• Conference on innovative technologies for strengthening the Schengen area

    On 28 March 2023, the European Commission (DG HOME), Frontex and Europol will jointly hold a conference on innovative technologies for strengthening the Schengen area.


    The conference will provide a platform for dialogue between policy decision-makers, senior technology project managers, and strategic industry leaders, essential actors who contribute to making the Schengen area more secure and resilient. The conference will include discussions on the current situation and needs in Member States, selected innovative technology solutions that could strengthen Schengen as well as selected technology use cases relevant for police cooperation within Schengen.

    The conference target participants are ‘chief technology officers’ and lead managers from each Member State’s law enforcement and border guard authorities responsible for border management, security of border regions and internal security related activities, senior policy-makers and EU agencies. With regards to the presentation of innovative technological solutions, a dedicated call for industry participation will be published soon.

    https://www.europol.europa.eu/publications-events/events/conference-innovative-technologies-for-strengthening-schengen-area

    Le rapport est téléchargeable ici:
    Report from the conference on innovative technologies for strengthening the Schengen area

    In March 2023, the European Commission (DG HOME), Frontex and Europol jointly hosted a conference on innovative technologies for strengthening the Schengen area. The event brought together policy makers, senior technology project managers, and strategic industry leaders, essential actors who contribute to making the Schengen area more secure and resilient. The conference included discussions on the current situation and needs in Member States, selected innovative technology solutions that could strengthen Schengen as well as selected technology use cases relevant for police cooperation within Schengen.

    https://frontex.europa.eu/innovation/announcements/report-from-the-conference-on-innovative-technologies-for-strengtheni
    Lien pour télécharger le pdf:
    https://frontex.europa.eu/assets/EUresearchprojects/2023/Conference_on_innovative_technologies_for_Schengen_-_Report.pdf

    #technologie #frontières #Frontex #Europol #conférence #Schengen #UE #EU #commission_européenne #droits #droits_fondamentaux #biométrie #complexe_militaro-industriel #frontières_intérieures #contrôles_frontaliers #interopérabilité #acceptabilité #libre-circulation #Advanced_Passenger_Information (#API) #One-stop-shop_solutions #données #EU_Innovation_Hub_for_Internal_Security #Personal_Identification_system (#PerIS) #migrations #asile #réfugiés #vidéosurveillance #ePolicist_system #IDEMIA #Grant_Detection #OptoPrecision #Airbus_Defense_and_Space #Airbus #border_management #PNR #eu-LISA #European_Innovation_Hub_for_Internal_Security

  • Nucléaire : l’impasse de la puiscience
    https://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?article1800

    Voici un an, le 10 février 2022, le président Macron annonçait un programme d’emballement nucléaire sans précédent depuis 1974, sous les gouvernements de Pompidou et Giscard d’Estaing. Depuis un an, nous tâchons avec nos amis de raviver la contestation anti-nucléaire qui fut – depuis l’après-guerre – la matrice de l’écologie radicale, mais cela ne plait pas à tout le monde. Notre ami Jean Degoche nous aime bien, mais il nous a envoyé une lettre navrée. Il réprouve notre « fixette sur le nucléaire ». Bien sûr, lui aussi, dans sa jeunesse, a collé sur son combi VW le joli soleil dans la fleur de tournesol avec l’inscription « nucléaire non merci ». Et convenons que c’était un engagement hardi, même s’il n’est pas allé plus loin. Cela reste entre nous, mais jamais, depuis des décennies, nous ne l’avons vu dans (...)

    https://floraisons.blog/face-au-monde-machine #Nécrotechnologies
    https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/nucle_aire_impasse_de_la_puiscience.pdf

    • Que dire à nos congénères, qui vaille la peine d’être dit et que nous ne leur ayons déjà dit et redit depuis 50 ans. C’est vrai. « Les gens », dans leur masse, ne sont ni « écologistes », ni anti-industriels, ni antinucléaires ; ils ne l’ont jamais été ; ne le seront sans doute jamais. Certes, les « Gilets jaunes » ont rappelé qu’ils étaient toujours capables de s’opposer durement ; durablement ; quand ils estimaient ne plus pouvoir faire autrement – le prix de l’essence, le coût de la vie, l’épuisement psychique et physique, une certaine idée de leur qualité de Français, abandonnés et bafoués par l’État. Ils veulent bien obéir, vivre en suivant les règles. Travail, transports, télé, etc. Encore faut-il qu’on leur en laisse les moyens. Reste que le renoncement à la puissance ne figurait pas parmi leurs aspirations, bien au contraire. Et d’ailleurs, fait-il vraiment partie des nôtres ? Voilà le débat que M. Badré et sa commission n’organiseront pas. Une fois posé que la volonté de puissance est le moteur de l’histoire, à quelles conditions et jusqu’où le renoncement à la puissance pourrait-il advenir, individuellement et collectivement ?

      Mesure-t-on le moment que nous vivons. Le sidérant contraste entre cette fin du monde que nos autorités nous annoncent comme prochaine, et la frivole continuation d’un mode de vie suicidaire. Si elles croient à leurs propres discours, elles devraient tout arrêter. Tout de suite. Non seulement la coupe du monde de football au Qatar, les Jeux Olympiques de Paris, ceux d’hiver en Arabie Saoudite, mais toute industrie touristique, des transports, du divertissement, des communications ; et à peu près toute industrie minière et manufacturière, à l’exception de quelques productions vitales. En attendant cette fin du monde annoncée, nous restons nous aussi dans l’impasse de la puiscience.

      #nucléaire #anti-nucléaire #histoire #écologie #France #débat #acceptabilité #mode_de_vie #électricité #CNDP #EPR

  • De la #démocratie en #Pandémie. #Santé, #recherche, #éducation

    La conviction qui nous anime en prenant aujourd’hui la parole, c’est que plutôt que de se taire par peur d’ajouter des polémiques à la confusion, le devoir des milieux universitaires et académiques est de rendre à nouveau possible la discussion scientifique et de la publier dans l’espace public, seule voie pour retisser un lien de confiance entre le savoir et les citoyens, lui-même indispensable à la survie de nos démocraties. La stratégie de l’omerta n’est pas la bonne. Notre conviction est au contraire que le sort de la démocratie dépendra très largement des forces de résistance du monde savant et de sa capacité à se faire entendre dans les débats politiques cruciaux qui vont devoir se mener, dans les mois et les années qui viennent, autour de la santé et de l’avenir du vivant.

    https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Tracts/De-la-democratie-en-Pandemie

    –-

    Et une citation :

    « La conviction qui nous anime en prenant aujourd’hui la parole, c’est que plutôt que de se taire par peur d’ajouter des #polémiques à la #confusion, le devoir des milieux universitaires et académiques est de rendre à nouveau possible la discussion scientifique et de la publier dans l’espace public, seule voie pour retisser un lien de confiance entre le #savoir et les citoyens, lui-même indispensable à la survie de nos démocraties. La stratégie de l’ _#omerta_ n’est pas la bonne. Notre conviction est au contraire que le sort de la démocratie dépendra très largement des forces de résistance du monde savant et de sa capacité à se faire entendre dans les débats politiques cruciaux qui vont devoir se mener, dans les mois et les années qui viennent, autour de la santé et de l’avenir du vivant. »

    #syndémie #désert_médical #zoonose #répression #prévention #confinement #covid-19 #coronavirus #inégalités #autonomie #état_d'urgence #état_d'urgence_sanitaire #exception #régime_d'exception #Etat_de_droit #débat_public #science #conflits #discussion_scientifique #résistance #droit #santé #grève #manifestation #déni #rationalité #peur #panique #colère #confinement #enfermement #défiance #infantilisation #indiscipline #essentiel #responsabilité #improvisation #nudge #attestation_dérogatoire_de_déplacement #libéralisme_autoritaire #autoritarisme #néolibéralisme #colloque_Lippmann (1938) #économie_comportementale #Richard_Thaler #Cass_Sunstein #neuroscience #économie #action_publique #dictature_sanitaire #consentement #acceptabilité_sociale #manufacture_du_consentement #médias #nudging #consulting #conseil_scientifique #comité_analyse_recherche_et_expertise (#CARE) #conseil_de_défense #hôpitaux #hôpital_public #système_sanitaire #éducation #destruction #continuité_pédagogique #e-santé #université #portefeuille_de_compétences #capital_formation #civisme #vie_sociale #déconfinement #austérité #distanciation_sociale #héroïsation #rhétorique_martiale #guerre #médaille_à_l'engagement #primes #management #formations_hybrides #France_Université_Numérique (#FUN) #blended_learning #hybride #Loi_de_programmation_de_la_recherche (#LPR ou #LPPR) #innovation #start-up_nation #couvre-feu #humiliation #vaccin #vaccination
    #livre #livret #Barbara_Stiegler

    • secret @jjalmad
      https://twitter.com/jjalmad/status/1557720167248908288

      Alors. Pour Stiegler je veux bien des ref si tu as ça, j’avais un peu écouté des conf en mode méfiance mais il y a un moment, sans creuser, et je me disais que je devais pousser parce qu’en effet grosse ref à gauche

      @tapyplus

      https://twitter.com/tapyplus/status/1557720905828253698

      Check son entretien avec Desbiolles chez les colibris par ex. T’as aussi ses interventions à ASI, son entretien avec Ruffin, etc. C’est une philosophe médiatique, on la voit bcp. Et elle dit bien de la merde depuis qq tps. Aussi un live de la méthode scientifique avec Delfraissy

      Je suis pas sur le PC mais je peux te lister pas mal de sources. D’autant plus pbtk parce que « réf » à gauche. Mais dans le détail elle dit de la merde en mode minimiser le virus + méconnaissance de l’antivaccinisme. Et du « moi je réfléchit » bien claqué élitiste et méprisant.

      Quelques interventions de B Stiegler (en vrac) :
      Alors la première m’avait interpellée vu qu’elle était partie en HS complet à interpeller Delfraissy sur les effets secondaires des vaccins : https://radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-methode-scientifique/et-maintenant-la-science-d-apres-8387446
      (le pauve N Martin se retrouvait sur un débat complètement HS)

      Il y a d’une part la critique politique (rapport à la démocratie en santé publique), mais pour Stiegler outre la position « le gvt en fait trop, c’est des mesures autoritaires inutiles » elle se positionne par ailleurs sur des choix

      Parler des EI des vaccins sans balancer avec les effets de la maladie. Utilisation de la santé mentale des enfants pour critiquer le port du masque à l’école, lecture de la situation où il n’y aurait que gvt vs libertay, et en omettant complètement toutes les positions développées par l’autodéfense sanitaire et les militants antivalidistes et de collectifs de patients (immunodéprimés, covid long, ...) quand ils ne vont pas dans son narratif.

      Elle met de côté toutes les lectures matérialistes de la situation et sort clairement de son champ de compétence sur certains points, tout en ne donnant que très peu de sources et de points de référence pour étayer ses propos.

      Genre elle critique la pharmacovigilance et les EI mais elle ne donne jamais aucune source ni aucune information sur les outils, méthodes et acteurs qui travaillent ces sujets. Pareil quand elle dit découvrir les critiques des vaccination. Il y a de quoi faire avec les travaux historique sur la #santé_publique et la vaccination. A t elle interrogé des spécialiste de ces sujets, notamment les spécialistes qui ne vont pas que dans le sens de son propos. Elle semble manquer cruellement de référence historique sur le sujet alors qu’elle s’en saisit et qu’elle a une aura d’#intellectuelle_de_gauche, donc plein de monde lui accorde une confiance et trouve qu’elle est très pertinente sur certains sujets. Mais sur le traitement des points techniques elle me semble plutôt à la ramasse et ce qui ne va pas dans son sens est renvoyé à la doxa gouvernementale ou technoscientiste liberale, sans apparemment regarder les contenus eux même. Et Desbiolles c’est pareil. Alla je connais moins et je l’ai entendu dire qq trucs pertinents (sur les profils des non vaccines par exemple) mais le fait qu’il cite Desbiolles devant l’opecst, alors que celle ci racontait des trucs bien limites sur les masques et les enfants, ça me met des warnings.

      Je rajouterai 2 points : 1) il y a des sujets super intéressants à traiter de trouver comment on construit une position collective sur des questions de santé publique, ni individualiste ni subissant l’autorité de l’état. Genre comment penser une réflexions sur les vaccinations (en général, pas spécifiquement covid) dans une perspective émancipatrice et libertaire, comment on fait collectif, comment on mutualise des risques, comment on se donne des contraintes individuelles pour soutenir celles et ceux qui en ont plus besoin.

      Stiegler ne fait que critiquer l’autoritarisme d’état, parle de démocratie, mais ne propose aucune piste concrète ni axe de réflexion pour développer cela. D’autres personnes le font et développent cela, et c’est des sujets non triviaux sur lesquels il est important de délibérer.

      2) Un autre point c’est son discours, comme ceux d’autres intellectuels, est surtout axé sur la partie « choix libre » de la phrase « choix libre et éclairé », et n’évoquent pas vraiment la manière dont on construit collectivement la partie « éclairé »

      Il y a des sujets super importants à traiter sur le rapport aux paroles d’expert, de la place des scientifiques dans un débat public, de la dialectique entre connaissance scientifique et choix politiques et éthiques, bref plein d’enjeux d’éducation populaire

      Ah et aussi dernier point que j’ai déjà évoqué par le passé : l’axe « liberté » sur les questions de vaccination, c’est un argument central des discours antivaccinaux, qui axent sur le fait que les individus peuvent choisir librement etc. C’est assez documenté et c’est par exemple un registre argumentaire historique de la Ligue Nationale Pour la Liberté de Vaccination (LNPLV), qui défend le rapport au choix, défendant les personnes qui ont refusé les vaccinations obligatoires. Mais sous couvert de nuance et de démocratie, ce sont des positions antivaccinales assez claires qui sont défendues. Ce truc de la nuance et de la liberté, tu la retrouves par exemple également chez les anthroposophes (j’en parlais récemment dans un thread).

      j’ai enfin compris pourquoi on dit intellectuel de gauche : c’est pour indiquer avec quel pied leur marcher dessus.

  • Céline Pessis & Sara Angeli Aguiton, Les petites morts de la critique radicale des sciences, 2015
    https://sniadecki.wordpress.com/2022/06/19/pessis-aguiton-critique-sciences

    Si la critique (et l’autocritique) des sciences a une histoire articulée à celle de l’écologie politique, son héritage est aujourd’hui invisible. Comment expliquer l’absence de transmission, entre générations de chercheurs comme au sein de la mouvance écologiste, de la mémoire de ce mouvement de critique radicale des sciences des années 1970 ? Après avoir éclairé les formes de l’engagement critique des scientifiques durant l’entre-deux-mai (1968-1981), cet article propose quelques pistes afin de rendre compte des reconfigurations sociales, politiques et institutionnelles qui ont produit une telle occultation. L’étude de deux moments est privilégiée : la reprise en main politico-industrielle de la recherche au tournant des années 1980, qui vient offrir aux chercheurs un nouvel ethos scientifique mêlant vulgarisation et innovation ; et le tournant réformiste « sciences-société » des années 2000, qui, tout en poursuivant une régulation libérale des innovations technocapitalistes, entend gérer le renouveau contestataire par l’inclusion de la société civile.

    #critique_techno #science #scientisme #Grothendieck #Serge_Moscovici #Histoire

    • Les conflits environnementaux et les nouvelles mobilisations ont grandement préoccupé les institutions européennes et nationales, qui raffinent leurs techniques de gouvernement pour les gérer. À l’échelle européenne, un arsenal d’instruments est alors développé afin de mesurer l’opinion publique concernant ces technologies et d’organiser le « public understanding of science » par des campagnes de communication et de médiation scientifique qui visent à redorer l’image des technosciences. En France, les CCSTI, les musées des sciences et de l’industrie ainsi que les initiatives de médiations scientifiques deviennent les bras armés de ces politiques. Ce mouvement politique, enclenché à la fin des années 1990, est très descendant et repose sur l’idée que les mobilisations sociales remettant en cause le dogme du progrès seraient le produit d’un manque de confiance lié à un manque de connaissance scientifique (conception que l’on nomme « modèle du déficit »).

      #acceptabilité #médiation

  • « Scandaleux #Macron profite de l’entre-deux tours pour une nouvelle fois faire ses sales coups pour l’environnement cette fois-ci avec la réforme du code minier #Ecologie #mine #Guyane »
    https://reporterre.net/Pollution-miniere-les-maladies-sont-desormais-la-faute-de-la-victime

    Le gouvernement profite de l’entre-deux-tours pour réformer par ordonnance le Code minier. Les dispositions contenues dans le texte publié, explique notre chroniqueuse, visent à aider les exploitants à s’exonérer de la responsabilité des dommages tout en reportant le blâme sur les personnes qui les subissent.

    Entre les deux tours de l’élection présidentielle, le gouvernement réforme le Code minier par ordonnances. Le moment est bien choisi, en pleine tempête électorale, pour que personne n’y prête la moindre attention. Pourtant, il s’y joue une part de notre avenir. Entre la poursuite de la numérisation, le boom des véhicules électriques et l’industrialisation des pays du Sud, le monde est secoué par une ruée minière de haute intensité. Face aux monopoles chinois sur les métaux, les industriels européens font pression depuis des années sur les gouvernements pour qu’ils facilitent l’exploitation des gisements du continent. En France, suite aux protestations soulevées ces dernières années par des projets de mines d’or (en Guyane) ou de tungstène (en Ariège et dans le Tarn), le principal enjeu de la réforme du Code minier est d’améliorer l’acceptabilité sociale des activités extractives. « Permettre l’émergence de projets mieux acceptés, porteurs de développement durable du territoire en tenant compte de tous les enjeux environnementaux, économiques, sanitaires et sociaux », résumait Emmanuelle Wargon pour le ministère de la Transition écologique.

    L’un des principaux problèmes des mines, ce sont les déchets : le secteur minier en est le principal producteur au monde. Qu’on soit en Chine ou en Europe et quel que soit le niveau de réglementation, exploiter par exemple une mine de cuivre contenant 100 g de cuivre pour 10 kg de roche nécessite de broyer et de traiter aux produits chimiques de gigantesques volumes de matières. En une décennie d’exploitation, on peut remplir une vallée de boues de traitement chargées de métaux toxiques et voir s’élever une montagne de roches excavées, l’une et l’autre susceptibles d’empoisonner les milieux pour des centaines d’années. Il est très coûteux et très difficile de confiner durablement ces déchets. C’est pourquoi le ministère de l’Écologie promettait de « renforcer les dispositions relatives à la responsabilité de l’exploitant minier à la fin des travaux pour une gestion des risques post-exploitation ».

    Organiser le blâme des victimes

    La loi Climat votée en août 2021 a autorisé le gouvernement à modifier le Code minier par ordonnances. Il a donc eu carte blanche lors de la rédaction du texte. Dans l’ordonnance publiée au Journal officiel ce 14 avril, conformément à l’esprit de la loi Climat, la définition d’un dommage minier est enfin étendue aux « dommages environnementaux et sanitaires » (il ne concernait jusqu’ici que les effondrements et remontées des eaux), mais son effet n’est pas rétrospectif : cela n’aura aucun effet sur les nombreux sites en France pollués par d’anciennes mines. Le gouvernement y a ajouté une clause restrictive : « L’exploitant peut s’exonérer de sa responsabilité en apportant la preuve d’une cause étrangère. » Si de fortes précipitations ravinent sur des terrils, intoxiquant les rivières et les vallées, comme à Salsigne (Aude) en 2018, il pourrait ne pas en être responsable, car la météo, personne n’y peut rien.

