city:fort mcmurray

    • Le texte ? On peu le demander gentiment, le texte en clair ?

      Les abus du Canada sont incroyables et trop bien cachés. Envers la terre, envers le territoire, envers les habitants déjà. Un pays pareil, tant vanté par le commun, aucun paywall ne peut se justifier face à la denonciation de ses exactions. Si ?!

      J’dis ça, en l’air.

    • Tout à fait..., Simon Roger partage sûrement cet avis.

      Au Canada, troisième réserve pétrolière mondiale, le poison de l’or noir de l’Alberta
      Par Simon Roger

      Publié le 06 Septembre 2018
      Contaminations (5/7). La province canadienne est souillée et défigurée par l’exploitation des sables bitumineux, qui empoisonne les fleuves, les lacs et les populations amérindiennes.

      A la sortie du long virage qui laisse entrevoir les premiers chalets de Fort Chipewyan, un panneau invite tout individu témoin d’un crime à contacter la cellule téléphonique mise à disposition par la police.

      La localité de 900 âmes du nord de l’Alberta, accessible par la route seulement quelques semaines par an, lorsque le froid est si mordant qu’il fige le lit des rivières en une glace suffisamment épaisse pour laisser circuler les véhicules, n’a pourtant pas le profil d’une cité de la peur. Ses habitants sont d’ailleurs bien incapables de se remémorer le moindre acte criminel commis ces dernières années dans le village peuplé de Premières Nations Mikisew Cree et Athabasca Chipewyan, deux groupes amérindiens parmi les cinquante composantes autochtones du Canada.

      La population de « Fort Chip », pourtant, débute la journée avec la boule au ventre, redoutant de tomber malade et inquiète pour l’avenir du lac dont la rive méridionale domine le panorama. Au milieu de l’hiver, seules quelques taches sombres rompent la monotonie de cette ligne d’horizon d’un blanc infini : elles signalent les îlots sur lesquels la végétation émerge du manteau neigeux.

      D’une superficie de près de 8 000 km2, le lac est de loin la plus grande retenue d’eau d’Alberta et de l’Etat voisin du Saskatchewan. Il est aussi la principale source de subsistance pour les populations amérindiennes, habituées depuis toujours à pêcher le grand brochet et le doré jaune dans l’Athabasca, à traquer le caribou, l’élan ou le bison dans les forêts alentour et à récolter des baies dans la nature environnante. Un mode de vie ancestral qui semble de moins en moins compatible avec une autre histoire albertaine, débutée celle-là vers la fin des années 1960, celle de l’extraction du pétrole issu des sables bitumineux.

      « On ne fait que survivre au jour le jour, maugrée Ray Ladouceur, un pêcheur de 76 ans. Depuis plus d’un demi-siècle, je vis du produit de ma pêche. Aujourd’hui, l’eau est polluée et le gouvernement a dû interdire la commercialisation de la pêche. »
      « On ne fait que survivre au jour le jour, maugrée Ray Ladouceur, un pêcheur de 76 ans. Depuis plus d’un demi-siècle, je vis du produit de ma pêche. Aujourd’hui, l’eau est polluée et le gouvernement a dû interdire la commercialisation de la pêche. » .
      « On ne fait que survivre au jour le jour, maugrée Ray Ladouceur, un pêcheur de 76 ans. Depuis plus d’un demi-siècle, je vis du produit de ma pêche. Quand les entreprises minières ont commencé à déverser leurs eaux usées dans la rivière Athabasca, qui se jette dans le lac, elles ont contaminé le poisson. Aujourd’hui, l’eau est polluée et le gouvernement a dû interdire la commercialisation de la pêche. » « Jusqu’où irons-nous, nous, les êtres humains, dans la destruction de toute chose ? », s’interroge le vieil homme avant de confier avoir perdu une quinzaine de membres de sa famille, victimes de cancers. Les rejets industriels qui affectent l’air, l’eau et le sol en seraient la cause.

      Infirmière au centre de santé, Jane Lepine recense de plus en plus de cas de cancers de l’estomac, du poumon ou du foie, de diabètes, de pathologies neurodégénératives, « parmi la population adulte, mais également chez les enfants de Fort Chipewyan ». « Cet endroit est une décharge publique de substances contaminantes, se désole l’infirmière, pour qui la prévalence de ces maladies ne peut être dissociée des émissions des activités pétrolières. Malheureusement, on manque de données sanitaires qui confirmeraient nos craintes. » Ce n’est pourtant pas faute d’avoir alerté l’autorité de santé de la province, Health Alberta, et son équivalent fédéral, Health Canada, qui a compétence pour agir dans les réserves indiennes dont fait partie le territoire de Fort Chipewyan.

      « Se faire soigner coûte très cher ici »
      Mais jusqu’à présent, les questions de la population locale n’ont reçu que des réponses très parcellaires. Cette quête de vérité obsède aussi John O’Connor. Ce médecin irlandais est arrivé au Canada il y a trente ans pour y remplacer un collègue européen ; il a fini par s’installer à demeure à Fort McMurray, la grande agglomération du nord de l’Alberta.

      Depuis 2000, lorsque plusieurs familles lui ont demandé d’y assurer quelques consultations hebdomadaires, le praticien s’intéresse au sort du village. « Je suivais déjà d’autres populations indiennes, mais pas Fort Chip, qui a la particularité d’être une communauté très isolée et condamnée à vivre en autosuffisance, explique John O’Connor. La route hivernale n’est ouverte que deux mois par an. Le reste du temps, il faut prendre l’avion pour aller se faire soigner à Fort McMurray, mais ça coûte très cher. »

      « Avant on se baignait dans le lac. Maintenant on ne peut plus. Mon grand-père chasse mais il ne trouve plus d’animaux. La plupart des jeunes s’en foutent des problèmes de pollution », se désole Chantel Wanderingspirit, 20 ans, au café de la station-service de Fort Chipewyan.
      « Avant on se baignait dans le lac. Maintenant on ne peut plus. Mon grand-père chasse mais il ne trouve plus d’animaux. La plupart des jeunes s’en foutent des problèmes de pollution », se désole Chantel Wanderingspirit, 20 ans, au café de la station-service de Fort Chipewyan. .
      Au gré de ses allers et venues, le médecin accumule les témoignages. « Les discussions tournaient beaucoup autour des changements de l’environnement, comme la raréfaction du nombre d’oiseaux, la mauvaise qualité de la viande issue de la chasse, les difformités constatées sur certains poissons… avec une préoccupation centrale, la qualité de l’eau du lac, décrit le praticien. J’ai observé ensuite des pathologies que je n’aurais jamais pensé identifier parmi une population d’un millier de personnes, par exemple plusieurs cas de cancers des voies biliaires, une maladie qui touche en temps normal un individu sur 100 000. » Il en informe les chefs des Premières Nations, interroge ses collègues médecins à Fort McMurray puis interpelle, en 2005, les autorités de santé. Sans réponse de ces dernières.

