• Thread de #Julien_Gossa sur Mastodon :
    Les scientifiques américains sont réellement en danger. Jouer avec ce type de situation seulement pour gagner un peu de crédit politique est très dangereux.
    https://social.sciences.re/@juliengossa/114375605162671356

    « On n’a déjà pas assez d’argent pour fonctionner normalement » : la France peut-elle accueillir des scientifiques étrangers ?
    https://www.leparisien.fr/futurs/on-na-deja-pas-assez-dargent-pour-fonctionner-normalement-la-france-peut-

    D’abord, il faut bien le dire : ce n’est pas une petite embrouille qui permet pépouze de tirer quelques marrons du feu.

    Les scientifiques américains sont réellement en danger, pour de bon. Pour l’instant, ça coupe surtout dans les #budgets. Mais les #arrestations_arbitraires ont déjà commencé.

    Donc on n’est plus dans le contexte #MakeOurPlanetGreatAgain ou #AIforHumanity, où on pouvait se permettre de raconter n’importe quoi, de claquer quelques millions puis d’oublier le bouzin après s’être auto-congratulé.

    Là, il va y avoir des conséquences concrètes, plus que juste gâcher du fric.
    https://www.huffingtonpost.fr/international/article/macron-a-t-il-vraiment-made-our-planet-great-again-un-an-apres-sa-phr

    Or, tout pousse à croire qu’il ne s’agit qu’un d’un coup de com’ à l’usage exclusif de l’image de M. Macron.

    « Un conseiller a lâché dans les grilles de l’Elysée : "Incroyable, Trump l’a sauvé" ».

    « sauver » M. Macron coute beaucoup moins cher que sauver des scientifiques. Mais à quel prix ?

    https://www.liberation.fr/politique/a-lelysee-le-dernier-carre-des-fideles-demmanuel-macron-20250418_VHMP3NU645AZ5DFC6DNZIHGCIA/?redirected=1

    Dans ce fil, je donnais trois conditions pour que cette démarche se passe bien.

    Aucune n’est remplie, et ça va même à l’exact inverse. On a pratiquement la garantie que ça se passe mal.

    1. Bien accueillir des #scientifiques_étrangers sans mieux traiter en même temps les #scientifiques_français va générer mécaniquement du #mécontentement et du #quiet-quitting.

    Globalement, on ne sauve rien, on ne fait que dégrader la science (qui ne va déjà pas bien du tout).

    Mais en plus le #dispositif est parti pour être famélique, donc pour décevoir les espoirs des scientifiques américains.

    C’est en fait un simple « outil », et l’État financera au maximum la moitié du coût de l’opération.

    https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/lancement-de-la-plateforme-choose-france-science-une-

    Donc plus de la moitié du coût va reposer sur les université d’accueil, qui ne peuvent déjà pas boucler leur budget.

    On imagine le CA :
    – Point 1 : 15 M€ pour accueillir des ricains 💪
    – Point 2 : -20% de postes, -30% de budget des composantes, suppression du chauffage au bâtiment B
    https://www.francetvinfo.fr/sciences/ils-sont-motives-par-la-liberte-academique-le-president-d-aix-marseille

    Le Ministre le sait bien, et ouvre déjà son parapluie : L’effort d’accueil des chercheurs américains « doit se faire au niveau européen ».

    Donc c’est soit les universités, soit l’Europe qui doit payer. En somme, tout le monde, sauf l’État français qui en pourtant commanditaire.
    https://www.nouvelobs.com/sciences/20250419.OBS102961/l-effort-d-accueil-des-chercheurs-americains-doit-se-faire-au-niveau-euro

    Le chiffrage me parait totalement délirant : 330 k€/an pour une équipe, c’est une toute petite équipe, déjà installée en France, et avec un environnement papier/crayon/laptop.

    Et on ne prévoit rien pour accueillir les familles de ces scientifiques, les loger, l’école des mioches, etc.

    Ça mène au point 2, la #politique_scientifique.

    Elle se voit sur la #liste fermée des #thématiques concernées par le dispositif.

    D’abord, cette liste montre qu’on n’est pas du tout sur du papier/crayon/laptop. 330k€ pour une équipe dans ces domaines, c’est juste une blague.

    Surtout, on constate que cette liste exclut les #SHS - c’est-à-dire la discipline la plus en risque aux USA. Et pas seulement en risque de définancement. Ça pue la prison à plein nez.

    Le Ministre répond en substance "oui c’est vrai, mais il y a écologie qui est aussi menacée". L’aveu est terrible.

    L’aveu est terrible car il montre bien que l’intention n’est pas d’accueillir des scientifiques empêchés et persécutés, mais de profiter de la situation pour voler une paire de cerveaux considérés comme rentables par notre gouvernement.

    Tout ça en parlant de refuge pour les #libertés_académiques.

    Se prévaloir des libertés académiques tout en restreignant politiquement les #domaines_de_recherche. Formidable !👏

    Et il y a #écologie et écologie : l’écologie Total (pétrole à tous les étages, mais "vert") et l’écologie "arrêtez vos conneries on va tous crever".

    Laquelle vise le gouvernement ?

    Et là on arrive au point 3. la politique démocratique.

    L’administration Trump attaque très exactement les mêmes scientifiques que Macron attaquait dès 2020 en les considérant « coupable » de « casser la République en deux ».

    Les mêmes qu’on exclu du dispositif de « refuge ».

    https://www.lesinrocks.com/actu/macron-juge-le-monde-universitaire-coupable-davoir-casse-la-republique-e

    M. Macron aurait pu - même sans le reconnaitre publiquement - réaliser que l’offensive obscurantiste à laquelle il a lui-même participé pouvait conduire à des choses très graves, comme ce qui se passe notamment aux USA.

    Mais il a préféré s’entêter, et rester une politique de #vol_des_cerveaux.

    Tout cela est très dangereux, parce que ça va casser le moral des scientifiques français, mais qu’en plus ça va générer beaucoup de #frustration et de #déception auprès des scientifiques américains, dont beaucoup ont réellement besoin d’un #refuge.

    C’est le contraire de l’#humanisme.

    Pour les petits besoins de sa com’ personnelle, M. Macron est en train d’engager la responsabilité et la réputation de la France, mais sans mettre les moyens, et en ciblant l’inutile.

    En vouloir à la France va être tout à fait légitime. Et c’est très grave.

    Le gouvernement : "Tout sauf ces sales wokes. On ne veut que du top star grobraino en énergies fossiles ou en IA."
    L’ED : "Le gouvernement ouvre les frontières aux sales wokes"

    C’était couru, mais la stratégie du gouvernement est vraiment perdante-perdantes.
    ¯\(ツ)

    #France #recherche #accueil #chercheurs_en_danger #scholars_at_risk #ESR #USA #Etats-Unis #disciplines

    • Donc mon université a fait l’ouverture du journal de 8h de France culture avec son programme d’accueil des collègues états uniens dont les recherches sont en danger. 15 millions d’euros pour 10 à 20 collègues, sur le modèle #CPJ. Pour comparaison, j’ai appris que l’accueil de 3 collègues Palestiniens dans le cadre de Pause coûte à la même université... 75 000 euros

      Pour qu’on prenne bien la mesure de la #différence_de_traitement, alors que la présidence de l’université annonce qu’elle mobilise ses équipes pour trouver un logement et des places en école pour les familles des collègues états-uniens, voilà le message que les collègues nous envoient pour pouvoir assurer le minimum décent pour les collègues Palestiniens :

      Et voici le message d’appel à #solidarité concernant le troisième collègue palestinien, qui a le mérite de rappeler les conséquences matérielles de la guerre à Gaza et leur impact scientifique :

      #Palestine #deux_poids_deux_mesures

    • Accueil des chercheur∙ses internationaux en France : de qui se moque-t-on ? Communiqué intersyndical CGT-FO-FSE-FSU-Unef-Sud, 2 mai 2025

      Le 5 mai Emmanuel Macron organise un ersatz de cérémonie d’accueil pour « les chercheurs du monde entier » qu’il appelle à rejoindre la France. Ce soudain intérêt du président pour la recherche, nationale ou internationale, questionne alors que l’enseignement supérieur et la recherche sont très brutalement attaqués aux Etats-Unis, avec une remise en cause tout à la fois des libertés qui président partout à la vie universitaire, de la libre détermination des sujets d’enseignement ou de recherche par les enseignants et les chercheurs, ou des financements permettant le plein fonctionnement des institutions d’enseignement et de recherche.

      Des chercheur·ses sont brutalement licenciés, les budgets d’agences de recherche sur le climat comme la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), sur la santé comme la NIH (National Institutes of Health) ou sur l’espace comme la NASA (National Aeronautics and Space Administration) sont largement amputés, des bases de données sont brutalement fermées, les financements fédéraux de plusieurs universités sont gelés, des étudiant·es sont poursuivis par la justice. De nombreux projets de recherche internationaux sont à l’arrêt, les déplacements de chercheur·ses états-uniens sont entravés, leur participation à des groupes internationaux comme le GIEC remis en question.

      Face à cette lame de fond à laquelle sont confrontées l’université et la recherche publiques, l’intersyndicale de l’ESR rappelle que pour lutter contre l’obscurantisme, il est urgent de défendre la liberté de production et de diffusion des savoirs, comme bien commun et facteur de progrès social. La solidarité envers la communauté de recherche mondiale s’impose et il est indispensable de pouvoir accueillir ces collègues tout comme celles et ceux empêché·es de travailler ou persécuté·es dans leur pays, quel qu’il soit.

      Dans ce contexte, la mise en place d’une plateforme “Choose France for Science”, annoncée par le Président de la République française, en réponse à la situation des chercheur·es aux Etats-Unis est choquante, voire indécente.

      Indécente, car la politique du Président Macron depuis 2017 a considérablement affaible l’Enseignement supérieur et la Recherche (ESR) en France non seulement par un sous-financement chronique, des regroupements forcés et un pilotage accru, mais aussi par des atteintes quasi incessantes à la liberté académique : attaques sans fondement de la Ministre Frédérique Vidal contre les sciences humaines et sociales, supposées gangrénées par de supposés chercheur·ses « wokistes » ou « islamo-gauchiste », sanctions disciplinaires contre des chercheur·ses qui ont exprimés leur solidarité au peuple palestinien, interdiction de conférences et de séminaires sur la situation à Gaza dans les Universités de Lille, Lyon, Bordeaux, etc. S’y ajoutent les dispositions des Zones à Régime Restrictif (ZRR), qui conduisent à des dérives inquiétantes sur les libertés (dont celle de publication) et les recrutements sous couvert de sécurité nationale.

      Et bien sûr le meilleur moyen d’affaiblir la recherche et la diffusion des connaissance est tout simplement d’assécher les finances publiques des établissements concernés. Sous la présidence Macron (2017 – 2022), le nombre de personnels enseignants titulaires a continué de baisser (-3,1% depuis 2015) tandis que celui des personnels enseignants contractuels explosait dans des proportions inquiétantes (+18,5%) et que le nombre d’étudiant·es augmentait (+325 000 / + 12,5%), la part de la richesse nationale consacrée à la recherche est passée de 2,25 % à 2,22 % (quand les États-Unis y consacrent 3,47 %), le bâti universitaire est en phase de délabrement accéléré (57 % de passoires énergétiques, 1/3 de bâtiments « vétustes »). Après les coupes brutales dans les budgets de l’ESR en février 2024 (-600M€), le gouvernement Macron a encore taillé 950 M€ en 2025 (dont -493 M€ sur la mission enseignement supérieur et recherche)…

      Dans ce contexte, les annonces du gouvernement Macron-Baptiste (ministre de l’ESR) ainsi que certains président·es d’université ne visent qu’à redorer leur image à peu de frais.

      Loin de répondre aux besoins criants des travailleur·ses et des étudiant·es de l’ESR public, ces annonces sont choquantes : évoquer une enveloppe de plus de 300 000 € par an par chercheur·se états-unien accueilli quand le salaire moyen d’un·e enseignant·e–chercheur·ses en France s’élève à 63 000 € brut / an (rapport social unique 2022), quand des milliers d’ATER (attaché·es temporaires d’enseignement et de recherche) payés 22 % au-dessus du SMIC (ou 13 % en-dessous pour les 1/2 ATER), quand 170 000 vacataires sont payés sous le SMIC avec plusieurs mois de retard, quand 35 % des agent·es du secteur ont un statut précaire de contractuel. Et que dire de l’effondrement (-27 % depuis 2000 selon l’INSEE) du pouvoir d’achat des agent·es du secteur public, qui conduit à la paupérisation de toutes et tous, et en particulier des plus modestes (collègues de catégorie B et C notamment), qui assurent l’entretien et l’administration indispensables au fonctionnement de nos universités et organismes de recherche.

      La recherche est œuvre collective, et la concentration des moyens sur quelques individus ou sur quelques laboratoires (comme le prévoyait le projet des Key Labs), dont la contrepartie est leur raréfaction pour la masse des autres, est en réalité un frein aux progrès indispensables.

      Les organisations signataires, outre l’accueil décent de collègues empêchés ou persécutés dans leur pays, continuent de demander un budget ambitieux, à la hauteur des enjeux, pour le service public de l’ESR.

      https://academia.hypotheses.org/62050

    • « #Choose_Europe_for_Science » : l’#opération_Potemkine de Macron sur la recherche française

      Le président de la République veut accueillir les cerveaux américains, martyrisés par l’administration Trump. Mais sa peinture de la France en paradis de la recherche et des libertés académiques ne passe pas.

      « Nous« Nous sommes à un moment de rupture où l’impensable est devenu notre réalité. » Les mots d’Emmanuel Macron lundi 5 mai, en clôture de l’événement franco-européen « Choose Europe for Science », ont dû résonner étrangement aux oreilles de la communauté scientifique publique hexagonale : le président de la République parlait-il des États-Unis ou de la France ?

      Notre pays est bien sûr loin de vivre la guerre impitoyable contre la recherche menée par Donald Trump depuis son arrivée au pouvoir, sœur de celles lancées par Javier Milei en Argentine ou encore par Narendra Modi en Inde. Mais, comme le rappelle avec force le professeur de physique Bruno Andreotti, du collectif Stand Up for Science, des « formes de continuité » existent.

      Elles se nichent dans une série de mesures réactionnaires et austéritaires qui nuisent à la qualité de la production scientifique française et qui contribuent à installer, y compris sous la présidence d’un Emmanuel Macron, un « imaginaire fasciste » hostile aux libertés académiques.

      Parlons gros sous, d’abord : ce n’est pas aux États-Unis mais en France que, de crédits rabotés en argent non versé, le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche a fondu de près 10 % ces quatre derniers mois (environ 2,5 milliards d’euros en moins sur les 25 milliards d’enveloppes prévues).

      Structurellement, la recherche publique a vu son financement chuter de 2 % depuis 2019 et le temps nécessaire pour accéder à un emploi stable n’a jamais été aussi long : les contrats courts et précaires y explosent. Plusieurs universités françaises sont même au bord de la faillite, peinant à trouver l’argent pour simplement payer les salaires et les fluides.
      Pour les chercheurs, l’ironie du désespoir

      Les mots, dans ce cadre, ont un sens : interrogée en décembre sur le sort budgétaire réservé à l’enseignement supérieur et à la recherche française, Hélène Boulanger, présidente de l’université de Lorraine, évoquait auprès de Mediapart une véritable « saignée », qui en médecine évoque un traitement de choc pour éviter la mort.

      Le président de la République peut donc bien lancer son « appel de la Sorbonne », mettre 100 millions d’euros sur la table afin d’accueillir les chercheur·es martyrisé·es par l’administration Trump, chérir « la science libre et ouverte », « trésor » du continent européen.

      « Aux États-Unis, [les universités] furent riches, cannibales, miraculeuses, écrit la philosophe Nadia Yala Kisukidi, dans le magazine Politis. En France, elles rament et on les enfonce depuis plus d’une décennie. »

      Les chercheur·es français·es, sur les réseaux sociaux et dans les boucles de messageries professionnelles, ne sont pas dupes : ils et elles rappellent avec l’ironie du désespoir leurs bricolages de bouts de ficelle, les bureaux délabrés, les amphis bondés, les étudiant·es refusé·es en licence, en master, en thèse, ainsi que les efforts déployés chaque jour dans les laboratoires de recherche pour payer un billet de train, financer les contrats postdoctoraux décents, assumer les frais d’un colloque, répondre à une invitation à l’étranger, y compris dans les domaines les plus prestigieux.

      « Dans mon université, à Rennes 2, je ne vais jamais voir la couleur de ces millions, et on se bat quotidiennement pour sauver des postes, s’est ainsi indignée Anaïs Lefevre-Berthelot, maîtresse de conférences spécialiste du genre et des médias aux États-Unis, à l’occasion de la conférence de presse du collectif Stand Up for Science ayant suivi les annonces présidentielles. On va offrir quoi à nos collègues américains, un contrat court de trois ans et un retour au pays ? C’est une opération de communication. »

      Pour la CGT du supérieur, ces annonces en grande pompe sont même « choquantes », surtout quand il s’agit de dédier, comme l’a fait récemment le président de l’université d’Aix-Marseille Éric Berton, entre 600 000 et 800 000 euros par chercheur·e accueilli·e sur trois ans. Le salaire moyen d’un·e enseignant·e-chercheur·e en France s’élève à 63 000 euros brut par année (selon le rapport social unique de 2022 cité par le syndicat) et des milliers de vacataires, parfois payé·es moins que le Smic, attendent des mois avant de recevoir leur dû.

      Personne ne se risque cependant à minimiser les enjeux du séisme scientifique, mais aussi sanitaire et démocratique, engendré par la chasse aux sorcières que vivent actuellement les États-Unis. « Des gens vont mourir » en raison des décisions de l’administration Trump d’arrêter les recherches sur le VIH, sur les vaccins, sur le climat, insiste encore Anaïs Lefevre-Berthelot.

      Le professeur Alain Fischer, spécialiste des déficits immunitaires génétiques, a lui souhaité souligner la nécessaire, bien que minimale, prise de position européenne du jour : « Ursula Van der Leyen et Emmanuel Macron ont rappelé que les valeurs académiques sont indispensables, c’est bien et important qu’ils le fassent. »

      D’autres, et Emmanuel Macron le premier, ont pris garde aussi à ne pas réactiver une forme de concurrence mortifère, se faisant les promoteurs de la solidarité vitale entre communautés académiques. « Il n’y aura pas d’effet d’éviction, n’en déplaise aux malthusiens. La science se nourrit de cette émulation, de cette capacité à recruter et à attirer les meilleurs talents », a ainsi martelé le président à la Sorbonne.

      Mais qui notre pays souhaite-t-il réellement accueillir, et dans quel but ? « Attention de ne pas penser qu’aux stars de la recherche, quand on devrait accueillir en priorité les jeunes, les post-doctorants vulnérables, ceux qui ont sans doute le plus à perdre », a noté Alain Fisher.

      S’agissant des profils, Libération a révélé que les chercheur·es en étude de genre ou travaillant sur les minorités, thèmes honnis par l’équipage trumpiste, seraient exclu·es de la politique d’accueil « à la française ». « On peut défendre nos intérêts stratégiques et en même temps porter une vision universaliste », a assumé l’Élysée auprès de nos confrères. Que les « Marie Curie de demain » (pour citer encore le président) qui souhaitent traverser l’océan afin de rejoindre « l’Europe du savoir » se le disent…
      La France n’a rien d’un paradis académique

      Ce n’est pas non plus la première fois que la diplomatie scientifique fonctionne à géométrie variable : un peu plus de 5 000 visas « recherche » ont été délivrés entre 2023 et 2024, selon les statistiques du ministère de l’intérieur, soit une hausse de 12,5 % en un an, mais la grande majorité des chercheurs et chercheuses accueilli·es dans les laboratoires français sont d’abord… européen·nes.

      La réforme des frais d’inscription pour les étudiantes et étudiants étrangers, mise en œuvre à l’occasion du premier mandat d’Emmanuel Macron, s’applique, elle, chaque année plus durement, pénalisant notamment les étudiant·es venu·es du continent africain, souvent moins doté·es financièrement.

      Enfin, le programme Pause, qui finance depuis 2021 des scientifiques en exil (afghans, syriens, turcs, ukrainiens, russes, et récemment palestiniens, dont la sortie est le plus souvent bloquée par Israël…), a vu son budget passer de 7 millions d’euros en 2023 à 3 millions l’an passé, s’inquiète un membre du conseil d’administration.

      Le décalage entre les discours et la réalité semble tout aussi patent sur la défense des libertés académiques. C’est le même Emmanuel Macron qui, en plein délire sur « l’islamogauchisme », accusait en 2020 les universitaires de « casser la République en deux » et de favoriser « l’ethnicisation de la question sociale », son ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer organisant deux ans plus tard à la Sorbonne un colloque indigent en forme du procès du « wokisme ».

      Après le 7 octobre 2023, plusieurs universitaires ont également dénoncé une forme de traque de toute parole jugée propalestinienne, tandis que Gabriel Attal, alors premier ministre, attaquait directement Sciences Po, dont il disait ceci, dans une sorte d’anti-intellectualisme primaire : « Le poisson pourrit toujours par la tête. »

      Qu’à cela ne tienne : « Le racisme systémique, le nationalisme chrétien, la suprématie blanche, la haine de la culture, le capitalisme hardcore et le vin qui arrache, c’est là-bas. Pas chez nous, écrit d’une plume teintée d’ironie et d’amertume la philosophe Nadia Yala Kisukidi. En France, l’État de droit est en grande forme. Les espaces critiques, qui renforcent la bonne santé des démocraties libérales (médias, justice, université, multipartisme), ne flanchent pas. »

      Depuis la tribune de Choose Europe for Science, on entend enfin, dans la bouche du président de la République, un opportunisme politique à la limite du cynisme. Il s’agit d’attirer et d’accueillir les chercheuses et chercheurs étrangers soucieux d’une « science libre », mais aussi d’en profiter pour réformer « en profondeur » le système français.

      C’est-à-dire « simplifier », « alléger » les processus dans « la transmission entre recherche fondamentale et appliquée », favoriser encore davantage les « financements publics-privés », « aller plus loin dans les contrats d’objectifs, de moyens et de performance » qui s’imposent désormais aux universités françaises, favoriser les grosses unités comme Paris-Saclay, pourtant contestées.

      En bref, copier le « modèle américain », plus efficace que le modèle européen « ces trois dernières décennies », selon Emmanuel Macron. Sans tirer aucune leçon de la rapidité avec laquelle ce même système, brillant et envié partout dans le monde occidental, a été brisé, en à peine quelques mois, par la force d’un seul homme.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/050525/choose-europe-science-l-operation-potemkine-de-macron-sur-la-recherche-fra

    • Etudes sur le #genre ou les #minorités : les scientifiques que la France ne veut pas sauver du trumpisme

      L’Etat veut bien accueillir les chercheuses et chercheurs empêchés de travailler aux Etats-Unis, mais pas tous. Les thématiques considérées comme « wokes » ne font pas partie des cibles du gouvernement.

      C’est l’éléphant qui manque dans la pièce. La France déploie ce lundi 5 mai un grand #plan pour accueillir les scientifiques empêchés de travailler aux Etats-Unis. Dévoilée le 18 avril, la plateforme #Choose_France_for_Science « recensera les projets de recherche » autour d’une liste de #thématiques parmi lesquelles on trouve la santé, le climat, l’intelligence artificielle, le spatial, l’agriculture, les énergies ou encore le numérique. Les études de genre, ou décoloniales, n’y figurent pas. Elles font pourtant partie des thématiques frontalement attaquées par l’administration Trump.

      « Cela n’est pas étonnant. Les attaques contre les recherches médicales ou sur le climat indignent beaucoup plus, en France comme ailleurs, que les attaques ciblant les #sciences_sociales, de la sociologie à l’histoire », se désole la sociologue du CNRS Laure Bereni. Anne Fraïsse, latiniste et présidente de l’université de Montpellier Paul-Valéry, voit là « une forme d’#opportunisme pour attirer des chercheurs étrangers mais pas pour répondre à une forme d’exclusion ».

      Equilibres politiques nationaux

      A l’Elysée, on assume. « On peut défendre nos #intérêts_stratégiques et en même temps porter une #vision_universaliste. Pour le coup, cette initiative est à la croisée de ces deux ambitions-là », assure un conseiller. Les domaines privilégiés sont en lien avec la stratégie, assumée, de « réaffirmer la recherche comme étant un enjeu fort pour le #développement_économique et notre #souveraineté_industrielle ».

      Mathias Bernard, président de l’université Clermont Auvergne, « regrette » lui aussi cette orientation. « Il y a, y compris en France, tout un discours contre les universités qui repose sur la montée en épingle de ce que l’on appelait hier l’#islamogauchisme et aujourd’hui le #wokisme », constate celui qui dirigeait déjà son établissement en 2021, quand sa ministre de tutelle, Frédérique Vidal , dénonçait l’ « islamo-gauchisme »qui, selon elle, « gangrenait » les universités .

      Laure Bereni voit aussi dans ce choix le poids des équilibres politiques nationaux. « Il paraît sans doute plus prudent pour un gouvernement de centre droit dont la légitimité repose sur le soutien tacite du RN, de ne pas défendre des recherches scientifiques sur le genre, la question raciale ou les minorités, qui sont actuellement sous le feu des attaques de droite et d’extrême droite », avance-t-elle. Choisissez la France pour les sciences, donc, mais pas pour toutes les sciences.

      https://www.liberation.fr/sciences/etudes-sur-le-genre-ou-les-minorites-ces-scientifiques-que-la-france-ne-v

      #universalisme

  • "Il y a une vraie crainte de se faire contrôler" : En #Mauritanie, les vagues d’arrestations de migrants sèment la peur

    Depuis presque deux mois, les #arrestations de personnes en situation irrégulière sont quasi-quotidiennes en Mauritanie. Après un passage en #détention, elles sont ensuite renvoyées aux frontières avec le Sénégal ou le Mali. Un climat qui sème la #peur dans le pays où sont présents quelque 200 000 migrants.

    « Surtout pour les migrants Subsahariens, la situation peut être qualifiée de critique », estime Abdoulaye Diallo, président de l’association Ensemble pour un avenir meilleur, contacté par InfoMigrants. Depuis fin-février, la Mauritanie mène une campagne d’arrestations et d’#expulsions de migrants en situation irrégulière. Selon l’OIM en 2024, ils sont environ 200 000 migrants en Mauritanie. « C’est tous les jours qu’il y a des #refoulements. La police arrête même des gens dans leurs maisons, des hommes lorsqu’ils vont au travail... Les refoulements ne touchent plus que les migrants en transit mais tout le monde », raconte l’associatif.

    De nombreux migrants arrêtés sont envoyés notamment à #Rosso, au #Sénégal, à la frontière mauritanienne. C’est le cas de Diallo, arrêté par la police à Nouakchott, la capitale. « Ils te disent ’tu es un étranger non ?’, tu dis oui, on te prend. Pendant deux jours, on est enfermés dans un centre où si tu n’as pas l’argent pour acheter à manger, tu vas mourir dans la salle », raconte-t-il à RFI.

    Même scène pour Camara, vêtue d’un grand voile mauritanien, qui a été expulsée à Rosso malgré sa grossesse et sa fille de deux ans. « (Un policier) m’a attrapé à la maison, j’étais couchée donc, il (est venu), il (a cogné). Moi, j’ai fait une semaine en prison. Il n’y avait pas à manger », confie la jeune femme à RFI.

    « Les gens se cachent »

    Si les précédentes vagues d’interpellations touchaient principalement les migrants interceptés en partance vers l’Europe, cette fois-ci, tous les profils semblent concernés. Adamou*, un étudiant d’une trentaine d’années craignant de se faire refouler à son tour malgré sa carte d’étudiant, a décidé de faire un aller-retour au Sénégal pour assurer son avenir en Mauritanie. « Comme ça si on me contrôle, je peux dire que j’ai un visa pour 3 mois », explique-t-il à InfoMigrants. Car lorsqu’un ressortissant d’un pays de la Cédéao rentre en Mauritanie, il dispose d’un visa valable 90 jours.

    Selon lui, nombre de ses compatriotes en Mauritanie ont été arrêtés puis refoulés. « Certains avec qui je suis en contact sont à Rosso mais le Sénégal ne veut pas d’eux, d’autres ont été renvoyés vers le Mali. Il y en a un aujourd’hui qui est à Bamako », indique-t-il. Et d’ajouter : « Aujourd’hui, il y a une vraie crainte de se faire contrôler et arrêter. Chaque jour ça arrive ».

    Et cette peur se ressent dans les rues, selon Abdoulaye Diallo. « Avant, il y avait beaucoup de taxis, conducteurs de tuks-tuks, tous ces petits jobs occupés par des migrants… Mais maintenant, on voit vraiment l’absence des migrants dans la ville. Les gens se cachent », raconte-t-il.

    « Ici, les migrants vivent du #travail_informel parfois depuis plusieurs années »

    Une situation qui risque de plonger nombre de personnes en situation irrégulière dans la #précarité car l’augmentation des arrestations et des contrôles « crée un #climat_répressif », analyse une humanitaire, contactée par InfoMigrants, qui a souhaité rester anonyme. « Depuis le mois de mars, les arrestations ne sont plus uniquement liées aux interceptions et débarquements de pirogues en direction de l’Europe », dit-elle.

    Pour éviter d’être arrêtés, les migrants sont de plus en nombreux à demander un titre de séjour. Ainsi, « les services d’enregistrement de migration sont débordés et il y a énormément de queues », explique l’humanitaire. À ça, « il faut ajouter les nouveaux visas électroniques ». Ainsi, entre le nouveau système et l’augmentation de la demande, « on a un ralentissement général de la #régularisation ». « Ils auraient pu laisser un délai avant d’arrêter les gens afin qu’ils puissent faire les demandes », souffle Amadou.

    « Un travail de routine »

    Selon le ministre mauritanien des Affaires étrangères interrogé par RFI, Mohamed Salem Ould Merzoug, « il n’y a pas, à proprement parler, de mesures particulières enclenchées ». « Notre politique vis-à-vis de la migration irrégulière est restée la même : appliquer la règle de droit et être très ferme, par rapport aux réseaux de migrants irréguliers en particulier », a-t-il dit.

