city:alger

  • Le numéro deux du Quai d’Orsay a invité Djouhri à la réception de Macron à Alger
    https://www.mediapart.fr/journal/france/270318/le-numero-deux-du-quai-d-orsay-invite-djouhri-la-reception-de-macron-alger

    Maurice Gourdault-Montagne, l’actuel secrétaire général du Quai d’Orsay. © DR Le secrétaire général du quai d’Orsay, #Maurice_Gourdault-Montagne, a téléphoné à l’ambassadeur de #France à Alger pour faire inviter l’intermédiaire recherché par la justice à la réception donnée par Emmanuel Macron, le 6 décembre 2017.

    #Alexandre_Djouhri ;_Emmanuel_Macron ;_diplomatie

  • CE QU’A FAIT BOUMEDIENE POUR L’ALGERIE, – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2018/03/18/ce-qua-fait-boumediene-pour-lalgerie
    http://www.raina-dz.net/IMG/arton1600.jpg?1519303097

    Quand je vois ces bambins bien habillés qui descendent des voitures neuves ou des cars jaunes du ramassage scolaire pour s’engouffrer dans des écoles où l’enseignement est toujours gratuit, je pense inévitablement aux enfants de la colonisation ; je pense aux poux dans les cheveux, aux pieds nus pataugeant dans la boue, aux maladies, à la faim, à l’ignorance, au gourbi, au dénuement…

    Il faut dire à tous ceux qui s’évertuent à nous rappeler que nous avions raté le coche en 1962 qu’à cette date, l’espérance de vie des Algériens ne dépassait pas les 48 ans ! Elle était déjà, il y a quelques années, de 75 ans ! Ce résultat n’est pas le fruit d’une baguette magique ou d’une politique datant de quelques années seulement ! Pour en arriver là, il a fallu prémunir cet Algérien de toutes les épidémies mortelles. Il a fallu lui offrir une bonne prise en charge sanitaire, des médicaments gratuits, des produits de première nécessité à bas prix… Et ce n’était pas rien, au moment où les caisses de l’Etat étaient pratiquement vides et que le pays ne comptait que quelques ingénieurs et techniciens !

    Il a fallu tout créer ! En gommant tout ce qui a été fait depuis 1962, et malgré les insuffisances que nous sommes les premiers à relever dans ces colonnes, certains insultent la mémoire de ceux qui ne sont plus là et qui ont cru que le rêve était possible, qui ont bâti des écoles partout, des usines, des centres de santé dans les coins les plus reculés, qui ont tracé des routes et introduit le progrès aux quatre coins du pays ; n’insultons pas la mémoire de ceux qui ont consacré leur vie à planifier, étudier, réfléchir pour que le gaz de ville, privilège de deux ou trois centres, aille partout ; que l’électricité, totalement absente des foyers algériens, pénètre les cités populaires et les douars ; que l’eau potable, qu’on allait chercher dans les fontaines publiques, devienne un élément incontournable du milieu domestique ; que les fosses septiques soient bourrées de mortier et oubliées, au profit de réseaux d’assainissement modernes, que les salles de bains remplacent le hammam, que la télévision, captée par une infime minorité d’Algériens à Oran, Alger et Constantine, étende son réseau à tout le territoire national, à travers la diffusion hertzienne, puis par satellite. Dès 1975, l’Algérie utilisait le satellite pour porter le faisceau du programme national jusqu’au Hoggar et Tassili, devenant l’un des premiers pays au monde à avoir accès à cette technologie, utilisée, à l’époque, seulement par quelques opérateurs aux Etats-Unis, au Canada et en URSS ! Il a fallu former des enseignants, des ingénieurs agronomes, des techniciens dans le bâtiment et le génie civil, des pilotes, des gendarmes, des médecins, des infirmières, des chercheurs, des pétroliers, des urbanistes, et j’en passe.

    Je rêve souvent d’une Algérie qui produit tout ce dont elle a besoin ; je rêve d’une Algérie qui lance des fusées à partir de notre Sahara. Un ami m’a traité de fou ! Alors, comment devrais-je désigner ces visionnaires qui ont dressé le Barrage Vert, muraille d’arbres allant de Tébessa à El-Bayadh et que j’ai parcourue de long en large, rencontrant des jeunes, appelés sous les drapeaux, fiers de participer à une gigantesque œuvre d’édification nationale à l’heure où l’ANP plantait des arbres aussi ?

    Comment devrais-je appeler ces pionniers qui ont porté le goudron jusqu’à Tamanrasset, et bien au-delà, et tous ceux qui ont bâti des centaines de villages agricoles ?

    Comment devrais-je traiter ces bâtisseurs au long cours qui ont cru qu’il était possible de convoquer les deux génies japonais et brésilien de l’architecture mondiale pour leur confier les plans de deux bijoux universitaires trop souvent oubliés : Constantine et Bab Ezzouar et de cette soucoupe volante blanche posée sur le gazon du parc omnisports Mohamed-Boudiaf ?

    Comment qualifier ces promoteurs qui ont ouvert le pays à l’informatique, à une époque où cette science échappait encore au tiers-monde, faisant du CERI la première grande école supérieure d’Afrique formant des ingénieurs dans cette spécialité ?

    Comment traiter ces hommes qui ont cru qu’il était possible de nationaliser le pétrole et le rendre à son propriétaire ? Et ceux qui ont cru qu’il était possible de traiter le minerai de l’Ouenza ici, à El-Hadjar. Et le complexe est encore là, produisant cet acier dont nous avons tant besoin pour bâtir et bâtir encore !

    Comment traiter ceux qui ont eu l’idée folle de liquéfier le gaz et le mettre dans de beaux et grands méthaniers qui sillonnent le monde ?

    Comment qualifier ceux qui ont osé présenter un film algérien au festival de Cannes et cru en ses chances jusqu’au bout ? Et ceux qui ont introduit la réforme sportive dont les fruits avaient pour noms Madjer, Belloumi, Assad et tant d’autres ?

    Comment appeler ces fous qui ont placé quelques camions de la Sonacome dans la prestigieuse course du Paris-Dakar ? J’étais là et, sur les pistes brûlantes du désert, dans les forêts sénégalaises, la brousse nigérienne et les plateaux de ce qui s’appelait alors Haute-Volta (le Burkina actuel), j’ai vu notre véhicule national damer le pion à Saviem, Lan, Mercedes et tant d’autres marques prestigieuses. De petits chauffeurs du Grand Sud, nourris aux pois chiches, chauffés par quelques verres de thé à la menthe sirotés après les prières matinales : j’ai vu ces gars au cœur grand comme ça, mais sans étoiles, battre les plus prestigieux des pilotes de course !

    Comment appeler ceux qui avaient planifié la construction d’un réacteur nucléaire à Draria ? Et ceux qui en firent autant à Aïn Oussera, avec un centre beaucoup plus important, que les impérialistes voulaient bombarder à une époque où ils voyaient d’un mauvais œil les efforts d’émancipation de notre pays ? Je peux citer à l’infini la liste des « folies » qui ont permis à ce pays de se hisser au firmament de la légende tiers-mondiste, avant qu’un ouragan de force six n’emporte tous nos espoirs !

    Avant que la néo-bourgeoisie, fabriquée à l’usine de la contrefaçon, revancharde, égoïste, ne vienne détruire ce beau rêve. Par l’importation, option devenue stratégique après la destruction programmée de notre tissu industriel, cette nouvelle bourgeoisie parasitaire pille nos ressources financières et agit par tous les moyens pour retarder la nécessaire réindustrialisation du pays. Certains, consciemment ou inconsciemment, nous ressortent le disque rayé d’un prétendu mauvais virage que nous aurions raté en négligeant l’agriculture et le tourisme au profit de l’industrie ! L’agriculture socialiste envoyait, vers l’Europe, l’URSS et l’Amérique, des bateaux entiers d’agrumes, de dattes et de vin ! Et les premiers complexes touristiques algériens étaient les plus beaux du Maghreb. Notre pays recevait, à la fin des années 60, début 70, autant de touristes que le Maroc et la Tunisie. Par ailleurs, pour un pays qui compte autant de richesses naturelles, ce serait un crime de continuer à les exporter et l’option de les transformer ici est l’une des plus grandes batailles menées et gagnées par l’Algérie de Boumediène.

    Et quelle Algérie nous propose-t-on à la place de celle qui bâtissait et espérait ? Regardez autour de vous : une Algérie saignée par l’importation tous azimuts et la course folle à l’enrichissement par tous les moyens ; l’Algérie de l’agriculture des copains renflouée, sans résultats probants, à coups de milliards ; l’Algérie où les plus riches et les plus puissants s’envolent pour se faire soigner à l’étranger, alors que la majorité du peuple n’a droit qu’à des hôpitaux surchargés et sous-équipés ; l’Algérie du désespoir, du terrorisme, du grand banditisme, l’Algérie des harraga et des chômeurs qui s’immolent, une Algérie qui n’a même pas su prendre les devants pour détruire quelques nids de djihadistes à ses frontières méridionales, laissant cette tâche à l’armée française ! Pour une fois, je suis d’accord avec le Président Bouteflika qui aurait dit, s’adressant à M. Ayrault : « Soyez fiers de ce que vous avez fait au Nord-Mali. » Grâce à cette intervention, il y a moins de danger à nos frontières sud.

    Alors, cessez d’insulter les braves qui voulaient offrir autre chose à l’Algérien que des bagnoles importées, des gadgets importés, des joueurs importés et des… ouvriers importés !

    Le Soir d’Algérie

    par Maamar Farah                                           http://www.raina-dz.net/spip.php?article1600

  • Les Arabes vont-ils s’entendre ? – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2018/03/08/les-arabes-vont-ils-sentendre

    Alger abrite la 35ème session du Conseil des ministres arabes de l’Intérieur. Savoir lutter contre l’extrémisme, le terrorisme, la radicalisation et leurs activités connexes est une expérience devenue une science algérienne acquise dans la chair et le sang et qui n’est plus à démontrer. Pourvu qu’il y ait de l’écoute de part et d’autre.

    Cette réunion des ministres de l’intérieur des Etats arabes va encore se plonger dans les mécanismes utiles pour la lutte contre affres du terrorisme. Devenu un cauchemar persistant, ce fléau qui pour des raisons transparentes presque à moitié connues ne sévit presque que dans l’espace arabo-musulman. Ailleurs, il semble être étouffé. L’Algérie en a été « bien » servi en la matière. C’est à ce titre que la lutte algérienne ait pu influencer tous les modes tactiques de combat pour devenir un référentiel incontournable dans toutes les approches manant à éradiquer cette monstruosité. Loin de vouloir fédérer définitivement les Arabes, le Conseil d’Alger va avoir au moins cette prouesse de les réunir malgré un climat interne délétère, pour leur faire sentir la lourdeur de la géopolitique qui se pend au-dessus de chaque tête. Du terrorisme au droits de l’homme à la démocratie jusqu’au statut de la femme, à l’impact des soubresauts économiques, la haute menace sécuritaire ou une intifadha populaire demeure dans son entièreté face à tous les systèmes actuels de gestion des affaires publique dans ces pays.

    L’histoire des Arabes, si elle avait connu de l’apogée et des mérites reste tout de même assez riche en événements douloureux. Elle ne fut en réalité qu’une kyrielle de guerres, de combats et d’éloges post mortem à l’honneur des grandes victoires d’une ère enterrée. Le nouveaux temps avec leurs nouveaux défis et enjeux font qu’il n’est plus possible de vivre sur ses lauriers ou continuer encore à s’adosser sur des légendes et des épopées. Pour certains, le lâcher du lest n’est qu’une adaptation aux nouvelles exigences d’une jeunesse montante qui ne pense plus comme ses aïeux ni croit en ces délégations de pouvoir divin. La commune mesure est une convergence, pour eux, dans l’optique de la destinée de leur peuple. Ils s’estiment investis de l’oracle astral. Les régimes politiques des provinces arabes, tellement distincts dans leur anatomie constitutionnelle, surviennent difficilement à tracer une distance commune, ne serait ce qu’en vertu d’une défense collective de la question palestinienne. Les royaumes considèrent avec acuité, l’intérêt de survie du trône, les républiques le font d’une manière à garder une telle apparence, les autres s’essayent à la continuité d’une vie tranquille et paisible.

    C’est au Caire en 1977 qu’il fut décidé de mettre sur pied un conseil des ministres arabes de l’intérieur. Il n’y avait alors aucun signe prémonitoire d’un éventuel printemps arabe. Cependant le climat fut tout de même plein de lourdeur et de mauvaises perceptions dues aux effets contestataires de l’accord camp David. En 1980, à Taif le conseil a vu le jour. Il s’est assigné toute une multitude de missions. De la consolidation de la coopération en termes de sécurité publique à la conjugaison des efforts pour lutter contre la criminalité. Le terrorisme et sa phénoménale expansion n’étaient pas encore à la une des priorités, mais faisaient cependant resurgir certains zéphyrs annonciateurs d’un proche avenir macabre et douloureux.

    L’Algérie, faudrait-il le dire sans langue de bois n’a de leçon à ne recevoir de personne. Où étaient ces pronostiqueurs, tous ces laboratoires d’analyse quant le sang a commencé à couler au début des années 90 ? En ce moment là, l’éclatement des crânes de nos gosses, nos vieux et l’éventrement de nos femmes faisaient l’ouverture des flashs d’info des satellites alors balbutiants. L’on ne peut oublier qu’en face de cette terreur, de cette monstrueuse atrocité, les pires commanditaires roulaient la mécanique, en toute impunité dans les sofas des salons somptueux sis à Londres, Paris, Washington ou dans certaines tentes dorées golf-persiques. . Les puissances mondiales de l’époque et certaines entités arabes méconnaissaient les méfaits de ce que nous avions préludé, dans nos chairs, à qualifier de terrorisme. Ils prétendaient qu’il s’agissait là, de mouvement politique ou de manifestations populaires. Le « qui tu qui » finissait le travail de sape pour aboutir dans un cycle diabolique à un isolement entier et hypocrite. L’Algérie se trouvait être l’enfant contagieux, le lépreux. A ne plus approcher. Seuls nos mines et gisements, nos bouches et nos hydrocarbures continuaient à nous faire exister sous la forme d’un marché glouton. Dans le corps d’un concitoyen en voyage, l’on décryptait un tueur, l’on y sentait un assassin. A peine prononcé, que le nom de l’Algérie, comme effluve répugnant giclé de nos tombes se répandait sur le visage étranger qui vous faisait face. Pour certains, l’on est arrivé aux limites de la dénégation pour se faire passer maladroitement pour un autre, qu’Algérien. En ce moment, nous enterions nous même nos morts et couvrions de pleurs nos nécropoles. Bref. Nous avons traversé le tunnel. Nous vivons la paix que nous voulons partager dans une réconciliation nationale.

