Briser les frontières. Mouvement de solidarité dans les Alpes
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Quelques citations...
« Contrairement à l’idée véhiculée, on n’assiste pas forcément à un déplacement des flux suite à la militarisation de la Roya4 et la fermeture de la frontière à Vintimille. Dans le Briançonnais, la plupart des exilés viennent d’Afrique de l’Ouest, surtout de Guinée-Conakry et de Côte-d’Ivoire alors que dans les Alpes maritimes, c’était surtout des Soudanais ou des Érythréens. C’est le début d’une nouvelle route migratoire »
(Anonyme 2018 : 5)
« Il y a alors une sorte de mystification de la montagne et des « montagnards solidaires », comme si tous les montagnards étaient forcément solidaires... »
(Anonyme 2018 : 7)
« En réalité, des guides qui vont chercher des migrants en montagne, il y en a très peu. La plupart des maraudeurs sont des accompagnateurs ou accompagnatrices en montagne, des personnes qui bossent dans le bâtiment, des chômeurs, mais les médias préfèrent mettre en avant les guides comme des espèces de héros, alors que ces derniers s’intéressent plus à la course en montagne avec des clients, à la performance, mais pas aux sans-papiers. Ils n’ont pas cette dimension altruiste qu’on leur prête, ils sont plutôt apolitiques. Ce qui ne veut pas dire que tous les maraudeurs sont politisés, loin de là. Mais les guides correspondent au besoin du mythe »
(Anonyme 2018 : 7)
« Mais pour moi, les maraudes ce n’est pas seulement le sauvetage sensationnel au col de l’Échelle, c’est aussi tous ces actes qui permettent de faciliter les passages, de faire des traces dans la neige, récupérer les personnes qui traversent par le col du Montgenèvre, etc. Pour les personnes que je connais, avec qui je fais des maraudes, l’objectif est surtout de faciliter les passages, de permettre aux exilés d’échapper aux contrôles. C’est assez dur, tu es toujours sous pression avec les flics, si tu te fais serrer tu risques d’être poursuivi, les migrants que t’accompagnes expulsés. »
(Anonyme 2018 : 8)
« Il y a aussi d’autres actions menées par les associations, mais souvent avec des messages très humanistes, comme la « cordée solidaire » ou légalistes. C’est nécessaire d’agir sur plusieurs plans, mais la critique de l’État et des frontières n’est pas admise par tout le monde. »
(Anonyme 2018 : 10)
« Depuis quelques temps, une contradiction nous traverse tous au sujet des maraudes, on a le sentiment de servir les intérêts de l’État ou des administrations locales. On transporte des gens qui zonent dans les villages de montagne, on les amène à l’abri des regards dans des refuges solidaires, jusqu’à ce qu’ils prennent le train pour une grande ville. Ça arrange particulièrement l’État italien, mais aussi l’État français. Grâce à nous, les exilés deviennent invisibles. Il n’y a pas de concentration de gens à la frontière. Les stations de ski continuent à fonctionner comme si de rien n’était. Le jour, à Clavière ou à Montgenèvre, tu vois les touristes se baladant chaussures de ski au pied, les skis sur l’épaule, le sourire aux lèvres, et la nuit, pendant quelques heures, t’aperçois des exilés qui se planquent dans des cabanes à poubelle. »
(Anonyme 2018 : 13)
« Les maraudes ont leurs limites, elles ne sont qu’un fragment de solidarité sur une route semée de violence et d’exploitation. »
(Anonyme 2018 : 13)
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