    Ces opérations sont « un travail de routine », concernant des migrants n’ayant pas régularisé leur situation, selon le ministre qui n’a pas donné de chiffres sur l’ampleur de ces refoulements. Il assure que sur les 130 000 migrants recensés en 2022, seulement 7 000 ont renouvelé leur titre de séjour.

    Dans ces vagues d’arrestation, certains y voient un lien avec l’#accord conclu entre la Mauritanie et l’#Union_européenne. En mars 2024, la Mauritanie a signé avec Bruxelles un partenariat visant à lutter contre l’immigration illégale. Au programme : renforcement de la coopération entre agences, démantèlement des réseaux de passeurs, construction de centres de rétention et délégation des contrôles, le tout grâce à une enveloppe de 210 millions d’euros accordée au pays saharien.

    Ces dernières années, la Mauritanie est devenue l’un des premiers points de départ des migrants en direction de l’Europe. En 2024, près de 47 000 personnes ont débarqué aux Canaries, un record. Et le nombre de morts n’a jamais été aussi nombreux sur cette route migratoire. Près de 10 000 exilés ont péri dans l’Atlantique en 2024, d’après le dernier rapport de Caminando Fronteras. Et « la majorité des victimes avaient pris la mer depuis la Mauritanie », selon Helena Maleno de l’ONG espagnole.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/64098/il-y-a-une-vraie-crainte-de-se-faire-controler--en-mauritanie-les-vagu
    #rafles #migrations #réfugiés #répression

    voir aussi :
    La Mauritania di nuovo nel mirino della Spagna e dell’Unione europea
    https://seenthis.net/messages/1069805

    Réadmission des migrants venant d’Europe : #Soueisssya, ciblée pour un centre de transit ?
    https://seenthis.net/messages/1044463

    L’UE octroie 210 millions d’euros à la #Mauritanie pour lutter contre l’immigration clandestine
    https://seenthis.net/messages/1041503

    • À Rosso, à la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie, des centaines de migrants « dans une situation de #détresse »

      Plusieurs semaines après le début de la campagne d’expulsions de migrants menée par les autorités mauritaniennes, des centaines de migrants se retrouvent bloqués à Rosso, ville transfrontalière entre la Mauritanie et le Sénégal. Un afflux qui rend la situation humanitaire difficile dans la région.

      « Les policiers nous ont arrêtés alors qu’on se rendait au travail. Je n’ai pas les moyens pour retourner chez moi. Je n’ai pas non plus d’argent pour manger ou acheter des médicaments, je ne sais pas quoi faire ». Dans une vidéo transmise à InfoMigrants, un migrant nigérian raconte sa détresse après avoir été arrêté en Mauritanie puis envoyer à la frontière avec le Sénégal, à Rosso. Son corps est couvert de blessures.

      Depuis le début de l’année, de tels témoignages se multiplient. « Ils nous ont tabassés et amenés en prison sans rien nous dire » et « pris tout ce qu’on possédait : argent, montres, téléphones », racontait Ismaïla à l’AFP après son arrestation par la police mauritanienne. « Ils nous ont (ensuite) menottés et nous ont mis dans des bus surchargés pour nous expulser comme des vauriens », raconte-t-il depuis Rosso, du côté sénégalais de la frontière.
      « Nous n’avons pas assez pour tout le monde »

      Si des centaines de migrants se retrouvent à errer dans la précarité dans cette localité frontalière du Sénégal, c’est parce que depuis plusieurs semaines, la Mauritanie mène une campagne d’expulsions de migrants en situation irrégulière. Ainsi, des centaines d’exilés, notamment sénégalais, maliens, ivoiriens, guinéens ou encore gambiens, sont bloqués de chaque côté de la frontière « dans une situation de détresse ». Leur nombre total est difficile à établir.

      « Nous essayons de les aider mais nous n’avons pas assez pour tout le monde. Ils manquent d’eau, de nourriture, de médicaments, n’ont pas de logements », raconte un humanitaire mauritanien sur place à InfoMigrants.

      Selon lui, des refoulements ont lieu quasiment tous les jours. « Au moins deux bus d’au moins 60, voire 70 personnes, arrivent régulièrement à Rosso », commente-t-il. Un flux ininterrompu de personnes qui fait grossir les bidonvilles de la région. « On a ouvert deux foyers ces deux derniers mois dans deux maisons qu’on a réhabilitées - qui n’ont toutefois par l’eau courante, ni l’électricité - parce que les gens arrivent et restent. Ils errent dans la ville », raconte-t-il. « On essaye de trouver un représentant pour chaque nationalité afin d’organiser les choses mais chaque jour presque, on nous appelle pour nous signaler un nouveau groupe (qui arrive) », ajoute-t-il.
      « On ne peut pas jeter les gens comme du bétail »

      Conséquences de ces expulsions mauritaniennes, des centaines de personnes se retrouvent coincés dans cette ville à la frontière avec le Sénégal. Faute de documents de séjour en règle, elles ne peuvent ni retourner en Mauritanie, ni transiter par le Sénégal - qui refusent de laisser passer des personnes sans documents d’identité valides.

      « La Mauritanie n’a pas respecté les règles. Les autorités ont juste envoyé ces gens à la frontière. Mais on ne peut pas jeter les gens comme du bétail », tance le président du conseil des Guinéens au Sénégal, Diallo Amadou Oury, qui s’inquiète pour sa communauté à Rosso. Et d’ajouter : « La Mauritanie aurait dû aviser ces ressortissants puis les expulser en bonne et due forme, vers leur pays ».

      Actuellement, quelque 300 ressortissants guinéens sont à Rosso, des deux côtés de la frontière « et d’autres arrivent presque tous les jours ».

      « Ces gens sont dans une situation humanitaire grave. Ils sont exposées à tout à Rosso : faim, maladies, problèmes sanitaires, etc. Il y a des femmes et des enfants. Certains vivent à même le sol sur de la terre battue », commente de son côté le président du conseil des Guinéens en Mauritanie, Mamadou Bobo Bah.

      Côté sénégalais, les plus chanceux atterrissent dans les locaux de la Croix-Rouge où ils sont pris en charge. Mais selon le président du comité local de l’organisation à Rosso, Mbaye Diop à l’AFP, l’affluence de migrants est telle que début mars, ils n’avaient déjà plus de place pour tous les accueillir.

      Ces expulsions de migrants sont des opérations de « routine » qui visent les personnes en situation irrégulière, selon les autorités mauritaniennes qui n’ont pas donné de chiffres sur l’ampleur de ces refoulements. Face aux critiques d’ONG ou d’autres pays qui ont dénoncé des expulsions « inhumaines », le ministre mauritanien de l’Intérieur, Mohamed Ahmed Ould Mohamed Lemine, a déclaré que les expulsions étaient « faites dans le respect des conventions internationales ». Et selon le gouvernement, les migrants sont refoulés vers les postes frontières par lesquels ils sont entrés dans le pays.
      « Ils résidaient en Mauritanie et travaillaient »

      Certains voient dans ces vagues d’arrestations un lien avec l’accord conclu entre la Mauritanie - pays devenue l’un des principaux points de départ pour les migrants souhaitant rejoindre l’Europe en prenant la mer - et l’Union européenne.

      En mars 2024, la Mauritanie a signé avec Bruxelles un partenariat visant à lutter contre l’immigration illégale. Au programme : renforcement de la coopération entre agences, démantèlement des réseaux de passeurs, construction de centres de rétention et délégation des contrôles, le tout grâce à une enveloppe de 210 millions d’euros accordée au pays saharien.

      Mais les migrants l’assurent, ils ne voulaient pas « prendre la pirogue » pour rejoindre l’Europe.

      « Ils résidaient en Mauritanie et travaillaient. Certains ont même encore une famille en Mauritanie qui n’a pas été arrêtée », assure Diallo Amadou Oury. La semaine dernière, plusieurs sources confiaient déjà à InfoMigrants que, contrairement à de précédentes vagues d’interpellations, les migrants interceptés n’étaient plus seulement des personnes en partance vers l’Europe mais que tous les profils semblaient concernés.

      « Il y avait beaucoup de taxis, conducteurs de tuks-tuks, tous ces petits jobs occupés par des migrants », racontait Abdoulaye Diallo, président de l’association Ensemble pour un avenir meilleur. « Mais maintenant, on voit vraiment l’absence des migrants dans la ville ».

      https://www.infomigrants.net/fr/post/64210/a-rosso-a-la-frontiere-entre-le-senegal-et-la-mauritanie-des-centaines

  • #Tufts_University student #Rumeysa_Ozturk held by ICE in Louisiana, protesters demand release

    Hundreds of people gathered at Powder House Park on Wednesday, to demand the release of Rumeysa Ozturk, a Turkish PHD student at Tufts University, who was arrested by federal agents Tuesday night.

    The 30-year-old graduate student and Fulbright Scholar was detained Tuesday by federal agents in Somerville. A representative of the Department of Homeland Security said the student “engaged in activities in support of Hamas.” She’s now being held at an ICE Detention Center in Central Louisiana.

    “The university campus should absolutely be a place for the free and open exchange of ideas and the fact that someone can just be disappeared into the abyss for voicing an idea is absolutely horrifying,” said rally attendee Sam Wachman.

    Detained on #Somerville sidewalk

    A neighbor’s surveillance video showed the moments Ozturk was cornered by about six plain clothes ICE agents on her Somerville sidewalk, then handcuffed and taken away.

    City leaders in neighboring Medford, where the university is located, joined the rally after seeing the video.

    “This is the exactly the wrong thing for America. This is the wrong thing for Medford. I know it’s not what our community stands for and I think we need to really see robust action from the state government here in Massachusetts to say that we’re not going to let this happen here,” said Medford City Council president Zac Bears.

    Officials with the Department of Homeland Security say DHS and ICE investigations found Ozturk engaged in activities supporting Hamas. “A visa is a privilege not a right. Glorifying and supporting terrorists who kill Americans is grounds for visa issuance to be terminated. This is commonsense security,” said a DHS spokesperson.
    Ozturk wrote op-ed in Tufts Daily

    It comes as the Trump administration is cracking down on college students who’ve voiced support for the pro-Palestinian movement. Rally organizers say last year Ozturk helped write an op-ed in the Tufts Daily calling for the university to acknowledge genocide in Palestine and separate from companies with ties to Israel.

    “This should be a safe haven for international students,” said Wachman. “Boston is a hub of international thought and it’s known for its universities and if the Trump administration is going to essentially kneecap Boston by making international students feel unsafe here, I mean that’s something we can’t just sit back and watch.”

    “What they’re saying, and reality have no bearing, they’ll just say anything as long as they get the result which they want which is to create an environment of fear,” said rally attendee David Fleig. “There’s no respect for the law there’s no respect for diversity, there’s no respect for our Bill of Rights- where is it going to end?”

    Ozturk’s attorney says no charges have been filed against her.

    The attorney also filed a writ of habeas corpus petition to get Ozturk released, and the judge has given immigration officials until Friday to respond.

    https://www.cbsnews.com/boston/news/tufts-university-student-rumeysa-ozturk-detained-protest

    #doctorante #étudiante #USA #répression #Etats-Unis #trumpisme #arrestation #déportation #renvoi #expulsion #étudiants_étrangers #ESR #université #facs #censure

    • Ordre a été donné de ne garder que des crétins haineux qui ne savent pas lire, seulement alimentés par sonde en foxnews burger et soda.
      De très bons électeurs pour les fascistes.

    • The US government is effectively kidnapping people for opposing genocide

      Rumeysa Ozturk, a visa holder, was snatched off the streets by Ice agents and sent to a detention center 1,000 miles away for opposing war crimes in Gaza

      The abductors wore masks because they do not want their identities known. On Tuesday evening, Rumeysa Ozturk exited her apartment building and walked on to the street in Somerville, Massachusetts – a city outside Boston – into the fading daylight. Ozturk, a Turkish-born PhD student at Tufts University who studies children’s media and childhood development, was on her way to an iftar dinner with friends, planning to break her Ramadan fast.

      In a video taken from a surveillance camera, she wears a pink hijab and a long white puffer coat against the New England cold. The first man, not uniformed but wearing plain clothes, as all the agents are, approaches her as if asking for directions. But he quickly closes in and grabs her by the wrists she has raised defensively toward her face.

      She screams as another man appears behind her, pulling a badge out from under his shirt and snatching away her phone. Soon six people are around her in a tight circle; she has no way to escape. They handcuff her and hustle her into an unmarked van. Attorneys for Ozturk did not know where Immigration and Customs Enforcement (Ice), the US homeland security department that has become Trump’s anti-immigrant secret police, had taken the 30-year-old woman for almost 24 hours.

      In that time, a judge ordered Ice to keep Ozturk, who is on an F-1 academic visa, in Massachusetts. But eventually, her lawyers learned that their client had been moved, as many Ice hostages are, to a detention camp in southern Louisiana, more than 1,000 miles (1,600km) from where she was abducted.

      In the video, before she is forced into the van, Ozturk looks terrified, confused. She may well have thought she was being robbed by street thugs; she did not seem to understand, at first, that she was being kidnapped by the state. She tries to plead with her attackers. “Can I just call the cops?” she asks. “We are the police,” one of the men responds. Ozturk remains imprisoned; she has been charged with no crime. In the video of her arrest, a neighbor can be heard nearby, asking: “Is this a kidnapping?”

      The answer is yes. Ozturk is one of a growing number university students who have been targeted, issued arrest warrants, or summarily kidnapped off the streets by Ice agents. She joins the ranks of include Mahmoud Khalil, the Syrian-born Palestinian former graduate student and green card holder from Columbia University; Alireza Doroudi, an Iranian-born mechanical engineering doctoral student at the University of Alabama; Yunseo Chung, a 21-year-old Columbia undergraduate who was born in South Korea but has long been a green card holder after immigrating to the United States with her parents at the age of seven; and Momodou Taal, a dual British and Gambian citizen who is studying for a graduate degree at Cornell University and has gone into hiding after receiving a summons from Ice to turn himself in for deportation proceedings.

      Many of these students had some connection – however tenuous – to anti-genocide protests on campuses over the past year and a half. Taal and Khalil, in different capacities, were leaders of protests for Palestinian rights at their respective universities. Chung attended one or two demonstrations at Columbia. Ozturk co-authored an op-ed in the Tufts student newspaper that cited credible allegations that Israel was violating international human rights law in Gaza and called on the university president to take a stronger stance against the genocide. In a statement regarding her arrest, a DHS spokesperson said: “Investigations found Ozturk engaged in activities in support of Hamas.” They meant the op-ed.

      The state department claims that some of these students have had their visas or permanent resident status rescinded – in a video of the arrest of Mahmoud Khalil, taken by his pregnant wife, agents proclaim that his student visa has been revoked, but when they are informed that he has a green card, they say: “We’re revoking that too.” This unilateral revocation of green card protections, without notice or due process, is illegal. But that is not the point – the Trump administration clearly thinks of immigrants as a population with no rights that they need respect.

      Rather, the point is that Trump administration’s promise to crack down on student protests against Israel’s genocide in Gaza has the effect of articulating a new speech code for immigrants: no one who is not a United States citizen is entitled to the first amendment right to say that Israel is committing a genocide in Gaza, or that the lives of Palestinians are not disposable by virtue of their race.

      It is up to those us who do have citizenship to speak the truth that the Trump administration is willing to kidnap people for saying: genocide is wrong, Israel is committing it against Palestinians in Gaza, and Palestinians, like all people, deserve not only the food and medicine that Israel is withholding from them, and not only an end to Israel’s relentless and largely indiscriminate bombing, but they deserve freedom, dignity and self-determination. This has become an unspeakable truth in Trump’s America. Soon, there will be other things we are not allowed to say, either. We owe it to one another to speak these urgent truths plainly, loudly and often – while we still can.

      Here is another truth: that the US’s treatment of these immigrants should shame us. It was once a cliche to say that the US was a nation of immigrants, that they represented the best of our country. It is not a cliche anymore. For most of my life as an American, it has been a singular source of pride and gratitude that mine was a country that so many people wanted to come to – that people traveled from all over the world to pursue their talent, their ambition and their hopefulness here, and that this was the place that nurtured and rewarded them.

      It may sound vulgar to speak of this lost pride after Ozturk’s kidnapping – all that sentimentality did nothing, after all, to protect her, and may in the end have always been self-serving and false. But as we grapple with what America is becoming – or revealing itself to be – under Donald Trump, I think we can mourn not only the lost delusions of the past but the lost potential of the future.

      Ozturk – a student of early childhood education, and someone brave enough to take a great personal risk in standing up for what she thought was right – seems like a person the US would be lucky to have. Instead we are punishing her, terrorizing her, kidnapping her and throwing her away. She deserves better, and so do all of our immigrants – hopeful, struggling people who mistook this for a place where they could thrive. Who, in the future, will continue to think of the US as a place where immigrants can make a difference, can prosper? Who will share their gifts with us now?

      https://www.theguardian.com/commentisfree/2025/mar/28/rumeysa-ozturk-tufts-trump-immigration-gaza

    • Rumeysa Öztürk, PhD student from Turkey, among scores of people detained in the US

      The student was snatched by ICE officers while on her way to break her Ramadan fast.

      On March 25, Rümeysa Öztürk, a 30-year-old Turkish national and Ph.D. student at Tufts University in Massachusetts, was arrested by U.S. Immigration and Customs Enforcement (ICE) agents near her residence in Somerville. The arrest occurred as Öztürk was en route to meet friends and break her Ramadan fast.

      Öztürk was detained without prior notice to Tufts University officials. Despite a federal judge’s order requiring 48 hours’ notice before moving Öztürk out of Massachusetts, the student was nevertheless transferred to the Central Louisiana ICE Processing Center. According to CNN, “On Friday, [March 28] a judge in Boston ordered Öztürk not to be deported until she can determine whether the Boston court has jurisdiction to decide if Öztürk was lawfully detained — a decision that drew praise from Öztürk’s lawyers.”

      Öncü Keçeli, a spokesperson for Turkey’s Ministry of Foreign Affairs, confirmed efforts by the Turkish government to secure the student’s release, including consular and legal support. According to reporting by CNN International, “Öztürk is one of several international university students facing deportation following a Trump administration order to crack down on pro-Palestinian demonstrations on college campuses.”

      Öztürk’s arrest was reportedly linked to an op-ed she co-wrote last year in Tufts’ student newspaper. The authors called on the “university to acknowledge the Palestinian genocide, apologize for University President Sunil Kumar’s statements, disclose [the university’s] investments and divest from companies with direct or indirect ties to Israel.”

      Responding to Öztürk’s arrest, Secretary of State Marco Rubio suggested she was engaged in disruptive behavior. “If you apply for a visa to enter the United States and be a student, and you tell us that the reason why you’re coming to the United States is not just because you want to write op-eds, but because you want to participate in movements that are involved in doing things like vandalizing universities, harassing students, taking over buildings, creating a ruckus, we’re not going to give you a visa,” Rubio reportedly said. The Department of Homeland Security (DHS) spokesperson Tricia McLaughlin accused Öztürk of “glorifying and supporting terrorists.” Friends have said that, other than co-writing the op-ed, Öztürk was not involved in pro-Palestinian protests.

      On March 31, the Student Press Law Center and 13 other free speech and journalism organizations released a statement condemning what happened to Öztürk, writing that the basis on which she was detained was “a blatant disregard for the principles of free speech and free press within the First Amendment.”

      Meanwhile, in Turkey, the leader of the main opposition Republican People’s Party (CHP), Özgür Özel, condemned the detention of Öztürk in the strongest possible terms. Other politicians also condemned the detention, including the leader of the DEVA party, Ali Babacan, who stated that “supporting Palestine was not a crime but a conscientious responsibility.” Turkey’s Minister of Justice Yılmaz Tunç also condemned the detention of Öztürk during a meeting, saying the action is proof that “there is no freedom of thought and human rights are not respected in so-called democratic countries.”

      On April 3, university President Sunil Kumar defended Öztürk in a court document filed on the student’s behalf. “The University has no information to support the allegations that she was engaged in activities at Tufts that warrant her arrest and detention,” wrote Kumar, according to news reports.

      https://globalvoices.org/2025/04/04/rumeysa-ozturk-phd-student-from-turkey-among-scores-of-people-detained

  • Italie : peut-on faire #justice sur les #crimes contre les migrants ?

    Les #procès contre les #passeurs de migrants se sont récemment multipliés en Italie. Mais les suspects ne sont souvent accusés que d’être des passeurs. Les charges d’#enlèvement, d’#assassinat, d’#extorsion ou de #violence_sexuelle ne s’appliquent pratiquement jamais. Les principaux trafiquants ne sont généralement pas arrêtés, ni inculpés. Ceux qui le sont relèvent du « menu fretin ». Que révèlent ces procès sur les crimes commis contre les migrants entre l’Afrique et l’Europe ?

    En octobre 2022, #Ghebremedin_Temeschen_Ghebru, un ressortissant érythréen aujourd’hui âgé de 37 ans, a été arrêté par #Interpol à l’aéroport international d’Addis-Abeba, alors qu’il embarquait sur un vol à destination de l’Australie. Il a été extradé vers l’Italie, accusé d’être un membre d’une organisation criminelle de #trafic_de_migrants. Il a été notamment accusé d’être un « #hawaladar ». Le #hawala est un système de transfert d’argent informel et non tracé, par lequel, dans ce cas, les paiements effectués par les parents des personnes kidnappées sont envoyés aux trafiquants, puis à leurs divers intermédiaires tout au long du voyage vers l’Europe.

    Cette affaire et celle d’un autre trafiquant présumé originaire d’Érythrée, connu sous le nom de #Welid, extradé aux Pays-Bas une semaine seulement avant Ghebru, ont été résolues grâce à une équipe conjointe de coopération internationale, mise en place en 2018 et impliquant les autorités judiciaires et policières d’Italie et des Pays-Bas, ainsi que celles du Royaume-Uni, de l’Espagne, d’#Europol et, depuis 2022, de la #Cour_pénale_internationale (#CPI). L’équipe se concentre sur la lutte contre la traite des êtres humains et les crimes contre les migrants en #Libye.

    Le procès de Ghebru a débuté en 2023 et se déroule devant la Cour d’assises de Catane, où les premières victimes de son réseau organisé présumé ont été débarquées. L’accusé a été libéré de prison après le premier ré-interrogatoire, qui n’a trouvé aucun motif pour le #crime_d’association, à savoir la participation à une association, organisation ou bande criminelle, sur lesquels les mesures préventives étaient basées. Ghebru est donc retourné en Australie, où il vit et travaille, explique son avocat Michele Calantropo à Justice Info.

    Au cours des deux dernières années, le tribunal a entendu deux témoins à charge. Le prévenu devait comparaîtra ce 3 mars mais, n’ayant pu obtenir de visa, l’audience a été reportée. La défense prévoit de faire comparaître une dizaine de témoins. Calantropo estime que le procès se terminera en 2025. Le bureau du procureur a refusé de commenter ce dossier.

    « Il n’est pas coupable de tous les crimes », assure Calantropo. En 2017, au moment des écoutes téléphoniques sur lesquelles se base l’affaire, l’accusé a séjourné à Dubaï pendant quatre mois, où il « travaillait comme consultant et comptable pour une société d’import-export, discutant avec des clients et des fournisseurs sur les paiements de fournitures, il n’y a pas un seul contact avec les trafiquants », affirme l’avocat. Calantropo ajoute qu’il a déposé tous les documents de la chambre de commerce de Dubaï concernant la société pour laquelle travaillait Ghebru et que nombre de ses témoins témoigneront également à ce sujet.

    Une série d’affaires : les opérations « #Glauco »

    Le procès en cours n’est que le dernier d’une opération beaucoup plus vaste, connue sous le nom de « Glauco ». Tout a commencé avec le tragique naufrage de 2013 lors duquel 300 migrants ont trouvé la mort au large de l’île italienne de Lampedusa. L’enquête criminelle qui en a résulté a abouti à la condamnation de six passeurs et à l’émission de mandats d’arrêt européens et internationaux à l’encontre d’autres membres du réseau criminel qui opérait en Érythrée, en Éthiopie, en Libye et dans de nombreux pays européens. Dirigée par l’équipe de la direction antimafia du parquet de Palerme, cette opération a donné lieu à trois autres séries d’#arrestations au cours des années suivantes. La dernière en date a été l’opération « Glauco 4 », en 2020, au cours de laquelle une douzaine d’autres personnes ont été appréhendées dans plusieurs villes d’Italie.

    Les hommes arrêtés ont été accusés de traite et de trafic de migrants depuis des pays africains vers des centres de détention libyens, puis vers l’Italie et leur destination finale. Les migrants souhaitent rarement rester en Italie et espèrent se rendre dans des pays d’Europe du Nord, comme la Suède, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. Les hommes sont soupçonnés d’avoir géré des #transferts_d’argent vers des comptes à Dubaï dans le cadre du système hawala, par le biais de Postepay, Moneygram ou Western Union.

    Dans les documents officiels, Ghebru est également mentionné comme faisant partie, et soupçonné de diriger, le même réseau international, mais au moment des arrestations, il était toujours en fuite. Le procureur qui travaille sur cette enquête a confirmé les faits lors d’une précédente interview avec Justice Info, mais a préféré ne pas faire de commentaires à ce stade : avec d’autres membres de l’équipe antimafia de Palerme, il a été placé sous protection policière depuis l’automne dernier, après avoir reçu des milliers de menaces pour avoir inculpé l’actuel vice-Premier ministre italien, Matteo Salvini, d’enlèvement et de manquement à son devoir pour son refus de laisser accoster en Italie un bateau de sauvetage de migrants de l’ONG Open Arms, avec 147 personnes à bord, en 2019. Salvini, qui était ministre de l’Intérieur au moment des faits, a été acquitté en décembre 2024.

    À ses débuts, le procès des personnes arrêtées lors de l’opération « Glauco » a semblé présager des grandes lignes de celui de Ghebru. Le premier ré-interrogatoire n’a trouvé aucun motif pour le crime de participation à une association criminelle, et la plupart des hommes ont pu être libérés pendant que la procédure se poursuivait devant la cour d’assises de Catane. Sur les 14 personnes arrêtées, selon les médias italiens à l’époque, deux ont fait l’objet d’une procédure distincte. Ils ont opté pour un procès abrégé, procédure où il n’y a pas de présentation de preuves mais où le juge étudie le dossier et prononce une peine plus rapide et réduite.

    Parmi les 12 personnes restantes, il y avait dix Erythréens, un Ethiopien et un Soudanais. Le 5 décembre 2023, les juges ont déclaré sept hommes coupables en première instance et ont acquitté les trois autres. Les peines ont été fortement réduites, passant de plusieurs années requises par l’accusation, à une fourchette de 10 à 18 mois. Selon le verdict, trois d’entre eux ont été condamnés uniquement pour les délits liés à l’hawala, deux pour délits financiers et trafic et deux autres pour trafic. Les avocats de la défense ont fait appel et le verdict en appel est attendu pour le 6 mars 2025. Il n’y a pas de victimes dans cette affaire.

    Giuseppina Massaiu s’occupe de la défense de trois de ces hommes. Elle explique à Justice Info que ses clients ne sont pas coupables et qu’ils ont toujours rejeté le chef d’accusation de trafic de migrants : « Ils le considèrent comme diffamatoire », ajoute-t-elle. Selon elle, l’accusation n’a pas pris en compte le fait que toute aide, pour entrer en Italie ou pour transférer de l’argent, peut être apportée par solidarité, « la solidarité envers un parent, une connaissance, quelqu’un de la même région ». « Ce devoir social est culturellement très présent dans leur communauté. Par exemple, il y a des cas de migrants qui arrivent en Italie sans papiers ni argent et qui ont besoin de recevoir des virements de leur famille. Et dans le cas des migrants enlevés et détenus par des trafiquants libyens, ce sont les membres de la famille qui paient car, sinon, leurs proches resteraient indéfiniment dans les centres de détention libyens. » L’enquête qui a conduit aux arrestations de « Glauco 4 », puis à l’#extradition de Ghebru, s’est appuyée sur des écoutes téléphoniques, ce que les deux avocats de la défense ont contesté. « De cette manière, les accusations restent assez superficielles », affirme Massaiu.

    Poursuivre du « menu fretin » ?

    Au cours de la dernière décennie, l’Italie a connu peu de procès pour des #crimes contre les migrants qualifiés de #traite_d’êtres humains, d’enlèvements, de violence et extorsion dans les prisons libyennes. Le plus célèbre est le verdict prononcé en 2017 à l’encontre d’#Osman_Matammud, un ressortissant somalien reconnu coupable d’enlèvement à des fins d’#extorsion, de #meurtres et de #violences_sexuelles commises lors de la gestion de « camps de transit » en Libye. Mais la grande majorité des personnes jugées sont accusées du seul trafic de migrants.

    « La tendance est que les trafiquants les plus importants ne sont pas ciblés, ce qui amène les autorités à s’en prendre aux plus petits, car il est difficile de mener des enquêtes dans d’autres pays », note Stefano Zirulia, professeur de droit pénal à l’université de Milan. « Pour montrer au public qu’elles font quelque chose, et parce qu’elles se concentrent principalement sur le territoire et les eaux italiens, les autorités appliquent les lois italiennes, qui sont très strictes et peuvent même être appliquées à ces individus qui n’ont rien fait ou presque. » Zirulia explique que s’il existe un crime distinct de traite d’êtres humains, qui est plus complexe et exige un objectif d’exploitation, en Italie le trafic de migrants est codifié dans l’article 12 de la loi consolidée sur l’immigration, qui « exige seulement de commettre des actes visant à faciliter l’entrée d’un étranger sans papiers ».