    Ce « sommet des intérieurs » s’annonce dans l’actualité inter-arabe comme étant un menu vitaminé pour la sortie de l’engourdissement que vivent ces pays. Pour le monde arabe, il semble ne revêtir qu’un autre aspect d’un quelconque et énième regroupement de dirigeants arabe. Mais en réalité il en est autrement. La conjoncture internationale démontre bien l’utilité d’un sérieux et d’une profonde conviction en l’unité arabe. L’hégémonie anglo-saxonne, l’Europe et la « fâcherie » de l’oncle Sam, exigent des entités arabes nonobstant la zizanie qui mine leurs liens du fait d’un alignement donné, à plus d’écoute et d’attention de l’un vers l’autre. Il faudrait savoir s’écouter et s’entendre de se dire des choses, des vérités et des réalités pas toujours bonnes à dire.

    L’idéal n’est plus dans le regroupement conjoncturel que ne l’est l’accord pour la nouvelle vision de co-gérer la chose arabe. Néanmoins il est attendu de ce Conseil un moindre effort pour une refondation de ce qui devra dorénavant lier les membres de la ligue. Certes il ne s’agit là que des ministres de l’intérieur, mais autrement dit c’est à partir de ces grands ministères que toutes les politiques intérieures se font et se défont. La politique étrangère de chacun des pays membres est basée en toute légitimité sur ses propres intérêts. Cela ne devrait pas par principe causer des troubles relationnels quand l’intérêt cesse d’être partagé. Cet intérêt, on le voit n’est plus confiné dans sa case originel d’un simple gain économique. Il se situe en plein centre d’une hégémonie géostratégique. Chacun cherche à sa façon de dominer la région où la course au leadership est toujours en vogue. Le plus dramatique dans ces perturbations avait dépassé le plan diplomatique et s’est installé carrément dans une guerre chaude, meurtrière et inutile en tous cas tant pour les uns que pour les autres. Qu’a-t-elle rapporté l’hostilité entre l’Arabie saoudite et le Yémen ou le Qatar ? Que vont-ils nourrir ces sentiments anti-syriens au sein de la masse des futurs enfants de ce pays ? Si chacun a ses raisons, chacun aussi a ses tords. L’unique victime dans ses affrontements sont les peuples. Alors qu’au moment où les autres, les « kouffars » s’investissent dans des conglomérations, les nôtres s’éparpillent et se pulvérisent de jour en jour. A cette cadence nous arriverons à la reconstitution de la matrice initiale pour ne se reconnaitre que dans l’étiquetage de petites tribus grégaires, familiales et clanales.

    Heureusement que l’Algérie, par une diplomatie de niveau avait su et œuvre encore pour une totale stabilité du monde arabe. Le positionnement pour les justes causes est un percept novembriste qui avait tout le temps imprégné la démarche diplomatique du pays. Ainsi, dans les confits qui se font et opposent les uns aux autres ; elle n’est ni contre l’un ni pour l’autre. La neutralité agissante et positive fait d’elle une solennité et une sérénité afin de dénouer les imbroglios tout doucereusement et surtout par la permanence d’un dialogue studieux. Va-t-on en parler profondément ? y aura-t-il de l’écoute mutuelle cependant ?

    Il y a toutefois une triple équation à résoudre dans cette conjoncture du regroupement. Le ministre de l’intérieur de l’Arabie saoudite s’est annoncé en visite officielle en Algérie à deux jours de l’ouverture des travaux de la 35 eme session du conseil des ministres de l’intérieur. Chercherait-il à se distinguer ainsi de ses collègues ? Il était invité, lit-on par deux ministres. Bedoui et Louh l’accueillant à l’aéroport. Si l’un est tout désigné par attributions, l’autre ne constitue-t-il pas là une pléthore protocolaire ? Et il a été reçu par le Président de la république. La résolution ne se trouverait-elle pas dans ces « relations historiques privilégiées » ?                                                                                                                                                       par El Yazid Dib .                                                                                                                                                                                                                                             http://www.lequotidien-oran.com/?news=5258093

  • « Pour la première fois, la France reconnaît que l’armée française a fait des victimes en Algérie » Raphaëlle Branche sur @franceculture sur ce que va changer la décision du Conseil constitutionnel pour les victimes algériennes

    https://www.franceculture.fr/emissions/la-question-du-jour/guerre-dalgerie-que-va-changer-la-decision-du-conseil-constitutionnel-

    Sur @orientxxi Vu d’Alger. L’autre versant de l’histoire d’une guerre coloniale https://orientxxi.info/magazine/vu-d-alger-l-autre-versant-de-l-histoire-d-une-guerre-coloniale,1909

  • « L’artiste, parce qu’il s’adresse à tous, est responsable de la misère, des espoirs de tous... Sa place est sur les barricades partout où souffle la révolte. »


    Jean Sénac poète algérien assassiné le 30 août 1973 à l’âge de 47 ans, dans la cave qui lui servait d’appartement, 2, rue Elisée-Reclus à Alger (Photo : Blog Max Leroy)

  • Assassinat d’Henri Curiel : la « piste algérienne » sera-t-elle confirmée ? – JeuneAfrique.com

    http://www.jeuneafrique.com/514906/politique/assassinat-dhenri-curiel-la-piste-algerienne-sera-t-elle-confirmee

    Alors que l’enquête sur le meurtre du militant franco-égyptien, tué à Paris le 4 mai 1978, a été rouverte en France. Ses proches continuent de considérer que c’est au soutien du FLN algérien que le commando d’assassins s’en est pris.

    Henri Curiel, juif franco-égyptien, né au Caire en 1914, un temps proche du Parti communiste, a animé un réseau de « porteurs de valises » en soutien au Front de libération national algérien (FLN) et fondé Solidarité, un réseau d’appui aux luttes de libération nationale, notamment à l’ANC sud-africaine, possiblement financé en partie par Alger. Le militant tiers-mondiste a été tué à Paris le 4 mai 1978, dans des circonstances encore non élucidées.
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    L’affaire avait été classée en 1992, puis le dossier rouvert et refermé en 2000 et en 2008 à la suite de nouvelles révélations. Le 9 janvier, l’enquête a été rouverte. La juge d’instruction Laurence Lazerges a été désigné pour rouvrir ce « dossier non résolu », comme le révélait Médiapart le 16 janvier. Fils du militant assassiné, Alain Gresh, directeur du journal en ligne OrientXXI, espère que l’annonce permettra de relancer l’intérêt de l’opinion publique pour une affaire dont il dit qu’elle est « avant tout politique ».

    Des zones d’ombres sur les commanditaires

    La famille de Curiel a saisi la justice en octobre 2015, forte de nouveaux éléments : les aveux posthumes du militant d’extrême-droite René Resciniti de Says, contenus dans un livre paru en avril de la même année, Le roman vrai d’un fasciste français (La Manufacture) de Christian Rol.

    L’auteur, qui a recueilli les propos de Resciniti de Says, assure que ce dernier a abattu Curiel de trois balles à bout portant en compagnie d’un complice, alors que le militant franco-égyptien sortait tout juste de l’immeuble où il vivait, rue Rollin, à Paris.

    « Les discussions avec le parquet ont duré un certain temps », concède Me William Bourdon, avocat de la famille Curiel depuis plusieurs années et qui préfère rester discret pour le moment, comme il l’explique à Jeune Afrique, à propos d’une affaire « très sensible ».

    L’avocat reste confiant, persuadé que cette nouvelle enquête « permettra de faire avancer la vérité sur les circonstances de l’assassinat ainsi que les donneurs d’ordre. »

    Car la zone d’ombre de l’affaire Curiel est bien le commanditaire de son assassinat. Dans le livre de Rol, Resciniti de Says confesse aussi sa proximité avec Pierre Debizet, dirigeant du Service d’action civique (SAC), organisation et service d’ordre gaulliste qui entretenait des accointances avec le pouvoir.

  • Algérie : « Le système de santé est devenu un grand sketch » - Libération
    http://www.liberation.fr/planete/2018/01/08/algerie-le-systeme-de-sante-est-devenu-un-grand-sketch_1621104

    Alors que des médecins protestent depuis deux mois, le manque de moyens pèse sur les hôpitaux du pays, à l’image de celui de Sétif, vétuste, sous-dimensionné et qui rebute les jeunes praticiens.

    Le temps a écaillé la peinture bleu ciel des volets du vieil hôpital de Sétif. Le bois des lattes est apparu, des confettis de couleur se sont déposés sur les rebords des fenêtres. Reconnaissables à leurs blouses qui dépassent des manteaux, des travailleurs du CHU se réchauffent au soleil dans le jardin central de l’établissement. C’est un jeudi de décembre. Sétif est situé dans les terres, à 1 100 mètres d’altitude. Il y fait 10 degrés de moins qu’à Alger, à 270 kilomètres. L’arrivée d’une camionnette pâle de poussière a dérangé trois chats serrés contre la porte d’entrée du service de médecine interne : une vieille femme, portée par son mari, est délicatement étendue sur un matelas à motifs fleuris disposé à l’arrière du véhicule. Des câbles électriques sectionnés pendent des murs blancs.

    « Le bâtiment date de l’époque française, il a été construit en 1934 pour une population de 30 000 colons. Aucun investissement sérieux n’a été réalisé alors qu’aujourd’hui, 6 millions d’Algériens dépendent de ce CHU, qui manque de lits, de matériel, de personnel, explique, vibrant d’une colère contenue, un médecin qui s’exprime dans son bureau fermé à double tour, de l’autre côté de la cour. Pourtant, à une époque, l’argent public ne manquait pas ! » On a longtemps parlé d’un second hôpital à Sétif. Mais le projet, évoqué dans les années 80, semble avoir été abandonné. Depuis 2014, la plongée des cours du pétrole, dont l’Etat algérien reste extrêmement dépendant, a rendu sa perspective encore plus incertaine.

    Le pays consacre 10 % de sa dépense publique au secteur de la santé (contre 6 % pour le Maroc, 14 % pour la Tunisie et 16 % pour la France). « Depuis l’indépendance, la médecine gratuite est une pièce fondamentale de notre Etat hypersocial, résume le sociologue Madani Safar Zitoun. Notre système de protection sociale est le plus universel, le plus généreux et le plus dispendieux de la région, c’est un cas unique. Il repose en partie sur les cotisations salariales, l’Etat payant celles des invalides, des chômeurs, des retraités démunis, etc. Mais avec l’explosion du travail informel (environ 40 % de l’activité) et l’augmentation de l’espérance de vie, c’est devenu un gouffre pour les finances publiques. »

    Dans les allées du parc, Nasrin, Ikran et Aïcha (1) désignent les pavillons à deux étages qui constituent les différents départements du CHU. Les trois femmes voilées, originaires de Sétif, ont 26 ans : elles sont médecins « résidentes » (l’équivalent français des internes) et connaissent les lieux depuis leur enfance. « Pour un hôpital de cette importance, il manque beaucoup de services, s’accordent-elles. Il n’y a pas d’ophtalmo, ni de dermato, de gastro ou d’urologie… En gynécologie, il n’y a qu’un seul spécialiste. Ils font venir des obstétriciens chinois ! Nous n’avons pas d’IRM, le scanner est en panne deux jours sur trois. »

    Ont-elles envisagé de quitter le pays, comme le font tant de médecins algériens ? « Bien sûr. Tous les jeunes y pensent forcément à un moment ou un autre. Ceux qui vous disent le contraire ne sont pas sincères. » Depuis deux mois, les médecins résidents (ils sont 9 000 en Algérie) mènent une « grève tournante » pour protester contre leurs conditions de travail. En particulier le service civil, qui prévoit leur affectation obligatoire dans un établissement public pendant au moins deux ans à la fin des six années d’études de spécialisation. « On nous envoie dans des endroits reculés, sans personne pour nous superviser, décrit Nasrin. Parfois, les médecins ne peuvent même pas pratiquer leur spécialité faute de matériel adéquat ou d’équipe dédiée dans ces dispensaires oubliés. » Un jeune médecin en résidence au CHU de Bab el-Oued, à Alger, complète : « Pour les hommes, c’est la double peine, car nous avons aussi un an de service militaire obligatoire. Ces contraintes, ces années perdues, sont l’une des raisons pour lesquelles il y a tous ces départs. »

    « Fuite des cerveaux »

    Dimanche dernier, des centaines de médecins se sont rassemblés dans le plus grand hôpital d’Alger pour demander l’abrogation du service civil. Quatre jours plus tôt, ils avaient tenté de marcher dans le centre-ville de la capitale mais la manifestation, interdite, avait été dispersée par la police. La coordination du mouvement a fait état de 20 blessés.

    Avec 9 365 médecins algériens exerçant en France en 2017 selon les chiffres du Conseil national de l’ordre, l’Algérie est le premier pays étranger « fournisseur » de praticiens dans l’Hexagone. Plus de 80 % des médecins diplômés d’une faculté algérienne et installés en France sont arrivés il y a moins de quinze ans. « C’est aussi le résultat de notre système de formation, explique Madani Safar Zitoun. Notre modèle universitaire gratuit a provoqué une démocratisation de l’enseignement supérieur : beaucoup de jeunes diplômés, en médecine comme ailleurs, cherchent un poste que l’Etat n’est plus en mesure de fournir. Le secteur privé a grossi très vite, mais ne peut pas absorber tout ce monde. D’où la fuite des cerveaux vers l’étranger. »

    Sous le porche de l’hôpital de Sétif, une centaine de personnes s’avancent en rangs serrés. Mains dans les poches, pas pressés, comme pour une ouverture d’usine. Il est 13 heures, c’est le début de la période des visites. Tous les deux mois, Aït Ammar Hamid accompagne sa petite sœur de 16 ans, atteinte de la maladie de Crohn « avec fistule », qui doit recevoir une injection médicamenteuse régulière. Toute la famille fait le trajet depuis la ville côtière d’Annaba, à 280 kilomètres, pour ce rituel médical, faute d’un traitement disponible plus proche. « La santé dans ce pays est devenue un grand sketch ! Le ministre de la Santé a osé dire l’an dernier à Annaba que les hôpitaux algériens étaient mieux que les européens, s’agace-t-il. Tout le monde se méfie des hôpitaux publics, ici ! Ils manquent de personnel, de matériel, les conditions d’hygiène sont lamentables. Si tu n’as pas de pouvoir ou de connaissances à l’intérieur du système, on te laisse crever. » Cet été, le décès d’une femme enceinte dont l’admission avait été refusée par trois hôpitaux différents de la province de Djelfa, dans le centre du pays, a déclenché une vague nationale d’indignation sur les réseaux sociaux.

    « Dans les établissements publics algériens, certes la barrière de l’argent n’existe pas, mais puisque le nombre de lits est limité, d’autres filtres l’ont remplacée, explique Madani Safar Zitoun, qui a supervisé une étude sur la question il y a une dizaine d’années. Des filières se mettent en place, familiales, claniques, régionales, pour avoir accès à tel ou tel médecin. On voit ainsi souvent débarquer au CHU des familles rurales qui viennent de très loin, mais qui, en actionnant leur réseau au sein de l’hôpital (infirmiers, personnels administratifs ou d’entretien, etc.), obtiennent directement un rendez-vous avec un spécialiste. »

    « Bien trop petite »

    Un vieux pick-up s’est arrêté en grinçant devant l’entrée des urgences de Sétif. A la place du mort, un jeune à la tête bizarrement enflée et sanguinolente attend qu’un médecin puisse l’examiner. Une bagarre qui a mal tourné, précisent ses copains en tongs. Au bout d’un quart d’heure, ils le portent à l’intérieur. « Il n’y avait pas de couteau, rien de très grave, ce n’était pas prioritaire, explique un brancardier dans la salle de garde. Nous n’avons que douze lits d’observation, la structure est bien trop petite, c’est une évidence. » Le week-end d’avant, 21 personnes ont été admises aux urgences le même jour, obligeant les patients à partager les lits.

