• A Paris, environ 300 migrants évacués de campements dans le 19ᵉ arrondissement
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/11/05/a-paris-environ-300-migrants-evacues-de-campements-dans-le-19-arrondissement

    A Paris, environ 300 migrants évacués de campements dans le 19ᵉ arrondissement
    Le Monde avec AFP
    Environ trois cents personnes migrantes ont été évacuées, mercredi 5 novembre au matin, des campements où elles dormaient entre les stations de métro Jaurès, Stalingrad et Porte de la Chapelle à Paris, a constaté une journaliste de l’Agence France-Presse (AFP), ce qu’a confirmé en fin de journée une source policière.
    Trois cars à destination de Bourges, Besançon et Toulouse avaient été mobilisés pour transporter les volontaires vers des hébergements temporaires. L’évacuation s’est déroulée dans le calme en présence d’un important dispositif policier et d’agents de la préfecture d’Ile-de-France et de la Ville de Paris.« Environ trois cents personnes, issues majoritairement d’Afghanistan et de la Corne africaine, ont été recensées », a fait savoir une source policière à l’AFP. Ce sont 221 migrants qui ont été pris en charge, à destination de la province ou de l’Ile-de-France et 50 personnes, qui ont refusé toute assistance, ont été éloignées, selon cette source.
    Alors que plusieurs personnes sont venues dans l’espoir d’être relogées, des occupants du campement étaient déjà partis avant le début de l’opération, refusant de quitter Paris. C’est le cas de May, 33 ans, qui n’a pas souhaité donner son nom. Cette Soudanaise en situation régulière dort depuis deux semaines dans l’aéroport Charles-de-Gaulle avec sa fille de 11 ans. « On doit rester à Paris parce que ma fille va à l’école, et moi je cherche du travail », a expliqué cette réfugiée à l’AFP.
    Les sans-abri, majoritairement des jeunes hommes et quelques familles, ont attendu plusieurs heures, orientés par des membres des associations Médecins du monde, Utopia 56 et France terre d’asile. Trois bus supplémentaires avaient été mobilisés pour transporter vers des hébergements en Ile-de-France les personnes munies d’un contrat de travail dans la région.
    Ali, un Afghan de 23 ans en situation régulière vivant sur le campement depuis un mois, espère monter dans un de ces bus : « Je ne peux pas quitter Paris, j’ai un travail ici », a-t-il expliqué. Malgré son emploi de gardien, ses démarches pour trouver un logement n’aboutissent pas : « J’ai vraiment besoin d’un logement, c’est pas possible de vivre comme ça », s’est-il indigné. L’association Médecins du monde a constaté que des tentes s’étaient déjà réinstallées Porte de la Chapelle à midi. « On estime que 150 personnes sont restées sans solution », a fait savoir Paul Alauzy, porte-parole de l’association. « On est proche de la 500e opération similaire depuis 2015, et ça ne fonctionne pas. Il y a des campements ici depuis 2022. Les gens continuent à vivre dans des conditions indignes », a-t-il regretté.

    #Covid-19#migration#migrant#france#humanitaire#campement#logement#sante#droit

  • A Paris, environ 300 migrants évacués de campements dans le 19ᵉ arrondissement
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/11/05/a-paris-environ-300-migrants-evacues-de-campements-dans-le-19-arrondissement

    Trois cars à destination de Bourges, Besançon et Toulouse avaient été mobilisés pour transporter les volontaires vers des hébergements temporaires. Mais l’association Médecins du monde estime que 150 personnes sont restées sans solution, certains ne pouvant pas quitter Paris.

    [...]

    Ali, un Afghan de 23 ans en situation régulière vivant sur le #campement depuis un mois, espère monter dans un de ces bus : « Je ne peux pas quitter Paris, j’ai un travail ici », a-t-il expliqué. Malgré son emploi de gardien, ses démarches pour trouver un logement n’aboutissent pas : « J’ai vraiment besoin d’un logement, c’est pas possible de vivre comme ça », s’est-il indigné.

    L’association Médecins du monde a constaté que des tentes s’étaient déjà réinstallées Porte de la Chapelle à midi. « On estime que 150 personnes sont restées sans solution », a fait savoir Paul Alauzy, porte-parole de l’association. « On est proche de la 500e opération similaire depuis 2015, et ça ne fonctionne pas. Il y a des campements ici depuis 2022. Les gens continuent à vivre dans des conditions indignes », a-t-il regretté.

    #étrangers #Paris #police

  • « Pendant que les structures de soins aux exilés ferment, les budgets ­alloués au contrôle migratoire explosent »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/10/22/pendant-que-les-structures-de-soins-aux-exiles-ferment-les-budgets-alloues-a

    Dans un silence pesant, les financements publics affectés à l’accompagnement des personnes exilées, en particulier dans le domaine de la santé mentale, s’effondrent. Ces derniers mois, un nombre croissant d’associations, œuvrant depuis des décennies à la croisée du soin, du droit et de l’accueil, voient leurs budgets amputés, parfois de manière brutale, arbitraire et sans explication.

    Les crédits alloués par le ministère de l’intérieur sont arrêtés ou réduits. Dans d’autres cas, ce sont les subventions de collectivités locales qui disparaissent. Les premières victimes de cette politique de rétraction sont les plus vulnérables : femmes, hommes et enfants en exil, survivants de conflits, de violences, de tortures, qui peinent déjà à retrouver une vie digne. Ces coupes ne sont pas de simples ajustements budgétaires, mais la mise à mort méthodique d’un secteur essentiel de notre société, une attaque frontale contre les structures de soin et de solidarité, et une insulte à l’intelligence collective.

    Les chiffres sont connus : près de 70 % des personnes en exil ont vécu des violences le long de leur parcours – guerre, torture, violences sexuelles, enfermement –, selon le Comité pour la santé des exilés, entre autres ; et une personne sur cinq souffre de troubles psychiques sévères dont des psychotraumatismes et des dépressions, d’après une étude de l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé. Faute de soins, ces pathologies s’aggravent et deviennent chroniques. Elles condamnent à l’isolement, entravent les parcours d’insertion et pèsent sur l’ensemble du tissu social.

    Dans ce contexte, saborder les structures spécialisées dans l’accueil et le soin psychique est un acte de violence et un non-sens médical, économique et social. Les associations concernées reposent en général sur des modèles mixtes, mêlant fonds publics, bénévolat et dons.

    Le désengagement de l’Etat provoque un effet domino : perte des équipes expérimentées, réduction de l’accueil, augmentation des délais de soins, puis fermeture. Ce sont des vies qu’on condamne. Ce ne sont pas des ajustements techniques : c’est un choix politique délibéré qui se traduit par la fragilisation des acteurs de terrain, l’invisibilisation des souffrances, le report sur des structures saturées ou l’abandon pur et simple.

    Mission de service public

    Pendant que les structures de soins ferment, les budgets alloués au contrôle migratoire explosent : plus de 150 millions d’euros par an seraient mobilisés pour l’évacuation des #campements, selon le rapport sur les campements et bidonvilles en France du Conseil de l’Europe en 2020 ; et des centaines de millions pour bloquer les #frontières. Depuis 1998, plus de 1 milliard d’euros ont été dépensés pour empêcher les exilés de traverser la Manche. A lui seul, ce budget pourrait financer plus de 500 centres de soins spécialisés. Soigner coûte moins cher qu’exclure. Et surtout, soigner sauve des vies.

    Nous ne faisons pas face à une crise passagère, mais à un tournant : celui où l’Etat choisit de sacrifier les structures associatives, pourtant indispensables à la santé publique, à la cohésion sociale et à l’hospitalité. Les associations ne sont pas des supplétifs. Elles sont des piliers créatifs pour proposer des soins essentiels.

    Le paradoxe est glaçant : la santé mentale a été érigée en « grande cause nationale » de l’année 2025, sans que celle-ci soit au cœur des enjeux financiers et politiques de l’Etat. Partout en France, les associations tiennent à bout de bras un tissu de soins, d’écoute, d’orientation, de médiation et de défense des droits. Elles remplissent une mission de service public. Elles innovent, forment, accompagnent, soignent et ce, malgré l’épuisement, le mépris institutionnel et les coupes. C’est aujourd’hui que se décide quel type de société nous voulons être : une société de soin ou une société de rejet.

    Parmi les signataires : Sabrina Aït-Aoudia, directrice exécutive de l’association Parcours d’exil ; Jean-François Corty, président de Médecins du monde ; Jean-Jacques Férigoule, président de l’association Osiris ; Monique Guyot-Berni, présidente de l’association La Cimade ; Hélène Leroy, directrice médicale du réseau Louis Guilloux ; Camille Niel, cheffe de la mission France de Médecins sans frontières ; Guillaume Rossignol, directeur de l’association Jesuit Refugee Service France ; Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky, présidente du Centre Primo Levi ; Nathalie Tehio, présidente de la Ligue des droits de l’homme ; Sylvestre Wozniak, directeur général de l’association Forum Réfugiés. Liste complète des signataires à retrouver ici. [https://primolevi.org/letat-sacrifie-les-structures-associatives-pourtant-indispensables-a-la-s

    #exilés #étrangers #crédits #subventions #soins #accueil #contrôle_migratoire

  • A Lyon, la mort de quatre personnes dans le sous-sol d’un immeuble met en lumière la précarisation d’un quartier
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/10/21/a-lyon-la-mort-de-quatre-personnes-dans-le-sous-sol-d-un-immeuble-met-en-lum


    Les pompiers interviennent sur les lieux après un incendie dans un immeuble résidentiel à Lyon, le 20 octobre 2025. JEAN-PHILIPPE KSIAZEK/AFP

    Les occupants de l’immeuble de logements sociaux dénoncent l’inexorable dégradation de leur quotidien, alors que quatre personnes sans domicile fixe ont trouvé la mort, dans la nuit de dimanche à lundi, dans les caves qu’elles squattaient.

    La mort de deux femmes et deux hommes sans domicile fixe, âgés de 29 à 50 ans, dans le sous-sol d’un immeuble de 10 étages, dans le 3e arrondissement de Lyon, dit beaucoup de la dégradation du tissu social sous l’effet de la #précarisation. Les quatre victimes ont été asphyxiées par les fumées toxiques d’un incendie qui s’est déclaré dans la nuit de dimanche à lundi 20 octobre, dans une cave du 245, rue André-Philip. La cause du sinistre n’a pas été officiellement établie. Sous réserve des expertises à venir, le feu a pris à partir d’une cuisinière, installée dans un réduit transformé en #logement de fortune que les deux couples venaient d’investir.

    « J’ai entendu l’alarme retentir vers 5 heures et demie du matin. Elle sonne souvent pour rien, la dernière fois c’était samedi. Mais j’ai tout de suite senti la fumée, je suis descendue et j’ai vu les pompiers qui essayaient de ranimer les gens », raconte Chrystel Clavelli, 56 ans, résidente du 7e étage. L’incendie lui rappelle un autre mauvais souvenir. En décembre 2021, les fumées d’un feu en sous-sol s’étaient propagées dans les étages par les gaines techniques. « Dans le couloir, je ne voyais pas mon voisin tellement il y avait de la fumée », rapporte-t-elle. A l’époque, tous les habitants avaient été évacués en catastrophe, sans victime.

    Cette fois, le feu a tué sous leurs pieds, et les occupants sont sous le choc, en colère aussi. « Je ne suis même pas surprise, c’est triste à dire, les squatteurs avaient provoqué le feu en 2021, l’histoire se répète aujourd’hui, on se sent complètement abandonnés », insiste Chrystel Clavelli. Selon plusieurs locataires, deux couples venaient de s’installer dans le sous-sol, depuis une semaine environ, et la situation était signalée. Ce que confirme ICF Habitat, bailleur de l’immeuble. « Une occupation illicite des caves de l’immeuble a été constatée récemment. Un constat d’huissier a été établi et une plainte a été déposée auprès des services de police le 16 octobre », affirme la filière immobilière de la SNCF dans un communiqué.

