city:mediapart

  • Mediapart et Thévenoud : l’histoire d’une chute
    https://www.mediapart.fr/journal/france/010416/mediapart-et-thevenoud-lhistoire-dune-chute

    T. Thévenoud à l’Assemblée © Reuters Dans son livre Une phobie française, l’éphémère secrétaire d’État au commerce extérieur #Thomas_Thévenoud raconte que ses défaillances fiscales étaient connues au plus haut niveau de l’État. Son éviction du gouvernement au bout de neuf jours, il la devrait surtout à Mediapart. Que retenir de ce livre ? Nous revenons sur les dessous de l’affaire, et de notre enquête.

    #France #exemplarité #Jean-Louis_Nadal #Jean-Marie_Le_Guen #quitus_fiscal

  • Le système de pillage organisé à #Drouot vient enfin devant le tribunal
    https://www.mediapart.fr/journal/france/130316/le-systeme-de-pillage-organise-drouot-vient-enfin-devant-le-tribunal

    La vente des biens du #mime_Marceau à Drouot © Reuters Durant des décennies, un vaste trafic d’objets #volés a été organisé au sein même de l’hôtel des ventes de Drouot. Les deux filles du célèbre mime Marceau, parties civiles, expliquent à Mediapart comment elles ont été spoliées par les « cols rouges », ces commissionnaires agissant avec la complicité de commissaires-priseurs. Le procès s’ouvre lundi à Paris.

    #France #cols_rouges #commisaire-priseur #commissionnaire #enchères #hôtel_des_ventes #Justice #Savoyards

  • « Le gouvernement turc a provoqué la crise des réfugiés »
    https://www.mediapart.fr/journal/international/080316/le-gouvernement-turc-provoque-la-crise-des-refugies

    Pour cette eurodéputée rattachée au Front de gauche, Erdogan a sciemment laissé se former la crise des réfugiés en Europe pour construire un « instrument de pression sur l’UE ». « Les conventions internationales, on les respecte ou ce sont des chiffons pour faire joli ? » s’interroge-t-elle dans un entretien à Mediapart.

    #International #immigration #Marie-Christine_Vergiat #Parlement_européen #Recep_Tayyip_Erdogan #turquie #UE

  • iReMMO - Institut de Recherche et d’Etudes sur la Méditerranée et le Moyen Orient
    http://www.iremmo.org/spip/spip.php?article653

    Journée de décryptage organisée en partenariat par l’iReMMO et La Cimade à Montpellier, 11 décembre 2015.

    Premier panel Introduction et perspectives historiques

    La paix impossible

    Henry Laurens, professeur au Collège de France - chaire "Histoire contemporaine du monde arabe" - et à l’INALCO - Institut national des langues et civilisations orientales

    Modératrice : Chloé Fraisse-Bonnaud, directrice adjointe de l’iReMMO

    Deuxième panel : Réalité d’une situation et perceptions

    Comment nommer les choses ? Le mur, clé de voute du système d’occupation israélien

    René Backmann, ancien rédacteur en chef du service étranger de l’hebdomadaire Le Nouvel Observateur, aujourd’hui à Médiapart, auteur de l’ouvrage « Un Mur en Palestine ».

    Comment en est-on arrivé là ?

    Michel Warschawski, militant anticolonialiste israélien, président du Centre d’information alternative de Jérusalem

    Modérateur : Alain Bosc, membre de La Cimade

    Troisième panel : Perspectives – résilience- résistance

    La Palestine à la lumière des nouveaux développements internationaux

    Leïla Shahid, ancienne ambassadrice de Palestine de 1989 à 2015

    Les ilots de résistance en Israël et en Palestine

    Michel Warschawski, militant anticolonialiste israélien, président du Centre d’information alternative de Jérusalem

    Comment répondre au « Kairos » aujourd’hui ? Quelles formes de résilience et de résistance pour aboutir à une paix juste ?

    Nora Carmi, Coordinatrice de projets internationaux, Kairos Palestine

    L’accueil des réfugiés et des migrants : un véritable enjeu démocratique pour les associations israéliennes

    Geneviève Jacques, Présidente de La Cimade

    Modératrice : Chloé Fraisse-Bonnaud, directrice-adjointe de l’iReMMO

  • Justice : le bras droit du ministre a interdiction de toucher au dossier Pérol
    https://www.mediapart.fr/journal/france/120216/justice-le-bras-droit-du-ministre-interdiction-de-toucher-au-dossier-perol

    Le nouveau ministre de la justice, #Jean-Jacques_Urvoas, a choisi un directeur de cabinet dont l’épouse travaille avec #François_Pérol, le banquier au cœur d’une des plus grosses affaires politico-financières du quinquennat Sarkozy. Questionné sur ce conflit d’intérêts, le ministère a fait savoir à Mediapart qu’il était d’ores et déjà résolu.

    #France #BPCE #conflits_d'intérêts #HATVP #PNF #Thomas_Andrieu

  • #Jean-Luc_Mélenchon : « Je propose ma candidature pour #2017 »
    https://www.mediapart.fr/journal/france/100216/jean-luc-melenchon-je-propose-ma-candidature-pour-2017

    Le cofondateur du #parti_de_gauche a annoncé mercredi 10 février qu’il souhaitait être candidat à la #présidentielle de 2017. Dans un entretien à Mediapart, il expliquait déjà ses motivations. « Il y a des gens qui comptent sur moi. Sur ce qu’ils m’ont vu faire depuis 2012, tenir bon contre vents et marées, refuser tous les compromis et les arrangements », disait-il, tout en critiquant l’idée d’une #primaire. Il appelle à sortir des traités européens.

    #France #Front_de_gauche #GAUCHE_S_ #PG

  • #France Les 5e rencontres BDS font un carton...sans les journalistes - Nadir Dendoune @Courrier_Atlas

    http://www.lecourrierdelatlas.com/1074418012016Les-5eme-rencontres-BDS-font-un-carton...-sans-les-

    Malgré l’importance de l’évènement, peu de médias à l’arrivée. A part, quelqu’un du quotidien local La Marseillaise, un canard classé très gauche, « la cousine du journal l’Humanité », dixit fièrement notre consoeur, et un journaliste indépendant qui devrait arriver à « vendre un papier » à Médiapart, les journalistes ont boudé la conférence de presse qui venait clôturer les 5ème rencontres annuelles de BDS France qui ont eu lieu à la bourse du travail de Marseille ce samedi 16 et dimanche 17 janvier.

  • #Cécile_Duflot : « En l’état, #François_Hollande ne peut pas être le candidat de la gauche et des écologistes en 2017 »
    https://www.mediapart.fr/journal/france/170116/cecile-duflot-en-letat-francois-hollande-ne-peut-pas-etre-le-candidat-de-l

    Cécile Duflot, députée #EELV et ancienne ministre du logement. © Reuters Dans un grand entretien à Mediapart, l’ancienne ministre écologiste revient sur le contexte politique actuel, « ce moment où une raison prétendument supérieure écrase toute réflexion collective et personnelle ». Interrogeant le passé historique de la gauche française et son avenir, elle appelle à la formation d’« un rassemblement qui sache où il va, en alliant ceux qui défendent les humiliés et ceux qui défendent l’écologie ».