      Ce mutisme prendra fin après la diffusion par la télévision nationale canadienne CBC, quelques mois plus tard, d’un sujet relayant les questionnements de John O’Connor. Contraint de réagir à l’écho médiatique du reportage, Health Canada dépêche trois médecins sur place en mars 2006.

      Devant les journalistes qui couvrent la visite au centre de santé de Fort Chipewyan, l’un des représentants de l’agence fédérale boit un verre d’eau du robinet : preuve est faite que l’eau est parfaitement potable ! Aucune mesure sanitaire ne s’impose, concluent les trois experts avant de rejoindre leur avion en esquivant les questions de l’auditoire.

      « Taux de cancers plus élevés de 29 % »
      Les autorités de santé s’intéressent en revanche de près au docteur un peu trop suspicieux. Une procédure de radiation pour « mauvais comportement » dans le dossier de Fort Chip est ouverte contre John O’Connor par le collège des médecins et chirurgiens d’Alberta. La procédure ne s’éteindra qu’en novembre 2009, grâce à l’intervention d’un avocat et des habitants qui lancent une pétition pour soutenir leur médecin.

      Au même moment, fin 2009, sont rendues publiques les conclusions d’un rapport de l’Alberta Cancer Board sur l’incidence des cancers à Fort Chipewyan entre 1995 et 2006. Le document confirme l’augmentation de plusieurs types de pathologies (cancer des voies biliaires, du sang, du système lymphatique) et exige des études complémentaires afin d’en préciser les causes et d’évaluer l’état de santé général de la population. Une demande, là encore, classée sans suite.

      George Poitras est un ancien chef de la communauté indienne Mikisew Cree de Fort Chipewyan. « C’est David contre Goliath. Tout le delta est contaminé. Moins de 1 % des terres exploitées par les compagnies pétrolières ont été restaurées en cinquante ans. » SAMUEL BOLLENDORFF POUR LE MONDE
      « Ces taux de cancers 29 % plus élevés que la moyenne sont-ils de cause héréditaire, liés au mode de vie ou d’origine environnementale ? Nous avons plus que jamais besoin d’une étude impartiale, complète et rigoureuse pour répondre à cette question », insiste John O’Connor. Au centre de santé, on répond poliment que les informations – logiquement publiques – ne sont pas disponibles.

      « En 2017, plus de vingt personnes sont mortes à Fort Chip, presque toutes d’un cancer. C’est devenu une chose normale », relève Warren Simpson. A 48 ans, cet ancien salarié de plusieurs entreprises de sables bitumineux, qui fait face lui-même à son deuxième cancer, admet que peu de ses concitoyens osent pointer du doigt les industries. « C’est compliqué de scier la branche sur laquelle on est assis. »

      Ici comme partout ailleurs en Alberta, le pétrole règne en maître. Sur la route du cimetière de Fort Chipewyan se dresse un lycée. Il a été construit grâce aux subsides de la compagnie Shell Albian, comme le signale un panneau placé bien en évidence. Un peu plus loin sur la même chaussée apparaît un vaste complexe sportif, avec son terrain de hockey et sa piscine. Ces équipements ont été financés par le premier groupe pétrolier canadien, Syncrude, dont le logo orne la façade du bâtiment devant lequel se rangent, en fin d’après-midi, les pick-up qui laissent tourner leur moteur pour résister aux températures glaciales.

      « Notre industrie est le plus gros employeur de personnes autochtones au Canada, avance Terry Abel, vice-président de l’Association des producteurs de pétrole du Canada (CAPP en anglais). Au cours des dernières années, l’industrie bitumineuse a participé pour 4 milliards de dollars canadiens [2,5 milliards d’euros] au chiffre d’affaires des entreprises autochtones. Aucun autre secteur ne réalise un volume d’affaires équivalent avec elles », assène le dirigeant au siège de la CAPP, dans le quartier des affaires de Calgary, la capitale économique de l’Alberta.

      Des sables bitumineux faciles d’accès
      Le Canada possède la troisième réserve pétrolière de la planète, derrière le Venezuela et l’Arabie saoudite. Plus de 95 % de cet or noir imprègne les sables bitumineux, l’hydrocarbure non conventionnel composé de sable, de bitume et d’eau (80 % à 85 % de silice et d’argile pour environ 10 % de bitume).

      Selon les projections du Centre de recherches internationales associant Sciences Po et le CNRS (CERI), l’exploitation des sables bitumineux devrait apporter, au cours des vingt prochaines années, 200 milliards de dollars par an à l’économie canadienne. Seule la Russie pourrait se prévaloir d’une telle manne, mais ses gisements bitumineux, localisés en Sibérie, sont à des latitudes trop extrêmes pour envisager une activité rentable.

      Un site industriel de Syncrude, le premier groupe pétrolier canadien. La neige et le ciel virent au jaune, et les odeurs de soufre et d’ammoniac envahissent l’air de Fort McMurray.
      Un site industriel de Syncrude, le premier groupe pétrolier canadien. La neige et le ciel virent au jaune, et les odeurs de soufre et d’ammoniac envahissent l’air de Fort McMurray. .
      Les sables d’Alberta, en revanche, sont faciles d’accès. Autour de Fort McMurray, le bitume affleure à moins de 70 mètres de profondeur : il est extractible à l’aide de pelles géantes. Dans les deux autres gisements de la province, plus profonds, Peace River et Cold Lake, les compagnies recourent à la technique dite « in situ » : elles forent des puits et y injectent de la vapeur d’eau pour liquéfier le bitume, aspiré ensuite vers la surface. Ensemble, ces trois gisements couvrent une zone exploitable de 142 000 km2, plus vaste que la superficie de l’Angleterre, qui fit du Canada un dominion de la Couronne britannique en 1867.

      A cette époque, Fort Chipewyan était le haut lieu du commerce de fourrure de la région. Fondé en 1788 par la Compagnie du Nord-Ouest, le plus vieux comptoir de l’Alberta vivait au rythme des saisons de trappe et des campagnes de pêche sur le lac. Une existence à laquelle les doyens des communautés indiennes ont pu goûter, avant que l’industrialisation ne vienne rompre cet équilibre.

      « Quand j’étais enfant, on pouvait boire l’eau du lac, parfaitement limpide, et la forêt autour de Fort Chip était d’un vert profond, se remémore Ed Marten, conseiller au centre de santé local. Aujourd’hui, l’eau est couleur chocolat et la végétation est flétrie. »

      A la suite de la mise en route des premières installations minières en 1973, « des trappeurs sont tombés malades après avoir bu l’eau des rivières environnantes. On a vu arriver, venant du Sud, des fumées et des cendres des installations de Syncrude. On se disait que quelque chose ne tournait pas rond », retrace le Mikisew Cree de 65 ans, atteint d’un cancer à l’estomac, comme sa mère, morte en 2017.