    « En gynécologie, elles sont parfois à trois, tête bêche, sur un matelas, affirme une infirmière en rougissant. On manque de tout, même de tenues. Ils nous donnent un vêtement à notre arrivée, mais le reste, on l’achète avec notre propre salaire. » Le sien est de 30 000 dinars par mois (220 euros au taux officiel). La soignante dit être marquée par le décès d’un enfant de 3 ans, quelques semaines auparavant : « Il avait été renversé par une voiture. Il fallait le placer sous assistance respiratoire, mais nous n’avions aucun ventilateur clinique, ce n’est quand même pas de la haute technologie, s’emporte-t-elle, en faisant défiler des photos de l’enfant sur ton téléphone. Je ne sais pas si cela aurait pu le sauver, mais par contre je sais que sans appareil, il ne pouvait pas survivre. »
    Célian Macé envoyé spécial à Sétif

    #Algérie #santé #hôpital #médecine

  • Algérie : des femmes abandonnées par leur mari après un cancer du sein
    http://geopolis.francetvinfo.fr/algerie-des-femmes-abandonnees-par-leur-mari-apres-un-cancer-d

    L’humiliation
    La plupart des femmes ayant subi une ablation du sein après un cancer souffrent énormément du regard des autres et notamment de celui des hommes. Elles sont souvent humiliées avant d’être abandonnées. « Je veux une femme entière, pas un trois-quarts de femme », a dit un homme à sa fiancée dès qu’elle lui a annoncé sa maladie et l’ablation du sein qu’elle venait de subir en urgence. Une autre jeune femme a préféré prendre les devants peu après une mastectomie en rompant elle-même ses fiançailles.

    L’accès à la reconstruction mammaire existe, mais il est difficile. Les hôpitaux publics où l’opération est gratuite sont surchargés et dans le secteur privé, l’intervention est très chère.
    Le cancer du sein touche chaque année entre « 9000 à 10.000 femmes », affirme Farid Cherbal, professeur de génétique du cancer à l’université d’Alger.

  • Tribunal Permanent des peuples

    Session sur la violation des droits humains des personnes migrantes et réfugiées et son impunité

    Paris, 4 et 5 janvier 2018

    Qu’est-ce qu’un Tribunal Permanent des Peuples (TPP) ?

    Le TPP est un tribunal d’opinion qui agit de manière indépendante des États et répondaux demandes des communautés et des peuples dont les droits ont été violés. Le but des audiences est de « restaurer l’autorité des peuples lorsque les États et les organisations internationales ont échoué à protéger les droits des peuples ». Le TPP fait suite au Tribunal

    Russel et s’appuie sur la Déclaration Universelle des Droits des Peuples (Alger, 1976) et de tous les instruments du droit international. Il dénonce les actes portant atteintes aux droits des peuples.

    Le Tribunal se compose de personnes venues du monde entier, garantissant ainsi son indépendance. Les sentences prononcées sont remises à plusieurs instances telles que : le Parlement Européen, la Cour Européenne des Droits de l’Homme, les commissions de l’ONU, aux organisations internationales et régionales, aux organisations humanitaires, etc.

    La session du TPP de Paris

    Les 4 et 5 janvier, la session de Paris poursuivra le travail préliminaire effectué à Barcelone en portant particulièrement sur la politique de l’Union Européenne et des Etats membres en matière de migrants et des frontières, notamment en France.

    Le jury sera présidé par Philippe Texier.
    Le GISTI a accepté de coordonner l’acte d’accusation.

    La session du TPP de permettra ainsi :
    – d’écouter et de rendre visibles les cas de violations des droits des personnes migrantes et réfugiées
    – d’enregistrer les propositions de communautés de personnes migrantes et réfugiées
    – d’analyser conjointement les causes des déplacements forcés des personnes migrantes et réfugiées
    – de déterminer les responsabilités des gouvernements, de l’Union Européenne et autres organismes européens.

    OÙ SE TIENDRA T-IL ?

    L’audience du Tribunal se tiendra
    les 4 et 5 janvier 2018
    au CICP (Centre International de Culture Populaire)
    21 ter Rue Voltaire
    75011 Paris
    Métro : Rue des Boulets (ligne 2)
    ou Nation (ligne 2, RER A)

    L’audience aura lieu en amont du Moussem-festival de l’immigration et de la Tricontinentale.
    Les résultats et la sentence seront rendus publics lors de la clôture du festival le 7 Janvier 2018 à Gennevilliers

    CONTACTS MÉDIA :
    Elise de Menech : tpp-paris@riseup.net, 07.50.30.64.27
    Justine Festjens : justine.festjens@gmail.com, 06.69.21.47.94

    PRÉSENTATION DU JURY
    DE LA SESSION DE PARIS

    Souhayr Belhassen (Tunisie) – Journaliste et défenseuse des droits humains en Tunisie. Longtemps correspondante à Tunis de l’hebdomadaire Jeune Afrique. Présidente d’Honneur de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), ONG de défense des droits humains, entre 2007-2013.

    Mireille Fanon Mendès-France (France) - Professeur de lettre puis au centre de formation de l’Université René Descartes-Paris, elle a travaillé pour l’UNESCO et pour l’Assemblée nationale. Membre pendant 6 ans du Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies. Présidente de la fondation Frantz Fanon, elle a contribué à divers colloques et publications sur la question des droits de l’Homme, du droit international et du droit international humanitaire.

    Pierre Galand (Belgique) – Economiste, il a enseigné à l’Institut Supérieur de Culture Ouvrière et à l’Université Libre de Bruxelles. Il est à l’origine de plusieurs ONG et associations de solidarité avec les peuples des pays en développement ou privés de liberté, dont OXFAM-Belgique dont il a été secrétaire de 1967 à 1996. Président de la Fédération Humaniste Européenne, de l’Organisation Mondiale contre la Torture. Il est l’un des organisateurs du Tribunal Russell sur la Palestine.

    Franco Ippolito (Italie) – Président du Tribunal Permanent des Peuples. Juge de la Cour Suprême de Cassation d’Italie, ancien président de la Magistrature Démocratique et de l’Association Italienne des Juristes démocratiques ; il a été membre du Conseil Supérieur de la Magistrature. Il est auteur d’essais et conférencier dans des cours nationaux et internationaux de droit constitutionnel et système judiciaire. Il a participé à de nombreuses missions internationales en Europe et en Amérique latine.

    Luís Moita (Portugal) - Professeur de relations internationales et directeur du centre de recherche OBSERVARE à l’Université Autonome de Lisbonne. En 1974, fondateur du CIDAC, ONG portugaise pour la libération des peuples et la coopération. Depuis des années 1980 il a une activité dans le cadre de la Fondation Basso, la Ligue Internationale et le Tribunal Permanent des Peuples.

    Madeleine Mukamabano (France-Rwanda) – Journaliste et spécialiste de la géopolitique africaine. Après avoir collaboré à plusieurs revues, presse écrite et radio, elle crée puis anime l’émission Débat Africain sur Radio France Internationale de 1990 à 2000.

    Philippe Texier (France) – Magistrat, conseiller à la Cour de cassation, membre du Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations unies de 1987 à 2008 puis président du comité entre 2008 et 2009. Expert indépendant de la Commission des droits de l’homme de l’ONU pour Haïti, directeur de la division des droits de l’homme d’ONUSAL (Mission d’Observation des Nations Unies en El Salvador), il est juge au Tribunal permanent des Peuples.

    Sophie Thonon (France) - Avocate du Barreau de Paris. Elle a représenté des familles franco-argentines et franco-chiliennes dans des procès pour le cas de disparitions forcées en Argentine et au Chili. Elle est Présidente déléguée de l’association France Amérique Latine.

    Nous, organisations de personnes migrant.e.s et réfugié.e.s et de solidarité et de défense des droits humains, appelons à la saisine d’un Tribunal Permanent des Peuples sur la violation des droits humains des personnes migrant.e.s et réfugié.e.s, et son impunité en France :

    Tous Migrants
    https://tousmigrants.weebly.com
    Transnational Migrant Platfom-Europe (TMP-E)
    https://transnationalmigrantplatform.net/?page_id=531
    Transnational Institute (TNI)
    https://www.tni.org/en/corporate-power
    France Amérique Latine (FAL)
    http://www.franceameriquelatine.org
    CEDETIM
    http://www.cicp21ter.org/les-associations-membres/article/cedetim
    CCFD
    https://ccfd-terresolidaire.org
    EMMAÜS INTERNATIONAL
    https://www.emmaus-international.org/fr
    Front uni des immigrations et des quartiers populaires (FUIQP)
    http://fuiqp.org
    LE PARIA
    https://leparia.fr
    Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF)
    http://www.atmf.org
    SORTIR DU COLONIALISME
    http://www.anticolonial.net
    IPAM
    http://www.cicp21ter.org/les-associations-membres/article/ipam
    ATTAC France
    https://france.attac.org
    La Roya Citoyenne
    http://www.roya-citoyenne.fr
    Le CRID
    http://www.crid.asso.fr
    Groupe d’information et de soutien des immigré·e·s (GISTI)
    https://www.gisti.org
    FONDATION FANON
    http://frantzfanonfoundation-fondationfrantzfanon.com
    La CIMADE
    www.lacimade.org/
    Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR)
    http:contactcitoyensdesdeuxrives.eu
    FRESH RESPONSE SERBIA
    http://freshresponse.org
    Actes & Cités
    www.actesetcites.org
    Collectif de soutien de l’EHESS aux sans-papiers et aux migrant-es
    Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP)
    http://www.mrap.fr
    Comité pour le Respect des Libertés et des droits de l’Homme en Tunisie
    https://www.facebook.com/crldhtunisie/notifications
    Association Kolone pour l’enseignement du français aux nouveaux arrivants, Paris - kolone
    Fédération des Associations de Solidarité avec Tou-te-s les Immigré-e-s (FASTI)
    www.fasti.org
    MIGREUROP
    www.migreurop.org
    Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie
    Le Forum Tunisien des Droits Economique et Sociaux – Tunisie
    https://ftdes.net
    Gynécologie sans frontières
    https://gynsf.org
    Observatoire des Multinationales
    http://multinationales.org
    L’Orchestre Poétique d’Avant-guerre (O.P.A)
    http://www.opa33.org
    SURVIE
    https://survie.org
    Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (ANAFÉ)
    www.anafe.org/
    Section SNMD-CGT de la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration (EPPPD)
    https://twitter.com/CnhiCgt
    AMDH Paris/IDF (Association Marocaine des Droits Humains Paris/Ile de France),
    http://amdhparis.org/wordpress
    Solidarité Migrant.e.s Collectif 06

    PROGRAMME du Jeudi 4 Janvier 2018

    8h30 Accueil et café

    9h30 : Entrée du jury et présentation des membres
    (Président du jury : Philippe Texier).

    10h : Présentation du TPP et du cycle de sessions sur les migrations.
    Gianni Tognoni, Secrétaire Général du TPP).

    10H30 : Présentation de la session de lancement de Barcelone en juillet 2017 et de la sentence de la session de Palerme en décembre 2017 (Brid Brennan, Transnational Institute et Jill Belisario, Transmigrant international Plateform).

    11h : Pause

    11h15 : Présentation de l’accusation soutenue par le Gisti et de la défense commise d’office représentée par Claire Bruggiamosca et Christophe Pouly.

    11h20 : Lecture de l’acte d’accusation par Nathalie Ferré, ancienne présidente du GISTI.

    12h : Premiers témoins.
    • Monique Chemillier-Gendreau (Professeur émérite de droit à l’Université Paris VII et présidente d’honneur de l’Association Française des Juristes Démocrates).
    • Marie-Christine Vergiat (Euro-députée GUE/NGL).
    • Damien Carême (Maire de Grande Synthe) - le rôle des collectivités territoriales.

    13h : Pause déjeuner (buffet).

    14h30 : Suite des premiers témoins.
    • Olivier Petitjean (Observatoire des Multinationales)
    • Claude Calame (Collectif de soutien de l’EHESS aux sans-papiers et aux migrant.e.s) – Les disparu.e.s en Méditerranée.

    15h30 : Violation de droits fondamentaux résultant des restrictions à la liberté de circulation.
    • Violation du droit de quitter son propre pays
    • Violation du principe de non-refoulement
    • Violation du droit d’asile
    • Violation du droit à la vie
    • Traitements inhumains et dégradants
    • Violation du droit à la liberté et à la sûreté, l’enfermement
    • Violation de l’interdiction des expulsions collectives
    • Violation des droits de l’enfant

    Témoigneront par ordre alphabétique.
    L’ordre de passage sera fixé par le jury du Tribunal.

    Association des Amis du bus des femmes.
    La traite des femmes migrantes à des fins d’exploitation sexuelle.
    Association Baobab
    Accueil des migrant-e-s, Rome.
    Association Européenne pour les Droits de l’Homme, Catherine Teule
    Les accords UE-Turquie.
    Association Malienne des Expulsés (Vidéo), Oussmane Diarra
    Situation des migrants refoulés au Mali.
    Association Nationale d’Assistance aux Frontières pour les Étrangers
    Contributions écrites sur la privation de la liberté en zone d’attente, violations du droit à un procès équitable et au recours effectif en procédure de zones d’attente, violation du droit d’asile aux frontières externes et internes de la France.
    Association Récréative et Culturelle Italienne, Sara Prestianni
    Politique européenne d’externalisation en Afrique et les accords bilatéraux (exemple de l’accord Italie-Libye)
    Association des Refoulés d’Afrique centrale au Mali (Vidéo), Patrice Boukara
    Situation des migrants refoulés
    Collectif de soutien aux migrants d’Appoigny
    Les PRAHDA « antichambres des expulsions des dublinés » -témoignage d’un migrant de Côte d’Ivoire sur son parcours jusqu’à la France (Libye, Méditérranée)
    Fédération des Associations de Solidarité avec les Travailleurs Immigrés
    Législation d’exception à Mayotte -accueil arbitraire dans les administrations - Frontex
    Forum Tunisien pour les Droits Économiques et Sociaux
    Contribution écrite sur le drame de Kerkennah (naufrage en Méditerranée)
    Groupe d’Information et de Soutien des Immigrés, Eve Shashahani
    Privation de liberté, hotspots en Grèce
    Gynécologie Sans Frontières, Calais
    Témoignages écrits sur les violences policières –traitements inhumains et dégradants
    Migreurop, Elsa Tyszler
    Les violations de droits dans les enclaves de Ceuta et de Mellila/ analyse des violations spécifiques des droits des femmes migrantes
    Témoignage de Moayed Asaf, réfugié kurde d’Irak
    La situation des demandeurs d’asile en France
    Tous Migrants de Briançon (Vidéos)
    Violations des droits des migrants sur la frontière franco-italienne
    Un ancien MIE
    Témoignage des parcours des mineurs étrangers pour réclamer leurs droits en France
    Watch The Med, Charles Heller
    Cartographie des naufrages et présence des Etats

    19h : Fin de la séance

    PROGRAMME du Vendredi 5 Janvier 2018

    8h30 Accueil et café

    9h00 : Suite des témoignages sur les violations des droits fondamentaux des migrant-es.