    Mais l’aspect psychédélique de ce nouveau Code minier réside dans l’introduction d’une clause punitive pour les victimes de pollutions. L’exploitant (ou l’État, s’il s’est substitué à lui entre-temps) peut « réduire ou supprimer sa responsabilité s’il démontre que le dommage est causé conjointement par l’activité minière et par la faute de la victime, consistant, notamment, en une abstention de prise en compte par cette dernière des recommandations émises par les autorités sanitaires ». Pour prendre la mesure d’une telle formule, il faut comprendre en quoi peuvent consister de telles recommandations. Suite à l’exploitation de l’or et du cuivre dans le bassin minier de Salsigne, 200 kilomètres carrés sont pollués par des dizaines de substances dont l’arsenic, un métal très cancérigène. Dans toute la vallée, il est interdit par arrêté préfectoral de consommer des légumes, fruits, escargots, plantes et champignons locaux ; de fréquenter les aires de jeux et de pique-nique de 14 communes ; de consommer l’eau des fontaines et des sources ; de se baigner dans la rivière et ses affluents. L’Agence régionale de santé recommande à l’ensemble des habitants de « couper les ongles des enfants courts », de « ne pas [les] laisser jouer sur des sols nus », de « nettoyer souvent les pièces du logement, des balcons et des terrasses avec un linge humide », de « se laver soigneusement les mains après avoir joué ou travaillé en extérieur », de « prévoir des protections pour la peau et les voies respiratoires lors des travaux », de « laver fréquemment les vêtements, jouets et doudous », etc...

    « Cet article du Code minier est de nature à exclure la quasi-totalité des victimes du droit à la réparation de leurs préjudices », constate François Espuche, de l’association Gratte Papiers, qui regroupe des habitants de la vallée de l’Orbiel. De fait, en mai 2021, la plainte des riverains pour « mise en danger de la vie d’autrui » a fait l’objet d’un non-lieu au motif qu’il existe depuis 1997 dans la région des « restrictions d’usage » et des « recommandations liées à la pollution ». Lors de la consultation en ligne portant sur la réforme du Code minier, toutes les associations concernées, de France Nature Environnement à Guyane Nature Environnement, ont protesté contre cette ordonnance. Sans effet sur la version finale du texte.

    Les futures victimes de pollutions pourraient donc être jugées fautives de ne pas avoir adopté le mode de vie hors sol exigé par la contamination des milieux. La pratique d’activités de subsistance ou le fait de persister à mener une existence normale à la campagne suffiraient à dédouaner l’entreprise minière ou l’État d’avoir rendu l’environnement impropre à l’agriculture, aux promenades, à la baignade et aux jeux des enfants. À travers ce transfert de responsabilité, le nouveau code minier entérine une tendance déjà à l’œuvre : l’État naturalise les pollutions (ou les catastrophes industrielles ou bactériologiques) tout en exigeant de la population qu’elle artificialise son mode de vie pour y faire face.

  • Sur la catastrophe en cours et comment en sortir - Serge Quadruppani & Jérôme Floch
    https://lundi.am/Sur-la-catastrophe-en-cours-et-comment-en-sortir

    Il y a tout de même pas mal de choses intéressantes dans cet article de Quadruppani (qu’on sait déjà mais dites au public antibiopolitique).

    On a pourtant aussi toutes les raisons d’écouter le cri de rage d’un ami infirmier, à qui j’ai fait lire l’interview de Lamarck : « Je voudrais surtout pas tomber dans le pathos, mais le subjectif est là, et je vais pas le refouler : quand tu as vu des personnes âgées qui ont un nom : Marthe, Francis, Suzanne, Mario, Huguette , Gilberte et tant d’autres, magnifiques, qui ne demandaient qu’à finir leurs vies tranquilles, sereines et entourées, partir en 24 heures, emballées dans des housses mortuaires, sans préparation, sans que leurs proches ne puissent les voir, ne serait-ce qu’une dernière fois, quand tu as vu tes collègues infirmières et aides-soignantes, pourtant pleines d’expérience, et qui savent tenir la « bonne distance » professionnelle avec la mort, te tomber dans les bras et pleurer de détresse, que tu as vu toute l’équipe soignante aller au tapis, frappée de plein fouet par le virus, et les rares soignantes encore valides rester à poste 18h sur 24, que tu as vu le quart des personnes prises en charge mourir en une semaine, les poumons bouffés par le virus, et qu’il s’en fallait à peine d’un mois pour que des vaccins soient disponibles... alors le gus qui te déclare, du haut de son Olympe conceptuel : « c’est la porte ouverte à la modification moléculaire de l’humain », tu as juste envie de lui hurler : « ta gueule, connard ! Tu n’as aucune idée de ce dont tu parles... ! » C’est con, hein ? »

    Non, c’est pas con, et d’autant moins que c’est assorti d’une critique des affirmations lamarckienne qui peut s’avérer fort utile pour dissiper les fantasmes attachés à ce vaccin à ARNm souvent au cœur des argumentaires antivax. « Bien, alors le truc affreux [d’après Lamarck] ce serait ces vaccins à ARN messager modifié « enrobés dans un vecteur complètement artificiel ». Le mot est lâché : « artificiel », sûrement opposé à « naturel ». Ne relevons même pas que bien des produits artificiels se sont révélés forts utiles, et que nombre de produits naturels peuvent être extrêmement nocifs. Le truc ici consiste à faire peur : c’est « artificiel » ! Pas bon ça ! Le vecteur en question est une microparticule avec 4 lipides (dont du cholestérol), 4 sels (chlorures de sodium, de potassium, dihydrogénophosphates de sodium, de potassium), du sucre (saccharose) et de l’eau... (c’est presque Bio !) Non, faut que ça fasse peur ! Car nous disent-ils tout ça « est injecté massivement depuis décembre 2020 sans tests cliniques suffisants tant sur l’innocuité que sur l’efficacité ». C’est évidement faux, les essais de phase I, II, et III ont bien eu lieu, et si la phase III se poursuit c’est pour étudier les effets secondaires inattendus, la durée de protection induite par la production d’anticorps et la mémoire immunitaire induite, et d’envisager le calendrier vaccinal de rappels le cas échéant … à ce jour près de 8 milliards de doses de vaccins contre la Covid ont été administrées, et près de 55% de la population mondiale a reçu au moins une dose (dont seulement 6% dans les pays pauvres). Jamais dans l’histoire des traitements et vaccins il n’y a eu une telle surveillance de pharmacovigilance. »

    Et jamais peut-être il n’a été aussi important d’éclaircir nos rapports avec la science en général, et avec la science médicale en particulier. L’humeur antivax est ancienne, en particulier dans des milieux où les ennemis du capitalisme se recrutent en grand nombre. Au risque de déplaire à bien des amis ou des alliés, disons-le sans détour : cette humeur repose pour l’essentiel sur des fantasmes sans fondement. Deux reproches principaux ont alimenté longtemps le refus de la vaccination, et, malgré tous les démentis, ont resurgi à la faveur de celle contre le Covid : son lien avec l’autisme et les accidents consécutifs à la présence d’aluminium. La première rumeur, qui eut d’abord les honneurs du Lancet, a ensuite été démentie et il s’est avéré que celui qui l’avait lancée était un escroc. Quant à la seconde, s’il est vrai que de l’aluminium a bien été ajouté à certains vaccins pour les booster, et que ce métal a, dans quelques cas, déclenché des réactions locales à l’endroit de l’injection, il n’a jamais entraîné d’accidents graves.

    […]

    On se gardera pourtant de reprendre à notre compte le vocable de « Big Pharma ». Pas seulement parce qu’on le retrouve systématiquement dans des bouches qui ont très mauvaise haleine, — est-ce un hasard ? — mais parce qu’il charrie une vision simpliste de ce à quoi nous faisons face et ne permet donc pas d’en saisir la complexité, les dynamiques et les rouages. « Big Pharma » est à l’ère des gouvernements biopolitiques revendiqués ce qu’était le mythe des deux cents familles au XIXe siècle. Il n’y a pas plus de gouvernement mondial secret que de Big Pharma, ce à quoi nous faisons face c’est à une coalition d’intérêts qui opèrent et prospèrent au sein d’un ordre du monde et d’une organisation sociale organisés par et pour eux. Il y a donc fort à parier que, à l’instar de toutes les structures étatiques, l’INSERM ne soit pas à l’abri de du lobbying général des grandes compagnies pharmaceutiques comme de l’influence de telle ou telle d’entre elles. Mais c’est justement parce qu’il s’agit d’une coalition d’intérêts particuliers et non pas d’une entité monolithique, qu’on peut compter sur l’existence de contradictions en son sein. Peut-on imaginer que s’il existait le moindre soupçon d’effets secondaires néfastes avec l’ARN, Johnson&Johnson et Astrazeneca, les concurrents sans ARN, épargneraient leurs rivaux d’une intense campagne de lobbying pour effrayer la population et récupérer tout le marché ? Et comment s’expliquer, sous le règne omnipotent de « Big Pharma » et du déjà un peu ancien « nouvel ordre mondial » que les stratégies sanitaires, idéologiques et politiques aient été aussi radicalement différentes des Etats-Unis à la France, d’Israël au Brésil, de la Suède à la Chine ?

    […]

    La vérité est à la fois beaucoup plus simple et complexe. Face à la pandémie, à la profondeur de ce qu’elle venait remettre en cause et au risque qu’elle faisait peser soudainement sur l’économie mondiale, les gouvernants ont paniqué. Et c’est cela que leurs litanies de mensonges devaient recouvrir, alors que tout leur pouvoir repose sur leur prétention à gérer et anticiper, ils ont dû bricoler, dans un premier temps du moins. Non pas pour sauver des vies mais pour préserver leur monde de l’économie. Au moment même où les appareils gouvernementaux de toutes les plus grandes puissances mondiales connaissaient leur plus grande crise de légitimité, certains ont voulu y voir le complot de leur toute puissance. Le complotiste aime les complots, il en a besoin, car sans cela il devrait prendre ses responsabilités, rompre avec l’impuissance, regarder le monde pour ce qu’il est et s’organiser.

    […]

    Dans la vidéo « La Résistance », dont le titre est illustré sans honte par des images de la seconde guerre mondiale, le Chant des Partisans en ouverture et Bella Ciao à la fin, on voit défiler les gourous anti-vax sus-cités. Renard Buté y nomme l’ennemi suivant le vocabulaire typique de QAnon : c’est l’ « Etat profond » et les « sociétés secrètes », il nous dit que le vaccin tue, que c’est un génocide qui est en cours, et qu’il faut s’y opposer par toutes sortes de moyens. La vidéo semble vouloir rallier les différentes chapelles antivax, de Réinfocovid au CNTf (organisation délirante, mêlant islamophobie, revendication du revenu garanti et permaculture, et partisane de rapatrier les troupes françaises pour… surveiller les frontières contre la « crise migratoire » et les banlieues), et après un appel à la fraternisation avec l’armée et la police (thème de prédilection du CNTf) débouche sur un autre appel… à la constitution d’une nouvelle banque qui serait entre les mains du peuple. Tout cela se mêle à des thèmes qui peuvent paraître pertinents aux yeux d’opposants radicaux au capitalisme : l’autonomie comme projet de vie, la manière de s’organiser et de faire des manifestations moins contrôlables, la démocratie directe… autant de thèmes et revendications qui pourraient sortir de bouches amies, voire des nôtres. Que ce genre de salmigondis touche pas mal de gens qui pourraient être des alliés, et que des amis proches puissent éventuellement avoir de l’indulgence pour ce genre de Renard fêlé, nous paraît un signe de l’ampleur de la secousse que la crise du Covid a provoquée dans les cerveaux.

    […]

    On a tendance, dans notre tradition très hégélienne de l’ultragauche à considérer que tout ce qui est négatif est intrinsèquement bon. Comme si par la magie de l’Histoire, la contestation de l’ordre des choses produisait automatiquement et mécaniquement la communauté humaine disposée à un régime de liberté supérieur. Pourtant, lorsque l’on se penche sur la nébuleuse anti-vaccin, c’est-à-dire sur les influenceurs et porte-paroles qui captent l’attention sur les réseaux sociaux, organisent et agrègent les énoncés et les rassemblements, on s’aperçoit qu’une écrasante majorité baigne depuis de longues années dans l’extrême droite la plus bête et la plus rance. Militaires à la retraite, invités hebdomadaires de radio courtoisie, lobbyistes contre les violences féminines (oui, oui...), il suffit de passer une heure à « googliser » ces porte-paroles autoproclamés pour avoir une idée assez précise des milieux dans lesquels ils grenouillent. Certes, on pourrait être magnanimes et essayer d’imaginer que l’épidémie de Covid ait pu transformer de telles raclures en généreux camarades révolutionnaires mais comment s’expliquer que les seules caisses de résonances que trouvent leurs théories alternatives sur le virus et l’épidémie soient Egalité et Réconciliation, Sud Radio, France Soir, Florian Phillipot, on en passe et des pires ? En fait, si on se peut se retrouver d’accord sur des énoncés formels, on bute bien vite sur un point fondamental, c’est-à-dire éthique : la manière dont on est affecté par une situation et à la façon que l’on a de se mouvoir en son sein. En l’occurrence, ce qui rend tous ces « rebelles » anti-macron aussi compatibles avec la fange fasciste c’est l’affect de peur paranoïaque qu’ils charrient et diffusent et qui sans surprise résonne absolument avec une longue tradition antisémite, xénophobe, etc. Et c’est là que l’on peut constater une différence qualitative énorme avec le mouvement gilets jaunes. Eux, partaient d’une vérité éprouvée et partagée : leur réalité matérielle vécue comme une humiliation. C’est en se retrouvant, sur les réseaux sociaux puis dans la rue, qu’ils ont pu retourner ce sentiment de honte en force et en courage. Au cœur du mouvement antivax se loge une toute autre origine affective, en l’occurrence la peur, celle qui s’est distillée des mois durant. La peur d’être contaminé, la peur d’être malade, la peur de ne plus rien comprendre à rien ; que cette peur du virus se transforme en peur du monde puis du vaccin, n’a finalement rien de surprenant. Mais il nous faut prendre au sérieux cette affect particulier et la manière dont il oriente les corps et les esprits. On ne s’oriente pas par la peur, on fuit un péril opposé et supposé, quitte à tomber dans les bras du premier charlatan ou sauveur auto-proclamé. Il n’y a qu’à voir les trois principales propositions alternatives qui agrègent la galaxie antivax : Didier Raoult et l’hydroxychloroquine, Louis Fouché et le renforcement du système immunitaires, l’Ivermectine et le présumé scandale de son efficacité préventive. Le point commun de ces trois variantes et qui explique l’engouement qu’elles suscitent, c’est qu’elles promettent d’échapper au virus ou d’en guérir. Toutes disent exactement la même chose : « Si vous croyez en moi, vous ne tomberez pas malade, je vous soignerai, vous survivrez. » Mot pour mot la parole biopolitique du gouvernement, dans sa mineure.

    […]
    Dans la soirée évoquée, ce n’est pas « quelqu’un du public » mais bien Matthieu Burnel lui-même qui avait ironisé sur les suceurs de cailloux !

    Parce que le pouvoir n’a jamais été aussi technocratique, livide et inhumain, certains tendent une oreille bienveillante aux premiers charlatans venus leur chanter « le vivant ». Mais l’engrenage est vicieux et une fois qu’on a adhéré à une supercherie du simple fait qu’elle prétende s’opposer au gouvernement, on a plus d’autre choix que de s’y enferrer et d’y croire. Lors d’une discussion un lundisoir, une personne du public avait commis quelques blagues peu finaudes à propos d’antivax qui lécheraient des pierres pour se soigner du cancer, et cela a apparemment provoqué quelques susceptibilités. Le problème en l’occurrence, c’est que cette plaisanterie n’était caricaturale que dans sa généralisation certainement abusive. Il n’en est pas moins vrai qu’Olivier Soulier, cofondateur de Réinfocovid assure soigner l’autisme et la sclérose en plaque par des stages de méditation et de l’homéopathie, que ce même réseau promulguait des remèdes à base de charbon aux malheureux vaccinés repentis pour se « dévacciner ». Autre nom, autre star, Jean-Dominique Michel, présenté comme l’un des plus grands experts mondiaux de la santé, il se propulse dès avril 2020 sur les devants de la scène grâce à deux vidéos sur youtube dans lesquelles il relativise l’importance et la gravité de l’épidémie, soutient Raoult et son élixir, et dénonce la dictature sanitaire à venir. Neurocoach vendant des séances de neurowisdom 101, il est membre d’honneur de la revue Inexploré qui assure soigner le cancer en buvant l’eau pure de l’une des 2000 sources miraculeuses où l’esprit des morts se pointe régulièrement pour repousser la maladie. Depuis, on a appris qu’il ne détenait aucun des diplômes allégués et qu’il s’était jusque-là fait remarquer à la télévision suisse pour son expertise en football et en cartes à collectionner Panini. Ses « expertises » ont été partagées par des millions de personnes, y compris des amis et il officie désormais dans le Conseil Scientifique Indépendant, épine dorsale de Réinfocovid, première source d’information du mouvement antivax. Ces exemples pourraient paraître amusants et kitchs s’ils étaient isolés mais ils ne le sont pas.

    […]

    Historiquement, ce qui a fait la rigueur, la justesse et la sincérité politique de notre parti, - et ce qui fait qu’il perdure-, c’est d’avoir toujours refusé de se compromettre avec les menteurs et les manipulateurs de quelque bord qu’ils soient, de s’être accrochés à une certaine idée de la vérité, envers et contre tous les mensonges déconcertants. Que le chaos de l’époque nous désoriente est une chose, que cela justifie que nous perdions tout repère et foncions tête baissée dans des alliances de circonstances en est une autre. Il n’y a aucune raison d’être plus intransigeant vis-à-vis du pouvoir que de ses fausses critiques.

    […]

    Au moment où l’idée même que l’on se faisait de la vie se trouvait acculée à être repensée et réinventé, on a critiqué les politiciens. Quand le gouvernement masquait si difficilement sa panique et son incapacité à exercer sa fonction fondamentale et spirituelle, prévoir, on a entendu certains gauchistes même anarchistes caqueter : si tout cela arrive, c’est qu’ils l’ont bien voulu ou décidé. Ironie cruelle, même lorsque l’État se retrouve dans les choux avec le plus grand mal à gouverner, il peut compter sur ses fidèles contempteurs pour y déceler sa toute puissance et s’en sentir finauds.

    Faire passer des coups de force, de l’opportunisme et du bricolage pour une planification méthodique, maîtrisée et rationnelle, voilà le premier objectif de tout gouvernement en temps de crise. En cela, il ne trouve pas meilleur allié que sa critique complotiste, toujours là pour deviner ses manœuvres omnipotentes et anticiper son plein pouvoir. C’est en cela que le gouvernant a besoin du complotiste, il le flatte.

    #Serge_Quadruppani #covid #antivax #gauche #émancipation #réflexion #science

  • L’opportunisme pandémique du néolibéralisme

    https://www.lamuledupape.com/2021/12/06/lopportunisme-pandemique-du-neoliberalisme-vu-par-celia-izoard

    Lors de la dernière Fête du Vent organisée par l’Amassada à la fin du mois d’août 2021, #Celia_Izoard a donné une conférence consacrée à la gestion sanitaire de la pandémie de #Covid-19 en France, et plus largement, à l’impact des intérêts capitalistes sur les politiques de #santé_publique.