    Appartements vides

    Lundi soir, des locataires se sont regroupés au pied de l’immeuble, pour refaire le récit de la nuit et exprimer leur désarroi. Ils ont raconté leur quotidien intranquille. Les portes forcées, les squatteurs d’un soir, les détritus dans les escaliers, le chauffage qui tombe en panne, l’eau chaude coupée sans prévenir. Le sol et les murs sont entretenus, les boîtes aux lettres restent en bon état. Pour les résidents, derrière ces apparences, la vie quotidienne se dégrade.

    « En quelques années, nous avons vu les choses aller de plus en plus mal, le #bailleur ne nous écoute pas, on a l’impression qu’il laisse l’immeuble dériver », dit Lionel Bagu, 57 ans, projectionniste. Dans son couloir, plusieurs portes en fer ont été fixées à l’entrée des appartements vides, pour dissuader les squatteurs d’y pénétrer. Locataire depuis vingt-sept ans, Lionel Bagu a la nostalgie du précédent bailleur. Inauguré par Louis Pradel, maire (divers droite) de Lyon de 1957 à 1976, l’immeuble était à l’origine une maison de retraite, progressivement transformée en immeuble à vocation sociale, constitué d’appartements d’environ 30 mètres carrés, pour un loyer de l’ordre de 300 euros, dans lequel subsistent un restaurant solidaire et des cuisines du centre communal d’action sociale.

    Virginie Argoud, 46 ans, a aussi vu le changement d’ambiance dans l’immeuble, depuis les fenêtres de sa résidence privée, située juste en face. « Du temps de la maison de retraite, c’était très calme, quand c’est devenu locatif, un gardien est resté un certain temps, puis il est parti, et là on a vu les choses changer », témoigne la quadragénaire. Pour elle, la situation de l’immeuble reflète celle du quartier. « C’était un quartier très populaire qui fonctionnait très bien, les gens se respectaient dans leurs différences. Depuis trois ans, c’est une “cata” », constate-t-elle.

    Un squat connu

    Sophia Popoff partage le diagnostic. « Nous voyons s’aggraver les conséquences de la paupérisation de la société », juge l’adjointe au maire de Lyon (Les Ecologistes), chargée du logement et de l’hébergement d’urgence. L’élue liste les causes cumulées : baisse du niveau de vie, blocage du marché du logement, complication du droit au séjour, augmentation des expulsions. Auxquelles il faut ajouter les migrations qui pèsent sur les métropoles. En cinq ans, le nombre de #squats et de #campements illicites est passé de 60 à 80 sur le territoire de la ville de #Lyon, soit une hausse de 25 %, selon une source municipale.

    Située entre le quartier d’affaires de la Part-Dieu et le quartier cosmopolite de la Guillotière, l’adresse de la rue André-Philip devenait un squat connu parmi les populations marginalisées en quête de toit. Dans une cour latérale, une rampe, cachée par un bouleau et un rosier, donne accès directement aux caves. Au bout du couloir, sous un plafond de tuyauteries, plusieurs portes donnent sur des cagibis aménagés en logements miséreux. Il reste des lits, un frigo, de la vaisselle sur des étagères, des chaussures, et, au bout à gauche, le lieu du drame, pétrifié dans la suie.

    #logements_vides #pauvreté #hébergement_d'urgence

  • A #Borgo_Mezzanone, in ascolto di chi ci vive, oltre la retorica del “ghetto”

    Nel foggiano lo sfruttamento lavorativo alimenta l’insediamento informale, vera e propria cittadella che ospita fino a quattromila persone nei periodi di picco. Intanto i 53 milioni di euro del Pnrr destinati all’area sono andati perduti.

    Il sole batte forte sulla pista di Borgo Mezzanone ma nonostante gli oltre 40 gradi un gruppetto di persone gioca a pallone tra container, baracche e casette in mattoni. Autocostruzioni, sorte a partire dal 2019, quando l’allora ministro dell’Interno Matteo Salvini pensò bene di risolvere “il problema ghetti” a colpi di ruspa, demolendo quasi un quarto delle baracche. L’effetto è stato l’opposto e questo insediamento informale, nato intorno a un aeroporto militare dismesso e adibito nel 2005 a Centro di accoglienza per richiedenti asilo (Cara) ha vissuto una nuova stagione, segnando sempre più il passo verso una cittadella stabile: una specie di periferia senza servizi del vicino Borgo Mezzanone, borghetto agricolo frazione di Manfredonia ma a soli dieci chilometri da Foggia.

    Durante il picco della raccolta del pomodoro si arriva a una presenza stimata di tre-quattromila persone, ma i numeri durante il resto dell’anno non sono molto inferiori anche grazie alla continuità che offre il lavoro in agricoltura. Bas è stanco di giocare a pallone, si allontana dagli altri per prendere un po’ d’ombra sotto la lamiera di una delle botteghe del ghetto. In questo caso la parola “ghetto” sembra appropriata. Da una parte non esistono leggi specifiche che confinano e costringono a vivere in questi luoghi, allo stesso tempo però appare evidente che la mancanza di documenti o l’impossibilità di affittare una casa in città in qualche modo limita la scelta a posti come questo, dove abitare e trovare lavoro passando spesso per le maglie del caporalato.

    “Volevo una vita migliore di questa, un posto in cui stare bene, lavarmi, essere pulito. Non è quello che speravo, ma l’ho costruito io”, racconta Bas, che vive qui da oltre dieci anni, dopo aver lavorato inizialmente alle giostre per poi scegliere l’agricoltura. Prima di arrivare dal Senegal ai campi della Capitanata (la pianura intorno a Foggia) ha fatto l’Università, e ci tiene a precisarlo. “La vita è una curva, sali lentamente ma quando arrivi sopra basta un attimo e cadi di nuovo in basso. L’importante è non perdersi mai d’animo. Conosci Victor Hugo e ‘Les misérables’? Quanti anni ha fatto in prigione Jean Valjean prima di uscire e diventare l’uomo più ricco di tutti? Non esiste niente di impossibile”.

    Tra una parola e l’altra prende una bibita. È estate e con l’energia elettrica che arriva ogni giorno è più facile avere a disposizione qualcosa di fresco da bere, mentre d’inverno l’elettricità arriva solo a zone alterne. Per l’acqua invece bisogna sempre aspettare che vengano a riempire le cisterne all’ingresso, oppure prendere l’automobile e farsi un chilometro per arrivare alla fontanella di Piazza Madonna del Grano, di fronte alla chiesa del paese. Malgrado la vicinanza al paesino non ci sono servizi a Borgo Mezzanone, come non c’è un medico, tolta la presenza sporadica di volontari e organizzazioni internazionali.

    La discussione viene interrotta da un ragazzo intento a portare la sua motoretta da uno dei meccanici del campo. Qui si ripara tutto o lo si riconverte in altro, cosa abbastanza nota anche ai tanti italiani che ci lasciano le auto da rottamare. È solo una delle diverse attività di “economia della sopravvivenza” del ghetto, insieme a negozi di alimentari o vestiti, localini e ristoranti. Ci passa anche qualche venditore ambulante che si occupa di vendita di pentolame e oggettistica. “Il legame quasi indissolubile e naturale tra gli insediamenti informali e lo sfruttamento lavorativo è il vero nodo da sciogliere -spiega l’avvocato Stefano Campese, specialista in diritto dell’immigrazione, per anni coordinatore pugliese del progetto Presidio della Caritas-. In questa zona la particolarità del caporalato è di essere fortemente collegato alla questione della presenza degli insediamenti informali, in cui c’è necessariamente manodopera a basso costo”. Spesso questi sono degli hub nei quali si va a finire anche quando il proprio percorso è iniziato da altre parti, durante la stagione ci sono sempre opportunità di lavoro e si arriva grazie alla propria rete di riferimento già presente nel campo. Ma trovare un’occupazione non è l’unico criterio.

    “C’è gente che sta qui da anni, magari perché non è mai uscita oppure ha un interesse ulteriore a rimanerci essendo coinvolta nella dinamica dello sfruttamento lavorativo oppure, ad esempio, gestisce il mercatino all’interno dell’insediamento informale”. La maggior parte delle persone che vivono qui sono lavoratori agricoli, non solo stagionali, ma la situazione è fluida. In una cittadella serve di tutto, anche un posto dove sedersi e parlare, come i tavolini del ristorante di Hasan, uno dei vecchi del campo.

    “Quando sono arrivato io, qui non c’era quasi nulla, solo qualche baracca”, racconta dopo aver preparato il caffè. Era il 2007 quando “sbarcava” a Milano dal Togo e in due settimane era a Borgo Mezzanone per fare richiesta d’asilo presso il Cara. Da allora è ancora qui e vive grazie alla sua piccola attività che con tenacia ha tirato su pezzo dopo pezzo. “Ho aperto nel 2016, ho dovuto ricostruire due volte dopo gli incendi, ma oggi ho cinquanta persone a mangiare. È tutta roba che ho recuperato, tranne il frigo che ho comprato. Anche se guadagno qualche centesimo, ringraziando dio va bene, qui ho tutti i miei fratelli e tanti amici italiani ed europei che mi vengono a trovare”. È ora di andare a riempire le taniche per innaffiare i due alberi che si trovano dietro la moschea e la chiesa pentecostale, operazione di cui si occupa lui. Piccoli tentativi di rendere più vivibile un posto a tratti infernale ma pur sempre la casa di qualche migliaio di persone, tra cui quegli abitanti del ghetto che c’entrano poco con l’agricoltura ma sono essenziali al funzionamento di questa comunità.

    Mentre il ristorante di Hasan continua per la sua strada, il Cara è passato attraverso il Protocollo d’intesa per la riconversione di Borgo Mezzanone in foresteria regionale, promosso nel 2021 dalla prefettura di Foggia, dalla Regione Puglia e dal ministero dell’Interno. Un finanziamento di circa 3,5 milioni di euro che ha portato finora alla realizzazione di 100 container per 400 posti, mentre l’obiettivo era quello di ospitare fino a 1.300 persone. Un intervento in fieri che ha solo spostato alcuni abitanti del ghetto di qualche centinaio di metri in una zona recintata e maggiormente controllata. La Regione Puglia ha cercato a più riprese di dare vita a delle progettualità di lungo periodo in tutta la zona.

    In questa cornice gli oltre 53 milioni di euro di fondi Piano nazionale di ripresa e resilienza (Pnrr), destinati al Comune di Manfredonia e ora irrimediabilmente perduti, a meno di giravolte istituzionali al momento non previste, sono solo l’ultimo tassello. ll progetto presenta infatti problematiche tecnico-gestionali di governance e non garantisce il rispetto della nuova scadenza della Commissione europea di giugno/agosto 2026. Prevedeva il recupero e la realizzazione di opere di urbanizzazione, la ristrutturazione e costruzione di edifici residenziali e di strutture abitative leggere e rimovibili. Ma senza affrontare le cause, che vanno dallo stretto legame tra caporalato e insediamenti informali, così come tra impellenza di rinnovare il permesso di soggiorno e necessità di avere una qualche forma di contratto, l’insediamento informale si autoriproduce. Alla fine appare evidente come non vi sia una soluzione buona per tutti, il ghetto è un caleidoscopio di vite e problemi diversi, una lente attraverso cui leggere questa società.

    “Io sto qui perché è comodo per il lavoro, conosco tante aziende e vengo pagato bene -racconta Dolo, un uomo burkinabé che vive ormai da tanti anni a Borgo Mezzanone-. Oggi mi sono svegliato alle quattro del mattino per andare a lavorare alle cinque, sono tornato dopo le sette di sera. Non mi lamento, se domani non voglio andare a lavorare nessuno mi obbliga. Posso restare qui, ci sono bar, ristoranti, negozi, ho gli amici, se sto male qualcuno mi può aiutare. Al Cara invece che cosa hanno fatto? Belli i container nuovi, ma quando hai finito di lavorare intorno a te non c’è niente. Qua posso avere una vita. Manca l’acqua, per la corrente bisogna arrangiarsi e non passa mai la polizia. Mi chiedo: è un pezzo d’Italia oppure no? Questo è quello che critico di più, se già venisse la polizia staremmo tutti più tranquilli”.