    À la suite de l’adoption par l’Union européenne, en 2002, du « #Pacte_sur_les_facilitateurs », à la suite des attentats du 11 septembre 2001, rappelle Zirulia, tous les pays européens ont dû « criminaliser toute forme d’aide à l’entrée irrégulière ». Depuis lors, l’Italie a vu les gouvernements se succéder pour alourdir les peines afin de donner l’impression de s’attaquer aux trafiquants, ce qui a conduit le pays à avoir certaines des peines les plus sévères pour le trafic, selon Zirulia, qui peuvent aller jusqu’à plus de 20 ans de prison. Selon Zirulia, « la #criminalisation généralisée du trafic, telle qu’elle est pratiquée, risque de mettre en péril les #droits_fondamentaux des migrants : le #droit_à_la_vie lorsqu’ils sont en danger et doivent être secourus, et le droit de demander l’asile ».

    Un large éventail d’actes peut tomber sous le coup de cette loi. « Tout ce qui se passe en Libye peut également entrer dans cette définition et, d’autre part, les personnes qui sont elles-mêmes victimes d’un trafic illicite tombent également sous le coup de cette loi. Parfois, ce sont les migrants qui dirigent le bateau dans la dernière ligne droite parce que, tout simplement, ils ont été placés là et qu’il n’y a personne d’autre qui sache le faire, ou ils utilisent un GPS », explique Maria Crippa, chercheuse postdoctorale au département de droit “Cesare Beccaria” de l’université de Milan. La procédure habituelle, explique-t-elle, consiste pour la police à recueillir les déclarations des migrants lors de leur débarquement et à leur demander qui les a amenés là. « Ce n’est pas toujours facile de comprendre si les personnes qu’ils désignent sont affiliées à une organisation ou si elles sont aussi des victimes. »

    Selon un rapport compilé par le collectif Arci Porco Rosso, en 2024, 106 migrants ont été arrêtés pour trafic, soit un pour 600 arrivées. La majorité a été arrêtée juste après le débarquement. Plusieurs ONG qui assistent les migrants en mer ont également été accusées de trafic au fil des ans.

    « En Italie, nous n’avons pas de pouvoir discrétionnaire : si le procureur dispose d’informations, il doit engager des poursuites. Mais dans la pratique, il est possible de choisir les chefs d’accusation à retenir », note Crippa, ajoutant que la grande majorité des affaires vont devant la justice pour trafic de migrants et pour crime d’association, à savoir la participation à organisation criminelle. Ces principes permettent aux autorités d’appliquer plus facilement les lois italiennes à des actes commis à l’étranger et, en cas de verdict de culpabilité, ils peuvent également montrer la dimension plus large du crime.

    Toutefois, cette stratégie d’application de l’article sur le trafic « a des conséquences sur les personnes inculpées, c’est-à-dire le menu fretin ou les victimes elles-mêmes, et sur les faits qui leur sont reprochés », souligne Crippa. « Par conséquent, les condamnations sont, dans la majorité des cas, prononcées pour complicité, et tout l’aspect lié à la traite des êtres humains et aux crimes contre la personne est perdu. » Alors que la traite des êtres humains est un crime contre la personne, le trafic est légalement considéré comme un crime contre l’intégrité des frontières du pays, rappelle Crippa.

    Pour Stella Arena, avocate de l’Association italienne pour les études juridiques sur l’immigration, avec cette #loi, « le procès pénal est devenu un moyen de contrôler les flux migratoires ».

    Pas de coopération avec la Libye

    En Italie, aucune condamnation n’a encore été prononcée à l’encontre de ressortissants libyens pour des crimes commis contre des migrants. « Il y a un problème de responsabilité pour ceux qui sont au sommet du système, qui sont typiquement libyens », explique Crippa. Elle ajoute que le problème est que les autorités italiennes ne peuvent pas se rendre physiquement à Tripoli pour arrêter ces personnes, leur seul moyen étant d’émettre un mandat d’arrêt international et de compter sur les Libyens pour faire le reste. « Tant que cette situation politique se poursuit en Libye, il est clair qu’un accord, ne serait-ce que pour rassembler des preuves, n’est pas possible, alors imaginez pour une demande d’extradition. » Une option serait d’arrêter un suspect dans un pays tiers qui l’extraderait, mais aucune information publique ne permet de savoir si l’Italie a émis des mandats d’arrêt internationaux contre des Libyens.

    Le débat national sur les crimes contre les migrants s’est intensifié après qu’Osama Najim, un criminel de guerre libyen présumé recherché par la CPI, a été arrêté par la police italienne le 19 janvier 2025, avant d’être relâché et renvoyé à Tripoli deux jours plus tard par le gouvernement, en violation de son obligation de coopérer avec la Cour basée à La Haye. Son arrestation et sa libération ont également suscité un débat sur les liens étroits entre Rome et Tripoli. « Nous l’avons vu avec l’affaire Najim, il n’y a pas de réelle volonté d’agir pour stopper les réseaux d’exploitation de la migration », estime Zirulia. Selon lui, les réseaux de trafic de migrants, contrairement à l’organisation verticale de la mafia, sont le plus souvent organisés horizontalement et peuvent être étroitement liés aux appareils d’État. « C’est donc très difficile de réfléchir à la manière de démanteler sa direction. Ce n’est peut-être pas la bonne question, mais nous devons certainement nous demander ce que nous pouvons faire pour cibler les individus qui ont un pouvoir de décision. »

    Au manque de volonté politique et à la difficile coopération avec la Libye s’ajoute un autre obstacle : une vieille lacune de la loi italienne en matière de crimes internationaux. Rome n’a toujours pas intégré l’ensemble des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité dans son code pénal et ne peut donc pas exercer de compétence universelle. En conséquence, « elle perd tout l’aspect des crimes contre l’humanité, de sorte que l’interrelation concernant l’utilisation des migrants comme ressource économique par les milices, comme marchandises à échanger, comme ressource pour maintenir le pouvoir militaire, n’est plus prise en compte », déplore Crippa.

    Omer Shatz, directeur juridique de l’ONG Front-Lex, affirme que la responsabilité des crimes commis contre les migrants ne devrait pas concerner uniquement les trafiquants et les autorités libyennes. Depuis des décennies, les gouvernements italiens ont signé des accords avec leurs homologues de Tripoli, qui incluent le contrôle libyen des flux migratoires. Shatz affirme que les autorités italiennes et européennes, y compris l’agence européenne des frontières Frontex, sont également responsables de l’interception de plus en plus fréquente des bateaux de migrants par des gardes libyens ou tunisiens, et donc de « l’alimentation du commerce du viol, de la torture, de l’extorsion et de la rançon que les familles paient » pour libérer leurs proches des centres de détention en Libye.

    L’avocat international critique le fait que la CPI ait rejoint l’équipe conjointe en 2022, laissant apparemment les poursuites de ces crimes aux mêmes autorités nationales, y compris italiennes, qui n’ont pas les moyens d’aller plus haut dans la chaîne de décision. Alors que la CPI a inclus les crimes contre les migrants dans son enquête sur la Libye, Shatz pense que les autorités italiennes et européennes devraient également faire l’objet d’une enquête en tant que coauteurs des crimes. « Ce sont les acteurs les plus responsables, et c’est pour eux que la CPI a été créée. »

    https://www.justiceinfo.net/fr/142227-italie-peut-on-faire-justice-crimes-contre-migrants.html
    #migrations #réfugiés #3_octobre_2013 #opération_Glauco

  • Perché la Corte penale internazionale se l’è presa con l’Italia

    Il capo della polizia giudiziaria libica era stato arrestato a Torino perché accusato di gravi crimini di guerra e contro l’umanità, ma è stato rilasciato tre giorni dopo

    La sera del 22 gennaio la Corte penale internazionale ha diffuso un comunicato in cui si lamenta per la decisione delle autorità italiane di liberare #Njeem_Osama_Elmasry, anche noto come Almasri, il capo della polizia giudiziaria libica che era stato arrestato il 19 gennaio a Torino. Su #Elmasry c’era un mandato d’arresto internazionale emesso dalla stessa Corte penale, il principale tribunale internazionale per crimini di guerra e contro l’umanità. Elmasry è accusato di omicidi, torture, stupri e altri gravi crimini.

    In effetti sul suo rilascio ci sono molte cose ancora da chiarire e su cui il governo italiano è stato assai poco trasparente. Nel comunicato si dice che Elmasry è stato liberato senza che la Corte fosse stata prima avvertita o consultata, contrariamente a quello che vorrebbero le procedure in questi casi. Inoltre la Corte ha fatto sapere di aver chiesto spiegazioni alle autorità italiane, per il momento senza ottenerle.

    I partiti di opposizione italiani hanno chiesto al governo di spiegare perché abbia deciso di liberare una persona ricercata per crimini di guerra poco dopo averla arrestata, criticando molto la scelta. L’accusa di fondo è che il governo italiano abbia liberato Elmasry in virtù dei buoni rapporti con le milizie libiche e con il governo che controlla Tripoli, la capitale della Libia. Per la verità con quel governo l’Italia ha dal 2017 un accordo per fermare con la violenza le persone migranti che tentano di arrivare in Italia via mare, e nel 2017 c’era un governo di centrosinistra presieduto da Paolo Gentiloni. L’accordo poi è rimasto attivo da allora a prescindere dai governi, di diversi orientamenti politici. Lo stesso Elmasry è il funzionario di una importante milizia libica, la #RADA, che tra le altre cose avrebbe responsabilità anche nelle violenze usate per contrastare i flussi migratori.

    In ogni caso al momento non è possibile dire se i rapporti tra il governo italiano e quello di Tripoli abbiano influenzato il rilascio di Elmasry. Della vicenda ha parlato il ministro dell’Interno Matteo Piantedosi in Senato durante un question time, cioè uno di quei momenti in cui i ministri rispondono alle domande dei parlamentari. Piantedosi ha detto che la scelta di riportare Elmasry in Libia è seguita a un suo provvedimento di espulsione «per motivi di sicurezza dello Stato» e «vista la pericolosità del soggetto». Per il resto si è limitato a esporre la cronologia dei fatti senza entrare troppo nei dettagli: ha detto che sarà prevista per settimana prossima un’informativa dedicata del governo.

    Elmasry ha 47 anni e negli ultimi anni ha iniziato ad assumere vari incarichi nella cosiddetta polizia giudiziaria del governo di Tripoli. Nel 2016 venne nominato responsabile della polizia giudiziaria nella famigerata prigione di #Mitiga, nella periferia di Tripoli, nota come luogo di sistematiche violazioni dei diritti umani secondo diverse indagini indipendenti, tra cui un recente rapporto del Consiglio per i diritti umani dell’ONU. Nel 2021 fu promosso a responsabile di diverse altre prigioni controllate dal governo di Tripoli.

    La Corte penale internazionale accusa Elmasry di vari crimini di guerra e contro l’umanità commessi dal febbraio del 2015 in poi nella prigione di Mitiga, compresi omicidio, tortura, stupro, persecuzione, detenzione inumana. È accusato di aver commesso questi crimini personalmente, di averli ordinati oppure di esserne responsabile in quanto ordinati da altri membri della sua milizia dipendenti da lui.

    Il mandato d’arresto internazionale nei suoi confronti era stato emesso il 18 gennaio, quindi un giorno prima del suo arresto a Torino, dove Elmasry era andato con alcuni amici per seguire la partita di calcio tra Juventus e Milan. Il fatto che il mandato d’arresto fosse così recente è un’informazione diventata nota solo con il comunicato della Corte penale internazionale: in diversi casi i mandati d’arresto di questo genere vengono tenuti segreti per aumentare la possibilità di cattura di una persona ricercata, e questo spiega anche perché Elmasry si sentisse così libero di andare in un altro paese per ragioni anche frivole o apparentemente evitabili.

    La Corte aveva inviato la richiesta d’arresto solo all’#Interpol, l’organizzazione internazionale che facilita la cooperazione tra polizie di paesi diversi, e a sei Stati che riconoscono la Corte stessa: si sa che uno di questi era l’Italia perché lo ha detto la Corte nel comunicato, mentre gli altri cinque non sono stati resi pubblici. La notizia dell’arresto è stata diffusa solo due giorni dopo, il 21 gennaio, e il 22 gennaio Elmasry è stato liberato.

    Anche se il governo non ha ancora dato spiegazioni ufficiali – e neanche Piantedosi l’ha fatto – è stata in gran parte ricostruita la procedura formale che ha permesso la liberazione. La Corte d’Appello di Roma non ha convalidato l’arresto di Elmasry, sostenendo che la DIGOS di Torino prima di farlo avrebbe dovuto avvisare il ministero della Giustizia, cosa che invece non sarebbe avvenuta. L’articolo 4 della legge 237/2012, che regola i rapporti con la Corte penale internazionale, prescrive in effetti che è il ministro della Giustizia che «dà corso alle richieste formulate dalla Corte penale internazionale» al governo italiano. In Senato Piantedosi ha confermato che l’avviso al ministero è arrivato dopo l’arresto, insieme a quello alla procura generale presso la Corte d’Appello di Roma, al difensore di Elmasry e alle autorità consolari.

    Diversi giornali, consultando fonti giudiziarie, scrivono che anche se formalmente questo cavillo burocratico spiega la liberazione di Elmasry, di fatto la scelta di lasciarlo in libertà è stata poi politica, perché il ministero della Giustizia avrebbe avuto strumenti sia per rimediare alla mancanza della sua approvazione dell’arresto, sia per ordinare che venisse di nuovo arrestato dopo la liberazione.

    Quello che è successo dopo la liberazione poi ha reso ancora più difficile per il governo sostenere di aver rilasciato Elmasry solo per ragioni giuridiche e burocratiche: Elmasry infatti è stato riportato in Libia con un aereo dell’aeronautica italiana utilizzato dai servizi segreti, un Falcon 900, decollato dall’aeroporto torinese di Caselle e atterrato a Tripoli. Una volta tornato in Libia, Elmasry è stato accolto da un gruppo di persone esultanti, come documentato da alcuni video circolati in questi giorni.

    L’Italia è uno dei 124 paesi che riconoscono la Corte penale internazionale, che fu istituita nel 1998 con un trattato firmato proprio a Roma. Formalmente dovrebbe quindi rispettare gli ordini della Corte e ha delle norme che regolano in che modo dovrebbe farlo (inclusa quella che comprendeva il passaggio giuridico che ha permesso la liberazione di Elmasry). Anche se le sentenze della Corte sono vincolanti, nella pratica non ha davvero modo di costringere i paesi a rispettarle, e spesso è ciascun governo a decidere se farlo sulla base delle sue convenienze politiche.

    https://www.ilpost.it/2025/01/23/corte-penale-internazionale-liberazione-almasri-governo-italiano-elmasry
    #Italie #crimes_contre_l'humanité #Libye #libération #migrations #mandat_d'arrêt_international #expulsion #sécurité #crimes_contre_l'humanité #arrestation

    • La Corte penale internazionale richiama l’Italia al dovere di collaborare pienamente dopo il mancato arresto del generale libico Osama Elmasry Njeem

      Le accuse a Almasri

      Il 18 gennaio 2025, la prima Camera Preliminare della Corte penale internazionale aveva emesso un mandato d’arresto internazionale per il generale libico Osama Elmasry Njeem, conosciuto anche con il nome di Almasri. Le accuse che la Corte vuole verificare riguardano il suo ruolo, come capo della Special Deterrence Forces operante a Tripoli, nella commissione di crimini internazionali a partire dal 15 febbraio 2015, in particolare ai danni dei detenuti nella prigione di Mitiga. Secondo le accuse, nel carcere sono stati rinchiuse e sono tuttora detenute persone arrestate per il loro credo religioso (cristiani o atei), per aver contravvenuto alle regole della polizia morale (per esempio per omosessualità), per appartenenza a gruppi armati in conflitto con il governo di Tripoli, ma anche a scopo di estorsione. Molti dei detenuti sono migranti in transito. Le accuse riguardano i crimini di guerra di trattamento inumano, tortura, stupro e violenza sessuale e omicidio, nonché i crimini contro l’umanità di imprigionamento, tortura, stupro, omicidio e persecuzione.
      La cooperazione dell’Italia con la Corte internazionale penale

      Lo stesso 18 gennaio, il mandato d’arresto è stato trasmesso a sei paesi europei (e una richiesta di collaborazione è stata inviata anche all’Interpol) dopo che gli investigatori avevano saputo che Almasri poteva trovarsi in Europa. La Corte si è consultata con le autorità competenti dei diversi paesi e ha agito in coordinamento con i rispettivi organi, condividendo in tempo reale le informazioni circa gli spostamenti del sospettato. L’arresto è avvenuto a Torino la mattina di domenica 19 gennaio.

      La procedura che l’Italia deve seguire per cooperare con la Corte è regolata dalla legge 20 dicembre 2012, n. 237. La legge stabilisce che la cooperazione con la Corte, anche in materia di consegna del ricercato, avviene sempre tramite il ministro della giustizia, a cui spetta “ricevere le richieste provenienti dalla Corte e di darvi seguito”, avvalendosi eventualmente della collaborazione degli altri ministri (in particolare, in caso di richiesta di arresto e consegna di un ricercato, del ministro dell’interno). La misura cautelare a carico del ricercato è richiesta dal procuratore generale presso la corte d’appello di Roma e decisa dalla corte d’appello di Roma con ordinanza impugnabile in Cassazione.
      Arresto e scarcerazione

      Secondo il suo comunicato stampa del 22 gennaio, nelle giornate del 19 e 20 gennaio, su richiesta dell’Italia, la Corte non ha emesso alcun comunicato in merito all’avvenuto arresto di Almasri, evidentemente confidando su un suo rapido trasferimento all’Aja. Lunedì 21 gennaio, senza ricevere alcuna comunicazione dalle autorità italiane, la Corte viene a sapere (si immagina con notevole delusione) che il ricercato era stato scarcerato e riportato in Libia in serata con un volo messo a disposizione dallo stato italiano. L’aereo, partito intorno alle 11 dall’aeroporto di Roma Ciampino, è atterrato all’aeroporto di Torino, ha imbarcato il ricercato e lo quindi riportato a Tripoli, dove è atterrato intorno alle 21:45.

      Nel comunicato del 22 gennaio, la Corte precisa di avere richiesto una relazione ufficiale dallo stato italiano circa i fatti, ma di non averne ricevuto alcuna. Dalle informazioni di stampa, si sa che la corte d’appello di Roma avrebbe ritenuto illegittimo l’arresto effettuato dalla polizia di Torino, in quanto operato senza avere previamente concordato l’operazione con il ministro della giustizia. Il ministro sarebbe stato informato della misura cautelare solo lunedì 21, presumibilmente quando l’operazione per il rientro in patria di Almasri era già in corso.
      Ribadire la serietà dell’impegno italiano

      La vicenda è molto grave e evidenzia o una seria mancanza di coordinamento tra gli apparati dello stato incaricati di garantire la cooperazione con la Corte penale internazionale, oppure una scelta deliberata, maturata in ambito politico, di non dare seguito alla richiesta di consegna. In entrambi i casi, si tratterebbe di un fatto molto preoccupante, anche in perché i crimini ascritti a Osama Elmasry Njeem presentano un diretto collegamento con problematiche che investono il nostro paese, visto che le torture e gli stupri che si consumano nella prigione di Mitiga e ad opera della polizia sotto il comando del generale libico sono legati almeno in parte ai flussi della tratta di esseri umani che l’Italia si è impegnata a combattere in tutti i modi e in tutti i luoghi. Per non parlare del grande impegno diplomatico del nostro paese contro le persecuzioni religiose, comprese quelle che colpiscono i cristiani nel mondo. È significativo ricordare che nel 2022 il Procuratore della Corte penale commentava con soddisfazione la collaborazione tra gli investigatori della Corte e le autorità italiane che aveva portato all’estradizione dall’Etiopia all’Italia di un cittadino eritreo ricercato dall’Italia per tratta di esseri umani attraverso la Libia.

      Almasri non gode di nessuna immunità internazionale. Non si vede quali considerazioni possano aver giustificato un scelta di non cooperazione con la Corte. Né come possa ritenersi accettabile una spiegazione dell’accaduto incentrata sulla colpevole negligenza di qualche funzionario che avrebbe mancato di assicurarsi che il ministro della giustizia fosse informato dell’imminente arresto, visto che le consultazioni e gli scambi di informazioni “in tempo reale” tra Roma e l’Aja erano attive per lo meno fin dal 18 gennaio.

      La serietà dell’impegno del nostro paese nell’onorare i propri impegni derivanti dalla ratifica dello Statuto di Roma della Corte penale internazionale rischia di essere compromessa, in un momento storico in cui l’esigenza di far funzionare al giustizia penale internazionale è avvertita con crescente urgenza, ma gli ostacoli al suo funzionamento si moltiplicano in modo direttamente proporzionale.

      https://unipd-centrodirittiumani.it/it/temi/la-corte-penale-internazionale-richiama-litalia-al-dovere-d

    • L’Italia è sotto indagine della Corte penale internazionale

      Per la mancata cooperazione con la stessa Corte nel caso #Almasri: è la prima volta che succede a un paese europeo

      La Corte penale internazionale, il principale tribunale internazionale per crimini di guerra e contro l’umanità, ha confermato di avere aperto un’indagine interna sul governo italiano per via della sua decisione di liberare quasi subito #Njeem_Osama_Almasri, il capo della polizia giudiziaria libica che era stato arrestato il 19 gennaio a Torino. Per Almasri c’era un mandato d’arresto internazionale emesso dalla stessa Corte: la decisione del governo di Giorgia Meloni di non applicare il mandato era stata subito molto discussa e criticata, anche dalla stessa Corte con un comunicato ufficiale.

      Ora la Corte ha fatto un passo oltre e ha aperto un’inchiesta sul governo. In gergo tecnico si parla di una «procedura di mancato rispetto» dello statuto che regola il rapporto fra la Corte e gli Stati che vi hanno aderito. All’articolo 86 infatti lo statuto prescrive che gli Stati membri «cooperano pienamente con la Corte nelle inchieste ed azioni giudiziarie che la stessa svolge».

      È la prima volta che viene aperta un’inchiesta nei confronti di un paese europeo per non avere cooperato nell’arresto di una persona ricercata dalla Corte penale internazionale. Ed è anche la prima volta che una questione simile riguarda «una persona che non ricopre un incarico politico di alto livello, in assenza di potenziali ostacoli relativi a una immunità diplomatica», ha notato il ricercatore Luca Poltronieri Rossetti in un articolo di qualche giorno fa sul blog specializzato EJIL: Talk! in cui ipotizzava l’apertura di un’indagine nei confronti dell’Italia.

      In estrema sintesi, la Corte contesta al governo italiano la mancata cooperazione nell’arresto di Almasri e il suo immediato trasferimento in Libia, un paese che peraltro non aderisce allo statuto che regola la Corte penale internazionale, sottoscritto a Roma nel 1998.

      La Corte accusa Almasri di vari crimini di guerra e contro l’umanità commessi dal febbraio del 2015 in poi nella prigione libica di Mitiga, compresi omicidio, tortura, stupro, persecuzione, detenzione inumana. È accusato di aver commesso questi crimini personalmente, di averli ordinati e di esserne responsabile perché compiuti da altri membri della sua milizia.

      Il mandato d’arresto internazionale nei suoi confronti era stato emesso il 18 gennaio, un giorno prima del suo arresto a Torino, dove Almasri era andato a seguire una partita di calcio. Almasri è stato arrestato il 19 gennaio e poi rilasciato. Finora il governo italiano ha dato spiegazioni piuttosto confuse e contraddittorie sulle ragioni di questa scelta.

      Durante un intervento alla Camera la settimana scorsa il ministro della Giustizia Carlo Nordio ha detto sostanzialmente che il mandato emesso dalla Corte conteneva varie irregolarità e discrepanze formali, da cui non si capiva esattamente se Almasri fosse davvero pericoloso e se il mandato d’arresto avesse basi solide. Il ministro dell’Interno Matteo Piantedosi, seduto accanto a Nordio, ha riferito invece che Almasri era così pericoloso che il governo ha subito deciso di allontanarlo dal territorio italiano.

      Il governo insomma si rifiuta di motivare la liberazione di Almasri con una cosiddetta “ragion di Stato”, o comunque di presentarla come una scelta politica, come invece è l’ipotesi più realistica: l’Italia ha infatti ottimi rapporti con le milizie che controllano il territorio libico, a cui dal 2017 ha affidato il compito di impedire con la violenza le partenze di migranti via mare.

      In generale poi il governo aveva avuto un atteggiamento piuttosto ostile nei confronti della Corte penale internazionale, alludendo a un presunto complotto secondo cui la richiesta di arrestare Almasri sarebbe stata mandata apposta mentre lui era in Italia, per mettere in difficoltà il governo (un’ipotesi che non ha prove e che è stata smentita dalla Corte stessa). Dopo la notizia dell’indagine, il ministero della Giustizia ha inviato una nota alla Corte in cui si chiede un dialogo «per evitare casi simili» in futuro, scrive Repubblica.

      L’articolo 87 dello statuto prevede che se uno Stato «non aderisce ad una richiesta di cooperazione della Corte», «la Corte può prenderne atto ed investire del caso l’Assemblea degli Stati parti o il Consiglio di sicurezza» delle Nazioni Unite. Al momento siamo in una fase precedente alla procedura di indagine.

      Un portavoce della Corte ha detto ad Avvenire che «in relazione alle richieste e ai resoconti dei media sul caso Almasri, posso chiarire che la questione del mancato rispetto da parte dello Stato di una richiesta di cooperazione per l’arresto e la consegna da parte della Corte è all’esame della Camera competente, ovvero la prima Camera preliminare». In questa sede, ha precisato il portavoce, «l’Italia avrà l’opportunità di presentare osservazioni». Il giornalista di Avvenire Nello Scavo prevede comunque che «ci vorranno settimane, forse mesi» prima che la Corte decida di incriminare politici o funzionari pubblici italiani oppure di archiviare il caso.

      https://www.ilpost.it/2025/02/11/italia-indagine-corte-penale-internazionale
      #CPI #cour_pénale_internationale

  • « Les Syriens ont des craintes, mais sont heureux pour la première fois depuis des décennies »

    De la Syrie nous n’avons trop souvent que des images éparses. Celles d’un régime sanguinaire en place pendant cinq décennies, qui fut longtemps un partenaire privilégié de la France ; les images des révolutions populaires de 2011 réprimées dans le sang par l’ancien pouvoir ; la destruction des plus grandes villes du pays sous les bombes de #Bachar_al-Assad et des Russes ; les images des djihadistes de l’État islamique, ceux qui ont fomenté des attentats en France depuis la ville de Raqqa, dont le groupe terroriste avait fait sa capitale.

    Depuis une semaine, nous voyons désormais d’autres clichés, ceux d’un peuple en joie d’avoir renversé le tyran. Mais aussi les portraits des nouveaux maîtres de la Syrie, biberonnés au djihadisme, et dont nous ne savons pas quoi penser.

    Et puis il y a des images manquantes, celles de ces dizaines ou centaines de milliers de fantômes, des opposant·es, des artistes, des intellectuel·les ou des manifestant·es, embastillé·es et disparu·es : des noms sur des registres, dont les familles recherchent aujourd’hui les traces dans les sous-sols des prisons du régime.

    Qui sont les nouveaux maîtres de la Syrie ? Quel peut être l’avenir du pays dans un Moyen-Orient en plein bouleversement ? Les Syriennes et les Syriens dont les proches ont été tué·es ou torturé·es par le régime connaîtront-ils un jour la vérité ? Obtiendront-ils justice ?

    Nos invité·es :

    - Sana Yazigi, créatrice du site Mémoire créative de la révolution syrienne (https://creativememory.org), autrice de Chroniques de la révolte syrienne : des lieux et des hommes, 2011-2015 (Presses de l’Ifpo) : https://www.ifporient.org/978-2-35159-746-0 ;
    - Hanane et Obeida Dabbagh, proches de disparus syriens, qui ont obtenu la condamnation à perpétuité de trois officiels de l’ex régime syrien pour complicité de crimes contre l’humanité, en mai 2024 ;
    - Ziad Majed, politiste, enseignant à l’université américaine de Paris, auteur de Syrie, la révolution orpheline et coauteur de Dans la tête de Bachar al-Assad (éditions Actes Sud) : https://www.actes-sud.fr/dans-la-tete-de-bachar-al-assad ;
    – Gilles Dorronsoro, chercheur au Centre européen de sociologie et de science politique, coauteur de Syrie. Anatomie d’une guerre civile (éditions du CNRS) : https://www.cnrseditions.fr/catalogue/relations-internationales/syrie

    https://www.youtube.com/watch?v=NWXnsQRUtyo


    #Syrie #peur #statues #prisons #système_carcéral #Assad #surveillance #torture #dictature #terreur #clientélisme #clan #solidarité_de_corps #Russie #Iran #atrocités #répression #disparus #renaissance #armes_chimiques #justice #purge #colère #poursuites_judiciaires #HTS #Tahrir_al-Sham #al-Julani #Abu_Mohammad_al-Julani #sanctions #Kurdes #Turquie #souveraineté #Israël #Etat_islamique #Golan #USA #Etats-Unis #influences_étrangères #auto-détermination #complexité #kurdes_syriens #fédéralisme #baasisme #constitution #élections #bases_américaines #milices_turques #libération #procès #crimes_contre_l'humanité #affaire_Dabbagh #prisons_syriennes #destruction_des_corps #arrestations #résistance #révolution_syrienne #impunité #amnistie #détention #charniers #massacres #prisons_secrètes #tortionnaires

    • Creative memory

      Mémoire Créative est un projet à but non lucratif qui vise à documenter, archiver et protéger les œuvres et les événements de l’#oubli, de la #négligence et du #déni. Il s’agit là d’un engagement effectué dans la volonté de témoigner de l’effervescence culturelle et artistique née de la révolution syrienne. Celui-ci s’effectue dans un contexte instable de guerre, de destruction et de remodelage du tissu social. Le projet vise à témoigner, en ces temps troubles, de la construction d’une mémoire de sa révolution ainsi que de la création d’un patrimoine et d’une nouvelle identité culturelle, sociale et politique.