    11h : Violations des droits économiques, sociaux et culturels sur le territoire français.
    • Entraves à l’accès à l’emploi
    • Entraves aux conditions de travail justes et favorables
    • Entraves à l’accès à la protection sociale
    • Entraves à l’accès au soin
    • Entraves au droit à l’éducation
    • Entraves au droit au logement

    Témoigneront par ordre alphabétique
    L’ordre de passage sera fixé par le jury du Tribunal

    Association des Travailleurs Maghrébins en France
    Coalition Internationale des Sans-Papiers et des Migrants, Françoise Carrasse
    Conditions de travail des Sans-papier en France
    Collectif de soutien aux Roms d’Ivry, Bernard Prieur
    Expulsions et (non)droit au logement des populations Roms en France
    Confédération Paysanne, Romain Balandier
    Emplois saisonniers des migrant-es en France, en Europe et dans le pourtour méditerranéen
    DOM’ASILE
    Témoignage d’une réfugiée accompagnée et d’une salariée de l’association sur les violences administratives et les entraves aux droits sociaux et à l’emploi.
    L’UTAC / CRLDHT, soutenues par le collectif d’associations et d’organisations syndicales : « J’y Suis, J’y Vote », Mohamed Ben Said
    Sur les droits politiques des migrant-es
    Droit Au Logement (DAL)
    Sur les conditions de logement
    Intervention syndicale (SUD)
    Sur le travail dissimulé
    Intervention d’un étudiant sans-papier (RESF)

    13h : Pause déjeuner (buffet).

    14h30 : Suite des témoignages sur les violations des droits économiques, sociaux et culturels sur le territoire français

    15h30 : Violations des droits des défenseur-e-s de droits.

    Témoigneront :

    • José Bové, eurodéputé (vidéo)
    • Tous Migrants, Briançon (vidéo)
    • Cédric Herrou, La Roya Citoyenne,

    16h30 : Parole à l’accusation. Plaidoiries de la défense.

    18h : Fin de la session.

    DIMANCHE 7 JANVIER

    11h : Lecture des éléments de la sentence à l’occasion de la séance de clôture du Moussem-Festival de l’immigration et de la Tricontinentale.

    Salle des Fêtes de la Mairie de Gennevilliers.

    #migrants #violences_policières

  • Wolves in the City - Geo Sipp 2012
    –-> http://geosipp.com/section/266230-Wolves-in-the-City-Drawings-on-Grained-Glass-pinit.html

    Geo Sipp, un Américain, enseignant de dessin, de peinture et des arts graphiques à La Missouri Western State University, s’empare de la matière historique pour en faire un objet de création. Wolves in the city (des loups dans la ville) est une bande dessinée où la Révolution algérienne est racontée sur un fond de fiction. Pour les besoins de son travail, il confie s’être fortement inspiré notamment de La bataille d’Alger, un film réalisé par Gillo Pontecorvo, et dont les comédiens l’auraient fortement marqué. Comme autres références, il cite aussi La question d’Henry Alleg.
    – Geo Sipp explique que le livre de Sir Alistair Horne, A Savage war of peace Algeria 1945-1962, l’avait orienté dans sa création artistique. « Ce livre est destiné aux officiers américains qui partaient en Irak », dit-il, et de poursuivre : « L’ouvrage en question était utilisé pour la connaissance de faits militaires sur l’une des premières formes de guerres urbaines », à savoir la bataille d’Alger. Geo Sipp regrette que la Révolution algérienne, l’une des plus importantes révolutions et ayant marqué d’une façon significative le XXe siècle, ne soit pas enseignée dans les écoles américaines. « En Amérique, la guerre d’Algérie n’est pas enseignée dans les écoles mais seulement dans les académies militaires ». La question qui se pose est de savoir pourquoi les militaires américains portent un intérêt si insistant à la Révolution algérienne. Ce n’est sûrement pas par curiosité historique ou pour un apprentissage pédagogique que les officiers américains prêtent une attention particulière à la guerre d’indépendance et, surtout, à l’un des épisodes de la révolution, à savoir « la bataille d’Alger ». Cette guerre urbaine qui a donné un autre tournant – l’un des tournants décisifs – au cours de la révolution, allait permettre à l’armée américaine, une fois étudiée, de faire face à la guérilla urbaine à laquelle elle s’est trouvée confrontée lorsqu’elle a envahi l’Irak en 2003. Ainsi, s’explique cet intérêt pour la guerre d’#indépendance, seulement pour des besoins militaires. https://www.djazairess.com/fr/infosoir/145799

    Stairs in the #Casbah in #Algiers

  • En train de lire le bel album de Lamia Ziadé : Ma très grande mélancolie arabe
    http://www.pol-editeur.com/index.php?spec=livre&ISBN=978-2-8180-4062-1

    Dans ce livre, il y a des ruines et des martyrs, des vestiges, des temples, des sanctuaires, des portiques, il y a des tombes, des cercueils, des mausolées, des cimetières, des épitaphes. Il y a des sépultures mythiques et des fosses communes. Il y a des résistants tués, des révoltés abattus, des leaders assassinés, des enfants massacrés, des partisans torturés, des nationalistes pendus. Il y a des rebelles héroïques. il y a des saints, des prophètes, des dieux, des vierges, des archanges, il y a des victimes et des assassins. Il y a aussi des châteaux forts, des citadelles, des basiliques, des mosquées, des dômes, des minarets, des phares, des miradors, des barbelés, des carcasses d’hôtels, des camps, des prisons. Et des détenus, des captifs, des séquestrés. Il y a des condamnés à mort.

    Il y a des miliciens et des dictateurs, des fédayins et des moudjahidines, une infirmière kamikaze, une miss univers et un prince rouge, des émirs, des pachas, des califes, des patriarches et des poètes.

    Il y a l’élégance, la classe, le style, la manière, la touche, la griffe, il y a la flamme, la passion, l’idéal, la cause. Il y a Septembre Noir et la bataille de Kerbala, la corniche de Beyrouth et le discours d’Alexandrie, la tête de Jean-Baptiste et celle de l’imam Hussein, la fiancée de Naplouse et l’artificier de la Casbah, la prisonnière de Khyam et la dactylo d’Alger, les Boeings de la Pan Am et l’automobile du Roi d’Irak, le minaret de Jésus et le rocher de Mahomet. il y a aussi un imam disparu, un cheikh caché, un ayatollah inspirant, un mufti éliminé et un mufti ambigu. Il y a des keffiehs, des treillis, des lunettes noires, des turbans, des sahariennes, des drapeaux, des uniformes, des journaux, des slogans.
    Il y a la plume, le mot, le verbe, l’éloquence, le discours, l’étendard.

    Il y a des attentats, des enterrements, des processions, des funérailles, des cortèges, des pleurs. Et aussi des colonnes, des chapiteaux, des gisants, des sarcophages. Des tombeaux phéniciens, des cénotaphes sumériens, des nécropoles romaines, des pyramides égyptiennes. Il y a le Saint Sépulcre, le temple de Salomon et le dôme du rocher.

    Il y a des massacres, des tueries, des boucheries. Il y a des blasts d’explosions. Il y a du sang, des soupirs, des larmes, des lamentations, de la poussière, de la fumée, de la boue, des bris de verre, des décombres, la désolation, la tristesse, l’agonie, le drame, la tragédie, le deuil, les couronnes, les fleurs, les rubans, les chants, les youyous, le paradis. C’est une danse macabre.

    Dans ce livre, il y a un siècle au proche orient.

    À noter : beaucoup de femmes mentionnées (et illustrées) dans ce livre, notamment des combattantes et des résistantes.

  • Disparition de #Gilbert_Meynier, « passeur » de l’histoire algérienne
    http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/12/19/disparition-de-gilbert-meynier-passeur-de-l-histoire-algerienne_5231942_3212

    L’une des premières rencontres de Gilbert Meynier avec l’#Algérie date de 1961, lorsqu’il organise avec les étudiants de l’Unef une manifestation de soutien à l’indépendance. Il compte parmi ses professeurs l’historien Pierre Vidal-Naquet, très engagé contre la guerre d’Algérie et dans la dénonciation de la torture. En 1962, à l’indépendance du pays, il fait partie de ces « #pieds_rouges » venus aider à construire l’Algérie nouvelle. Il sera volontaire pour une campagne d’alphabétisation pendant plusieurs mois près d’Alger. Il reviendra en Algérie quelques années plus tard, pour enseigner au lycée français d’Oran (1967-1968) puis à l’université de Constantine (1967-1970).

  • L’Elysée veut percer le mystère de l’invitation de Djouhri à l’ambassade de #France à Alger
    https://www.mediapart.fr/journal/france/161217/l-elysee-veut-percer-le-mystere-de-l-invitation-de-djouhri-l-ambassade-de-

    Alexandre Djouhri, cliché non daté obtenu par Mediapart © DR Invité par l’ambassade de France, le sulfureux intermédiaire Alexandre Djouhri, qui n’a répondu à aucune convocation de la police dans l’affaire des financements libyens de Sarkozy, a bien failli réussir à rencontrer Emmanuel Macron lors d’une réception à Alger. L’Élysée tente de remonter le fil de cet incroyable imbroglio.

    #Alexandre_Djouhri ;_Emmanuel_Macron ;_diplomatie #Algérie #Dominique_de_Villepin #Nicolas_Sarkozy

  • La jeunesse de Macron fait rêver la jeunesse algérienne
    https://www.mediapart.fr/journal/international/071217/la-jeunesse-de-macron-fait-rever-la-jeunesse-algerienne

    De nombreux Algériens ont demandé à #Emmanuel_Macron de leur faciliter l’obtention de visas pour la #France © Rachida El Azzouzi En visite au cœur d’Alger, dans l’une des rues les plus chargées d’histoire, mais aussi entouré de personnalités pour un déjeuner à l’ambassade de France, Emmanuel Macron s’est adressé à la jeunesse en caressant l’amitié entre la France et l’Algérie mais aussi en la bousculant.

    #International #Abdelaziz_Bouteflika #Algérie #visite_d'amitié_et_de_travail

  • Le Crif a une idée qu’elle est bonne : Le Crif appelle Macron à reconnaître à son tour Jérusalem comme capitale d’Israël
    http://fr.timesofisrael.com/le-crif-appelle-macron-a-reconnaitre-a-son-tour-jerusalem-comme-ca

    « Le Crif salue la décision historique du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël et le transfert prochain de l’ambassade des États-Unis », écrit dans un communiqué l’organe de représentation politique de la première communauté juive d’Europe.

    Il « appelle le président Emmanuel Macron à engager notre pays dans la même démarche courageuse ». Au même moment, le chef de l’Etat français, qui s’exprimait à Alger, a qualifié de « regrettable » la décision que venait d’annoncer Donald Trump.

    • Si Trump voulait déclencher une bonne guerre mondiale, il ne ferait pas autrement que ces derniers mois, entre cette dernière connerie ou les bombages de torse contre la Corée du Nord.
      Je me souviens encore pendant sa campagne, quand il expliquait à ses électeurs qu’avec lui, l’Amérique allait s’occuper de ses oignons. Faut croire qu’elle a un très très grand champ…

  • Reconnaître enfin les crimes de la colonisation française | Middle East Eye
    Olivier Le Cour Grandmaison | 5 décembre 2017
    http://www.middleeasteye.net/fr/opinions/reconna-tre-enfin-les-crimes-de-la-colonisation-fran-aise-1268904935

    Emmanuel Macron, attendu à Alger ce mercredi, doit mettre un terme au mépris de la France pour ceux qu’elle a opprimés et déclarer que des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre ont été commis pendant son histoire coloniale
    (...)
    Au cours de ces différents déplacements en Afrique de l’Ouest, le chef de l’État a déclaré : « Les crimes de la colonisation européennes sont incontestables. Je me reconnais dans les voix d’Albert Londres et d’André Gide qui ont dénoncé les milliers de morts du chemin de fer Congo-Océan. »

    Ces propos nouveaux, assurément, appellent cependant quelques précisions. Plutôt que de débiter des généralités sur les pratiques coloniales du Vieux Continent, sans doute destinées à atténuer les responsabilités de la France et à tempérer la colère des représentants de la droite et de l’extrême droite, le président gagnerait à être plus précis et à qualifier correctement ce qui a été perpétré à l’époque.


    Ouvriers vietnamiens sur le chantier du chemin de fer Congo-Océan (Facebook/Histoire et Culture du Congo-Brazzaville)

    En effet, la construction de la voie ferrée précitée a coûté la vie à 17 000 « indigènes » pour la seule réalisation des 140 premiers kilomètres. En 1928, le taux de mortalité sur ce chantier était de de 57 % ce qui est comparable voire supérieur au pourcentage de certains camps de concentration nazis.

    Qui a rendu ce chiffre public ? Un anticolonialiste farouche ? Non, le ministre des Colonies, André Maginot, dans une déclaration prononcée devant une commission ad hoc de la Chambre des députés. L’entreprise chargée des travaux ? La Société de construction des Batignolles dont la prospérité est en partie liée aux nombreux contrats remportés dans les possessions françaises. Son successeur n’est autre que le groupe aujourd’hui bien connu sous le nom de SPIE-Batignolles. En 2013, Jean Monville, ancien PDG de ce groupe, osait rappeler « la fierté de ce qu’on avait fait dans le passé, de notre professionnalisme et de notre engagement dans nos “aventures” d’outre-mer » (Le Monde, 21 mai 2013).(...)

  • France / Algérie : qui a le plus besoin de l’autre ?
    https://www.franceculture.fr/emissions/du-grain-a-moudre/france-algerie-qui-a-le-plus-besoin-de-lautre


    http://rf.proxycast.org/1375073602591793152/10175-05.12.2017-ITEMA_21514465-0.mp3

    Depuis la fin de la Guerre d’Algérie, les relations entre les deux pays ont été marquées par des évolutions contrastées. Partenaires sur le plan humain, économique, politique et diplomatique, la relation d’interdépendance entre la France et l’Algérie est-elle équilibrée ?
    Demain le président Emmanuel Macron se rend à Alger pour sa première visite en tant que chef d’Etat. Une visite attendue qui n’en sera pas moins éclair. Dans la presse algérienne, et notamment le quotidien El Watan, on attend le Président de la République sur la question de la mémoire.