    Per trovare una soluzione al dilemma, fuoriuscita dal ghetto per combattere il caporalato o combattere il caporalato per uscire dal ghetto, bisognerebbe partire dall’ascolto dei problemi di chi ci vive. Le idee non mancano.

    https://altreconomia.it/a-borgo-mezzanone-in-ascolto-di-chi-ci-vive-oltre-la-retorica-del-ghett

    #rhétorique #discours #Italie #Pouilles #habitat #Pnrr #baraccopoli #auto-construction #agriculture #travail_agricole #caporalato #logement #eau #électricité #recyclage #réusage #économie_de_survie #exploitation #campement #économie #restaurant #amitié #containers #Manfredonia #permis_de_séjour #Cara

  • « Qu’est-ce que je vais faire maintenant ? » : à Paris, le campement de migrants devant l’Hôtel de ville a été évacué - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/66329/questce-que-je-vais-faire-maintenant--a-paris-le-campement-de-migrants

    Mardi matin, le campement situé devant l’Hôtel de ville de Paris a été évacué. Depuis une semaine, quelque 200 personnes, dont une grande majorité de femmes et d’enfants, occupaient la place.

    Dès le lever du soleil, de nombreuses personnes avaient déjà quitté les lieux. Les autres s’attelaient à démonter ce qu’il restait du campement qui hébergeait des centaines de personnes sur le parvis de l’Hôtel de ville de Paris. Sous des bâches, installées à même le sol sur des couvertures et des cartons, « environ 350 personnes, dont 200 femmes et 150 enfants », vivaient ici au pic - recensé lundi soir - de l’occupation, selon l’arrêté préfectoral annonçant l’évacuation de ce mardi.

    [...]
    L’opération s’est déroulée dans le calme en présence d’un important dispositif policier positionné aux abords de la mairie de la capitale. Au moins trois cars ont été positionnés aux alentours du camp pour transporter les familles qui le souhaitaient dans ces lieux en province prévus par la préfecture.

    Les exilés, en fonction de leur composition familiale et de leur situation, se sont vu proposer, entre autres, d’être envoyés à Marseille, Bourges, Toulouse, Besançon ou encore Montgermont, où ils pourraient être accueillis dans un des #sas_régionaux.

    Depuis le début de ce rassemblement il y a une semaine, "150 personnes" ont été "prises en charge et orientées vers une solution d’hébergement, dont la moitié vers des structures d’accueil hors Île-de-France", a précisé la préfecture d’Île-de-France dans un communiqué. Ce mardi, uniquement 66 personnes sont montées dans les cars vers les sas régionaux, selon une source proche du dossier à l’AFP.

    "Je ne vais pas partir je ne sais où alors que j’ai un travail ici"

    Comme lors des précédents démantèlements, seule une petite portion des migrants accepte ces transferts. « J’ai une demande de logement en cours à Paris et s’ils insistent pour me faire partir, ce serait un abus. Mes enfants vont à l’école à Paris. Les deux garçons devaient faire la classe pendant les vacances, on ne va pas partir alors qu’on ne connait que Paris », raconte Yannick, un réfugié camerounais qui vit en France avec sa femme et ses trois enfants suite à un regroupement familial.

    ils ont été évacué pour les protéger des fafs ?
    https://seenthis.net/messages/1129660

    #exilé.es #hébergment #campement #évacuation

  • [Des nouvelles de l’occupation du parvis de l’Hôtel de ville de Paris]
    @Utopia_56
    https://x.com/Utopia_56/status/1954610740616188332

    Cette nuit, vers une heure du matin, deux hommes d’une vingtaine d’années ont uriné sur une femme #sans_abri et ses enfants, endormis à même le sol, place de l’Hôtel de Ville à #Paris.

    Les faits sont d’une extrême gravité.

    Lorsque l’un des bénévoles présents sur place s’est aperçu de la situation, les deux hommes ont pris la fuite. Deux policiers à proximité sont parvenus à interpeller l’un des agresseurs.

    L’agression semblait préméditée et les agresseurs en possession de toutes leurs capacités.

    L’enfant de six ans a reçu des gouttes d’urine sur le visage, et les couvertures de toute la famille étaient imbibées. La plus petite a 14 mois et leur mère est enceinte.

    Cette agression d’une violence inouïe s’est produite alors qu’environ 300 personnes sans abri, dont une dizaine de filles mineures isolées ainsi qu’une centaine d’enfants en bas âge, viennent de passer cinq jours et cinq nuits sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris.

    Elles demandent simplement à faire respecter la loi, sortir de l’extrême précarité et à accéder à un #hébergement_d’urgence.

    Sur place, la situation humanitaire se dégrade de jour en jour.

    Sur les réseaux sociaux, des milliers de messages de haine à caractère raciste, émanant de sphères d’extrême droite, visent directement les personnes présentes sur place.

    Au vu des témoignages et de la tension ressentie sur le terrain, il apparaît évident qu’il existe un lien entre ce climat et les faits survenus cette nuit.

    Une main courante a été déposée et un signalement au procureur va être envoyé.

    Le policier en charge de la déposition n’a toutefois retrouvé aucun compte rendu de cette agression, ni trace de la personne interpellée.

    Alors que de nombreuses caméras couvrent les lieux, tous les éléments devraient être en possession des autorités pour identifier et poursuivre en justice les deux agresseurs.

    Face à l’urgence, l’État doit immédiatement assumer ses responsabilités et proposer une solution digne, cohérente et bienveillante à toutes ces personnes. Il en va de leur sécurité et de l’équilibre de notre société.

    Enfin, si l’État refuse d’agir, la Mairie de Paris a le devoir moral et humain d’apporter une réponse à cette situation.

    Ce soir sera la sixième nuit.

    #campement #police #extrême_droite #mineurs_isolés #enfants #étrangers #exilé.es

    • Au pied de la mairie de Paris, un campement éphémère cible de nombreuses attaques racistes
      https://www.mediapart.fr/journal/france/120825/au-pied-de-la-mairie-de-paris-un-campement-ephemere-cible-de-nombreuses-at

      La mise à l’abri de ces familles [sic] fait suite à six jours d’occupation du parvis, au cours desquels les familles ont été la cible de violences. Dans l’arrêté annonçant l’expulsion du camp, le préfet de police de Paris fait état de « violences volontaires [...] à l’encontre des habitants du campement », arguant que l’occupation « génère des risques sanitaires et sécuritaires importants ».

      En cause, l’agression d’une famille dans la nuit du samedi 9 au dimanche 10 août. Aux alentours d’une heure du matin, deux hommes d’une vingtaine d’années se seraient rendus près des bâches sous lesquelles les familles sont installées, et auraient uriné sur une femme enceinte et ses deux enfants qui dormaient.

      Les yeux plissés par le soleil cognant et le visage fatigué, Mariam, la mère, revit la scène en boucle. Elle est réveillée par sa voisine, qui l’alerte. Les deux hommes ont uriné sur sa plus petite fille, âgée de quatorze mois, sur les vêtements de sa deuxième fille de 6 ans, et sur les couvertures, avant de s’enfuir en courant.

      Pendant leur course, les deux suspects se séparent. L’un d’entre eux est poursuivi par un bénévole, Nikolaï Posner, puis par un policier de l’équipe de surveillance. Ce dernier finit par rattraper le jeune homme quelques centaines de mètres plus loin, aux alentours de Notre-Dame de Paris. À son retour, le policier remet le suspect à ses collègues qui le transféreront dans une voiture de police ensuite. Mais selon le témoignage de Nikolaï, le policier estime tout de même qu’il sera difficile de dégager un motif pour l’inculper.

      Une enquête finalement ouverte par le parquet
      Le bénévole affirme avoir fait une déposition auprès d’une policière de l’équipe sur place, qui aurait enregistré son témoignage et son identité sur son logiciel afin de « faciliter » les suites de l’affaire. Pourtant, au lendemain de l’évènement, lorsque Nikolaï souhaite déposer une main courante auprès du commissariat, aucune trace. L’officier qui réceptionne son témoignage ne trouve aucun signe ni d’une interpellation, ni d’un contrôle d’identité, ni d’une arrestation dans le système.

      Interrogée, la préfecture de police affirme ne pas avoir d’éléments sur le déroulement des faits à communiquer, et renvoie vers le parquet. Ce dernier, après avoir pris connaissance des faits, a décidé d’ouvrir une enquête le lundi 11 août pour des faits de violences en réunion.

      Depuis les faits, Mariam ne dort plus. « Je surveille mes enfants, j’ai peur que des personnes reviennent », avoue-t-elle. La nuit suivant l’agression, « elle a marché pendant des heures », se souvient Nikolaï Posner. Sa fille ne dort plus à ses côtés, par peur que la situation se reproduise.

      Aucun policier n’est venu recueillir la déposition de Mariam avant l’expulsion. Si les bénévoles tentent de la convaincre de l’intérêt de porter plainte contre le jeune homme, elle s’y refuse, estimant que « ça ne va aboutir à rien, parce que c’est un Français ».

      Un lieu plus exposé
      Pour la plupart des bénévoles et salarié·es d’Utopia 56, cette situation s’inscrit dans un contexte d’agressions verbales et physiques à caractère raciste. Le jour suivant, un homme a proféré des injures racistes aux familles sur place, les exhortant de « retourner en Afrique ». Le passant a été repoussé par les forces de l’ordre, mais pas pour autant interpellé.

      Lors de notre passage sur place la veille de l’expulsion, les remarques racistes de la part de passants sont très régulières. « Je n’ai pas tous mes vaccins », lâche ainsi un jeune homme. Quelques minutes plus tard, un homme s’approche pour désigner le campement du doigt et lance : « Moi, je vous vire tout ça à coups de matraque, et c’est réglé. »

      Des propos choquants et loin d’être isolés, selon les membres de l’association Utopia 56. Tous témoignent d’un climat plus hostile que sur d’autres occupations qu’ils ont déjà accompagnées. « En dix ans, c’est la première fois qu’on entend autant de propos racistes et de menaces », affirme Nikolaï Posner. Cette semaine, « un homme m’a même menacé physiquement », raconte Nathan Lequeux, salarié chez Utopia 56.

      Les équipes font le lien avec la localisation de l’occupation, un lieu passant et prisé par les touristes. Les trois dernières occupations situées devant les mairies des XIe, XIXe et XVIIIe arrondissements se sont passées sans accrocs. « Dans les autres mairies, on avait du soutien des habitants des quartiers et beaucoup de dons », se souvient Nathan Lequeux.

      sur l’évacuation policière que l’on nous présente comme destinée à les protéger des fafs
      https://seenthis.net/messages/1129889

      #Paris

  • Soutien à Utopia 56 - l’Offensive !
    https://blogs.mediapart.fr/loffensive/blog/060725/soutien-utopia-56

    À Lille, Utopia 56 se concentre sur l’accompagnement et l’hébergement des mineur·es non accompagné·es. Lors du dernier conseil municipal, le PS s’est lâchement attaqué à l’association.

    Les mineurs en recours qui survivaient dans un square à Faches-Thumesnil, ont été mis à l’abri dans un bâtiment réquisitionné par la mairie de Faches, en lien avec la Préfecture, suite à une action de visibilisation des jeunes et de leurs soutiens. Comme à chaque fois, cette mise à l’abri concernait un certain nombre de jeunes à un instant T, mais chaque semaine de nouveaux jeunes se font remettre à la rue par le Département suite à la remise en cause de leur minorité.

    Depuis mai 2025, un nouveau camp de Mineurs Non Accompagnés (#MNA) en recours s’est donc inévitablement formé, avec de nouveaux jeunes, au parc Barbusse au Faubourg de Béthune. Coincé•es dans des démarches administratives interminables, laché•es par toutes les instances qui se renvoient la responsabilité de leur prise en charge dans l’illégalité la plus totale, ces jeunes sont encore une fois laissé•es sans aide institutionnelle et la responsabilité de solidarité portée par les associations et collectifs qui les suivent.