      Toutes les œuvres sont documentées sur le site telles qu’elles sont mentionnées dans leurs sources originales, avec les auteurs respectifs et tous les détails adhérents, y compris les éventuelles erreurs linguistiques. Des liens présents sur notre site, actifs au moment de l’archivage des sources y correspondant, peuvent avoir été désactivés, et ce pour des raisons indépendantes de notre volonté. Nous ne sommes donc pas responsables des suppressions des sources, des modifications et des erreurs qui se produisent après l’archivage.

      https://creativememory.org/fr/archive
      #archive #mémoire #culture #art #caricatures #dessins_de_presse #art_et_politique

    • Chroniques de la #révolte syrienne : des lieux et des hommes, 2011-2015

      Ce livre est une invitation à explorer un pays qui, pris dans une spirale de #violence inouïe, est fragmenté au point d’être devenu étranger à lui-même. Il présente, sous forme documentaire, cinquante villes, villages, communes, banlieues et quartiers syriens qui se sont révoltés en 2011. Ces Chroniques reviennent sur le début du mouvement de révolte, ses vecteurs de mobilisation et ses dynamiques internes. Elles témoignent que le soulèvement initié en mars 2011 a généré une importante créativité et un monde d’initiatives et de projets sociétaux.

      https://www.ifporient.org/978-2-35159-746-0
      #livre #révolution

    • Syrie. Anatomie d’une #guerre_civile

      Voici la première étude sur la guerre civile syrienne faite à partir d’entretiens réalisés en Syrie même et dans les pays voisins.

      #2011 : des centaines de milliers de Syriens de toutes confessions et origines ethniques manifestent pacifiquement pour réclamer la démocratisation du régime. Au bout de quelques mois, la violence de la répression les contraint à prendre les armes et à organiser une contre-société avec des institutions embryonnaires et à regrouper des unités militaires improvisées au sein de l’Armée syrienne libre.

      Après 2013, cette logique inclusive et unanimiste cède progressivement devant la montée des groupes transnationaux comme le PKK et l’État islamique. L’insurrection se fragmente alors avec une polarisation croissante alimentée de l’extérieur. Les groupes les plus modérés sont marginalisés au profit de l’islam politique qui prend des formes de plus en plus radicales et de revendications ethno-nationales kurdes.

      Quels sont les effets de la guerre sur la société syrienne ? Quelles nouvelles hiérarchies communautaires et sociales résultent de la violence généralisée ? Comment les trajectoires sociales des Syriens pris dans la guerre sont-elles affectées ? Comment se structure l’économie de guerre alors que le pays est divisé entre le régime, l’insurrection, le PKK et l’État islamique ?

      Un livre unique qui combine une recherche de terrain – rare sur le confit syrien – et une réflexion théorique novatrice sur les situations de guerre civile.

      https://www.cnrseditions.fr/catalogue/relations-internationales/syrie

    • Affaire Dabbagh

      L’affaire Dabbagh est une affaire criminelle concernant la disparition forcée et la mort sous la torture de #Mazzen_Dabbagh, conseiller principal d’éducation au Lycée français de Damas, et de son fils, #Patrick_Dabbagh, étudiant. Tous deux sont des citoyens franco-syriens, arrêtés à leur domicile à Damas en 2013 par les services de renseignement, victimes de disparition forcée pendant 5 années puis déclarés mort en 2018 par les autorités syriennes.

      En 2024, trois dignitaires syriens sont reconnus coupables de complicité de crime contre l’humanité par la justice française pour l’arrestation arbitraire, la torture et la privation de la vie de Mazzen et Patrick Dabbagh.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Dabbagh

  • Une musicienne arrêtée pour avoir insisté sur le nom « #Dersim »

    L’artiste #Pınar_Aydınlar a été arrêtée à Istanbul pour avoir insisté sur le nom de la province kurde de Dersim qui fut remplacé par le nom turc #Tunceli. Elle est accusée d’avoir fait de « l’#apologie_du_terrorisme ».

    L’artiste Pinar Aydınlar, qui a déclaré « Ce n’est pas Tunceli*, c’est Dersim pour nous » et a ouvert une photo de Seyit Rıza lors d’une réunion tenue à Istanbul, a été arrêtée. Des intellectuels ont été arrêtés dans le cadre de l’enquête du parquet général d’Istanbul sur « l’éloge du crime et du criminel ».

    La musicienne Pınar Aydınlar a été arrêtée après s’être produite sur scène avec une affiche de Seyid Rıza lors de son concert hier dans le cadre du programme « Rassemblements culturels de Tunceli » organisé par la municipalité métropolitaine d’Istanbul (İBB).

    Le parquet général d’Istanbul a ouvert une enquête contre Aydınlar et les organisateurs de l’événement pour « éloge d’un crime et d’un criminel », conformément à l’article 215 du Code pénal turc, ce qui pourrait entraîner une peine de prison pouvant aller jusqu’à deux ans.

    Lors de sa prestation, Aydınlar a exprimé son admiration pour Seyid Rıza, en déclarant : « Je m’incline mille fois avec respect devant la mémoire de Seyid Rıza, qui a dit : « Je ne me suis pas incliné devant vous [à ses bourreaux avant sa pendaison] », et devant la mémoire de ceux que nous avons perdus. Alors que nous ne pouvons même pas visiter la tombe de notre leader ou connaître son emplacement, nous disons encore une fois à ceux qui détruisent la nature de Dersim : « Nous sommes les petits-enfants de Seyid Rıza. Nous sommes ici. »

    Dans une publication Instagram contenant un extrait du concert, Aydınlar a écrit : « Nous sommes les petits-enfants de Seyid Rıza. »

    « Pour nous, c’est Dersim, pas Tunceli », a-t-elle écrit, exprimant son rejet du nom officiel de la ville, une position largement adoptée dans la région.

    Après l’événement, Aydınlar a annoncé sur son compte de réseau social qu’elle avait été placée en détention.

    Seyid Rıza, un chef et une figure religieuse alévie zaza-kurde, a été exécuté le 15 novembre 1937 pour avoir mené une rébellion dans la région de Dersim durant les premières années de la république.

    *Entre 1937 et 1938, l’État turc a massacré près de 70 000 Kurdes alévis dans la région de Dersim et chassé des milliers d’autres tandis qu’il rebaptisait Dersim en « Tunceli » (Main de bronze) du nom de l’opération militaire de l’époque. Dans la foulé, la quasi totalité des noms des localités kurdes du Kurdistan sous colonisation turque ont été remplacés par des noms turcs. Idem pour les prénoms et noms de famille kurdes…

    https://kurdistan-au-feminin.fr/2024/12/13/turquie-une-musicienne-arretee-pour-le-nom-de-dersim
    #Kurdistan #arrestation #toponymie #toponymie_politique #Turquie #Pinar_Aydinlar #kurde

  • En Tunisie, « les prisons sont remplies de migrants subsahariens » condamnés pour « séjour irrégulier » - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/61237/en-tunisie-les-prisons-sont-remplies-de-migrants-subsahariens-condamne

    En Tunisie, « les prisons sont remplies de migrants subsahariens » condamnés pour « séjour irrégulier »
    Par Leslie Carretero Publié le : 18/11/2024
    Depuis quelques semaines, les arrestations dans les rues tunisiennes visant les migrants se sont accentuées. Après leur interpellation, les exilés sont condamnés pour « séjour irrégulier » et écopent de plusieurs mois de détention. La situation est telle que, selon des exilés en contact avec InfoMigrants, « les prisons sont remplies de Subsahariens », enfermés aux côtés de prisonniers de droit commun.
    Un peu plus d’un mois après la réélection du président sortant Kaïs Saïed, avec 90 % des voix, la criminalisation des migrants en Tunisie a pris une nouvelle tournure. Les Noirs vivant dans le pays ne risquent plus seulement d’être abandonnés dans le désert, à la frontière algérienne ou libyenne, après une interpellation. Ils encourent désormais des peines de prison ferme, aux côtés de détenus tunisiens de droit commun.
    Ibrahim* en a fait l’amère expérience. Ce Guinéen de 23 ans sort tout juste du centre de détention de Mornaguia, à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Tunis. Il a été arrêté le 30 octobre dans une rue de la capitale tunisienne. « J’attendais un taxi pour rentrer chez moi quand des policiers m’ont interpellé », rapporte-t-il.
    Koffi*, un Ivoirien de 43 ans, raconte la même histoire. Le 20 octobre, trois policiers en civil sont venus l’arrêter dans l’entreprise de menuiserie pour laquelle il travaille au noir à Tunis, puis l’ont envoyé en prison.
    « Ce genre d’arrestations suivies d’une période d’incarcération, ce n’est pas nouveau. Mais ces derniers temps, c’est récurrent », assure Sakia Traoré, secrétaire fédéral de la Fédération des Ivoiriens en Tunisie (Faci), qui reçoit régulièrement des témoignages de migrants sortis de détention. « Les exilés sont arrêtés dans la rue, les transports en commun ou les gares... À Sousse, Sfax ou Tunis. Cela se passe dans tout le pays ».
    « En ce moment, c’est une véritable chasse à l’homme », lance Ibrahim. « Les policiers ciblent des quartiers où vivent les Subsahariens [comme le quartier Ariana, à Tunis, ndlr] et procèdent à des rafles. Plusieurs de mes amis ont vécu la même mésaventure que moi et certains ont été envoyés en prison deux ou trois fois », signale le Guinéen.Quelques-uns parviennent à éviter une interpellation en échange d’un pot-de-vin. Jean*, demandeur d’asile en Tunisie, a aidé plusieurs personnes à échapper à la prison. « L’autre jour, j’ai donné 100 dinars [près de 30 euros, ndlr] à un policier en civil pour qu’il laisse mon ami. Le lendemain, j’ai fait la même chose avec deux femmes de mon quartier, pour la même somme », raconte cet autre Ivoirien.
    Pour les moins chanceux, le processus reste toujours le même : les migrants interpellés sans titre de séjour sont envoyés quelques heures au poste de police, puis à la prison de Bouchoucha (à l’ouest de Tunis). Cette « maison d’arrêt, où sont regroupées les personnes placées en garde à vue à Tunis, est souvent présentée comme le pire lieu de détention de Tunisie », selon un rapport de l’ONG Avocats sans frontières.Les personnes ne passent que quelques jours dans cette prison, où s’entassent 60 à 70 prisonniers par cellule, avant de comparaître au tribunal.L’entrevue devant le juge se fait à marche forcée, en quelques minutes seulement. Trois questions suffisent aux magistrats pour rendre leur verdict : "Quel est votre identité ? Comment êtes-vous entré en Tunisie ? Avez-vous un titre de séjour ?"Les audiences pour « séjour irrégulier » se déroulent à la chaîne. Lors de son passage au tribunal début novembre, Ibrahim dit s’être retrouvé au côté d’une trentaine de Subsahariens, dont deux mineurs, une dizaine de femmes et une enceinte de huit mois. Tous ont été inculpés car en situation irrégulière sur le territoire tunisien.
    Mais impossible de savoir combien de personnes ont déjà été emprisonnées de cette manière, les autorités tunisiennes refusent de communiquer les chiffres des condamnations pour « séjour irrégulier ».
    Selon la loi n°68-7 du 8 mars 1968, relative à la condition des étrangers en Tunisie, un sans-papiers s’expose à une peine d’"emprisonnement d’un mois à un an et d’une amende de 6 à 120 dinars" (1,80 euros à 36 euros) pour « séjour irrégulier ». Dans les faits, ils sont le plus souvent condamnés à des peines de deux à six mois de prison. Ce texte, ancien mais jusque-là très peu appliqué, semble de plus en plus utilisé par les autorités tunisiennes pour enfermer les migrants en situation irrégulière. « Depuis février 2023 [date d’un discours virulent du président tunisien à l’encontre des Subsahariens, ndlr], on observe une hausse des condamnations pour ce motif. Et cela encore pris de l’ampleur ces dernières semaines », affirme Romadhane Ben Amor, du Forum tunisien économique et social (FTDES). « C’est une manière de criminaliser un peu plus les migrants ».
    Une fois condamnés, les exilés interpellés à Tunis sont ensuite transférés dans la prison de Mornaguia. Ce centre de détention « est rempli de Subsahariens, de toutes les nationalités », alerte Koffi. Pendant deux mois, cet Ivoirien a partagé sa cellule avec quelque 80 migrants dans une « chambre des étrangers », terme qui désigne les cellules occupées uniquement par des Noirs.Ibrahim a, lui, été enfermé 14 jours avec une centaine de personnes, des exilés mais aussi des Tunisiens condamnés pour usage de drogues, vols, ou violences. « Chaque jour, ça rentre, ça sort. Des Noirs sont libérés et d’autres arrivent, toujours pour le même motif. Les Subsahariens ne restent que quelques mois, alors que les Tunisiens passent plusieurs années derrière les barreaux », explique le jeune Guinéen.
    La proximité avec des prisonniers potentiellement dangereux est une épreuve supplémentaire pour les migrants. Dans chaque cellule partagée avec des Tunisiens, un chef – appelé par les détenus « kabran », qui signifie patron en arabe - organise la vie derrière les barreaux. « C’est lui qui fait la loi, on est obligé de faire ce qu’il dit sinon il nous frappe. S’il vous dit de vous coucher à 19h, vous devez dormir. C’est aussi lui qui vous attribue une place dans la cellule », se souvient Ibrahim.
    Comme à l’extérieur, le racisme et les mécanismes de domination ressurgissent dans les établissements pénitentiaires de Tunisie. Les Noirs sont parqués dans un coin de la pièce, le plus souvent près des toilettes. Ils doivent partager des lits à cinq ou six personnes, quand les Tunisiens dorment à deux sur la même couchette. Si la pièce est saturée, des exilés peuvent être contraints de dormir à même le sol.
    « La souffrance que j’ai vue dans les prisons tunisiennes, je ne l’ai jamais vu en Libye »
    Contrairement aux Tunisiens, les migrants n’ont pas de famille en Tunisie et ne peuvent donc pas recevoir de nourriture, de produits d’hygiène ou de vêtements de leurs proches. « Nous, on reste avec les mêmes habits. Pendant deux semaines, j’ai porté le même pantalon et le même tee-shirt », dit Ibrahim. « La nourriture est très mauvaise, on a droit à un seul repas par jour. Donc sans aide extérieur, c’est très dur. En fait, cela sert tout juste à nous maintenir en vie », renchérit Koffi. Les exilés affirment aussi que les prisons tunisiennes sont confrontées à des cas de gale et de tuberculose, et infestées de punaises de lit et de cafards.
    Autant de facteurs qui rendent le séjour des migrants dans les geôles tunisiennes particulièrement traumatisant. Même pour Ibrahim, qui a passé cinq ans dans « l’enfer libyen ». En contact avec InfoMigrants depuis de nombreuses années, le jeune Guinéen a raconté à plusieurs reprises ses différentes incarcérations en Libye, dans les prisons de Tarik el Siqqa ou encore de Zaouia. Des lieux où les violences sont légion et les droits des migrants continuellement bafoués. Et pourtant Ibrahim est catégorique : selon lui, la vie en prison demeure plus difficile en Tunisie qu’en Libye. « La souffrance que j’ai vue à Monarguia, je ne l’ai jamais vue en Libye. C’est vrai que les gardiens libyens sont violents, qu’on est victimes de travail forcé et d’agressions, mais en Tunisie les conditions de vie sont plus dures moralement », confie-t-il. « En Libye, on était tous dans la même situation. Ici, on est incarcéré aux côtés de criminels, de braqueurs… qui sont condamnés à 12 ou 15 ans de prison. Alors que toi tu es là seulement à cause d’un problème de papiers et tu es traité de la même manière qu’eux. Ce pays me fait de plus en plus peur ».

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#incarceration#detention#violence#migrationirreguliere#sante#violence#vulnerabilite#droit

  • #Arrestation et #incarcération d’un doctorant français en #Tunisie. Communiqué du comité de soutien à #Victor_Dupont

    Nous tenons à informer les membres de la communauté académique et scientifique, ainsi que l’opinion publique de la situation particulièrement inquiétante concernant le doctorant Victor DUPONT, inscrit en thèse de science politique depuis 2022 et sous contrat doctoral dans le cadre d’un projet européen (ERC) géré par l’IRD.

    Pour sa thèse, Victor Dupont réalise des recherches sociologiques sur les trajectoires
    biographiques et socioprofessionnelles postrévolutionnaires en Tunisie. C’est un travail de
    sciences sociales reposant principalement sur des enquêtes de terrain, sous la forme d’entretiens semi-directifs, d’observations directes et de consultation d’archives.

    Cette recherche doctorale s’inscrit dans un programme d’excellence labellisé par le Conseil européen de la recherche (ERC). Alors qu’il était depuis quelques jours en mission en Tunisie pour pouvoir faire ses enquêtes de terrain, Victor Dupont a été interpelé, avec l’une de ses amies, le samedi 19 octobre au Kram (banlieue nord de Tunis), par les services de sécurité tunisiens, puis immédiatement placé en garde à vue.
    Le lundi 21 octobre, Victor Dupont a été déféré devant la justice militaire tunisienne (fait
    inédit pour un universitaire) pour une affaire d’atteinte à la sûreté de l’État. Le juge a requis
    un mandat de dépôt. Depuis ce jour, Victor Dupont et son amie sont incarcérés en
    attendant d’être jugés devant un tribunal militaire.
    Le comité de soutien à Victor Dupont demande aux autorités françaises d’utiliser tous leurs canaux de médiation et de négociation auprès des autorités tunisiennes pour parvenir à la libération immédiate du doctorant et de son amie.
    Le comité de soutien interpelle les institutions européennes, du fait que le programme scientifique dans lequel est engagé Victor Dupont relève du Conseil européen de la recherche (ERC) et donc de la coopération UE-Tunisie.

    Le comité de soutien, enfin, appelle la communauté universitaire, les associations professionnelles, les groupements d’intérêt scientifique, les syndicats d’enseignants chercheurs et d’étudiants à se mobiliser massivement pour exiger la libération de Victor Dupont, jeune doctorant, totalement dévoué à son travail de thèse.

    https://victordupont.hypotheses.org

    #ESR #recherche #université #pétition #soutien

    voir aussi, via @rumor :
    https://seenthis.net/messages/1080774

  • Comment des migrants sont abandonnés en plein désert en #Afrique

    Une enquête de plusieurs mois menée par « Le Monde », le média à but non lucratif « Lighthouse Reports » et sept médias internationaux montre comment des dizaines de milliers de migrants en route vers l’Europe sont arrêtés et abandonnés en plein désert au Maroc, Tunisie et Mauritanie.

    https://www.dailymotion.com/video/x8yrqiy

    #vidéo #migrations #désert #abandon #Mauritanie #Maroc #Tunisie #réfugiés #externalisation #frontières #rafles #racisme_anti-Noirs #Fès #déportations #Rabat #forces_auxiliaires #refoulements #arrestations_arbitraires #enlèvements #centres_de_détention #Ksar #détention_administrative #Espagne #bus #Algérie #marche #torture #Gogui #Mali #accords #financements #expulsions_collectives #Nouakchott #forces_de_l'ordre #Sfax #Italie #équipement #aide_financière #UE #EU #Union_européenne #forces_de_sécurité #gardes-côtes #gardes-côtes_tunisiens #droits_humains #droits_fondamentaux

    ping @_kg_

  • En #Tunisie, la #répression s’accentue sur les migrants subsahariens et les associations qui les soutiennent

    Originaires d’Afrique de l’Ouest ou de l’Est, plusieurs centaines d’hommes, de femmes et d’enfants ont été expulsées vers les frontières du pays.

    Il était 2 heures du matin, vendredi 3 mai, lorsque les agents des forces de l’ordre se sont présentés devant le campement de migrants, installé en face du siège de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), dans le quartier des berges du Lac à Tunis. « On était tous couchés, on dormait. D’un coup, il a fallu fuir », se souvient Simon, un exilé camerounais de 21 ans qui préfère utiliser un nom d’emprunt. Lui a réussi à échapper à la police. « Mais ceux qui n’y sont pas parvenus ont été arrêtés. Nous sommes toujours sans nouvelle de certains d’entre eux », dit-il, toujours à la rue.

    Ils étaient des centaines, originaires principalement de pays d’Afrique de l’Ouest, à dormir dehors dans l’attente d’une assistance de l’OIM pour un retour volontaire dans leur pays. « On veut juste rentrer chez nous, assure Simon qui a déposé en décembre 2023 une demande pour être rapatrié au Cameroun. On ne comprend pas pourquoi ils ont fait ça. On était calmes, on n’a agressé personne, on n’a rien fait de mal. »

    Plus loin, au bout de la rue, plusieurs centaines d’exilés – des hommes, des femmes et même des enfants majoritairement originaires du Soudan et de pays d’Afrique de l’Est en proie à la guerre – étaient installées dans les allées d’un jardin public en attendant d’obtenir une protection internationale.
    Des expulsions collectives

    D’autres avaient planté leurs tentes à quelques centaines de mètres de là, devant le siège du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Des dizaines de personnes exilées, installées dans la Maison des jeunes depuis à la fermeture du camp de Choucha en 2017, ont également été délogées, dans la banlieue de La Marsa.

    Au total, près de 80 mandats de dépôt ont été émis à l’encontre des personnes arrêtées au cours du week-end et au moins plusieurs centaines d’entre elles ont été expulsées vers les frontières du pays, selon plusieurs ONG. Cette évacuation coordonnée et de large ampleur fait suite à d’autres opérations similaires dans la région de Sfax la semaine passée.

    Lundi 6 mai, au cours d’un conseil de sécurité, le président Kaïs Saïed a reconnu pour la première fois des expulsions collectives de la part des autorités tunisiennes, précisant que « 400 personnes » ont été renvoyées vers « la frontière orientale », en « coordination continue » avec les pays voisins.

    « Nous assistons à une répression tous azimuts des populations noires migrantes qui continuent de subir des abus systématiques de leurs droits », dénonce Salsabil Chellali, directrice du bureau de Human Rights Watch à Tunis. Elle souligne que, de manière générale, les arrestations et les expulsions menées par les autorités se font « sans aucune évaluation au cas par cas du statut » des exilés, « en dehors de tout Etat de droit et cadre légal », simplement car « ces personnes sont identifiées comme noires et comme venant de pays africains ».
    « Hordes de migrants clandestins »

    Depuis le discours du président Kaïs Saïed, en février 2023, au cours duquel il avait désigné les « hordes de migrants clandestins » comme complice d’un complot visant à modifier l’identité arabo-islamique du pays, les autorités tunisiennes ont opéré un virage sécuritaire dans la gestion des migrants africains subsahariens.

    La répression à leur encontre s’est élargie ces derniers jours aux organisations de la société civile. Saadia Mosbah, présidente de Mnemty, une association de lutte contre les discriminations raciales, a été arrêtée lundi 6 mai sur la base de la loi relative à la lutte contre le terrorisme et à la répression du blanchiment d’argent et placée en garde à vue.

    Activiste tunisienne noire et figure de la lutte antiraciste en Tunisie, Mme Mosbah s’était montrée très critique envers les politiques anti-migrants du président Kaïs Saïed depuis plus d’un an. Un autre membre de l’association a été entendu dans le cadre de l’enquête, mais a été laissé en liberté. Leurs bureaux ont été perquisitionnés.

    L’organisation Terre d’asile Tunisie (TAT), section tunisienne de France terre d’asile, a elle aussi reçu la visite des fonctionnaires de police dans ses bureaux de Tunis et de Sfax. Son ancienne directrice, Sherifa Riahi, a été entendue puis placée en garde à vue sur la base de la même loi utilisée contre Mme Mosbah, confie au Monde une source sous couvert d’anonymat. Quatre personnes ont été entendues, « sans que cela donne lieu à une arrestation ».

    Le président et le vice-président du Conseil tunisien des réfugiés (CTR) ont eux aussi été arrêtés, placés sous mandat de dépôt à l’issue de leur garde à vue. Ils sont accusés d’« associations de malfaiteurs dans le but d’aider des personnes à accéder au territoire tunisien », selon une déclaration du parquet, alors que le CTR assiste le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés dans l’enregistrement des demandeurs d’asile, avec l’aval des autorités en l’absence de loi encadrant le droit d’asile en Tunisie.
    « Faire peur aux associations »

    Le président du Conseil tunisien des réfugiés (CTR) et l’un de ses collègues ont eux aussi été arrêtés. Selon la radio privée Mosaïque FM, ils sont accusés d’aide à l’hébergement de migrants en situation irrégulière, alors même que cette organisation assiste le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés dans l’enregistrement des demandeurs d’asile, avec l’aval des autorités en l’absence de loi encadrant le droit d’asile en Tunisie.

    « C’est un nouveau cap franchi dans la répression, s’alarme Salsabil Chellali. Les autorités veulent faire peur aux associations qui mènent des actions pour atténuer un tant soit peu la souffrance des migrants et demandeurs d’asile et de mettre fin à toute assistance qu’ils peuvent recevoir en Tunisie. Ça ne fait qu’exacerber les conditions vulnérables dans lesquelles ils sont. »

    Dans son discours lundi soir, M. Saïed a fustigé des associations qui « reçoivent d’énormes sommes d’argent de l’étranger ». « Il n’y a pas de place pour des associations qui pourraient remplacer l’Etat », a-t-il affirmé, qualifiant par ailleurs les dirigeants de ces associations de « traîtres » et d’« agents ».

    M. Saïed a aussi répété « aux chefs d’Etat » et « au monde entier », comme il l’a fait de nombreuses fois, que « la Tunisie n’est pas une terre pour installer ces gens et qu’elle veille à ce qu’elle ne soit pas également un point de passage pour eux vers les pays du nord de la Méditerranée ».

    Tout en refusant d’accueillir les migrants, les autorités tunisiennes continuent pourtant de les empêcher de rejoindre l’Europe moyennant un soutien financier et logistique de l’Union européenne. Entre le 1er janvier et le 15 avril, 21 270 migrants ont ainsi été interceptés en mer par la Garde nationale, contre 13 903 sur la même période en 2023, selon les chiffres communiqués par son porte-parole, Houssem Jebabli, à l’agence de presse Nova.

    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/05/08/en-tunisie-la-repression-s-accentue-sur-les-migrants-subsahariens-et-les-ass
    #migrations #anti-migrants #expulsions #expulsions_collectives #réfugiés #arrestations

    ping @_kg_

    • Nella Tunisia di Saied adesso viene colpito chi aiuta i migranti

      Perquisizioni nelle sedi di importanti organizzazioni umanitarie e arresti di attivisti, mentre Italia e Ue continuano a elargire fondi. Continuano le deportazioni dei cittadini stranieri nelle zone desertiche al confine con Algeria e Libia

      Fin dove si spingerà Kais Saied? Chi lavora in ambito migratorio a Tunisi si pone questa domanda da tempo. Il 21 febbraio 2023 il presidente della Repubblica ha accusato le persone di origine subsahariana e sudanese di stare compiendo una sostituzione etnica nel paese. Successivamente, nel luglio dello stesso anno, sono arrivate le strette di mano con la premier Giorgia Meloni e la presidente della Commissione europea Ursula von der Leyen per la firma del memorandum d’intesa, mentre il ministero degli Interni attuava vere e proprie deportazioni di migliaia di migranti verso le zone desertiche ai confini con Algeria e Libia.

      Le deportazioni continuano ancora oggi. Saied, invece, ha rivolto l’attenzione verso tutti coloro che si occupano di migrazioni: «La Tunisia non sarà una terra d’insediamento per questi immigrati e non è neanche un punto di passaggio per loro. Ci sono degli individui che hanno ricevuto dei soldi nel 2018 per portare qui queste persone. Enormi somme di denaro sono arrivate dall’estero a favore degli immigrati africani e a profitto di reti e associazioni che pretendono falsamente di proteggere queste persone», ha dichiarato il presidente durante il Consiglio di sicurezza del 6 maggio scorso.

      SAIED È PASSATO presto dalle parole ai fatti. Nell’ultima settimana quattro persone di tre organizzazioni diverse sono state poste in custodia cautelare con capi di accusa che vanno dall’associazione a delinquere con il fine di aiutare le persone a entrare illegalmente in Tunisia al riciclaggio di denaro e appropriazione indebita. Si tratta di due esponenti del Centro tunisino per i rifugiati (Ctr) che lavora a stretto contatto con l’Alto commissariato delle Nazioni Unite per i rifugiati (Unhcr), all’interno di un quadro giuridico estremamente precario in quanto il paese manca di una legislazione sul diritto d’asilo; della ex presidente di Terre d’Asile in Tunisia Sherifa Riahi e di Saadia Mosbah, uno dei volti più conosciuti della società civile locale per la sua attività di sensibilizzazione contro il razzismo e presidente dell’associazione Mnemty.

      I dettagli della messa in applicazione di queste disposizioni rappresentano un precedente a cui la società civile tunisina potrebbe abituarsi molto presto. I locali di Terre d’Asile sono stati perquisiti a Sfax, Sousse e Tunisi. La stessa sorte è capitata all’ufficio di Mnemty e all’abitazione di Mosbah. Nonostante un quadro altamente frammentato e a rischio per chi decide di andare contro le disposizioni presidenziali, le reazioni non sono mancate. Romdhane Ben Amor, portavoce del Forum tunisino per i diritti economici e sociali, ha dichiarato che «la Tunisia sta aggravando la crisi e promuove l’idea che non ci sia una soluzione». Si è espresso duramente anche Bassem Trifi, presidente della Lega tunisina dei diritti umani, organizzazione che vinse il premio Nobel per la pace nel 2015.

      AL DI LÀ DELLA CRONACA è importante capire dove si inserisce l’ulteriore stretta autoritaria del presidente Kais Saied. Da inizio anno la Garde nationale ha dichiarato di avere intercettato in mare 21.270 persone, 9mila in più rispetto al 2023. Un dato preoccupante sia per il piccolo Stato nordafricano, diventato un hub strategico di primo piano per le partenze, ma anche per l’Europa e per l’Italia in particolare, impegnate a finanziare in maniera sempre più importante le politiche securitarie della Tunisia.