    Celia Izoard introduit son propos en remontant à l’époque de l’incendie de l’usine #Lubrizol à Rouen, le 26 septembre 2019. 10 000 tonnes de produits chimiques partent en fumée : reprotoxiques, mutagènes, cancérigènes… La population locale constate des effets directs sur la santé : crises d’asthme violentes, vomissements et diarrhée, pertes de capacité respiratoire qui perdurent…
    « Ce qui est frappant, dès le départ dans cette catastrophe, c’est que très rapidement la préfecture a déclaré qu’il n’y avait pas de toxicité aiguë, en jouant délibérément sur les mots : pas de toxicité aiguë, ça veut juste dire qu’on ne va pas mourir tout de suite en respirant cet air. »
    Les angles morts de la santé publique
    Celia Izoard se lance dans une série d’enquêtes, et constate qu’il y a toute une catégorie de la population qu’on a obligé à travailler ce jour-là, malgré les nuages de fumée très dense. Les services de communication de la préfecture opposent toujours la même réponse à la journaliste : « Mais voyez-vous, l’air était complètement respirable ce jour-là. » La situation, mise en parallèle avec la crise sanitaire dans lequel le monde est plongé depuis début 2020, interroge lourdement sur la vocation de l’État à protéger la santé des citoyen•nes.
    « À ce moment-là, j’ai commencé à m’intéresser au cancer, pour plusieurs raisons. La première, c’est que je me demandais si on pourrait montrer un jour que l’incendie de Lubrizol a eu un impact. Pour l’instant, la version officielle c’est que non, on ne peut rien prouver, rien montrer. La seconde, c’est que comme dans d’autres endroits en France, près de Rouen, il y a des parents et plus particulièrement des mères de familles dont les enfant sont atteints de cancer et qui constatent des taux anormaux de cancers de l’enfant dans leur entourage – ce qu’on appelle un cluster. Elles alertent Santé Publique France, qui vient faire une enquête. Le plus souvent, l’agence de santé constate la surincidence de cancers, mais ne conclut pas sur une cause quelconque, alors que les parents suspectent les pollutions des usines ou des exploitations agricoles environnantes. »
    Dans ce cadre d’enquête, Celia Izoard travaille sur l’épidémiologie et sur le #cancer, son lien avec l’environnement, et sur la manière dont on produit les chiffres officiels. La journaliste est très étonnée de s’apercevoir que les pouvoirs publics, notamment l’agence Santé Publique France, n’a pas du tout les moyens de savoir combien il y a de cas de cancers en région parisienne ou autour de Rouen, là où se trouve une grande partie de l’industrie pétrolière et chimique française. Les registres du cancer ne sont en effet établis que dans 22 départements en France et ne concernent que 22 % de la population. Ils sont faits de manière assez arbitraire en fonction des registres préexistants, parmi lesquels figurent par exemple le Tarn ou d’autres zones pas forcément connues pour leurs forts risques environnementaux.
    « C’est très étonnant quand on se souvient du fait que le cancer fait 150 000 morts par an, qu’il y a 350 000 nouveaux cas chaque année, et que pour certaines catégories de cancers, l’augmentation est très importante et devrait constituer un signal. »
    Pour exemple avec les cancers de la thyroïde, en augmentation de 4,4% par an, ce qui est très important.
    « Il y a vraiment ce qu’on appelle une science « non produite » autour de ces questions. Et je suis très étonnée du discours officiel de ces institutions, à la fois Santé Publique France et le Circa (Centre International de Recherche sur le Cancer), qui ont une politique de santé publique fondée sur les comportements individuels : alerter la population sur le fait qu’il faut avoir une bonne alimentation, faire du sport, ne pas fumer, ne pas boire, etc. »
    Selon Celia Izoard, certains textes tendent même à dissuader les gens de penser que le cancer pourrait être lié à des facteurs environnementaux.
    Dans un article consacré à la pétrochimie et à l’incendie de Lubrizol pour la Revue Z, la journaliste reproduit un tableau du Circa dans lequel sont découpés les facteurs de risque pour le cancer : tabac, alcool, alimentation, expositions professionnelles, pollution de l’air extérieur… Les substances chimiques de l’environnement y sont classées comme dernier facteur de risques, avec seulement 0,1% des cas. Pour Celia Izoard, on a là un découpage d’une incroyable mauvaise foi, car on pourrait très bien considérer que les substances chimiques de l’environnement peuvent être liées à des expositions personnelles comme l’alimentation.
    « Ce découpage n’est pas honnête intellectuellement. J’en arrive à la conclusion qu’il y a une volonté délibérée de la part des pouvoirs publics de ne pas incriminer l’industrie et de ne pas produire de données là-dessus. »
    Lors de son enquête, Celia Izoard essaie de téléphoner à Santé Publique France afin d’obtenir un entretien, dans le but de confronter l’institution à ses conclusions. Mais l’agence oppose une fin de non-recevoir :
    « On est désolé, c’est pas contre vous, mais il n’y a personne pour vous répondre parce qu’il y a un nouveau virus, et tout le monde est là dessus. »
    On est en janvier 2020, et l’État ne peut répondre à une journaliste à propos des cancers en France, en raison d’un nouveau virus. Une non-réponse qui en dit long sur les moyens mis en place pour la santé publique.
    L’État et la pandémie
    Le cancer fait plus de 150 000 morts en France chaque année. Celia Izoard compare la différence de traitement du cancer par les autorités publiques avec le cas des infections de rougeole, pour laquelle existe un vaccin, mais non obligatoire jusqu’à récemment. Elle constate que l’État opère un pilotage très serré du contrôle de cette maladie.
    « Quand il y a des cas de rougeole, on peut être appelé, on demande quels sont les cas contacts, etc. La rougeole faisant à peu près huit morts par an, je m’interroge alors sur ce décalage avec la manière dont le cancer est pris au sérieux dans la recherche de ses causes. »
    Entre Lubrizol et l’épidémie de Covid, à ce moment la journaliste fait partie du camp des perplexes, à cause de la différence de réaction des pouvoirs publics, de l’État, face à ces deux événements catastrophiques.
    « D’un côté, une forme de déni caractéristique des catastrophes industrielles : « non ce n’est rien, il ne se passe pas grand chose », Emmanuel Macron fait un scandale car on a osé comparer Lubrizol à AZF, deux catastrophes chimiques pourtant comparable. »
    Avec le Covid, très rapidement des mesures d’exception sont prises, et semblent à beaucoup de personnes assez disproportionnées par rapport au danger. Après une première phase de déni, les médias se montrent très alarmistes, suivant les impulsions du gouvernement.
    Celia Izoard s’interroge. Et émet une première hypothèse, « très faible », pour comprendre la réaction des États qui sont désormais prêts, pour protéger la population, à bouleverser fondamentalement le système social et modifier radicalement les modes de vie en inversant les règles du droit.
    « C’est l’idée qu’il y a une sorte de peur atavique vis à vis des maladies infectieuses et contagieuses, qui serait un reste historique lié à la peste et aux grandes épidémies. »
    Par ailleurs, on accepterait certaines maladies, le cancer notamment, comme étant la rançon du progrès, bien qu’on ne présente pas celui-ci de manière objective et qu’on occulte les pollutions diverses qu’il engendre. On n’accepterait pas le retour des maladies infectieuses car elles représentent une dimension rétrograde : « l’âge moderne n’est pas censé tolérer ce genre d’événements. »
    En deuxième idée, la journaliste émet la pensée suivante : il ne faut pas confondre santé publique et santé de l’ordre public.
    « C’est à dire que la principale menace dans cette situation de pandémie, c’est la menace pour l’État lui-même. »
    Le degré de contrainte exercé par le gouvernement français sur la population serait ainsi lié à la fragilité de ses infrastructures de base. Au cours des trente dernières années, 160 000 lits d’hôpitaux ont été supprimés. On a un risque de débordement réel.
    « On ne peut pas entasser des cadavres comme on compte les décès de mort lente du cancer, ce n’est pas du tout le même phénomène visuel d’un point de vue de ce que l’on appelle une crise . »
    En mettant en place des mesures draconiennes, l’État se protègerait ainsi lui-même. C’est moins la préservation de la santé publique qui serait recherchée que celle de la continuité du pouvoir.
    « La différence de l’enjeu entre l’incendie de Lubrizol à Rouen et la pandémie de Covid, même si les phénomènes ne sont pas comparables dans leurs proportions, c’est la distinction entre la santé publique et la santé de l’ordre public. »
    Pour Celia Izoard, l’illustration la plus frappante en est le fait que des centaines de postes de vigiles ont été créés pour contrôler les passes sanitaires à l’entrée des hôpitaux, alors même qu’on est en déficit de soignant•es depuis des années.
    « La santé ne paraît pas être la priorité, ou d’une manière extrêmement spécifique et discutable, dans les mesures qui sont prises. »
    Dans sa réaction primitive, l’État cherche donc rapidement à se protéger d’un procès en imprévoyance, qui romprait le pacte qui le lie aux citoyen•nes qu’il est censé protéger. Il faut éviter de subir de plein fouet l’effet de la baisse drastique des moyens de la santé publique et de l’inaction face aux maladies chroniques, qui forment des comorbidités très importantes dans le cadre du Covid. Les discours politiques prennent soin de retourner l’accusation contre la population (on se souviendra par exemple de la déclaration du préfet de Paris Didier Lallement :
    « Ceux qui sont aujourd’hui hospitalisés, ceux qu’on trouve dans les réanimations, ce sont ceux qui au départ du confinement ne l’ont pas respecté. »
    En somme, si la situation est dramatique, c’est parce que les citoyen•nes ne se plient pas aux mesures sanitaires ou ne se font pas vacciner.
    L’opportunisme néolibéral piloté par le gouvernement
    Le troisième axe de réflexion suivi par Celia Izoard intègre les enjeux du capitalisme moderne.
    « L’État protège les empires industriels, et son rôle depuis la révolution industrielle est de piloter la modernisation. C’est à dire, développer les forces productives et, depuis un certain temps, mettre en place l’orthodoxie néolibérale. »
    L’État va donc développer des politiques de santé publique convergentes avec cet objectif. Dans le cas de Lubrizol et des accidents industriels, on comprend donc que les politiques menées ne peuvent viser à démanteler l’industrie pétrochimique, pourtant l’un des principaux vecteurs de ce type de pollution. Le rôle de l’État est donc de répondre à tout événement en plaçant avantageusement ses alliés, typiquement les grands groupes industriels ou les entreprises prometteuses.
    Pour Celia Izoard, les politiques de santé publique menées face à l’épidémie de Covid19 répondent très clairement à ces critères : « on a un soutien très fort à la télémédecine et à l’e-santé, le déploiement d’un gouvernement algorithmique et d’un vaccin biotechnologique. » On nage en plein NBIC (Nano Bio Info Cogno), cette convergence des technosciences très en vue qui tire la croissance économique.
    « D’une certaine manière, la pandémie est une opportunité dont s’est saisie l’État pour accélérer la société du Big Data et ouvrir de gigantesques marchés par la contrainte légale sur les individus. Le passe sanitaire est un formidable couteau suisse dont vont pouvoir émerger tout un tas de nouvelles start-ups et de nouveaux usages, qui ont tous pour point commun d’être liés à l’intelligence artificielle, à la donnée et à la numérisation des activités. »
    La journaliste en veut pour preuve le Ségur de la Santé à l’automne dernier, lequel a débloqué une enveloppe de 8 milliards d’investissements pour le secteur. On y trouve une augmentation de 180€ de salaire pour certaines catégories de soignant•es, mais le quart de l’enveloppe est dévolu au développement de la télémédecine, à la numérisation et à la collecte de données.
    « Entre la clinique et la télémédecine, nous avons deux visions du soin diamétralement opposées. D’un côté une médecine liée aux pratiques incarnées par des humains, qui nécessite d’embaucher. Et de l’autre côté, une médecine des nouvelles technologies fondée sur l’automatisation : la e-Santé. »
    Ainsi, c’est dans ce sens là qu’il faudrait comprendre la négligence absolue de l’État en matière de soutien aux moyens humains pour faire face à la pandémie.
    « Il y a vraiment un passage d’un système à l’autre, avec l’idée d’un système de santé où les humains, les soignant•es ont beaucoup moins de place, et où on va pouvoir marchandiser la santé en faisant travailler des tas de boîtes pour collecter des données, piloter les appareils de télémédecine, déployer la 5G et mettre en place des systèmes de capture et de surveillance épidémiologique etc. »
    Cette nouvelle médecine, sa e-Santé, ses robots et ses capteurs, sont considérés comme prioritaires dans la course des nations autour de la révolution technologique que représente l’intelligence artificielle. La réaction de l’État est donc inscrite au coeur d’une guerre économique : « data is the new oil ».
    « Le but de notre gouvernement est de créer des géants nationaux dans ce domaine et d’ouvrir des marchés. Et ça, on ne peut le faire sans une collecte massive de données de santé. »
    « Cédric Villani, dans le rapport sur l’intelligence artificielle qu’il a dirigé, le précise : le rôle de l’État aujourd’hui, c’est de lancer des grands projets qui permettent une collecte massive de données de qualité, dans les domaines prioritaires, la santé et l’éducation notamment. »
    Dans les discours politiques tenus dès les premiers temps de la pandémie, on comprend à cette lumière la mise en avant d’un monde d’après auquel s’opposerait l’archaïsme de celui d’avant. Et ce monde d’après, c’est celui dont ont besoin un certain nombre d’États pour maintenir leurs intérêts industriels.
    La formule d’Emmanuel Macron : « Nous sommes en guerre », elle fait sens. Oui, nous sommes en guerre, c’est la guerre économique. Ce qui explique aussi la violence du débat intellectuel et la violence avec laquelle tous ceux qui sont considérés comme « covido-sceptiques » ou susceptibles de tenir des propos covido-sceptiques, ou qui pourraient, de manière épidémique, être cas contact avec d’autres personnes ayant produit de tels discours, sont évincés du débat de manière hystérique et inédite.
    Le Covid s’est ainsi présenté comme une opportunité extraordinaire pour accélérer drastiquement cette transformation #numérique de la santé et de la société en général. Dès la fin 2019, l’Agence européenne de la santé lance un appel d’offres pour créer une e-carte de vaccination, dédiée à limiter les risques pandémiques en Europe. Cet appel d’offres est remporté début 2020 par quatre entreprises françaises, dont le spécialiste de la transformation numérique, l’entreprise Jouve. C’est ce consortium qui met très rapidement en place le passeport sanitaire européen. Dans le domaine de la collecte massive de données de santé, et de manière plus générale, du Big Data et de l’intelligence artificielle, « la France a beaucoup de pions à placer. »
    La course mondialisée
    Un autre élément important vient étayer la réflexion de Celia Izoard :
    « Aujourd’hui le modèle en matière de monde d’après, de société pilotée par ce genre de technologies – de manière très antagoniste avec nos traditions politiques -, ce sont les pays asiatiques : la Chine, la Corée du Sud, Singapour, Taiwan… Ce n’est pas un hasard si très rapidement, il est dit dans les plus hautes instances, qu’il va falloir imiter ces pays. »
    Ainsi de l’Institut Montaigne, l’un des principaux responsables de la mise en place des doctrines néolibérales en France, qui publie un rapport dès avril 2020 sur la réponse des pays asiatiques à la pandémie, vantant les systèmes mis en place. Au moment de la publication de ce rapport, ce n’est pas l’efficacité de ces mesures qui est mise en avant : non seulement il est encore trop tôt pour mesurer leurs effets, mais une partie des pays cités sont aussi des îles et ne connaissent donc pas les mêmes enjeux de gestion de la pandémie. Sans parler de la Chine dont les chiffres ne sont pas fiables. On ne cesse depuis de vanter ces systèmes, voire de les appliquer. « C’est un enjeu industriel majeur, il faut donc pousser dans ce sens. »
    En juin 2021, trois sénateurs français rédigent le rapport Crise sanitaire et outils numériques , dans lequel ils se livrent au même exercice, passant en revue les réponses des pays asiatiques. Le discours, en substance, est le suivant : plein de verrous ont sauté, les gens sont plus prêts à accepter les mesures, le passe sanitaire se met en place, mais ça ne va pas assez loin du tout. Il faut faire sauter d’autres obstacles politiques rapidement. Les sénateurs mettent en cause le rôle de la CNIL, terrible obstacle par sa lecture beaucoup trop traditionaliste des droits et libertés. Le modèle chinois est porté aux nues : des caméras biométriques à reconnaissance faciale permettent de scruter les interactions sociales, de rattraper ceux devant être placés en quarantaine, des caméras thermiques mesurent leur température, et un équivalent du passe sanitaire est mis en place dès mars 2020, au moment où le confinement est décrété en France. Ce passe numérique est développé par de très grandes entreprises liées au gouvernement chinois. Alibaba et Tencent développent les fameuses applis et services de réseaux sociaux utilisés par la quasi-totalité de la population en Chine. Un contact tracing est inclus dans ces applis, tout le monde y est donc soumis de fait.
    En Corée du Sud, des quarantaines obligatoires sont décidées, avec un contact tracing très intrusif. On utilise toutes les données disponibles : relevés bancaires, factures téléphoniques, géolocalisation… Lorsqu’on est placé en quarantaine, une application de géolocalisation alerte les forces de l’ordre si celle-ci n’est pas respectée ou si le smartphone est éteint pendant plus de quinze minutes. À Singapour, on a aussi une quarantaine géolocalisée couplée à une vidéosurveillance analysant les interactions des individus dans l’espace public, ainsi qu’une application « Trace Together », qui permet à l’administration de surveiller nominativement toutes les interactions en fonction de la localisation du téléphone. Dès mars 2020, un passe sanitaire est mis en place, « Safe Entry », pour contrôler les accès aux espaces publics. C’est un passe nominatif, et les données sont directement transmises aux autorités. C’est ce genre de mesures qui est clairement visé par les sénateurs ou par l’institut Montaigne, et qui dessinent l’accélération de l’hypercapitalisme contemporain.

    #QR_code, #passe_sanitaire, #technocritique, #Etat, #sauver_des_vies, #obligation_vaccinale.

  • De quoi le QR code est-il le nom ?
    https://lundi.am/De-quoi-le-QR-code-est-il-le-nom

    Comprendre notre présent numérique nécessite de se pencher sur Google, son fonctionnement, son économie mais également la vision du monde dont il est le fruit et le moteur. C’est ce que tente de faire ici Philippe Godard dans le sillage de deux ouvrages qu’il reprend et commente : The new digital age de Eric Schmitt (ancien PDG de Google) et Jared Cohen, qui expose la vision et les projets du monde numérique en construction et L’âge du capitalisme surveillance de Shoshana Zuboff, qui revient de manière critique sur l’histoire de Google (sur ce dernier ouvrage, on trouvera quelques réserves dans une note de lecture parue sur lundimatin en février dernier à propos de Affaires privées. Aux sources du capitalisme de surveillance de C. Masutti)

    Google est omniprésent dans la vie de la plupart d’entre nous. Le terme est même devenu synonyme de « moteur de recherche », alors que ce n’est pas le seul moteur disponible sur le marché, et que Google n’est pas qu’un moteur de recherche. D’ailleurs, la diversité de ses offres – Youtube, Gmail, Google Earth, Street View, etc. – est l’un des atouts clés de l’entreprise. Google est désormais ce qui façonne non seulement les vies individuelles des consommateurs que nous sommes, mais aussi la vie sociale et politique globale. Géopolitique, même. Vision paranoïaque ? Qu’on en juge plutôt.

    • C’est pas inintéressant, mais je ne pige pas la centration sur le QR Code dans le titre, alors que celui-ci n’est abordé, en tout et pour tout, qu’une seule fois dans cette phrase vers la fin :

      toutes ces informations sont désormais concentrées dans un QR code, qu’un simple smartphone ou une « douchette » reliée à un écran permet aussitôt d’afficher

      Phrase qui ne veut pas dire grand chose, puisqu’il n’y a justement jamais « toutes ces informations » (telles que décrites dans l’interminable article qui précède) dans un QR Code. Le QR Code, c’est un code-barre carré, ça ne contient réellement jamais « toutes ces informations ».

      Et sérieusement, je ne vois pas du tout ce que Google en a à foutre des QR Code. Ils font des capteurs audio qui comprennent ce que tu dis, des caméras qui identifient les gens, des voitures qui se conduisent toutes seules, des robots qui distribuent des PV aux gens (OK, ça c’est une branche qu’ils ont vendus), ils sont capables de savoir ce qu’il y a dans une photo, ils savent en permanence te géolocaliser partout dans le monde… alors vraiment vraiment, je vois pas pourquoi ils se feraient chier avec un QR Code.