      « Rejets durables »
      La génération d’Ed Marten a connu aussi le départ forcé pour le pensionnat catholique, « coupé des miens, de ma langue et de ma culture ». Ce passé douloureux est perceptible dans d’autres communautés indiennes, comme à Fort Smith, à 200 kilomètres plus au nord.

      Un panneau routier y signale le passage de la frontière avec la province voisine des Territoires du Nord-Ouest, mais rien ne distingue la localité de 2 500 habitants de sa cousine albertaine. Même quadrillage urbain, mêmes habitations colorées, même concentration humaine autour des points cardinaux de la vie dans le Grand Nord que représentent les stations-service et les épiceries.

      « Mon peuple vit ici depuis des milliers d’années. Tout ce que nous savons, nous le devons à la terre et à l’eau », confie François Paulette, un chef de la communauté Smith’s Landing.
      « Mon peuple vit ici depuis des milliers d’années. Tout ce que nous savons, nous le devons à la terre et à l’eau », confie François Paulette, un chef de la communauté Smith’s Landing. .
      François Paulette, un des chefs de la communauté Smith’s Landing, a préféré s’installer à la lisière de la forêt bordée par l’Athabasca. Dans cette zone où la rivière est agitée de puissants rapides, l’eau reste libre de glace au plus fort de l’hiver. « Un peu plus loin, on trouve un autre cours d’eau, Dog River, sur le plateau canadien, indique-t-il d’un geste ample. Mon peuple vit ici depuis des milliers d’années. Tout ce que nous savons, nous le devons à la terre et à l’eau. »

      « Mais il fut un temps [au début des années 1960] où le gouvernement décida de nous expulser de nos terres, prétextant que notre manière de vivre était en voie d’extinction, poursuit le chef de la communauté Déné, retiré à ses parents à l’âge de 6 ans pour l’école paroissiale. Quant à l’eau, il faudrait être naïf ou stupide d’espérer ne pas être touché par l’industrialisation. Les usines de pâte à papier, et après elles les compagnies de sables bitumineux, ont consommé beaucoup d’eau et rejeté beaucoup de déchets dans la rivière. »

      Le « traité no 8 », le texte qui régit depuis 1899 les rapports entre les communautés du nord de l’Alberta et la Couronne d’Angleterre, accorde aux populations indiennes un droit inaliénable de chasse et de pêche. Que vaut cet engagement sur des étendues de terres et d’eau souillées par les activités humaines ?, interpelle François Paulette.

      La région de Fort Smith n’a pourtant pas de pétrole, pas plus que celle de Fort Chip. Mais elles sont toutes deux irriguées par le réseau hydrographique de l’Athabasca. C’est par cette veine immense et ses affluents que les infrastructures pétrolières installées à plus de 200 km en amont diffusent leur poison liquide.

      « Le programme de suivi de la qualité de l’eau mis en place par le gouvernement d’Alberta n’est pas adapté aux risques des activités industrielles, soutient l’hydrogéologue canadien Gilles Wendling. On n’étudie pas, par exemple, les effets cumulatifs de ces rejets durables. » C’est l’une des revendications de l’association Keepers of the Water Athabasca (« Gardiens de l’eau de l’Athabasca »), qui tente de mesurer les impacts hydrographiques de l’exploitation des sables bitumineux, très consommatrice d’eau. L’ONG créée en 2006 recourt à l’expertise de chercheurs indépendants comme Gilles Wendling. « On en avait assez de la propagande des industriels et des agences gouvernementales de régulation, explique Jule Asterisk, l’une des porte-parole de Keeper. Les résistances sont très fortes lorsqu’on se penche sur ce sujet. »

      Dans la région de Fort McMurray, l’extraction des sables bitumineux se fait à partir de mines à ciel ouvert, comme cette unité du groupe pétrolier Suncor.
      Dans la région de Fort McMurray, l’extraction des sables bitumineux se fait à partir de mines à ciel ouvert, comme cette unité du groupe pétrolier Suncor. SAMUEL BOLLENDORFF POUR LE MONDE
      Sujet de tension entre la société civile, les autorités et les industriels, la question de l’eau n’épargne pas la sphère académique d’Edmonton, la capitale administrative de la province. Dans les bâtiments de briques rouges qui donnent à l’université d’Alberta un petit air de campus anglais, une étude alimente particulièrement la controverse, celle du professeur David Schindler. Connu pour avoir identifié, dans les années 1970-1980, les pluies acides comme vecteur de la mortalité des poissons des Grands Lacs, le biologiste a publié en 2010 la première étude d’importance sur la rivière Athabasca et ses affluents. Son équipe a retrouvé dans l’eau treize types de métaux lourds attribués à l’industrie des sables bitumineux, parmi lesquels du mercure, du nickel, du plomb, du thallium, de l’uranium et de l’arsenic.

      « Les concentrations de métaux lourds sont toutes très basses, en amont comme en aval des installations de sables bitumineux, et elles n’ont pas varié depuis des décennies », affirme de son côté William Shotyk, titulaire de la chaire d’agriculture et d’environnement de l’université d’Alberta, à partir de mesures collectées en 2016. Pour ce géologue, fier de faire visiter le laboratoire ultramoderne construit grâce aux fonds d’Alberta Innovates, l’agence de recherche financée par la province et le secteur pétrolier, « on retrouve les mêmes valeurs de contaminants que celles que l’on peut observer au nord de la Norvège, dans la région la mieux préservée d’Europe ! »

      « Risque extrême »
      « Soutenir qu’une industrie qui brûle de fortes quantités de pétrole et utilise des solvants chimiques en grand nombre ne génère pas de pollution n’est tout simplement pas crédible, rétorque le biologiste, aujourd’hui retraité. La question n’est pas de savoir si la pollution est avérée ou non, mais jusqu’à quel point elle affecte la biosphère. »

      Six mois après l’étude de David Schindler, un autre rapport scientifique a corroboré ses résultats, les experts de la Société royale du Canada ont notamment relevé le haut niveau de toxicité « chronique » des eaux rejetées par l’industrie dans ses bassins de décantation. Un an plus tard, la presse albertaine rendait public un document confidentiel du ministère de l’environnement qui qualifiait la contamination de la rivière Athabasca de « sujet de première importance ».