    #France #écologie_politique #élection_présidentielle_2017 #GAUCHE_S_ #Manuel_Valls #primaire_à_gauche

  • OGM : L’ex-président de la CGB mis en examen pour " faux " et " usage de faux " - Bioaddict
    http://www.bioaddict.fr/article/ogm-l-ex-president-de-la-cgb-mis-en-examen-pour-faux-et-usage-de-faux-a522

    Un pas de trop. La production de faux documents lors d’un procès en diffamation qui l’opposait à Gilles-Eric Séralini a été le pas de trop qui aura fait trébucher Marc Fellous.

    Pour rappel, le Comité de recherche et d’information indépendante sur le génie génétique (CRIIGEN) publie en 2009 les résultats d’une contre-expertise internationale réalisée sur les tests de sécurité pratiqués par la firme Monsanto sur trois maïs OGM, contre-expertise à laquelle a participé Gilles-Eric Séralini. Monsanto n’avait communiqué aux autorités qu’une version favorable à l’obtention des agréments, dissimulant la plupart des données au nom du « secret industriel », comme l’a écrit Jacques Testart, président de la Fondation Sciences Citoyennes, sur le site Mediapart .

    Médiapart auxiliaire de justice et qui a révélé l’adresse du laboratoire que Serallini avait refusé de donner lors du procès.

    OGM : le labo secret de Séralini

    Auditionné à l’Assemblée nationale, le professeur Séralini a refusé de dévoiler l’identité du laboratoire où il a mené son étude sur les rats nourris aux OGM. Mediapart a retrouvé ce labo secret, dans un parc technologique à Saint-Malo.

    Un bâtiment high-tech de couleur sombre, éclairé de pignons en bois clair, posé sur une vaste étendue verte, bordée de champs de maïs, à la périphérie de Saint-Malo. À quelques centaines de mètres, des moutons paissent dans l’enclos d’une ferme. De jeunes arbres sont plantés tout autour du bâtiment, protégé par une clôture grillagée. Sur le parking, un panneau vertical blanc et bleu porte l’indication « C.Ris Pharma ». C’est là que, dans le plus grand secret, a été menée, entre fin 2008 et fin 2010, la fameuse étude du professeur Séralini sur des rats exposés à la consommation d’un maïs OGM de Monsanto.

    Médiapart et le lobby pro-OGM
    http://endehors.net/news/mediapart-et-le-lobby-pro-ogm
    Il était un temps où Médiapart faisait sérieusement son travail d’investigation sur le lobby pro-OGM et son pouvoir d’influence des politiques : on lira avec intérêt l’article de Jade Lindgaard "Comment le Sénat et les lobbies ont réécrit le projet de loi OGM"

    Dans cette article celle-ci y décrivait l’action de l’AFIS, orgnisation scientiste pro-OGM : "Le jeudi 17 janvier, l’Association française pour l’information scientifique (AFIS), parrainée par des chercheurs dénonçant la « technophobie des anti-OGM », invite élus et journalistes à un « post-Grenelle de l’environnement » au Sénat, parrainé par Jean Bizet et le député socialiste Jean-Yves Le Déaut. Il s’agit de démontrer que les biotechnologies peuvent servir à « l’agriculture durable ». « Ce fut une grand messe pro-OGM au cœur du Sénat, décrit Jacques Muller, les interventions étaient unilatérales. » Jean Bizet ne le dément pas : « Majoritairement les gens étaient pro-OGM. C’était organisé par l’AFIS, je ne maîtrisais pas tout. »

    Aujourd’hui M. De Pracontal journaliste scientifique à Médiapart et auteur d’articles partisans sur l’étude des effets des OGM par le professeur Séralini, participe à une table ronde organisée par l’AFIS : Sylvestre Huet, Michel de Pracontal : comment informer sur les OGM ?

    Connaissant le point de vue pro-OGM de l’AFIS, il ne s’agit pas bien sur d’une table ronde où pourront s’exprimer tous les points de vue mais uniquement ceux de deux journalistes ayant pris clairement position contre l’étude de Séralini.

    Il est bien loin le temps où Médiapart enquêtait sur ce sujet de manière indépendante.

  • Le journalisme est-il menacé par la surveillance de masse ?
    (France Culture, « La Grande Table, 2ème partie », 05/10/2015)

    "Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de rose. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie."
    ( Albert Londres )

    Invités :
    Fabrice Arfi, journaliste d’investigation à Mediapart
    Géraldine Muhlmann, professeur de sciences politiques, Université Paris XI.

    aujourd’hui le journaliste chez Médiapart Fabrice Arfi qui nous parle de la situation de l’information en France. Alors que la loi renseignement est entrée en vigueur samedi, la Cour Européenne des Droits de l’Homme a immédiatement été saisie d’un recours par des journalistes de l’association de la presse judiciaire qui dénoncent une surveillance de masse et craignent de ne plus pouvoir faire leur travail. Le journalisme serait-il menacé dans notre démocratie ?

    http://www.franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/10/s41/NET_FC_560db2eb-e0cf-4a57-be8d-28644816629f.mp3

    Fabrice Arfi est journaliste à Médiapart et il dirige deux ouvrages collectifs : Informer (n’)est (pas) un délit (Calmann-Lévy) qui décrypte les censures et obstacles subis par les journalistes d’investigation et La République sur écoute (Don Quichotte) à propos de la surveillance de masse.


    http://www.amazon.fr/Informer-nest-pas-d%C3%A9lit-nouvelles/dp/270215865X


    http://www.amazon.fr/R%C3%A9publique-sur-%C3%A9coute-Chroniques-surveillance/dp/2359495313

    #journalism #journalisme #journalist #journaliste
    #secret_des_sources
    #surveillance #surveillance_de_masse #mass_surveillance
    #mediapart

  • #France : des ouvriers exposés au cadmium poursuivent le groupe #Saft
    http://multinationales.org/France-des-ouvriers-exposes-au-cadmium-poursuivent-le-groupe-Saft

    Le groupe français Saft est le leader mondial des batteries haute technologie. Soixante-dix ouvriers de son usine de Nersac, près d’Angoulême, poursuivent leurs dirigeants pour « mise en danger de la vie d’autrui », après avoir été exposés au cadmium pendant des années. Reportage de #Mediapart. Marie-Thérèse ne parvient pas « à remonter la pente ». « Peut-être que je n’y arriverai qu’une fois sous terre », dit-elle, la voix noyée par les larmes. Elle refuse « les médicaments et le psy pour aller mieux », « ne (...)

    Actualités

    / Mediapart, France, Saft, #Santé_et_sécurité_au_travail, #santé_et_sécurité_au_travail, #santé_environnement, #cancers_professionnels, #droits_des_travailleurs, #démocratie_dans_l'entreprise, responsabilité juridique des (...)

