• “Taxer les lectures de manifestations littéraires, c’est une histoire de cornecul”
    https://www.actualitte.com/article/monde-edition/taxer-les-lectures-de-manifestations-litteraires-c-est-une-histoire-de-cornecul/87119?origin=newsletter

    La taxation semblerait défendable uniquement dans le cas de véritables spectacles portés par des comédiens et une production, « lorsque par exemple Édouard Baer lit Modiano en faisant une série de dates dans un théâtre puis une tournée ». Il faut vraiment faire la distinction entre les opérateurs de la vie littéraire et ceux du spectacle. Ils agissent dans des économies et des logiques de production bien différentes - ce qui n’empêche d’ailleurs pas certaines complémentarité.

    « Quand La Grande Sophie et Delphine de Vigan expérimentent une lecture musicale pour le festival littéraire Tandem à Nevers puis la présentent à la Maison de la Poésie, nous jouons le rôle de laboratoire créatif, d’incubateur. Il se trouve qu’à la suite de cela, un producteur intervient pour que cela devienne un spectacle en finançant un temps de résidence puis en organisant une véritable tournée. On bascule alors dans une autre économie qui peut assumer une redevance sur les recettes. Au fond, on revient dans le périmètre qui est celui des adaptations scéniques et pour lequel agissait la SACD avant l’arrivée maladroite de la SCELF sur ce champ. »

    Au cours des dix dernières années, note Bertrand Morisset, les coûts ont été démultipliés pour les organisateurs d’événements – notamment pour ce qui touche à la sécurité. « La prise de conscience et le soutien qu’apportera le CNL en sont une preuve. » Est-il raisonnable, ou pertinent, d’ajouter un coût qui n’a aucune consistance économique ? « Qu’on nous lâche : laissez-nous faire des salons magnifiques, qui mettront les auteurs en contact avec leurs lecteurs, et les inciteront à produire un nouveau livre, plus beau, plus inspiré. »

    Et de poursuivre : « Quand on en arrive à se demander combien on pourrait taxer une manifestation, pour une lecture faite par un auteur, c’est une histoire de cornecul, de cornegidouille. Qu’on réfléchisse plutôt à la manière de lever 50 millions € pour que les festivals rémunèrent plus encore les auteurs et les éditeurs. Que les visiteurs viennent gratuitement, assister à de belles rencontres, qui raviveront l’envie de lire, le goût des livres. »

    Le temps et l’énergie investis dans les négociations aujourd’hui, démontre l’absurdité de toute cette démarche. « Nous sommes, nous organisateurs, responsables redevables de l’argent public, donc des impôts des français, qu’on nous confie. Et notre mission est de transmettre ce plaisir que donnent les auteurs. Qu’on exonère tout le monde, durant cinq ans, et ensuite, réfléchissons ensemble... »

    #Edition #Lecture_publique #SCELF

  • Refonder les relations entre auteurs et bibliothèques sur les droits culturels – – S.I.Lex –
    https://scinfolex.com/2018/01/21/refonder-les-relations-entre-auteurs-et-bibliotheques-sur-les-droits-cult

    Par Lionel Maurel

    L’élément qui a « cimenté » l’alliance entre les auteurs et les bibliothécaires, c’est la conscience partagée de l’importance des usages culturels en jeu au travers des lectures publiques gratuites. A contrario, les prétentions de la SCELF cherchant à les soumettre à une autorisation préalable et à une redevance ont paru violemment illégitimes, quand bien même cette société d’éditeurs pouvait se prévaloir d’avoir la légalité de son côté. C’est ce que traduit la pétition « Shérézade en colère » initiée par un collectif d’auteurs et de bibliothécaires, qui a recueilli plus de 30 000 signatures.

    Cette référence aux droits culturels est importante, car ceux-ci ont été reconnus par la loi NOTRe du 7 août 2015, ainsi que par la loi Création du 7 juillet 2016. Ils trouvent leur source au niveau international dans la Convention de l’Unesco de 2005 sur la la diversité des expressions culturelles, ainsi que dans des instruments comme la Déclaration de Fribourg de 2007.