      Ou alors (gros doute), on cause du QR Code parce que c’est à la mode avec le passe sanitaire et qu’on va faire du putaclic chez Lundi.am. Parce qu’encore une fois, il faudrait expliquer en quoi le QR Code du Passe santaire est un outil de traçage, alors qu’explicitement il est censé être contrôlé en local dans le smartphone, sans interrogation d’une base de données centrale, sans stockage dans une base de données, etc. (S’il est un outil de traçage, alors il va falloir expliquer pourquoi/comment, au lieu de raconter le business du flicage de Google qui ne repose à aucun moment sur ton QR Code ni ton passe sanitaire.)

    • Ce genre d’envolées, caractéristiques de la critique des médias au forceps, j’en peux plus :

      « Sans oublier que ce type de relation entre l’internaute et son écran est en réalité la destruction même de la relation sociale véritable, laquelle non seulement s’accommode de l’inconnu et de l’inattendu, mais en a même un besoin vital. C’est parce que nous ne savons pas ce qui va arriver en nous levant ce matin que nous avons envie de vivre cette journée qui s’ouvre. Google gagne des milliards en prévoyant pour nous ce qu’il y a de très fortes probabilités qu’il se produise... Comme si l’irrationnel, qui nous semble une condition de l’humanité, devait être banni à tout jamais. Il importe de voir comment cela se traduit en termes politiques. »

      Google a beaucoup d’effets, les écrans aussi mais la destruction des relations sociales, mwef. Ce genre de passages ça détruit tout un argumentaire. Bon l’auteur est visionnaire, il avait vu la chute de l’Encyclopédie Hachette, je peux pas comprendre.

    • "Les exemples sont nombreux de personnes qui, conscientes des dangers de la mise en ordre digital du monde, modifient leur comportement pour devenir des « gens » normaux."

      Tellement nombreux qu’il n’en cite aucun. Bref, gloubibloulga.

    • Oui, j’ai eu du mal à faire le lien entre le QR code et la tirade critique sur Google (et sur les GAFAM en règle générale mais là non plus, l’auteur n’en dit mot). Sûrement pour illustrer la prégnance des usages de l’un comme de l’autre (QR code et Google). Après, les détails techniques m’avaient échappé, genre contrôle en local du pass sanitaire : j’apprends donc que ce contrôle se fait sans confirmation de la part d’une base de données centralisée sur la vaccination et/ou la validité d’un test de dépistage.
      j’ai eu l’occasion d’utiliser le pass sanitaire pendant l’été et la version papier marche aussi. Ouf ! Finalement, je peux encore me passer de smartphone ...
      Lors de l’achat de mon premier PC en 1999 (Windows 98 sans connexion internet), la petite boutique d’assemblage m’avait offert l’encyclopédie Hachette, version CD-ROM comme cadeau de bienvenue. Mes deux ainés ne l’avait pas beaucoup utilisée et moi non plus. Dès la connexion à l’Internet en 2002, les moteurs de recherche ont pris la main sur ce genre d’ouvrages numérisés. Et Google est devenu la référence de l’Internet. Si bien que pour les néophytes, naviguer sur le web était assimilé à « aller sur Google », page d’accueil proposée par défaut sur Internet Explorer à l’époque. En tant que formateur, il m’a fallu faire un peu de debriefing pour expliquer la différence. Même auprès des enseignant·es. Comme quoi, c’était pas gagné et même en étant « visionnaire », on a du mal à se représenterer les images mentales et les comportements des utilisateur·rices de technologies complexes.

    • Sur le QR Code du passe sanitaire, j’avais déjà fait la remarque en réaction à des élucubrations de – je ne sais plus – Reporterre ou la Quadrature. Le principe du QR Code du passe, c’est de « contenir » directement une information limitée : le fait qu’on est vacciné, et le nom, et de ne pas vérifier cette information dans une base de données (et en plus, il n’est même pas demandé de pièce d’identité pour confirmer que c’est le bon nom). Et une fois vérifié, le résultat de ce QR Code n’est pas non plus expédié à un serveur centralisé. C’est d’ailleurs je crois pour cela qu’on a l’obligation d’utiliser l’application officielle pour faire la vérification (une autre application pourrait, elle, récupérer les données). Donc normalement c’est exactement la même chose que si tu montrais un certificat avec ton nom et l’indication que tu es vacciné. (C’est tellement pas centralisé que le même article reprochait en plus à ce système d’être facile à tromper, puisque tu peux utiliser QR Code de quelqu’un d’autre sans aucune difficulté.)

      Je veux bien qu’il y ait des limites, je veux bien qu’il y ait un risque d’accoutumance à une vérification informatisée dont la prochaine version pourrait être cette fois centralisée, je veux bien qu’il pourrait y avoir des « fuites » des données à l’insu de notre plein gré, mais tous ces articles qui posent l’équation « QR Code du passe sanitaire = big data de la société du contrôle » en masquant les limites « techniques » justement imposées au fonctionnement pratique du passe sanitaire, c’est n’importe quoi et c’est irresponsable.

    • Pour avoir contrôlé les passes sanitaires à plusieurs reprises pour des événements nocturnes, c’est exactement comme sur du papier, sauf que
      • t’as pas besoin d’avoir une lampe (ou d’utiliser celle du smartphone) pour décrypter le machin
      • tu connais l’âge de la personne (mais c’est comme sur le papier)
      • et, en plus, à la fin, tu vas voir les stats et tu as le nombre de personnes contrôlées, (même pas analysé par sexe et tranche d’âge, ça aurait été sympa, ça pour les stats de fréquentation…, ça peut se faire parfaitement anonymement – juste des bâtons ou l’équivalent info)

    • Bien qu’intéressé par la description pédagogique de plusieurs fonctionnements de Google (pas tant pour moi, mais ça peut servir), je n’ai pas compris non plus le rapport avec le QR Code.

      Cela dit le QR Code, c’est comme les puces RFID : c’est surtout une question d’ #acceptabilité. Ça rentre dans la norme petit à petit. Les gens justement ne voient pas (et ne se posent à peu près jamais la question) de ce qui se passe derrière le scan du code. Tout ce qu’ils voient c’est cette opération là. Derrière ça peut être juste une lecture (les 0 et les 1 du code sont transformés en texte et on lit juste ce texte), ou une requête ailleurs, ça on en sait rien quand on donne ça à n’importe qui. Quand on montre une attestation papier où il est directement écrit les infos en question, on sait que la personne ne fait que la lire, on voit bien qu’elle ne requête rien derrière. Alors que là on n’en sait rien, ça peut ne pas, comme ça peut.

    • Sur l’acceptabilité, oui je suis d’accord. Mais ces textes (celui-ci et le précédent dont je parle) se font clairement un devoir d’entretenir la confusion et de suggérer que tu es fliqué par ce QR Code, en invoquant la « techno-police » et la surveillance à la chinoise.

      C’est malhonnête (et ça donne du grain à moudre, une fois de plus, aux anti-tout), et un aspect c’est qu’on est tout de même dans une situation où ce « QR Code » est une alternative à des choses évidemment plus liberticides que sont les fermetures pures et simples de lieux publics, les couvre-feu et les confinements. Alors si l’alternative c’est avec un outil de techno-police ultra-intrusif qui renseigne une énorme base de données, ou si c’est avec un outil non intrusif dont le seul danger c’est l’« acceptabilité », ce n’est tout de même pas du tout la même question.

      Et sinon, encore une fois, sur l’acceptabilité : la carte bleue pour payer tout, ça c’est déjà intrusif, ça c’est déjà totalement connecté à des bases de données monstrueuses, ça c’est déjà à disposition de la police/justice, et ça c’est déjà totalement banalisé/accepté. Alors monter la sauce du QR Code du passe sanitaire (qui n’a justement aucun de ces effets), faudrait arrêter la blague.

  • Passe sanitaire : quelle #Surveillance redouter ?
    https://www.laquadrature.net/2021/08/19/passe-sanitaire-quelle-surveillance-redouter

    Les critiques du passe sanitaire dénoncent unanimement un « danger autoritaire ». Assez justement, la CNIL elle-même présente ce danger comme « le risque d’accoutumance et de banalisation de tels dispositifs attentatoires à la vie privée et de…

    • #critique_techno, et surtout : #acceptabilité

      Je ne pense pas qu’il faut éluder ces questions, et ça va dans les deux sens :
      – si on est sincèrement de gauche/anar contre la surveillance, on ne doit pas éluder la question sanitaire, et comment à notre façon, dans une société qu’on aimerait, comment on voudrait gérer les problèmes sanitaires, notamment avoir bien plus de personnes vaccinés et comment ne pas avoir des comportements dangereux (ex : ne pas avoir des gens non vaccinés sans masque dans un lieu fermé : école, resto, musée, etc)
      – si on est sincèrement de gauche/anar pour la solidarité sanitaire, pour le fait de prendre réellement soin les uns des autres et donc pour le vaccin à fond et pour le masque en même temps, et pour les capteurs CO2, etc, on ne doit pas éluder la question de la surveillance et de l’acceptabilité de mesures liberticides horribles, et là aussi on doit réfléchir obligatoirement à comment on voudrait « imposer » l’idée du vaccin au max de gens mais sans l’imposer physiquement par la contrainte et l’emploi de technologies de ce genre.

      Reformulé :
      – si on est contre le passe et la surveillance, on se doit d’affirmer clairement être pour le vaccin et sa propagation massive et affirmer dans les mêmes textes comment y parvenir au mieux sans autoritarisme sur les individus
      – si on est pour le vaccin et toutes les autres mesures importantes, on se doit d’affirmer clairement être contre la surveillance par technologies et affirmer dans les mêmes textes comment augmenter les mesures sans autoritarisme sur les individus

      (Je précise « sur les individus » car c’est différent d’imposer des choses à des organisations, entreprises, etc : par ex rendre obligatoire les capteurs CO2 et les ventilations avec extraction d’air dans les lieux fermés accueillant du public : écoles, restaurants, etc.)

      Ce texte de @laquadrature rentre dans le premier cas, et même s’il y a un petit passage évoquant des mesures à prendre, je trouve qu’il n’insiste pas assez du tout.

      il a refusé de déployer ou de tester l’efficacité de mesures alternatives qui ne causeraient aucun risque pour les libertés (telles que des campagnes de communication bienveillantes, transparentes et non-paternalistes pour inviter à se faire vacciner), ou des mesures complémentaires ambitieuses (tel que le déblocage de financements pour permettre le dédoublement des salles de classe et leur aération, ce que le gouvernement à tout bonnement écarté).

      Pour que les anti-passe qui sont anti-sanitaire (anti-vax, anti-masque, etc) ne puissent pas récupérer un texte qui est clairement contre la surveillance techno, il me semble qu’il FAUT être bien plus clair, bien plus explicite, en ayant un chapitre dédié avec un gros intertitre dédié, à ce point : réaffirmer que oui le virus est dangereux et il faut faire des choses ambitieuses pour le réduire à mort. Pas juste à l’intérieur d’un chapitre qui critique l’efficacité du passe !

      Un point bienvenue tout de même à la fin :

      Dernier rappel stratégique : si le gouvernement français se permet d’imposer de tels outils de détection et d’exclusion des personnes qu’il juge indésirables, c’est notamment car il peut reprendre à son compte, et redynamiser à son tour, les obsessions que l’extrême droite est parvenue à banaliser dans le débat public ces dernières années afin de traquer, de contrôler et d’exclure une certaine partie de la population. La lutte contre les risques autoritaires du passe sanitaire serait vaine si elle ne s’accompagnait pas d’une lutte contre les idées d’extrême droite qui en ont été les prémices. La lutte contre le passe sanitaire ne doit pas se faire avec, mais contre l’extrême droite et ses obsessions, qu’elles soient dans la rue ou au gouvernement.

      #covid-19 #autoritarisme #politique_sanitaire #santé #santé_publique #solidarité #pédagogie #extrême-droite #récupération

    • D’autant que la Quadrature s’est déjà illustrée en rejetant toute forme d’application de traçage des contaminations, par principe, malgré le travail sérieux de spécialistes sur le sujet pour proposer des façons de faire non intrusives. (Attitude infantile, je crois, a été utilisé par un de nos amis par ici.)

      La première partie subtilement titrée « Contrôler pour exclure », traitée sur l’analogie avec la façon de traiter les personnes étrangères, au lieu de considérer qu’il s’agit d’une obligation vaccinale, est un choix très problématique. Ce n’est pas aussi grave que les analogies avec l’Allemagne nazie ou l’Apartheid, mais c’est du même tonneau : la question ici peut être traitée sous l’angle de l’obligation vaccinale, qui est ouverte à tous et totalement socialisée (et pas de partir dans l’analogie avec des situations où l’on est juif par la naissance, noir par la naissance, étranger par la naissance, c’est-à-dire une discrimination basée sur un statut inhérent et réputé immuable des individus).

      Traité sous l’angle de l’obligation vaccinale, on n’est plus totalement dans l’ordre de la nouveauté dans l’« exclusion » (on l’a déjà répété ici) : en tant que parents, on livre déjà régulièrement le carnet de vaccination de nos enfants pour les entrées à l’école (je me demande si on ne fournit pas aussi des preuves d’assurance scolaire/parascolaire et de sécu en septembre), et je ne crois pas que ça passe par des agents de l’État assermentés. Du coup oui il y a des soucis, mais le choix initial de partir sur l’« exclusion » et la « répression » des étrangers plutôt que l’obligation vaccinale, c’est un choix problématique. (Zut, toujours ce choix de dramatiser à l’extrême la vaccination.)

      Problème accentué ici par le fait que le dernier argument est le plus mauvais : « Obligation de prouver la nécessité », qui ressort de la naïveté (ou de la mauvaise foi). Outre le fait que l’impact de l’annonce sur la remontée des premières injections a été spectaculaire pendant les vacances, on n’a par ailleurs jamais attendu de « prouver » que ça fonctionne pour nous enfermer complètement pendant le premier confinement, et nous imposer d’interminables fermetures des lieux publics, de nos loisirs et des activités des enfants pendant des mois, et des couvre-feus pendant de longues semaines.

      À l’inverse, l’argument que je partage, c’est celui-ci (puisque j’ai écrit grosso modo la même chose ici) :

      Certes, la police entend réaliser des contrôles d’identité pour lutter contre ces échanges mais, si l’efficacité du système repose au final sur des contrôles de police aléatoires, il n’était pas nécessaire de déployer des mécanismes de surveillance de masse pour aller au-delà ce qui se fait déjà en la matière, par exemple avec les ordonnances manuscrites délivrées par les médecins que la police peut vérifier en cas de soupçons. Cela permettrait au moins de diminuer les risques d’accoutumance à un nouveau système de contrôle de masse.

      Mais dans le genre « acceptabilité », on a un problème d’une autre ampleur : les gens gueulent encore plus fort quand ils voient arriver les flics contrôler les passes dans un restaurant que quand c’est le serveur qui vient le faire avec son smartphone.

      Et surtout, vu le premier paragraphe sur le fait que l’obligation vaccinale contrôlée par la police est déjà une « exclusion » et une « répression » (par principe condamnable), il est clair que c’est ici un argument réthorique auquel on n’est pas censé adhérer réellement.

    • Pour mémoire, en avril 2020, « Que penser du protocole de traçage des Gafam ? » :
      https://www.laquadrature.net/2020/04/29/que-penser-du-protocole-de-tracage-des-gafam

      qui se terminait par la recommandation de consulter « risques-traçages.fr » :
      https://risques-tracage.fr
      dont l’argument essentiel était ce contre-exemple totalement crétin :


      (oui : un patron qui utiliserait et configurerait un smartphone pour chaque personne à laquelle il ferait passer un entretien d’embauche, pour savoir s’il a attrapé le Covid dans les 15 jours qui suivent - oh là là, mon dieu non je vais pas embaucher quelqu’un qui a eu le Covid !). Et en gros c’était ça le principal argument qui a tourné partout pour rejeter les applications conçues en mode privacy-first. (Ah ah, rétrospectivement, tout déconne complètement dans cette BD).

    • @arno comme dit plus haut, ce qu’écrit @laquadrature ne me satisfait pas, car pas assez explicite sur le fait que la vaccination est importante (en addition et non en remplacement des autres moyens) et doit être massivement diffusée, mais dans ce cas en donnant des billes concrètes sur comment on aimerait le faire de manière non autoritaire.

      Mais ce que tu dis, du coup, ne me satisfait pas non plus, car
      – une obligation vaccinale sur une population entière, non ça n’est pas quelque chose qui existe déjà et ya jamais trop eu ça
      – la comparaison avec l’école est justement un peu fallacieuse : il s’agit d’une obligation portant sur un faible pourcentage de la population à un instant T, et en plus une fois que c’est fait et contrôlé, on n’a pas à le re-contrôler car ce sont toujours les mêmes enfants qui vont dans le même établissement, pendant des années. Autrement dit c’est une politique de prévention sur le long terme : on finit par vacciner des générations entières, mais… sur des années et des années ! Alors que pour une obligation vaccinale qui porterait sur la population entière, il faut contrôler 100% de la population, dans 100% des lieux (fermés, et ouverts avec foule), en continu, toutes l’année, et en contrôlant plusieurs fois les mêmes personnes : ça n’a vraiment vraiment rien à voir avec l’entrée (unique) à l’école. Je ne crois pas que cette argument puisse convaincre grand monde du coup.
      – il y a encore plein de raisons de pas réussir à avoir les deux doses même quand on veut : à commencer par les pays riches qui accaparent, et à l’intérieur d’un pays riche chez nous, ya un biais quand on habite dans une grande métropole où c’est facile, yavait pas assez de doses au départ, ya des déserts médicaux, ya des difficultés sociales, etc : si là avec l’état en déclin du système de santé on impose une obligation stricte, je sais même pas si c’est matériellement possible
      – ça ne prend pas en compte l’histoire de la démocratie sanitaire (Sida, Act up, etc) et ses possibilités non coercitive

      Et dans tout ça bien sûr il faut aussi prendre en compte que :
      – le complotisme est une des maladies majeures du siècle, qu’il est mille fois plus fort qu’aux époques précédentes (n’en déplaise aux rassuristes du « ça a toujours existé » : pas dans ces proportions), qu’il touche toutes les classes sociales, des élites au pouvoir, au péquin moyen
      – qu’en France, mais ça vaut pour d’autres pays, on a une très faible éducation scientifique, là aussi toute classe sociale confondue (des gens ayant fait plein d’études mais dans des domaines précis, ne comprennent pas comment fonctionne la recherche, ce qui fait qu’on peut dire que ça marche ou pas, etc)
      – que les médias unidirectionnels de masse qui restent (télé, radio surtout), et qui pourraient être utilisés pour de la vulgarisation sérieuse et populaire, sont presque tous des trucs privés immondes (la question étant : sont-ils vraiment incontrôlables, ou bien est-ce que l’État pourrait faire jouer le CSA, ce genre d’autorité, pour faire interdire des propos manifestement dangereux) et sur ceux publics ya pas vraiment de politique de vulgarisation massive

      Une lueur d’optimisme au fond de moi me dit qu’il y a forcément encore des choses possibles qui ne soient pas trop autoritaires (et surtout pas avec des technologies modernes de surveillance) pour augmenter la vaccination. Mais il faudrait pour ça détailler ces solutions concrètes, pas être dans le vague, avoir un « programme » clair qu’on peut opposer à la fois au gouvernement qui fait n’importe quoi, et aux anti-passe qui sont anti-sanitaires. C’est possible ou pas ?

      Je suis bien conscient qu’on ne doit pas confondre les solutions à long terme (remettre à balle d’éducation à la méthode scientifique dès le plus jeune âge, d’éducation à la logique, à l’argumentation) avec qu’est-ce qu’on peut bien y foutre là maintenant tout de suite pour que le max de gens se protègent au mieux les uns les autres (vaccins ET masques lorsque pertinent ET aération, etc) sans rapport avec de la carotte ou du bâton.