    Mais en quelques heures à peine de visite, dont une courte entrevue avec le président algérien Abdelaziz Bouteflika, on peut imaginer que certains dossiers n’aient même pas l’occasion d’être ouverts. Outre cette question non réglée de la mémoire, l’actualité de ces relations franco algérienne est économique avec la signature, il y 3 semaines, d’un accord qui donnera lieu à l’implantation d’un usine Peugeot en Algérie. Il y a aussi la question sécuritaire qui animent les deux pays, dans la volonté de lutter contre la menace terroriste.

    Mais il y a ce contexte particulier, côté français, un chef de l’Etat qui n’est pas enclin à faire de l’Algérie son seul partenaire dans la région du Maghreb. Et côté algérien, un président qui maintient l’opacité sur la question de sa succession et sur sa politique en général. Il y a donc ces incompréhensions et ces blocages à surmonter, mais comment ? Avec quels acteurs ? Quelles décisions ?

    Et il y surtout cette question : "France/Algérie qui a le plus besoin de l’autre ?"

    Akram Belkaïd anime le blog « Lignes quotidiennes » qui reprend notamment ses « Chroniques du blédard », publiées dans Le Quotidien d’Oran.

  • Des affaires de jupes (R)
    https://www.franceculture.fr/emissions/les-pieds-sur-terre/des-affaires-de-jupes-r

    Quand le port d’une jupe devient une question politique, un acte de militantisme ou le point de départ d’une révolte. Deux histoires, entre Paris, Istanbul et Alger.

    http://rf.proxycast.org/1368267096143699969/10078-17.11.2017-ITEMA_21497235-0.mp3

    #sexisme #jupes #misogynie #masculinisme #voile #hidjab #femmes #féminicide #allié

  • Dans ma tête un rond-point
    http://www.nova-cinema.org/prog/2017/163-decembre/filmer-a-tout-prix/article/dans-ma-tete-un-rond-point

    Hassen Ferhani, 2015, FR-DZ, HD, VO FR AR ST FR, 100’

    Hassen Ferhani a longuement filmé Alger. Dans ses courts métrages documentaires, il a arpenté les rues. Ici, il s’est installé dans un abattoir en pleine ville. Mais de la fonction d’un abattoir, Hassen Ferhani montre peu, à peine quelques bêtes écorchées aux détours d’un cadre, un taureau fougueux et résistant qui ne veut pas avancer ou un chat détrousseur d’intestins... Ce qu’il capte, longuement, ce sont les espaces alentours, la cour, une rue, un terrain vague ou des locaux immenses, vides, suspendus à la fonction qui les attend. Dans ces moments suspendus, il va recueillir la parole de quelques hommes, leurs liens, leurs rêves, leurs souffrances, loin des fonctions qu’ils occupent dans ces lieux. Dans ce huis-clos, qui s’offre des (...)

  • Bla Cinima
    http://www.nova-cinema.org/prog/2017/163-decembre/filmer-a-tout-prix/article/bla-cinima

    Lamine Ammar-Khodja, 2014, FR-DZ, video, VO FR AR ST FR, 82’

    Alger, place Meissonier, une petite fille, en discussion avec Lamine Ammar-Khodja, clame son amour pour les films de vampire et "Titanic". Joyeuse, mutine, elle s’improvise reporter et questionne son voisin de rue sur son rapport au cinéma. Maya n’est pas Marceline Loridan, nous ne sommes pas dans "Chroniques d’un été". Pourtant, en filigrane, c’est bien à la question « Êtes vous heureux ? » que répond l’homme interrogé. Une scène à l’image de "Bla Cinima" : dans un pays dans lequel le cinéma a participé à la construction du mythe de la nation, son réalisateur part à la rencontre des habitants du centre d’Alger, pour parler avec eux de cinéma et se laisse très vite porter par les situations improvisées, l’énergie (...)

  • Le jardin d’Essai
    http://www.nova-cinema.org/prog/2017/163-decembre/filmer-a-tout-prix/article/le-jardin-d-essai

    Dania Reymond, 2016, FR-DZ, video, VO FR AR ST FR, 43’

    Un tournage de film qu’il est difficile de mener à bien, une équipe de comédiens baladée par un réalisateur chiche en information sur les conditions de réalisation de sa proposition cinématographique… Tourné au cœur du superbe jardin botanique d’Alger, "Le jardin d’essai" déploie une énergie toute fictionnelle pour interroger le statut de la création en Algérie aujourd’hui et renvoyer à une vérité par trop réelle, celle de l’impossible implication des citoyens dans des projets qui trop souvent capotes. Impossible ? Pas tout à fait, comme nous le conte le narrateur de l’histoire : « Tu vois, ni la faim ni la soif ne nous ferons céder ». •+ La Tempète Dania Reymond, 2016, FR, video, vo fr , 10’ Choisie par le GREC et le Centre (...)

  • Jeanne Favret-Saada, l’irréligieuse

    http://www.lemonde.fr/livres/article/2017/10/26/jeanne-favret-saada-l-irreligieuse_5206072_3260.html

    L’anthropologue a signé en 1977 un grand livre sur la sorcellerie en Mayenne. Elle s’intéresse désormais aux questions de blasphème et aux «  cabales dévotes  » dans le monde contemporain. Son nouvel essai en témoigne

    Une jeune agrégée de philosophie vite passée du côté des sciences sociales (qu’elle enseigna au début des années 1960 à l’université d’Alger, où elle succédait à Pierre Bourdieu) : le parcours de Jeanne Favret-Saada aurait pu être parfaitement rectiligne. Quand on s’étonne qu’elle n’ait pas soutenu de thèse et n’ait pas cherché dans quelque territoire inconnu l’initiation attendue de tout anthropologue, elle répond en souriant qu’en Mai 68, elle avait fait sa propre révolution.

    Nommée à Nanterre, la voici qui décide de choisir pour terrain d’exploration… la France : « Il fallait être là… » L’un de ses étudiants, pion dans un lycée de Laval, lui parle de l’atmosphère de violence qui régnait alors dans le bocage mayennais. En 1969, elle décide d’y mener une enquête sur la sorcellerie : « J’ai toujours abordé le social par sa mise en crise, confie-t-elle. Je suis arrivée sur place le jour de la Toussaint, et j’ai été saisie par l’atmosphère qui y régnait : toute une région célébrait la mort. »

    D’emblée, elle se heurte au silence : la sorcellerie, comme n’importe quelle superstition, ce sont les autres qui en sont victimes… Pour cette ethnographe formée à une stricte neutralité, impossible toutefois de s’en tenir à un rôle d’observatrice. C’est que, en sorcellerie, la parole ne se limite jamais à informer : elle est directement action, et action violente, devant entraîner la mort. Une fascinante révolution méthodologique survient alors, à la faveur d’un quiproquo : un jour, des paysans prennent la chercheuse pour une désensorceleuse ; la voici embarquée dans un incroyable « procès de parole », dont elle tirera Les Mots, la mort, les sorts (Gallimard, 1977), devenu un classique de l’anthropologie.

    Ces émotions individuelles ou collectives, un terrain d’études privilégié

    Affronter la part de violence qu’impliquent les rapports sociaux, c’est bien ce qui définit l’approche de Favret-Saada, dont la présence est pourtant faite d’écoute, de douceur, de retenue. Pour elle, qui a également exercé en tant que psychanalyste pendant près de vingt ans, ces émotions individuelles ou collectives que nous ignorons, parce que nous n’y voyons que superstitions ou bigoterie, sont un terrain privilégié.

    Rien d’étonnant donc à ce que, en 1989, Jeanne Favret-Saada ait choisi de consacrer un séminaire aux accusations de blasphème, premier jalon de l’essai qu’elle publie aujourd’hui : Les Sensibilités religieuses blessées. Longtemps, ses collègues jugeront son nouvel objet de recherche aux marges de la discipline, comme si les cabales religieuses récentes provenaient d’un monde encore plus éloigné que celui de la sorcellerie.

    « En octobre 1988, je logeais au-dessus du cinéma Espace Saint-Michel, à Paris, auquel des intégristes ont mis le feu pour protester contre La Dernière Tentation du Christ, de Scorsese. Très peu après, à Londres, c’était l’affaire Rushdie. J’ai immédiatement pensé : “Ces crises sont notre avenir pour longtemps.” J’ai donc enquêté sur ces deux affaires, à Paris et à Londres puis, en 2005, au Danemark, sur les visages de Mahomet publiés dans Jyllands-Posten. » Mais l’essai qu’elle en tire deux ans plus tard (Comment produire une crise mondiale avec douze petits dessins, Les Prairies ordinaires, 2007 ; rééd. Fayard, 2015) ne rencontre pas l’écho mérité. Idem pour Jeux d’ombres sur la scène de l’ONU ­ (L’Olivier, 2010), où elle détaille les manœuvres par lesquelles, à la fin des années 1990, l’Organisation de la conférence islamique (OCI) a opposé l’idée de « diffamation des religions » à la déclaration des droits de l’homme.

    Jeanne Favret-Saada se heurte alors à un déni paradoxal : la sorcellerie paraissait assez « exotique » pour éveiller notre curiosité ; mais sur l’activisme de groupes dévots que nous côtoyons sans les voir, nous préférons les discours sensationnalistes. « C’est pourtant une tâche de l’anthropologie : montrer des catégories de gens que nos préjugés nous ont rendus invisibles. Il existe parmi nous des croyants révulsés par le pluralisme des sociétés sécularisées, et certains parmi eux sont prêts à se mobiliser. Or nous les traitons comme des fantômes du Moyen Age. »

    Cabales chrétiennes

    Croyait-on, en effet, que le blasphème relevait des livres d’histoire ? Jeanne Favret-Saada montre qu’il n’en est rien. Son enquête a pour point d’arrivée les crises spectaculaires survenues dans le monde musulman depuis la parution, en 1988, des Versets sataniques, de Salman Rushdie (Christian Bourgois, 1989).

    Mais l’essentiel de sa démonstration porte sur une série de cabales chrétiennes que l’on croyait déjà bien connaître, de La Religieuse, de Jacques Rivette (1966), jusqu’à La Dernière Tentation du Christ, de Martin Scorsese. « Les musulmans ont hérité d’une stratégie mise en place depuis plus de vingt ans par des activistes chrétiens afin d’adapter l’accusation de blasphème à nos sociétés pluralistes, dit-elle. Car les dévots ont peu à peu compris qu’il ne fallait plus se présenter comme la majorité morale, mais au contraire comme une minorité discriminée, autrement dit retourner les droits de l’homme et l’antiracisme (qu’ils exècrent) à leur profit en se présentant comme des victimes, heurtées dans leur sensibilité religieuse. »

    Les attaques lancées contre Je vous salue Marie (version moderne de l’histoire de la Vierge, par Jean-Luc Godard), en 1985, en offrent un exemple. Comme Mgr Lefebvre peu de temps avant lui, Bernard Antony, figure du Front national, avait fustigé un « racisme antifrançais et antichrétien », et exploité la loi Pleven de 1972 qui sanctionnait l’hostilité envers un individu ou un groupe en raison de ses origines religieuses, ethniques ou raciales.

    Mais la réception du film de ­Godard montra également que les lignes commençaient à bouger : si les intégristes fustigèrent le film, le public catholique, lui, s’enthousiasma, et l’épiscopat se montra prudemment favorable. Ironie supplémentaire : c’est la presse de gauche qui éreinta Je vous salue Marie, que le cinéaste finit par retirer des écrans italiens lorsque Jean Paul II déclara que le film blessait les « sentiments religieux des croyants ». Ultime victoire des « croisés » : si le président du tribunal de grande instance de Paris, Pierre Drai, rejeta la demande d’interdiction du film, il introduisit néanmoins un droit au « respect des croyances », véritable cheval de Troie des cabales dévotes.

    Ce que notre « modernité » nous cache

    « Dans le christianisme, note Favret-Saada, le blasphème comme “traitement indu” infligé à une entité sacrée relève du juge religieux. Aujourd’hui, c’est un dévot (ou un groupe de dévots) qui porte ce jugement, mais devant l’opinion publique et une justice démocratique. Là encore, il existe une scène de parole, qui déclenche un dispositif contraignant tous les autres acteurs sociaux à prendre position, souvent malgré eux. » En particulier la hiérarchie catholique, adroitement mobilisée lors de l’affaire de La Religieuse mais beaucoup plus réticente par la suite, sous l’effet de l’aggiornamento post-Vatican II. Toute l’ironie de telles affaires est qu’aucun des cinéastes attaqués n’entendait tenir un propos antichrétien ou même anticlérical.

    De la sorcellerie aux dévots contemporains, Jeanne Favret-Saada est allée toujours plus loin dans son implication. Discrète comme elle, son œuvre est essentielle parce qu’elle fait apparaître ce que notre « modernité » nous cache. L’anthropologie n’y est plus simple observation, mais intervention. « Les Sensibilités religieuses blessées est un livre politique, oui, c’est vrai, conclut-elle, mais en tant que tout chercheur est engagé dans le parti de la liberté d’expression. »

    Si l’accusation de blasphème est devenue incompatible avec la liberté d’expression, les coalitions dévotes, chrétiennes depuis les années 1960, puis musulmanes à partir de la fin des années 1980, n’en sont pas moins parvenues à imposer l’idée que certaines œuvres blessaient les « sensibilités religieuses ».

    Il y a plus de vingt ans de cela, Jeanne Favret-Saada avait consacré un séminaire à la plus célèbre histoire de censure au cinéma : celle qui concerna le film que Jacques Rivette avait tiré, en 1966, de La ­Religieuse, de Diderot (1796). A l’époque toutefois, elle était guidée par l’historien Emile Poulat. Lequel (aveuglement ou respect d’une sorte d’omerta ?) avait formellement écarté l’hypothèse d’un complot décidé au plus haut niveau. Depuis, l’accès à plusieurs fonds d’archives a prouvé que, sans l’intervention secrète du cardinal Feltin auprès du président de Gaulle, jamais les quelques « croisés » à la manœuvre ne seraient parvenus à faire interdire un film – au demeurant fort respectueux – avant même son tournage…

    L’essai de Jeanne Favret-Saada prend lui-même une dimension épique lorsqu’il est question des mobilisations – dont l’ampleur stupéfie – contre La Dernière Tentation du Christ, de Martin Scorcese, de 1983 jusqu’à la sortie du film en France en 1988. Trois univers s’y heurtent violemment : les dévots, dont l’image rétrograde masque l’extrême détermination ; les autorités ecclésiastiques, prises entre l’activisme de ces minorités et l’adaptation au monde contemporain ; enfin le monde de la culture, à des années-lumière de religieux qui lui paraissent, à chaque affaire, venir droit du Moyen Age, et dont il sous-estime dès lors l’influence.

    • Car les dévots ont peu à peu compris qu’il ne fallait plus se présenter comme la majorité morale, mais au contraire comme une minorité discriminée, autrement dit retourner les droits de l’homme et l’antiracisme (qu’ils exècrent) à leur profit en se présentant comme des victimes, heurtées dans leur sensibilité religieuse.