    #responsabilité_juridique_des_entreprises
    « https://www.mediapart.fr/journal/economie/101115/des-petits-ouvriers-contre-un-geant-de-l-industrie-devant-le-tribunal-dang »

  • « Il va falloir se poser des questions sur les dispositifs d’intervention multi-#attentats, constate un policier parisien. Nous avons été dépassés sur tout. »

    https://www.mediapart.fr/journal/france/191115/comment-manuel-valls-ete-exfiltre-300-metres-des-tirs

    « C’est de la communication », commente un haut responsable policier à Paris.

    http://lemonde.fr/police-justice/article/2015/11/23/dans-le-val-d-oise-recit-d-une-perquisition-musclee_4815543_1653578.html

    • Comment Manuel Valls a été exfiltré à 300 mètres des tirs (Mediapart) « Les policiers ont évacué M. #Valls cinq minutes après les tirs. » C’est le récit du patron d’un café voisin du domicile du premier ministre, et situé à trois cents mètres de l’attaque de la rue de Charonne. « On a entendu les coups de feu, explique-t-il à Mediapart, et on a pensé à un règlement de comptes. Une personne est arrivée en courant, et elle est allée vers les policiers qui se trouvaient en face. Ils se sont mis en position de tir (en joue). Très vite M. Valls est parti. » Dans un autre bar, aussi, le départ du premier ministre n’est pas passé inaperçu. « On a entendu les coups de feu d’ici, explique l’autre patron. On a vu un convoi qui emmenait Manuel Valls : il y avait cinq ou six voitures noires. »

      La présence de Valls dans le quartier est notoire. Il n’hésitait pas à prendre longuement la pose aux terrasses de certains cafés. Et à fait interdire par force #police bien de manifestations de sans papiers qui risquaient de passer sous ses fenêtres.

      #onépluchénou

      #paywall

    • #police #renseignement #services_secrets

      Un ex-directeur de la DGSE : « On a baissé la garde sur le renseignement humain » | Mediapart
      https://www.mediapart.fr/journal/france/201115/un-ex-directeur-de-la-dgse-baisse-la-garde-sur-le-renseignement-humain?ong

      Manquons-nous de renseignements en provenance de pays déstabilisés ou en guerre comme la Syrie, l’Irak, la Libye ?

      Alain Chouet : Énormément, oui. La France a rompu tous les liens de la DGSE avec les services syriens. Or les services secrets sont faits pour dîner avec le diable, sinon ils ne servent à rien. Que le pouvoir politique ait voulu rompre avec le régime syrien, c’est une décision qu’il a toute légitimité pour prendre. Mais le rôle des services spéciaux est de permettre – si besoin est – de maintenir un canal discret de communication.

      Quand, récemment, les services syriens ont tenté de rétablir un canal discret via d’anciens responsables des services français [il s’agit notamment de Bernard Squarcini, l’ancien patron de la DCRI – ndlr], il leur a été opposé un refus catégorique. Que ce soit à droite ou à gauche, il y a une méconnaissance de ce qu’est un service spécial. Notre métier est de garder le contact avec des gens infréquentables. Nous ne sommes ni des juges, ni des flics, ni des diplomates, qu’on nous laisse parler aux agents syriens ne serait pas une reconnaissance politique du régime de Bachar.

      Avec la Libye et l’Irak, on a aussi perdu quelques bons clients ces dernières années. Ce n’était pas toujours blanc de poil, mais on avait l’habitude de travailler avec eux contre la violence islamiste. On savait que sur une liste de 50 islamistes qu’ils nous envoyaient, il y avait en fait cinq opposants à leur régime. On en tenait compte. Aujourd’hui, on est aveugles, on n’a plus rien qui vienne de ces trois pays. Et dans les zones grises où il n’y a plus vraiment de pouvoir d’État, au Sahel ou ailleurs, il est difficile d’envoyer un blond aux yeux bleus se trimballer, ou de recruter des agents sur place, avec des groupes islamo-mafieux très dangereux qui tuent sans hésiter.

      (…) À la #DGSE aujourd’hui, il doit y avoir 4 500 à 5 000 personnes, dont 1 000 qui font de l’administratif. Le problème n’est pas tant les effectifs que la qualité et l’utilisation des effectifs, comme à la #DGSI. J’ajoute qu’à la #gendarmerie, il y a 80 000 personnes qui, à une époque, quadrillaient le territoire et parlaient à tout le monde. On les a reconvertis en percepteurs d’impôts et pères Fouettard sur le bord des routes, au lieu de créer un corps spécifique, une police des routes. Du coup, le maillage territorial du renseignement et la défense opérationnelle du territoire ont été affaiblis.

  • Hollande a conduit une politique aventureuse au Proche-Orient

    Le porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle et son groupe aéronaval quitteront leur base de Toulon mercredi 18 novembre pour la Méditerranée orientale où ils arriveront à la mi-décembre pour participer aux opérations contre Daech (acronyme de l’État islamique en Irak et au Levant, autoproclamé) et ses groupes affiliés. Annoncé il y a une quinzaine de jours par un communiqué de l’Élysée, cet appareillage est sans rapport avec les attentats de vendredi dernier à Paris. Il répond en revanche à la volonté de renforcer à la fois le potentiel de frappe français dans la région et la visibilité de l’implication militaire de Paris, au moment où l’engagement russe sur le terrain bouleverse les rapports de force et les données diplomatiques.

    Les 12 Rafale, les 9 Super-Étendard et l’avion de surveillance Hawkeye, embarqués à bord du Charles-de-Gaulle, s’ajouteront aux 6 Rafale basés aux Émirats arabes unis et aux 6 Mirage 2000 déployés en Jordanie, pour porter à 33 le nombre d’appareils de combat à la disposition de l’Élysée aux frontières de l’Irak et de la Syrie. C’est modeste, comparé à l’énorme armada (près de 500 appareils) déployée par les États-Unis dans la région. Suffisant, pour donner à Paris une voix dans le débat diplomatique et stratégique. Insuffisant pour disposer de l’autorité que revendiquent les dirigeants français.

    Engagée depuis septembre 2014 au sein de la coalition d’une soixantaine de pays réunie par les États-Unis, la France participe – modestement – aux opérations destinées à endiguer l’expansion de l’État islamique. Selon les statistiques de la coalition, la part de l’aviation française dans les frappes lancées depuis un an est d’environ 5 % ; l’armée de l’air américaine, forte de ses bases dans la région et de ses porte-avions, assumant la majorité (67 %) des bombardements contre les installations et les troupes de l’État islamique.

    Dans un premier temps, ainsi que l’avait précisé François Hollande en annonçant qu’il avait décidé de répondre à la demande d’appui aérien du gouvernement de Bagdad, les frappes françaises ont été concentrées sur des cibles irakiennes. « Nous ne pouvons pas intervenir [en Syrie], affirmait le chef de l’État en février 2015, car nous ne voulons pas courir le risque que notre intervention puisse aider Assad ou Daech. » Les Rafale et les Mirage limitent alors leur horizon au ciel irakien. Selon l’état-major français, plus de 450 objectifs de l’EI en Irak auraient été atteints et détruits en un an.

    Mais le 8 septembre dernier, changement de stratégie. Deux Rafale, basés aux Émirats arabes unis, entreprennent un premier « vol de reconnaissance » au-dessus de la Syrie pour identifier des cibles éventuelles. « L’Élysée et la Défense, expliquait alors à Mediapart une source informée, ont décidé de constituer et de tenir à jour une liste d’objectifs qui pourraient être frappés en représailles après un attentat de Daech contre la France, ou qui peuvent être frappés préventivement, pour empêcher des attentats en préparation ou pour désorganiser l’infrastructure politico-militaire de Daech, conformément au principe de légitime défense mentionné dans la charte des Nations unies.