      Bref, sale époque. (Déso je suis en mode désespérance complète depuis une semaine avec des amis qui sont anti-passe mais car anti-sanitaire, et qui en plus relaient sans distinction des fachos parce qu’allant dans leur sens.)

    • Sur la Quadrature, un point qui renforce le problème que tu soulèves (ne pas insister sur ce qu’il faut faire de positif en faveur de la vaccination), c’est qu’ils se positionnent nettement avec les questions Covid dans la dénonciation (à mon avis infantile) d’un supposé « solutionnisme technologique » (c’était très explicite avec le contact tracing). Or, quand on aborde les questions liées à la vaccination, ça devient vite un argument anti-vax, parce que qu’est-ce que c’est au fond la vaccination sinon une solution technologique à une maladie ? Donc quand tu es sur un thème « oh là là, faut pas faire ça c’est du solutionnisme technologique », si tu ne rappelles pas intensément qu’il y a tout de même un geste technologique vital (le vaccin), tu laisses la porte ouverte à un bon gros délire.

      –----

      Sinon, oui tu as raison, tout ne se fait pas déjà tel quel. Mais à l’inverse, l’idée que tout ça c’est la technopolice et que c’est totalement nouveau et disproportionné, c’est du flan. Parce qu’on se soumet déjà à un grand nombre de contrôles par des autorités pas totalement légitimes, largement non contrôlées, notamment sur la question des vaccins (et des assurances).

      Je me disais justement que cette histoire de QR-Code qualifié de technopolice est ici un problème, ou un fausse-promesse du titre de l’article. Parce que l’article ne donne aucune information sur des risques proprement techniques liés au QR-Code : est-ce que la QR-Code est lu dans l’application du smartphone qui contrôle, ou bien est-ce que c’est centralisé ? est-ce que l’information nominative est stockée dans le smartphone (pour servir par exemple de carnet de rappel en cas de contamination dans le restaurant) ? Rien de tout ça n’est abordé (justement parce qu’il me semblait que le principe du QR code était juste de faire apparaître un écran vert, pas d’expédier tes aller et venues au ministère de l’intérieur).

      Au point que l’article est obligé d’avoir une lecture un peu biaisée :

      Pourtant, paradoxalement, dans son format actuel, le passe sanitaire n’apparaît pas comme étant lui-même un outil de régulation très efficace. […] Et, quand bien même les passes seraient attribués aux « bonnes personnes », en l’état celles-ci peuvent facilement les partager avec les « mauvaises personnes ».
      […]

      Comme vu plus haut, certains proposent déjà un nouveau système affichant le visage des personnes contrôlées.

      Or le système du visage est présenté comme une façon justement de résoudre le problème du partage de passes, sans pour autant imposer le contrôle des papiers d’identité (et même sans connaître l’identité de la personne) :
      https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/pass-sanitaire/une-nouvelle-application-pour-verifier-le-passe-sanitaire-en-protegeant

      Du coup on est dans la critique tech sans arguments techs : reprocher dans un paragraphe le fait qu’on peut truander facilement le passe, parce que seule la police peut contrôler les identités (oh…), et dans le paragraphe suivant présenter comme l’horreur suprême une proposition qui vise explicitement à résoudre ce problème tout en préservant l’anonymat du porteur du passe. Je dis pas que la proposition serait parfaite, mais là on est clairement dans la posture automatique à la con.

      L’aspect « technopolice », ici, se résume au fait que c’est un QR Code (falsifiable qui plus est !) lu par un smartphone. Mais si ça ne sort pas du téléphone, si ce n’est pas stocké (je ne sais pas exactement : ce n’est juste pas abordé dans l’article, alors que ça devrait être la spécialité de la Quadrature – de ce que j’ai toujours lu par ailleurs, les informations ne quittent pas le téléphone qui scanne, ne sont pas stockées, et ne sont pas centralisées, ce qu’avait rappelé la CNIL), c’est l’équivalent d’un document officiel imprimé, sous forme numérique. L’« innovation », c’est qu’on le met sous forme de QR code, et pas d’un document officiel imprimé réputé infalsifiable – parce que c’est pratique, parce que c’est pas cher, etc. (et là, un vrai document imprimé infalsifiable, tu m’étonnes que ça gueulerait encore plus à l’ausweis… et là tu peux être certain qu’il y aurait la photo dessus).

      Pour dire autrement : tu utilises le terme « technique moderne de surveillance », mais justement l’article ne donne aucune indication de cela. Sauf preuve du contraire, ce QR Code est moins « innovant » et moins intrusif (« surveillant »), techniquement, que le simple fait de payer avec sa carte de crédit, ou de simplement se promener avec son smartphone dans la poche.

      Alors sauf à également gueuler contre l’existence même des smartphones et des cartes de paiement, le texte se résume à gueuler contre le fait que c’est une obligation vaccinale déguisée. On revient à, dès le début, insister sur le fait que c’est destiné à « exclure » et « réprimer », ce qui est une vision extrêmement orientée et restrictive du principe d’obligation vaccinale.

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      La question de préférer des solutions non-autoritaires. Pourquoi pas, mais nous vivons dans le monde qui existe, pas dans le monde idéal de l’anarchie réalisée, et nous devons vivre maintenant. C’est toi-même qui a (me semble-t-il) assez longuement argumenté contre ces postures qui refusent le vaccin ou d’autres trucs, parce que dans un monde idéal, on n’aurait pas de zoonoses ni de conditions de vie qui nuisent à notre santé. Je pense qu’on peut avoir des arguments similaires ici.

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      Un aspect là-dessus, pour revenir à ton argument sur le fait de rappeler l’importance de la vaccination et autres gestes barrières et solidaires, c’est qu’il est aussi très problématique de réclamer que ce soit l’État qui fasse la pédagogie, surtout quand on ne la fait pas soit-même.

      Dans une logique de démocratie libérale (le monde dans lequel nous vivons), l’État ne fait pas tout (sauf à accepter les délires bonapartistes sarkozo-macronistes) : les corps intermédiaires, constitués, société civile, etc., servent largement à cela. Or tous les groupes politiques sont allés faire la retape pour Raoult (y compris Mélenchon), on attend encore les syndicats là-dessus (pourtant, c’est leur rôle la pédagogie sur la sécurité), les médias, c’est même pas la peine, etc. On cite le SIDA et Act’Up, mais qui fait le job aujourd’hui, si ce n’est une petite vingtaine de femmes et hommes médecins qui nous informent et debunkent les conneries essentiellement sur Twitter ? (De fait, ceux-là sont totalement légitimes à dénoncer l’absence de pédagogie et de politiques positives du gouvernement, et le font en permanence, et en même temps, de ce que j’ai vu pour l’instant, ne sont généralement pas hostiles au passe sanitaire.)

      On arrive au point où le Pape (le Pape !) est plus clair et plus explicitement progressiste sur la question de la vaccination qu’un François Ruffin (bravo les gens).

      Ça devient tout de même compliqué de réclamer des méthodes non-autoritaires et plus de communication positive, quand les seuls qui font de la pédagogie depuis 18 mois, c’est une vingtaine de gus sur Twitter (qui, par ailleurs, ne sont pas soutenus par les partis politiques, ni par les syndicats, ni par grand monde en général, alors qu’ils se prennent des sauts de merde à longueur des journées de la part de la complosphère et de la raoulsphère).

      Et dans une logique anar, je suppose que je n’ai pas besoin de trop développer à quel point il est vain de réclamer de la « pédagogie » à l’État. (D’autant qu’ici, les anti-fas défilent à côté des panneaux contre Soros et le Great Reset, entourés de slogans anti-vaccination. Ce qui fait qu’à nouveau, le Pape fait plus de pédagogie en faveur de la vaccination que les anars de Montpellier.)

  • Adrien D., Tous Thomas Pesquet !, 2021
    https://sniadecki.wordpress.com/2021/05/26/adrien-pesquet

    Pour Anders, les hommes des sociétés industrielles sont devenus de véritables « ermites de masse », tellement satisfaits de leur condition et tellement désireux de se retrouver traversés par le flux des sons et des images, qu’il note dans le deuxième tome de son ouvrage :

    « N’importe quel intérieur de spoutnik aménagé semblerait habitable et accueillant à côté d’une pièce sans radio ou sans télévision. »

    Cet enfermement, cette hypnose et cette dépendance vis-à-vis des outils de communication qui ne cessent de se confirmer depuis, ont atteint un paroxysme lors du premier confinement de mars 2020. Rien d’étonnant alors de voir l’astronaute Thomas Pesquet, ayant vécu lui-même dans une sorte de spoutnik ultra-connecté pendant des mois, invité sur les plateaux télés afin d’y prodiguer quelques conseils pour mieux vivre cette période

    #critique_techno #Thomas_Pesquet #scientisme #espace #acceptabilité

  • La « troisième voie » du gouvernement français, un pari risqué pour contrôler l’épidémie de Covid-19
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/03/24/la-troisieme-voie-du-gouvernement-francais-un-pari-risque-pour-controler-l-e

    Pour les épidémiologistes, la campagne vaccinale ne va pas assez vite dans un contexte épidémique inquiétant.

    « Freiner sans enfermer », « Dedans avec les miens, dehors en citoyen »… Les éléments de langage du gouvernement pour décrire les nouvelles mesures appliquées depuis le 20 mars pour maîtriser l’épidémie de Covid-19 en France sont à l’image du manque de lisibilité de la stratégie actuelle. A trop vouloir ménager l’ensemble des acteurs de la crise, le risque est de n’obtenir aucun résultat satisfaisant sur le plan sanitaire, craignent les épidémiologistes. « Il est difficile de prendre des décisions qui soient comprises de tous, et on obtient des solutions qui ne satisfont personne », résume Yves Buisson, président de la cellule Covid-19 de l’Académie nationale de médecine.

    La stratégie actuelle de la « troisième voie », pour reprendre la formule du chef du gouvernement, Jean Castex, ne répond à aucune des trois options recommandées par les épidémiologistes – le « vivre avec », la circulation minimale ou le « zéro Covid ». « Le gouvernement français n’a pas de stratégie explicite : on ne sait pas où il veut aller », analyse Antoine Flahault, professeur de santé publique et directeur de l’Institut de santé globale (université de Genève). A la fin octobre 2020, le président Macron affichait pourtant un objectif clair : atteindre une circulation minimale du virus en atteignant la barre des cinq mille nouveaux cas de contamination quotidiens. « Sauf qu’on n’y est jamais arrivé, et cet objectif est depuis passé à la trappe », rappelle l’épidémiologiste.

    Le cas de la France n’est pas une exception en Europe. Si les Britanniques, les Irlandais et les Portugais connaissent une forte décrue épidémique après des mesures de confinement strict et prolongé, en Allemagne, en Italie, en Suisse, en Belgique ou encore au Danemark, « on a un peu partout des dirigeants dans un entre-deux, qui n’est plus le “vivre avec”, mais pas encore la circulation minimale », observe le professeur Flahault.

    La situation épidémique a pourtant de quoi inquiéter. Au niveau national, le taux d’incidence est de 308 nouvelles contaminations pour 100 000 habitants par semaine, avec une forte hétérogénéité territoriale. La plupart des départements d’Ile-de-France et des Hauts-de-France dépassent les 400 et la Seine-Saint-Denis, particulièrement, connaît un pic à 693. Donnée inquiétante, le taux d’incidence des plus de 80 ans repart légèrement à la hausse après des semaines de baisse dues en partie à l’impact de la vaccination chez cette population prioritaire.

    • Avec le variant britannique, « une nouvelle épidémie est née »

      « Aujourd’hui, la situation sanitaire en Ile-de-France est comparable à celle de la deuxième vague, mais en pire : le taux d’hospitalisation depuis les urgences sur les pathologies habituelles hors Covid est élevé, l’épuisement des équipes est également plus important, et il n’y a pas de renforts en provenance de la province, explique Renaud Piarroux, épidémiologiste à l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière. Par ailleurs, avec le variant britannique, les transferts sont souvent impossibles, car les malades sont très instables. »

      Lire aussi Confinement : Emmanuel Macron accusé d’avoir « perdu son pari »

      Cette tension à l’hôpital risque de durer, car les gens qui se contaminent aujourd’hui pourraient se retrouver en réanimation dans les trois à quatre prochaines semaines. « On s’attend à ce que la situation hospitalière soit plus compliquée à gérer que lors des deux premiers confinements », anticipe le docteur Piarroux, regrettant que le gouvernement n’ait pas pris de décision plus tôt : « Il aurait fallu freiner fort en janvier avec un confinement, allonger les vacances d’hiver et imposer le #télétravail chaque fois que possible. »

      Le tableau actuel est également très noir pour Arnaud Fontanet. Membre du conseil scientifique, il a plaidé, mardi, sur BFM-TV, pour une extension à de nouvelles régions des mesures de restriction prises dans les seize départements reconfinés. « Ces mesures seraient très pertinentes dans des régions qui, aujourd’hui, sont encore dans un état à peu près maîtrisé, mais qui, d’ici trois à quatre semaines (…), vont se retrouver dans une situation critique », estime l’épidémiologiste de l’Institut Pasteur.

      « Le variant anglais a complètement changé la donne, avec sa transmissibilité et sa létalité accrues (…), une nouvelle épidémie est née », estime M. Fontanet. Selon lui, ce variant représentera « 90 % [des nouveaux cas] fin mars, 100 % en avril »_ [c’est déjà 100% dans le 93, ndc]. Pour le moment, il en représente plus des trois quarts (75,9 %, selon les chiffres de l’agence de sécurité sanitaire Santé publique France, portant sur la période du 13 au 19 mars).

      Le pari de la vaccination

      Désormais, au-delà des mesures de restriction, l’exécutif parie avant tout sur la vaccination pour espérer parvenir à une situation d’équilibre au cours du printemps. Le ministère de la santé espère passer le cap des 400 000 injections par jour à la fin de la semaine, afin d’atteindre l’objectif des dix millions d’adultes ayant reçu au moins une dose de vaccin d’ici à la mi-avril. Et ce, malgré les retards de livraison d’ores et déjà annoncés par AstraZeneca, qui n’aura, au mois de mars, honoré qu’un quart des volumes de doses prévus dans son contrat avec les Etats membres de l’Union européenne.
      Pour le moment, la couverture vaccinale n’est pas encore suffisante pour espérer réduire massivement les hospitalisations. Au 22 mars, 9,5 % de la population totale a reçu au moins une injection et 3,7 % les deux, selon le ministère de la santé.

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      « On réclame depuis longtemps d’accélérer la #campagne_vaccinale, car c’est grâce à la vaccination qu’on pourra sortir de l’épidémie. Mais cette stratégie seule ne suffit pas, il faut aussi contenir les contaminations », plaide Mylène Ogliastro, vice-présidente de la Société française de virologie. « Si on lâche la pression sur la maîtrise des contaminations, on crée des circonstances favorables à l’émergence de nouveaux #variants_résistant aux vaccins », explique la virologue. Les virus suivent en effet les lois de l’évolution des espèces : ils mutent en permanence, et certaines de ces variations peuvent se révéler avantageuses, favorisant leur résistance ou leur reproduction.

      « Si un confinement strict se met en œuvre en France, on a la possibilité de revenir à un été serein, mais, pour ça, il faudrait avoir une stratégie autre que celle de contenir l’épidémie bon an mal an, et des objectifs clairs », acquiesce le professeur Flahault.

      « D’abord une responsabilité individuelle »

      « Ce qui est compliqué, c’est le timing », complète Rodolphe Thiébaut [l’idiot utile de l’article, ndc], professeur de santé publique à Bordeaux. Sous-entendu, plus on attend, plus cela nécessitera que les restrictions soient fortes. La stratégie actuelle est donc « risquée » si on se place au seul plan du contrôle de l’épidémie, mais imposer un confinement strict à une population lasse et épuisée psychologiquement au bout d’un an, « est plus difficile et plus complexe » [L’habituelle légitimation du "pari" par l’opinion]
      .
      « On revient à cette nécessité de compréhension et de pédagogie où c’est d’abord une responsabilité individuelle et de bon sens de chaque citoyen. Et il n’y a sans doute rien de plus difficile… », souligne l’épidémiologiste. D’où le choix du gouvernement de recourir à ce que le professeur Thiébaut et ses confrères nomment une « santé publique de précision », en confinant certains territoires, mais pas d’autres.

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      Il faudra encore attendre quelques semaines avant de savoir si le pari du gouvernement sera payant, selon Pascal Crépey, enseignant-chercheur en épidémiologie et biostatistique à l’Ecole des hautes études en santé publique, à Rennes. _« On ne mise pas que sur le confinement. L’arrivée des beaux jours et l’avancée de la vaccination vont peut-être compenser la moindre efficacité de ce confinement. Il faut attendre deux à trois semaines pour voir si l’incidence continue d’augmenter », conclut-il.

      Ce soir ça claironne que, oui, il faut être dehors mais les rassemblement de plus de 6 personnes sont interdits. On va pouvoir montrer que c’est pas le bordel, non mais ! et distribuer des amendes.

      Pour ce qui est de la « pédagogie » et de la « compréhension », on a toujours pas entendu ou lu le mot aérosol ailleurs qu’à la marge (experte ou non).

      #covid-19 #crise-sanitaire #pari

    • L’épidémie de Covid-19 ne fait qu’empirer, mettant en péril la « troisième voie » d’Emmanuel Macron
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/03/24/la-troisieme-voie-d-emmanuel-macron-menacee-par-la-saturation-des-reanimatio

      Jean Castex a reconnu que la possibilité existe de « durcir » les mesures « en fonction de l’évolution de la pandémie » et de la saturation des hôpitaux. Une évolution devrait être décidée jeudi : l’élargissement des restrictions à l’Aube, le Rhône et la Nièvre.

      Jean-François Delfraissy fuit les médias depuis qu’il a recommandé en vain, fin janvier, de recourir à un nouveau confinement national. Après coup, le président du conseil scientifique soupirait devant un proche : « Chaque mot que je prononce, en ce moment, c’est une tuerie… » « Si nous continuons sans rien faire de plus, nous allons nous retrouver dans une situation extrêmement difficile, comme les autres pays[Le Vietnam ?], dès la mi-mars » , alertait alors l’immunologiste, qui se montrait inquiet de la diffusion du variant britannique du Covid-19, plus contagieux que la souche originelle du virus. Une sortie publique qui avait suscité la polémique, Emmanuel Macron souhaitant à tout prix éviter de remettre la France sous cloche.

      Les graphiques : comment les contaminations évoluent-elles dans votre département ?

      Près de deux mois plus tard, pourtant, « les faits lui donnent totalement raison », estime le sénateur écologiste de Paris Bernard Jomier, président de la mission d’information du Palais du Luxembourg sur la gestion de la crise sanitaire. « L’exécutif l’a dénigré et a écarté ses préconisations », a regretté l’élu dans un tweet, le 18 mars. C’était au soir de l’annonce du premier ministre, Jean Castex, d’un confinement allégé dans 16 départements pour répondre à ce qu’il qualifie de « troisième vague ». Depuis, la situation ne fait qu’empirer, mettant en péril la « troisième voie » du gouvernement, dont l’objectif est de « freiner sans enfermer ».

      Lire notre récit : « C’est kafkaïen » : dans les coulisses du cafouillage au sommet de l’Etat sur le « vrai-faux » confinement

      Mercredi 24 mars, le directeur de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Martin Hirsch, a envoyé un courriel au ton alarmiste à ses équipes. « Nous n’avions pas connu un nombre d’entrées [dans les services de l’AP-HP] aussi haut en vingt-quatre heures depuis la première vague », a-t-il souligné dans ce message, rendu public sur le compte Twitter de l’institution [673 admissions hier : https://seenthis.net/messages/907670#message907861].