      Même technique pour les #masculinistes qui se font passé pour des victimes. Sois disant victimes des divorces, victimes de ne plus pouvoir « séduire » ou de prétendue « misère sexuelle » et « enfants dans le dos ». Ils sont souvent religieux mais pas toujours.

    • Sur les nouvelles méthodes des militant·e·s religieux voire aussi ceci :
      La croisade « anti-genre », du Vatican aux Manifs pour tous - entretien avec Sara Garbagnoli et Massimo Prearo
      http://feministesentousgenres.blogs.nouvelobs.com/archive/2017/10/03/la-croisade-anti-genre-du-vatican-aux-manifs-pour-tous-entre-607259.html

      Nous nous inscrivons dans le sillage des recherches qui sont menées dans de nombreux pays depuis le début des années 2010 sur ces mobilisations. David Paternotte et Roman Kuhar ont dirigé un ouvrage collectif, Anti-gender Campaigns in Europe, qui vient d’être publié [5] et qui, très bonne nouvelle, sera bientôt traduit en français. En analysant quinze cas nationaux différents, ce livre constitue un formidable outil pour comprendre ce qui est en train de se passer dans un nombre toujours croissant de pays. Les répertoires d’actions de ces militant-e-s traversent les frontières, circulent et s’hybrident, grâce à l’implication d’organismes supranationaux tels le World Congress of Families ou à travers des échanges plus informels entre groupes conservateurs ou traditionalistes de différents pays. Il s’agit, en fait, d’un vaste mouvement réactionnaire transnational qui utilise une rhétorique élaborée par le Vatican dès le milieu des années 1990. Il la décline selon des spécificités liées aux histoires nationales, avec l’appui des réseaux de l’activisme anti-avortement, des mouvements ecclésiastiques, des groupes d’extrême-droite locaux. L’opposition au « gender » constitue une « colle symbolique », pour reprendre l’expression de Andrea Peto, Eszter Kováts et Maari Põim [6], qui permet à différents groupes et acteurs conservateurs, d’extrême droite, traditionalistes ou populistes, de collaborer, malgré leurs différences, voire leurs antagonismes. Il faut, donc, que l’analyse prenne toujours en compte, et en même temps, la dimension transnationale de ces mouvements et leurs spécificités nationales.

      Massimo Prearo : Dans notre livre, nous mettons en évidence comment, par exemple, la reconnaissance des études de genre dans l’université française a empêché, dans une certaine mesure, les « anti-genre » d’utiliser la rhétorique du « gender » comme ovni provenant des campus nord-américains. La circulation de la notion de genre, déjà présente en France, a entravé en quelque sorte l’usage déformé qu’en font les « anti-genre », même si, dans le débat public, on voit bien comment on continue à parler de « la théorie du genre » sans questionner la provenance de cette expression. En Italie, la présence fragile et la faible reconnaissance des études de genre ainsi que l’hégémonie du courant féministe différentialiste, au contraire, a permis une réelle « contamination » de la part des mouvements « anti-genre » du discours public. Tout le monde, y compris la grande partie des militant-e-s LGBTQI, d’ailleurs, adoptent les expressions (vides de sens) « le gender » (en anglais) ou « ideologia gender ».

      Le Vatican n’est pas seulement misogyne, mais, malgré ce qu’il dit, foncièrement antiféministe. Le dispositif discursif « anti-genre » vise au premier chef les féministes (anti-essentialistes) que le Vatican rebaptise – à travers une stratégie, encore une fois, d’étiquetage déformant – les « féministes du gender ». Il leur oppose un « nouveau féminisme » censé célébrer les vertus de « la différence sexuelle ». Il faut dire aussi que, au-delà du fait que le genre est une arme qui dénaturalise, le Vatican s’en prend à cette notion parce qu’elle n’est pas seulement un concept qui, avec ses différentes définitions, renvoie à diverses théories sur la nature sociale des groupes de sexe et, plus généralement, à un champ d’études. Le genre est aussi une catégorie mobilisée par le droit, l’administration, les instances politiques. Le Vatican a donc tenté de faire d’une pierre plusieurs coups. Cibler le genre – comme concept, comme théorie, comme champ, comme catégorie politique – est bien pratique car ça permet d’atteindre beaucoup de monde. Cela dit, l’opposition du Vatican au genre ne se caractérise pas seulement par sa précocité et par sa force, mais aussi par le type de riposte mis en place. Le Vatican s’oppose au concept de genre en créant un pseudo-concept, qu’il fabrique à travers des techniques de déformation et des mésusages conceptuels sous la forme d’un répertoire d’étiquettes telles que « la-théorie-du-genre », « idéologie du genre » ou « le gender », contre lesquelles il mène une bataille acharnée. Cet étiquetage a trois fonctions politiques principales : construire un ennemi unique et épouvantable, fédérer un front de mobilisation, en permettant de nouvelles connexions entre différents groupes conservateurs, et créer une vague de panique morale autour d’une prétendue « colonisation idéologique » dont les premières victimes seraient les enfants, mais aussi les habitant-e-s des pays anciennement colonisés. La référence notamment aux pays d’Afrique qui seraient à nouveaux « colonisé-e-s », cette fois de manière sournoise par « le lobby gay », revient constamment dans le discours des « anti-genre ». Il n’est pas anodin que le Quatrième Rapport annuel de la doctrine sociale de l’Église ait été consacré à la question de ce que le Vatican appelle « la colonisation de la nature humaine ». Il est intéressant de voir comment, tout en mobilisant la notion de « colonisation » contre ses adversaires, le Vatican s’inscrit dans la vaste cohorte des défenseurs d’une « théorie positive de la colonisation ». Dans ce texte, on lit que : « L’idéologie du gender est un nouveau colonialisme de l’Occident sur le reste du monde. Parmi beaucoup d’aspects négatifs, l’ancienne colonisation en a eu aussi d’héroïques (sic !). Elle était animée par un désir d’exporter quelque chose de significatif (re-sic !), tandis que cette nouvelle colonisation occidentale n’est que l’exportation du néant ». Il ne faut pas beaucoup de lignes aux rédacteurs de cet ouvrage pour exprimer, à la fois, leur sexisme, leur homophobie, leur transphobie et leur racisme.

      Cette métamorphose a notamment été élaborée tout au long du pontificat de Jean-Paul II (1978-2005) et se caractérise par un changement de référence : de la soumission des femmes aux hommes, on passe à l’égalité dans la différence et à la #complémentarité entre les sexes.

      La notion de « nationalisme sexuel » a été théorisée, sous l’impulsion des études intersectionnelles et post-coloniales, pour nommer les articulations, les imbrications entre le processus de construction de l’« identité nationale » d’un pays et l’élaboration d’une norme sexuée et sexuelle pensée comme « naturelle », « normale », légitime au sein d’un tel contexte. Ce processus s’accompagne d’une racisation contextuelle des groupes exclus de cette norme nationale. Une telle notion nous a paru utile pour montrer comment le discours « anti-genre » du Vatican est porteur d’une forme bien spécifique de nationalisme sexuel qui combine l’exclusion des couples et des familles LGBTQI et celle des personnes musulmanes.

      Ce « nationalisme sexuel » se trouve sous les appellation de « séduction à la française » ( beaucoup utilisé pendant l’affaire DSK et réactualisé par les misogynes actuels) ou « gauloiserie » (le mot gauloiserie viens d’une collection d’almanach porno du XVIIIeme ), la prétendue « courtoisie » et « galanterie » mis en opposition à un « puritanisme anglo-saxon » ou le machisme des « garçons arabes ».

      D’un côté, une telle réussite tient aux déguisements de ce discours : il s’affiche comme séculier, scientifique et même féministe, alors qu’il est religieux, doctrinaire et contre-révolutionnaire. De l’autre, il s’étaye sur le sens commun et la croyance en la naturalité de la différence et dans la complémentarité entre les sexes, que cette rhétorique ravive et sur laquelle elle se fonde.

  • Un document signé Jacques Foccart établit la pratique des assassinats ciblés de l’Etat français

    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/09/05/enquete-sur-un-permis-de-tuer-signe-jacques-foccart_5181120_1653578.html

    Un document extrait des archives du conseiller du général de Gaulle montre comment, pendant la guerre d’Algérie, un ingénieur allemand s’est retrouvé dans la mire des services extérieurs.

    Au cœur de l’été 1958, dans le plus grand secret d’un pouvoir gaulliste tout juste sorti de sa traversée du désert grâce au putsch d’Alger du 13 mai, la France n’entend négliger aucun moyen, même les plus illégaux, pour mener une guerre qui va encore durer quatre ans. Si certaines forces françaises ont recours à la torture sur le sol algérien, le dernier gouvernement de la IVe République, dirigé par le général de Gaulle, ordonne, de son côté, des opérations clandestines dans le reste du monde contre ceux qui menacent ses intérêts en Algérie. Assassinats ciblés, attentats, avertissements sous forme d’agressions, ces pratiques sont monnaie courante – « des centaines », dira Constantin Melnik, coordinateur des services de renseignement de 1959 à 1962.

    Considérant agir en toute légitimité même s’il est en totale infraction avec le droit international ou domestique, l’Etat français, que ce soit en 1958 ou en 2015, sous la présidence de François Hollande, s’est toujours réservé cette liberté, marquant ainsi les limites du contrôle de l’usage de la force, y compris dans les plus grandes démocraties. Levant un tabou, M. Hollande l’a même confirmé, oralement, dans plusieurs ouvrages, fin 2016. Mais il n’existait aucune trace écrite de ces décisions, du moins jusqu’à la découverte d’un document unique dans le fonds d’archives de Jacques Foccart, l’homme des services secrets et des basses œuvres du gaullisme, également connu comme le père de la Françafrique.

    Daté du 1er août 1958 et annoté de la main de Foccart, ce document non seulement livre les détails d’une condamnation à mort « d’un sujet allemand, (…) dont l’action est très néfaste aux intérêts français en Algérie », mais donne également les identités de la cible et de tous ceux ayant concouru au feu vert donné à son élimination physique. La lecture de cette pièce offre, enfin, une connaissance du processus d’autorisation qui fait intervenir les plus hautes autorités du pays et pose, même soixante ans plus tard, la question de la responsabilité d’un Etat.

    « Le traiter discrètement par toxique indétectable »

    Le Monde a reconstitué l’histoire de cet homme et les raisons qui ont conduit la France à vouloir le tuer. Cette plongée permet de découvrir un épisode méconnu de la guerre d’Algérie : l’action d’un réseau germanophone de soutien au FLN, qui a organisé la désertion de plus de 4 000 légionnaires, via Tétouan, au Maroc. Elle lève aussi le voile sur une guerre secrète qui a opposé la France et l’Allemagne de l’Ouest (la RFA), sur fond de fin de l’empire colonial français, alors qu’au grand jour ces deux pays unissaient leurs voix pour bâtir une Europe pacifique après deux conflits mondiaux meurtriers.

    Intitulée « Fiche relative à la désignation d’un objectif », la note est directement adressée par le service action du Sdece (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage) à Jacques Foccart, qui est, à Matignon, conseiller technique du général de Gaulle – président du conseil pendant six mois avant de faire entrer la France dans la Ve République et de s’installer à l’Elysée. « Schulz-Lesum, sujet allemand, résidant à Tétouan, dit la note, est le chef d’une organisation de désertion de légionnaires français. (…) A la suite d’une mission de reconnaissance, un contact commercial a été établi avec Schulz-Lesum. Ce contact entretenu par correspondance doit nous permettre d’attirer l’objectif dans un lieu favorable au Maroc et de le traiter discrètement par toxique indétectable et à effet différé. »

    La « fiche relative à la désignation d’un objectif », annotée de la main de Jacques Foccart, qui commandite l’élimination de l’ingénieur allemand Wilhelm Schulz-Lesum. DR
    « Reçu le 3 août 1958, ai donné accord de principe », écrit, dans un premier temps, Jacques Foccart. Dans un second temps, de la même encre bleue, il ajoute, « accord de l’amiral Cabanier le 4 août, transmis aussitôt au colonel Roussillat », avant d’apposer son paraphe, identifiable sur de nombreux autres documents officiels. On relève que le ministre de la défense n’apparaît pas dans le circuit de décision. Le document mentionne que c’est le chef d’état-major général de l’armée, Paul Ely, qui a demandé cette élimination au Sdece. L’amiral Cabanier n’est autre que le chef d’état-major de la défense nationale attaché au général de Gaulle à la présidence du conseil. Le colonel Robert Roussillat est alors le chef du service action du Sdece, chargé de mettre en œuvre cette décision.

    Désertions de légionnaires

    Selon l’historien autrichien Fritz Keller, qui est l’un des rares à mentionner son nom dans ses travaux sur les réseaux d’aide au FLN, la cible, Wilhelm Schulz-Lesum, est née en 1896. D’après le Sdece, il serait alors « à Tétouan, depuis de nombreuses années ». Ingénieur de formation et officiellement responsable d’une société d’import-export, il agit, en réalité, pour le compte des autorités ouest-allemandes. Ses contacts avec la diplomatie de Bonn au Maroc et en Espagne sont avérés et fréquents.

    Son rôle est au cœur d’un rapport transmis, le 31 octobre 1957, par le chef des Renseignements généraux (RG) à Oran au général Salan, commandant la 10e région militaire. Largement nourrie par les informations des RG de Sidi Bel Abbès, où est implanté le quartier général de la Légion, cette enquête est adressée, en copie, au chef du Sdece. « Il s’avère que l’officine mise sur pied en vue de favoriser la désertion des légionnaires allemands existe effectivement. Elle a pour responsable un certain Schulz-Lesum, non identifié, ingénieur à Tétouan, représentant de l’ambassade allemande de Madrid, titulaire de nombreuses décorations honorifiques de la République fédérale de Bonn », y est-il précisé.

    En 1957, les Français assurent que le dénommé Schulz-Lesum est chargé de réceptionner les légionnaires déserteurs à Tétouan et de les diriger sur Madrid via Ceuta et Algésiras. Pour ce faire, il leur fournit des titres de transport et une attestation d’identité contre l’engagement de rembourser la totalité des frais de rapatriement. « Il ressort que des contacts auraient été décelés entre légionnaires allemands et émissaires du FLN à Saïda [Algérie]. Ces contacts seraient pris dans cette ville à l’intérieur du Café des Sports », poursuit le rapport des RG de Sidi Bel Abbès.

    « Révolutionnaire au prestige extraordinaire »

    Le service de rapatriement des légionnaires déserteurs a été créé en octobre 1956 par le Conseil national pour la révolution algérienne (CNRA), et son installation à Tétouan a été confiée à Abdelhafid Boussouf, alias « Si Mabrouk », ex-chef de la wilaya (circonscription administrative) V, perçu par le Sdece comme un « révolutionnaire au prestige extraordinaire, plus proche des combattants du maquis que de l’aile bourgeoise du Front ». En 1953-1954, la Légion comprend 55 % d’Allemands, chiffre qui descend à 35 % entre 1956 et 1962, selon l’historienne Mathilde von Bulow, auteure d’un ouvrage sur l’Allemagne de l’Ouest au temps de la guerre froide et de la guerre d’Algérie. Un bon tiers a moins de 21 ans, et beaucoup ont même moins de 18 ans.