    « L’une des difficultés majeures est que les installations de Daech sont dispersées sur un vaste territoire et souvent au sein de la population civile, ce qui implique une préparation et une exécution minutieuse des frappes. En plus d’être moralement difficiles à défendre, des dégâts collatéraux seraient exploités par l’appareil de propagande de l’État islamique et seraient totalement contre-productifs. »

    Moins de trois semaines plus tard, 6 appareils français dont 5 Rafale frappent un camp d’entraînement de Daech près de Deir Ez-Zor, à l’est de la Syrie. Avant les frappes de représailles déclenchées dans la nuit du 15 au 16 novembre sur Raqqa, moins d’une demi-douzaine d’autres raids avaient été lancés, notamment contre des installations pétrolières exploitées par Daech. Comment s’explique cette volte-face de François Hollande ? Officiellement, pour Paris, les enjeux ont changé sur le terrain : Daech est devenu l’ennemi principal, devant Assad. « C’est Daech qui fait fuir, par les massacres qu’il commet, des milliers de familles », avance François Hollande lors de sa conférence de presse du 7 septembre. « Notre ennemi, c’est Daech, Bachar al-Assad, c’est l’ennemi de son peuple », précise même le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian lors d’une interview à France Inter, le 16 septembre.

    Il est clair que l’État islamique, par sa pratique quotidienne de la terreur dans les zones qu’il contrôle, et par la mise en scène constante, sur les réseaux sociaux, de sa propre violence, incite à la fois les Syriens à fuir en masse et propage, à l’extérieur, l’image d’une barbarie de nature à nourrir un exode. De là à négliger la sauvagerie du régime d’Assad, le largage de barils d’explosifs sur les zones civiles, le recours permanent à la terreur et à la torture, il y a un pas. Que François Hollande et Laurent Fabius, pourtant ardents partisans du « dégagement » de Bachar, ont franchi.

    La pression du ministère de la défense

    Pourquoi, avant même le carnage organisé par Daech à Paris, François Hollande et son ministre des affaires étrangères ont-ils tout à coup changé d’avis ? Parce que depuis un an au moins, l’état-major et le ministère de la défense, qui disposaient de renseignements précis, demandaient, parfois contre l’avis du Quai d’Orsay, l’autorisation de mener des frappes sur la Syrie. Là se trouvent, expliquaient-ils, la tête, le gros de l’infrastructure et les camps d’entraînement de l’EI qui nous menace. Mais aussi parce que trois événements, de nature différente, mais tous liés à la perception que le public, en France, peut avoir de la crise du Proche-Orient, se sont succédé en moins de deux semaines. Et ont convaincu le président français – et ses conseillers en communication – de changer de ligne sur la Syrie.

    Le premier a été l’attentat avorté, grâce à l’intervention de passagers courageux, à bord du train Thalys, le 21 août 2015, dans le nord de la France. Le terroriste, Ayoub el-Khazzani, un citoyen marocain, qui était armé d’une kalachnikov, d’un pistolet automatique et de neuf chargeurs, n’était à première vue pas lié au conflit syrien mais membre de la mouvance islamiste radicale et incarnait la menace du djihadisme international sur la vie quotidienne, la liberté de mouvement, la sécurité des Européens et en particulier des Français. Il a ravivé, dans le public, la conviction que le terrorisme était, aussi, à nos portes.

    Le deuxième événement a été la découverte, le 2 septembre, sur une plage de Bodrum en Turquie, du cadavre du petit Aylan, mort noyé, comme son frère et sa mère, après le naufrage de l’embarcation qui devait leur permettre de rejoindre l’île grecque de Kos. Alors que l’Europe entière était confrontée à l’exode des Syriens fuyant la terreur et à un constat cruel sur les limites de sa compassion et de son hospitalité, la photo du petit cadavre, diffusée en quelques heures dans le monde entier par les réseaux sociaux, est aussi apparue comme une interrogation sur la responsabilité et l’indifférence des Européens face à la tragédie qui broie leurs voisins du Sud.

    Le troisième événement a été la destruction, le 31 août 2015, du temple de Bêl à Palmyre, rasé au bulldozer par les combattants de l’État islamique, suivi quelques jours plus tard par le dynamitage des tours funéraires sur le même site. Revendiqué avec une jubilation tapageuse par les djihadistes, ce crime contre l’héritage culturel mondial inestimable que représentait Palmyre illustrait jusqu’à la caricature l’intolérance fanatique des dirigeants de Daech et leur volonté aveugle de détruire tout ce qui a précédé l’islam tel qu’ils le conçoivent et d’interdire toute autre célébration que celle de leur Dieu.

    Aux yeux des communicants de l’Élysée et du Quai d’Orsay, il y avait là une convergence de facteurs qui ne pouvait être négligée et qui incitait à décider un changement d’attitude face à la Syrie. L’émotion, l’inquiétude et l’indignation permettaient de le « vendre » à l’opinion publique française, faute de le rendre lisible à nos alliés et cohérent aux yeux des observateurs avertis. Est-ce ainsi, en faisant converger l’actualité et la communication, qu’on définit et met en œuvre une politique étrangère ? Beaucoup en doutent parmi les diplomates, en fonction ou mués en experts et consultants par la retraite.

    Invité début octobre à tirer les conclusions d’un colloque intitulé « La France a-t-elle encore une politique au Moyen-Orient ? », l’ancien ministre des affaires étrangères Hubert Védrine a pris la parole en prévenant : « J’espère ne désespérer personne », avant d’admettre qu’il « y a bien une politique étrangère française de facto », mais qu’elle se résume au Proche-Orient à des « morceaux de politique française juxtaposés ». « La France n’a pas de véritable vision », déplorent des personnalités aussi différentes que Bertrand Badie, professeur de relations internationales à Sciences Po, Yves Aubin de La Messuzière, ancien diplomate, excellent connaisseur du monde arabe, ou Marc Trévidic, ancien juge d’instruction au pôle antiterroriste de Paris.

    Pourquoi ? D’abord, peut-être parce que la définition de la politique française, en particulier dans cette partie du monde est partagée, voire parfois disputée, entre l’Élysée et le Quai d’Orsay, avec dans le dossier syro-irakien, une forte présence de la Défense. Ensuite parce que les équations personnelles des principaux responsables, l’influence de leurs principaux conseillers, le poids et l’héritage des différentes administrations n’aident pas à construire une cohérence. Ensuite parce que, comme le relève un diplomate « notre politique actuelle au Proche-Orient est plutôt de réaction que d’action. Elle manque cruellement de réflexion sur la longue durée ».

    Si au Maghreb, la politique de la France, selon Hubert Védrine, consiste à « s’entendre le moins mal possible simultanément avec l’Algérie et le Maroc », au Machrek, elle est peu cohérente, déséquilibrée, au point de faire redouter à certains diplomates de ne plus correspondre aux intérêts fondamentaux, à long terme, de notre pays.