      Una soluzione per garantire gli interessi delle due sponde del Mediterraneo sono le deportazioni verso il deserto. Da quasi un anno migliaia di persone sono state caricate sui bus e lasciate a loro stesse in aree disabitate lungo i confini del paese con l’Algeria e la Libia. Un meccanismo attuato dal ministero degli Interni su tutto il territorio nazionale, con una particolare attenzione a Sfax, seconda città della Tunisia dove il fenomeno migratorio è più accentuato. L’ultimo caso risale alla mattina del 3 maggio di fronte ai locali dell’Organizzazione internazionale per le migrazioni (Oim) e dell’Unhcr a Tunisi dove centinaia di persone in attesa del rimpatrio volontario o che godevano di qualche forma di “protezione” avevano trovato un rifugio precario costruito con tende di fortuna. Un imponente intervento securitario ha evacuato la zona, arrestato circa 80 persone e deportato almeno altre 200, secondo la ricostruzione di Refugees in Libya.

      ANCHE IN QUESTO CASO urge andare oltre la cronaca. La sensazione che emerge da questo ulteriore restringimento presidenziale è che da ora in avanti occuparsi di migrazione e documentare possibili abusi diventerà sempre più complicato, soprattutto in quelle zone periferiche dove le violazioni avvengono. A partire proprio da Sfax: in questa città da più di un mese sono aumentati i raid della polizia nei confronti della popolazione subsahariana e sudanese.

      https://ilmanifesto.it/nella-tunisia-di-saied-adesso-viene-colpito-chi-aiuta-i-migranti

    • En Tunisie, arrestation de deux autres chroniqueurs pour avoir critiqué la situation du pays

      #Borhen_Bssais, présentateur à la télévision et à la radio, et #Mourad_Zeghidi, chroniqueur, ont été interpellés samedi soir, tout comme #Sonia_Dahmani, avocate et chroniqueuse.

      Au lendemain de l’arrestation musclée de l’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani poursuivie pour des motifs similaires, la justice tunisienne a décidé, dimanche 12 mai, de placer en détention deux chroniqueurs qui ont émis des critiques sur la situation du pays, a appris l’Agence France-Presse (AFP) auprès d’un avocat.

      Interpellés samedi soir, Borhen Bssais, présentateur à la télévision et à la radio et Mourad Zeghidi, chroniqueur, « font l’objet d’un mandat de dépôt de quarante-huit heures », selon Me Ghazi Mrabet. « Ils devront comparaître devant un juge d’instruction », a-t-il ajouté à l’AFP. Selon l’avocat, M. Zeghidi est poursuivi « pour une publication sur les réseaux sociaux dans laquelle il soutenait un journaliste arrêté [Mohamed Boughalleb, condamné à six mois de prison pour diffamation d’une fonctionnaire] et des déclarations lors d’émissions télévisées depuis février ».

      Mourad Zeghidi est commentateur politique à la télévision et travaille avec Borhen Bssais, qui présente des programmes sur des chaînes de radio et télévision privées. Les motivations exactes de l’arrestation de M. Bssais ne sont pas établies mais, selon l’avocat, il aurait été arrêté aussi en vertu de l’article 54, promulgué en septembre 2022 par le président tunisien, Kaïs Saïed, pour réprimer la production et diffusion de « fausses nouvelles », mais critiqué par les défenseurs des droits humains car sujet à des interprétations très larges.

      Poursuite de plus de soixante critiques du pouvoir

      En un an et demi, plus de soixante personnes parmi lesquelles des journalistes, des avocats et des opposants à M. Saïed, auteur d’un coup de force en juillet 2021 par lequel il s’est octroyé les pleins pouvoirs, ont fait l’objet de poursuites sur la base de ce texte, selon le Syndicat national des journalistes.

      C’est en vertu du même décret 54 que l’avocate Sonia Dahmani fait l’objet de poursuites et a été arrêtée samedi soir à la suite d’une intervention ironique à la télévision, alors qu’elle s’était réfugiée à la Maison des avocats. La scène a été filmée en direct par une équipe de la télévision publique française France 24 mais a été interrompue par l’intervention de policiers encagoulés.

      Jeudi, l’avocate avait reçu une convocation, à laquelle elle n’a pas donné suite, pour comparaître devant un juge d’instruction sans que les motifs soient précisés, à la suite d’une intervention ironique à la télévision. L’ordre national des avocats a condamné devant la presse samedi soir ce qu’elle a décrit comme « une invasion [de son siège] et une agression flagrante », exigeant la libération immédiate de Mme Dahmani et annonçant une grève régionale à partir de lundi.

      France 24 a protesté dans un communiqué contre le fait ces policiers aient « arraché la caméra de son trépied » et arrêté pour « une dizaine de minutes » son caméraman. La chaîne francophone internationale a condamné « fermement cette entrave à la liberté de la presse et cette intervention brutale et intimidante des forces de l’ordre empêchant ses journalistes d’exercer leur métier ».

      Lors d’une émission de télévision, mardi, Sonia Dahmani avait lancé d’une façon ironique « de quel pays extraordinaire parle-t-on ? », en réponse à un autre chroniqueur qui affirmait que les migrants venus de plusieurs pays d’Afrique subsaharienne cherchaient à s’installer en Tunisie, une déclaration jugée par des internautes comme « dégradante » pour l’image du pays.
      Répression des migrants subsahariens et de leurs soutiens

      Par ailleurs, plusieurs ONG d’aide aux migrants ont subi des contrôles la semaine passée et la présidente de l’association antiraciste Mnemty (« mon rêve »), Saadia Mosbah, a été placée en garde à vue le 6 mai pour des soupçons de blanchiment d’argent.

      Mme Mosbah et son association avaient été en première ligne dans la défense des migrants d’Afrique subsaharienne en Tunisie après un violent discours en février 2023 du président Saïed dénonçant l’arrivée de « hordes de migrants clandestins » dans le cadre d’un complot « pour changer la composition démographique » du pays.

      Lundi, M. Saïed a répété que son pays « ne sera[it] pas une terre pour implanter ces gens-là » et « veillera[it] à ne pas être un point de passage ». Il s’en est également pris à « des associations et organisations » qui reçoivent, selon lui, « des sommes astronomiques de l’étranger ». Avec la Libye, la Tunisie est l’un des principaux points de départ de l’émigration clandestine en direction de l’Italie.

      Une manifestation à l’appel de la coalition d’opposition Front de salut national pour réclamer « des élections libres et équitables » cet automne, et « la fin de la destruction systématique du pays », a rassemblé environ trois cents personnes dimanche, selon des journalistes de l’AFP. « Stop Etat policier » ou « Dégage, dégage Kaïs Saïed ! », scandaient les manifestants.

      https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/05/12/en-tunisie-arrestation-de-deux-autres-chroniqueurs-pour-avoir-critique-la-si

    • Inquiétante arrestation d’une militante antiraciste en Tunisie

      Le pouvoir tunisien durcit un peu plus le ton sur la question des migrants subsahariens... Il s’en prend désormais aux ONG qui les aident !

      La garde à vue de Saadia Mosbah est inquiétante à bien des égards. Elle a fait sienne la cause des Tunisiens et des Tunisiennes qui, comme elle, sont noirs. Elle est également très active dans la défense des droits des migrants d’Afrique subsaharienne. Chaque année, des milliers d’entre eux rejoignent les côtes de la Tunisie pour tenter la traversée vers l’Europe.

      Leur présence est un sujet explosif dans le pays et une cible de choix pour le président Kaïs Saïed. Il dénonce « des hordes de migrants clandestins » venus pour modifier la composition démographique du pays. Le grand remplacement, version tunisienne. Résultat : les tensions sont vives entre une partie de la population et les migrants.

      L’année dernière la police tunisienne en a arrêté des centaines avant de les conduire dans le désert, dans un no man’s land près des frontières libyenne et algérienne. Des hommes, des femmes, des enfants, parfois des bébés...sans vivre. Plusieurs d’entre eux sont morts.

      Parmi les voix qui s’élèvent, celle de Saadia Mosbah, véritable égérie du mouvement antiraciste en Tunisie. C’est elle qui vient d’être arrêtée, ainsi que l’ancienne présidente de la branche locale de France Terre d’Asile.

      Ce qui leur est reproché

      Selon la presse tunisienne, les deux femmes auraient été placées en garde à vue pendant plusieurs jours pour de possibles violations d’une loi contre le terrorisme et le blanchiment d’argent. En début de semaine, le président tunisien a lancé une charge violente contre les organisations qui aident les migrants. Kaïs Saïed reproche à ces ONG de toucher beaucoup d’argent de l’étranger. Il les a qualifiés de « traîtres » et les accuse d’essayer d’implanter les migrants subsahariens en Tunisie.

      Une menace pour les Tunisiens noirs

      Si Saadia Mosbah défend les droits des migrants, elle s’est surtout fait connaître en brisant un tabou. Celui des discriminations raciales en Tunisie.

      Par son combat, elle a largement contribué à faire que son pays soit le premier du monde arabe à adopter une loi contre le racisme. Votée en 2018, elle prévoit des amendes, voire même de la prison pour des faits de discrimination raciale. A ce jour, elle reste très rarement appliquée.

      Le président, pourtant un juriste de formation, ne semble pas la connaître ou s’en préoccuper. Pour les Tunisiens descendants d’esclaves qui constituent 10 à 15% de la population selon l’ONG que dirige Saadia Mosbah, son arrestation est un recul de plus dans un contexte particulièrement tendu.

      https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/les-histoires-du-monde/histoires-du-monde-du-vendredi-10-mai-2024-7541609

    • Tunisie. Haro sur les migrants subsahariens et leurs soutiens

      Avalanche d’arrestations, à commencer par celle de Saadia Mosbah, figure emblématique de la lutte antiraciste, suivie entre autres de celle de l’avocate Sonia Dahmani en raison d’un commentaire sur un plateau de télévision. Le monde associatif et les intervenants médiatiques critiques du discours présidentiel sont dans le viseur des autorités. Le tout dans une atmosphère de retour à la chasse aux migrants.

      Dans une vidéo postée lundi 6 mai sur la page Facebook officielle de la présidence de la République, le président Kaïs Saïed annonce lors d’une réunion du Conseil national de sécurité que les autorités tunisiennes ont repoussé vers « la frontière Est », c’est-à-dire du côté de la Libye, près de 400 migrants subsahariens qui avaient tenté d’entrer en Tunisie par le pays voisin. Ces chiffres lui font réitérer que la Tunisie ne sera pas une terre d’accueil ni de transit pour les migrants en « situation irrégulière ». Une annonce qui advient plus d’un an après un communiqué de la présidence dénonçant la « horde de migrants subsahariens » visant à « modifier la composition démographique et l’identité du pays » et qui avait ouvert les vannes d’une campagne de racisme sans précédent.

      Ce discours est prononcé après plusieurs jours de campagnes sécuritaires pour contrôler et arrêter les migrants en situation irrégulière. En cause, de multiples facteurs. Il y a eu la visite le 17 avril de la présidente du conseil italien Giorgia Meloni, la quatrième en moins d’un an pour parler, entre autres, des arrivées de migrants irréguliers à Lampedusa, la Tunisie étant depuis 2018 l’une des principales zones de départs des bateaux.

      Sur le plan local, le mécontentement de nombreux habitants s’est amplifié dans la région de Sfax, près des oliveraies après la dégradation de biens agricoles et certaines tensions avec les migrants qui vivent depuis des mois sur place, dans une situation sanitaire et sociale plus que précaire. Durant la campagne sécuritaire de 2023, les migrants subsahariens – parfois même des immigrés en situation régulière — ont été chassés de leurs logements et beaucoup, dont le travail informel a longtemps été toléré par l’État, ont perdu leur emploi, ce qui a rendu leur situation encore plus fragile. Chassés des grandes villes, ils se sont retrouvés dans les zones rurales, comme dans la région de Sfax, où ils ont utilisé des bâches et autres matériels agricoles pour camper et se protéger des intempéries, provoquant ainsi la colère des habitants des oliveraies sur place. La majorité de ces derniers soutiennent d’ailleurs les opérations de police, et une manifestation de plusieurs centaines de personnes a eu lieu à Sfax samedi 4 mai pour réclamer le « départ » des migrants.

      UNE AIDE CRIMINALISÉE

      Mais cette fois, un autre élément s’est introduit dans le débat autour de la gestion des arrivées dans le pays. Les associations venant en aide aux migrants sont désormais dans le viseur des autorités. La militante tunisienne noire Saadia Mosbah, critique vis-à-vis de la politique migratoire du gouvernement et présidente de l’association de lutte contre les discriminations raciales Mnemty, a été arrêtée le jour du discours présidentiel, ainsi qu’un autre membre de l’association, sur fond de suspicions de « blanchiment d’argent ». Cette figure importante de la lutte antiraciste en Tunisie a contribué à l’élaboration de la loi pénalisant le racisme dans le pays votée en 2018. Elle a également fait partie des mobilisations contre la politique répressive à l’égard des migrants après le communiqué polémique de la présidence en février 2023.

      En juillet, lors d’une manifestation pour dénoncer les déportations de migrants subsahariens dans le désert libyen, elle déclare : « Si la leçon d’humanité est de mettre les migrants aux portes du désert avec plus de 50 degrés à l’ombre, on se demande où on va ». Elle critiquait alors les propos tenus par Kaïs Saïed le 10 juin lors d’une visite dans la ville de Sfax où se trouvaient des migrants à la rue, expulsés de leur logement. Il avait en effet déclaré : « Nous sommes capables de donner des leçons d’humanité à ceux qui n’en ont pas », soulignant que la solution à la migration devait être « humaine et collective » et respecter la souveraineté de l’État. Durant l’été 2023, plusieurs milliers de migrants se sont retrouvés déplacés dans le désert libyen et à la frontière algérienne, laissés à l’abandon pendant plusieurs jours, souvent sans eau ni nourriture. Plusieurs dizaines sont morts selon les chiffres des ONG1. La photo d’une mère et de sa fille, Fati Dasso et Marie mortes de déshydratation dans le désert, avait particulièrement choqué. Des expulsions que l’État tunisien n’a jamais officiellement reconnus, remettant même en question la véracité de certains clichés.

      Moins d’un an plus tard, en plus de la reprise des évacuations forcées de migrants subsahariens, les membres des associations qui leur viennent en aide sont considérés comme des « traîtres » et des « mercenaires » selon les mots du président, qui a accusé dans son discours — sans les nommer – les organisations qui reçoivent d’importants financements étrangers et « ne devraient pas se substituer à l’État tunisien ».Avant son arrestation, Saadia Mosbah a été la cible de campagnes de haine sur les réseaux sociaux. Elle et son collègue ont été questionnés sur la base de la loi relative à la lutte contre le terrorisme et au blanchiment d’argent. La garde à vue de Saadia Mosbah a été prolongée de cinq jours le samedi 11 mai. Son collègue a quant à lui été libéré.

      DES HOMMES CAGOULÉS POUR UNE ARRESTATION MUSCLÉE

      Le président du Conseil tunisien pour les réfugiés et son vice-président sont également arrêtés le 3 mai après la publication d’un appel d’offres destiné à des hôtels pouvant héberger des personnes en situation irrégulière. Ils ont été placés sous mandat de dépôt et accusés d’associations de malfaiteurs dans le but d’aider des personnes à accéder au territoire tunisien.

      L’ex-directrice de la branche tunisienne de l’ONG française Terre d’asile, Cherifa Riahi est également placée en garde à vue, bien qu’elle ait quitté ses fonctions depuis 2022. D’autres associations venant en aide aux migrants ou travaillant sur la question migratoire ont reçu des visites des autorités et ont été questionnées. Depuis plusieurs mois, une grande majorité travaille d’ailleurs sans exposition médiatique afin d’éviter les campagnes de diffamation sur les réseaux sociaux, mais aussi parce que l’aide aux migrants est désormais criminalisée.

      Un homme a été arrêté le 7 mai à Thala, au centre-ouest du pays, pour avoir hébergé des migrants en échange d’une compensation financière. Idem à Monastir où la garde nationale a arrêté deux Tunisiens pour les mêmes raisons. Les campagnes sécuritaires se poursuivent, 24 migrants en situation irrégulière ont été arrêtés à Monastir, et 60 à Sousse. Ils font l’objet d’un mandat de dépôt pour « entrée illégale » sur le territoire tunisien et « avoir fait partie d’un rassemblement de nature à troubler l’ordre public ».

      Dans ce contexte déjà tendu, durant le week-end du 10 au 12 mai, la répression est montée d’un cran sur le plan politique. L’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani, sous le coup d’un mandat d’amener pour des propos sarcastiques tenus sur la situation en Tunisie, s’est réfugiée à la Maison de l’avocat à Tunis vendredi soir. Le lendemain, elle y a fait l’objet d’une arrestation musclée par des hommes cagoulés. L’opération a été filmée en direct sur la chaîne France 24, dont le journaliste a ensuite été pris à partie par la police, toujours en direct, et sa caméra cassée. Quelques heures après cette intervention, les journalistes de la radio IFM, Borhen Bsaiess et Mourad Zeghidi ont été également arrêtés et sont actuellement toujours en garde à vue. Ils ont été questionnés sur le contenu de leurs analyses politiques effectuées sur les plateaux de la radio.

      Alors que les avocats sont montés au créneau lundi pour dénoncer l’arrestation de leur collègue, appelant à une grève générale de leur secteur, l’étau se resserre sur la profession qui avait déjà protesté et décrété une journée de grève le 2 mai pour dénoncer les pressions grandissantes sur leur profession et le sort de certains de leurs confrères qui se trouvent en prison. Dans la nuit du lundi au mardi, une nouvelle descente a été effectuée à la Maison de l’avocat par les forces de l’ordre qui y ont arrêté maître Mehdi Zagrouba pour le motif d’« outrage à un fonctionnaire ».

      INTERROGATIONS AU PARLEMENT

      Ces coups de filets à l’encontre de la société civile qui aide les migrants, mais aussi contre les robes noires et les journalistes témoignent de la volonté des autorités de contenir un débat de plus en plus sensible, celui de la gestion de la migration, facteur de tensions au sein d’une population en grande majorité encore acquise à Kaïs Saïed.

      Au parlement – élu avec 11 % des suffrages et dénoncé comme illégitime par l’opposition -, pendant une séance plénière le mardi 7 mai, certains députés ont par exemple questionné l’efficacité de la gestion sécuritaire de la migration, même si beaucoup soutiennent le président et optent pour la même rhétorique sur la migration irrégulière. « Nous avons vu des files d’attentes devant les guichets de Western Union où les migrants reçoivent des fonds de l’étranger, a déclaré la députée Besma Hammami, nous voyons bien qu’ils sont financés et diligentés par l’extérieur (…). Il y a un plan pour qu’ils s’installent en Tunisie durablement ». Un autre député, Fadhel Ben Torkia, réclame plus de transparence de la part des autorités sur le nombre de migrants en Tunisie :

      Pourquoi le gouvernement ne nous répond pas ou ne nous rencontre pas pour parler de ce problème ? (…) on entend parler de 20 000 migrants, voire 60 000, sans jamais avoir de chiffres exacts.
      Certains députés ont aussi demandé la publication du contenu de l’accord bilatéral signé en avril, à l’occasion de la visite de Giorgia Meloni2, entre la Tunisie et l’Italie pour lutter contre la migration, de même que la publication des résultats du sommet tripartite entre la Tunisie, la Libye et l’Algérie tenu le 25 avril à Tunis, pendant lequel les chefs d’État ont assuré vouloir coordonner leurs efforts en vue de lutter contre la migration irrégulière.

      Ce questionnement sur le déni de communication des autorités par un Parlement dont les pouvoirs demeurent très restreints selon la Constitution montre que la question migratoire suscite également des critiques au sein d’une classe politique habituellement alignée sur la ligne de Kaïs Saïed. L’ancienne députée Leila Hadded, membre du parti nationaliste arabe et du mouvement Echâab, a déclaré à la radio privée IFM le 9 mai3 qu’il fallait s’interroger sur un possible « échec sécuritaire » à contrôler la vague migratoire en Tunisie. « Où sont nos forces de sécurité, notre armée ? Il n’y a aucune réponse qui éclaire les Tunisiens (…). Il faut expliquer pourquoi nous en sommes arrivés là », interpelle-t-elle.

      IMPORTATION DE LA THÉORIE DU GRAND REMPLACEMENT

      Pour l’historien spécialisé dans la migration et maître de conférences à l’université de Tunis Riadh Ben Khalifa, ces débats montrent bien les problèmes de perception et de représentation de la question migratoire en Tunisie.

      Étant donné qu’il n’y a pas de politique migratoire en Tunisie mais plutôt une gestion sécuritaire qui fonctionne au coup par coup, les représentations sont faussées. Par exemple, la question de « l’invasion » des migrants qui est souvent agitée et les différents chiffres sur le nombre de migrants subsahariens faussent la perception. On voit beaucoup de migrants concentrés dans un lieu et notamment dans les zones urbaines, d’où le sentiment d’un très grand nombre.
      Sans compter les débats sur les réseaux sociaux qui ne cessent de véhiculer les théories complotistes autour de la migration, des « théories elles-mêmes importées d’Europe, proches de celles du Grand remplacement », précise Riadh Ben Khalifa4.

      Alors que les campagnes sécuritaires actuelles donnent cours à l’incurie raciste, les vraies questions peinent à être posées selon Riadh Ben Khalifa, notamment sur le rôle des associations dans la gestion migratoire et les amalgames : « Il faut faire la différence entre celles qui travaillent et qui sont reconnues et celles qui font le jeu des autorités européennes en poussant la Tunisie à devenir une sorte de hotspot pour la migration ». L’enseignant-chercheur ajoute que la Tunisie n’ayant pas de loi relative à la demande d’asile et au statut de réfugié, le gouvernement a confié à des représentations onusiennes le rôle de se charger de cette question. Or, « certaines de ces organisations ont vu leur budget se réduire avec la guerre en Ukraine et assurent de moins en moins leur rôle ».

      « ICI C’EST L’ALGÉRIE, VA-T’EN »

      Alors que vendredi 3 mai au soir, les camps de fortune de migrants installés devant le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) étaient démantelés par les autorités, « le silence de ces organismes était assez assourdissant », se désole Romdhane Ben Amor du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES). Notamment sur le sort des réfugiés soudanais présents parmi les migrants, et éligibles à une demande d’asile. Selon les chiffres du HCR, ils sont de plus en plus nombreux depuis 2023 à arriver en Tunisie en raison de la guerre civile au Soudan. « Aucune solution durable n’a été trouvée pour les Soudanais, et pour nous, il y a une responsabilité partagée entre l’État mais aussi les représentations onusiennes qui ne réagissent pas », constate Romdhane Ben Amor.

      L’OIM a communiqué le 9 mai sur les retours volontaires de migrants en situation irrégulière qu’elle facilite avec les autorités tunisiennes, notamment celui de 161 Gambiens ayant accepté une prise en charge d’aide au retour volontaire. La communication était identique l’année passée après les expulsions de leur logement de migrants subsahariens. En 2023, l’OIM a aidé 2 557 migrants à rentrer volontairement depuis la Tunisie vers leur pays d’origine, une augmentation de 45 % par rapport à 2022.

      Devant le siège de l’organisme ce 9 mai, alors que des maçons sont en train de repeindre la façade d’une maison en face de l’OIM, dont le mur tagué a servi pendant des mois de support pour les tentes des migrants, plusieurs Subsahariens attendent un rendez-vous. Rachid, la vingtaine, est originaire de Centrafrique. Il dit avoir été arrêté par les autorités après le démantèlement du campement dans la nuit du 3 au 4 mai : « On nous a mis dans des bus et on nous a jetés 3 heures plus tard sur un terrain. On nous a dit "voilà, ici c’est l’Algérie, va-t’en" ».

      Certains ont franchi la frontière tandis que lui et un petit groupe se sont cachés le temps que les autorités partent. Ils ont ensuite repris à pied le chemin de Tunis en suivant les lumières des villages et les rails de train, tout cela « pendant la nuit, car en journée, on essaye de dormir et d’éviter de se faire repérer », raconte-t-il. Son cheminement de trois jours vers la capitale explique en partie les vidéos qui ont circulé sur les réseaux sociaux, des images de migrants éparpillés dans le nord-ouest du pays et passant à travers champs. Un périple que Rachid ne veut pas réitérer. Après un parcours migratoire très difficile, les derniers évènements l’ont convaincu de quitter le pays définitivement :

      Moi je suis revenu à Tunis parce que je veux faire un retour volontaire et d’ailleurs, cela fait plusieurs mois que je l’ai demandé. Mais en attendant, je n’ai nulle part où dormir ni aller, et cela fait des mois que ça dure. Je n’ai pas eu de soucis avec la population tunisienne, toutefois j’ai compris que ça ne sert à rien de rester ici. Je n’arrive pas à me stabiliser dans un travail malgré tous les petits boulots que j’ai faits. J’ai même passé un mois en prison. C’est devenu trop difficile.

      https://orientxxi.info/magazine/tunisie-haro-sur-les-migrants-subsahariens-et-leurs-soutiens,7332

  • Royaume-Uni : premières arrestations de demandeurs d’asile en vue des expulsions vers le Rwanda - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/56808/royaumeuni--premieres-arrestations-de-demandeurs-dasile-en-vue-des-exp

    Royaume-Uni : premières arrestations de demandeurs d’asile en vue des expulsions vers le Rwanda
    Par Maïa Courtois Publié le : 02/05/2024
    Des interpellations ont été menées, depuis lundi, pour placer en rétention les premiers demandeurs d’asile expulsables vers le Rwanda, dans le cadre du plan voté la semaine dernière par le Royaume-Uni. Le Home Office n’a pas encore détaillé le nombre et les nationalités de ces personnes interpellées, mais réitère son objectif de faire décoller les premiers vols en juillet et d’atteindre 5 700 expulsions d’ici la fin de l’année.
    Le Royaume-Uni affirme avoir procédé, depuis lundi, aux premières arrestations de demandeurs d’asile susceptibles d’être renvoyés vers le Rwanda. Dans une vidéo mise en ligne mercredi 1er mai, le Home Office (équivalent britannique du ministère de l’Intérieur) montre ces premières interpellations et placements en détention. Selon le Times, des femmes se trouvaient parmi les personnes appréhendées par les quelque 800 agents déployés sur le territoire pour ces raids d’interpellation.
    Ces arrestations font suite à l’adoption du plan Rwanda dans la nuit du lundi 22 au mardi 23 avril, après de longs mois de contestation de la société civile, de recours en justice et d’aller-retours parlementaires. Pour rappel, ce plan consiste à éloigner sous la contrainte, vers ce pays d’Afrique de l’est, des exilés primo-arrivants sur le sol britannique, afin d’y faire examiner leur demande d’asile.
    Les mineurs non-accompagnés, seule exception aux arrestations
    Sollicité par Infomigrants, le Home Office ne souhaite pas « communiquer de détails opérationnels » concernant le nombre d’arrestations effectuées jusqu’ici. Ni les nationalités des personnes interpellées. Il affirme simplement, dans un communiqué publié le 1er mai, que cette opération « est un élément clé du plan visant à acheminer des vols vers le Rwanda dans les 9 à 11 semaines à venir ».Londres confirme ainsi le calendrier annoncé pour son plan Rwanda, à savoir : des premiers vols pour juillet. Avec pour objectif : 5 700 migrants renvoyés sur le sol rwandais d’ici la fin de l’année. Ces derniers ont déjà été identifiés. Tous sont arrivées depuis janvier 2022 au plus tôt sur le sol britannique. Ils ont ensuite reçus, entre leur date d’arrivée et juin 2023, un document, appelé « Notice of Intent », leur annonçant l’intention de l’administration de traiter leur demande d’asile comme irrecevable.
    La liste de ce premier groupe de migrants expulsables a été envoyée au Rwanda, qui a accepté leur prise en charge. Mais selon une étude d’impact publiée par le Home Office lundi, seuls 2 145 exilés parmi les 5 700 identifiés « continuent de se présenter » aux services de l’Intérieur et peuvent ainsi être localisés rapidement « en vue d’une détention ».Seule exception à ce plan Rwanda : les mineurs non accompagnés, « qui ne peuvent pas être considérés comme inadmissibles sur le territoire », confirme le Home Office dans cette étude d’impact. En dehors de ces enfants, le gouvernement ne prévoit aucune autre exception à la mise en œuvre des interpellations et placements en rétention.
    En prévision des prochaines semaines d’arrestations, l’Intérieur a « augmenté la capacité de détention à plus de 2 200 places », affirme-t-il dans le communiqué. Le gouvernement assure également avoir « formé 200 nouveaux assistants sociaux pour traiter rapidement les demandes et a préparé 500 escortes hautement qualifiées » pour mener les expulsions. S’agissant de la logistique, des charters commerciaux ont d’ores et déjà été réservés pour les vols futurs - le Home Office ne souhaitant pas nous communiquer le nom des compagnies aériennes concernées.
    Certains centres de détention sont particulièrement critiqués pour les conditions d’enfermement qui y règnent. Dans un rapport diffusé le 30 avril, l’inspecteur en chef des prisons, Charlie Taylor, a par exemple épinglé les conditions « inacceptables » du centre de détention situé à côté de l’aéroport de Luton. (...)
    Outre les arrestations qui promettent de se multiplier, des départs « volontaires » ont déjà lieu vers le Rwanda. Selon la presse britannique, un premier demandeur d’asile, dont la nationalité n’a pas été précisé mais qui serait ressortissant d’un pays africain, y a été expulsé en début de semaine. Celui-ci avait vu sa demande d’asile refusée fin 2023. Il faisait partie d’un programme basé sur le volontariat pour les migrants déboutés - un cadre bien distinct du plan Rwanda actuel. En acceptant l’expulsion, ces personnes déboutées peuvent recevoir une contrepartie financière pouvant aller jusqu’à 3 000 livres sterling (3 500 euros environ), selon le Times. Pour rappel, le plan Rwanda s’inscrit dans le cadre d’une politique plus large, intitulée « Stop the boats » par le gouvernement britannique. « La politique rwandaise dissuadera les migrants de faire des voyages périlleux à travers la Manche », affirment ainsi les autorités dans le communiqué.
    Pourtant, dans le nord de la France, les exilés rencontrés par Infomigrants ont un tout autre discours. L’immense majorité espère échapper aux expulsions une fois sur le sol britannique, ou affirme simplement n’avoir pas d’autre choix, après avoir parcouru des milliers de kilomètres depuis leur pays d’origine. A l’instar de Racho, 18 ans, pour qui l’Angleterre constitue « le dernier espoir ». « J’ai fui le Sud-Soudan, traversé la Libye, la Tunisie, la Méditerranée, l’Italie… J’ai déjà essayé de passer la Manche au moins 20 fois », a-t-il raconté à nos équipes sur place. « À chaque fois, la police nous a arrêtés, en perçant le canot ou en jetant des gaz lacrymogène. Et vous pensez qu’une loi va m’arrêter ? ». Plus de 7 200 personnes ont traversé la Manche à bord de canots de fortune depuis le début de l’année, un record historique pour les quatre premiers mois de l’année.