    Interpellée en conseil municipal le 20 juin à ce sujet par la conseillère verte Mélissa Camara, l’équipe municipale s’est couverte de honte.

    C’est Marie-Christine Staniec-Wavrant qui prend la première réponse. L’adjointe entre autres aux “Lutte contre les exclusions, Initiatives solidaires et hébergement d’urgence[...]” a dégainé une série d’accusations et déclarations mensongères. Sans que l’association ne soit mentionnée dans la question initiale, elle s’est lancée dans une diatribe contre Utopia 56.

    Elle accuse l’association d’instrumentaliser les jeunes, les ayant “ramené•es sur Lille parce qu’il ne se passe rien à Fâches”. Déjà, les jeunes concerné•es par le parc Barbusse ne sont pas les mêmes qu’à Fâches, dont le maire a été au bout de ce qu’il pouvait avec les moyens limités à sa disposition et qui continue à se battre pour trouver une solution au niveau de la MEL. Il reste que l’accusation n’est qu’un tissu de mensonges.

    (...) Mme Staniec-Wavrant a un plan : un fascicule qui liste les structures ouvertes… pour
    les majeurs ! Face à une urgence sanitaire aiguë, à la mairie, on gouverne avec des Powerpoint faux
    et inutiles aux concerné•es.

    #campements #PS

  • "Il n’y a rien de moins volontaire qu’un ’retour volontaire’" : des chercheurs dénoncent des politiques d’expulsion déguisée

    Les « #retours_volontaires » de migrants se multiplient ces derniers mois depuis des pays comme la #Tunisie ou la #Libye. Mais ces #rapatriements chapeautés par l’#ONU sont perçus par les chercheurs comme des #expulsions_déguisées, « la seule alternative possible » pour des migrants résignés, victimes de racisme et d’exactions.

    « Il n’y a rien de moins volontaire que les ’retours volontaires », ont décrypté des chercheurs face à la forte hausse de demandes de rapatriement de migrants, « acculés » aux frontières sud de l’Europe.

    « C’est très dur ici. C’est compliqué », confie Mac*, un Guinéen de 24 ans, rencontré il y a quelques semaines par l’AFP lors de l’évacuation de camps de fortune à El Amra, près de #Sfax, dans le centre-est de la Tunisie. Comme de nombreux migrants, las, le jeune homme s’est inscrit auprès de l’#Organisation_internationale_pour_les_migrations (#OIM) pour bénéficier d’un accompagnement afin de rentrer chez lui.

    Développés depuis 1979, les programmes d’#aide_aux_retours_volontaires (#ARV), soutenus par l’OIM n’ont jamais eu autant de succès en Tunisie, Libye ou encore en #Algérie, points de passage pour les migrants originaires d’Afrique subsaharienne qui tentent de rejoindre l’Europe.

    « La seule #alternative possible »

    En 2024, 7 250 migrants présents sur le sol tunisien, principalement originaires de Gambie, Burkina Faso et Guinée ont bénéficié de l’ARV, soit une augmentation de 1 000 % entre 2018 et 2024. En Algérie, ils étaient 7 834 (+ 600% sur la même période 2018/2024) et 16 207 en Libye (+ 65%) à être retournés dans leur pays par le biais de l’ARV, selon l’OIM. Outre le voyage, certaines de ces personnes en situation illégale peuvent bénéficier d’une aide financière pour se réinstaller dans leur pays.

    « Il n’y a rien de moins volontaire, que les ’retours volontaires », alerte Jean-Pierre Cassarino, enseignant chercheur au Collège d’Europe en Pologne, évoquant des migrants « acculés » et des « expulsions » qui ne disent pas leur nom.

    En Tunisie et en Libye, les #conditions_de_vie sont délétères pour les Africains subsahariens, victimes de #racisme, d’#exactions, de #kidnapping, d’abandons dans le désert, voire de #meurtres. La plupart peinent à se loger, vivent dans des #campements insalubres, avec un accès limité voire inexistant aux soins. La rédaction d’InfoMigrants a déjà reçu de nombreux témoignages de migrants racontant leur calvaire.

    Ces « retours volontaires » s’inscrivent alors dans un « processus de #vulnérabilité accrue », explique de son côté Ahlam Chemlali, chercheuse en migration à l’Institut danois pour les études internationales (DIIS), interrogée par l’AFP. Leur situation est devenue « de plus en plus précaire et dangereuse » et « pour beaucoup, le programme de ’retour volontaire’ est devenu la seule alternative possible ».

    Selon les textes internationaux, les participants au programme ne doivent pourtant subir « ni pressions physiques ou psychologiques » et avoir accès à des informations « objectives et fiables » sur lesquelles fonder leur décision de partir.

    L’OIM se défend d’expulsions déguisées

    Accusée de prêter main forte aux politiques d’expulsion des migrants, l’OIM s’en défend et assure intervenir seulement une fois qu’une personne a donné son consentement éclairé pour recevoir de l’aide.

    Pour l’agence de l’ONU, « mieux vaut ça que rien et que les migrants risquent leur vie en traversant la mer », décrypte Jean-Pierre Cassarino qui rappelle que l’OIM est financé « rubis sur l’ongle par l’Union européenne ».

    Ces programmes de « retours volontaires » s’inscrivent dans une politique d’#externalisation du contrôle des frontières par l’Union européenne (UE) qui exerce une forte pression sur ces pays tiers, en échange de contreparties, afin qu’ils gèrent la migration en son nom, observent les deux chercheurs.

    A l’été 2023, l’UE et la Tunisie ont conclu un « #partenariat » prévoyant une aide de 105 millions d’euros pour lutter contre l’immigration irrégulière, incluant le financement du « retour volontaire » de 6 000 migrants irréguliers.

    Pourtant, sur le long terme, les « retours volontaires » sont sans effet, expliquent les deux spécialistes. Beaucoup de migrants tentent à nouveau le voyage car ils n’ont pas tous un endroit sûr ou vivre et ont fui des conflits, des persécutions ou des difficultés économiques, pointent-ils.

    « Le désespoir est si fort qu’il vont réessayer », rappelle Jean-Pierre Cassarino.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/64924/il-ny-a-rien-de-moins-volontaire-quun-retour-volontaire--des-chercheur

    #expulsions #inefficacité #efficacité #IOM

  • En #Tunisie, les autorités accélèrent le démantèlement des #camps de migrants près de #Sfax

    En Tunisie, les opérations de #démantèlement de #campements de migrants dans les oliveraies de Sfax, dans le centre-est du pays, s’accélèrent depuis le mois d’avril. Ils seraient entre 20 000 et 30 000 migrants originaires d’Afrique subsaharienne à vivre dans ces campements de fortune, selon les chiffres de la garde nationale. Mais cette stratégie est-elle vraiment efficace et à quel prix humain se fait-elle ? Reportage de nos correspondants Lilia Blaise et Hamdi Tlili.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/64878/en-tunisie-les-autorites-accelerent-le-demantelement-des-camps-de-migr
    #encampement #destruction #migrations #réfugiés #migrants_sub-sahariens

  • Démantèlement de camps en Tunisie : « Les pays européens doivent financièrement aider au retour des migrants dans leur pays » - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/64109/demantelement-de-camps-en-tunisie--les-pays-europeens-doivent-financie

    Démantèlement de camps en Tunisie : « Les pays européens doivent financièrement aider au retour des migrants dans leur pays »
    Par Julia Dumont Rana Aldiab Publié le : 22/04/2025
    Depuis le début du mois d’avril, plusieurs campements de migrants installés dans les oliveraies autour de la ville de Sfax sont évacués par la Garde nationale tunisienne. Le député de Sfax Tarak Mahdi a assisté à certains de ces démantèlements. Proche du président Saïed, il dément les accusations de violences imputées aux forces de l’ordre. Et affirme que les exilés n’ont d’autre choix que de retourner dans leur pays d’origine. Entretien.
    InfoMigrants : Quel était le but des évacuations des campements de migrants dans les oliveraies de Sfax ?
    Tarak Mahdi : Le démantèlement des campements a été décidé à la suite de nombreuses plaintes déposées par des propriétaires des terres occupées par des migrants. Ces plaintes concernent des vols dans les maisons et des vols de matériel agricole, des violences, des vols à main armée, et même des viols.La présence des migrants dans les oliveraies a aussi causé des dommages importants aux oliviers. Les propriétaires ont eu du mal à accéder à leurs terres pour effectuer des travaux agricoles ou arroser leurs arbres.Par ailleurs, des gangs ont commencé à se former dans ces camps. Ils attaquent les passants pour leur voler leur téléphone et leur argent en les menaçant avec des machettes et des couteaux.Selon les autorités tunisiennes, quelque 20 000 exilés vivaient dans les campements informels dans les oliveraies de Sfax avant les évacuations. Ces camps ont commencé à se former après que les migrants ont été chassés du centre-ville de Sfax durant l’été 2023.
    Seule une petite partie des oliveraies a été évacuée, par rapport au nombre de terrains occupés par les migrants africains. Il y a plus de 20 camps entre Jebeniana et El Amra. Les propriétaires ont commencé à labourer les terres qu’ils ont récupérées. Ils ont aussi ramassé ce qu’ils pouvaient des arbres qui n’avaient pas été brûlés ou déracinés par les migrants.Les migrants cassaient les branches d’arbres notamment pour avoir du bois et se chauffer. Depuis deux ans, InfoMigrants documente la vie dans ces campements grâce à de nombreux témoignages de migrants et d’associatifs. Les habitants y manquent de tout, la situation humanitaire y est extrêmement alarmante. Le manque d’eau potable et de nourriture, les maladies ont déjà provoqué des morts parmi la population migrante.
    IM : Que sont devenus les exilés évacués des campements des oliveraies ? Est-ce qu’une solution d’hébergement a été prévue ?
    TM : Parmi les migrants expulsés, plusieurs centaines ont demandé le « retour volontaire ». Des bus les ont conduits dans des hébergements temporaires [dans l’attente de leur départ, ndlr].
    Il faut maintenant que les organisations responsables fassent leur travail dans les plus brefs délais et que les pays de l’Union européenne (UE) contribuent au financement du retour des personnes dans leurs pays. Cela nécessite plus que les 20 millions d’euros répartis entre trois pays maghrébins.L’Italie a annoncé, début avril, le versement d’une allocation de 20 millions d’euros pour financer le « retour volontaire » vers les pays d’origine des migrants en situation irrégulière présents en Tunisie, en Libye et en Algérie. Cette somme s’ajoute aux montants prévus dans l’accord signé en juillet 2023 entre l’Union européenne et la Tunisie : 150 millions d’euros « pour favoriser la relance de l’économie à travers l’amélioration de la gestion des finances publiques et du climat des affaires et investissements », ainsi que 105 millions d’euros pour lutter contre l’immigration irrégulière.Les milliers de migrants restants se sont répartis dans les autres camps. Les membres de la Chambre des représentants du peuple [Assemblée, ndlr] ont proposé qu’ils soient regroupés dans des camps loin des villes et des villages, et qu’ils soient placés sous la protection de la sécurité tunisienne jusqu’à ce qu’ils retournent dans leurs pays.Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) confirme à InfoMigrants que seules les personnes dont le dossier de « retour volontaire » était prêt ont été emmenées vers des centres d’hébergement de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Les autres se sont dispersés ou ont rejoint d’autres campements. « Des personnes qui ont manifesté contre ces expulsions ont aussi été envoyées en prison », affirme l’association à InfoMigrants.
    Fin mars, le président tunisien Kaïs Saïed a appelé l’OIM à intensifier ses efforts pour assurer les « retours volontaires » des personnes subsahariennes en situation irrégulière vers leurs pays d’origine. Près de 1 500 exilés ont été rapatriés depuis le début de l’année, selon la présidence tunisienne. En 2024, 7 250 migrants originaires d’Afrique subsaharienne ont bénéficié de ce programme, contre un peu plus de 2 250 en 2023. Face au climat anti-migrants en Tunisie, de plus en plus d’exilés souhaitent en bénéficier. Mais les rapatriements dépendent de la reconnaissance des personnes par leur pays d’origine et les démarches peuvent être longues.
    Ces prises en charge doivent être payés par l’Union européenne (UE) et les Nations unies. Nous ne pouvons supporter les coûts de leur protection, de leur hébergement et de toutes leurs fournitures nécessaires à leur quotidien. Les sommes fournies à la Tunisie ne couvrent même pas le coût des unités de sécurité qui protègent les migrants et les citoyens tunisiens.
    IM : Des migrants nous ont affirmé que des personnes avaient été envoyées en bus dans des zones désertiques aux frontières de la Tunisie lors de ces évacuations. Confirmez-vous ces informations ?
    TM : Non, il n’y a pas de bus qui ont emmené les migrants dans le désert dans les zones frontalières. Depuis l’été 2023, de nombreux migrants contactés par infoMigrants accusent les autorités tunisiennes de les rafler dans les villes tunisiennes et de les expulser dans le désert à la frontière libyenne ou algérienne. L’ONU et de nombreuses ONG ont dénoncé la situation. En vain. Ces abandons dans le désert ont toujours cours, selon les exilés.
    IM : Dans des groupes de discussions Whatsapp entre exilés, des personnes évoquent des morts pendant ces évacuations. Pouvez-vous confirmer cette information ?
    TM : Il n’y a eu ni mort, ni blessé parmi les migrants africains lors de l’intervention des forces de sécurité tunisiennes. Aucune grenade lacrymogène n’a été tirée. La protection civile, le Croissant-Rouge et le ministère de la Santé ont sécurisé tous les migrants et ont vérifié qu’il n’y avait pas d’enfants, de femmes ou de personnes blessées dans les tentes avant de les évacuer. Le groupe de défense des droits des migrants Refugees in Tunisia a affirmé sur X le 19 avril dernier qu’un nourrisson de trois mois était mort brûlé dans l’incendie de l’abri de plastique où il se trouvait. Sur sa page Facebook, la Garde nationale tunisienne a démenti et assuré que l’enfant est vivant. Il avait été laissé seul dans la cabane et a été pris en charge par les autorités le temps de retrouver sa mère, selon la Garde nationale.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#retour#rapatriement#sfax#campement#migrationirreguliere#UE#sante#droit

