemonde.fr/livres/article/2010/10/14/le-vol-de-l-histoire-comment-l-europe-a-impose-le-recit-de-son-passe-au-rest

  • La débâcle grecque, par Perry Anderson
    http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/220715/la-debacle-grecque-par-perry-anderson

    L’historien britannique Perry Anderson revient sur la crise grecque et analyse l’échec de la stratégie du premier ministre grec. « Tsipras et ses collègues ont répété à qui voulait les entendre qu’il était hors de question d’abandonner l’euro. Ce faisant, ils ont renoncé à tout espoir sérieux de négocier avec l’Europe réelle — et non l’Europe qu’ils fantasmaient. »

    #Grece #Grexit #Tsipras #Syriza #euro

    • Face à un interlocuteur privé de tout levier et alternant entre implorations et insultes, pourquoi les puissances européennes auraient-elles fait la moindre concession, sachant dès le départ que tout ce qu’elles décideraient serait in fine accepté ? Sous cet angle, leur conduite a été tout à fait rationnelle. La seule surprise notable dans cette chronique écrite d’avance fût que Tsipras annonce, en désespoir de cause, un référendum sur le troisième mémorandum et que l’électorat le rejette massivement. Armé de ce « Non » retentissant, Tsipras a émis un « oui » penaud à un quatrième memorandum encore plus dur que le précédent, prétendant à son retour de Bruxelles qu’il n’avait pas d’autre choix en raison de l’attachement des Grecs à l’euro. Mais dans ce cas, pourquoi ne pas avoir posé cette question là au referendum : être vous prêts à tout accepter pour rester dans l’euro ? En appelant à voter Non, et en exigeant un Oui docile moins d’une semaine après, Syriza a retourné sa veste aussi vite que les crédits de guerre avaient été votés par la sociale-démocratie en 1914, même si, cette fois-ci, une minorité du parti a sauvé son honneur. A court terme, Tsipras prospérera sur les ruines de ses promesses, comme l’avait fait le premier ministre travailliste britannique Ramsay MacDonald, dont le gouvernement d’union nationale composé en majorité de conservateurs avait imposé l’austérité en pleine Grande dépression, avant de mourir dans le mépris de ses contemporains et de la postérité. La Grèce a déjà eu sa part de dirigeants de cet acabit. Peu de gens ont oublié l’Apostasia de Stephanopolous en 1965 (1). Le pays aura sans doute à en subir d’autres.

  • L’erreur de Tsipras, par Perry Anderson
    http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/220715/lerreur-de-tsipras-par-perry-anderson

    L’historien britannique Perry Anderson revient sur la #crise grecque et analyse l’échec de la #stratégie du premier ministre grec. « Tsipras et ses collègues ont répété à qui voulait les entendre qu’il était hors de question d’abandonner l’euro. Ce faisant, ils ont renoncé à tout espoir sérieux de négocier avec l’Europe réelle — et non l’Europe qu’ils fantasmaient. »

  • L’Europe face à l’hégémonie allemande, par Perry Anderson (décembre 2012)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2012/12/ANDERSON/48468

    « On peut s’attendre à ce que la puissance allemande s’exerce sous des formes plus brutales, non par le haut commandement ou la Banque centrale, mais par le biais du marché », écrivions-nous avant l’irruption de la crise (12). L’Allemagne, qui, plus que tout autre Etat, a été la responsable majeure de la crise de l’euro par sa politique de répression salariale à l’intérieur et de capital à bon marché à l’extérieur, a aussi été le principal architecte des tentatives pour faire payer la facture par les faibles. En ce sens, l’heure d’une nouvelle hégémonie européenne est arrivée. Avec elle est apparu, ponctuellement, le premier manifeste effronté d’une suzeraineté de l’Allemagne sur l’Union.

    Dans un article publié dans Merkur, la plus importante revue d’opinion de la République fédérale, le juriste de Constance Christoph Schönberger explique que la sorte d’hégémonie que l’Allemagne est destinée à exercer en Europe n’a rien à voir avec le déplorable « slogan d’un discours anti-impérialiste à la Gramsci ». Elle doit être comprise au sens constitutionnel rassurant donné par le juriste Heinrich Triepel, à savoir la fonction de guide dévolue à l’Etat le plus puissant au sein d’un système fédéral, à l’instar de la Prusse dans l’Allemagne des XIXe-XXe siècles.

    L’Union européenne correspond précisément à ce modèle : un consortium essentiellement intergouvernemental réuni dans un Conseil européen dont les délibérations sont nécessairement « insonorisées » et dont seule la science-fiction pourrait imaginer qu’il devînt un jour « la fleur bleue de la démocratie, pure de tout résidu institutionnel terrestre » (13). [#st]

    http://zinc.mondediplo.net/messages/4495 via Le Monde diplomatique