    #Covid-19#migrant#migration#royaumeuni#rwanda#arrestation#expulsion#mineur#centredetention#sante

  • Appel à mobilisation suite à l’arrestation de membres de la communauté #Emmaus_Roya

    On partage cet appel venant d’#Emmaüs Roya

    Appel à mobilisation pour aujourd’hui 18h devant toutes les préfectures, de la part d’Emmaüs Roya :

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    APPEL A MOBILISATION

    Hier, mercredi 20 mars 2024, un véhicule de #gendarmes_mobiles commence à suivre le véhicule de notre association Emmaüs Roya sur la route nationale entre Breil et Saorge, Alpes Maritimes. La camionnette transportait 3 compagnons Emmaüs, un des salariés (Cédric Herrou), 2 bénévoles et leur chien. L’équipe se rendait sur l’un des terrains agricoles de la communauté pour préparer la saison de maraîchage.

    Les gendarmes ont arrêté le véhicule et procédé à un #contrôle_d’identité. Ce contrôle d’identité semble n’avoir aucun autre fondement juridique que le contrôle au faciès et la volonté d’intimidation : la Préfecture du 06 s’emmêle dans sa communication officielle, clamant tantôt un simple contrôle routier, tantôt la lutte contre l’immigration clandestine.

    D’autres véhicules de gendarmes mobiles rejoignent le contrôle, à la fin il y a 4 véhicules de #gendarmerie pour 6 personnes interpellées. Après plus de 30mn d’immobilisation, les gendarmes reçoivent l’ordre de menotter tout le monde et de les embarquer à la caserne d’Auvarre à Nice.

    Cet épisode a lieu 10 jours après que nous ayons dénoncé des contrôles d’identité opérés illégalement par des Sentinelles. Un référé suspension contre ces pratiques irrégulières allait être déposé hier au Tribunal Administratif.

    Jusqu’à 17h nous ne savions pas quelle procédure était en cours. Nous apprenons enfin que #Cédric_Herrou a été placé en garde à vue pour « aide à la circulation irrégulière d’étrangers en France » d’après la police.

    Nous rappelons que le Conseil Constitutionnel a affirmé le 6 juillet 2018 que la fraternité avait une valeur Constitutionnelle et à ce titre, supprimait le délit d’aide à la circulation.

    Le compagnon français et les 2 bénévoles belges ont été relâché vers 19h.

    A l’heure actuelle 2 compagnons étrangers sont encore en rétenue administrative. Ils ont été emmenés au LRA (local de #rétention_administrative) de l’aéroport de Nice. A 14h20, cela fera 24h qu’ils auront été arrêtés : la Préfecture devra alors décider entre les libérer ou les placer en rétention administrative.

    Si à 14h les compagnons n’ont pas été libérés, nous appelons tous les groupes Emmaüs et autres structures qui voudraient nous soutenir à manifester physiquement leur soutien devant leur Préfecture de département, ce soir jeudi 21 mars à 18h. Camions, banderoles, casseroles, tout est bon pour hausser le ton.

    Ce contrôle aurait pu se passer n’importe où, frontière ou non, situation irrégulière ou non. Tous les jours des compagnons, et non compagnons, des simples gens sont contrôlés et arrêtés, seulement car ils ne possèdent pas les bons papiers. Tous les jours des associations connaissent des #intimidations ou des #pressions. Et plus grave encore. Les Préfectures ont de plus en plus tendance à confondre militance et délinquance.

    Et la situation ne risque pas de s’améliorer. On veut nous écraser, nous faire taire. La défense des sans-voix, des laissés-pour-compte sera toujours notre priorité.

    Toucher un compagnon c’est toucher à tous les compagnons. C’est toucher à tous les précaires, les rebuts de la société, ceux qu’on ne veut surtout pas voir et encore moins entendre.

    Réveillons nous, ne nous laissons pas marcher dessus. 10cm de liberté perdus, des années de lutte pour les retrouver. Comme disait l’abbé Pierre notre devoir est d‘ »empêcher les puissants de dormir« , bien que les puissants deviennent de plus en plus puissants et les sans-voix de plus en plus invisibles.

    Merci de votre soutien, et de faire tourner

    L’équipe d’Emmaüs Roya

    https://voieslibresdrome.wordpress.com/2024/03/21/appel-a-mobilisation-suite-a-larrestation-de-membres-de-

    #frontière_sud-alpine #arrestations #Roya #Vallée_de_la_Roya #Alpes_Maritimes #détention_administrative #rétention #garde_à_vue #sans-papiers #opération_Sentinelles

    via @karine4

    • Cédric Herrou : « Je viens de faire 22 heures de garde à vue parce que je suis un opposant politique »

      Le militant a été placé en garde à vue mercredi 20 mars, et deux compagnons d’Emmaüs-Roya en retenue administrative, après un contrôle routier. Tous trois ont été relâchés jeudi midi. La préfecture des Alpes-Maritimes assume, le ministère de l’intérieur garde le silence.

      IlIl a d’abord signalé un nouveau « petit contrôle au faciès » dans une vidéo postée sur le réseau social X. Cédric Herrou n’imaginait sans doute pas qu’il serait interpellé, en plus des hommes qui l’accompagnaient en voiture pour se rendre sur leur lieu de travail, mercredi 20 mars, en début d’après-midi. Les gendarmes mobiles ont profité d’un contrôle routier pour constater que certains des compagnons, membres de la communauté Emmaüs-Roya, étaient en situation irrégulière.

      Ces derniers, l’un de nationalité gambienne, l’autre mauritanienne, ont été placés en retenue administrative, tandis que l’agriculteur, déjà connu pour son combat pour le principe de fraternité consacré par le Conseil constitutionnel, a été placé en garde à vue, pour « aide à la circulation d’étrangers en France ». « J’ai senti les policiers un peu embêtés, et c’est normal puisque ce n’est plus un délit à partir du moment où il n’y a pas de contrepartie financière », souligne Cédric Herrou. Tous trois ont été relâchés jeudi 21 mars, à midi.

      Au moment de l’interpellation, raconte Cédric Herrou, les gendarmes lui « ont mis les menottes ». « Je leur ai demandé le motif de l’interpellation, et si j’étais placé en garde à vue. Mais on m’a notifié mes droits 3 h 30 après ma privation de liberté. » Le préfet des Alpes-Maritimes a affirmé que Cédric Herrou aurait refusé de présenter les documents du véhicule. « C’est faux, rétorque l’agriculteur. Les gendarmes nous ont suivis, et c’est parce qu’il y avait des Noirs dans la voiture. Je viens de faire 22 heures de garde à vue parce que je suis un opposant politique. Et dans un pays comme la France, cela interroge la notion d’État de droit. »

      À l’été 2023, Mediapart était allé à la rencontre d’Emmaüs-Roya et avait raconté la genèse de ce projet mêlant agriculture et social – une première en France. La communauté permet depuis sa création d’approvisionner toute la vallée de la Roya en produits locaux et bio, et a convaincu, à force de travail acharné et de pédagogie, les plus réfractaires à la présence de personnes étrangères. C’est la première fois que les forces de l’ordre et les autorités s’en prennent ainsi à la communauté Emmaüs.

      Dans la soirée de mercredi, le préfet des Alpes-Maritimes a choisi de communiquer sur X, confirmant l’interpellation de Cédric Herrou par des gendarmes mobiles dans le cadre d’un contrôle routier. « L’infraction routière retenue à son encontre et le refus de fournir les documents afférents à la conduite du véhicule ont entraîné l’immobilisation du véhicule. La présence à bord de passagers en situation irrégulière a conduit au placement en garde à vue de M. Cédric Herrou et au placement en retenue administrative des passagers », a-t-il poursuvi.

      Sollicité à plusieurs reprises, le ministère de l’intérieur a préféré garder le silence.
      « L’épine dans le pied de la préfecture »

      « On a l’impression que c’est lié aux dénonciations qu’on a faites il y a dix jours », explique Marion Gachet, cofondatrice de la communauté, en référence à une vidéo publiée sur les réseaux sociaux montrant des militaires de l’opération Sentinelle effectuer un contrôle d’identité sur l’un des compagnons de la communauté, un contrôle « illégal » (ces derniers ne sont pas habilités à contrôler l’identité des citoyen·nes) et « au faciès » (la personne était noire), comme l’a souligné Cédric Herrou au moment des faits.

      Filmée, la scène a suscité l’indignation et a été reprise dans de nombreux médias. Cédric Herrou avait constaté ces pratiques illégales des mois plus tôt, notamment dans les trains circulant à la frontière franco-italienne ou dans les gares. Il avait déjà publié une vidéo, devenue virale, en novembre 2023 ; et un communiqué interassociatif était venu condamner ce type de pratique.

      « Des policiers m’ont dit que j’étais l’épine dans le pied de la préfecture. Je sais que tout ça fait suite au référé-suspension que j’ai déposé en justice pour mettre fin au contrôles d’identité effectués par les [soldats de] Sentinelle dans la région », confie Cédric Herrou.

      Mercredi 20 mars, les forces de l’ordre suivaient la voiture depuis quelques minutes, rapporte Marion Gachet, « comme [si elles] l’avaient repérée et attendaient de pouvoir intervenir ». « Dans le PV d’interpellation, il est écrit que les gendarmes ont suivi le véhicule de l’association depuis la gare, et l’ont contrôlé parce que l’un des feux arrière était cassé. »

      Par la suite, les motifs du contrôle et de l’interpellation ont évolué : d’abord présentée comme un simple contrôle routier, l’action s’est vite inscrite dans le cadre d’une « mission de lutte contre l’immigration clandestine », comme l’a affirmé le cabinet du préfet lui-même à France 3-Côte d’Azur.

      Deux bénévoles et un membre de la communauté de nationalité française, également présents dans le véhicule, ont d’ailleurs été relâchés en fin de journée, mercredi. Se voulant rassurant, Cédric Herrou affirme ne pas se décourager. « Au contraire, ça me rebooste. Pour les compagnons, c’est plus embêtant. Mais ils vont bien, ils appartiennent à une lutte, on est un peu une famille et ils savent qu’on sera toujours là. »

      Cédric Herrou et Marion Gachet invitent le préfet des Alpes-Maritimes à venir les rencontrer : « On dénonce des irrégularités parce qu’on est pour le respect du droit. Mais on est aussi dans une volonté de discussion et d’apaisement, on n’est pas là pour faire la guerre au préfet et il n’y a aucun intérêt à avoir de telles tensions, ni pour Emmaüs-Roya, ni pour la commune de Breil-sur-Roya, ni pour les autorités. »
      « Préfet bulldozer »

      Jusque-là, poursuit Marion Gachet, les membres de la communauté entretenaient « de très bonnes relations » avec la préfecture des Alpes-Maritimes. Mais, depuis l’arrivée du préfet Hugues Moutouh en septembre 2023, cette bonne entente s’est étiolée, regrette-t-elle. « Là, on a vraiment le sentiment qu’il se venge. » Le préfet est connu pour ses prises de position et de parole prônant la discrimination, comme lorsqu’il a déclaré, alors préfet de l’Hérault, que « les SDF étrangers n’étaient pas les bienvenus ».

      Surnommé « préfet bulldozer », il avait aussi réservé une interpellation surprise à plusieurs sans-papiers venus de Paris, dès la sortie du train, alors qu’ils devaient manifester à l’occasion du sommet France-Afrique organisé à Montpellier en octobre 2021 – manifestation déclarée aux autorités en amont. Plusieurs d’entre eux avaient fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), doublée d’une interdiction de retour sur le territoire français (IRTF).

      Ces dernières années, la militarisation de la frontière lancée par les autorités, avec pour seul objectif de la rendre hermétique – sans toutefois y parvenir –, a contribué à un renforcement des contrôles sans précédent, dans les cols de montagne, sur les routes, dans les gares… Mais ces contrôles mènent surtout à des refoulements en cascade (soit des renvois côté italien), sans empêcher concrètement les personnes exilées d’entrer en France au bout de plusieurs tentatives infructueuses, comme ont pu le documenter les associations présentes dans la région.

      Les associations d’aide aux exilé·es n’ont cessé d’alerter sur les effets de la militarisation de la frontière, qui conduit par ailleurs à l’enfermement de femmes, hommes et enfants dans des lieux sans véritable statut juridique (comme des préfabriqués) et pousse les personnes en migration à prendre toujours plus de risques pour éviter les contrôles. L’histoire de Blessing Matthew, une jeune Nigériane retrouvée morte dans la Durance, après avoir franchi la frontière avec deux camarades et avoir été poursuivie par les gendarmes, en est l’illustration.

      Dans une décision rendue le 2 février 2024, le Conseil d’État a annulé l’article du Ceseda (Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile) « qui permettait d’opposer des refus d’entrée en toutes circonstances et sans aucune distinction dans le cadre du rétablissement des contrôles aux frontières intérieures » et a enjoint à la France de respecter le droit d’asile, comme l’explique l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers, qui a suivi le dossier de près.

      Le 16 mars, l’association Tous migrants organisait une « grande maraude solidaire » pour dénoncer les « politiques d’invisibilisation » du sort réservé aux exilé·es et la « militarisation des frontières françaises dans le contexte de durcissement des politiques migratoires et de la loi Darmanin ».

      https://www.mediapart.fr/journal/france/210324/cedric-herrou-je-viens-de-faire-22-heures-de-garde-vue-parce-que-je-suis-u

  • Enquête vidéo : à Gaza, des humiliations publiques de prisonniers palestiniens par Israël
    https://www.lemonde.fr/international/video/2024/01/17/enquete-video-a-gaza-des-humiliations-publiques-et-illegales-de-prisonniers-

    Le Monde fait un petit effort... Mais il lui échappe encore que de jeunes enfants et des personnes nettement âgées ont été photographiées dans ces circonstances. (C’était sur CNN il y a 15 jours, ce n’est pas monstrueux comme enquête ! https://edition.cnn.com/2023/12/27/middleeast/gaza-children-detained-idf-video/index.html)

  • #Loi_immigration : après l’arrestation de livreurs en situation irrégulière, la colère d’#Éric_Piolle et d’élus de gauche

    Le maire de Grenoble et des représentants EELV et PS critiquent l’#opération_de_police de ce mercredi en Isère, et au passage la loi immigration.

    Le gouvernement voudrait passer à autre chose, la gauche s’y refuse. La loi immigration est revenue à toute vitesse dans les débats en cette fin décembre, conséquence de l’#arrestation d’une dizaine de #livreurs de repas en situation irrégulière mercredi 27 en #Isère, une information rapportée par Le Dauphiné Libéré. Le maire de #Grenoble, Éric Piolle, suivi par d’autres élus de gauche, a dénoncé « une #indignité » pendant que la CGT parlait de « #rafle ».

    L’édile écologiste a directement interpellé le ministre de l’Intérieur #Gérald_Darmanin, déplorant que « ces personnes seraient donc suffisamment ’régulières’ pour attendre dans le froid de vous livrer vos repas, mais pas pour vivre dignement avec nous ».

    « Voici le vrai visage de ce gouvernement »

    Éric Piolle veut ainsi relancer les discussions autour de la #régularisation des #travailleurs_sans_papiers dans les secteurs en tension. Une mesure ardemment défendue par la gauche pendant les débats sur la loi immigration, mais qui a finalement été écartée de la version du texte adoptée par le Parlement.

    https://twitter.com/EricPiolle/status/1740413156227182760

    Dans le sillage du maire, le secrétaire général du PS, #Olivier_Faure, s’est également exprimé les réseaux sociaux : « Si tous les étrangers en situation régulière ou irrégulière se mettaient en grève une journée, chacun se rendrait compte qu’ils sont dans tous les métiers de la seconde ligne, livreurs, auxiliaires de vie, caristes, assistantes maternelles… loués pendant la crise Covid et puis… ».

    Autre élue EELV, la présidente du groupe écologiste à l’Assemblée #Cyrielle_Chatelain a elle aussi dénoncé l’opération de police, et entre les lignes la loi immigration adoptée définitivement le 19 décembre dernier. « Voici le vrai visage de ce gouvernement : être méchant avec tous les étrangers, même s’ils travaillent, même s’ils s’intègrent », a-t-elle fustigé, là encore sur X (anciennement Twitter).

    Et pour cause : l’opération baptisée « #Uber_Eats », menée simultanément dans plusieurs localités iséroises (Grenoble, #Voiron, #Vienne…), a conduit à l’#interpellation de nombreux livreurs. Des ressortissants algériens, burkinabés, guinéens ou tunisiens qui ont été placés en #garde_à_vue à Lyon et Grenoble après la saisie de leur vélo, et qui ont été libérés après s’être vu notifier des #obligations_de_quitter_le_territoire_français (#OQTF) et des #interdictions_de_retour_sur_le_territoire (#IRTF), comme l’a expliqué #Mohamed_Fofana, responsable CGT des livreurs du département lors d’un point presse organisé ce vendredi.

    Piolle invité à « aimer les policiers »

    « Nous dénonçons cette opération de police (...) dans une période de fêtes où les associations de défense des migrants et beaucoup d’avocats sont en congé et les recours compliqués », a insisté ce responsable. « Nous sommes des travailleurs, pas des délinquants », a-t-il ajouté, rappelant que beaucoup de livreurs travaillent dans des conditions précaires et pour des « rémunérations scandaleusement basses ». « La place Victor Hugo (à Grenoble) a été complètement fermée par des camions de police. C’était une #nasse. Cela s’appelle une rafle quand cela vise une catégorie particulière de personnes », s’est indigné de son côté un responsable de l’Union locale de la CGT, Alain Lavi.

    Le procureur de la République de Grenoble, #Éric_Vaillant, a répondu à Éric Piolle et aux critiques ayant ciblé l’opération : « Ces #contrôles ont été opérés à ma demande. Ils ont aussi permis de constater que les livreurs en situation irrégulière étaient gravement exploités par ceux qui leur sous-louaient leur #licence. Des enquêtes sont engagées », a-t-il indiqué. La préfecture de l’Isère a pour sa part souligné être garante « de l’application des lois de la République ».

    Le ministre de l’Intérieur Gérald #Darmanin, interrogé à ce propos alors qu’il présentait le dispositif de sécurité pour la Saint-Sylvestre, s’est pour sa part contenté de lancer à Éric Piolle : « J’invite le maire de Grenoble à aimer les policiers et à soutenir la loi de la République ».

    https://twitter.com/BFMTV/status/1740687346364739605

    Quelques heures plus heures, l’élu EELV a répondu au ministre dans un tweet, en énumérant « les cinq actes » de la « #tragédie_macroniste : « laisser les #plateformes créer des situations d’#esclavage, voter la loi immigration avec le RN, imposer la politique du chiffre à la police, arrêter des personnes sans défense, inviter à aimer la police ».

    https://twitter.com/EricPiolle/status/1740738174350143880

    https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/loi-immigration-apres-l-arrestation-de-livreurs-en-situation-irreguli
    #Eric_Piolle #résistance #migrations #sans-papiers #Eric_Vaillant

  • CARTOGRAPHIE DES VIOLATIONS SUBIES PAR LES PERSONNES EN DEPLACEMENT EN TUNISIE

    L’#OMCT publie aujourd’hui un rapport, « Les routes de la torture : Cartographie des violations subies par les personnes en déplacement en Tunisie » qui met en lumière l’ampleur et la nature des violations des #droits_humains commises en Tunisie entre juillet et octobre 2023 à l’encontre de migrant-e-s, réfugié-e-s et demandeurs d’asile.

    Depuis octobre 2022, la Tunisie a connu une intensification progressive des violations à l’encontre des personnes en déplacement essentiellement d’origine subsaharienne, sur fond de #discrimination_raciale. Le discours présidentiel du 21 février 2023 les a rendues encore plus vulnérables, et le mois de juillet 2023 a représenté un tournant dans l’échelle et le type des violations des #droits_humains commises, avec une recrudescence des #arrestations et des #détentions_arbitraires, des #déplacements_arbitraire et forcés, ayant donné lieu à des #mauvais_traitement, des #tortures, des #disparitions et, dans plusieurs cas, des #décès. Ce cycle d’#abus commence avec une situation d’irrégularité qui accroît leur #vulnérabilité et qui les expose au risque de violations supplémentaires.

    Cependant, malgré l’ampleur des violations infligées, celles-ci ont été très largement passées sous silence, invisibilisant encore davantage une population déjà marginalisée. A traves les voix de victimes directes de violations ayant voulu partager leurs souffrances avec l’OMCT, ce rapport veut contribuer à contrer cette dynamique d’#invisibilisation des migrant-e-s, refugié-e-s et demandeurs d’asile résidant en Tunisie, qui favorise la perpétuation des violations et un climat d’#impunité.

    Le rapport s’appuie notamment sur plus de 30 entretiens avec des représentant-e-s d’organisations partenaires et activistes travaillant sur tout le territoire tunisien et une vingtaine de témoignages directes de victimes de violence documentés par l’OMCT et ses partenaires. Il dresse une cartographie des violations infligées aux migrants, parmi lesquelles les expulsions forcées des logements, les #violences physiques et psychologiques exercées aussi bien par des citoyens que par des agents sécuritaires, le déni d’#accès_aux_soins, les arrestations et détentions arbitraires, les déplacements arbitraires et forcés sur le territoire tunisien, notamment vers les zones frontalières et les #déportations vers l’Algérie et la Libye. Les interactions avec les forces de l’ordre sont généralement assorties de torture et mauvais traitements tandis que les victimes sont privées, dans les faits, du droit d’exercer un recours contre ce qu’elles subissent.

    Cette #violence institutionnelle touche indistinctement les personnes en déplacement, indépendamment de leur statut, qu’elles soient en situation régulière ou non, y compris les réfugié-e-s et demandeurs d’asile. Les victimes, hommes, femmes, enfants, se comptent aujourd’hui par milliers. A la date de publication de ce rapport, les violations se poursuivent avec une intensité et une gravité croissante, sous couvert de lutte contre l’immigration clandestine et les réseaux criminels de trafic d’êtres humains. La Tunisie, en conséquence, ne peut être considérée comme un pays sûr pour les personnes en déplacement.

    Ce rapport souhaite informer les politiques migratoires des décideurs tunisiens, européens et africains vers une prise en compte décisive de l’impact humain dramatique et contre-productif des politiques actuelles.

    https://omct-tunisie.org/2023/12/18/les-routes-de-la-torture

    #migrations #asile #réfugiés #Tunisie #rapport

    ping @_kg_

  • #Total en #Ouganda : les opposants subissent #arrestations et pressions

    Le projet #Eeacop se retrouve de nouveau sous le feu des critiques. Dans son rapport « Working On Oil is Forbidden : Crackdown Against Environmental Defenders in Uganda » (https://www.hrw.org/report/2023/11/02/working-oil-forbidden/crackdown-against-environmental-defenders-uganda), publié le jeudi 2 novembre, l’ONG Human Rights Watch dénonce les pressions et les arrestations arbitraires dont seraient victimes des défenseurs de l’environnement et des activistes ougandais opposés au projet d’oléoduc en Afrique de l’Est. Selon les auteurs du rapport, au moins trente manifestants et défenseurs des droits humains, dont beaucoup d’étudiants, ont été arrêtés à Kampala et dans d’autres régions de l’Ouganda depuis 2021.

    Pour réaliser ce travail, l’ONG a collecté les témoignages de 31 personnes, dont 21 activistes anti-Eacop en Ouganda. « [La police] me posait des questions sur le pétrole… À un moment donné, ils me traitaient de terroriste, de saboteur des programmes gouvernementaux…. À la fin, ils ont écrit sur le document de libération sous caution : attroupement illégal », raconte Maxwell Atuhura, défenseur de l’environnement, arrêté à Bullisa en 2021.

    Le mégaprojet du groupe français comprend le #forage de 419 #puits dans l’ouest de l’Ouganda, dont un tiers se situent dans le #parc_naturel de #Murchison_Falls. En plus des dégâts sur la #biodiversité du pays, « plus de 100 000 personnes en Ouganda et en #Tanzanie perdront leurs #terres à cause de l’#exploitation_pétrolière », rappelle l’ONG. Dans une lettre du 23 octobre à Human Rights Watch, #TotalÉnergies affirme ne tolérer « aucune attaque ou menace contre ceux qui promeuvent pacifiquement et légalement les #droits_humains dans le cadre de leurs activités ».

    https://reporterre.net/TotalEnergies-en-Ouganda-HRW-denonce-les-pressions-contre-les-opposants-
    #rapport #HRW #pétrole #TotalEnergies

  • Bangladesh : « Ce qui frappe dans les camps de réfugiés de Rohingya, c’est l’abandon d’un peuple et la déstructuration sociale »

    L’annonce faite par Emmanuel Macron lors de son voyage au Bangladesh, le 11 septembre, d’augmenter d’un million d’euros la contribution française aux activités du Programme alimentaire mondial dans les camps de Rohingya de ce pays est-elle à la hauteur de la situation ?

    Rappelons-nous. Il y a six ans, des centaines de milliers de Rohingya quittaient l’Etat de Rakhine [Arakan] au #Myanmar, l’ex-Birmanie. Ils fuyaient les massacres, les viols, les incendies de leurs maisons commis pendant l’offensive militaire lancée en août 2017. A la fin de cette même année, plus de 700 000 nouveaux réfugiés étaient arrivés dans le district de #Cox’s_Bazar, dans le sud-est du #Bangladesh. Ils rejoignaient les 200 000 réfugiés rohingya issus de déplacements antérieurs.

    Pour accueillir ces populations, un camp entre jungle et rizières est sorti de terre. #Kutupalong-Balukhali est aujourd’hui le plus grand camp de réfugiés au monde. Il se compose de plusieurs sites contigus dont les artères centrales en brique et en ciment débouchent sur des ruelles étroites. Là, les familles vivent dans de petites habitations faites de bambou et de bâches.

    Toute une série de restrictions

    Certaines sont posées à flanc de colline et donc exposées aux glissements de terrain, conséquence des pluies diluviennes qui peuvent s’abattre pendant la mousson. Les points d’#eau_potable, certes nombreux, ne sont ouverts que quelques heures par jour, et il est fréquent de voir des disputes s’y dérouler. Quelle ironie dans cette région parmi les plus humides au monde. Parfois, on surprend le long des frontières du camp les barbelés qui nous rappellent qu’il s’agit d’un bidonville semi-fermé.

    Si le Bangladesh a ouvert ses portes aux réfugiés, il les soumet à toute une série de restrictions. Les boutiques rohingya qui fleurissent le font selon le bon vouloir de la police qui peut les fermer au motif qu’elles n’ont pas été autorisées. Les déplacements à l’intérieur de Kutupalong, même d’un camp à l’autre, sont extrêmement limités. Il est en outre interdit aux Rohingya de travailler, bien qu’un grand nombre d’entre eux le fassent.
    Ils sont alors à la merci de la #police, des #bakchichs et des #arrestations. L’éducation est par ailleurs très encadrée. De multiples obstacles sont posés à l’enregistrement des naissances. L’approche du gouvernement à l’égard des camps est un mélange ambigu de tolérance et de prohibition : cette élasticité laisse les Rohingya dans un état d’incertitude perpétuelle.

    Le #contrôle_social auquel sont soumis les réfugiés est aussi le fait des groupes politico-criminels rohingya qui pullulent dans le camp et dont la présence, ces dernières années, s’est faite plus intense. Ces groupes sont en conflit ouvert pour le contrôle du trafic de yaba. Ce mélange de méthamphétamine et de caféine est principalement produit au Myanmar, et le Bangladesh est l’un des principaux marchés où circule cette drogue.

    Viols et violences

    Le déploiement humanitaire est impressionnant, mais l’engagement des donateurs s’amenuise. Le mois dernier, le « Plan de réponse conjoint » 2023 élaboré par les Nations unies et le gouvernement n’était financé qu’à hauteur de 30 %. Entre mars et juin, les allocations alimentaires mensuelles – des paiements en espèces reçus sur une carte SIM – sont passées de 12 à 8 dollars par personne.

    Cette réduction a pour conséquence d’entraver la capacité des réfugiés d’acheter des produits frais sur le marché et des vêtements. Il faut trouver de quoi manger, coûte que coûte, ce qui amène les réfugiés à se livrer à des activités illicites – cambriolages et trafics en tout genre.

    Les conséquences du sous-investissement par les bailleurs de fonds sont aussi médicales et viennent s’ajouter à celles de l’augmentation de la population dans un espace qui, lui, ne s’accroît pas. Chaque année, y naissent entre 30 000 et 35 000 #bébés. Du fait de la densité des lieux et de la faiblesse des services sanitaires, il est estimé que 40 % de la population du camp souffre de la #gale. La fermeture de certains services de #santé a pour effet d’engorger les structures qui se maintiennent.

    Les #femmes seules, comme les personnes âgées et handicapées, sont parfois contraintes de payer des services pour des tâches qu’elles n’ont pas la possibilité d’accomplir seules : réparer leur maison, porter la bouteille de gaz du point de distribution jusque chez elles en dépit de l’existence d’une assistance prévue pour combler une partie de ces besoins spécifiques. Les femmes sont vulnérables aux #viols et aux violences – les cas sont nombreux et loin d’être mis au jour.