      Avec plus de 4 600 patients placés en réanimation au total, la France se rapproche du pic de la deuxième vague, qui était de 4 903 malades, le 16 novembre 2020. « Nous ne tiendrons pas longtemps à ce rythme ou pire s’il continue de s’accélérer. Je ne vois pas d’autres options qu’un vrai confinement », a prévenu, mercredi, Rémi Salomon, président de la commission médicale de l’AP-HP. « On est dans le mur. Il fallait freiner avant. C’est plein comme un œuf. Le prochain mois va être infernal », a déploré, pour sa part, sur France Inter, Jean-François Timsit, chef du service de réanimation de l’hôpital Bichat, à Paris.

      Après avoir indiqué pendant des mois qu’il voulait à tout prix préserver de l’engorgement les services de réanimation, l’exécutif compte aujourd’hui se laisser un peu de temps avant de recourir à un éventuel tour de vis supplémentaire. « On a besoin de quinze jours pour vérifier si les mesures prises sont efficaces sur les territoires concernés », a soutenu Emmanuel Macron, mardi, lors d’un déplacement à Valenciennes (Nord). Recours au télétravail [Ou ça ? ndc], limitation des rassemblements privés à son domicile… « Si ces mesures sont pleinement appliquées, elles auront un effet », a voulu croire le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, qui s’est exprimé, mercredi midi, à l’issue du conseil des ministres.


      YOAN VALAT / EPA VIA AFP

      « Pas de totem » [quand au nombre de malades et de morts, juste quelques tabous dont l’aérosolisation]

      Au cours de l’après-midi, Jean Castex a néanmoins évoqué la possibilité de « durcir » [contre qui cette fois ?] les mesures « en fonction de l’évolution de la pandémie ». « Nous avons un devoir de nous adapter, comme nous l’avons toujours fait », [sic] a assuré le premier ministre lors des questions au gouvernement au Sénat, évoquant « une troisième vague particulièrement violente ». (...) Le ministère de l’intérieur a par ailleurs rappelé que les rassemblements de plus de six personnes en extérieur sont interdits sur tout le territoire sauf dans certaines situations comme les manifestations déclarées par exemple, mais l’interdiction est stricte dans les 16 départements en très forte tension virale.

      Reste une question cruciale en suspens, celle des écoles. Depuis plusieurs jours, le nombre de contaminations explose dans les établissements scolaires, posant l’éventualité de nouvelles restrictions, voire d’une fermeture pure et simple. « Nous n’excluons pas que les écoles doivent refermer », a affirmé Gabriel Attal, mercredi, dans un entretien au quotidien régional L’Union. « Tout est possible, pas de totem », confirme un conseiller de l’exécutif. Une telle décision représenterait un véritable camouflet pour le chef de l’Etat, qui a fait du maintien de l’ouverture des écoles un marqueur politique dans sa gestion de la crise sanitaire. « Tout est toujours possible mais ce n’est pas le choix que l’on fait là », élude un proche de M. Macron.

      Pendant ce temps-là, Jean-François Delfraissy est sorti de sa réserve : il était interrogé, mercredi matin, par la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale en vue de son renouvellement comme président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE). Ce qui ne l’a pas empêché de prendre un détour par la case Covid-19, ce « virus qui nous domine », selon lui. « Cette crise n’est pas finie. Les vaccins vont nous sortir en partie de cela, pas complètement. On a une vision d’atterrissage qui pourrait être l’été » [létale ?], a-t-il estimé, avant de se montrer pessimiste sur l’état moral d’une société secouée par un an de pandémie : « Fondamentalement, ce qui nous manque en ce moment, c’est le climat de confiance. La confiance vis-à-vis de la science, vis-à-vis du politique. » Et peut-être, aussi, entre la science et le politique.

      Entre l’accélération de la circulation du virus et l’arrivée des test dans les écoles, voilà qu’ils finissent par trébucher grave sur le "cas mouflets" :

      Delphine_V*, TZR un jour, TZR toujours. Prof d’HG lancée dans la coopération, académie de Versailles. Passionnée et curieuse de tout. #ICEM #HG2DPF, touiteur

      Hier c’était journée dépistage au collège. Aujourd’hui c’est fermeture.

    • Oui, c’est ce qui se dit par ailleurs, notamment suite à la « fuite » de Guérini qui se serait indigné que Blanquer ait menti sur les chiffres des tests. D’aucuns en concluent que Blanquer va prochainement servir de fusible.

    • « L’équivalent d’un crash d’avion chaque soir » : les morts du Covid-19 s’accumulent, l’indifférence s’installe
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/03/25/covid-19-les-morts-s-accumulent-l-indifference-s-installe_6074385_3232.html

      Le coronavirus aura bientôt tué 100 000 personnes en France. Pourtant, le gouvernement ne veut pas prendre de mesures trop strictes, et n’agit que dos au mur. Un consensus inavoué s’est instauré pour tolérer des centaines de décès quotidiens.

      Analyse. C’est une sorte de mystère. Depuis le début du mois de décembre 2020, l’épidémie de Covid-19, qui s’était un peu calmée, est repartie de plus belle, en particulier en région parisienne. En trois mois et demi, le nombre de nouveaux cas recensés sur sept jours y est passé de 100 à 560 pour 100 000 habitants. Au fil des semaines, tous les seuils d’alerte ont été franchis. L’Ile-de-France est devenue la région où le virus circule le plus activement. Les hôpitaux sont saturés. Les services de réanimation débordent. Les morts s’accumulent. Bientôt près de 100 000 dans l’ensemble du pays depuis l’apparition du virus, selon les chiffres officiels.

      Et pourtant, rien ne se passe, ou si peu. Le dos au mur, Jean Castex a fini par annoncer, jeudi 18 mars, de nouvelles mesures de freinage dans les 16 départements les plus touchés, dont toute l’Ile-de-France et les Hauts-de-France. Trois départements ont été ajoutés mercredi 24 mars. Mais à peine le premier ministre avait-il achevé sa déclaration au ton grave que les Français réalisaient à quel point le tour de vis était en réalité modeste. Cette fois-ci, pas de « confinement », mot récusé par le gouvernement. Pas de télétravail obligatoire, pas de fermeture des écoles ni des lycées, pas d’obligation de rester chez soi, pas d’attestation nécessaire pour sortir dans la plupart des cas, ni de limitation de durée. Le couvre-feu est au contraire retardé d’une heure.

      Freinage limité

      Au bout du compte, ce « confinement aéré » aboutit essentiellement à réduire les déplacements entre régions et à fermer des magasins supplémentaires. Relativement peu, en réalité, puisque les coiffeurs, les fleuristes, les chocolatiers, les libraires et les vendeurs de voitures ont été considérés comme de « première nécessité » et autorisés à rester ouverts. Résultat : le trafic automobile dans Paris, bon indicateur de l’activité, n’a reculé que d’environ 5 % par rapport à la période précédente. Freinage limité, donc.

      Le gouvernement revendique lui-même cette « approche pragmatique » , qui entend lutter contre le Covid-19 tout en évitant de trop peser sur l’économie et le moral des Français. Plutôt que de vouloir éradiquer l’épidémie, comme le premier confinement y était pratiquement parvenu, et comme de nombreux scientifiques le réclamaient, l’exécutif accepte depuis des mois de laisser circuler le virus. Misant sur une future vaccination de masse, il refuse les mesures trop dures, ne suit pas les recommandations du conseil scientifique, et ne muscle – mollement – son dispositif qu’en dernier recours, lorsque l’épidémie commence à échapper à tout contrôle.
      Entre 250 et 350 par jour en moyenne depuis le début de 2021, c’est l’équivalent d’un crash d’avion chaque soir. Un crash discret, qui ne fait plus la « une »

      Clairement, Emmanuel Macron estime que la France doit pour le moment « vivre avec » le virus, selon sa propre formule. Cela signifie aussi vivre avec les malades. Et les morts. Entre 250 et 350 par jour en moyenne depuis le début de 2021. L’équivalent d’un crash d’avion chaque soir. Un crash discret, qui attire de moins en moins l’attention et ne fait plus la « une ». Non seulement il n’amène pas le gouvernement à agir drastiquement, mais cette approche modérée, qui ne donne pas la priorité absolue à l’urgence sanitaire, n’est guère contestée, si ce n’est par des médecins comme le généticien Axel Kahn. Le conseil scientifique le constate dans sa dernière note, datée du 11 mars : « La lassitude a gagné nos concitoyens et nos soignants. Une certaine indifférence face aux chiffres des décès s’installe ».

      D’où vient cette « indifférence » face à la mort ? D’une forme d’accoutumance, sans doute. D’autant que, depuis le début de la deuxième vague, le nombre de décès attribués au Covid-19 a rarement dépassé 500 par jour, alors qu’il avait culminé au-delà de 1 000 au printemps 2020. Dans la durée, la vague actuelle se révèle néanmoins beaucoup plus meurtrière que la première, qui n’avait tué « que » 30 000 personnes. En outre, le Covid tue avant tout des personnes âgées, fragiles, dont l’espérance de vie était limitée. Certaines d’entre elles « seraient de toute façon décédées » d’une autre cause, relève une étude publiée par l’Institut national d’études démographiques (Ined) le 17 mars.

      Pas de lobby des endeuillés

      Au-delà, un parallèle peut sans doute être établi avec le chômage. En 1994, Denis Olivennes avait publié dans Le Débat un article resté fameux sur « La préférence française pour le chômage ». L’ex-conseiller de Pierre Bérégovoy (1925-1993) y avançait l’hypothèse que le chômage de masse constaté en France ne relevait pas d’une fatalité, mais « d’une préférence collective, d’un consensus inavoué ». « Les syndicats, par construction, représentent les intérêts des actifs occupés ; le patronat gère la paix sociale dans ses entreprises en négligeant les intérêts des chômeurs ; le gouvernement dialogue avec les partenaires sociaux et soigne un électorat composé d’actifs occupés et d’assurés sociaux », expliquait-il. Personne ne représentant les chômeurs, le pays avait opté, selon lui, pour le pouvoir d’achat des actifs, au détriment du nombre d’emplois.

      Il est tentant, aujourd’hui, d’esquisser une analyse du même type pour le Covid. Là aussi, le gouvernement, les syndicats et le patronat discutent en permanence des choix à effectuer pour piloter la crise économique et sanitaire. Les fleuristes, par exemple, ont souligné qu’« ils font la moitié de leur chiffre d’affaires pendant cette période de printemps », un argument repris par le ministre de l’économie Bruno Le Maire. Et là encore, les principales victimes ne sont pas dans la boucle. Pas de syndicats des malades, pas de fédération des morts, pas de lobby des endeuillés. Leurs voix ne sont guère portées que par les médecins et les scientifiques, dont les messages, parfois discordants, peinent à être entendus. Cette absence de relais contribue sans doute au « consensus inavoué » actuel, selon lequel la France, comme d’autres pays, tolère un « plateau haut » de malades, et un nombre de morts qui aurait paru inacceptable il y a peu.

      Ce journal a beau être ce qu’il est (...), ça fait longtemps qu’il publie des éléments critiques (par exemple sur les discordances entre conseil scientifique et gouvernement, ou même en documentant ce qui s’est passé dans les hôpitaux) sur un ton "neutre" et poli.

      Ici, il reprend l’image du crash d’avion qui a court depuis des mois, par ailleurs, il laisse de plus en plus à d’autres le soin de dire les choses de façon très étayée avec une netteté :

      C’est comme rouler en voiture vers un mur et affirmer qu’en freinant le plus tard possible on gagnera du temps.

      https://seenthis.net/messages/908051

      #acceptabilité

  • « La résilience entend nous préparer au pire sans jamais en élucider les causes », Thierry Ribault
    https://justpaste.it/4h4bd

    Alors que le projet de loi Climat et résilience est examiné à l’Assemblée nationale, le chercheur en sciences sociales Thierry Ribault se livre à une critique virulente de la « technologie du consentement » visant, selon lui, à rendre acceptable le désastre par tous.

    [...] Dans sa prétention à résoudre, la résilience s’empresse d’absoudre les uns et de culpabiliser les autres, ceux qui refusent de collaborer à ce dit “monde d’après”.

    [...] Il s’agit de combattre le cancer, le dérèglement climatique, le Covid-19 ou le terrorisme, sans combattre le monde qui les fait émerger.

    Contre la résilience. A Fukushima et ailleurs , L’Echappée, 368 pages.

    #résilience #livre

  • « Je ne suis pas épidémiologiste » - Mon blog sur l’écologie politique
    http://blog.ecologie-politique.eu/post/Je-ne-suis-pas-epidemiologiste

    Cette semaine, trente-cinq personnes sont tirées au sort pour « nourrir le pouvoir exécutif et législatif » dans la conduite de la campagne de vaccination « et d’ajuster les réponses qui doivent être apportées aux Français ». L’annonce, qui a été faite le mois dernier, a suscité beaucoup de sarcasmes : confier à n’importe qui une question aussi technique, mais vous n’y pensez pas ?

    #Aude_Vidal #démocratie #politique #tirage_au_sort #santé #technocratie #acceptabilité

    • Je suis toujours étonnée que celles et ceux que terrifie l’idée de faire appel en politique à des personnes tirées au sort ne nous proposent pas également un dispositif de certification préalable des électeurs et électrices, comme ce fut le cas jusqu’en 1945. Le désaveu de l’autre en politique a une longue histoire… Mais pas besoin, l’idée même de représentation (tu votes mais c’est une personne par essence supérieure à toi ou qui se croit telle qui est élue) est une manière de cadrer les errements populaires, qu’il s’agisse des errements d’électeurs et électrices qui ont décidément trop peu fait d’études ou ceux de personnes qui ont de malheureux intérêts de classe que les riches n’ont, oh non, jamais.

      Cette crainte est aussi une confiance indue dans le personnel politique. Mon député était dentiste et sa seule qualification était de marigoter avec d’autres gens aisés de droite dans un parti qui distribuait les candidatures. Belle compétence. Non, la plupart des élu·es n’ont pas fait Sciences po et l’Ena, ce sont leurs collaborateurs et collaboratrices qui sont formé·es à l’action publique. Ou bien ils et elles apprennent sur le tas. Et l’Assemblée LREM, composée de notables de petites villes qui ne se représenteront pas, est un sacré exemple d’amateurisme politique… et de montée en compétences, pour certain·es.

    • Je suis d’accord avec la plupart des arguments mais dans le cas d’espèce qui nous intéresse, ce tirage au sort est inutile et ridicule. C’est une manœuvre dilatoire du gouvernement pour cacher ses propres errements. D’ailleurs cela fait du mal à l’idée même de tirage au sort. La campagne de vaccination massive à prévoir est une question technique plus que politique et donc oui en l’occurrence il faut des compétences techniques pour y répondre, compétences que ne possèdent a priori pas des gens tirés au sort.

    • Le problème n’est pas que ce soit inutile ou ridicule, c’est surtout que c’est très tardif, alors même que l’on constate que les doses sont livrées, que les congélateurs ne sont pas arrivés...

      La concertation prend du temps, et là, ce temps n’existe pas. Des citoyens lambda, si on avait du temps, seraient tout à fait capables de mettre en œuvre et justifier une politique vaccinale efficace et éclairée.

      Mais on est dans l’urgence, du fait de l’impréparation manifeste. Comme je le disais ailleurs, quand on passe l’été à préparer des lois sur un séparatisme fantasmé sans s’intéresser au contrôle de l’épidémie, c’est qu’on se fout de l’épidémie et qu’on a un autre agenda. Ces gens qui nous gouvernent n’ont pour communication que la fabrication de fumigènes. Et pour politique la mise en coupe réglée de tout ce qui crache du pognon de dingue dans les bonnes poches.

      J’ajoute que comme d’habitude, les écrits d’Aude sont d’une intelligence et d’une sensibilité agréables à lire.

    • La technique, c’est une chose, les choix politiques c’en est une autre.

      En l’espèce, il semblerait qu’il y ait eu déficiences sur les deux plans. Ce n’est pas le rôle du comité citoyen de pallier les déficiences techniques (y a McKinsey pour ça ;-) mais bien de fixer les orientations. De ce point de vue, je ne vois pas comment il pourrait faire moins bien que ce qui a été fait.

  • Au Danemark, on teste aussi l’#acceptabilité ... de la vaccination obligatoire contre #SARS-CoV2

    Stort spektakel mod epidemiloven | BT Politik - www.bt.dk
    https://www.bt.dk/politik/stort-spektakel-mod-epidemiloven

    Trommerne kan høres på lang afstand. De buldrer rytmisk fra Christiansborgs slotsplads, hvor et stort antal aktivister er mødt op for at demonstrere mod epidemiloven.

    De, der ikke ejer en tromme, bruger grydelåg, skeer og andre metalgenstande til at frembringe en øredøvende larm, der gør det umuligt at føre en samtale. Mange har også taget fakler og skilte med. Kun høtyvene mangler.
    Når en taler stiller sig op ved mikroanlægget foran indgangen, stilner larmen af for en stund.
    »Det eneste der larmer mere end jer, det er vores medborgeres stilhed. Den larmer rigtig, rigtig meget. Mediernes non-dækning af epidemiloven, den larmer også,« råber en kvindelig taler i mikrofonen.

    Epidemiloven blev hastebehandlet af Folketinget i marts, da de første tilfælde af covid-19 blev konstateret i Danmark. Loven gør det blandt andet muligt for at myndighederne at indføre forsamlingsforbud, tvangsbehandle coronasmittede og indføre tvangsvaccinering af befolkningen.
    Navnlig det sidste punkt er det, der har fået mange til at møde op på Slotspladsen med skeer og grydelåg.
    »Vi ønsker ikke at være en del af en tvangsvaccine, hvor vi ikke aner, hvad der er i vaccinen, og hvor vi ikke ved, hvad det vil gøre ved folk ude i fremtiden,« siger Falke Mikailsen, der er en af talerne.
    Fra talerstolen bliver der ikke alene tordnet mod de udvidede beføjelser, epidemiloven giver myndighederne.

    Emner som pædofili, Jeppe Kofoed og mink bliver også luftet, ligesom flere talere stiller spørgsmåltegn ved, om covid-19 overhovedet eksisterer.
    Demonstrationer mod epidemiloven har stået på i flere uger, men fredagens demonstration er den hidtil største.
    For de demonstranter, B.T. taler med, er det de udvidede beføjelser, epidemiloven giver myndighederne, der fører til frustrationer og skepsis.
     »Jeg bryder mig ikke om tvang. Jeg bryder mig ikke om, at vi skal have en måde at omgås, som ikke er frivillig og baseret på kærlighed,« siger Jane Lundgaard, der har taget opstilling foran rytterstatuen af Kong Frederik den 7.

    Flere demonstranter stiller spørgsmålstegn ved, om coronavirus er så alvorlig som myndighederne hævder, og der er også stor skepsis over for, om de mange restriktioner overhovedet har en effekt.
    Demonstrationerne har stået på i flere dage og torsdag blev politiet angrebet med kasteskyts under en demonstration, der havde samlet omkring 100 mennesker. En demonstrant understreger fredag overfor B.T., at ballademagerne var en udefrakommende fraktion, der ikke har noget med de fredelige demonstranter at gøre.
    Efter at have fyldt luftrummet omkring Christiansborg med støj bevægede en del af demonstrationen ud på et larmende fakkeloptog gennem Københavns gader.
    Epidemilovgivningen gælder foreløbig frem til 1. marts næste år, da lovgivningen er omfattet af en såkaldt solnedgangsklausul. Partierne i folketinget er enige om at hastelovgivningen allerede skal evalueres til november i år.