      Robert Grandjambe, guide et trappeur à Fort Chipewyan. « On mange du poisson du lac, du caribou, du canard sauvage. 90 % de notre alimentation provient du lac et des bois... Parfois, je me demande si nous voulons vraiment sauver l’environnement. »
      Robert Grandjambe, guide et trappeur à Fort Chipewyan. « On mange du poisson du lac, du caribou, du canard sauvage. 90 % de notre alimentation provient du lac et des bois... Parfois, je me demande si nous voulons vraiment sauver l’environnement. » .
      Masqués par la neige abondante de l’hiver, ces lacs artificiels vérolent peu à peu le paysage du nord de l’Alberta. Après un demi-siècle d’activité pétrolière, ils contiennent, en volume cumulé, 1 300 milliards de litres d’eau polluée, et pourraient nécessiter 50 milliards de dollars de frais d’assainissement, selon les calculs de Pembina. L’institut canadien spécialisé dans l’énergie a alerté à plusieurs reprises sur les fuites de certains bassins remplis de déchets industriels. « C’est un risque extrême sur le plan environnemental, confirme Simon Dyer, le directeur de Pembina à Edmonton, d’autant que le gouvernement d’Alberta continue d’exempter les entreprises de nettoyer ces bassins, comme la réglementation les y oblige. » En 2008, Syncrude avait été condamné à une amende de 3 millions de dollars à la suite de la mort de 1 600 canards qui s’étaient posés sur l’un des bassins de la compagnie pétrolière.

      La forêt boréale porte elle aussi les stigmates de cette addiction à l’or noir. Depuis la route bosselée et glissante qui relie Fort Chipewyan à Fort McMurray, l’agglomération de 75 000 habitants développée pour et par l’industrie bitumineuse, les futaies d’épinettes, de sapins, de mélèzes et de peupliers font apparaître d’impressionnantes trouées. Certaines sont dues aux feux de forêts qui embrasent régulièrement l’Ouest canadien pendant l’été. Mais les clairières résultent aussi des coupes dictées par les compagnies extractives.

      Cette déforestation n’est pas sans effets sur la biodiversité animale. Le caribou figure au premier rang des espèces les plus menacées. « En coupant les arbres, on crée des corridors qui permettent aux prédateurs comme le loup d’accéder plus facilement aux hordes de caribous », déjà fragilisés par le réchauffement climatique, explique Simon Dyer. Dans certaines régions de l’Alberta, leur population a décliné de 80 % depuis les années 2000, note l’Institut Pembina.

      Regroupé dans le parc national Wood Buffalo, le plus grand troupeau du monde de bisons des bois en liberté pourrait être la prochaine victime collatérale de l’industrie pétrolière. Inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1983, cette aire naturelle n’est qu’à 30 km d’un énorme projet d’exploitation de sables bitumineux porté par le consortium sino-canadien Teck Resources. Cette mine à ciel ouvert, d’une superficie de 290 km2, permettrait d’extraire 260 000 barils de pétrole par jour pendant plus de quarante ans.

      « Sentiment de honte »
      Teck assure que le projet n’affectera pas l’« intégrité » du parc. Les conclusions de l’entreprise, relayées par l’agence canadienne d’évaluation environnementale, ne convainquent pas les communautés riveraines, qui ont alerté l’Unesco. Dans leur rapport de mission, les experts onusiens estiment que le Canada manque à ses devoirs de protection et demandent aux autorités de mettre en œuvre d’ici à la fin 2018 les dix-sept recommandations énumérées dans leur synthèse.

      Près du parc naturel de Wood Buffalo, classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
      Près du parc naturel de Wood Buffalo, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. SAMUEL BOLLENDORFF POUR LE MONDE
      « Le gouvernement refuse de choisir entre croissance économique et exigence environnementale, analyse Becky Kostka, et les petites communautés indiennes du Nord ne pèsent pas face aux besoins énergétiques des grandes villes du sud de la province, Edmonton et Calgary. » La responsable des terres et des ressources de la Première Nation de Fort Smith, qui n’est pas d’ascendance indienne, dénonce aussi un problème de mentalité : « La plupart des Canadiens ignorent le sort des Premières Nations ou alors ils éprouvent un sentiment de honte face aux missions catholiques qui les ont colonisées par le passé. »

      Avec l’expansion de l’activité bitumineuse, la colonisation prend un autre visage en Alberta, celui d’hommes blancs célibataires, originaires des quatre coins du Canada et parfois même des Etats-Unis ou d’Europe, tous aimantés par « Fort McMoney » (le surnom de Fort McMurray) et sa ceinture d’usines fumantes et crépitantes. Car en dépit des variations du prix du pétrole, les sables bitumineux restent le meilleur filon pour amasser des dollars.

      Souvent installée dans des baraquements à la sortie de la ville, cette population uniforme écume à la nuit tombée les bars de la ville. Entre deux pintes de bière, Brad et ses collègues natifs d’Ontario ou du Nouveau-Brunswick, à l’autre bout du pays, partagent la même motivation. Opérateurs pour Syncrude, ils gagnent 150 000 dollars par an, « cinq fois plus que ce que l’on pourrait toucher dans nos provinces d’origine », précise Brad. « L’eau n’est pas polluée et le Canada est bien moins émetteur de gaz à effet de serre qu’un pays comme la Chine », ajoute son ami Daven.

      « Il faut stopper cette industrie sale »
      De toute façon, « les sables bitumineux, c’est comme la politique, mieux vaut ne pas aborder le sujet si vous voulez conserver vos amis, ironise Denis Roy, électricien pendant quarante ans à Fort McMurray. Bien sûr que l’industrie pétrolière contamine la région, confie le retraité, mais personne ne veut perdre son boulot. »

      Selon les prévisions de la CAPP, la production de pétrole brut (issu des sables bitumineux de l’Ouest canadien) devrait passer de 2,3 millions de barils par jour en 2015 à 4,8 millions en 2030. « Tant que la demande mondiale de pétrole sera forte, l’industrie canadienne des sables pétrolifères souhaitera y répondre », commente sobrement Terry Abel, le numéro deux des producteurs de pétrole.

      De Calgary à Fort Chipewyan, 900 km plus au nord, personne n’envisage la fin prochaine de l’exploitation des gisements bitumineux. « On a besoin l’un de l’autre, résume Archie Waguam, le chef des Mikisew Cree de Fort Chip, à propos des compagnies pétrolières. Et puis, si c’est nécessaire, on peut sortir un carton rouge et bloquer un projet trop nocif pour l’environnement. » Mais le leader indien préfère sortir son carnet de chèques et faire prospérer les affaires des siens. En décembre 2017, les Mikisew Cree et la Première Nation de Fort McKay ont conclu une participation de 49 % dans un parc de stockage du pétrolier Suncor d’un montant historique de 500 millions de dollars.

      Le tableau blanc sur lequel Archie Waguam a griffonné les priorités de sa communauté pour les cinq ans à venir fait apparaître le développement économique en tête de liste, et la santé en cinquième position. Les permis d’exploitation accordés aux compagnies pétrolières assurent aux Premières Nations des revenus de plusieurs millions de dollars chaque année. « On a plusieurs joint-ventures avec les pétroliers et on développe nos propres affaires. On vient par exemple de lancer la construction d’un hôtel de luxe à Fort McMurray », se vante le responsable.