    Un « facteur d’attraction »

    Il est difficile d’imaginer que l’engagement présidentiel français modifiera la donne. Cela nécessite un tout autre investissement. La survie d’un peuple, condamné à vivre dans ces conditions de nombreuses années encore, relève du génie. Ce qui frappe dans les camps de réfugiés rohingya de Cox’s Bazar, ce sont moins les limites du système de l’aide que l’abandon d’un peuple et sa conséquence : la déstructuration sociale.

    La plupart des réfugiés espèrent retourner au Myanmar, une étape qui ne pourra être franchie que lorsque leurs terres et leur nationalité, dont ils ont été privés en 1982, leur seront restituées. Certains se résolvent malgré tout à rentrer clandestinement au Myanmar où ils s’exposent aux violences commises par les autorités birmanes.
    Quelques-uns ont bénéficié de rares opportunités de réinstallation dans d’autres pays, comme le Canada ou les Etats-Unis, mais le gouvernement bangladais a suspendu le programme de réinstallation en 2010, arguant qu’il agirait comme un « facteur d’attraction ». Les initiatives récentes visant à relancer le processus ont été timides.
    Une possibilité est la traversée risquée vers la #Malaisie, un pays qu’un nombre croissant de Rohingya à Kutupalong considère comme une voie de salut. Pour la très grande majorité des réfugiés, il ne semble n’y avoir aucun avenir à moyen terme autre que celui de demeurer entre deux mondes, dans ce coin de forêt pétri de #dengue et de #trafics en tout genre.

    Michaël Neuman est directeur d’études au Centre de réflexion sur l’action et les savoirs humanitaires (Crash) de la Fondation Médecins sans frontières.
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/31/bangladesh-ce-qui-frappe-dans-les-camps-de-refugies-de-rohingya-c-est-l-aban

    Massacre des Rohingya : « Facebook a joué un rôle central dans la montée du climat de haine » en Birmanie
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/09/29/massacre-des-rohingya-facebook-a-joue-un-role-central-dans-la-montee-du-clim
    https://archive.ph/DMWO8

    Au Bangladesh, l’exil sans fin des Rohingya
    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/12/16/au-bangladesh-l-exil-sans-fin-des-rohingya_6154745_3210.html
    https://archive.ph/xKPyh

    #camp_de_réfugiés #Birmanie #Rohingya #réfugiés #musulmans #barbelés #drogues #déchéance_de_nationalité #aide_humanitaire #Programme_alimentaire_mondial

  • #Of_Land_and_Bread

    « #B'Tselem – le centre israélien d’information pour les droits de l’homme dans les #territoires_occupés – a promu en 2007 un projet qui consistait à donner des caméras vidéo aux Palestinien.ne.s en Cisjordanie afin qu’ils/elles puissent documenter les violations des droits de l’homme qu’ils étaient contraint.e.s de subir sous l’occupation israélienne. Ces #enregistrements_vidéo bruts capturent de la manière la plus simple et la plus efficace les abus quotidiens et implacables commis à répétition par les colons illégaux et l’armée contre les Palestinien.ne.s. Au fil des ans, tous ces films sont devenus des #archives vivantes et malheureusement en constante expansion des #abus incessants et de la violence dont souffre la population palestinienne et avec lesquels elle doit vivre. Of Land and Bread rassemble certains de ces courts métrages dans un long métrage documentaire qui n’est indéniablement pas facile à regarder. La brutalité des colons et de l’armée n’épargne personne. Et pourtant, il est nécessaire de voir pour bien saisir et comprendre l’ampleur du cycle sans fin des violations des droits de l’homme auxquelles les Palestinien.ne.s sont confronté.e.s, alors que le monde regarde obstinément de l’autre côté. »


    https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/59534_0
    #film #documentaire #film_documentaire #Cisjordanie #Palestine #colonisation #Israël #terre #armée_israélienne #violence #humiliations #destruction #brutalité #arrestations_arbitraires #menaces #insultes #provocation #documentation #droits_humains #archive #à_voir

  • #Judith_Butler : Condamner la #violence

    « Je condamne les violences commises par le #Hamas, je les condamne sans la moindre réserve. Le Hamas a commis un #massacre terrifiant et révoltant », écrit Judith Butler avant d’ajouter qu’« il serait étrange de s’opposer à quelque chose sans comprendre de quoi il s’agit, ou sans la décrire de façon précise. Il serait plus étrange encore de croire que toute #condamnation nécessite un refus de comprendre, de #peur que cette #compréhension ne serve qu’à relativiser les choses et diminuer notre #capacité_de_jugement ».

    Les questions qui ont le plus besoin d’un #débat_public, celles qui doivent être discutées dans la plus grande urgence, sont des questions qui sont difficiles à aborder dans les cadres existants. Et même si l’on souhaite aller directement au cœur du sujet, on se heurte à un cadre qui fait qu’il est presque impossible de dire ce que l’on a à dire. Je veux parler ici de la violence, de la violence présente, et de l’histoire de la violence, sous toutes ses formes. Mais si l’on veut documenter la violence, ce qui veut dire comprendre les #tueries et les #bombardements massifs commis par le Hamas en Israël, et qui s’inscrivent dans cette histoire, alors on est accusé de « #relativisme » ou de « #contextualisation ». On nous demande de condamner ou d’approuver, et cela se comprend, mais est-ce bien là tout ce qui, éthiquement, est exigé de nous ? Je condamne les violences commises par le Hamas, je les condamne sans la moindre réserve. Le Hamas a commis un massacre terrifiant et révoltant. Telle a été et est encore ma réaction première. Mais elle n’a pas été la seule.

    Dans l’immédiateté de l’événement, on veut savoir de quel « côté » sont les gens, et clairement, la seule réaction possible à de pareilles tueries est une condamnation sans équivoque. Mais pourquoi se fait-il que nous ayons parfois le sentiment que se demander si nous utilisons les bons mots ou comprenons bien la situation historique fait nécessairement obstacle à une #condamnation_morale absolue ? Est-ce vraiment relativiser que se demander ce que nous condamnons précisément, quelle portée cette condamnation doit avoir, et comment décrire au mieux la ou les formations politiques auxquelles nous nous opposons ?

    Il serait étrange de s’opposer à quelque chose sans comprendre de quoi il s’agit, ou sans la décrire de façon précise. Il serait plus étrange encore de croire que toute condamnation nécessite un refus de comprendre, de peur que cette compréhension ne serve qu’à relativiser les choses et diminuer notre capacité de jugement. Mais que faire s’il est moralement impératif d’étendre notre condamnation à des #crimes tout aussi atroces, qui ne se limitent pas à ceux mis en avant et répétés par les médias ? Quand et où doit commencer et s’arrêter notre acte de condamnation ? N’avons-nous pas besoin d’une évaluation critique et informée de la situation pour accompagner notre condamnation politique et morale, sans avoir à craindre que s’informer et comprendre nous transforme, aux yeux des autres, en complices immoraux de crimes atroces ?

    Certains groupes se servent de l’histoire de la violence israélienne dans la région pour disculper le Hamas, mais ils utilisent une forme corrompue de raisonnement moral pour y parvenir. Soyons clairs. Les violences commises par #Israël contre les Palestiniens sont massives : bombardements incessants, assassinats de personnes de tous âges chez eux et dans les rues, torture dans les prisons israéliennes, techniques d’affamement à #Gaza, expropriation radicale et continue des terres et des logements. Et ces violences, sous toutes leurs formes, sont commises sur un peuple qui est soumis à un #régime_colonial et à l’#apartheid, et qui, privé d’État, est apatride.

    Mais quand les Groupes Solidarité pour la Palestine de Harvard (Harvard Palestine Solidarity Groups) publient une déclaration disant que « le régime d’apartheid est le seul responsable » des attaques mortelles du Hamas contre des cibles israéliennes, ils font une erreur et sont dans l’erreur. Ils ont tort d’attribuer de cette façon la #responsabilité, et rien ne saurait disculper le Hamas des tueries atroces qu’ils ont perpétrées. En revanche, ils ont certainement raison de rappeler l’histoire des violences : « de la #dépossession systématique des terres aux frappes aériennes de routine, des #détentions_arbitraires aux #checkpoints militaires, des séparations familiales forcées aux #assassinats ciblés, les Palestiniens sont forcés de vivre dans un #état_de_mort, à la fois lente et subite. » Tout cela est exact et doit être dit, mais cela ne signifie pas que les violences du Hamas ne soient que l’autre nom des violences d’Israël.

    Il est vrai que nous devons nous efforcer de comprendre les raisons de la formation de groupes comme le Hamas, à la lumière des promesses rompues d’Oslo et de cet « état de mort, à la fois lente et subite » qui décrit bien l’existence des millions de Palestiniens vivant sous #occupation, et qui se caractérise par une #surveillance constante, la #menace d’une détention sans procès, ou une intensification du #siège de #Gaza pour priver ses habitants d’#eau, de #nourriture et de #médicaments. Mais ces références à l’#histoire des Palestiniens ne sauraient justifier moralement ou politiquement leurs actes. Si l’on nous demandait de comprendre la violence palestinienne comme une continuation de la violence israélienne, ainsi que le demandent les Groupes Solidarité pour la Palestine de Harvard, alors il n’y aurait qu’une seule source de #culpabilité_morale, et même les actes de violence commis par les Palestiniens ne seraient pas vraiment les leurs. Ce n’est pas rendre compte de l’autonomie d’action des Palestiniens.

    La nécessité de séparer la compréhension de la violence omniprésente et permanente de l’État israélien de toute justification de la violence est absolument cruciale si nous voulons comprendre quels peuvent être les autres moyens de renverser le #système_colonial, mettre fin aux #arrestations_arbitraires et à la #torture dans les prisons israéliennes, et arrêter le siège de Gaza, où l’eau et la nourriture sont rationnés par l’État-nation qui contrôle ses frontières. Autrement dit, la question de savoir quel monde est encore possible pour tous les habitants de la région dépend des moyens dont il sera mis fin au système colonial et au pouvoir des colons. Hamas a répondu de façon atroce et terrifiante à cette question, mais il y a bien d’autres façons d’y répondre.

    Si, en revanche, il nous est interdit de parler de « l’#occupation », comme dans une sorte de Denkverbot allemand, si nous ne pouvons pas même poser le débat sur la question de savoir si le joug militaire israélien sur la région relève du #colonialisme ou de l’#apartheid_racial, alors nous ne pouvons espérer comprendre ni le passé, ni le présent, ni l’avenir. Et beaucoup de gens qui regardent le carnage dans les médias sont totalement désespérés. Or une des raisons de ce #désespoir est précisément qu’ils regardent les #médias, et vivent dans le monde sensationnel et immédiat de l’#indignation_morale absolue. Il faut du temps pour une autre #morale_politique, il faut de la patience et du courage pour apprendre et nommer les choses, et nous avons besoin de tout cela pour que notre condamnation puisse être accompagnée d’une vision proprement morale.

    Je m’oppose aux violences que le Hamas a commises, et ne leur trouve aucune excuse. Quand je dis cela, je prends une position morale et politique claire. Je n’équivoque pas lorsque je réfléchis sur ce que cette condamnation implique et présuppose. Quiconque me rejoint dans cette position se demande peut-être si la condamnation morale doit reposer sur une compréhension de ce qui est condamné. On pourrait répondre que non, que je n’ai rien besoin de connaître du Hamas ou de la Palestine pour savoir que ce qu’ils ont fait est mal et pour le condamner. Et si l’on s’arrête là, si l’on se contente des représentations fournies par les médias, sans jamais se demander si elles sont réellement utiles et exactes, et si le cadre utilisé permet à toutes les histoires d’être racontées, alors on se résout à une certaine ignorance et l’on fait confiance aux cadres existants. Après tout, nous sommes tous très occupés, et nous n’avons pas tous le temps d’être des historiens ou des sociologues. C’est une manière possible de vivre et de penser, et beaucoup de gens bien-intentionnés vivent effectivement ainsi, mais à quel prix ?

    Que nous faudrait-il dire et faire, en revanche, si notre morale et notre politique ne s’arrêtaient pas à l’acte de condamnation ? Si nous continuions, malgré tout, de nous intéresser à la question de savoir quelles sont les formes de vie qui pourraient libérer la région de violences comme celles-ci ? Et si, en plus de condamner les crimes gratuits, nous voulions créer un futur dans lequel ce genre de violences n’aurait plus cours ? C’est une aspiration normative qui va bien au-delà de la condamnation momentanée. Pour y parvenir, il nous faut absolument connaître l’histoire de la situation : l’histoire de la formation du Hamas comme groupe militant, dans l’abattement total, après Oslo, pour tous les habitants de Gaza à qui les promesses de gouvernement autonome n’ont jamais été honorées ; l’histoire de la formation des autres groupes palestiniens, de leurs tactiques et de leurs objectifs ; l’histoire enfin du peuple palestinien lui-même, de ses aspirations à la liberté et au #droit_à_l’autodétermination, de son désir de se libérer du régime colonial et de la violence militaire et carcérale permanente. Alors, si le Hamas était dissous ou s’il était remplacé par des groupes non-violents aspirant à la #cohabitation, nous pourrions prendre part à la lutte pour une Palestine libre.

    Quant à ceux dont les préoccupations morales se limitent à la seule condamnation, comprendre la situation n’est pas un objectif. Leur indignation morale est à la fois présentiste et anti-intellectuelle. Et pourtant, l’indignation peut aussi amener quelqu’un à ouvrir des livres d’histoire pour essayer de comprendre comment un événement comme celui-ci a pu arriver, et si les conditions pourraient changer de telle sorte qu’un avenir de violence ne soit pas le seul avenir possible. Jamais la « contextualisation » ne devrait être considérée comme une activité moralement problématique, même s’il y a des formes de contextualisation qui sont utilisées pour excuser ou disculper. Est-il possible de distinguer ces deux formes de contextualisation ? Ce n’est pas parce que certains pensent que contextualiser des violences atroces ne sert qu’à occulter la violence ou, pire encore, à la rationaliser que nous devrions nous soumettre à l’idée que toute forme de contextualisation est toujours une forme de #relativisme_moral.

    Quand les Groupes Solidarité pour la Palestine de Harvard disent que « le régime d’apartheid est le seul responsable » des attaques du Hamas, ils souscrivent à une conception inacceptable de la responsabilité morale. Il semble que pour comprendre comment s’est produit un événement, et ce qu’il signifie, il nous faille apprendre l’histoire. Cela veut dire qu’il nous incombe tout à la fois d’élargir la perspective au-delà de la terrible fascination du moment et, sans jamais nier l’horreur, de ne pas laisser l’#horreur présente représenter toute l’horreur qu’il y a à représenter, et nous efforcer de savoir, de comprendre et de nous opposer.

    Or les médias d’aujourd’hui, pour la plupart d’entre eux, ne racontent pas les horreurs que vivent les Palestiniens depuis des décennies, les bombardements, les tueries, les attaques et les arrestations arbitraires. Et si les horreurs des derniers jours ont pour les médias une importance morale plus grande que les horreurs des soixante-dix dernières années, alors la réaction morale du moment menace d’empêcher et d’occulter toute compréhension des #injustices_radicales endurées depuis si longtemps par la Palestine occupée et déplacée de force.

    Certains craignent, à juste titre, que toute contextualisation des actes violents commis par le Hamas soit utilisée pour disculper le Hamas, ou que la contextualisation détourne l’attention des horreurs perpétrées. Mais si c’est l’horreur elle-même qui nous amenait à contextualiser ? Où commence cette horreur et où finit-elle ? Si les médias parlent aujourd’hui de « guerre » entre le Hamas et Israël, c’est donc qu’ils proposent un cadre pour comprendre la situation. Ils ont, ainsi, compris la situation à l’avance. Si Gaza est comprise comme étant sous occupation, ou si l’on parle à son sujet de « prison à ciel ouvert », alors c’est une autre interprétation qui est proposée. Cela ressemble à une description, mais le langage contraint ou facilite ce que nous pouvons dire, comment nous pouvons décrire, et ce qui peut être connu.

    Oui, la langue peut décrire, mais elle n’acquiert le pouvoir de le faire que si elle se conforme aux limites qui sont imposées à ce qui est dicible. S’il est décidé que nous n’avons pas besoin de savoir combien d’enfants et d’adolescents palestiniens ont été tués en Cisjordanie et à Gaza cette année ou pendant toutes les années de l’occupation, que ces informations ne sont pas importantes pour comprendre ou qualifier les attaques contre Israël, et les assassinats d’Israéliens, alors il est décidé que nous ne voulons pas connaître l’histoire des violences, du #deuil et de l’indignation telle qu’est vécue par les Palestiniens.

    Une amie israélienne, qui se qualifie elle-même d’« antisioniste », écrit en ligne qu’elle est terrifiée pour sa famille et pour ses amis, et qu’elle a perdu des proches. Et nous devrions tous être de tout cœur avec elle, comme je le suis bien évidemment. Cela est terrible. Sans équivoque. Et pourtant, il n’est pas un moment où sa propre expérience de l’horreur et de la perte de proches ou d’amis est imaginé comme pouvant être ce qu’une Palestinienne éprouve ou a éprouvé de son côté après des années de bombardement, d’incarcération et de violence militaire. Je suis moi aussi une Juive, qui vit avec un #traumatisme_transgénérationnel à la suite des atrocités commises contre des personnes comme moi. Mais ces atrocités ont aussi été commises contre des personnes qui ne sont pas comme moi. Je n’ai pas besoin de m’identifier à tel visage ou à tel nom pour nommer les atrocités que je vois. Ou du moins je m’efforce de ne pas le faire.

    Mais le problème, au bout du compte, n’est pas seulement une absence d’#empathie. Car l’empathie prend généralement forme dans un cadre qui permette qu’une identification se fasse, ou une traduction entre l’expérience d’autrui et ma propre expérience. Et si le cadre dominant considère que certaines vies sont plus dignes d’être pleurées que d’autres, alors il s’ensuit que certaines pertes seront plus terribles que d’autres. La question de savoir quelles vies méritent d’être pleurées fait partie intégrante de la question de savoir quelles sont les vies qui sont dignes d’avoir une valeur. Et c’est ici que le #racisme entre en jeu de façon décisive. Car si les Palestiniens sont des « #animaux », comme le répète Netanyahu, et si les Israéliens représentent désormais « le peuple juif », comme le répète Biden (englobant la diaspora juive dans Israël, comme le réclament les réactionnaires), alors les seules personnes dignes d’être pleurées, les seules qui sont éligibles au deuil, sont les Israéliens, car la scène de « guerre » est désormais une scène qui oppose les Juifs aux animaux qui veulent les tuer.

    Ce n’est certainement pas la première fois qu’un groupe de personnes qui veulent se libérer du joug de la #colonisation sont représentées comme des animaux par le colonisateur. Les Israéliens sont-ils des « animaux » quand ils tuent ? Ce cadre raciste de la violence contemporaine rappelle l’opposition coloniale entre les « civilisés » et les « animaux », qui doivent être écrasés ou détruits pour sauvegarder la « civilisation ». Et lorsque nous rappelons l’existence de ce cadre au moment d’affirmer notre condamnation morale, nous nous trouvons impliqué dans la dénonciation d’une forme de racisme qui va bien au-delà de l’énonciation de la structure de la vie quotidienne en Palestine. Et pour cela, une #réparation_radicale est certainement plus que nécessaire.

    Si nous pensons qu’une condamnation morale doive être un acte clair et ponctuel, sans référence à aucun contexte ni aucun savoir, alors nous acceptons inévitablement les termes dans lesquels se fait cette condamnation, la scène sur laquelle les alternatives sont orchestrées. Et dans ce contexte récent qui nous intéresse, accepter ce cadre, c’est reprendre les formes de #racisme_colonial qui font précisément partie du problème structurel à résoudre, de l’#injustice intolérable à surmonter. Nous ne pouvons donc pas refuser l’histoire de l’injustice au nom d’une certitude morale, car nous risquerions alors de commettre d’autres injustices encore, et notre certitude finirait par s’affaisser sur un fondement de moins en moins solide. Pourquoi ne pouvons-nous pas condamner des actes moralement haïssables sans perdre notre capacité de penser, de connaître et de juger ? Nous pouvons certainement faire tout cela, et nous le devons.

    Les actes de violence auxquels nous assistons via les médias sont horribles. Et dans ce moment où toute notre attention est accaparée par ces médias, les violences que nous voyons sont les seules que nous connaissions. Je le répète : nous avons le droit de déplorer ces violences et d’exprimer notre horreur. Cela fait des jours que j’ai mal au ventre à essayer d’écrire sans trouver le sommeil, et tous les gens que je connais vivent dans la peur de ce que va faire demain la machine militaire israélienne, si le #discours_génocidaire de #Netanyahu va se matérialiser par une option nucléaire ou par d’autres tueries de masse de Palestiniens. Je me demande moi-même si nous pouvons pleurer, sans réserve aucune, pour les vies perdues à Tel-Aviv comme pour les vies perdues à Gaza, sans se laisser entraîner dans des débats sur le relativisme et sur les #fausses_équivalences. Peut-être les limites élargies du deuil peuvent-elles contribuer à un idéal d’#égalité substantiel, qui reconnaisse l’égale pleurabilité de toutes les vies, et qui nous porte à protester que ces vies n’auraient pas dû être perdues, qui méritaient de vivre encore et d’être reconnues, à part égale, comme vies.

    Comment pouvons-nous même imaginer la forme future de l’égalité des vivants sans savoir, comme l’a documenté le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, que les militaires et les colons israéliens ont tué au minimum 3 752 civils palestiniens depuis 2008 à Gaza et en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est. Où et quand le monde a-t-il pleuré ces morts ? Et dans les seuls bombardements et attaques d’octobre, 140 enfants palestiniens ont déjà été tués. Beaucoup d’autres trouveront la mort au cours des actions militaires de « #représailles » contre le Hamas dans les jours et les semaines qui viennent.

    Ce n’est pas remettre en cause nos positions morales que de prendre le temps d’apprendre l’histoire de la #violence_coloniale et d’examiner le langage, les récits et les cadres qui servent aujourd’hui à rapporter et expliquer – et interpréter a priori – ce qui se passe dans cette région. Il s’agit là d’un #savoir_critique, mais qui n’a absolument pas pour but de rationaliser les violences existences ou d’en autoriser d’autres. Son but est d’apporter une compréhension plus exacte de la situation que celle proposée par le cadre incontesté du seul moment présent. Peut-être d’autres positions d’#opposition_morale viendront-elles s’ajouter à celles que nous avons déjà acceptées, y compris l’opposition à la violence militaire et policière qui imprègne et sature la vie des Palestiniens dans la région, leur droit à faire le deuil, à connaître et exprimer leur indignation et leur solidarité, à trouver leur propre chemin vers un avenir de liberté ?

    Personnellement, je défends une politique de #non-violence, sachant qu’elle ne peut constituer un principe absolu, qui trouve à s’appliquer en toutes circonstances. Je soutiens que les #luttes_de_libération qui pratiquent la non-violence contribuent à créer le monde non-violent dans lequel nous désirons tous vivre. Je déplore sans équivoque la violence, et en même temps, comme tant d’autres personnes littéralement stupéfiées devant leur télévision, je veux contribuer à imaginer et à lutter pour la justice et pour l’égalité dans la région, une justice et une égalité qui entraîneraient la fin de l’occupation israélienne et la disparition de groupes comme le Hamas, et qui permettrait l’épanouissement de nouvelles formes de justice et de #liberté_politique.

    Sans justice et sans égalité, sans la fin des violences perpétrées par un État, Israël, qui est fondé sur la violence, aucun futur ne peut être imaginé, aucun avenir de #paix_véritable – et je parle ici de paix véritable, pas de la « #paix » qui n’est qu’un euphémisme pour la #normalisation, laquelle signifie maintenir en place les structures de l’injustice, de l’inégalité et du racisme. Un pareil futur ne pourra cependant pas advenir si nous ne sommes pas libres de nommer, de décrire et de nous opposer à toutes les violences, y compris celles de l’État israélien, sous toutes ses formes, et de le faire sans avoir à craindre la censure, la criminalisation ou l’accusation fallacieuse d’antisémitisme.

    Le monde que je désire est un monde qui s’oppose à la normalisation du régime colonial israélien et qui soutient la liberté et l’autodétermination des Palestiniens, un monde qui réaliserait le désir profond de tous les habitants de ces terres de vivre ensemble dans la liberté, la non-violence, la justice et l’égalité. Cet #espoir semble certainement, pour beaucoup, impossible ou naïf. Et pourtant, il faut que certains d’entre nous s’accrochent farouchement à cet espoir, et refusent de croire que les structures qui existent aujourd’hui existeront toujours. Et pour cela, nous avons besoin de nos poètes, de nos rêveurs, de nos fous indomptés, de tous ceux qui savent comment se mobiliser.

    https://aoc.media/opinion/2023/10/12/condamner-la-violence

    ici aussi : https://seenthis.net/messages/1021216

    #à_lire #7_octobre_2023 #génocide

    • Palestinian Lives Matter Too: Jewish Scholar Judith Butler Condemns Israel’s “Genocide” in Gaza

      We speak with philosopher Judith Butler, one of dozens of Jewish American writers and artists who signed an open letter to President Biden calling for an immediate ceasefire in Gaza. “We should all be standing up and objecting and calling for an end to genocide,” says Butler of the Israeli assault. “Until Palestine is free … we will continue to see violence. We will continue to see this structural violence producing this kind of resistance.” Butler is the author of numerous books, including The Force of Nonviolence: An Ethico-Political Bind and Parting Ways: Jewishness and the Critique of Zionism. They are on the advisory board of Jewish Voice for Peace.

      https://www.youtube.com/watch?v=CAbzV40T6yk

  • Tristan Waleckx
    @tristanwaleckx | 6:54 PM · 19 sept. 2023

    En soutien à @AriaLavrilleux
    placée en garde à vue pour avoir fait son travail, et pour que chacun puisse savoir ce que certains voudraient taire, @Francetele
    et @Disclose_ngo ont décidé de remettre en ligne son #ComplementDenquete réalisé avec @jpcanet

    Complément d’enquête
    https://www.france.tv/france-2/complement-d-enquete/5281047-france-egypte-revelations-sur-une-operation-secrete.html

    France-Egypte : révélations sur une opération secrète

    #secret_défense #journaliste #arrestation #DGSI

    • Disclose
      @Disclose_ngo
      9:59 AM · 20 sept. 2023
      https://twitter.com/Disclose_ngo/status/1704404964787778042

      🔴 Garde à vue d’@AriaLavrilleux
       : d’après nos informations, les enquêteurs de la DGSI reprochent à notre journaliste d’avoir signé 5 articles sur les ventes d’armes françaises à l’étranger, publiés par
      1/4

      Les enquêtes concernées :
      – Opération Sirli en Égypte
      – La vente de 30 avions Rafale à l’Égypte
      – Les armes livrées à la Russie jusqu’en 2020
      – La vente de 150 000 obus à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis (EAU)
      – Le transfert d’armes illicite des EAU vers la Libye
      2/4

      Ces informations confidentielles sont d’intérêt général. Elles éclairent le débat public sur la réalité des relations de la France avec des dictatures et jettent une lumière crue sur des armes, fabriquées dans notre pays, et retournées contre des populations civiles
      3/4

      Qu’importe si ces révélations sur les ventes d’armes de la France sont gênantes pour l’État français

      Après 28 heures de garde vue, Ariane doit être libérée au plus vite. Sans aucune poursuite
      4/4

    • Ariane Lavrilleux
      @AriaLavrilleux
      #JournalismIsNotACrime
      9:36 PM · 20 sept. 2023
      https://twitter.com/AriaLavrilleux/status/1704580275613647082

      je suis libre, merci bp pour votre soutien !
      im free, thx for your support !
      انا حرة ،شكرا ليكو !

      Ariane Lavrilleux
      @AriaLavrilleux
      9:52 PM · 20 sept. 2023
      https://twitter.com/AriaLavrilleux/status/1704584379228406149

      Dsl pour le comité d’accueil de @Prenonsla1 @PressePapiers13
      qui m’attendait à la sortie de GAV à Marseille : on m’a fait sortir par derrière exprès pour que je ne vous vois pas, et sans prévenir l’avocate de @Disclose_ngo
       ! C’est le signe que vous dérangez : continuons le combat !

  • Secret des sources : une journaliste de Disclose placée en garde à vue
    https://disclose.ngo/fr/article/secret-des-sources-une-journaliste-de-disclose-placee-en-garde-a-vue

    Une perquisition est en cours depuis 6h00, ce mardi 19 septembre, au domicile personnel d’Ariane Lavrilleux, journaliste de Disclose et co-autrice de la série d’enquêtes « Egypt Papers ». Accompagnés d’un juge d’instruction, des policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ont placé la journaliste en garde à vue dans le cadre […] Lire l’article

    • Lors de la dernière audition, à court de nouvelles déductions, Z. avait finit par me questionner à propos d’un billet de France Culture sur la dissolution des Soulèvements de la Terre, écouté le matin même dans sa voiture. Il me précise que l’éditorialiste Jean Leymarie y critique la dissolution mais interroge la « radicalisation du mouvement » : « Leymarie cite le philosophe Pascal et son adage - la justice sans la force est impuissante mais la force sans la justice est tyrannique ? Continuerez vous malgré votre mesure de garde à vue à légitimer l’usage de la violence ? N’avez vous pas peur que votre mouvement devienne tyrannique ? Allez vous vous ranger du côté de la justice ? »

      Ce qui est bien quand on est seul à faire les questions et à savoir que les réponses ne viendront pas, c’est que l’on a toujours la possibilité de se les poser à soi-même et à son corps de métier. Une semaine après nos sorties de garde à vue, des policiers tuaient une fois de plus dans la rue un adolescent des quartiers populaires, provoquant le soulèvement politique le plus fracassant qu’ait connu ce pays depuis les Gilets Jaunes, avant d’envoyer des centaines de nouvelles personnes en prison. Alors que la conséquence que les policiers en tirent quant à eux est de revendiquer aujourd’hui, avec l’appui du ministère de l’Intérieur, un statut d’exception à même de les faire échapper à la loi, la question de ce que devient la force sans la justice est tragiquement d’actualité.