    L’exemple des relations entre la France et l’Arabie saoudite illustre parfaitement ce travers. Sur quoi sont-elles fondées ? Sur l’examen pragmatique des forces et faiblesses de ce pays ? Sur son respect des valeurs auxquelles la France est, en principe, attachée ? Sur son influence positive et stabilisatrice dans la région ? Sur l’évaluation à long terme de nos intérêts respectifs ? On peut en douter.

    En choisissant de faire de cette monarchie absolue wahhabite, qui a déjà exécuté 146 condamnés depuis le début de l’année, notre partenaire privilégié au Moyen-Orient, François Hollande et Laurent Fabius, efficacement aidés par le précieux Jean-Yves Le Drian, ont donné la priorité à leur chère « diplomatie économique », sacrifié quelques principes et dilapidé quelques cartes diplomatiques de valeur.

    L’alliance privilégiée avec le camp sunnite

    Le régime saoudien nous a acheté des hélicoptères de combat, des navires de patrouille, des systèmes de surveillance. Des centrales nucléaires EPR et une vingtaine d’autres projets sont en discussion. L’Arabie saoudite nous a aussi commandé 3 milliards de dollars d’armement destinés à l’armée libanaise et a réglé la facture des deux navires Mistral, vendus à l’Égypte. Les princes saoudiens ont-ils été guidés dans ces choix par leur seule confiance dans la technologie française ? Non.

    Les faveurs faites depuis quelques années à Paris sont surtout pour Riyad une manière de manifester sa mauvaise humeur à Washington et de rétribuer la France pour son zèle. Les princes reprochent à Obama d’avoir renié son engagement en refusant de frapper Damas à l’automne 2013, lorsque le régime syrien a utilisé des gaz chimiques contre son propre peuple, alors que les avions français étaient prêts à décoller pour participer à des représailles internationales. Ils lui reprochent aussi le rôle majeur joué par Washington dans la négociation de l’accord sur le nucléaire iranien, qui a rouvert à Téhéran les portes du concert des nations. Là encore, ils opposent l’attitude de Washington, jugée exagérément complaisante à l’égard des mollahs, à celle de Paris, longtemps réticent à la normalisation des relations avec l’Iran.

    En demeurant silencieux sur le caractère médiéval du régime saoudien, sur le statut quasi esclavagiste de la femme, sur les violations innombrables des droits de l’homme, en oubliant que la doctrine religieuse du royaume, le wahhabisme, a servi de terreau à tous les djihadistes ou que de nombreux princes ou personnalités ont été – ou demeurent ? – de généreux mécènes pour les mouvements islamistes radicaux, à commencer par celui d’Oussama Ben Laden, Paris ne manque pas seulement à ses devoirs moraux – la diplomatie a pris l’habitude de s’en affranchir – mais apparaît, aux yeux de toute la région, comme l’allié privilégié des régimes sunnites. D’autant que ces bonnes dispositions à l’égard du royaume saoudien s’étendent aussi aux monarchies du Golfe, wahhabites également, à commencer par le richissime Qatar, qui a commandé 24 Rafale.

    Témoignage suprême des bonnes dispositions des émirs à son égard, François Hollande a été invité en mai dernier, hommage exceptionnel, à participer à une réunion du Conseil de coopération du Golfe, qui réunit autour de l’Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït, Bahreïn, les Émirats arabes unis et Oman. Difficile après cela, pour les diplomates français, de critiquer l’écrasement des revendications démocratiques à Bahreïn ou de reprocher à l’aviation saoudienne, engagée aux côtés du régime dans la guerre civile du Yémen, de bombarder sans scrupule, en plus des populations civiles, les trésors du patrimoine architectural. Difficile aussi de dénoncer le rôle de certaines familles ou institutions wahhabites du Golfe dans le financement des groupes djihadistes…

    Discutable sur le plan diplomatique, ce choix de l’alliance privilégiée avec le camp sunnite est aussi contestable sur le plan stratégique, notamment au regard du rôle que Paris entend jouer dans la lutte contre Daech et la résolution de la crise syrienne. Surtout au moment où l’Iran, de retour sur la scène diplomatique internationale après la conclusion de l’accord sur le nucléaire et sur le point de disposer de nouveau des revenus de ses hydrocarbures, entend retrouver son rang et disputer à Riyad le rôle de première puissance de la région.

    « En s’enfermant dans le rôle de “bad cop”, pendant les négociations sur le nucléaire iranien, la France s’est trompée, estime François Nicoulaud, ancien ambassadeur en Iran. Son choix était d’autant moins judicieux qu’elle a assez peu pesé dans la négociation, écrasée par le rouleau compresseur américain. »

    En Irak, il est clair aujourd’hui qu’aucune solution ne peut être trouvée, pour la stabilisation du régime comme pour la lutte contre Daech, sans la contribution de l’Iran, majeure à ce jour, et de la Russie. Paris semble en avoir pris son parti en poursuivant sa modeste contribution à la coalition militaire internationale. En Syrie, où Moscou et Téhéran participent à la défense du régime de Bachar al-Assad contre son opposition et dans une moindre mesure contre l’État islamique, Paris, après avoir cru à la chute de Bachar puis soutenu, sans grand succès, les composantes non djihadistes de l’opposition qui combattaient le régime, est en train d’évoluer, sous la pression des faits, c’est-à-dire du rapport de force sur le terrain.

    Alors qu’il proclamait, depuis le début de la crise, comme son ministre des affaires étrangères, que « Bachar ne fait pas partie de la solution » à la crise syrienne, François Hollande admettait, début septembre, que le départ du dictateur syrien sera « à un moment ou à un autre posé dans la transition ». L’entrée en scène, sur le plan militaire, de la Russie aux côtés du régime syrien, l’admission à la mi-septembre par le secrétaire d’État américain John Kerry que « le départ [d’Assad] ne doit pas forcément avoir lieu le premier jour du premier mois de la transition », ont dilué, de fait, le poids de la position française dans les discussions sur la recherche d’une sortie de crise. Au point qu’à l’assemblée générale de l’ONU, fin septembre, Ban Ki-moon n’a même pas mentionné la France parmi les pays (États-Unis, Russie, Arabie saoudite, Iran, Turquie) qui pouvaient jouer un rôle dans la résolution du conflit syrien.

    L’offensive terroriste internationale de Daech – attentats meurtriers en Turquie, explosion en vol revendiquée de l’avion russe qui survolait le Sinaï, carnage de la semaine dernière à Paris – semble avoir provoqué un consensus au moins provisoire contre l’EI. Au cours de la conférence internationale qui réunissait samedi dernier à Vienne les représentants de 17 pays – dont la Russie, les États-Unis, la France, l’Iran, la Turquie, les pays arabes –, des divergences persistaient sur le destin de Bachar al-Assad et sur la liste des groupes syriens qui doivent être acceptés comme mouvements d’opposition ou sont rejetés comme terroristes.