    Si les bibliothécaires ont rapidement invoqué explicitement les droits culturels, ce sont pourtant les représentants des auteurs qui en ont le mieux traduit l’esprit dans les protestations adressées à la SCELF. En effet, les différentes organisations d’auteurs (SGDL, Charte, CPE, etc.) qui sont montées au créneau pour défendre les lectures publiques gratuites ont été très claires depuis le début sur le fait qu’elles ne demandaient pas à ce que le droit d’auteur soit mis à l’écart. Mais elles exigeaient néanmoins qu’il ne soit pas appliqué pour faire obstacle à l’exercice de pratiques culturelles qu’elles jugeaient essentielles. Il ne s’agissait pas de nier l’existence du droit d’auteur et de sa légitimité, mais de le concilier avec d’autres droits fondamentaux, comme le droit de participer à la vie culturelle dont la liberté des lectures en public est la condition.

    Or l’essence même des droits culturels – et ce qui fait toute leur force symbolique – consiste à affirmer le caractère indissociable des droits fondamentaux et le fait que nul ne peut utiliser un droit culturel pour empêcher autrui d’exercer le sien. Ce qui est apparu ici, c’est que les lectures publiques ne constituaient pas un droit des auteurs, ni un droit des bibliothèques, mais un droit indissociable appartenant de manière solidaire à l’ensemble de ces acteurs, au nom de valeurs partagées à défendre ensemble. Pouvoir lire des livres à des enfants sans autorisation à demander, ni redevance à verser ; pouvoir faire découvrir des auteurs en lisant leurs textes et éveiller le goût de la lecture ; pouvoir faire rayonner la diversité culturelle à travers la lecture à haute voix : voilà les principes fondamentaux qui étaient en jeu dans cette affaire et c’est sur la base de cette conscience partagée que l’alliance entre auteurs et bibliothécaires a pu se nouer.

    Pourrait-on obtenir un résultat identique par le biais d’une exception ? Rien n’est moins certain. On peut par exemple faire la comparaison avec l’exception pédagogique et de recherche, qui a été introduite en 2006 par la loi DADVSI. Les usages en question ne sont pas moins légitimes que les lectures publiques. Pourtant, l’exception pédagogique a été formulée d’une manière extrêmement complexe, qui la rend difficilement applicable en pratique, avec de nombreuses insuffisances et limitations. Par ailleurs, elle n’est pas gratuite et le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de l’Education Nationale doit verser plus de 2 millions d’euros par an à des sociétés de gestion collective en compensation du « préjudice » subi. Ce résultat bancal n’est pas un accident, mais le produit de « l’infériorisation structurelle » qui frappe les exceptions au droit d’auteur. En France, on considère qu’elles ne sont justement que des exceptions et pas de véritables droits, ce qui explique les « mutilations législatives » dont elles font l’objet. La plupart des nouvelles exceptions introduites depuis le début des années 2000 (exception conservation, exception pour la numérisation des oeuvres orphelines, liberté de panorama, Text et Data Mining) ont été affectées par ce problème, si bien qu’il n’en résulte souvent que des « trompe-l’oeil » législatifs, sans réelle portée sur les usages.

    Le cadre législatif applicable aux bibliothèques reste encore en 2018 profondément lacunaire, ce qui en fait une « institution-pirate » malgré elle… Certes, l’absence de réaction des ayants droit montre qu’il existe en réalité un consensus social assez large pour que ces activités continuent à s’exercer en dépit de leur illégalité. Mais cela revient à courir un risque de remise en cause brutale et l’affaire de la SCELF a montré que ces faiblesses peuvent d’avérer très dangereuses si des ayants droit sont décidés à aller jusqu’au bout, car ils ont alors avec eux la puissance du droit. Pour remédier à cette situation, on pourrait imaginer bâtir un système complet d’exceptions au droit d’auteur couvrant l’ensemble des activités en bibliothèque. C’est notamment ce que propose depuis plusieurs années l’IFLA (International Federation of Libraries Associations) dans le cadre de négociations engagées autour d’un traité à l’OMPI. Mais ce processus est pour l’instant enlisé dans une impasse politique qui risque encore de durer de nombreuses années, en raison de l’opposition des ayants droit.