    Le but, pour le FLN, est de structurer un phénomène de désertions croissant. Le 23 août 1955, le général Lorillot, prédécesseur de Salan au commandement de la 10e région militaire, écrit ainsi au ministre de la défense pour lui faire part de « l’augmentation sensible des désertions dans les unités de la Légion étrangère ». Mais il se veut alors rassurant. Cela ne serait dû, selon lui, qu’à « la fin des opérations actives en Indochine », à « la modicité de la solde en Afrique du Nord par rapport aux soldes en Extrême-Orient » et « à la situation de demi-repos (…) propice aux tentatives de fugue ». Néanmoins, il estime nécessaire de « suivre de très près les questions de sécurité interne ».

    L’inquiétude s’accroît pourtant vite. Le 22 octobre 1956, l’interception de l’avion transportant cinq chefs du FLN permet aux Français de trouver sur l’un des leaders, Mohamed Boudiaf, un extrait d’interrogatoire réalisé par les autorités espagnoles d’un légionnaire allemand déserteur âgé de 23 ans, Ludwig Trapp. On peut y lire des informations précieuses sur l’organisation et la sécurité interne de la Légion, ses lieux d’implantation en Algérie. Le 14 décembre 1956, le ministre résident en Algérie assure au secrétaire d’Etat aux affaires étrangères que « les ingérences espagnoles dans la rébellion en Afrique du Nord sont indéniables ».

    Réseaux de solidarité

    Le même 14 décembre 1956, le légionnaire Manfried Kober, de la 5e compagnie du 1er régiment étranger d’infanterie, rejoint ainsi dans le maquis une unité du FLN avec vingt camarades, avec armes et équipements. Ils sont pris en charge pendant vingt et un jours, avant d’être acheminés vers le Sud marocain, en territoire espagnol. Par bateau, ils font ensuite le trajet Ifni-Tétouan. Schulz-Lesum leur fait gagner Tanger, puis Madrid par avion. Kober est accueilli par le consul d’Allemagne dans la capitale espagnole, qui lui remet une somme d’argent, un passeport et un billet d’avion.

    A Berlin, Kober est reçu par un pilier de cette filière de rapatriement, membre du « Nordafrikanischer Club », un certain Lindemann, qui lui demande le remboursement des 600 marks, prix de son retour au pays. L’hebdomadaire Jours de France, en juillet 1957, évoque l’existence de ce réseau allemand, à Berlin. Dirigé par Hans-Peter Rullman, converti à l’islam et membre d’un mouvement pour la réunification de l’Allemagne patronné par la CDU (Union chrétienne démocrate) du chancelier Adenauer, il se livre à l’achat et à la livraison d’armes pour la « résistance algérienne ». Mais son activité principale reste l’organisation de la désertion des légionnaires allemands en Afrique du Nord.

    M. Lindemann, qui prétend avoir 3 200 désertions à son actif, affirme même envoyer des émissaires qui, une fois introduits dans la Légion, endoctrinent des jeunes recrues et les incitent à déserter. De nombreux réseaux de solidarité se montent par ailleurs en Allemagne, dans les milieux étudiants, catholiques, protestants, communistes, trotskistes et syndicaux. Hans-Jürgen Wischnewski, député SPD (Parti social-démocrate), est la figure politique de ce mouvement de soutien. Adenauer, qui ne veut pas laisser la main au parti de l’opposition SPD, laisse faire, persuadé qu’un jour l’Algérie sera indépendante.

    Tétouan, centre de transit

    Le FLN a confié à Abdelkader Chanegriha la coordination de quatre brigades spéciales, chargées du franchissement de la frontière. Deux voies principales d’exfiltration sont empruntées jusqu’à Nador par les déserteurs allemands, vers le sud, puis à l’ouest, suivant l’itinéraire El Aricha, Berguent, Oujda, à pied, puis de Nador à Tétouan, en taxi. Une seconde officine existe à Mascara, le trajet des légionnaires étant alors Dublineau, Tlemcen, Oujda, puis de Nador à Tétouan. « A Nador, ils seraient pris en compte par le gouverneur civil de ce centre puis dirigé sur Tétouan où Schulz-Lesum se chargerait de leur acheminement sur l’Allemagne », conclut le rapport des RG de Sidi Bel Abbès. Le centre de transit de légionnaires déserteurs à Tétouan est établi dans le quartier de Malaga, à une centaine de mètres du cinéma Le Victoria.

    La base de Nador, située au bord de la mer, à l’extrémité est de l’ex-Maroc espagnol, à près de 100 kilomètres de la frontière algéro-marocaine, est le siège de l’état-major rebelle du Comité de libération du Maghreb arabe, mais aussi la plaque tournante du trafic d’armes et du regroupement des Algériens et Marocains partant combattre dans les maquis d’Algérie. « Il existe des ateliers à Nador où des spécialistes (parfois d’anciens légionnaires) fabriquent des grenades et des mines, dit le renseignement militaire. Une usine de fabrication de grenades et de mines se serait récemment montée à Tétouan, à l’embranchement de l’ancienne et de la nouvelle route de Ceuta, sous la direction de deux ingénieurs allemands. »

    Contacté en Algérie par Le Monde, Mohammed Lemkami, ex-membre des renseignements du FLN, se souvient des activités de ces Allemands de Tétouan, notamment de Winfried Müller, devenu officier de l’Armée de libération nationale (ALN) sous le nom de Si Mustapha Müller, dont seul le nom restera dans l’histoire du rapatriement des légionnaires. Son bac en poche en 1954, Lemkami devient instituteur dans son village natal de Khemis, à 45 kilomètres de Tlemcen. Petite main du FLN, il participe peu à peu à des missions de convoyage d’armes à la frontière algéro-marocaine et escorte des chefs de l’ALN avant d’intégrer le ministère de l’armement et des liaisons générales (MALG, le service de renseignement du FLN), créé en 1957 par Boussouf.

    « Ils ont été efficaces »

    « Les contacts avec les légionnaires se faisaient à l’intérieur du pays et ont été initiés par le FLN, se souvient-il. Parfois, en un seul jour, une petite dizaine d’entre eux désertaient, parfois personne. Certains légionnaires venaient avec leurs armes. Ils nous donnaient des informations sur les activités de la Légion, qui était la plus crainte au sein de l’armée française. On leur faisait passer la frontière et on les conduisait dans une ferme à Tétouan. C’est là que le réseau de Si Mustapha Müller prenait le relais pour les rapatrier. Ils ont été efficaces, car il y avait beaucoup d’Allemands et d’Autrichiens dans la Légion. »

    Mohammed Lemkami œuvre alors également au sein du contre-espionnage du MALG. « En 1957, on a intercepté deux hommes du Sdece à la frontière marocaine, se remémore-t-il. Ils se faisaient passer pour des légionnaires déserteurs. S’ils ne répondaient pas à nos questions, ils mourraient, alors ils nous ont donné tout ce qu’ils savaient sur le Sdece au Maroc et en Algérie. Ils nous ont donné les noms des Marocains et des Algériens qui travaillaient pour eux. » Le renseignement est une priorité du FLN. Le Sdece signale, le 29 août 1958, qu’un légionnaire artificier ayant participé à la pose de mines et du réseau électrifié dans la région de Port-Say « aurait déserté et aurait donné tous les plans du réseau ».

    Pour ses activités, Wilhelm Schulz-Lesum est décoré, en 1957, par le président allemand, Theodor Heuss, de la croix fédérale du mérite. Le 2 avril 1958, la présidence autrichienne l’honore également pour son rôle dans le retour de légionnaires autrichiens, qu’il négocie avec l’ambassadeur d’Autriche à Madrid. Dès le 7 février 1957, le Sdece a informé la présidence du Conseil sur « la position autrichienne [qui] risque d’être influencée par l’esprit anti-colonialiste de certains secteurs socialistes. Dans ces conditions, il y a lieu de prévoir soit l’abstention de l’Autriche, soit l’alignement sur l’attitude des Etats-Unis ». Karl Blecha, futur ministre de l’intérieur autrichien, alors président de l’Union des étudiants socialistes, se rend, en 1958, en Afrique du Nord pour rencontrer des membres du FLN.

    Maquiller les opérations

    Reimar Holzinger, un socialiste autrichien né en 1921, qui a rencontré Si Mustapha Müller en 1955, est devenu son alter ego et s’occupe de l’exfiltration des déserteurs autrichiens. Il prend également en charge les Hongrois qui ont intégré la Légion après les événements de 1956 à Budapest. Bruno Kreisky, alors ministre des affaires étrangères autrichien, soutient le gouvernement algérien en exil et le réseau Holzinger. « Quand un Autrichien désertait, le service de rapatriement contactait l’ambassade d’Autriche à Madrid, laquelle se chargeait d’organiser le transfert en bateau de Barcelone à Gênes et de là vers l’Autriche », a rapporté Holzinger à l’historien Fritz Keller.

    C’est dans ce contexte que le service action du Sdece va tenter de mettre en œuvre l’ordre d’éliminer Wilhelm Schulz-Lesum. Pour maquiller ce type d’opération, la France étant déjà critiquée au sein de l’ONU pour sa politique algérienne, le Sdece fait croire qu’un groupe mystérieux appelé La Main rouge opère de manière autonome et mène, seul, des actions contre les soutiens actifs au FLN. Un grand nombre d’opérations étant perpétrées en Allemagne de l’Ouest, il s’agit aussi de ne pas heurter l’allié allemand. Selon un ancien du 11e régiment parachutiste, bras armé du Sdece, l’opération d’approche mentionnée dans la note Foccart auprès de Schulz-Lesum était la spécialité d’un groupe d’agents du Sdece mené par Jean-Pierre Lenoir, expert dans la traque des trafiquants d’armes et très actif en Espagne.

    Le rôle de faux nez joué par La Main rouge n’a guère trompé les autorités allemandes, qui mènent, de leur côté, un double jeu. Dans leur Histoire des services secrets allemands (Nouveau monde, 2009), Michael Mueller et Erich Schmidt-Eenboom indiquent que le BND, l’équivalent allemand du Sdece, disposait d’un bureau au siège des services français, à Paris, et qu’il prêtait main-forte dans la traque aux réseaux de soutien au FLN, y compris sur le sol allemand.

    Quand l’Allemagne équipait le FLN

    Mais, à la fin des années 1950, pour s’attirer les faveurs de pays arabes tout juste sortis du joug colonial, la RFA envoie aussi ses agents du BND former les services de sécurité de la Syrie, du Soudan et de l’Egypte, pays où les renseignements allemands dialoguent avec le FLN et son gouvernement provisoire. La RFA considérait favorablement le rapatriement de légionnaires allemands, estimant que leur présence dans cette force coloniale française était une atteinte à sa souveraineté et à son image. En 1958, un agent expérimenté du BND, Richard Christmann, lui-même ex-légionnaire, se rend d’ailleurs à Sidi Bel Abbès pour rendre compte des activités du réseau.

    Les menaces du Sdece n’ont pas été sans effet. Le BND semble avoir prévenu Wilhelm Schulz-Lesum du danger. Lorsque la sentence mortelle est prononcée à son encontre, le 4 août 1958, dans le secret du bureau de Foccart, l’homme est déjà en partance vers Madrid. Le Sdece relève d’ailleurs, le 4 juin 1958, que les déserteurs sont désormais accueillis, à Tétouan, par un autre Allemand, Otto Berger, également agent consulaire de la République fédérale allemande.

    Tétouan, terre d’espions et point d’observation régional au cœur de l’empire colonial français en train de s’affaiblir, intéresse alors tous les services secrets étrangers. D’après l’historien Kader Benamara, qui a travaillé avec M. Keller sur les réseaux de solidarité autrichiens en faveur du FLN, « Si Mustapha Müller avait été contacté par la CIA pour connaître le rôle du Parti communiste au sein de la rébellion algérienne ». Le FLN était, selon le renseignement militaire français, équipé d’« appareils portatifs de fabrication américaine » fournis par l’Allemagne.

    « Déviance titiste »

    Le même Müller avait déserté, pendant la seconde guerre mondiale, la Wehrmacht pour rejoindre l’Armée rouge, au sein de laquelle il a joué un bref rôle de propagandiste communiste à destination des soldats allemands. Exclu d’une école de cadres communistes, en 1950, pour « déviance titiste », il tente, en vain, d’entrer dans la Légion étrangère, le 2 février 1951, à Landau, en Allemagne, puis débarque à Paris, en 1953, où il devient chef du protocole d’un diplomate sud-américain dont la femme ne saura jamais que sous son lit étaient cachés des lots de grenades destinés aux amis du FLN. Repéré par les services français, il fuit vers le Maroc en 1956, où il noue vite des relations étroites avec les représentants consulaires et diplomatiques de la République fédérale allemande.

    Les Soviétiques, proches alliés du FLN, étaient également présents à Tétouan et n’ont pas perdu le contact avec Müller. Un télégramme du 26 mai 1959 du consulat général de France de Tétouan à son ministère à Paris indique, laconique, qu’un « service commercial russe aurait loué des bureaux par l’intermédiaire de M. Garcia Rivera, vente de produits agricoles ». La tête de Müller est mise à prix 50 000 marks, mais il est moins facile à atteindre que Schulz-Lesum. Il échappe à un explosif caché dans un livre envoyé du Caire qui l’attend à la poste de Tétouan. Quatre gardes du corps le suivent en permanence et des chiens protègent sa maison, à Tétouan, des agents de La Main rouge.

    La vindicte est retombée

    Comme bon nombre d’opérations commandées au Sdece à cette époque, finalement avortées ou abandonnées, celle ayant visé Wilhelm Schulz-Lesum paraît ne pas avoir été menée à son terme. Après des recherches en Algérie, au Maroc, en Allemagne et en Autriche, Le Monde a finalement retrouvé sa trace, en juin 1965, à Madrid, où l’ingénieur de 69 ans a renoué avec ses premiers centres d’intérêt. Il y dépose, le 1er juin 1965, un brevet technique sur un extincteur d’incendie. Il a retrouvé une vie normale. La vindicte française est retombée.

    Trois ans plus tôt, en effet, le 15 septembre 1962, Si Mustapha Müller a annoncé la fin des activités du service de rapatriement de légionnaires déserteurs « eu égard au rétablissement de l’indépendance de l’Algérie et compte tenu de l’accord franco-algérien d’Evian ». Parmi les 4 111 légionnaires déserteurs rapatriés par le réseau figurent 2 783 Allemands, 489 Espagnols, 447 Italiens, 137 Hongrois, 87 Yougoslaves, 41 Belges, 35 Suisses, 31 Autrichiens, 16 scandinaves, 19 Hollandais, 7 Luxembourgeois, 3 Grecs, 9 Britanniques, 2 Américains, 3 Latino-Américains, 1 Coréen et 1 Bulgare.