  • Expulsion à la Gaîté Lyrique : État fasciste, mairie complice

    Communiqué du Collectif des Jeunes du Parc de Belleville :

    https://laparoleerrante.org/expulsion-de-la-gaite-lyrique-etat-fasciste-mairie-complice

    Hier soir, quelques heures après la parution de l’arrêté d’expulsion de la Gaîté Lyrique, nous nous sommes rassemblés massivement. Toute la nuit, des centaines de personnes se sont mobilisées en résistance aux côtés du Collectif des Jeunes du Parc de Belleville, pour exiger un toit pour tous.tes les occupant.es.

    Rien dans cette opération ne s’est déroulé dans le respect du droit et des personnes présentes. Moins de 24h se sont écoulées entre la publication de l’arrêté et le début de l’expulsion, l’opération devait commencer à 6h, les policiers nous ont chargé.es dès 5h40. Après cette première charge, nous avons attendu des heures dans le froid, nassé.es, sans pouvoir soigner les blessé.es. Nous avons ensuite été gazé.es, matraqué.es, interpellé.es arbitrairement et pourchassé.es dans les rues et bouches de métro.

    Aujourd’hui, nous avons subi le déploiement total du racisme dans l’indifférence de la plus grande Mairie française dite de gauche :

    - racisme d’un gouvernement qui déploie un dispositif quasi-militaire pour évacuer des jeunes déjà sortis du bâtiment occupé,

    - racisme des médias et des fascistes qui chaque jour nous ont harcelé et provoqué,

    - racisme de la police qui a séparé les « associatifs » des « migrants » pour procéder aux contrôles d’identités, nous a traqué et interpellé jusque dans les cafés adjacents

    - racisme d’un système qui refuse de nous intégrer alors que nous demandons juste à vivre, étudier, travailler, être considéré.es comme égaux et égales.

    En un an, nous avons observé la lâcheté de la Mairie de Paris : alors que nous occupions la Maison des Métallos pour revendiquer un toit, la Mairie disait que nous devions cesser d’investir leurs bâtiments et engager un vrai rapport de force avec l’État. Ces trois derniers mois à la Gaité, nous avons visibilisé notre combat et renforcé notre réseau de solidarité. Nous avons laissé l’opportunité à la Mairie de se battre à nos côtés pour nos droits. Elle ne l’a pas fait et pire encore : ce matin, Mme Hidalgo a préféré intervenir sur la matinale de France Inter, estimant qu’à « ce stade, c’est ce qu’il fallait faire », en parlant de l’expulsion brutale sans solution que nous venions de vivre. La Maire de Paris a menti en direct en affirmant qu’il y avait des propositions d’hébergement à Paris, c’est faux : un seul bus a été déployé, direction Rouen, pour une durée de trois semaines. La honte !

    Ce soir, tout le monde se demande où nous allons dormir, nous les 450 jeunes expulsé.es, parce que même dans la rue, nous sommes traqué.es sans pouvoir nous déplacer librement, encore moins poser une tente. Des dizaines de personnes sont blessées, tout le monde est traumatisé. En tout, on dénombre une grosse cinquantaine d’interpellations. Six de nos camarades en recours de minorité ont été libérés avec des OQTF. Une dizaine de jeunes sont toujours en garde à vue aux commissariats du 18ème et 12ème, risquant un transfert en CRA.

    Nous n’avons jamais vécu une telle situation en plein Paris. Que tout le monde prenne conscience de ce qui se joue autour de notre lutte : il ne s’agit pas seulement du droit à l’hébergement pour les mineur.es isolé.es, mais bien d’une bataille contre l’extrême-droite et son monde.

    Ce samedi 22 mars, à l’occasion de la marche internationale contre le racisme, rejoignez notre cortège.

    Paris, le 18 mars 2025

  • “Loger les DALOS” – Au pied du ministère, un #campement pour le #droit_au_logement !
    https://radioparleur.net/2024/12/10/loger-les-dalos-au-pied-du-ministere-un-campement-pour-le-droit-au-log

    Depuis le 26 novembre, le #DAL (Droit au #logement) a posé son campement au pied du #ministère_du_logement et de la Rénovation urbaine, sous les bureaux de la nouvelle ministre éphémère Valérie Létard, nommée par le gouvernement Barnier aujourd’hui démissionnaire. Les banderoles jaunes aux couleurs du collectif interpellent au loin : « 1 toit […] L’article “Loger les DALOS” – Au pied du ministère, un campement pour le droit au logement ! est apparu en premier sur Radio Parleur.

    #Au_fil_des_luttes #Carousel_1 #Non_classé #Toujours_en_lutte #au_fil_des_luttes #hébergement #lutte_sociale #mobilisation #paris #propriété #squat

  • Les expulsions de campements, bidonvilles et squats en forte hausse, selon les associations
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/12/05/les-expulsions-de-campements-bidonvilles-et-squats-en-forte-hausse-selon-les

    Les expulsions de campements, bidonvilles et squats en forte hausse, selon les associations
    Par Claire Ané
    Dans son sixième rapport annuel, l’Observatoire des expulsions des lieux de vie informels fait état d’« une nette augmentation » des évictions de personnes qui vivent dans des campements, des bidonvilles, des squats, ou encore dans un véhicule ou sur un simple matelas. Et cette hausse « traduit une politique d’expulsions systématique », ajoute l’organisme fondé par huit associations, dont la Fondation Abbé Pierre, Médecins du monde et la Ligue des droits de l’homme.
    Près de 1 500 expulsions ont été dénombrées entre le 1er novembre 2023 et le 31 octobre 2024, en hausse de 34 % en un an, annonce la coordinatrice de l’observatoire, Célia Mougel, qui précise que « ce bilan, s’il est de mieux en mieux documenté, reste en deçà de la réalité, de nombreuses évictions passant sous les radars ». Comme les années précédentes, la majorité a eu lieu dans quatre communes du littoral du Nord et du Pas-de-Calais, point de départ des migrants qui tentent de gagner le Royaume-Uni : Calais, Dunkerque, Marck et Loon-Plage. Mais l’écart se resserre avec le reste de la métropole, où 608 évictions ont été décomptées, en hausse de 60 % en un an et de 400 % en quatre ans.
    Plus de 100 000 personnes ont été contraintes de quitter leur lieu de vie – parmi elles, certaines ont été décomptées plusieurs fois, parce qu’elles subissaient des évictions répétées. « Leurs droits sont bien trop souvent bafoués », ajoute Célia Mougel : une décision de justice, susceptible d’accorder des délais, ne survient que dans 13 % des cas. Les décisions administratives, permettant une éviction rapide en cas d’urgence, sont devenues plus fréquentes.
    88 % des personnes délogées sont renvoyées à l’errance
    Surtout, 68 % des expulsions s’effectuent sans fondement légal, un taux qui monte à 98 % sur le littoral du Nord et du Pas-de-Calais. Une fois délogées, 88 % des personnes concernées sont renvoyées à l’errance. Seulement 11 % se voient proposer une mise à l’abri temporaire, et 0,65 % « un relogement digne, pérenne et adapté ».
    Le rapport décrit ensuite les effets de ces expulsions sur la santé. « Les personnes sans domicile ont une espérance de vie en moyenne de 30 ans inférieure à la population générale », rappelle le président de Médecins du monde, Jean-François Corty, avant de citer une étude menée en Nouvelle-Aquitaine : « Plus les conditions d’habitat sont précaires et illégales et plus le risque de maladie chronique et de dépression sévère est élevé. »
    Les expulsions aggravent la situation, renvoyant les personnes plus loin des services de santé, et engendrant des ruptures dans le suivi. Il cite l’exemple d’une expulsion qui avait empêché de procéder à une deuxième injection de vaccin alors qu’une épidémie de rougeole sévissait. Selon le délégué général de l’Association nationale des gens du voyage citoyens, William Acker, les évictions successives ont une autre conséquence néfaste pour la santé : « Les personnes sont contraintes de se réfugier dans les interstices laissés libres en raison des nuisances : au plus près d’usines Seveso, sur des terrains aux sols pollués qui peuvent causer du saturnisme… »
    « Les mauvaises pratiques perdurent d’année en année, et pèsent de plus en plus sur les personnes qui en sont victimes. L’instruction du 25 janvier 2018 visant à résorber les campements et bidonvilles marquait une volonté politique, mais elle est loin d’avoir été suivie d’effets », regrette Célia Mougel. « Faute d’avoir réussi à convaincre les ministres du logement successifs, nous demandons aujourd’hui la mise en place d’une commission parlementaire pour une stratégie de résorption globale, contraignante, et qui ne fasse pas de distinction entre les publics », annonce le directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, Manuel Domergue.

    #Covid-19#migrant#migration#france#expulsion#logement#sante#santementale#campement#bidonville#squat

  • #JO 2024 : des associations dressent le #bilan du « #nettoyage_social », avec 19 500 personnes expulsées

    Au moins 260 #lieux_de_vie_informels ont été évacués en #Ile-de-France entre avril 2023 et septembre 2024, selon un bilan dressé ce lundi 4 novembre par le collectif associatif Le Revers de la médaille.

    La pauvreté invisibilisée. Dans un #rapport publié ce lundi 4 novembre, le collectif Le Revers de la médaille dresse le bilan du « nettoyage social » organisé pour les Jeux olympiques de Paris (https://lereversdelamedaille.fr). Entre le 26 avril 2023 et le 30 septembre 2024, ce sont en effet 260 #lieux_informels (#campements, #bidonvilles, #squats…) qui ont été évacués en région parisienne. Sur cette même période, au moins 19 526 personnes ont été expulsées de leur lieu de vie, soit une augmentation de 33 % par rapport à la période 2021-2022 (13 124) et quasi stable par rapport à 2022-2023 (19 777), ajoute ce collectif qui compte une centaine d’associations.