    Mais selon Laurent Fabius, l’accord était presque total sur la nécessité de « coordonner la lutte internationale contre le terrorisme » et une feuille de route définissant un calendrier de transition politique en Syrie a été adoptée. « Au cours des discussions, a constaté un diplomate étranger, il était clair que la France, l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie partageaient des positions communes, ou très voisines, sur les groupes rebelles syriens qui doivent participer à la transition. »

    Le tropisme pro-israélien mal maîtrisé de Hollande

    La priorité donnée à la « diplomatie économique », c’est-à-dire aux contrats spectaculaires, est si décisive qu’elle assourdit les jugements, voire les mises en garde des diplomates sur le terrain. La vente des navires Mistral à l’Égypte, payée par l’Arabie saoudite, a ainsi été décidée en tenant compte du poids majeur de Riyad dans l’économie égyptienne – qui permet au Caire d’affirmer à l’étranger sa légitimité – mais en négligeant les faiblesses de l’alliance égypto-saoudienne, pourtant relevées dans une note à diffusion restreinte de l’ambassadeur de France, André Parant, du 9 juillet dernier.

    « Il est […] clair, notait le diplomate, que la volonté affichée des nouvelles autorités saoudiennes de donner en politique étrangère la priorité au rassemblement du camp sunnite pour faire face à l’Iran nourrit certaines inquiétudes au Caire. […] La solidité de cette alliance […] n’exclut pas une forme de rivalité traditionnelle entre ces deux poids lourds du monde arabe ni des divergences parfois significatives sur le fond. »

    Cette politique aventureuse, dictée par les gros contrats, les coups de cœur et les coups de sang plutôt que par les visions stratégiques à long terme, caractérise de larges pans de l’action diplomatique française au Proche-Orient. Ils ne suffisent pas à expliquer les choix de l’Élysée et du Quai d’Orsay dans un autre dossier régional majeur, celui du conflit israélo-palestinien.

    Sans doute la France reste-t-elle fidèle à sa position traditionnelle en faveur de la création d’un État palestinien viable et indépendant, aux côtés de l’État d’Israël. Sans doute, Laurent Fabius a-t-il multiplié récemment, sans grand succès il est vrai, les initiatives, notamment au sein du Conseil de sécurité, pour faire adopter des résolutions condamnant l’occupation et la colonisation israéliennes. Mais l’Élysée, depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande, n’a cessé d’être en retrait sur ce dossier, voire d’adopter des positions pro-israéliennes qui constituent un véritable virage par rapport à la politique française traditionnelle.

    « J’ai découvert ce penchant de Hollande, confie un diplomate, pendant son premier voyage officiel en Israël, en novembre 2013, lorsqu’il est apparu que dans la version originelle de son discours devant la Knesset, il avait oublié de mentionner l’attachement de la France à la création d’un État palestinien. L’oubli a été réparé, mais c’était un signe. »

    Signe confirmé par les témoignages d’amitié prodigués, au-delà du protocole, par le président de la République à son hôte, lors du dîner officiel offert par Benjamin Netanyahou. Après avoir entendu le récital d’une chanteuse israélienne, François Hollande, se tournant, visiblement ému, vers le premier ministre israélien, a déclaré : « Je voudrais avoir la voix de cette chanteuse pour dire tout l’amour que je porte à Israël et à ses dirigeants. »

    Cet amour va parfois jusqu’à rendre le président de la République amnésique. Répondant, le 14 juillet dernier, aux questions des journalistes sur l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, François Hollande a avancé cette explication – selon le texte disponible sur le site de l’Élysée : « Qu’est-ce qu’était ma préoccupation ? Éviter la prolifération nucléaire. Cela veut dire quoi, la prolifération nucléaire ? Cela voulait dire que l’Iran puisse accéder à l’arme nucléaire. Si l’Iran accédait à l’arme nucléaire, l’Arabie saoudite, Israël, d’autres pays voudraient également accéder à l’arme nucléaire. Ce serait un risque pour la planète tout entière. » Comment pouvait-il avoir oublié qu’Israël dispose depuis près de 50 ans – en partie grâce à la France – de l’arme nucléaire, au point de détenir aujourd’hui au moins 80 ogives, qui peuvent équiper des bombes, des missiles air-sol, des missiles balistiques sol-sol ou des missiles mer-sol, embarqués à bord de ses sous-marins ?

    Le tropisme pro-israélien si mal maîtrisé de François Hollande va parfois jusqu’à provoquer des accrochages avec le Quai d’Orsay. Ce fut le cas en juillet 2014, lors du déclenchement de l’opération militaire israélienne contre la bande de Gaza, lorsque le président de la République a affirmé qu’il appartenait à Israël de « prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces », et que « la France était solidaire [d’Israël] face aux tirs de roquettes ». Il fallut 48 heures de bombardements israéliens et de nombreuses victimes palestiniennes pour que François Hollande accepte, sous la pression de Laurent Fabius et de plusieurs dirigeants du PS, d’appeler le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas pour lui dire « son inquiétude sur la situation à Gaza » et déplorer que « les opérations militaires en cours aient déjà fait de nombreuses victimes palestiniennes ».

    Israël-Palestine : « La France pourrait faire beaucoup, elle ne fait pas

    Comment s’explique cette attitude constante de François Hollande ? Le poids, dans son entourage, des admirateurs des « néo-conservateurs » américains, comme son conseiller diplomatique Jacques Audibert, très écouté dans la gestion des négociations sur le nucléaire iranien où il avait dirigé la délégation française pendant 5 ans, n’est pas décisif sur ce point.

    « Pour moi, estime un ancien diplomate, François Hollande est dans une posture de néo-molletisme. Il tient Israël pour un allié naturel et inconditionnel de la France. C’est une des sources de ses conflits avec Fabius, qui relève d’un autre héritage parmi les socialistes. Le résultat, hélas, c’est que la France est très loin de jouer le rôle qui pourrait être le sien dans ce dossier. Lorsque Fabius, manquant de soutien à Paris et d’appuis diplomatiques chez nos partenaires, renonce à présenter à l’ONU sa résolution condamnant la colonisation de la Cisjordanie, parce qu’elle serait confrontée à un veto américain, il manque l’occasion de faire un éclat qui n’aurait pas nui à l’image internationale de la France. »

    Le fantôme de Guy Mollet rôdant au-dessus des contrats de vente d’armes conclus avec des despotes, tandis que le président de la République bombe le torse en jouant au chef de guerre : on pourrait rêver d’une allégorie plus exaltante de la politique extérieure de la France au Moyen-Orient. Il faudra s’en contenter. C’est un ancien collaborateur de François Mitterrand et ministre des affaires étrangères de Lionel Jospin, Hubert Védrine, qui le constate : « L’écart entre l’idée que la France se fait de son rôle, de ses responsabilités et sa capacité d’action réelle est à la fois ridicule et attristant. »

    René Backmann

    http://www.mediapart.fr/journal/international/171115/pourquoi-hollande-conduit-une-politique-aventureuse-au-proche-orient?page_

  • Hollande a conduit une politique aventureuse au Proche-Orient | Mediapart
    http://www.mediapart.fr/journal/international/171115/hollande-conduit-une-politique-aventureuse-au-proche-orient?onglet=full
    article de René Backmann
    « L’écart entre l’idée que la France se fait de son rôle, de ses responsabilités et sa capacité d’action réelle est à la fois ridicule et attristant. »