    • Quand je suis emmené pour la dernière fois dans son bureau pour l’audition finale, il ne nous cache cette fois pas sa forte déception et l’étonnement des enquêteurs de ne pas avoir été suivis par la juge. L’un deux soufflera d’ailleurs à une autre personne que celle-ci est « à moitié en burn out ». Lui confirme en tout cas qu’elle a estimé que « les conditions de sérénité des débats n’étaient pas réunies ». On peut imaginer, au-delà de toute autres considérations guidant cette décision, que la juge doit à minima répugner à ce que son indépendance soit publiquement mise en débat et à ce que le doute continue à se distiller sur son instrumentalisation au profit d’une urgence gouvernementale à mettre fin aux Soulèvements de la Terre. D’autant que depuis l’affaire Tarnac, les juges d’instruction savent bien que la fragnolite peut toujours les attendre au tournant, et depuis Bure que les associations de malfaiteurs trop enflées politiquement peuvent finir en relaxe.

    • Le capitaine nous affirme d’ailleurs que justement la SDAT « cherche aujourd’hui de nouveaux débouchés » du côté de l’« écologie » et « des violences extrêmes ».

      [...]

      Z. dira à plusieurs reprises que la seule raison pour laquelle la SDAT a pu « lever le doigt » pour être chargée de l’affaire était les « tentatives d’incendies sur des véhicules de l’usine », et que « sans le feu » tout ceci serait sans doute resté dans une catégorie de délit inférieur sans bénéficier de leur attention

      [...]

      Au long des 4 jours, on constate que Z. oscille quant à lui maladroitement entre une surqualification des faits incriminés seule à même de justifier que les moyens de la SDAT soit employée dans cette affaire, et une posture opposée visant à déjouer les critiques sur l’emploi des moyens de l’anti-terrorisme à l’encontre d’actions écologistes qui peuvent difficilement être qualifiée comme telles. Il estime d’un côté que notre mise en cause de l’emploi de la SDAT dans la presse est déplacée puisque la qualification « terroriste » n’est pas retenue dans le classement de cette affaire et que la SDAT agirait ici comme un « simple corps de police ». Mais il nous exposera par ailleurs dans le détail comment seuls les moyens exceptionnels de l’anti-terrorisme ont pu permettre de mener une telle enquête et que « nul autre qu’eux » aurait été capable de fournir ce travail.

      Il faut dire que la taille du dossier d’instruction encore incomplet est de 14 000 pages, ce qui représente à ce que l’on en comprend six mois de plein emploi pour un nombre significatif de policiers, et donne une idée du sens des priorités dans l’exercice de la justice dans ce pays. A sa lecture ultérieure et en y explorant dans le détail l’amplitude des moyens qu’ont jugé bon de déployer les enquêteurs pour venir à la rescousse de Lafarge, les mis en examen constateront qu’ils avaient effectivement carte blanche. L’officier concède d’ailleurs à mon avocat que la police est, ces dernières années, une des institutions les mieux dotées financièrement du pays, et admet que leurs syndicats font quand même bien du cinéma. En l’occurrence cette manne a été mise au service de ce qui paraît être devenu ces derniers mois deux impératifs catégoriques pour le gouvernement français et les entreprises qui comptent sur sa loyauté à leur égard. En premier lieu produire une secousse répressive suffisante pour décourager toute velléité de reproduction d’un telle intrusion. Il doit demeurer absolument inconcevable que la population fasse le nécessaire et mette elle-même à l’arrêt les infrastructures qui ravagent ses milieux de vie. En second lieu, étendre encore le travail de surveillance et de fichage déjà à l’œuvre sur un ensemble de cercles jugés suspects en s’appuyant sur les moyens débridés offerts par l’enquête.

    • Il veux savoir si j’ai lu les brochures visant à attaquer les #Soulèvements_de_la_Terre, de ceux qu’il qualifie d’« #anarchistes individualistes ». Les accusations portées à notre égard y sont selon lui fort instructives et mettent en cause les faits et gestes de certaines personnes d’une manière qui s’avère sans doute pertinente pour l’enquête. C’est notamment à partir de ces fables intégralement versées au dossier que la SDAT justifie certaines des #arrestations, et fonde une partie de la structure incriminante de son récit sur ces « cadres des Soulèvements » qui resteraient « au chaud » en envoyant d’autres personnes au charbon. Ce sont d’ailleurs ces mêmes pamphlets, publiées sur certains sites militants, que le ministère de l’Intérieur reprend avec application pour fournir des « preuves » de l’existence et de l’identité de certains soit-disant « #dirigeants », et alimenter, dans son argumentaire sur la dissolution, l’idée d’un mouvement « en réalité vertical ». Z. est en même temps « bien conscient », dit-il, que ces écrits, sont « probablement l’expression de « guerres de chapelles », comme ils peuvent en avoir eux-même de services à service ». Cela ne l’empêche pas de proposer à une autre personne, arrêtée lors de la première vague, de prendre le temps de les lire pendant sa garde à vue « pour réaliser à quel point » elle se serait fait « manipuler ».

      #récit #autonomie #surveillance #police_politique #SDAT (héritage du PS années 80) #arrestations #interrogatoires #SLT #écologie #sabotage #anti_terrorisme #Lafarge #Béton

    • Lafarge, Daesh et la DGSE
      La raison d’Etat dans le chaos syrien

      https://lundi.am/Lafarge-Daesh-et-la-DGSE

      Ce mardi 19 septembre se tenait une audience devant la cour de cassation concernant l’affaire Lafarge en Syrie dans laquelle le cimentier et ses dirigeants sont soupçonnés de financement du terrorisme. Alors que le terme terrorisme plane frauduleusement autour du désarmement de l’usine de Bouc-bel-Air, voilà l’occasion d’une petite mise en perspective.

      #lafarge #daesh #dgse #syrie

  • Racisme et #domination des Etats méditerranéens

    Le #racisme en #Tunisie, loin d’être un #fait_culturel, est la conséquence de #politiques_frontalières

    La #violence contre les personnes noires en situation irrégulière en Tunisie reflète une manie de domination et un jeu de pouvoir lâche d’un petit État en crise. Mais elle est aussi le résultat d’un récit populiste et d’une approche gouvernementale cruelle à l’égard des indésirables, typique de tous les États méditerranéens.

    En 1982, le célèbre intellectuel tunisien Albert Memmi écrivait un essai intitulé Racisme, dans lequel on trouve sa fameuse définition du phénomène qui donne son titre au livre : “l’exploitation généralisée et définitive des différences, réelles ou imaginaires, au profit de l’accusateur et au détriment de la victime, pour justifier une agression”. A l’époque de Memmi, né à Tunis d’une mère d’origine juive berbère et d’un père d’origine tunisienne italienne, la Tunisie était un protectorat français et sa population était beaucoup plus hétérogène qu’aujourd’hui, avec des Français, des Italiens, des Maltais et une présence juive bimillénaire. Dans les années 1950, le racisme des colons français à l’égard de la population majoritairement arabo-musulmane justifiait l’occupation du pays. Aujourd’hui, cent ans après la naissance de Memmi, le racisme de la majorité arabo-musulmane à l’égard des minorités et des étrangers noirs justifie la répression de ces derniers. Fondé sur un récit nationaliste très homogénéisant, le racisme en Tunisie, comme dans le reste de l’Afrique du Nord, est une réalité difficile à éradiquer parce qu’elle est omniprésente dans la politique et la culture, et parce qu’elle joue sur des problèmes réels.

    Le racisme anti-noir en Tunisie, s’il est une réalité presente depuis des années 1, a explosé ces derniers mois depuis le discours du Président Kaïs Saïed du 21 février contre les personnes subsahariennes en situation d’irrégularité. La Tunisie a été choquée par une violence raciste sans précédent. En représailles au meurtre d’un citoyen Tunisien par un homme d’origine de l’Afrique dite Subsaharienne, des hordes d’hommes armés de couteaux et de bâtons ont attaqué les maisons de familles innocentes. Cette violence a été précédée, légitimée et suivie par une répression organisée de l’État contre les personnes noires sans papiers : au cours des deux dernières semaines, des centaines d’arrestations et d’expulsions ont été dénombrées à la frontière, au milieu du désert 2. Beaucoup de Tunisiens sont consternés par le comportement de leurs concitoyens et la brutalité de leur Etat. Et beaucoup voudraient être solidaires, offrir un logement et une assistance aux expulsés et aux déportés, mais toute tentative de solidarité est empêchée, bloquée ou déjouée par une police omniprésente et capillaire.

    Et dans un état de non-droit comme la Tunisie, où la loi se négocie avec l’arbitraire des policiers, parmi les victimes les plus malheureuses se trouvent précisément ceux que les politiciens Italiens appellent les migrants, qui fuient les guerres, les persécutions et la pauvreté et que le gouvernement italien continue à renvoyer en Afrique du Nord, en finançant les garde-côtes tunisiens pour qu’ils empêchent à tout prix leur départ. Ce sont ces mêmes personnes qui, arrivées en Europe, deviennent des réfugiés : Soudanais, Erythréens, Ethiopiens, Nigérians, ou qui deviennent des clandestins enfermés dans les Centres de Rétention Administratives Italiens, renvoyés dans leur pays, relégués dans la misère. Migrants, réfugiés ou sans-papiers, la différence n’est pas grande si vous avez la peau noire en Tunisie, puisque la violence – d’Etat – est exercée sans distinction. D’ailleurs, parmi les personnes amenées dans le désert ces derniers jours, il y aurait aussi des étudiants et des personnes ayant des documents de séjour valides, ainsi que des réfugiés et des demandeurs d’asile. Et dans l’Union européenne, voulons-nous encore croire que nous pouvons créer des plateformes de débarquement 3 en Afrique du Nord pour décider qui est un vrai réfugié – qui peut venir chez nous ! – et qui est un migrant économique – qui doit rester là-bas ? Et pendant ce temps, des centaines de personnes dans les rues, battues ou abandonnées dans le désert.

    À l’origine des événements récents, il y a les politiques économiques et militaires des frontières. Fondamentalement, les gens ne quitteraient pas leur pays si leurs perspectives de vie n’étaient pas menacées par la famine, la guerre et la pauvreté. Et pour soutenir la poursuite des conflits au Mali, au Niger, en Libye ou en Ukraine, ou la pauvreté au Tchad, en Tunisie ou en Côte d’Ivoire, ce sont les armées et les politiques extractives néocoloniales françaises, italiennes, britanniques, allemandes, américaines, auxquelles s’ajoutent celles des nouvelles grandes puissances, comme la Chine et la Turquie, qui sont en cause. A leur arrivée en Tunisie, la fermeture des frontières méditerranéennes est un mur qui empêche ces “déplacés en quête de vie” de partir. Ne pouvant plus repartir, ils restent bloqués dans un pays pauvre, un petit Etat en crise économique, sans ressources massives, avec peu d’industries et un tourisme en déclin, et un passé récent perturbé par la révolution. Un pays qui doit pourtant compter avec ses voisins arrogants et puissants : Italie, France, Allemagne, Pays-Bas, Union européenne. Des voisins qui veulent à tout prix arrêter ces personnes en transit, et qui paient des millions à la Tunisie pour le faire 4. Et s’il n’y avait pas de frontières, s’il n’y avait pas la militarisation de la Méditerranée, ces personnes seraient déjà en Italie : problème résolu.

    Aujourd’hui, la Tunisie en a assez de jouer ce rôle infâme et coûteux. Dans un contexte de crise économique écrasante et déprimante, d’inflation massive et de chômage endémique, l’arrivée de milliers de personnes s’installant dans les grandes villes tunisiennes compromet encore davantage la capacité de l’État à subvenir aux besoins de sa population. D’autant plus que cet État ne s’est jamais montré disposé à le faire. La colère monte chez un peuple affamé et frustré de voir s’installer dans ses villes des “Africains“, comme on appelle paradoxalement les Noirs subsahariens. La xénophobie sévit dans toutes les couches de la société, mais surtout parmi les plus démunis et les plus touchés par la crise. Les mêmes personnes qui ont peu de perspectives d’avenir, qui se sentent emprisonnés dans un pays qui les piétine et les écrase avec sa police, un pays où tout – travailler dignement, ouvrir un commerce, étudier, recevoir des soins médicaux de qualité – est difficile, nié, empêché. Un peuple écrasé par les frontières, un peuple qui n’a qu’un seul espoir : partir. Un espoir qui lui est refusé par la difficulté d’obtenir un visa et qui est criminalisé par les politiques euro-tunisiennes de lutte contre l’immigration irrégulière. Un peuple qui se souvient bien de l’époque prérévolutionnaire, où au moins il n’y avait qu’un seul voleur. Aujourd’hui, tout le monde est voleur (interview avec un chauffeur de taxi à Sfax). L’anarchie est généralisée, la méfiance règne, la colère monte.

    “Faddina”, (nous en avont assez) depuis des années, disent les Tunisiens. Assez de la corruption du parti islamiste el Nahda, assez de vendre du sel à la France pour une somme dérisoire, selon une convention qui remonte à l’époque coloniale 5. Alors, quand Kais Saied, un honnête professeur de droit, a fait nettoyage général 6 en 2019, de larges pans de ce peuple se sont réjouis. Mais au fil des années, sans une politique économique forte pour relever le pays, le professeur perd de sa popularité. Et donc aujourd’hui, ce dictateur incompétent – on dit qu’au moins l’autre était intelligent (interview avec un étudiant à Tunis) – s’accroche de toutes ses forces au peu qu’il a pour affirmer sa souveraineté. Il a d’abord jeté en pâture à la foule des députés corrompus, puis des islamistes ; il a ensuite inventé des complots contre l’État, des journalistes-espions et des organisations financées par l’Europe pour faire tomber le pays. Aujourd’hui, sa dernière carte est aussi la plus en vogue. La méthode la plus rapide, la plus facile et la plus indolore pour revenir dans les bonnes grâces de son peuple est de mener une lutte sans merci contre les personnes noires sans papiers. Cette lutte sert aussi bien la politique extérieure que la politique intérieure : d’une part, gagner en crédibilité (et attirer l’attention et donc des fonds) auprès des partenaires européens dans la lutte contre l’immigration irrégulière, d’autre part, renforcer la légitimité du gouvernement. Et ce, en éliminant ceux qui ne correspondent pas à la définition de l’identité nationale.
    Pouvoir raciste, pouvoir populiste

    La Tunisie, qui dispose d’un État-providence très pauvre, où il n’y a pas de protection économique et sociale des citoyens, où le pouvoir est concentré dans les mains des oligarques de la classe dirigeante, est la “démocratie du mécontentement”. Tout le monde se plaint, personne ne fait confiance à l’État. Beaucoup se souviennent de l’époque de Ben Ali, où au moins il y avait lui, un homme fort qui affirmait sa position. Aujourd’hui, l’homme fort Kais Saied tente de se créer une hégémonie, au sens gramscien (voir pour ce concept Gherib Baccar, 2017), c’est-à-dire une légitimation populaire et incontestée de son pouvoir, de son autorité, basée sur la répression des indésirables, les personnes irrégulières noires.

    Premier objectif du racisme de Saied : jouer les durs avec l’Europe. Ce n’est certes pas la première fois que les corps des migrants sont utilisés comme une arme de politique internationale : voir la Turquie en 2016 dans les négociations avec l’Europe, l’Italie et la Grèce au cours de la dernière décennie dans les négociations avec d’autres États européens. Au contraire, nous pouvons identifier des approches anti-migrants communes à toutes les politiques méditerranéennes. La lutte contre les migrants irréguliers par tous les moyens – rejets aux frontières, réadmission dans le pays d’origine, détention, marginalisation – est la variable commune de la politique régionale dans et autour de la mer Méditerranée, de l’Europe du Nord à l’Afrique subsaharienne. A travers cette lutte sans merci, les Etats forgent une part de leur souveraineté, alors que le thème des migrations est aujourd’hui au cœur des débats dans de nombreux pays européens. Gouverner les mouvements humains est donc une façon d’être et de fonctionner de l’État méditerranéen, une forme de gouvernement méditerranéenbasée sur le nationalisme populiste et le racisme. Ces derniers, héritiers du passé colonial et frères de toutes les occupations autour de cette mer, des colonies israéliennes illégales sur les terres palestiniennes, à l’occupation du Sahara occidental par le gouvernement marocain.

    Le racisme et le populisme sont en effet les cartes avec lesquelles se joue ce jeu impitoyable. Par le passé, les puissances coloniales européennes ont tenté de justifier leur domination et de légitimer leur occupation par des arguments scientifiques et rationnels. Les écrivains européens – principalement français et anglais – du XVIIIe siècle, tels que Voltaire, Goethe, Chateaubriand, Renan, ont contribué à la création d’un “savoir orientaliste” (Said, 1978) qui caractérisait les Arabes musulmans comme arriérés et légitimait ainsi l’intervention occidentale. Le racisme, c’est-à-dire la valorisation des différences, réelles ou imaginaires (Memmi, 1982), est l’outil approprié pour soutenir ce type de discours. Selon la définition de Memmi, le racisme est un instrument d’agression qui utilise les différences entre les hommes : “Quelle que soit la voie empruntée, le but du racisme est la domination. […] Comme au billard, où l’on vise une boule pour en mettre une autre dans le trou, on accuse sous divers prétextes, mais toujours pour rejeter, spolier, opprimer. […] Le racisme illustre et symbolise l’oppression”. Le racisme, c’est donc le mépris et le sentiment de supériorité du colonialiste qui a justifié l’invasion de la Tunisie ou de l’Algérie ; c’est aussi l’antisémitisme qui a conduit à l’extermination des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale ; c’est encore les récents événements de Sfax, où des hordes de bandits armés de machettes ont attaqué des familles d’immigrés subsahariens. Tout comme l’action odieuse des forces de sécurité tunisiennes qui ont emmené de force ces mêmes familles dans le désert, à la frontière libyenne, sans eau ni nourriture. Derrière tous ces événements se cache une volonté de domination et de pouvoir. “L’action raciste n’est jamais désintéressée, même si la nature du profit n’est pas immédiatement claire”. (Memmi, 1982).

    Les images et les vidéos des événements de Sfax, qui ont secoué la Méditerranée comme le massacre de Melilla l’avait fait en 2021, amènent à réfléchir une fois de plus sur les frontières et l’Etat-nation. En effet, ce qui unit les Etats aujourd’hui, malgré d’énormes différences dans leurs spécificités culturelles, géographiques et politiques, c’est le récit fortement identitaire et populiste avec lequel le pouvoir gouvernemental est légitimé. C’est pourquoi on les appelle des États-nations : parce que chaque État crée et entretient une identité nationale spécifique et limitée qui différencie ceux qui font partie de l’État de ceux qui n’en font pas partie. La raison de cette “nationalité” des États s’explique par la nécessité de définir le pouvoir de l’État, son monopole de la violence, comme le dit Weber. L’identité nationale sert également à définir à qui fournir des services tels que la santé, l’éducation et le travail, c’est-à-dire l’aide sociale : il est plus facile de le faire avec une division claire entre ceux qui sont inclus et ceux qui sont exclus. Enfin, elle est également utile en temps de crise, lorsqu’il faut économiser, mobiliser, faire la guerre, car il est plus facile de convaincre quelqu’un de défendre quelque chose de proche, de cher et d’intime, plutôt qu’une entité lointaine, froide et incolore. Ce caractère nationaliste de l’État est aussi son caractère raciste, comme le dirait Etienne Balibar, car les États-nations sont, par définition, des États racistes, dans lesquels l’identité nationale peut être utilisée pour justifier une agression : c’est cela le racisme d’État.

    Mais l’équation fonctionne aussi dans l’autre sens : s’il est vrai que l’identité nationale sert la violence de l’État, l’inverse est également vrai son opposé, à savoir que la violence renforce la nation. Les exemples historiques sont nombreux : l’identité nationale des puissances européennes s’est renforcée et renouvelée après les guerres mondiales ; les conflits interethniques revigorent souvent la perception des différences entre les peuples, comme ce fut le cas en Bosnie où, aujourd’hui encore, après la guerre, l’État est toujours divisé entre musulmans et catholiques. Demandons-nous donc si la Tunisie de Saïed ne cherche pas à faire la guerre, à sa manière, aux citoyens subsahariens présents sur son territoire, pour consolider la force de son gouvernement, pour renforcer l’identité nationale tunisienne. La création d’un bouc émissaire, d’un “autre” à combattre, à chasser, à tuer, n’est-elle pas une source de force pour la nation, pour l’individualité collective du citoyen qui se reconnaît dans son État et veut le protéger ?

    Et en effet, le deuxième objectif du racisme de Saïed est de calmer les foules en colère. Les criminels qui ont commis ces actes brutaux étaient eux-mêmes victimes d’un système inégalitaire, fortement touché par la crise. Cela ne justifie pas l’agressivité ou la haine raciale, mais explique comment la colère et la frustration peuvent facilement être dirigées vers les plus faibles, d’autant plus si cette violence est soutenue par l’Etat. Ce n’est pas seulement la nation qui est revigorée par le choc avec l’autre, mais aussi le narcissisme du moi collectif dans la société. Ce qui nous interroge, c’est le sens de la violence, qui est toujours dirigée vers les plus délaissés et les plus pauvres. Memmi explique que “le raciste va instinctivement contre l’opprimé : il est plus facile d’ajouter de la souffrance à ceux qui en ont déjà”. La violence ne se manifeste pas, comme il serait peut-être plus logique, à l’égard des forts, des dirigeants européens, des puissances coloniales. Le sentiment de cette violence est légitimé par le fait que “les Africains sont différents, ils ont une culture différente de la nôtre” (entretien avec un chauffeur de taxi à Sfax), oubliant par exemple les différences culturelles évidentes entre Tunisiens et Italiens. Au contraire : combien les filles et les garçons italiens sont beaux, gentils et intelligents, nos frères et nos sœurs ! Une vision influencée par les perspectives de classe et le désir d’Occident (Wael Garnaoui, 2022). Les différences, réelles ou imaginaires, sont créées et recréées dans le discours collectif et dans les perceptions individuelles. Dans une vidéo diffusée sur les médias sociaux, une femme tunisienne dit à une personne noire : “Tu dois aller dans ton pays, nous sommes un pays pauvre ici, il n’y a rien pour toi. Vous arrivez, vous vivez à 50 dans une maison, vous apportez des maladies. Il n’y a pas de place pour vous ici”. C’est le racisme des opprimés qui s’exprime, l’ignorance des personnes affamées manipulées par les “fake news” et les informations fallacieuses des médias de propagande modernes.
    Un besoin urgent d’un antiracisme d’État

    Albert Memmi affirme que “dans chacun de nous, il y a un raciste qui est ignoré. […] Le racisme est l’une des attitudes les plus partagées au monde”. Le racisme est tellement omniprésent dans la culture et la société, dans les médias et dans l’éducation, qu’il est difficile, voire impossible, de l’éliminer complètement. Comme le dit Memmi, le racisme est un fait social. Mais si le racisme à l’encontre des personnes noires est la direction “naturelle” vers laquelle se dirige la colère des personnes frustrées par la crise, les frontières et la corruption, le racisme est également un discours qui peut être utilisé, manipulé ou éliminé. Le fait que des bandes d’hommes armés aient attaqué des familles subsahariennes n’est, en soi, rien d’autre que la manifestation d’une tension sociale alimentée par la crise économique et un substrat culturel mono-identitaire, exclusif et fermé aux minorités. Ce substrat, omniprésent dans la société tunisienne, de l’éducation à la socialisation, créé par l’Etat depuis l’independence, est aujourd’hui légitimé par le discours raciste de Saïed. Il ne s’élimine pas du jour au lendemain : il faut une éducation antiraciste pour éviter que les victimes d’une crise économique et politique ne deviennent les auteurs d’un génocide. Au lieu de cela, l’État soutient et attise les sentiments racistes parce que cela l’arrange.

    Un tournant antiraciste est donc nécessaire, non seulement en Tunisie, mais aussi en Méditerranée. Tout d’abord, les lois et les tribunaux pourraient éliminer immédiatement – en condamnant les auteurs, à commencer par les chefs d’État et les ministres de l’intérieur – le racisme institutionnel des États méditerranéens, y compris la Tunisie. Pour ce motif là, l’independence du système juridique et pénal, très ménacé aujourd’hui en Tunisie, est d’importance centrale. Il faut un pouvoir independant et forte pour denoncer ce racisme vil et mesquin qui est dû à la volonté de domination dans un contexte historique et régional qui fait de la lutte contre les personnes noires en situation irrégulière le motif de l’expression de la souveraineté, intérieure et extérieure.

    Ce n’est pas seulement une question d’éthique, mais aussi d’efficacité – la propagande anti-noire de Kaïs Saïed est totalement incompétente pour résoudre – je dirais même contourner – les vrais problèmes : inflation, manque de produits de première nécessité, chômage. En déportant des innocents dans le désert, Saïed ne peut recevoir que des condamnations, internationales et internes. Memmi écrit : “Solution fallacieuse, certes, compensation vaine, mesquine et inique surtout, qui compromet les valeurs et se trompe sur elle-même, détruit la dignité de l’un pour assurer illusoirement celle de l’autre. Mais il faut admettre que c’est une sorte de solution à des problèmes réels, un tranquillisant face à des enjeux indéniables”.

    Ajoutons que l’Etat tunisien, comme d’autres Etats méditerranéens, ne persécute pas ces personnes uniquement parce qu’elles sont noires. En d’autres termes, à l’instar d’Annah Arendt (1951), les personnes persécutées par l’État sont avant tout des personnes sans droits politiques, donc des personnes déshumanisées à qui l’on refuse les droits de l’homme. Le racisme d’État est donc une répression des droits politiques que ces personnes réclament : droit à la citoyenneté, au travail, à la santé, à la scolarisation. Des droits qui ne sont accordés qu’à ceux qui possèdent la citoyenneté, tandis que ceux qui en sont exclus – sur une large base raciale – se voient non seulement refuser l’accès au système de protection sociale, mais sont classés comme “indésirables”. Si les nationalistes italiens de droite s’éloignent aujourd’hui du comportement raciste “classique” en adoptant une attitude politiquement correcte et en évitant de discriminer ouvertement sur la base de la couleur de peau, ils restent convaincus que le fait de ne pas posséder de documents de voyage ou de visa de séjour et de ne pas être éligible à la protection internationale disqualifie les personnes de la protection de l’État, c’est-à-dire de leurs droits politiques. On passe ainsi d’une droite ethno-nationaliste à une droite administrative-nationaliste, ce qui est dans l’air du temps. Mais la violence demeure : les indésirables doivent être enfermés, éloignés, éliminés, ou au mieux traités comme des victimes du jour à qui il faut offrir un minimum de charité (Agier, 2017).

    Nous concluons donc en disant que le racisme en Tunisie n’est pas un fait culturel, mais une évolution géographique, politique, historique et sociale. Aujourd’hui en Tunisie, le gouvernement méditerranéen des indésirables se double d’une expression raciste du nationalisme arabo-musulman. C’est dans une région, le Maghreb, historiquement “séparée” du reste de l’Afrique par un immense désert. L’indépendance, avec ses récits nationalistes nécessaires pour chasser l’occupant et créer une nation, a créé un terreau fertile pour une xénophobie généralisée. Aujourd’hui, les Tunisiens, attirés par l’Europe, se sentent plus de ce côté-ci de la Méditerranée que de l’autre. Les uns après les autres, les dirigeants tunisiens n’ont cessé d’alimenter ce sentiment pro-européen et anti-africain et de faire le jeu d’une Europe qui parle en faveur des pauvres, mais qui les piétine ensuite.

    Au lieu de changer l’histoire et de passer pour un illuminé, Saïed décide de suivre ses prédécesseurs. Il serait beaucoup plus honnête de dire, comme certains parlementaires et militants tunisiens l’ont fait à plusieurs reprises, que la Tunisie n’est pas un pays tiers sûr, qu’elle ne peut plus jouer le rôle de garde-frontière et qu’il n’y a pas de possibilité de loger et de travailler pour les réfugiés sur son territoire. Que l’Europe, avec tout son argent, les prenne en charge, en somme ! Mais Saïed ne le dira jamais. C’est trop tard : un accord entre l’Union européenne et la Tunisia à déjà été signé le 16 Juillet 2023.

    Il faudrait alors, à tout le moins, promouvoir une forme d’antiracisme humanitaire à l’égard des personnes bloquées dans le pays. Ce serait un discours éthique et noble que l’Europe, avec ses traités sur les droits de l’homme, serait obligée d’accepter. D’autre part, pendant la guerre d’Algérie (1967) et la guerre en Libye (2011), des milliers de familles ont accueilli, nourri et aidé des milliers de réfugiés des pays voisins. En Tunisie, beaucoup sont prêts à recommencer, car l’hospitalité et l’aide aux autres font partie intégrante de la culture du pays. Mais Saïed décide de suivre le mauvais exemple des Européens, et cela, parce que c’est plus facile, c’est moins risqué. En se fichant éperdument de l’hospitalité, il accuse les Noirs d’être responsables des problèmes du pays, en diffusant des “fake news” et en expulsons des centaines de personnes. Il semble avoir bien appris de Macron, Meloni, Minniti, Salvini et bien d’autres. Disons-le haut et fort : les choses doivent changer en Tunisie, mais pour qu’elles changent, il faut d’abord qu’elles changent chez l’Europe. Tant que l’aide sera réservée à nos voisins, nous ne résoudrons pas les crises mondiales et la violence qui secouent notre monde aujourd’hui. Ler gouvernements Européens devons permettre à ces personnes, bloquées en Afrique du Nord, de faire leur vie en Europe. Et les gouvernements du Sud devront s’efforcer de donner aux Tunisiens, aux Nigérians, aux Tchadiens, aux Soudanais… une chance et un avenir chez eux. Les deux choses doivent être faites, main dans la main. Mais pour cela, nous avons besoin de toute urgence, en Tunisie comme en Italie, d’un discours antiraciste omniprésent, fort et oppositionnel, et d’une gauche qui sache s’affirmer selon les valeurs du vrai cosmopolitisme et de l’humanisme.

    https://www.meltingpot.org/fr/2023/07/racisme-et-domination-des-etats-mediterraneens

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