    Le nombre de mineurs expulsés a « particulièrement augmenté » : ils sont au moins 4 550 à avoir été forcés de quitter leur lieu de vie informel, soit trois fois plus que sur la période 2021-2022 (1 527), et près de deux fois plus que sur la période 2022-2023 (2 637).

    « On aura eu une année exceptionnellement excluante pour les personnes les plus fragiles dans la région Ile-de-France », synthétise Paul Alauzy, coordinateur de Médecins du Monde et porte-parole du collectif, qui estime que le « nettoyage social » restera comme une « tache indélébile sur la vitrine » des JO 2024.

    En vue des prochaines éditions des Jeux, les associations préconisent entre autres « la consultation systématique des populations hôtes, l’accès à une information équilibrée, libre et de qualité, l’organisation bien plus en amont des Jeux de consultations ouvertes avec les acteurs de la société civile », suggérant la solution de d’organiser chaque édition des Jeux au même endroit, ce qui pourrait « répondre à de nombreux problèmes, qu’il s’agisse du nettoyage social, de la gentrification et des facteurs écologiques ».

    https://www.liberation.fr/societe/jo-2024-des-associations-dressent-le-bilan-du-nettoyage-social-avec-19-50
    #expulsions #jeux_olympiques #Paris #pauvreté #invisibilisation

  • En Californie, la crise des sans-abri s’invite dans la campagne électorale
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/10/01/en-californie-la-crise-des-sans-abri-s-invite-dans-la-campagne-electorale_63


    La maire de Los Angeles, Karen Bass, dans un campement de rue, lors d’une opération de promotion du programme « Inside Safe » offrant le relogement de sans-abri dans des hôtels, à Los Angeles, le 26 septembre 2024. MARIO TAMA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

    Une décision récente de la Cour suprême octroie désormais le droit aux municipalités de l’ouest du pays de criminaliser les personnes qui dorment dans la rue. Les démantèlements de tentes se multiplient, les démocrates souhaitant prouver aux républicains qu’ils savent gérer cette épineuse question.
    Par Corine Lesnes (San Francisco, correspondante)

    Un tournant dans la crise des #sans-abri ? Depuis que la Cour suprême a décidé fin juin qu’il n’existait aucun droit constitutionnel à dormir dans la rue, les municipalités de l’Ouest américain commencent à démanteler les #campements, et notamment en #Californie, l’Etat qui compte quelque 186 000 homeless, soit un tiers des personnes sans logement aux Etats-Unis.

    Le 28 juin, la Cour suprême a renversé une jurisprudence de 2019 qui interdisait aux villes de criminaliser le fait de dormir dans un lieu public si elles n’étaient pas en mesure de proposer un hébergement aux sans-abri – ceci au nom du 8e amendement de la Constitution qui prohibe les châtiments « cruels et inhabituels ».

    La Cour a estimé que le 8e amendement ne s’appliquait pas à la situation des #homeless. Une décision majeure qui permet de nouveau aux municipalités d’imposer des #amendes voire des peines de #prison aux sans-abri, même si aucune solution d’hébergement n’est disponible.

    (...) En période électorale, les élus ne peuvent ignorer que le spectacle des homeless prostrés sur les trottoirs est un crève-cœur de plus en plus intolérable pour leurs concitoyens.

    https://justpaste.it/cf8dv

    #logement #droit_au_logement

  • Chiusi dentro. Dall’alto.
    I campi di confinamento dei migranti nell’Europa del XXI secolo.

    Che aspetto hanno i campi di confinamento costruiti o finanziati dai Paesi dell’Unione europea in questi anni per segregare i richiedenti asilo e/o i migranti in transito e come hanno stravolto i territori nei quali sono stati realizzati? Grazie al libro “Chiusi dentro” curato da RiVolti ai Balcani ed edito da Altreconomia nel 2024 è nato il progetto digitale “Chiusi dentro. Dall’alto”, che con le immagini satellitari esclusive eseguite da PlaceMarks mostra il volto delle politiche europee: per bloccare, respingere, confinare, condannare alla marginalizzazione.

    Dalla Turchia alla Grecia, dalla Serbia all’Italia, dall’Albania alla Bosnia ed Erzegovina, passando per Lituania, Macedonia del Nord, Ungheria e ancora. Quindici Paesi, oltre 100 tra immagini e mappe per conoscere e far conoscere i campi dell’Europa di oggi.

    https://altreconomia.it/chiusi-dentro-alto-progetto
    #images_satellitaires #visualisation #détention_administrative #rétention #campements #Europe #encampement #migrations #réfugiés #Europe #marginalisation #images

    ping @reka @karine4 @_kg_

    • L’ultima spiaggia dell’unione Europea

      Nel Nord della Francia tra Calais e Dunkirk centinaia di persone tentano ogni giorno di attraversare la manica e raggiungere le coste dell’Inghilterra.

      I fratelli di Mohamed hanno corso durante tutta la marcia e una volta arrivati di fronte alla spiaggia si sono precipitati verso le dune di sabbia per raccoglierne a manciate e gettarsele addosso. A pochi metri di distanza, poco più di 50 persone disposte a semicerchio, commemorano il loro fratello minore, Mohamed, morto a soli dieci mesi, e #Dina_Al_Shaddadi, entrambe vittime della frontiera tra Francia e Inghilterra. Sono state le famiglie dei due a organizzare una “marche blanche” a Calais (la città francese più prossima all’Inghilterra). Hanno chiesto ai partecipanti di vestirsi di nero e portare dei fiori, e così è stato fatto.

      Mohamed è morto alla Caritas per un arresto cardiaco, un giorno dopo il rientro da un tentativo di attraversamento della frontiera. Dina invece è morta in mare.

      Il 27 di luglio si era aperta una finestra di passaggio per tentare la traversata. Il vento era buono, il tempo pure e Dina Al Shaddadi e la sua famiglia avevano deciso di provare per la quinta volta. Dina e sua sorella, Nour, sono salite per prime sulla barca, erano sicure di avercela fatta, l’Inghilterra era a un passo. Il gommone ha cominciato in fretta a riempirsi di persone che pur non avendo comprato un biglietto sono salite. Nour e Dina sono state schiacciate dalla massa di persone accalcate sull’imbarcazione. Nour ha provato a richiamare l’attenzione, a suggerire a chi era con loro di chiamare i soccorsi, ha cercato di impedire che si avviasse il motore e si arrivasse al largo. Solo quando il volto di Dina è sbiancato e il collo è diventato blu le persone intorno a lei hanno capito che la situazione era grave e hanno chiamato il 112. Era troppo tardi.

      Dalla Brexit il numero di persone che hanno tentato di attraversare per mare il confine è aumentato notevolmente, così come è cresciuto il numero di vittime. Non ci sono abbastanza barche per tutti, il viaggio ha un costo molto alto – si parla di duemila euro per un tragitto che per vie legali costerebbe 40£ – e chi non paga un biglietto ai “passeur” (i trafficanti) prova a saltare all’ultimo dentro la barca, come è successo a Dina e Nour, compromettendo la sicurezza di tutti, anche la propria.

      Per contrastare gli “sbarchi irregolari” i governi di Francia e Inghilterra hanno avviato degli accordi bilaterali per bloccare le partenze dalle Coste francesi: il litorale di Calais è altamente militarizzato, il porto è circondato da filo spinato e le pattuglie della polizia monitorano le spiagge di Boulogne, Calais e Grand Synthe.

      Di notte migranti e polizia giocano a nascondino: i primi si confondono nelle dune di sabbia e tra la vegetazione, quando non vedono uomini in divisa all’orizzonte corrono portando in alto il gommone, una volta entrati in acqua accendono il motore e salgono, molto velocemente, per partire e godere dell’immunità: la polizia in acqua non li può toccare.

      Ma l’attenzione della polizia non riguarda soltanto la costa, tocca anche la città di Calais. Dopo lo smantellamento della giungla nel 2016, dove abitavano circa 10.000 persone, i campi si sono dispersi e frammentati in diversi luoghi della città. Ogni 48 ore almeno venti –ma spesso molti di più – uomini della Police Nationale in tenuta anti-sommossa operano degli sfratti nei campi: portano via alcune tende, al cui interno si trovano spesso i pochi averi di chi vive in quei rifugi di fortuna, a volte arrestano qualcuno, e poi passano al campo successivo.

      Una mattina mentre la polizia sta sgomberando il campo cosiddetto “Unicorn”, accanto all’ospedale di Calais, Nassim (nome di fantasia) li guarda e dice: «Io ero come loro». Sua madre è siriana, suo padre turco, dopo il 2011 è scappato da Damasco, ha attraversato il confine ad Ovest ed è andato a vivere con la sua famiglia nella città natale del padre, vicino a Gaziantep nella Turchia dell’Est. Lì ha deciso di arruolarsi nell’esercito: «Ho cominciato il periodo di addestramento e mi hanno spedito a presidiare il confine con la Siria, ma non ho resistito, sono dovuto scappare via non potevo sopportare il modo in cui il corpo militare turco agiva su quel confine».

      Così è andato via, ha attraversato l’Europa a piedi lungo la rotta balcanica per arrivare in Germania dove ha imparato il tedesco e ha cominciato un processo di integrazione. Dopo un anno il governo tedesco gli ha fatto sapere che la sua domanda d’asilo non era stata accettata, Nassim se n’è dovuto andare da un posto che aveva cominciato appena a chiamare casa per la terza volta.

      È partito per Calais all’inizio di luglio, nel campo si annoia, dice che non c’è nulla da fare, vuole andare in Inghilterra e ricominciare la sua vita che è in pausa da mesi. Lui, a differenza di altri che arrivano a Calais e decidono di restare in Francia, è certo di dover partire. In poco più di un mese ha tentato sette volte la traversata senza mai riuscirci. A volte è colpa del tempo, quando piove o c’è troppo vento è bene non avventurarsi in mare; altre volte è stata la polizia a fermarlo. L’ultimo tentativo lo ha sfiancato, è tornato al campo stanco e insofferente, e nonostante di norma sfoderasse un inglese perfetto ha preferito usare Google traduttore per parlare con i volontari. Ha detto: «Sono troppo stanco per pensare». La polizia aveva sorpreso lui e altri compagni sulla spiaggia all’alba mentre trasportavano un gommone, che è stato subito confiscato, e in seguito alle proteste di alcuni di loro gli agenti della Police Nationale hanno usato gas e manganelli.

      Quando il gruppo è tornato al campo si sono fatti vedere curare le ferite da alcuni studenti di medicina inglesi volontari a Calais, poi sono spariti nella boscaglia, dove avevano lasciato le tende. Alcuni le hanno trovate al loro posto, Nassim no. Ne aveva bisogno per riposarsi in vista del giorno successivo, quando avrebbe tentato di nuovo, l’Inghilterra per lui è l’unica soluzione.

      https://scomodo.org/lultima-spiaggia-dellunione-europea
      #mourir_aux_frontières #morts_aux_frontières #migrations #réfugiés #frontières #décès #Calais #France #Manche #marche_blanche #campement #Unicorn

  • « Il ne faut pas que les touristes nous voient… »
    Les JO et l’invisibilisation des personnes migrantes à la rue
    https://lestempsquirestent.org/fr/numeros/numero-2/il-ne-faut-pas-que-les-touristes-nous-voient-les-jeux-de-paris-2

    Les #expulsions de #campement, avec ou sans proposition d’#hébergement, et les envois hors d’Île-de-France des personnes #migrantes sans-domicile, perdurent depuis neuf ans avec des variations de dispositifs, de fréquence et d’intensité. La concentration des pratiques de régulation sur certains lieux mettent en évidence des enjeux de disparition ou d’invisibilisation des campements aux abords des chantiers puis des sites des Jeux. À l’approche de l’ouverture des #JOP 2024, on observe une systématisation des départs en région des personnes migrantes #sans-abri et l’intensification des expulsions de campements et de squats. L’organisation de ce méga-événement constitue une opportunité pour les autorités d’accélérer la mise en œuvre de mesures pré-existantes.