    Le porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle et son groupe aéronaval quitteront leur base de Toulon mercredi 18 novembre pour la Méditerranée orientale où ils arriveront à la mi-décembre pour participer aux opérations contre #Daech (acronyme de l’État islamique en Irak et au Levant, autoproclamé) et ses groupes affiliés. Annoncé il y a une quinzaine de jours par un communiqué de l’Élysée, cet appareillage est sans rapport avec les #attentats de vendredi dernier à Paris. Il répond en revanche à la volonté de renforcer à la fois le potentiel de frappe français dans la région et la visibilité de l’implication militaire de Paris, au moment où l’engagement russe sur le terrain bouleverse les rapports de force et les données diplomatiques.
    Les 12 Rafale, les 9 Super-Étendard et l’avion de surveillance Hawkeye, embarqués à bord du Charles-de-Gaulle, s’ajouteront aux 6 Rafale basés aux Émirats arabes unis et aux 6 Mirage 2000 déployés en Jordanie, pour porter à 33 le nombre d’appareils de combat à la disposition de l’Élysée aux frontières de l’Irak et de la Syrie. C’est modeste, comparé à l’énorme armada (près de 500 appareils) déployée par les États-Unis dans la région. Suffisant, pour donner à Paris une voix dans le débat diplomatique et stratégique. Insuffisant pour disposer de l’autorité que revendiquent les dirigeants français.

    Engagée depuis septembre 2014 au sein de la coalition d’une soixantaine de pays réunie par les États-Unis, la France participe – modestement – aux opérations destinées à endiguer l’expansion de l’#État_islamique. Selon les statistiques de la coalition, la part de l’aviation française dans les frappes lancées depuis un an est d’environ 5 % ; l’armée de l’air américaine, forte de ses bases dans la région et de ses porte-avions, assumant la majorité (67 %) des bombardements contre les installations et les troupes de l’État islamique.

    Dans un premier temps, ainsi que l’avait précisé François Hollande en annonçant qu’il avait décidé de répondre à la demande d’appui aérien du gouvernement de Bagdad, les frappes françaises ont été concentrées sur des cibles irakiennes. « Nous ne pouvons pas intervenir [en Syrie], affirmait le chef de l’État en février 2015, car nous ne voulons pas courir le risque que notre intervention puisse aider Assad ou Daech. » Les Rafale et les Mirage limitent alors leur horizon au ciel irakien. Selon l’état-major français, plus de 450 objectifs de l’EI en Irak auraient été atteints et détruits en un an.

    Mais le 8 septembre dernier, changement de stratégie. Deux Rafale, basés aux Émirats arabes unis, entreprennent un premier « vol de reconnaissance » au-dessus de la Syrie pour identifier des cibles éventuelles. « L’Élysée et la Défense, expliquait alors à Mediapart une source informée, ont décidé de constituer et de tenir à jour une liste d’objectifs qui pourraient être frappés en représailles après un attentat de Daech contre la France, ou qui peuvent être frappés préventivement, pour empêcher des attentats en préparation ou pour désorganiser l’infrastructure politico-militaire de Daech, conformément au principe de légitime défense mentionné dans la charte des Nations unies.

    « L’une des difficultés majeures est que les installations de Daech sont dispersées sur un vaste territoire et souvent au sein de la population civile, ce qui implique une préparation et une exécution minutieuse des frappes. En plus d’être moralement difficiles à défendre, des dégâts collatéraux seraient exploités par l’appareil de propagande de l’État islamique et seraient totalement contre-productifs. »

    Moins de trois semaines plus tard, 6 appareils français dont 5 Rafale frappent un camp d’entraînement de Daech près de Deir Ez-Zor, à l’est de la Syrie. Avant les frappes de représailles déclenchées dans la nuit du 15 au 16 novembre sur Raqqa, moins d’une demi-douzaine d’autres raids avaient été lancés, notamment contre des installations pétrolières exploitées par Daech. Comment s’explique cette volte-face de François Hollande ? Officiellement, pour Paris, les enjeux ont changé sur le terrain : Daech est devenu l’ennemi principal, devant Assad. « C’est Daech qui fait fuir, par les massacres qu’il commet, des milliers de familles », avance François Hollande lors de sa conférence de presse du 7 septembre. « Notre ennemi, c’est Daech, Bachar al-Assad, c’est l’ennemi de son peuple », précise même le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian lors d’une interview à France Inter, le 16 septembre.

    Il est clair que l’État islamique, par sa pratique quotidienne de la terreur dans les zones qu’il contrôle, et par la mise en scène constante, sur les réseaux sociaux, de sa propre violence, incite à la fois les Syriens à fuir en masse et propage, à l’extérieur, l’image d’une barbarie de nature à nourrir un exode. De là à négliger la sauvagerie du régime d’Assad, le largage de barils d’explosifs sur les zones civiles, le recours permanent à la terreur et à la torture, il y a un pas. Que François Hollande et Laurent Fabius, pourtant ardents partisans du « dégagement » de Bachar, ont franchi.

    La pression du ministère de la défense

    Pourquoi, avant même le carnage organisé par Daech à Paris, François Hollande et son ministre des affaires étrangères ont-ils tout à coup changé d’avis ? Parce que depuis un an au moins, l’état-major et le ministère de la défense, qui disposaient de renseignements précis, demandaient, parfois contre l’avis du Quai d’Orsay, l’autorisation de mener des frappes sur la Syrie. Là se trouvent, expliquaient-ils, la tête, le gros de l’infrastructure et les camps d’entraînement de l’EI qui nous menace. Mais aussi parce que trois événements, de nature différente, mais tous liés à la perception que le public, en France, peut avoir de la crise du Proche-Orient, se sont succédé en moins de deux semaines. Et ont convaincu le président français – et ses conseillers en communication – de changer de ligne sur la Syrie.

    Le premier a été l’attentat avorté, grâce à l’intervention de passagers courageux, à bord du train Thalys, le 21 août 2015, dans le nord de la France. Le terroriste, Ayoub el-Khazzani, un citoyen marocain, qui était armé d’une kalachnikov, d’un pistolet automatique et de neuf chargeurs, n’était à première vue pas lié au conflit syrien mais membre de la mouvance islamiste radicale et incarnait la menace du #djihadisme international sur la vie quotidienne, la liberté de mouvement, la sécurité des Européens et en particulier des Français. Il a ravivé, dans le public, la conviction que le terrorisme était, aussi, à nos portes.

    Le deuxième événement a été la découverte, le 2 septembre, sur une plage de Bodrum en Turquie, du cadavre du petit Aylan, mort noyé, comme son frère et sa mère, après le naufrage de l’embarcation qui devait leur permettre de rejoindre l’île grecque de Kos. Alors que l’Europe entière était confrontée à l’exode des Syriens fuyant la terreur et à un constat cruel sur les limites de sa compassion et de son hospitalité, la photo du petit cadavre, diffusée en quelques heures dans le monde entier par les #réseaux_sociaux, est aussi apparue comme une interrogation sur la responsabilité et l’indifférence des Européens face à la tragédie qui broie leurs voisins du Sud.

    Le troisième événement a été la destruction, le 31 août 2015, du temple de Bêl à Palmyre, rasé au bulldozer par les combattants de l’État islamique, suivi quelques jours plus tard par le dynamitage des tours funéraires sur le même site. Revendiqué avec une jubilation tapageuse par les djihadistes, ce crime contre l’héritage culturel mondial inestimable que représentait Palmyre illustrait jusqu’à la caricature l’intolérance fanatique des dirigeants de Daech et leur volonté aveugle de détruire tout ce qui a précédé l’islam tel qu’ils le conçoivent et d’interdire toute autre célébration que celle de leur Dieu.