      Si les montants de ces tractations demeurent confidentiels, l’existence de négociations entre populations locales et secteur privé est connue de tous. « Qu’est-ce qui est préférable, poursuivre une entreprise pour atteinte à l’environnement et prendre le risque de perdre devant la justice, ou négocier directement avec elle des compensations financières ? », argumente Melody Lepine, qui défend les intérêts des Mikisew Cree auprès de l’industrie.

      Au milieu de l’hiver, seules quelques taches sombres rompent la monotonie du lac Athabasca : elles signalent les îlots sur lesquels la végétation émerge du manteau neigeux.
      Au milieu de l’hiver, seules quelques taches sombres rompent la monotonie du lac Athabasca : elles signalent les îlots sur lesquels la végétation émerge du manteau neigeux. SAMUEL BOLLENDORFF POUR LE MONDE
      Parmi les habitants de Fort Chip, tout le monde ne goûte pas le pragmatisme des élus indiens. « L’argent est l’autre fléau qui mine notre communauté », s’inquiète le guide et trappeur Robert Grandjambe, qui dénonce pêle-mêle la corruption de certains chefs et les enveloppes de 350 dollars distribuées par les compagnies pétrolières, selon plusieurs témoins, aux participants à leurs réunions publiques.

      « C’est l’argent qui mène le monde aujourd’hui, constate aussi Alice Rigney, la responsable du centre local pour les jeunes. Mon père a vécu quatre-vingt-dix ans, il n’avait que ce qu’il pêchait dans le lac et ce qu’il trouvait dans la nature, mais il est mort heureux. Il faut stopper cette industrie sale qui contamine l’eau et pollue la planète. » « Personne n’ignore aujourd’hui que les énergies fossiles aggravent l’état de la planète, et pourtant elles continuent de se développer, note l’ancien chef des Mikisew Cree de Fort Chipewyan, George Poitras. C’est comme si quelqu’un vous frappait et que vous lui répondiez : ne t’arrête pas, continue de frapper. »

      Contaminations : sept reportages dans des zones souillées à tout jamais
      Depuis dix mois, Le Monde s’est associé au photographe Samuel Bollendorff pour explorer et rendre compte d’une réalité à peine imaginable. Des zones entières du globe, des villes, des forêts, des lacs, des océans, sont devenues impropres au développement humain, souillées à tout jamais, peut-être le prélude à notre monde de demain. Ces territoires se situent majoritairement dans les pays qui ont vu naître l’industrialisation.

      Sept journalistes se sont succédé d’Anniston aux États-Unis à Dzerjinsk en Russie, de Fort Chipewayn au Canada, à Regencia au Brésil, de Fukushima au Japon à « la terre des feux » à côté de Naples, jusqu’au grand gyre du Pacifique. Ils ont enquêté sur ces millions de kilomètres carrés contaminés aux produits chimiques, aux hydrocarbures, à la radioactivité. Et ont découvert des paysages dévastés ainsi que des populations rongées par un mal invisible, le lent poison qui s’est infiltré dans leur environnement, avec l’assentiment des autorités. Leurs reportages ont été rassemblés dans une série baptisée « Contaminations », que nous publions du 1er au 8 septembre en sept volets.

      Au premier abord, dans les images, tout semble paisible, harmonieux, rassurant : une mer calme, une forêt éclairée par une lumière douce… Mais derrière cette séduction apparente, la réalité est toxique. Car la contamination est bien souvent invisible à l’œil nu. Et c’est tout l’intérêt de cette démarche photographique : elle donne l’illusion de la beauté bucolique à l’endroit même où la nature est empoisonnée. Le travail photographique de Samuel Bollendorff est aussi exposé à Visa pour l’image, le festival international du photojournalisme à Perpignan, du 1er au 16 septembre.

  • La banque alimentaire de Fort McMurray est débordée | Feu de forêt à Fort McMurray | ICI.Radio-Canada.ca
    http://ici.radio-canada.ca/regions/alberta/2016/06/20/008-banque-alimentaire-fort-mcmurray-deborde.shtml

    La banque alimentaire de Fort McMurray reste extrêmement occupée. Dix jours après sa réouverture, l’organisme distribue environ quatre fois plus d’aide qu’avant l’incendie dans la ville.

    La grande majorité des clients n’avaient jamais eu besoin d’aide alimentaire avant. Il s’agit souvent de travailleurs qui sont revenus à Fort McMurray, mais qui n’ont pas encore de revenu parce que leur entreprise a toujours ses opérations à l’arrêt.

    Depuis l’incendie, la situation est totalement différente, observe la directrice de la banque alimentaire de Fort McMurray, Arianna Johnson. Elle n’avait jamais vu les clients faire la queue.

    fortmcmoney.com fortmacandthebeast.com #fortmcmoney #feu #petrole #sablesbitumineux #climat #pollution #environnement

  • L’ordre d’évacuation donné trop tard à Fort McMurray, selon deux pompiers | Feu de forêt à Fort McMurray | ICI.Radio-Canada.ca
    http://ici.radio-canada.ca/regions/alberta/2016/06/21/005-fort-mcmurray-ordre-evacuation-pompiers-risque-vie-danger.shtml

    Deux pompiers qui travaillaient le jour où a commencé le feu de forêt qui a ravagé Fort McMurray, au début du mois de mai, estiment que les autorités ont donné trop tard l’ordre d’évacuation, mettant la vie des habitants en danger.

    « Nous avons été chanceux d’avoir peu de décès. Cela aurait pu être pire », estime l’un des deux pompiers en entrevue avec CBC.

    D’après les deux pompiers, l’ordre d’évacuation aurait dû être donné dès le matin du 3 mai. Parmi les quelques milliers de personnes qui ont quitté leur domicile ce jour-là, deux adolescents sont décédés dans un accident de voiture sur l’autoroute 881, complètement congestionnée à cause d’une circulation trop dense.

    « La progression du feu était prévisible »

    Le 2 mai, le feu se situait à 1,2 kilomètre à l’ouest de la ville, avant de doubler en superficie le 3 mai, jusqu’à atteindre 2600 hectares. À ce moment-là, 37 pompiers étaient en exercice. L’après-midi, 115 de plus ont été appelés pour les aider.

    fortmcmoney.com fortmacandthebeast.com #fortmcmoney #feu #petrole #sablesbitumineux #climat #pollution #environnement

  • Le gouvernement veut contrer la fraude durant la reconstruction de Fort McMurray | Feu de forêt à Fort McMurray | ICI.Radio-Canada.ca
    http://ici.radio-canada.ca/regions/alberta/2016/06/29/013-fort-mcmurray-reconstruction-prevention-fraude-constructeurs-go

    Le gouvernement albertain a annoncé des mesures qui visent à s’assurer de la fiabilité des constructeurs embauchés pour reconstruire les édifices et maisons détruits à Fort McMurray à cause d’un feu de forêt.