    Les évolutions récentes de certaines pratiques et politiques publiques, et les tâtonnements issus des résistances qu’elles ont occasionnées, ont poussé les autorités à reconfigurer leur organisation. Elles deviennent plus discrètes qu’auparavant. L’invisibilisation ne concerne plus seulement uniquement les personnes migrantes sans-abri, mais également les pratiques préfectorales et policières qui s’exercent sur elles. Une invisibilisation à plusieurs niveaux qui va dans le sens d’un « spectacle sécuritaire » contenu et non-conflictuel.

    Au-delà de l’accélération et de l’intensification de certaines pratiques des autorités dues à l’organisation des Jeux, la poursuite des régulations par l’(auto-)expulsion au cours de ces presque dix dernières années souligne le caractère routinier et limité du modèle de gestion du sans-abrisme des populations migrantes en Île-de-France par les pouvoirs publics. Si une petite partie seulement de l’énorme attention médiatique internationale que les Jeux suscitent pouvait être détournée vers ce problème, le spectacle n’aurait pas été totalement en vain. C’est l’ambiguïté de ce genre d’événement : il doit plus qu’à l’ordinaire cacher pour faire voir, mais il peut aussi se retrouver à faire voir ce qu’on cherche ordinairement à cacher. Du moins peut-on toujours l’espérer.

  • À Paris, ultime cycle d’expulsions avant les JO
    https://listmonk.collectifaccesaudroit.org/campaign/8b2c6b62-b99d-41fb-886e-fd85f804dded/b5729fae-81e6-436c-b953-c18f57cd3d30

    Depuis mai 2023, plus de 12.500 personnes ont été expulsées de leur lieu de vie, afin de faire place nette pour accueillir les JOP2024. La semaine dernière, nous avons documenté la situation d’une dizaine de campements dans le Nord-Est parisien et la Seine Saint-Denis. Ces lieux de vie informels ont été expulsés et les personnes qui y vivaient se sont vues proposer une prise en charge exceptionnelle d’un mois, le temps de la compétition, sans aucune garantie pour la suite. Leurs tentes ont été remplacées par des bornes vélib, des tables de pique-nique ou encore des blocs de béton afin d’empêcher toute réinstallation de campement. Du jamais vu dans un temps si court ! Source : Collectif accès au (...)

  • #ENTRE_DEUX_MONDES

    Ce polar est monstrueusement humain, « forcément » humain : il n’y a pas les bons d’un côté et les méchants de l’autre, il y a juste des peurs réciproques qui ne demandent qu’à être apaisées.
    Bouleversant

    Fuyant un régime sanguinaire et un pays en guerre, Adam a envoyé sa femme Nora et sa fille Maya à six mille kilomètres de là, dans un endroit où elles devraient l’attendre en sécurité. Il les rejoindra bientôt, et ils organiseront leur avenir.
    Mais arrivé là-bas, il ne les trouve pas. Ce qu’il découvre, en revanche, c’est un monde entre deux mondes pour damnés de la Terre entre deux vies. Dans cet univers sans loi, aucune police n’ose mettre les pieds.
    Un assassin va profiter de cette situation.
    Dès le premier crime, Adam décide d’intervenir. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il est flic, et que face à l’espoir qui s’amenuise de revoir un jour Nora et Maya, cette enquête est le seul moyen pour lui de ne pas devenir fou.

    Bastien est un policier français. Il connaît cette zone de non-droit et les terreurs qu’elle engendre. Mais lorsque Adam, ce flic étranger, lui demande son aide, le temps est venu pour lui d’ouvrir les yeux sur la réalité et de faire un choix, quitte à se mettre en danger.

    http://www.michel-lafon.fr/livre/1921-Entre_deux_mondes.html
    #migrations #asile #réfugiés #Calais #Jungle #campement #livre #polar #Olivier_Norek #violence

    • Citation :

      - Bon, je crois qu’on est d’accord pour dire que tous ces types dans la Jungle fuient la guerre ou la famine. On n’est pas sur une simple migration économique mais sur un exil forcé. Ce serait un peu inhumain de leur coller une procédure d’infraction à la législation sur les étrangers et de les renvoyer chez eux. On passerait pour qui ? Mais d’un autre côté, c’est plutôt évident que personne ne veut se soucier de leur accueil puisqu’on les laisse dans une décharge aux limites de la ville. Alors on leur a créé le statu de ‘#réfugiés_potentiels’.
      – C’est la première fois que j’entends ça, concéda Bastien en enfournant un euro dans la machine à café du palier.
      – Cherchez pas, ça n’existe nulle part ailleurs et dans aucun texte de loi. C’est du fait maison Calais, spécialité locale. En gros, avec ce statut bâtard, on ne eut pas les interpeller. Logique, si on refuse de les intégrer en France, ce n’est pas pour les faire rentrer dans le système judiciaire. Mais on ne leur donne pas non plus la qualité complète de réfugiés, sinon, il faudrait s’en occuper. Donc avec cette appellation de réfugiés potentiels, ni on ne les arrête, ni on ne les aide. On les laisse juste moisir tranquilles en espérant qu’ils partiront d’eux-mêmes.

      (pp.108-109)
      Voilà un nouveau mot à ajouter à la liste de #mots pour désigner les personnes en migration : « réfugiés potentiels »
      –—

      ajouté à la métaliste sur les mots de la migration :
      https://seenthis.net/messages/414225
      #vocabulaire #terminologie #mots

  • Paris : en trois jours, près de 500 migrants ont été évacués de leurs campements - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/58551/paris--en-trois-jours-pres-de-500-migrants-ont-ete-evacues-de-leurs-ca

    Paris : en trois jours, près de 500 migrants ont été évacués de leurs campements
    Par Marlène Panara Publié le : 18/07/2024
    Les exilés installés sur les bords des canaux de l’Ourcq et de Saint-Denis, ainsi que sur les quais de Seine du Pont Marie à Paris, ont tous été évacués de leurs lieux de vie informels entre le 16 et le 18 juillet. Des « mises à l’abri » saluées par les associations, qui déplorent dans le même temps une accélération du « nettoyage social » avant les JO.
    Des démantèlements en série en région parisienne. Ce jeudi matin, une centaine de jeunes migrants - des mineurs en recours, qui en attendant une décision du juge pour enfants se retrouvent à la rue - réfugiés sous le pont Marie, à Paris, ont été délogés par la police. Une quarantaine d’entre eux a accepté le transfert proposé par les autorités vers le centre d’accueil et d’examen de la situation (CAES) de Melun, à 65 km de Paris. Trop loin pour les 60 autres, qui « par obligation administrative, ou parce qu’ils suivent des cours de français dans la capitale, ne peuvent se permettre d’aller en Seine-et-Marne », explique Antoine de Clerck, membre du collectif Revers de la médaille, qui alerte sur l’expulsion des populations précaires de Paris en amont des Jeux olympiques de Paris.
    Mercredi 17 et mardi 16 juillet déjà, 401 autres exilés ont été évacués et pris en charge par les autorités. Hier matin, les forces de l’ordre sont intervenues pour démanteler deux campements regroupant respectivement 150 et 80 migrants dans le nord de Paris : l’un au niveau du pont de Flandres, dans le XIXe arrondissement, l’autre vers le pont de Stains, le long du canal Saint-Denis dans le nord parisien. D’après la préfecture d’Ile-de-France, 209 de ces personnes ont été mises à l’abri dans des centres situés dans la région. Selon des témoins, l’évacuation s’est déroulée dans « le calme ».
    La veille, mardi, les autorités ont évacué les occupants d’un autre campement, cette fois-ci le long du canal de l’Ourcq, où résidaient selon les associations environ 200 à 250 personnes. D’après la préfecture d’Ile-de-France, 192 ont été prises en charge, dont 173 en Île-de-France, et un mineur à Paris. « Ces personnes pourront bénéficier avec leur accord d’une évaluation de leur situation administrative et d’un accompagnement social et sanitaire », détaille encore la préfecture dans un communiqué. La plupart des migrants évacués ces deux derniers jours ont été transférés dans des CAES franciliens. Une décision bienvenue pour les associations, qui s’étonnent en revanche de cette soudaine disponibilité. « Avant, il fallait répondre à des conditions drastiques pour y accéder. Et là, tout le monde pouvait, a commenté Paul Alauzy, coordinateur de Médecins du Monde et l’un des porte-parole du Revers de la médaille. Avant les Jeux, c’est vraiment une logique de ‘on donne des solutions temporaires dans la région parisienne pour être sûr de bien vider les rues’ ». « Ils ont vraiment parachevé le grand nettoyage social juste avant le commencement des JO ».
    « Comment cela se fait-il que ces places soient libres maintenant ? Alors que jusqu’ici cette année, on nous disait toujours que c’était plein, d’où les transferts en SAS régionaux, s’interroge aussi Antoine de Clerck. Évidemment, ces ’mises à l’abri’ c’est une bonne chose pour les exilés, on ne le nie pas. Mais ça donne vraiment l’impression que les autorités se sont gardés les CAES d’Ile-de-France sous le coude, juste avant les JO, pour vider les quais juste à temps ». De son côté, la préfecture rappelle dans son communiqué que « ces deux mises à l’abri s’inscrivent dans le cadre de la mobilisation constante de l’État pour accompagner les personnes les plus vulnérables ». Elle assure par ailleurs que « 2 500 personnes ont été mises à l’abri depuis des campements situés dans l’espace public à Paris en 2024 ». « Ces interventions viennent compléter le système de droit commun organisé par l’État, permettant l’hébergement chaque nuit en Ile-de-France d’environ 120 000 personnes en situation de précarité », ajoute-t-elle. Pour Antoine de Clerck, « cette communication nous laisse très amers ». « Certains camps démantelés le long des canaux parisiens existent depuis trois ans, rappelle-t-il. Si on voulait vraiment mettre les gens ‘à l’abri’, on l’aurait fait avant ».
    Lors des évacuations, la préfecture a également proposé aux migrants d’être transférés dans un SAS de Besançon, à l’est de la France. Sur les 401 personnes prises en charge au total, « seuls trois ont accepté », affirme Antoine de Clerck. Créés en mars 2023 à l’initiative du président de la République, les SAS régionaux ont pour objectif de répartir les primo-arrivants sur le territoire français, l’hébergement en région parisienne étant régulièrement saturé. Mais ce type de structures a depuis montré ses limites : les migrants ne retrouvent pas partout le même tissu associatif que celui qui émaille la capitale, ou la communauté de leur pays d’origine, souvent source d’aide et de solidarité. D’autant plus que la durée d’hébergement dans le SAS n’excède pas trois semaines. Après ce laps de temps, de nombreux exilés, sans solution, se retrouvent une fois de plus à la rue. « Il y a un an on m’a emmené à Bordeaux, j’ai dormi dans un logement cinq jours, puis à la rue, donc je suis revenu à Paris parce que j’y connaissais des gens », a raconté à l’AFP Nassir, 34 ans, arrivé en France en 2017 du Soudan. « Monter dans un bus pour ne rester que quelques jours ça me sert à rien, je ne vais pas trouver du travail. » Certains migrants délogés ont quant à eux préférés partir par leurs propres moyens. « Je ne suis pas monté dans le bus parce que dans 15 jours on nous remettra à la rue. On a besoin d’un logement stable pour faire les démarches ou suivre des cours de français », a expliqué Hassem, 27 ans, Soudanais, qui avait élu domicile sous le Pont de Flandres voici deux mois.
    Jamal Ahmed, 30 ans, originaire lui aussi du Soudan, s’était installé il y a deux ans au même endroit. « Je suis déjà monté dans le bus pour aller à Ris-Orangis [Essonne, au sud de Paris], j’ai été logé un mois. Puis on m’a dit dehors ! Alors je suis revenu ici car je savais qu’il y avait de la place ».