    Chaque bibliothèque publique pourrait ainsi verser au titre de cette contribution une somme calculée sur la base du nombre d’usagers inscrits. Ces versements mutualisées pourraient ensuite servir à deux objectifs : verser une « rémunération socialisée » aux auteurs et renforcer leurs droits sociaux. Sur le premier point, un complément de rémunération pourrait ainsi être alloué aux auteurs individuels, qui viendrait s’ajouter à leurs droits d’auteur, en prenant comme clé de répartition les achat de supports effectués par les bibliothèques. Chaque année, la SOFIA publie ainsi un bilan des sommes qu’elle reverse aux auteurs au titre du droit de prêt et ce qu’elle montre, c’est que les achats des bibliothèques se répartissent sur un nombre de titres bien plus large que ceux achetés par les consommateurs sur le marché de la culture. C’est en cela que les bibliothèques sont des acteurs importants pour promouvoir la diversité culturelle à côté du marché, qui tend au contraire à concentrer l’essentiel des rémunérations sur un petit nombre d’oeuvres et d’auteurs (effet best sellers, hits, blockbusters, etc.). Voilà pourquoi il y aurait intérêt à ce qu’une partie de la contribution de solidarité des bibliothèques serve à financer un « revenu socialisé » pour les auteurs.

    Car le gouvernement est bien en train de plancher pour mettre en place, dès septembre 2018, son fameux « Passe Culture » issu des promesses de campagne du candidat Macron, sous la forme d’une aide de 500 euros versés chaque année aux jeunes de 18 ans pour financer leurs dépenses culturelles. Le montant de cette opération serait, d’après ce que l’on peut lire dans la presse, de l’ordre de 450 millions d’euros par an, une somme considérable que le gouvernement a pourtant bien l’air décidé à rassembler malgré l’état des déficits publics.

    Mais cette mesure du « Passe Culture » est à l’opposé de la vision des droits culturels, des solidarités actives et de la justice sociale que j’essaie de défendre dans ce billet. Car elle reviendra à effectuer chaque année des injections massives d’argent public directement dans le marché de la culture, qui continuera à répartir ces sommes selon la logique inégalitaire qui le caractérise, c’est-à-dire au bénéfice principal d’une toute petite minorité d’auteurs. Loin de contribuer à favoriser la diversité culturelle, ce dispositif ne peut que creuser encore les inégalités qui existent entre les artistes.

    Dans l’intérêt même de l’immense majorité des créateurs, il vaudrait donc mieux que ces financements aillent à des mécanismes de solidarité qui viendraient contrebalancer les effets négatifs du marché de la culture plutôt que de les alimenter encore…

    #SCELF #Droits_culturels #Lecture #Edition

  • La SCELF suspend la perception sur les lectures publiques pour 5 ans
    https://www.actualitte.com/article/monde-edition/la-scelf-suspend-la-perception-sur-les-lectures-publiques-pour-5-ans/86788

    « [S]ouhaitant soutenir les bibliothèques dans leur mission de diffusion de la lecture, la SCELF, au nom des éditeurs qui l’ont mandatée, accepte de suspendre la perception relative à ce droit pendant une durée de cinq ans », annonce la SCELF dans un communiqué publié aujourd’hui. Cette décision fait suite à de nombreuses réactions contre la perception d’un droit de représentation auprès des bibliothèques pour la lecture publique d’ouvrages.

    #SCELF #Lecture #Edition

    • Et de souligner que la position constructive proposée par la SCELF, en accord avec les représentants des éditeurs, des auteurs et des bibliothécaires, repose sur trois principes :
      • Réaffirmation par l’ensemble des parties prenantes que les lectures publiques s’inscrivent dans le cadre légal du droit d’auteur ;
      • Licence gratuite de durée de 5 ans et renouvelable accordée aux bibliothèques pour les lectures publiques non payantes qu’elles organisent ;
      • Absence de perception de droit en cas de lecture de ses œuvres par l’auteur lui-même, sauf cas exceptionnels qui restent à délimiter.

  • Lecture publique : la redevance, une “absurdité symbolique” pour la rue de Valois
    https://www.actualitte.com/article/monde-edition/lecture-publique-la-redevance-une-absurdite-symbolique-pour-la-rue-de-valois/86744

    La ministre restera muette quand on lui souligne que la Société s’appuie d’ailleurs sur un article du Code de la propriété intellectuelle pour légitimer son action. Les bibliothèques sont exonérées de cette redevance – exceptionnellement – à l’occasion de la Nuit de la Lecture : le reste du temps, sont-elles hors la loi si elles ne s’acquittent pas des sommes réclamées ? Silence gêné...