    Les constructeurs devront maintenant fournir une déclaration incluant leur historique financier, leurs réalisations passées, leurs contrats en cours et les amendes qu’ils se sont vus imposer. Ces informations seront compilées dans un registre qui sera accessible au public en ligne.

    Les résidents de Fort McMurray qui veulent embaucher une entreprise pour reconstruire ou réparer leur maison auront donc davantage d’informations pour faire un choix éclairé.

    fortmcmoney.com fortmacandthebeast.com #fortmcmoney #feu #petrole #sablesbitumineux #climat #pollution #environnement

  • Fort McMurray et la Bête, un speed doc par @davduf
    http://fortmacandthebeast.com

    3 mai 2016. La plus grande catastrophe du #Canada s’abat sur Fort McMurray, le trésor de guerre du pays, troisième réserve mondiale de #pétrole. Les pompiers vont l’appeler « la Bête. » Il était temps de revenir dans cette ville où j’avais passé trois hivers.

    (avec une #cartographie_interactive que j’ai faite et qui permet de visualiser l’étendue des dégâts en la transposant « chez vous »)

  • L’ordre d’évacuation donné trop tard à Fort McMurray, selon deux pompiers | Feu de forêt à Fort McMurray | ICI.Radio-Canada.ca
    http://ici.radio-canada.ca/regions/alberta/2016/06/21/005-fort-mcmurray-ordre-evacuation-pompiers-risque-vie-danger.shtml

    D’après les deux pompiers, l’ordre d’évacuation aurait dû être donné dès le matin du 3 mai. Parmi les quelques milliers de personnes qui ont quitté leur domicile ce jour-là, deux adolescents sont décédés dans un accident de voiture sur l’autoroute 881, complètement congestionnée à cause d’une circulation trop dense.

    #fortmcmoney #feu #petrole #sablesbitumineux #climat #pollution #environnement

  • Russia significantly under-reporting wildfires, figures show | Environment | The Guardian
    https://www.theguardian.com/world/2016/jun/16/russia-significantly-under-reporting-wildfires-figures-show?CMP=share_b

    Forest wildfires rampaging across Russia are being significantly under-reported by authorities, according to analysis of satellite data.

    Climate change is making wildfires much more likely in Russia, but regional officials have been reluctant to report the true extent of the problem, and campaigners are warning that the harm to forests, property and human lives could rise.

    While the recent forest fires around Fort McMurray, Canada, destroyed more than 580,000 hectares, those in Russia have burned up to 3.5m hectares since the start of 2016, according to Greenpeace Russia. It said at least 1m hectares were in flames at the end of May in the country, which is home to the largest forests in the world.

    #Russie #forêt #incendie_de_forêt #climat

  • Promenons-nous dans les bois (1/4) : Feu de forêt à Fort McMurray : dompter « la bête »
    http://www.franceculture.fr/emissions/culturesmonde/culturesmonde-lundi-16-mai-2016


    Voici plus d’une semaine que la forêt autour de la ville de Fort McMurray au Canada est en proie à un incendie dévastateur. Comment gérer une catastrophe d’une telle ampleur, qui risque à tout moment de s’aggraver ? Et quelles conséquences sur l’économie de la région tournée vers les hydrocarbures ?

    #FortMcMoney #AutoPromo

  • Doit-on reconstruire Fort McMurray ? | Le Devoir
    http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/470933/doit-on-reconstruire-fort-mcmurray

    Perdre 10 % de sa ville, « c’est pas mal », nuance Alan March, professeur associé au Département d’urbanisme de l’Université de Melbourne, où les incendies de forêt sont fréquents. « Les villes qui évoluent rapidement changent de 1 % par année, et c’est considéré comme énorme », fait-il remarquer. Selon lui, Fort McMurray doit saisir l’occasion pour se réinventer.
     
    À ce sujet, le plan de restructuration du centre-ville de Fort McMurray, présenté en 2012 par des urbanistes de la municipalité de Wood Buffalo, est éloquent. Davantage de place pour les piétons et les cyclistes, quartiers plus concentrés pour réduire la dépendance à la voiture, recours aux énergies vertes pour limiter les besoins en pétrole : le document de près de 100 pages propose une vision complètement renouvelée de la communauté née de l’industrie des sables bitumineux.
     
    Mais cette industrie laissera-t-elle « sa » ville devenir verte ? « La durée de vie de la ressource, le pétrole, influencera le niveau d’implication des pétrolières », croit Alan March.

    #FortMcMoney

  • Remodeler les esprits après le désastre | Le Devoir
    http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/470890/remodeler-les-esprits-apres-le-desastre

    ’autres n’ont cependant pas le choix de miser sur la reconstruction. Ceux qui ont contracté une hypothèque pour l’achat d’une maison, par exemple. Le père de famille John-Paul Mweshi est du lot. Installé dans un hôtel du sud d’Edmonton avec sa femme et ses trois enfants depuis une dizaine de jours, le Congolais d’origine sera de ceux qui reconstruiront la vie normale à Fort McMurray.
     
    Entretemps, toutefois, il a la lourde tâche d’imaginer une solution un peu plus permanente pour trouver une école où ses deux plus vieux pourront terminer l’année scolaire. Il s’inquiète déjà de l’effet psychologique d’un départ aussi brusque pour les enfants. « Nous, les adultes, nous comprenons ce qui se passe. Les enfants, pas nécessairement. C’est la reconstruction émotionnelle qui prendra du temps. »
     
    L’aide psychologique, c’est justement la spécialité d’Angélina Gionet, directrice de l’Association canadienne-française de Wood Buffalo, la municipalité qui inclut Fort McMurray. Elle-même évacuée de la ville alors que sa maison était la proie des flammes, elle s’est réfugiée à Edmonton où elle organise maintenant le soutien psychologique des membres de sa communauté temporairement installés dans la capitale. « À Fort McMurray, nous avons l’habitude d’aider les gens en détresse. En temps normal, nous aidons ceux qui nous arrivent avec rien, qui sont en bas de l’échelle. »

    #FortMcMoney

  • Rien de tel qu’un bon incendie pour faire marcher le commerce…

    After Canada wildfire, a silver lining for businesses | Reuters
    http://www.reuters.com/article/canada-wildfire-winners-idUSL2N1880W3

    As the Canadian city of Fort McMurray prepares to rebuild after a wildfire reduced parts of it to ash, businesses from ’man camp’ suppliers to pizza parlors are preparing for a spike in demand as clean-up crews, builders and oil sands workers pour into the region.

    The fire destroyed more than 2,400 buildings, or around 10 percent of the Alberta city’s structures, damaged more than 500 others and forced some 90,000 people to flee.

    “As tragic as this situation is, there is a unique opportunity for a market that had gone very slow, to get some return of growth,” said Russell Dauk, vice president at Alberta builder Rohit Group.