    #Covid-19#migrant#migration#france#JO#campement#CAES#mineur#sante

  • Dunkerque : une plainte déposée à la suite de la découverte d’un liquide bleu dans une cuve d’eau potable à destination des migrants
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/06/21/dunkerque-une-plainte-deposee-a-la-suite-de-la-decouverte-d-un-liquide-bleu-

    Dunkerque : une plainte déposée à la suite de la découverte d’un liquide bleu dans une cuve d’eau potable à destination des migrants
    L’association britannique Roots a déposé plainte après avoir découvert de l’eau souillée dans une citerne destinée aux exilés du campement de Loon-Plage.
    Le Monde avec AFP
    Une plainte a été déposée après la découverte d’un liquide bleu dans une cuve d’eau potable mise à disposition des migrants par une ONG dans un campement de Loon-Plage, près de Dunkerque, a appris l’Agence France-Presse vendredi 21 juin auprès d’associations. Ce liquide a été retrouvé le 14 juin, a fait savoir l’ONG britannique Roots, qui vient en aide aux migrants présents sur le littoral du nord de la France dans l’attente d’une tentative de traversée vers l’Angleterre, confirmant une information de Libération. L’association a porté plainte. Roots précise avoir donné aux gendarmes un échantillon du liquide pour qu’il soit analysé. Christopher, un bénévole de Roots, évoque une odeur chimique et mentholée, comme celle d’un produit ménager.
    « C’était un acte volontaire, dont on ne connaît pas la finalité mais, dans tous les cas, l’intention était de nuire », assène auprès de Libération Thomas Chambon, chargé de mission des maraudes sur le littoral pour l’association Utopia 56. La cuve est placée à l’écart du camp, à la jonction de deux routes de campagne. Pour la remplir, il faut se hisser et dévisser un gros bouchon au sommet de la citerne de 1 000 litres, selon nos confrères. Les membres de Roots avaient déjà retrouvé la citerne percée à coups de couteau.
    Médecins du monde explique à Libé qu’« on voit beaucoup des cas de gale. Des femmes présentent des infections urinaires, surtout l’été. Elles limitent leur consommation d’eau, en lien avec l’absence de toilettes dignes et sécurisées. » Sans compter l’impossibilité de se laver correctement.
    D’après Claire Millot de l’association Salam, qui distribue des repas aux exilés dans ce secteur, 300 à 400 personnes vivent actuellement sur ce vaste campement. Un point d’eau y a été installé par la communauté urbaine de Dunkerque à la suite de la grève de la faim d’un bénévole de l’association à la fin de 2023. L’amélioration de l’accès à l’eau des migrants était l’une des revendications, mais, selon Claire Millot, d’autres points d’eau qui devaient être installés ne l’ont pas été. L’association Roots, non mandatée par l’Etat, dispose et remplit des cuves d’eau potable sur le campement pour permettre aux migrants de boire, cuisiner et se laver.« Là, c’était un liquide bleu, donc les gars ne l’ont pas bu mais cela aurait été incolore et un poison, même un poison pas très violent qui donne juste mal au ventre, dans les conditions sanitaires dans lesquelles ils vivent, cela aurait pu être dramatique », s’alarme Mme Millot. Ce type d’actes sur le campement de Loon-Plage est, selon elle, « une première », mais elle craint que ce type de faits ne « se multiplient ».
    A Calais, une cuve d’eau de l’organisation Calais Food Collective avait été retirée par la mairie en août 2023, les associations dénonçant une nouvelle tentative d’« entrave à l’aide humanitaire ». L’énième épisode d’une guerre d’usure de longue date menée par la ville dirigée par la maire Natacha Bouchart (Les Républicains) contre les « points de fixation » des personnes exilés. En 2021, Calais Food Collective dénonçait le harcèlement quasi quotidien des services de la ville, de la préfecture et de la police : « 3 février, cuve enlevée par la police ; 8 février, cuve volée par police (…) ; 13 juin, de l’essence est répandue autour de la cuve (…) 21 août, cuve détruite au même moment qu’une opération de CRS ; (…) 4 septembre, urine et bris de verre sur une cuve ».
    L’association Utopia 56 souligne, pour sa part, que l’accès à l’eau est un droit fondamental et que deux personnes migrantes sont mortes noyées, en 2022 et 2023, « dans un canal en souhaitant se laver par manque d’accès à l’eau sur le campement [de Loon-Plage] ». L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’il faut entre 50 et 100 litres d’eau par personne et par jour pour répondre aux besoins de base. A Calais, selon un rapport conjoint du collectif d’ONG Coalition eau et de l’association Solidarités International, datant de 2022, les exilés sur place disposaient en moyenne d’à peine 4,9 litres par jour.

    #Covid-19#migrant#migration#france#calais#humanitaire#campement#sante

  • Avant les #JO, un « nettoyage social » à Paris ? Un nouveau campement évacué, une partie des migrants transférés en régions
    https://www.sudouest.fr/france/avant-les-jo-un-nettoyage-social-a-paris-un-nouveau-campement-evacue-une-pa

    Une centaine de migrants ont été évacués d’un camp de fortune dans le 12e arrondissement de #Paris, ce mardi matin. Certains ont été transférés vers des villes de province. Les associations dénoncent un « #nettoyage_social » de la capitale avant les Jeux olympiques, cet été
    Un #campement informel sous un pont de Paris, où vivaient plus de cent #migrants, a été démantelé mardi 6 février et une cinquantaine d’#exilés ont été transférés en province, a-t-on appris auprès des autorités et de plusieurs organisations humanitaires.

  • Mayotte : des barrages de collectifs citoyens contre l’insécurité et l’immigration
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/01/29/mayotte-des-barrages-de-collectifs-citoyens-contre-l-insecurite-et-l-immigra

    Mayotte : des barrages de collectifs citoyens contre l’insécurité et l’immigration
    Par Nathalie Guibert et Jérôme Talpin (Saint-Denis (La Réunion), correspondant)
    Le préfet Thierry Suquet a peut-être annoncé un peu prématurément, samedi 27 janvier, le « rétablissement de la liberté d’aller et venir » à Mayotte, après la levée par les forces de l’ordre des barrages qui ont entravé la circulation de l’île durant la semaine. Celle-ci a vu se multiplier des blocages de collectifs de citoyens excédés par l’insécurité et l’immigration, tandis que des bandes de quartiers barraient d’autres axes à l’occasion d’affrontements intervillages, une pratique devenue courante.
    Lundi 29 janvier, de nouveau, des routes ont été barrées dans plusieurs localités. Alors que la crise de l’eau commence tout juste à se résorber grâce à la saison des pluies, le département de l’océan Indien connaît un énième accès de fièvre.Plusieurs collèges sont restés fermés à l’issue du week-end, pour des raisons diverses. Notamment celui de Koungou, attaqué mercredi dernier par des bandes venues y régler leurs différends à coups de machettes et de pierres. Des heurts ont encore eu lieu aux abords de l’établissement ce lundi, et le recteur, qui s’est rendu sur place, a été la cible d’un caillassage sur son trajet, a rapporté la chaîne La 1ère.
    Dans la soirée de dimanche, c’est la brigade de gendarmerie de Sada qui a subi l’assaut d’une cinquantaine de jeunes hommes. « Ils ont jeté des pierres et des cocktails Molotov sur la caserne sans faire de dégâts majeurs. Avec l’arrivée de renforts, le calme est revenu vers 23 heures », a indiqué le commandement de la gendarmerie. Le Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale a de son côté été déployé à Mramadoudou. Une sorte de routine, même si la gendarmerie dit devoir désormais gérer des « profils de délinquants » classiques ciblant les forces de l’ordre.
    S’ajoutant à ces affrontements réguliers, de nouvelles tensions ont éclaté quand des collectifs de citoyens, minoritaires mais très visibles sur l’île, s’en sont pris au campement de migrants installé autour du stade de Cavani à Mamoudzou. Quelque 500 Africains venus de République démocratique du Congo, du Burundi, du Rwanda et de Somalie, s’y sont installés dans des abris précaires depuis le mois de mai, une partie d’entre eux ont un statut de demandeurs d’asile. Leur nombre croissant aurait agi auprès d’eux comme un élément déclencheur.
    « Les autorités nous expliquent qu’ils sont protégés par le droit d’asile mais nous ne pouvons le comprendre dans nos conditions de vie actuelles », alerte Haoussi Boinahedja, syndicaliste présent sur un barrage constitué de branchages et de carcasses de voitures, sur la RN3, à Chirongui. « L’immigration illégale déstabilise et étouffe ce petit territoire qui est le plus pauvre de France. J’entends la colère des gens. Je crains le pire. » Selon lui, l’Etat doit mettre fin au « titre de séjour territorialisé » qui contraint les immigrés détenteurs à rester à Mayotte.
    Avec les « mamans » de son Collectif des citoyens de Mayotte 2018, Safina Soula organise, elle, un sit-in depuis le 6 décembre devant le service des étrangers de la préfecture, entravant le traitement des dossiers. « Ce camp, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, proteste-t-elle. Il y a l’immigration clandestine venue des Comores voisines et maintenant c’est l’Afrique qui voit Mayotte comme un sas d’entrée en France et en Europe. » Quant à la lutte contre l’insécurité : « Nous avons demandé l’état d’urgence. Rien. Mayotte va exploser. » L’opération Wuambushu, déployée par le ministère de l’intérieur d’avril à août 2023 sur les deux fronts de l’immigration illégale et de l’insécurité, n’aura apporté qu’un court répit.
    Les barrages sont tenus par des pères et des mères de famille, assure Safina Soula. « Ce ne sont pas des fous mais des agents hospitaliers, des pompiers, des chauffeurs de transports scolaires qui n’en peuvent plus de se faire caillasser tous les jours, juge-t-elle. Le confinement à Mayotte ne s’est pas arrêté en 2020. La population est cloîtrée en fonction de l’humeur des délinquants. Le soir, tout le monde essaie de rentrer avant 18 heures pour être en sécurité et a peur pour ses enfants ».
    La préfecture a commencé à démanteler le camp du stade de Cavani le 25 janvier. Le vendredi 26, les « mamans » du collectif ont été délogées de l’entrée principale de la préfecture. Mais elles y sont revenues lundi matin, tandis que les barrages des collectifs réapparaissaient. « Il existe un deux poids deux mesures par rapport à l’attitude du gouvernement avec les agriculteurs, souligne Mme Soula. Nous vivons un manque de considération. »La situation met en danger toute la population, s’est alarmé le directeur de l’hôpital, Jean-Mathieu Defour, sur La 1ère. « La mobilité des soignants est gravement entravée. Cette situation exceptionnelle conduit le centre hospitalier de Mayotte à fonctionner avec moins de 50 % de son personnel. »
    « Anarchie à Mayotte », a dénoncé pour sa part dans un tweet la députée (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires) Estelle Youssouffa. La parlementaire accuse le préfet Thierry Suquet de se montrer plus ferme vis-à-vis des Mahorais des collectifs qu’envers les fauteurs de troubles des quartiers. Le haut fonctionnaire, sur le départ, a défendu le bilan de l’Etat dans un long courrier adressé à l’association des maires de Mayotte le 26 janvier.
    « Depuis maintenant deux ans, le gouvernement a fortement augmenté les moyens humains et matériels dédiés à la sécurité et à la lutte contre l’immigration clandestine », assure le préfet. Et de citer les escadrons de gendarmerie, pérennisé (pour un d’entre eux) ou envoyés en renfort (deux), le détachement de dix agents du Raid, l’arrivée de drones, la création d’une brigade de gendarmerie effective début 2024, ou « l’affectation de 200 à 300 policiers et gendarmes dédiés à la sécurisation du transport scolaire chaque jour ». Depuis novembre, indique-t-il encore, « plus de 50 délinquants impliqués dans des troubles à l’ordre public et des faits de violence ont été interpellés et les deux tiers condamnés à des peines de prison ». Et les communes ont reçu 1,8 million d’euros de dotations en équipements de sécurité. Le préfet vante un « résultat historique », quant aux interceptions de migrants illégaux venus des Comores par la mer : « En 2023 ce sont plus de 660 kwassas [barques] transportant près de 8660 personnes qui ont été interceptés », soit plus des trois quarts d’entre eux, affirme-t-il. Mais quelque 23 000 étrangers arrivent et repartent de Mayotte chaque année, des chiffres stables en dépit des promesses de durcissement du ministère de l’intérieur.

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