    Elle assure cependant que ses services sont en contact avec la SCELF et que l’on discute de ce point délicat. « Les acteurs privés ont leur droit et leurs prérogatives. C’est à eux d’ajouter la façon dont ils entendent faire valoir leur droit », nous précise-t-on loin des micros. « Si les éditeurs comprennent qu’une position de principe n’a pas de sens symboliquement et politiquement, dans le contexte où l’on se trouve alors il peuvent retrouver leur bon sens. »

    #SCELF #Lecture #Edition #Paroles_paroles

  • Daniel Pennac : “Faire payer la lecture publique, c’est non !”
    https://www.actualitte.com/article/monde-edition/daniel-pennac-faire-payer-la-lecture-publique-c-est-non/86701?origin=newsletter

    C’était en 1999, et voici que 17 ans plus tard, la Société Civile des Éditeurs de Langue Française, qui se charge des droits de représentation, remet sur la table cette rengaine. « J’ai toujours été pour la gratuité absolue du livre en bibliothèque », souligne Daniel Pennac à ActuaLitté. « Parce que le prix du livre est déjà payé, que c’est par les impôts locaux et l’inscription des usagers. »

    Alors, « à plus forte raison, si l’on veut faire payer les lectures à voix haute maintenant, oui, je m’engage », ajoute-t-il. L’ouvrage cosigné par les cinq auteurs, Prêter (un livre) n’est pas voler (son auteur), dénonçait déjà cette approche : réclamer l’instauration d’un système de prêt payant, n’était-ce pas alors « entrer dans une logique contre la lecture » ?

    La lecture publique est en danger :
    monsieur Pennac, au secours !

    Aujourd’hui, le romancier est remonté : « Il y en a marre de tondre le tondu : cette idée de redevance sur les lectures publiques ne tient compte ni de la réalité des besoins ni de l’organisation. Quand des gosses viennent dans une bibliothèque, c’est tout naturellement, parce qu’ils sont là, qu’on va leur lire des textes, leur faire découvrir. »

    Que les bibliothèques doivent « signaler à l’avance qu’elles vont faire faire une lecture, tout cela n’est pas sérieux. Les gamins en banlieue, on a besoin de les accueillir avec des livres : je suis absolument opposé à cette idée ». Alors, imposer une redevance sur la lecture publique, « c’est non. Et oui, je signe cette pétition. », affirme Daniel Pennac.
    Daniel Pennac met à jour Les droits du lecteur :
    un 11e commandement

    N’oublions pas les droits imprescriptibles du lecteur, établis par Daniel Pennac dans le livre Comme un roman, et qui aujourd’hui ont force de loi. Et plus spécifiquement encore, le 9e : « Le droit de lire à haute voix. » À cette heure, plus de 16.000 personnes ont signé la pétition mise en ligne par Shéhérazade.

    #Lecture #Edition #SCELF #Daniel_Pennac

  • La lecture publique est en danger : monsieur Pennac, au secours !
    https://www.actualitte.com/article/tribunes/la-lecture-publique-est-en-danger-monsieur-pennac-au-secours/86677

    L’heure du conte va-t-elle disparaître dans les bibliothèques ? Va-t-on nous priver de la lecture d’ouvrage, même sans billetterie, sous prétexte que celle-ci est assujettie d’une redevance « ubuesque » ? À l’approche de la Nuit de la lecture, le collectif Shéhérazade, qui réunit des auteurs, des bibliothécaires et autres gens du livre, interpelle Daniel Pennac, le parrain de la manifestation. Taxer les lieux de la lecture ? Réprimer le 9e droit du lecteur, de « lire à voix haute » ? Alors, que fait-on, monsieur Pennac ?

    #SCELF #Lecture #Edition

  • Taxer les lectures offertes, et les enfants déserteront les bibliothèques
    https://www.actualitte.com/article/monde-edition/taxer-les-lectures-offertes-et-les-enfants-deserteront-les-bibliotheques/86621?origin=newsletter

    « Les négociations sont toujours en cours, la réunion de décembre dernier au ministère avec la SCELF, le SNE, la Charte, l’ABF et la SGDL n’ayant pas été concluante », nous assure une proche du dossier. Or, les tarifications 2018 semblent avoir choisi une voie unilatérale pour régler les échanges : la SCELF est bien décidée à faire payer toute lecture de texte, suivant des conditions « arbitrairement décidées ».

    Qui veut vraiment taxer les bibliothèques ?

    Or cette position déjà décriée met en danger certes les auteurs et les bibliothécaires, mais également « tous les bénévoles et aux associations qui font vivre la lecture dans les zones péri-urbaines et rurales… ce serait détricoter 30 années de politique du livre », déplore une observatrice.