    As oil markets weakened, Rohit’s building starts tumbled 80 percent in Fort McMurray over the last three years, forcing it to cut three-quarters of workers there.

    Providers of temporary housing, such as Houston-based Civeo Corp, say they are already busy with insurers and bankers who need somewhere to sleep after surveying damage. Its stock is up more than 21 percent since the fire started May 1.

    Civeo, the biggest supplier of worker accommodations to Canada’s oil sands projects, expects occupancy to rise at its seven lodges and 14,000 rooms in the area, said Chief Executive Bradley Dodson.
    […]
    Restaurants will be very busy for the first couple of weeks, as people will probably have to throw out their fridges and freezers,” he said.

    #man_camp plus ou moins camp de transit ou Algeco de logement…

  • Les feux de forêt continuent de semer la dévastation en Alberta
    http://www.wsws.org/fr/articles/2016/mai2016/feux-m10.shtml

    Bien que l’ampleur des dégâts reste à évaluer en détail, il y a un contraste frappant entre les rues résidentielles calcinées de la ville et la situation des infrastructures des compagnies pétrolières.

    Au moins 1600 structures ont été détruites à Fort McMurray. Le brasier a aussi fait rage près des usines de Suncor et d’autres sociétés pétrolières, mais parce qu’elles étaient entourées de zones coupe-feu et défendues par des pompiers entraînés spécifiquement pour cette éventualité, aucune d’entre elles n’a subi de dégâts importants. Cela remet en cause les affirmations des hauts responsables de la gestion des incendies qu’aucun coupe-feu, peu importe la largeur, n’aurait pu empêcher les flammes de détruire de grandes parties de la ville.

    Lors de l’émission Question Period sur le réseau CTV, le ministre fédéral de la Sécurité publique Ralph Goodale a confirmé que les usines pétrolières n’avaient pas été endommagées, ajoutant qu’« Elles pourront se remettre en marche relativement rapidement après que le danger soit passé. »

    #FortMcMoney

  • Des déchets nucléaires et toxiques étaient stockés à Fort McMurray (Alberta) par Renaud Gardette
    http://fr.euronews.com/2016/05/10/exclusif-des-dechets-nucleaires-et-toxiques-etaient-stockes-a-fort-mcmu

    A quelques kilomètres au sud de la ville de Fort McMurray, en partie ravagée par les flammes, une décharge nucléaire a été installée il y a quelques années : 42 500 m3 de minerais radioactifs, notamment de l’uranium et du césium. Existe-il un danger pour l’environnement aujourd’hui ? Selon nos informations, cette décharge a bien été prise au milieu du brasier géant, incontrôlable depuis le 1er mai.

    #Canada #Alberta #Fort_McMurray #incendies #déchets_nucléaires #radioactivité #décharge_nucléaire #pollution

  • Fort McMurray : Armageddon-sur-Oil
    http://www.bastamag.net/Fort-McMurray-Armageddon-sur-Oil

    En 2013, le jeu documentaire Fort McMoney nous plongeait dans la démesure d’une ville canadienne, Fort McMurray, soumise à l’extraction quotidienne de millions de barils de pétrole issus des sables bitumineux. Depuis une semaine, le feu ravage Fort McMurray : un quinzième de la ville aurait été dévasté. « Si Dieu revenait à Fort McMurray, il dirait : vous brûlerez en enfer ! », déclarait Jim Rogers, en 2013, dans Fort McMoney. Alors qu’Arte rediffuse ce soir la version film du webdocumentaire, son (...)

    #Témoignages

    / #Le_défi_du_réchauffement_climatique, #Epuisement_des_ressources, Pollutions , #Eviter_le_dépôt_de_bilan_planétaire, (...)

    #Pollutions_ #Climat

  • Alors que le gigantesque incendie qui s’est déclaré le 1er mai dans le nord de la province canadienne de l’#Alberta est en perte de vitesse… (re)lire le reportage d’Emmanuel Raoul dans cette région progressivement transformée en un marché du #pétrole sale au profit des multinationales et du voisin américain.

    Or noir contre peuples premiers canadiens - Sous les sables bitumineux de l’Alberta (avril 2010)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2010/04/RAOUL/18996 #st

    Il suffit de rouler 45 kilomètres vers le sud pour découvrir ce qui a remplacé ce mode de vie. Encombrée de pick-up et de poids lourds, l’autoroute 63 mène à Fort McMurray. En pleine forêt boréale, une vitrine du monde occidental : supermarchés et centres commerciaux, fast-foods et magasins d’alcool à chaque coin de rue, casino et bars à strip-teaseuses, drogues à profusion et sans-abri hagards. Longtemps surnommé « l’usine à fourrures », cet ancien village de trappeurs et de bûcherons est devenu « Fort McMoney », les effluves de pétrole évoquant l’odeur de l’argent pour des cohortes de jeunes actifs. Le nombre d’habitants y a triplé depuis le boom des sables bitumineux, passant de 34 000 en 1994 à 101 000 en 2009.

    Comment la ville-champignon gère-t-elle sa mutation ? « Pas très bien », reconnaît avec un sourire Mme Melissa Blake. Elue maire en 2004, elle dirige l’une des plus grandes communes du monde, la municipalité régionale de Wood Buffalo : plus de 63 000 kilomètres carrés couverts de forêt, truffés de sites miniers et industriels — quasiment la superficie de l’Irlande. Fort McMurray en est la seule ville. « En termes d’infrastructures, nous n’étions pas préparés à une croissance aussi brutale. » La hausse de la population — 8 % par an — a fait du secteur de l’immobilier le plus cher du pays : une maison de quatre chambres atteint plus de 620 000 dollars. Mieux vaut ne pas tomber malade, car il y a 1,7 médecin pour 10 000 habitants, et un urgentiste peut recevoir jusqu’à 156 patients en douze heures !

    « Je déteste cette ville : j’en suis parti sept fois, mais j’y reviens toujours, car il n’y a que là où je puisse gagner autant d’argent », avoue un jeune homme, dans un bar. Cet ouvrier gagne 32 dollars de l’heure, soit quatre fois le salaire minimum de sa province, la Colombie-Britannique. Toutefois, 98 % des habitants de Fort McMurray ne comptent pas y prendre leur retraite ; de ce fait, ils se soucient peu de l’impact de l’industrie pétrolière sur l’environnement ou sur les premières nations.

    http://zinc.mondediplo.net/messages/25786 via Le Monde diplomatique

  • La forêt n’en finit plus de brûler à Fort McMurray
    http://reporterre.net/La-foret-n-en-finit-plus-de-bruler-a-Fort-McMurray

    Sur la scène politique canadienne, peu se bousculent pour aborder le sujet. La chef du parti vert canadien, Elizabeth May, s’est même vue désavouée par Justin Trudeau, le premier ministre, après avoir avancé que le changement climatique était la cause de la catastrophe de Fort McMurray. « Il y a toujours eu des feux. Pointer une responsabilité en particulier en disant ’il se passe ceci à cause de ça’ n’aide pas beaucoup et n’est pas tout à fait juste. Il faut séparer un mouvement qui s’inscrit dans le temps à un événement particulier comme celui-ci », a t-il répondu lors d’une séquence de questions avec la presse le 4 mai. Un événement particulier que n’avait pas prévu la province de l’Alberta : son gouvernement, rappelle Edward Struzik ,avait réduit cette année son budget en prévention et gestion des incendies de plus de 14 millions !