  • Confinement : veillée d’armes avant un nouveau tour de vis ? - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2020/11/11/confinement-veillee-d-armes-avant-un-nouveau-tour-de-vis_1805244

    Officiellement, tout est donc sur la table comme l’a exposé, mardi, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal à l’issue du Conseil des ministres : « Soit le maintien des règles telles que nous les connaissons aujourd’hui, soit un éventuel durcissement sur certains points […], soit un éventuel assouplissement. »

    Deux jours avant que le chef du gouvernement nous annonce les nouvelles décisions, le porte-parole du gouvernement communique sur le fait que ce sera soit le maintien, soit un durcissement, soit un assouplissement ? Deux jours avant, ils ne savent pas ?

    Nan mais c’est quoi ces branques ? Castex attend que Macron demande à Brigitte si elle a eu Raoult récemment au téléphone ?

    Tu m’étonnes que les gens ne leur fassent pas confiance, avec cette impression permanente que soit ils gèrent la Covid au pifomètre, soit ils se foutent ouvertement de notre gueule.

  • « La politique de "stop and go" que nous menons se révèle extrêmement coûteuse »
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/11/02/camille-landais-il-nous-faut-penser-un-pilotage-de-long-terme_6058198_823448

    L’économiste Camille Landais analyse les spécificités de cette crise difficile à modéliser et plaide pour une adaptation en fonction des données sanitaires. Propos recueillis par Claire Gatinois

    Camille Landais est professeur d’économie à la London School of Economics et membre du Conseil d’analyse économique rattaché à Matignon. En 2016, il a reçu le Prix du meilleur jeune économiste français et le Philip Leverhulme Prize in Economics.

    Emmanuel Macron a annoncé un nouveau confinement, moins strict que celui du printemps, pour, espère-t-il, ne pas confiner l’économie. Est-ce possible ?

    La façon qu’on a d’opposer économie et santé est problématique. Ne pas contrôler l’épidémie, c’est s’exposer à un coût humain monstrueux, il n’y a donc pas d’arbitrage à faire. Nous n’avons d’autre choix que d’endiguer l’épidémie. Mais la focalisation sur le coût économique est réductrice. Il faut parler d’un coût social, ou sociétal. Les mesures prises en ce moment nous affectent bien au-delà de ce que l’on a coutume d’appeler économie : elles visent notre capacité à nous déplacer, à voir nos proches, à utiliser les services publics comme l’éducation. Ce sont des dimensions qui ont une valeur immense mais qu’on ne mesure pas dans le PIB. On n’a pas de manière simple de chiffrer ces coûts, alors on a envie de les oublier. Mais on se rend compte que ce sont eux qui déterminent l’acceptation sociale des mesures.

    Que voulez-vous dire ?

    Nous avons aujourd’hui un arsenal de mesures dont on connaît, plus ou moins, les effets sur la diffusion de l’épidémie : fermer les bars, réduire les réunions de famille, fermer les écoles, les lieux de travail, limiter les déplacements. Mais que connait-on de leur coût sociétal ? A peu près rien ! Les Français préfèrent-ils fêter Noël en famille ou continuer à travailler et à se déplacer normalement ? Pour le savoir, il faudrait associer de façon plus étroite la population, créer un contenu démocratique, aux prises de décisions. Il est impossible d’aller ainsi d’état d’urgence en état d’urgence, sans concertation.

    Avons-nous véritablement d’autres options ?

    Ces derniers mois ont confirmé quelques faits simples, mais robustes, au sujet de l’épidémie. D’abord le virus est extrêmement contagieux, il est dix fois plus létal que la grippe, il touche toutes les tranches d’âge et la seule solution pour acquérir une sorte d’immunité collective c’est d’avoir un vaccin, qui sera disponible, au mieux, mi-2021.

    Autrement dit, le virus est là pour durer. Ce qu’il nous faut penser c’est donc un pilotage de long terme. Il nous faut de la visibilité, de la prévisibilité. Et un cadre démocratique. La politique de « stop and go » que nous menons actuellement, en confinant, déconfinant, reconfinant se révèle in fine extrêmement coûteuse.

    Est-ce possible d’avoir de la prévisibilité face à un phénomène aussi inédit ?

    La situation est inédite, oui, mais nous avons compris une chose : dès que le « R0 » [le taux de reproduction du coronavirus] bascule au-dessus de 1, c’est le signal que nous aurons une nouvelle vague épidémique. Et ça, nous le savions dès le mois de juillet. A partir de cette donnée, on peut envisager un pilotage à moyen ou à long terme en anticipant toutes les mesures qu’il nous faudra prendre pour répondre à toute augmentation de R0 au-dessus de 1. Cela pourrait ressembler à un système de « cap-and-trade », c’est-à-dire de permis à points.

    N’est-ce pas ce que le gouvernement a tenté de faire en disant à la rentrée que nous devrions « vivre avec le virus » ?

    Non. Au mois de juillet, en observant le R0 dépasser 1, on a pris des mesures, certes, mais sans se fixer d’objectif clair, de quota. Il y a eu sans doute un péché d’optimisme. On a cru que même en passant au-dessus de 1, les gestes barrières suffiraient ou que le système de « tester et tracer » ferait des miracles. Au final, on a été obligé de prendre des mesures abruptes et extrêmement coûteuses plutôt que de prendre plus fermement des petites mesures dès le départ et de les maintenir. On sait aujourd’hui qu’il y a trop d’externalités en jeu, que freiner le virus ne peut se faire sans mesures contraignantes. Il nous faut donc suivre la même logique que pour l’environnement : s’imposer des quotas en amont pour éviter de payer une facture trop lourde à l’arrivée.

    Concrètement qu’est-ce que cela signifie ?

    Dans un système de permis à points, nous avons, pour chaque niveau de R0 un menu d’options, un ensemble de points, pour nous maintenir dans les clous : fermer les bars et restaurants rapporte beaucoup de points car les études montrent que cela fait baisser le R0 significativement, empêcher les grands rassemblements, procure aussi beaucoup de points, etc. Ensuite, on laisse la collectivité choisir en avance parmi les différents menus d’options, pour atteindre le quota fixé par les scientifiques.

    Mettre en place en permanence de telles mesures restrictives peut-il être acceptable ?

    Ce qui me fascine depuis le début de cette épidémie, c’est la formidable responsabilité collective dont fait preuve la population. Les gens sont relativement altruistes, et prêts à accepter des mesures contraignantes pour aider à freiner l’épidémie. Il faut donc associer de façon beaucoup plus étroite les citoyens aux décisions. Le chef de l’Etat ne peut décider seul de ces arbitrages. C’est un problème collectif qui se pose à nous dans la durée. On ne peut, tous les six mois, avoir des mesures aussi extrêmes prises dans une telle opacité démocratique. Il nous faut une concertation citoyenne, sous peine de saper les conditions d’acceptabilité de telles mesures.

    Comment mener cette concertation citoyenne ?

    Il faudrait sans doute commencer par mener une grande enquête représentative auprès de la population pour mesurer précisément ces coûts. Le problème c’est que le système de représentation traditionnelle comme le Parlement sont peu adaptés a cette question si particulière qu’est le virus. Trop de politique entrerait en jeu. Mais on peut retenir par exemple l’idée de comités citoyens tels que l’Irlande l’a fait pour arbitrer sur des sujets inflammables comme l’avortement, ou comme notre convention citoyenne pour le climat.

    Cela peut se faire au niveau local, à partir d’un large comité représentatif de personnes tirées au sort. Ce comité établira la liste des mesures à privilégier pour répondre à différents niveaux de R0 en piochant dans les six ou sept options proposées par le comité scientifique. Cela permet d’instaurer plus de transparence tout en apportant de la visibilité. C’est la seule manière d’embrasser la dimension sociale et non uniquement économique des mesures sanitaires. Sans cela c’est la catastrophe.

    Cela ne reste toutefois pas indolore pour l’économie…

    Non. Et la derrière pierre angulaire de ce plan est de mettre en place en amont des aides et des transferts pour les secteurs qui seront visés par les mesures décidées à l’avance par la collectivité. Si, par exemple, on décide de fermer les cinémas et les théâtres pour pouvoir passer un Noël en famille, il faut dans ce cas mettre en place tous les transferts nécessaires pour soutenir la culture.

    Quels effets à long terme pourra avoir cette pandémie ?

    On aura de facto un tissu économique et un marché de l’emploi laminés, et une dette colossale qui pèseront dans les débats pour les dix à quinze années à venir. Mais il y a aussi beaucoup de choses qui ont émergé de cette crise, comme la preuve que des régimes démocratiques peuvent répondre a ces crises inédites, grâce à la responsabilité collective. C’est quelque chose qu’il faut chérir et faire fructifier.

    En dépit de cette seconde vague, le gouvernement maintient son plan de relance, n’est-il pas devenu obsolète ?

    Dans le plan de relance, beaucoup de choses, comme la baisse des impôts de production ou les programmes d’investissement seront de toute façon lentes à se mettre en place. Mais l’urgence n’est plus là. Il va y avoir des mesures d’urgence absolue à prendre pour sauver le tissu économique et le marché de l’emploi. La question des minima sociaux et de l’accompagnement des plus vulnérables va aussi inévitablement se reposer.
    Lors du premier confinement une épargne massive s’est constituée, faut-il s’y attaquer ?
    Cette question se posera plus tard quand on évoquera la relance. Et surtout quand nous serons sortis du tunnel et que l’on cherchera à allouer les coûts induits par cette crise. La question de la fiscalité du patrimoine se reposera inévitablement à ce moment-là.

    Cités
    Covid-19 : « Les citoyens doivent être davantage associés aux mesures à prendre face à l’épidémie »
    Le gouvernement face au défi de l’imprévisibilité de la pandémie

    #covid-19 #économie #acceptabilité_sociale

  • Il y a vraiment des points que je ne comprends pas dans les propositions/recommandations pour des outils de tracking respectueux des libertés individuelles type PEPP-PT (notamment, conçus pour ne pas pouvoir être détournés de l’usage de lutte contre l’épidémie), y compris les récentes positions CNIL/CCC.

    – Dans tous les schémas/explications que j’ai vus, j’ai vraiment l’impression que personne ne peut obtenir la liste des contacts de la personne qui vient de se signaler infectée. Pas même cette personne infectée elle-même. Il me semble comprendre que seules les personnes qui auraient été en contact sont informées anonymement, à charge pour elles de prendre la bonne décision (auto-quarantaine, se faire dépister…).

    Il faudrait que ce soit expliqué clairement, parce que c’est une énorme différence de fonctionnement (et d’intérêt perçu), il me semble, par rapport aux systèmes intrusifs. Si c’est le cas, est-ce que ce n’est pas une grosse difficulté ? Ça n’aiderait donc pas les professionnels de la santé à contacter d’elles·eux-mêmes les gens (et, à tout le moins, le contact humain me semble un élément important pour motiver les gens à accepter de se faire tester, à cesser de travailler, à s’enfermer dans leur logement, alors que tous les autres, eux, ont repris leurs activités normales…), sans évidemment considérer que ça ne permettrait pas d’avoir des actions ouvertement « volontaristes/autoritaires » de la part des autorités pour imposer ces mesures, etc.

    – La base du volontariat, pourquoi pas, mais avec explicitement la préconisation « pas de conséquences en cas de refus ». D’accord c’est très RGPD, mais ce qui signifie quoi, en pratique ? Si ça n’a aucune conséquence, quelle est la confiance que je peux avoir dans ce système et son efficacité ? Je veux dire, si on parle épidémie : pour le Sida, si tu ne te fais pas dépister et si tu ne mets pas de capote, actions qui sont certes sur la base du volontariat, il y a une conséquence (tu ne baises pas) ; pour les vaccins classiques, outre que c’est obligatoire, en gros tu ne peux pas mettre tes enfants dans la même école que les miens.

    – De ce que je comprends, il faudrait clarifier les termes du débat. Du peu que je comprends pour l’instant, il y a deux aspects totalement différents, mais qui du fait de l’identité apparente des outils, rend la réflexion confuse (en tout cas la mienne).

    Les outils respectueux, l’idée me semble celle d’une solidarité volontaire des individus, pour lutter collectivement contre l’épidémie. Ça permettrait dès à présent d’augmenter le niveau de protection collective, mais je vois mal comment ça pourrait consister un outil premier de lutte contre le virus.

    À l’inverse il me semble que ce qu’on évoque désormais de manière plus « institutionnelle », ce sont les outils de tracking comme un outil central de sortie du confinement. Et le modèle, si je comprends, c’est celui des pays asiatiques : on teste, on isole, éventuellement on soigne, et on teste très rapidement tous les contacts pour arrêter très vite la propagation. Et cela assez systématiquement sur un mode très « volontariste » (préventif, intrusif, autoritaire…), parce qu’il ne s’agit pas de laisser des gens qui ne se protègent pas et ne protègent pas les autres se promener et aller au boulot, parce qu’il se s’agit pas de compter sur des choix individuels en espérant que des gens qui n’ont pas encore de symptômes (et qui, statistiquement, n’en auront sans doute jamais) fassent spontanément le choix hyper-punitif de se confiner, d’arrêter de travail, d’arrêter de sortir, et pour tous les gens au statut précaires, d’arrêter d’avoir des revenus… Là il me semble qu’il s’agit d’un outil de première intervention, dans lequel on n’attend pas pour écarter illico les gens identifiés comme potentiellement porteur. De la même façon que le confinement est imposé de manière extrêmement autoritaire, pas en comptant sur le libre choix de chaque personne, la logique alors est de limiter le nombre d’individus touchés par ce confinement autoritaire grâce à ces outils de tracking (donc on reste dans une logique autoritaire).

    Donc je ne pige pas, pour l’instant, comment les outils de la première catégorie (privacy first) peuvent répondre aux préoccupations de la seconde catégorie (sécurité prioritaire).

    • https://www.pepp-pt.org/content

      If the user of phone A has been confirmed to be SARS-CoV-2 positive, the health authorities will contact user A and provide a TAN code to the user that ensures potential malware cannot inject incorrect infection information into the PEPP-PT system. The user uses this TAN code to voluntarily provide information to the national trust service that permits the notification of PEPP-PT apps recorded in the proximity history and hence potentially infected. Since this history contains anonymous identifiers, neither person can be aware of the other’s identity.

      traduction Fil : si tu es testé positif, on te donne un code qui te permet de demander à la plateforme de notifier les gens avec qui tu as été en contact bluetooth.

      Les personnes en question reçoivent donc une notification et des explications etc., sous une forme qui dépend de l’app installée sur leur téléphone. On peut imaginer l’appli no-bullshit “Call your doctor immediately for emergency”, l’appli gouvernementale “Stay at home lavez-vous les mains on sait jamais de toute façon on peut rien pour vous”, ou l’appli historico-gothique “Vous avez croisé 1543 personnes positives cette semaine, seriez-vous Tiphoid Mary ?”

      Le PEPP-PT ne s’occupe que de garantir l’anonymat de ces mises en relation (pour éviter que ton voisin vienne brûler ta maison parce que tu as infecté ses gosses, par exemple).

    • C’est bien ce que j’avais compris, du coup. L’efficacité repose donc largement sur le choix personnel des gens à prendre la « bonne décision » : aller se faire dépister, s’isoler, etc. Ce qui me semble une difficulté vraiment importante tant que le choix « se faire dépister et être positif » est si punitif (perte de revenu, perte d’intimité, éventuellement éloignement de ses proches…), et que le choix de ne pas se faire dépister est peu risqué (parce qu’au pire, quoi, il suffit d’attendre d’avoir réellement des symptômes pour consulter).

      Un aspect d’ailleurs pas du tout RGPD de ces solutions techniques « respectueuses » : elles ne seraient certes pas obligatoires, mais très facilement, de la même manière qu’on envisage des « certificats d’immunité », elles deviendront elles-mêmes des laisser-passer. Tu veux rentrer dans un centre commercial ? Hop tu dois monter ta app et l’écran vert qui te dit que tu n’as croisé aucun infecté. Tu veux accompagner tes enfants à l’école : montre l’écran de ton smartphone…

      Quand la CNIL et le CCC disent qu’il ne faut pas que les gens subissent de conséquences s’ils n’utilisent pas ces apps, ça me semble relever du vœu pieux. Parce que cet aspect ne pourra pas être garanti par l’aspect « privacy first » du mode de fonctionnement de la app.

    • Quand la CNIL et le CCC disent qu’il ne faut pas que les gens subissent de conséquences s’ils n’utilisent pas ces apps, ça me semble relever du vœu pieux. Parce que cet aspect ne pourra pas être garanti par l’aspect « privacy first » du mode de fonctionnement de la app.

      C’est exactement ce que je me suis dit en tout premier, moi qui n’aie aucun appareil mobile…

      La CCC ne parle que de technique, fort peu de politique, du contexte politique réel (pas des « si »)

      Phrase en gras dans le texte de la Quadra :

      Pourra-t-on aller travailler ou faire nos courses sans pouvoir attester de la bonne santé de nos fréquentations ?

    • Nicky Case a fait une bédé pour expliquer comment ça marcherait (valable pour #DP3T) :
      https://ncase.me/contact-tracing

      On peut rassurer le consommateur de la quadrature, même s’il installe cette app il pourra aller au boulot et faire son shopping sans attester de rien, et contaminer qui il veut quand il veut. C’est pas génial ça !?

      Après on pourrait lui suggérer de se poser une autre question : faut-il aller faire ses courses ou travailler si on a un risque de contaminer les caissièr·es ou les collègues ?

    • Oui, mais cette question de laisser la liberté du type de la quadrature d’aller contaminer tout son environnement, c’est ce que je souligne comme point problématique dans ces apps, et c’est d’ailleurs cet aspect qui est expédié en une case dans la BD :

      C’est bien mon souci :
      – la CNIL et le CCC avancent des solutions qui reposent totalement sur le fait que personne d’autre que toi-même ne sait que tu es potentiellement infecté, et sur le principe qu’on va faire confiance aux gens pour prendre la bonne décision ; et j’insiste : je ne parle pas de morale, je parle de choix objectif que tu peux faire alors que se faire détecter comme positif amène illico à des effets extrêmement punitifs ;
      – mais dans le même temps, on présente ces outils comme permettant d’assurer la sortie du confinement sans immédiatement relancer la diffusion du virus, alors même qu’on a mis en place un confinement extrêmement autoritaire de la population (à aucun moment « on » n’a compté sur l’idée que les gens seraient suffisamment responsables pour, d’eux-mêmes, respecter le confinement).

      Du coup je ne vois pas comment on peut proposer les solutions CNIL/CCC/privacy à des populations qui, elles, viennent de se cogner plusieurs semaines/mois d’enfermement sur un mode totalement autoritaire.

      Et du coup, pour l’instant, la seule chose que je vois, si on va vers ces solutions, c’est l’utilisation d’apps codées de façon privacy first type PEPP-PT, mais que dans le même temps elles servent de « certificat » à présenter dans les lieux protégés (tu sors ton outil pour démontrer que soit tu n’as pas été en contact, soit tu as pris la décision de te faire tester quand tu as été prévenu). Et ça, certes ces apps le permettraient, en évitant le fichage centralisé de la population, mais c’est contraire aux préconisations CNIL/CCC. Mais je vois mal convaincre les politiques et la population de faire le choix de ces apps PEPP-PT si, en plus, tu leur dis qu’il faut faire confiance aux gens pour que ça fonctionne.

      Parce que personne n’acceptera qu’on laisse les gens aller et venir dans un ehpad en espérant qu’elles ont pris la bonne décision avant d’y entrer (la « bonne » décision impliquant pour beaucoup de gens, j’insiste là-dessus pour que ce ne soit pas qu’un choix « moral » : privation de liberté, perte de revenu, éventuellement perte d’intimité si on stocke les gens en quarantaine dans des hôtels, tout ça en n’étant même pas certain de développer le moindre symptôme par la suite).

    • Oui c’est un paradoxe de ces préconisations privacy, et donc concrètement, dans le monde réel, ça signifierait que ce n’est pas vers ça que les politiques au pouvoir se dirigeraient. Et que donc c’est bien vers de la cybernétique autoritaire (pléonasme !) que l’on irait. Je continue de mettre du conditionnel encore, mais je me force.