    L’une des pistes, vis-à-vis du public, serait de réaliser à l’occasion une communication collective à l’occasion de la Nuit de la lecture, parrainée par Daniel Pennac. Du côté des auteurs, il s’agirait peut-être de mettre à jour, collectivement, les contrats passés avec les éditeurs et refuser de signer les droits de représentation. De la sorte, « on couperait l’herbe sous les pieds de la SCELF ».

    #Lercture #Edition #SCELF

  • Lecture publique : la SCELF pratique le “coût du lapin” en bibliothèque
    https://www.actualitte.com/article/monde-edition/lecture-publique-la-scelf-pratique-le-cout-du-lapin-en-bibliotheque/86329

    Problème, ce 5 janvier, la SCELF a accompagné ses vœux 2018 d’un petit lien : « Rendez-vous directement sur le portail en ligne, la nouvelle tarification 2018 de droits d’auteur en matière de lectures à voix haute que nous vous invitons à consulter », explique-t-on. 
     
    Et en effet, toute forme de lecture, même dans son plus simple appareil, doit faire l’objet d’un paiement de redevance « quels que soient le cadre (possiblement sur scène) et la nature du dispositif (accessoires, lumière, etc.) mis en œuvre ». En outre, il faudra effectuer des demandes en bonne et due forme, pour obtenir les autorisations ad hoc. 
     
    La réaction est immédiate, et des auteurs s’en étranglent : « Non seulement le principe de faire payer des lectures gratuites reste, mais l’auteur devra payer pour lire son propre texte au bout d’un an, et les associations reconnues d’intérêt général se voient généreusement accorder une réduction de 5 %. Dans ma langue on dit foutage de gueule ! »
     
    Pour exemple, les lectures de rues, qui peuvent constituer l’une des grandes attractions dans le cadre du Printemps des poètes, sont taxées forfaitairement à 30 €.

    #Bibliothèques #Lecture #Copyright_madness #SCELF

    • Pour connaitre la suite, un livre : La liquidation - Laurent Cordonnier

      Du temps a passé depuis le début de la grande crise écologique et le reflux de la mondialisation. Le monde que nous avons connu depuis la révolution industrielle a beau toucher à sa fin, l’économie de marché n’en continue pas moins de faire des « progrès », sous la férule des banques et des institutions financières qui ont accaparé tous les pouvoirs, et qui cherchent dans les décombres de ce vieux monde (dont elles précipitent tragiquement la fin) de quoi survivre et même triompher encore. C’est le thème principal de ce roman d’anticipation politique et économique : pendant la liquidation, l’économie de marché et la finance aux abois continuent de travailler à leur propre accomplissement. La « liquidation » en question est donc tout à la fois celle de la société, en proie à un effondrement démographique irréversible ; celle de l’économie, repliée sur elle-même suite au reflux de la mondialisation, et tragiquement en manque de nouveaux eldorados ; celle de la ville, dont le périmètre ordonné et viable se rétrécit ; celle des actifs immobiliers, dont la valeur suit le déclin de la population ; et celle des banques… qui mettent tout en œuvre pour essayer d’en refouler la perspective inéluctable. Mais la « liquidation », c’est aussi celle de Philippe Smithski, le personnage principal de cette fiction, dont les affaires personnelles sont le triste décalque de la marche du monde qu’il habite. Pris au piège d’une procédure de redressement économique, au bord de la faillite personnelle, à la fois maintenu en vie et mis la tête sous l’eau par sa propre banque, Smithski – un héros à reculons, qui fait ce qu’il peut pour se hisser à la hauteur de la situation – semble dériver inexorablement vers la déchéance promise aux « Wibankacs » (littéralement : Without bank accounts… ceux qui n’ont même plus de compte en banque).

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      Dans cet univers totalement désenchanté, où tout semble se rétrécir, où la nature a totalement disparue (survivant uniquement comme une attraction pour parcs à thèmes), où le non-sens menace chaque action, où le passé subsiste uniquement sous forme de reliques, où les enfants sont devenus indésirables, où la froide logique comptable de la valorisation des actifs en temps réel et à la fair value dicte sa loi aux organisations et aux êtres vivants, où seules les banques semblent maîtriser la situation – l’Etat et le gouvernement, complètement dépassés, en sont réduits à commenter intelligemment le cours catastrophique des choses – … dans ce monde où seule la rigueur implacable du calcul économique semble constituer un point fixe, quelque chose finira par échapper.
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