    #FortMcMoney

  • Rachel Notley ira évaluer les dommages lundi | Le Devoir
    http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/470320/fort-mcmurray-le-combat-contre-l-incendie-pourrait-durer-des-mois

    Nombreux dégâts

    On ne sait pas encore quand les 80 000 citoyens de la municipalité pourront réintégrer leurs résidences, mais le gouvernement albertain a déjà entamé la planification préliminaire de ce retour, bien que la priorité reste de s’occuper de l’incendie.
     
    La première ministre de la province, Rachel Notley, a indiqué que l’approvisionnement en gaz avait été coupé dans la ville et que le réseau électrique avait été endommagé. L’eau de la ville n’est pas potable et les matières dangereuses devront être nettoyées pour assurer la sécurité de la communauté.
     
    « Le retour ne se fera pas dans les prochains jours, a-t-elle expliqué samedi. Une fois que le feu sera contrôlé, il y aura d’énormes travaux à effectuer pour rendre la ville habitable et sécuritaire. »
     
    Mme Notley a toutefois souligné que l’incendie brûlait en ce moment hors des communautés habitées. Les pompiers continuaient de protéger le centre-ville et les résidences de Fort McMurray, tenant les flammes à distance pour le deuxième jour consécutif, a précisé la première ministre.
     
    L’eau dans la ville n’est plus potable et des matières dangereuses devront être retirées avant que les résidants puissent rentrer chez eux.
     
    Selon l’inspecteur de la Gendarmerie royale du Canada, Kevin Kuntezki, qui a parcouru les maisons à Fort McMurray, plusieurs d’entre elles ont été endommagées par l’eau et la fumée.

    #FortMcMoney

  • « Fort Mc Money », « une parabole de la folie humaine »
    http://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/fort-mc-money-une-parabole-de-la-folie-humaine-809773.html
    http://www.bfmtv.com/i/226/127/8c3/9a1d346479b71ae9bb7af04389460.jpeg

    « Fort Mc Money », « une parabole de la folie humaine »

    David Dufresne est l’auteur du web-documentaire « Fort Mc Money », tiré du surnom de la ville de Fort McMurray au Canada, en proie actuellement à un incendie gigantesque. Le journaliste décrit « une ville far west sous la coupe des compagnies de pétrole », « une ville totalement privatisée », une « petite ville grand comme Poitiers qui règne sur territoire grand comme la Hongrie ».

    #FortMcMoney #Autopromo

  • Des travailleurs coincés sur le site d’une pétrolière | Feu de forêt à Fort McMurray | ICI.Radio-Canada.ca
    http://ici.radio-canada.ca/regions/alberta/2016/05/07/002-fort-mcmurray-petroliere-refuse-evacuation-cnrl-danger-travaill

    Une pétrolière au nord de Fort McMurray refuse d’évacuer ses travailleurs malgré le brasier qui continue de prendre de l’ampleur. La compagnie Canadian Natural Resources Limited (CNRL) estime qu’il n’y a aucun danger autour du site.

    Un employé, Jean-Marc Bujold, était à Calgary cette semaine, prêt à revenir à Montréal, quand sa compagnie a rappelé ses employés. Il est donc revenu au travail jeudi.

    « Ce matin, quand on s’est levé, on avait de la misère à voir à 75-100 pieds en avant. Le site est paralysé, on est quelque 1000 travailleurs », a-t-il dit à Radio-Canada samedi.

    La compagnie a laissé entendre aux employés qu’ils seraient peut-être évacués « dans les prochaines heures ». « On espère que ça va se faire, car on a deux feux de chaque bord qui s’en viennent vers nous », a ajouté M. Bujold, estimant que ses collègues commençaient à « paniquer ».

    Exposés à la fumée, les travailleurs commencent en outre à avoir mal aux yeux et à vomir, dit-il.

    #FortMcMoney

  • CANADA : Le brasier continue en Alberta et on évacue par convoi au milieu de l’enfer à Fort McMurray
    http://www.brujitafr.fr/2016/05/canada-le-brasier-continue-en-alberta-et-on-evacue-par-convoi-au-milieu-de

    Des feux de forêt dantesques ravagent la capitale canadienne du pétrole. Depuis plusieurs jours, les flammes ravagent la ville de Fort McMurray dans la province de l’Alberta au Canada. Mercredi 4 mai, ses 88.000 habitants ont été évacués. Construite pour...

  •  » Fort McMurray et changements climatiques : quelques données|Sciences dessus dessous
    http://blogues.lapresse.ca/sciences/2016/05/06/fort-mcmurray-et-changements-climatiques%c2%a0-quelques-donnees

    chaque année, l’indice de sécheresse au printemps à Fort McMurray augmente de 0,74 en moyenne. Ce qui signifie que, sur le dernier siècle, il a gagné en moyenne 74 points. Pour un indice qui tourne habituellement autour de 150-200, c’est vraiment considérable.

    Encore une fois, il ne faut pas perdre de vue que rien de tout cela ne permet d’attribuer les feux de Fort McMurray au réchauffement planétaire. Mais sur la question de savoir si ces derniers ont fait augmenter le risque de feu de forêt dans cette région-là — pas « quelque part dans l’avenir », hein, pas « dans l’ensemble du Canada », pas « à l’échelle de la planète », non : très concrètement autour de cette ville et au cours des dernières décennies —, la réponse est très claire…

    #fortmcmoney

  • Hors-Jeu, Fort McMoney, Dada Data : folle semaine !
    http://www.davduf.net/hors-jeu-fort-mcmoney-dada-data-folle-semaine

    Fort McMoney en flammes. Un Numix pour Dada-Data. Hors-jeu en route pour la finale C’est une semaine folle. Vraiment. D’abord, et avant tout, et par dessus tout : la ville de Fort McMurray est en flammes. 80 000 évacués, près de 2000 maisons en cendres, le feu partout. Fort McMurray fut l’objet de mon jeu documentaire Fort McMoney et du film Fort McMoney - Votez Jim Rogers ( Toxa / Arte / ONF). Si j’en crois les images et les cartes proposées par la presse, le camping, notre camping, est parti en (...)

    #Nouvelles_narrations

    / Une, #Sables_Bitumineux

    «http://seenthis.net/tag/fortmcmoney»
    «http://www.numix.ca/palmares/2016»