    Wilhelm Schulz-Lesum redevient l’un des acteurs anonymes d’une aventure collective tombée dans l’oubli, qui fut résumée, en avril 1961, par le journal américain de Francfort The Overseas Weekly sous un titre évocateur : « Le service qui a volé une brigade entière de la Légion étrangère sans tirer un coup de fusil ».

  • UN GÉNÉRAL À LA RETRAITE RÉPOND À BOUKROUH - RipouxBlique des CumulardsVentrusGrosQ
    http://slisel.over-blog.com/2017/09/un-general-a-la-retraite-repond-a-boukrouh.html

    Du sens de la responsabilité
    El Watan le 04.09.17 
    Par Ghediri Ali

    Général-major à la retraite

    Dans sa dernière contribution parue sur les réseaux sociaux, sous le titre « L’armée algérienne : une muette qui ne veut rien entendre », monsieur Boukrouh Nouredine s’est permis certaines digressions qui ne sauraient laisser indifférent plus d’un, tant le contenu contraste avec l’intitulé. J’ai estimé qu’il fallait lui répondre sur certains points qui me concernent es-qualité. Qu’il n’y trouve pas sujet à polémique, car tel n’est pas mon dessein. L’essentiel étant ailleurs.

    Monsieur Boukrouh. J’ai toujours lu avec une attention et une assiduité particulières vos contributions. C’est plaisant de vous lire. La succulence des sujets que vous abordez n’a d’égale que la beauté du verbe dont vous maîtrisez si bien le maniement. Succulents, vos thèmes le sont, parce qu’il nous importe, en tant que citoyens, de constater que nous ne sommes pas les seuls à ressentir, impuissants — autant que vous —, les meurtrissures que ce pays, pour lequel autant de sacrifices ont été consentis, endure.

    Voyez-vous, le sentiment de partage est en soi réconfortant. Il l’est en ce sens qu’on se surprend à croire profondément que, quelque part, tant qu’il existe des Algériens qui ont cette Algérie chevillée au corps et qui, plus est, l’expriment aussi vaillamment et en de si « belles lettres », comme vous le faites, nous sommes en droit de nourrir de bons espoirs pour ce pays. Somme toute, si abrupte la pente soit-elle, sa remontée, ensemble, la main dans la main, est à notre portée…

    Je vous lis, monsieur Boukrouh, et je ne suis pas sans suivre la trajectoire de votre pensée où j’y perçois beaucoup d’amertume et d’inquiétude par rapport à l’état de notre pays et à son devenir. Je partage avec vous ces sentiments et je ne suis pas le seul à le faire. Je peux même, sans grand risque de me tromper, que c’est ce que ressent la majorité écrasante du peuple, y compris ceux que vous avez qualifiés dans votre contribution de déserteurs de la scène publique et de lâches en précisant toutefois, à qui veut l’entendre, que c’est aux « ex-ceci cela » que vous vous adressez. De ceux-là, je fais partie et je vous réponds en tant que tel. Les « autres » sont assez puissants et qualifiés pour vous répondre à leur manière.

    Décidément, dans notre pays, il est devenu une habitude, voire de bon aloi, de tirer de tout feu sur les « ex-ceci cela ». J’ai eu à dénoncer par le passé, à travers les colonnes de ce même journal, cette tendance qui se profilait déjà, lorsque ceux qui, après avoir bu le calice jusqu’à la lie et tiré toute la volupté que procure le compagnonnage des désormais ex., rien que pour s’en démarquer et se rapprocher du maître de céans, se sont mis à mordre la main qui a étanché leur soif. A vous, qui semblez si friand d’adages du terroir, je résume la chose par « Ekh ya maâza, ma fik hlib » (va-t’en chèvre, tu ne donnes plus de lait). Il m’est difficile — et je m’interdis — de vous aligner parmi cette vermine parce que, ne serait-ce que sur le plan intellectuel, vous les surclassez.

    Néanmoins, traiter de lâches ces « ex-ceci cela », c’est non seulement aller vite en besogne, mais c’est faire preuve d’incorrection et de méconnaissance de la réalité nationale, voire de malhonnêteté intellectuelle. Et ce serait insulter votre intelligence que de vous rappeler que par la force de la loi dont vous avez évoqué la promulgation, ces « ex-ceci cela » ne sont plus des citoyens à part entière dans cette Algérie du XXIe siècle… Vous, vous l’êtes. Le droit de s’exprimer sur la chose publique leur est désormais interdit, au risque de poursuites pénales… Malgré cela, ils continuent à dénoncer ce qu’ils considèrent attentant à ce pays et à son peuple. Ils le font publiquement, ici, en Algérie, à Alger. Ne croyez surtout pas, Si Nouredine, qu’ils n’en payent pas le prix ! Ils le payent chèrement. Y compris leur progéniture et leur famille y passent. Vous, monsieur Boukrouh, qui ne courez pas ce risque, osez ! Sacrifiez vos enfants et vos proches comme nous le faisons et traitez-nous par la suite de lâches, ou plus, si ça vous chante ! Ces « ex-ceci cela », s’ils tenaient à leur confort matériel, comme vous les accusez, ils auraient agi comme tant d’autres.

    Et, contrairement à ce dont vous semblez être convaincu, ils ne se sont pas enrichis, ils vivent de leur pension de retraite pour la plupart. Ils vivent ici dans leur bled, citoyens, parmi leur peuple, leur « ghachi » avec lequel ils se confondent, et dont ils partagent le bonheur, les vicissitudes et les inquiétudes. Ils vivent avec la certitude du devoir accompli après avoir assumé leur rôle d’élite, dignement, sans tapage, avec responsabilité, refusant la platitude et l’asservissement. Ils n’ont fait allégeance à personne.

    Leur seul crime est d’avoir refusé de faire partie de l’orchestre jouant la symphonie des louanges qui n’a d’autre fin que celle de faire mouvoir le bal des ego. Que ceux qui n’ont de cesse d’accorder leurs instruments pour jouer la bonne partition n’y aillent pas de main morte dans ce monde de paillettes où l’apparat l’emporte sur la consistance. Et, si tel est leur choix, nous ne pouvons que le respecter. Qu’ils y excellent et que grand bien leur fasse. Quant aux autres, ces « ex-ceci cela », s’ils ne l’ont pas fait, c’est par conviction. Car telle est l’expression de leur honneur militaire, de leur courage de soldat, de leur dévouement à la patrie et de leur conscience nationale que vous semblez ne percevoir que par la négation. Ne serait-ce que par égard à une aussi noble posture, ils ne méritent pas qu’on attente aussi violemment à leur dignité. Les mots sont porteurs de sens.

    Décidément, la sagesse semble avoir pris la terrible décision de déserter nos contrées. Tournant le dos à la nation, elle l’a laissée livrée au désarroi et au désespoir… Désemparées, les masses succombent facilement dans la crédulité. Désormais, on leur fait tout admettre. C’est ainsi que l’envers se substitue à l’endroit, le pire au meilleur et la subsistance à la vie. Et, dans pareil décor, que l’on ne s’étonne pas de voir que les héros d’hier soient traités de lâches !

    Monsieur Boukrouh, les « ex-ceci cela » ne sont pas les « suppôts » du pouvoir. Ils ne sauraient l’être pour les raisons objectives, qu’en tant qu’ex-président d’un parti politique et ex-ministre sous ce même régime, vous ne pouvez prétendre les ignorer. Vous voyez, monsieur l’ex-ministre, de ce pouvoir que vous n’avez de cesse de décrier, qu’en matière d’« ex- », vous faites partie du lot de l’infamie. Pourtant, personne n’a osé vous traiter de lâche. Réfléchissez à la question. Peut-être que le champ de la lâcheté n’est pas celui que vous avez désigné dans votre écrit.

    Ce n’est sûrement pas à un homme de votre trempe que je vais faire un descriptif du pouvoir. Vous en avez fait partie. Aussi n’êtes-vous pas sans ignorer que le régime, s’il survit, ce n’est pas tant parce qu’il est porté par une base populaire majoritaire, encore moins par la fidélité sans faille de ceux qui se prévalent d’en être les partisans inconditionnels, mais davantage par l’esprit de servilité qui anime ces derniers, mus qu’ils sont par l’appât que constitue la rente dont le pouvoir seul détient les cordons.

    Somme toute, ils n’en sont qu’une excroissance, des pseudopodes sans d’autres horizons que celui qui les maintient en vie. Laudateurs, leur hauteur de vue ne peut dépasser la taille du rocher vivier… celle de leur maître du moment. Ils l’érigent en leur source d’inspiration. Ils épousent les contours de son discours, veillant toujours à l’amplifier sans se soucier de sa consistance. C’est le terreau par excellence d’où ils puisent leurs idées pour embellir davantage leurs propres discours forcément flatteurs, monoproduction vivrière de leur terre stérile.

    Quant à l’ANP, j’aurais aimé ne pas en parler. Elle a ses tuteurs, que vous semblez avoir pris grand soin à ménager, préférant vous attaquer aux ex-. Mais, si j’en parle, c’est parce que vous avez lié sa puissance aux seuls aspects technologiques. C’est donc sur un plan strictement technique que je vais aborder le sujet. J’y ai passé quarante-deux années de ma vie. Pour y avoir passé vingt-six mois et avec le background intellectuel qui est le vôtre, vous n’êtes sûrement pas sans savoir que toute armée nationale est une institution et, en tant que telle, elle repose sur un socle de valeurs.

    Celles dont se prévaut l’ANP sont les valeurs que la glorieuse ALN lui a laissées en legs. Elle les a faites siennes. Et ce n’est nullement un hasard qu’elles aient été sanctifiées par le statut général des personnels militaires. Il s’agissait, dans l’esprit de ses initiateurs, de consacrer statutairement une fidélité aux idéaux de la grande Révolution de Novembre. Sans être exhaustif, j’en cite les plus déterminantes tels que l’esprit de sacrifice, l’abnégation, le don de soi et le désintéressement matériel.

    Ce sont les valeurs qui par leur caractère mobilisateur amplifient les déterminations des individus et des groupes sociaux. Elles leur font transcender leur faiblesse, y compris d’ordre technologique. Grâce à elles, les nations, dont la nôtre, se sont libérées et qui, une fois l’indépendance acquise, ont servi de ferment à leur développement économique et à leur évolution sociale. La technologie n’est qu’un moyen que la volonté des nations d’aller de l’avant finit, nonobstant les difficultés, par maîtriser. Les exemples à travers la planète sont légion. Quant à l’usage qu’on en fait, ceci relève d’une autre problématique. Il en est autant d’ailleurs des peuples.

    « Les choses qui vont sans dire allant mieux en les disant », aviez-vous postulé dès l’entame de votre contribution, avant d’appeler que des voix fortes appellent à la sagesse et à la conscience patriotique des responsables. Le ton dont vous usez pour vous adresser à ces derniers contraste singulièrement avec celui auquel ont eu droit les « ex-ceci cela », quoique les premiers, en toute logique, sont plus à même de mériter votre ire pour leurs manquements à l’égard de l’Etat, de la nation et de l’Etat-nation qui pâtissent dangereusement de leur mode de gouvernance, que vous n’avez d’ailleurs de cesse de dénoncer.

    Il s’agit de toute évidence d’un recul, tactique ou stratégique, c’est selon votre trajectoire. Je vous l’accorde. Il est plus aisé de tirer à boulets rouges sur des ex- que sur les maîtres du moment. Où est l’honneur et où est le courage dont vous avez pourtant dénoncé l’absence chez les ex- ? Tel est mon constat. Je vous le livre tel que je le ressens.
    Quant à votre appel devant émaner « min djiblina wa min soudourina », à mon avis, l’Algérie, contrairement au Nouveau Monde et à d’autres contrées, n’est le fait ni d’explorateurs, ni de pionniers, ni de quelque responsable vivant si vaillant soit-il. Son peuple n’a pas jailli ex-nihilo. Il était là sur cette terre, sa mère nourricière, la cultivant, la travaillant et la défendant lorsque l’étranger voulait la lui ravir. Il l’a abreuvée, depuis Gaïa, de son sang.

    Du sang, elle en regorge. Elle est le fait d’une lutte continue d’un peuple pour sa liberté. C’est précisément cette continuité qui a forgé en lui cette humeur collective que Germaine Tillion, dans une approche comparative avec nos voisins maghrébins, qualifie d’extrêmement revendicative et peu portée à l’abdication. Autrement dit, cet esprit de résistance, ce germe de rébellion qu’il porte en lui et qui, tel un gène, est transmis de génération en génération. Cet esprit de vaillance et de rébellion n’est pas sans forcer l’admiration des autres à notre égard, nonobstant nos défauts. Pour ma part, je reste persuadé que c’est cet esprit qui prévaudra lorsque l’heure des grands choix sonnera.

    Ceci étant, s’il fallait qualifier quelque groupe social de lâche, l’attribut aurait convenu davantage à toute une génération — la vôtre, la mienne — qui n’a pas su — ou pu — assumer le rôle historique qui lui échoit. Cette génération qui a, sans cesse, tourné le dos à l’histoire. Elle s’est toujours dérobée derrière des subterfuges que seuls les lâches sont capables de produire à satiété pour justifier leur manquement face à ses sempiternelles interpellations.

    Aussi, monsieur Boukrouh, s’il fallait à tout prix faire endosser ce vil qualificatif à une catégorie, c’est bien à notre génération, notamment à son intelligentsia, qui n’a pas su faire montre de responsabilité. Vous en faites partie autant que moi. C’est derrière ce rempart que se terrent le désordre constitutionnalisé et le despotisme institutionnalisé que vous dénoncez. Nous sommes tous responsables devant l’histoire d’avoir accepté — car qui ne dit rien consent — l’accaparement de notre identité nationale par une minorité, de notre religion par une bande d’illuminés enragés, de notre histoire par une génération et de nos richesses par une oligarchie.

    Pour ma part, je reste convaincu que nul n’a le monopole de l’amour de ce pays, autant les individus que les générations et que, s’il fallait reconnaître une pérennité, après celle d’Allah, c’est celle de l’Algérie. Œuvrons, par-delà nos différences et nos convictions, à sa sauvegarde, même s’il faille consentir le sacrifice suprême. Telles sont les limites que ceux que vous qualifiez de « lâches » sont prêts à franchir.

    Je termine par une citation d’Albert Camus, que j’estime bien « coller » au sujet : « Pour qu’une pensée change le monde, il faut d’abord qu’elle change la vie de celui qui la porte. Il faut qu’elle se change en exemple. »

    http://lequotidienalgerie.org

  • Un été chaud à Alger - Jean-Pierre Séréni
    http://orientxxi.info/magazine/un-ete-chaud-a-alger,1980

    Nommé le 24 mai, remercié le 12 août, Abdelmadjid Tebboune a été le premier ministre le plus éphémère de l’Algérie indépendante. En moins de 90 jours, il a coalisé contre lui une formidable opposition intérieure et extérieure. Son tort ? Avoir prétendu séparer la politique et l’argent. À la veille du mois de ramadan 2017, le régime a dû faire face à un double échec, électoral et financier. Aux législatives du 4 mai, contestées par l’opposition, à peine un électeur sur trois s’est déplacé. Il y a eu deux millions de (...)