      Est-ce la seule solution « logique », je ne sais pas, mais
      1) C’est l’un des (Le ?) scénarios le plus probable.
      2) Les gens font déjà pas la différence entre chrome et firefox (firequoi ?), l’immense majorité ne ferait aucune différence entre une app « un peu gentille » et une app qui flique plus, à moins d’une pédagogie massive officielle.
      2bis) Donc ce type de méthode, et donc de manière de vivre ensuite, serait acceptée par une large part de la population. Je ne sais pas encore si c’est la seule solution, mais de fait, tout cela conduit clairement à une #acceptabilité de ce mode de vie.
      3) Une fois engagé là dedans, il y aura fort peu de chance de retour en arrière, après la tempète.
      3bis) Oui les gens utilisent déjà plein d’app qui donnent plein de métadonnées de relations et de géoloc à des entitées privées, mais là ça serait donné en plus directement aux autorités régaliennes.

      Tant mieux si ce n’est pas vers cela qu’on va, je continue encore le conditionnel.

      Olivier Tesquet de Télérama a synthétisé ça aujourd’hui, avec moins de verve politique et de puérilité que la Quadra, plus factuel, mais cela décrit bien le même genre conséquence sur le même pas long terme.
      https://seenthis.net/messages/841030
      https://www.telerama.fr/medias/post-scriptum-sur-le-deconfinement-demain,-tous-auxiliaires-de-police,n6625

      Au niveau efficacité, apparemment il « suffirait » que 60% l’utilise pour que ça marche, donc pas besoin de l’imposer à tout le monde (comme moi qui n’ai même pas de mobile). À Singapour ça n’a pas marché (et donc confinement) car il n’y a eu que 16% d’utilisation.

      Au moins 60% de la population devrait télécharger StopCovid pour espérer faire baisser le taux de reproduction du virus.

      Mais ça suffit à l’acceptabilité. Qui perdurera.

      la véritable inquiétude se situe – pour l’heure – ailleurs : à la faveur de la crise sanitaire, l’écosystème clandestin de la surveillance routinière devient subitement visible et normalisé

      […]

      A cet égard, la crise accélère une dynamique techno-disciplinaire qui la précédait largement

      = il n’y a pas une apparition, tout ça existait déjà, mais tout se met en place pour de vrai plus vite, et pour durer

      Au passage le Comité national d’éthique lui-même souligne :

      Ce risque concerne également les personnes qui n’ont pas adhéré aux mesures de suivi.

      Et ce sont les plus pauvres et les moins diplomé⋅es et celleux qui ont le plus à perdre, qui accepte tout ça le plus :

      les populations les moins diplômées – qui sont bien souvent les plus exposées au virus car elles doivent continuer à travailler, et donc susceptibles d’être privées de leur liberté dans la « phase 2 » – sont également les plus enclines à accepter la surveillance. « Ce résultat suggère une plus forte prédisposition des personnes sans ressources éducatives pour des formes plus permissives de l’espace privé »

    • Bonjour,

      Les commentaires et le post sont longs et faire une citation de chaque passage méritant réaction serait assez long.

      A ma compréhension, vous arrivez souvent à la conclusion que :
      1/ une appli privacy-by-design est à critiquer car elle est à l’efficacité relative (puisque dépendant de la bonne volonté)
      2/ les bonnes décisions ne sont pas encouragées car punitives
      3/ il est ridicule d’avancer l’argument de peurs de mesures totalitaires puisque nous y sommes déjà

      Les éléments sont vrais, mais les conclusions auxquelles j’arrivent diffèrent. Dans le désordre :
      2/ les bonnes décisions -d’un point de vue santé personnelle et intérêt général, car oui le « bon » est toujours relatif de nos priorités- ne sont pas encouragées : je me tourne vers le contexte politico-économique qui ne laisse pas l’individu choisir en toute liberté. Et je place le problème dans la politique plutôt que dans les épaules du petit travailleur précaire.
      1/ cette appli n’a tout simplement pas à être l’alpha et l’oméga de la réponse sanitaire. Non seulement parce que c’est illusoire, mais surtout parce que ça laisse de côté tout un pan de la responsabilité publique. Des pays n’ont PAS eu à recourir au lockdown général, ET s’en sortent avec des pertes de vie humaines bien moindre. La politique de santé publique, le sérieux et l’écoute des alertes scientifques par les gouvernements ont eu un lieu décisifs dans les pays qui s’en sortent l mieux. Pêle-mêle (et chacun avec un « cocktail » de réponse et d’état du systeme de santé national distincts) : Rep Tcheque, Portugal, Japon, Macao, Singapour, Allemagne...
      3/ il faut justement critiquer LES DEUX, et non s’y vautrer par résignation bien sûr. Au risque d’être redondant, la France s’est mise dans un lockdown policier, avec attestation autosignée (sic) obligatoire, et absence de climat démocratique sain. Et bien sachez que ce n’est pas la panacée et que d’autres ont démontré la possibilité que le contraire existe (je ne vais pas me répéter)

      Pour donner mon avis sur le sujet, l’application du gouvernement, si elle est opensource et calquée sur la proposition de Ferreti, Wymant et al (comme dans la BD de Nicky) ou Caretti ( https://arxiv.org/abs/2003.13670 ) me parait acceptable.. dans la mesure où elle est vue comme un outil COMPLEMENTAIRE de toute une politique de santé du commun ambitieuse. Qu’elle soit volontaire est très bien et a le mérite, et j’allais l’oublier, de responsabiliser les citoyens, au lieu du paternalisme en vogue dans d’autres problématiques.

  • Sylvestre Huet : le coup de pied de l’âne.

    http://huet.blog.lemonde.fr/2019/01/31/le-reve-de-diderot-a-lepoque-du-big-data

    Peut-on encore parler de démocratie pour des sociétés devenues dépendantes de technologies obscures à la plupart des citoyens ? Alors que l’ignorance du savoir constitué ne diminue pas, ce nouveau défi lancé à la volonté démocratique interroge les partisans d’une transformation sociale renouvelant les espoirs d’émancipation du vingtième siècle.

    Que faire ? Renoncer aux technologies pour tenter de conserver la démocratie ? C’est ce que proposent certains militants… à l’aide de textes écrits sur ordinateurs et diffusés par internet. C’est peu convaincant, surtout que l’époque de la science partageable était également celle de l’analphabétisme de masse, de mortalités infantile et maternelle effroyables, des mineurs de charbon armés de pics et de systèmes politiques dont le caractère démocratique et libre n’a rien d’évident. La solution semble pire que le mal.

    Voilà typiquement la réflexion de quelqu’un qui non seulement ne s’est jamais aventuré à rien refuser de ce que lui impose le monde moderne, mais qui de plus participe activement à « l’#acceptabilité_sociale » de toutes les technologies et les innovations en cherchant à nous faire croire que « nous avons le choix » de les accepter ou de les refuser.

    Faut-il par ailleurs rappeler à notre marxiste vulgaire (pour qui l’état de la science et de la technique déterminent de manière directe la forme sociale et politique de la société) que ceux qui critiquent la technologie n’ont pas inventé la machine à voyager dans le temps, et qu’il ne s’agit donc pas de reproduire les formes politiques et sociales du passé, mais bien de retrouver la liberté d’en inventer de nouvelles, plus émancipatrices ?

    Mais quand on est un journaliste scientifique, peut-on encore penser en dehors des clichés progressistes ?

    #Sylvestre_Huet, #critique_techno, #scientisme, #émancipation, #progressisme.

    • Un texte qui fonctionne avec des points de suspension montre qu’il est déjà construit autour de sous entendus et d’aprioris. Pas vraiment une base pour une réflexion saine.

  • Linky : et maintenant, le coup du « débat participatif »
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1080

    A ceux qui s’interrogent sur l’opposition à Linky, Gazpar et autres capteurs communicants, Enedis vient d’en confirmer l’ampleur en lançant le 1er octobre un pseudo « débat participatif Linky ». Débattre du mouchard électronique trois ans après le début de son déploiement et alors que des millions de foyers se le sont déjà vu imposer, cela vous rappelle quelque chose ? Oui, la campagne de pseudo-débats sur les nanotechnologies organisée en 2009-2010 par le gouvernement (via la Commission nationale du débat public - CNDP), trois ans après l’inauguration de Minatec, premier pôle européen de nanotechnologies, à Grenoble. Ou les pseudo-débats sur l’enfouissement des déchets nucléaires à Bure, avec cette même CNDP, en 2005 puis en 2013, vingt à trente ans après la décision d’enfouir les déchets nucléaires dans (...)

    #Nécrotechnologies
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/pseudo-de_bat.pdf

  • L’art de gouverner les technosciences - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/240618/l-art-de-gouverner-les-technosciences

    Une interview vidéo passionnante de Sarah Aguiton par Joseph Confavreux.

    Face aux sciences du vivant, qui mesure les risques ? Et qui les rend politiquement acceptables ? Autrement dit, qui gouverne vraiment, et dans quels buts, les innovations scientifiques ? En enquêtant dans les laboratoires travaillant sur la biologie synthétique, Sara Aguiton conteste l’idée que nous serions entrés dans l’ère d’une technoscience démocratisée et réflexive.

    Dans le prolongement des controverses sur les OGM, les nanotechnologies ou le nucléaire, Sara Angeli Aguiton s’empare en effet de ce sujet pour réfléchir au redéploiement des formes de pouvoir techno-industriel, à la façon dont les dangers sont rendus politiquement acceptables ou encore à la manière dont les sciences sociales sont « embarquées » dans les laboratoires.

    En renvoyant dos à dos un « premier discours résolument scientiste » qui considère que la science a malheureusement perdu son autorité d’antan et « un second discours » qui « considère que le pouvoir de décision des expert·e·s a été largement redistribué au profit de la société civile », elle déniaise la manière dont on pense que le gouvernement de la science a pu être démocratisé, laissant croire que « l’idée de progrès a été profondément redéfinie et que, pour le meilleur ou pour le pire, les sociétés technologiques ont transformé leur manière d’innover grâce à une conscience des effets négatifs de leur développement ».

    Elle montre ainsi que la volonté de gouverner en amont les sciences du vivant ne répond souvent pas à d’autres injonctions que celle de prendre en charge les risques possibles liés à ces nouvelles disciplines.

    « Ainsi, en France, écrit-elle, c’est la paix sociale que l’on gouverne en amont. La principale menace que les institutions ont associée à la biologie synthétique est sa propension à ranimer les mobilisations s’étant soulevées contre les OGM. » Tandis qu’« outre-Atlantique, ce que l’on gouverne en amont, c’est la menace terroriste ».

    #Biotechnologies #Biologie_synthèse #Régulation #Controverses

  • Les contenus sexuels dans la #publicité existent depuis longtemps. A juste titre, on les étudie souvent sous l’angle du #sexisme. Et si on les analysait aussi sous celui de la #sexualité ? Mais chut, lisez plutôt !

    https://sms.hypotheses.org/4063

    #publicité, #sexe, #sexualité, #sexisme, #vendre, #vente, #pub, #marketing, #publicitaire, #porno_chic, #porn_studies, #acceptabilité, #communication

  • Numérique : mais qu’est-ce qu’on attend ?

    « S’opposer au numérique inclusif, c’est s’opposer à la liberté des esprits. » C’est un tweet de Mounir Mahjoubi, député En Marche et secrétaire d’État chargé du numérique. Il l’a écrit pour réagir à l’incendie de la Casemate, un centre de culture scientifique technique et industriel, qui a eu lieu fin novembre à Grenoble. C’était juste pendant le bouclage du dernier Postillon, alors on n’a presque rien écrit dessus. Pendant la distribution, beaucoup de gens nous en ont parlé, interloqués, dubitatifs, voire en colère.
    Moi, franchement, la liberté des esprits, je suis pour. Et c’est pour ça que je me pose plein de questions autour de l’invasion actuelle du « numérique inclusif » dans toutes les sphères de la vie, et du « grand remplacement » des humains par les robots. Des questions qui ne sont portées que par quelques esprits chagrins rompant l’enthousiasme général autour du tsunami numérique, et qui n’existent quasiment pas dans les centres de culture scientifique comme la Casemate, alors que cela devrait être leur raison d’être. Avec ces questions, je suis allé au festival Transfo, « le premier festival du numérique 100 % alpin », et à une rencontre avec la nouvelle directrice de la Casemate. Et j’en reviens avec la certitude que s’opposer au déferlement numérique est une nécessité impérieuse.

    La suite sur :
    https://www.lepostillon.org/Numerique-mais-qu-est-ce-qu-on-attend.html

    Extrait :
    " Les promoteurs de ce monde-là sont eux très radicaux, c’est sûr. On le sait désormais : ils iront jusqu’au bout. Ils dématérialiseront toutes les démarches administratives et fermeront tous les services publics avec des humains derrière un guichet. Ils rendront très compliquées des choses auparavant très simples (je profite de l’occasion pour insulter les dirigeants de SFR, vu que je me débats depuis des semaines avec leurs larbins du centre d’appel pour simplement avoir le téléphone sans payer cinquante euros par mois : bande de furoncles putrides sans morale, je vous méprise du plus profond de mon âme). Ils mettront des robots partout et pourriront de beaux métiers. Ils transformeront les menuisiers, les boulangers ou les paysans en opérateurs informatiques. Ils installeront des écrans et des interfaces partout, multipliant les sollicitations incessantes. Ils uberiseront, privatiseront, désorganiseront les luttes collectives et feront régner le chacun pour soi. Ils automatiseront, rationaliseront, calculeront, à peu près tout. Ils programmeront l’avenir avec des algorithmes. Ils feront de gigantesques banques de données pour les vendre à des intérêts privés. Ils pilleront les métaux rares partout dans le monde, et qu’importent les guerres et l’exploitation que ce pillage induit. Ils s’émerveilleront des progrès de l’intelligence artificielle, sans se rendre compte de ceux de l’indigence humaine. Ils écouteront gentiment les voix discordantes en disant que c’est intéressant, mais, quand même, vous ne voulez pas revenir à l’époque des bougies. Ils prétexteront soit la compétition internationale, soit la médecine, soit le sens du progrès, pour couper court à tout véritable débat. Ils rendront l’humain de plus en plus dépendant à la technologie, à l’électricité, aux multinationales. Ils rendront l’humain de plus en plus fainéant, de moins en moins autonome, de moins en moins imprévisible. Ils nous feront petit à petit ressembler à des robots. Qu’on les laisse faire, et ils le feront. "

    #numérique #incendie #transfo #luddisme

  • Jean-Baptiste Fressoz, L’apocalypse joyeuse, 2013
    https://sniadecki.wordpress.com/2018/04/24/rmu-fressoz-apocalypse

    Ce livre étudie les racines historiques de la crise environnementale contemporaine. Il s’agit d’une enquête sur le passé de l’agir technique, sur les manières de le penser, de le questionner, de le réguler et, surtout, de l’imposer comme seule forme de vie légitime. Il décortique des pouvoirs, des torsions subtiles du réel et certaines dispositions morales qui, au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, nous ont fait prendre le chemin de l’abîme. Il démontre que le « siècle du progrès » n’a jamais été simplement technophile. L’histoire du risque technologique qu’il propose n’est pas l’histoire d’une prise de conscience, mais l’histoire de la production scientifique et politique d’une certaine inconscience modernisatrice.

    […]

    Dans le troisième volume du Capital, Marx critiquait les conséquences environnementales des grands domaines vides d’hommes de l’agriculture capitaliste qui rompaient les circulations matérielles entre société et nature. Selon Marx, il n’y avait pas « d’arrachement » possible vis-à-vis de la nature : quels que soient les modes de production, la société demeurait dans la dépendance d’un régime métabolique historiquement déterminé, la particularité du métabolisme capitaliste étant son caractère insoutenable 6.

    Il n’y a aucune raison de considérer ces théories avec condescendance, comme un « proto-environnementalisme » préfigurant notre souci écologique, car elles déterminaient des modes de production autrement plus respectueux de l’environnement que les nôtres.

    Par exemple, les historiens commencent à comprendre l’importance fondamentale du recyclage. Dans les années 1860, en France, le chiffonnage, c’est-à-dire la collecte des matières et des objets abandonnés occupait près de 100 000 personnes. Os, chiffons, métaux, tout était revendu et réutilisé. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, les excreta urbains firent l’objet d’une valorisation agricole systématique

    […]

    Du point de vue de l’écriture historique, il apparaît donc trompeur de raconter la révolution industrielle comme l’histoire de sociétés modifiant de manière inconsciente leurs environnements et leurs formes de vie, et comprenant a posteriori les dangers et leurs erreurs. Les sociétés passées n’ont pas massivement altéré leurs environnements par inadvertance, ni sans considérer, parfois avec effroi, les conséquences de leurs décisions. La confiance n’allait pas de soi et il a fallu produire de manière calculée, sur chaque point stratégique et conflictuel de la modernité, de l’ignorance et/ou de la connaissance désinhibitrice.

    […]

    L’avantage du détour par l’indétermination est qu’en relativisant la supériorité intrinsèque de l’innovation en débat, il permet de détecter le pouvoir et les moyens de son exercice. Ce livre explicite en détail les forces qui assurent la victoire des systèmes techniques, malgré leurs dangers, malgré les oppositions et malgré la conscience que l’on avait de ces dangers. J’ai voulu comprendre pourquoi, pour qui et contre qui, en se fondant sur quels savoirs et en dépit de quels savoirs, sont advenues les techniques qui ont produit notre modernité et la crise environnementale contemporaine.

    https://archive.org/download/RMU043FressozApocalypseJoyeuse1/RMU_043_FressozApocalypseJoyeuse1.mp3

    #Jean-Baptiste_Fressoz #écologie #Histoire #environnementalisme #risque #société_du_risque #critique_techno #innovation #acceptabilité
    #audio #radio #Radio_Zinzine

  • « Nucléaire : y a-t-il matière à débats ? » et « Etes-vous favorable à la sortie du nucléaire ? »
    ils ont de drôles de questions à FranceQ et La France Insoumise ??
    https://www.franceculture.fr/emissions/du-grain-a-moudre/du-grain-a-moudre-du-lundi-12-mars-2018

    Un « débat national » se tiendra entre septembre et décembre sur la gestion des déchets nucléaires, qui sont pour l’instant destinés à être enfouis sur le site de Bure (Meuse), a annoncé, mercredi 7 mars, le secrétaire d’Etat à la transition écologique, Sébastien Lecornu.

    à cela Michèle Rivasi répond à quoi bon un débat national puisque la décision est déjà prise. du foutage de gueule une fois de plus !
    Quelques liens sur le site de l’émission :
    https://www.franceculture.fr/oeuvre-la-france-nucleaire-l-art-de-gouverner-une-technologie-conteste
    http://premium.lefigaro.fr/economie/le-scan-eco/dessous-chiffres/2017/05/18/29006-20170518ARTFIG00284-les-quatre-chiffres-a-connaitre-sur-l-ene
    https://seenthis.net/messages/668974
    http://www.michele-rivasi.eu/a-la-une/bure-la-guerre-est-declaree


    http://sortirdunucleaire.org
    #nucléaire

    • salauds d’urbains

      Mon enquête suggère que les habitants des zones urbaines et périurbaines consentent à être moins impliqués dans ce travail d’organisation et de relève de leur consommation électrique. Ils associent la nouvelle relation de service permise par Linky à un plus grand sentiment d’autonomie en tant que consommateur.

      D’autres encore attendent l’arrivée de ces compteurs pour améliorer leur consommation d’énergie, ils ont déjà adopté une certaine culture numérique et veulent plus de données que ne leur en fournissent les compteurs électriques actuels. Ça désamorce l’idée selon laquelle le compteur serait toujours associé à des logiques de surveillances et de contrôle.

      #acceptabilité