    Aux yeux des communicants de l’Élysée et du Quai d’Orsay, il y avait là une convergence de facteurs qui ne pouvait être négligée et qui incitait à décider un changement d’attitude face à la Syrie. L’émotion, l’inquiétude et l’indignation permettaient de le « vendre » à l’opinion publique française, faute de le rendre lisible à nos alliés et cohérent aux yeux des observateurs avertis. Est-ce ainsi, en faisant converger l’actualité et la communication, qu’on définit et met en œuvre une politique étrangère ? Beaucoup en doutent parmi les diplomates, en fonction ou mués en experts et consultants par la retraite.

    Invité début octobre à tirer les conclusions d’un colloque intitulé « La France a-t-elle encore une politique au Moyen-Orient ? », l’ancien ministre des affaires étrangères Hubert Védrine a pris la parole en prévenant : « J’espère ne désespérer personne », avant d’admettre qu’il « y a bien une politique étrangère française de facto », mais qu’elle se résume au Proche-Orient à des « morceaux de politique française juxtaposés ». « La France n’a pas de véritable vision », déplorent des personnalités aussi différentes que Bertrand Badie, professeur de relations internationales à Sciences Po, Yves Aubin de La Messuzière, ancien diplomate, excellent connaisseur du monde arabe, ou Marc Trévidic, ancien juge d’instruction au pôle antiterroriste de Paris.

    Pourquoi ? D’abord, peut-être parce que la définition de la politique française, en particulier dans cette partie du monde est partagée, voire parfois disputée, entre l’Élysée et le Quai d’Orsay, avec dans le dossier syro-irakien, une forte présence de la Défense. Ensuite parce que les équations personnelles des principaux responsables, l’influence de leurs principaux conseillers, le poids et l’héritage des différentes administrations n’aident pas à construire une cohérence. Ensuite parce que, comme le relève un diplomate « notre politique actuelle au Proche-Orient est plutôt de réaction que d’action. Elle manque cruellement de réflexion sur la longue durée ».

    Si au Maghreb, la politique de la France, selon Hubert Védrine, consiste à « s’entendre le moins mal possible simultanément avec l’Algérie et le Maroc », au Machrek, elle est peu cohérente, déséquilibrée, au point de faire redouter à certains diplomates de ne plus correspondre aux intérêts fondamentaux, à long terme, de notre pays.

    L’exemple des relations entre la France et l’Arabie saoudite illustre parfaitement ce travers. Sur quoi sont-elles fondées ? Sur l’examen pragmatique des forces et faiblesses de ce pays ? Sur son respect des valeurs auxquelles la France est, en principe, attachée ? Sur son influence positive et stabilisatrice dans la région ? Sur l’évaluation à long terme de nos intérêts respectifs ? On peut en douter.

    En choisissant de faire de cette monarchie absolue wahhabite, qui a déjà exécuté 146 condamnés depuis le début de l’année, notre partenaire privilégié au Moyen-Orient, François Hollande et Laurent Fabius, efficacement aidés par le précieux Jean-Yves Le Drian, ont donné la priorité à leur chère « diplomatie économique », sacrifié quelques principes et dilapidé quelques cartes diplomatiques de valeur.

    L’alliance privilégiée avec le camp sunnite

    Le régime saoudien nous a acheté des hélicoptères de combat, des navires de patrouille, des systèmes de surveillance. Des centrales nucléaires EPR et une vingtaine d’autres projets sont en discussion. L’Arabie saoudite nous a aussi commandé 3 milliards de dollars d’armement destinés à l’armée libanaise et a réglé la facture des deux navires Mistral, vendus à l’Égypte. Les princes saoudiens ont-ils été guidés dans ces choix par leur seule confiance dans la technologie française ? Non.

    Les faveurs faites depuis quelques années à Paris sont surtout pour Riyad une manière de manifester sa mauvaise humeur à Washington et de rétribuer la France pour son zèle. Les princes reprochent à Obama d’avoir renié son engagement en refusant de frapper Damas à l’automne 2013, lorsque le régime syrien a utilisé des gaz chimiques contre son propre peuple, alors que les avions français étaient prêts à décoller pour participer à des représailles internationales. Ils lui reprochent aussi le rôle majeur joué par Washington dans la négociation de l’accord sur le nucléaire iranien, qui a rouvert à Téhéran les portes du concert des nations. Là encore, ils opposent l’attitude de Washington, jugée exagérément complaisante à l’égard des mollahs, à celle de Paris, longtemps réticent à la normalisation des relations avec l’Iran.

    En demeurant silencieux sur le caractère médiéval du régime saoudien, sur le statut quasi esclavagiste de la femme, sur les violations innombrables des droits de l’homme, en oubliant que la doctrine religieuse du royaume, le wahhabisme, a servi de terreau à tous les djihadistes ou que de nombreux princes ou personnalités ont été – ou demeurent ? – de généreux mécènes pour les mouvements islamistes radicaux, à commencer par celui d’Oussama Ben Laden, Paris ne manque pas seulement à ses devoirs moraux – la diplomatie a pris l’habitude de s’en affranchir – mais apparaît, aux yeux de toute la région, comme l’allié privilégié des régimes sunnites. D’autant que ces bonnes dispositions à l’égard du royaume saoudien s’étendent aussi aux monarchies du Golfe, wahhabites également, à commencer par le richissime Qatar, qui a commandé 24 Rafale.

    Témoignage suprême des bonnes dispositions des émirs à son égard, François Hollande a été invité en mai dernier, hommage exceptionnel, à participer à une réunion du Conseil de coopération du Golfe, qui réunit autour de l’Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït, Bahreïn, les Émirats arabes unis et Oman. Difficile après cela, pour les diplomates français, de critiquer l’écrasement des revendications démocratiques à Bahreïn ou de reprocher à l’aviation saoudienne, engagée aux côtés du régime dans la guerre civile du Yémen, de bombarder sans scrupule, en plus des populations civiles, les trésors du patrimoine architectural. Difficile aussi de dénoncer le rôle de certaines familles ou institutions wahhabites du Golfe dans le financement des groupes djihadistes…

    Discutable sur le plan diplomatique, ce choix de l’alliance privilégiée avec le camp sunnite est aussi contestable sur le plan stratégique, notamment au regard du rôle que Paris entend jouer dans la lutte contre Daech et la résolution de la crise syrienne. Surtout au moment où l’Iran, de retour sur la scène diplomatique internationale après la conclusion de l’accord sur le nucléaire et sur le point de disposer de nouveau des revenus de ses hydrocarbures, entend retrouver son rang et disputer à Riyad le rôle de première puissance de la région.

    « En s’enfermant dans le rôle de “bad cop”, pendant les négociations sur le nucléaire iranien, la France s’est trompée, estime François Nicoulaud, ancien ambassadeur en Iran. Son choix était d’autant moins judicieux qu’elle a assez peu pesé dans la négociation, écrasée par le rouleau compresseur américain. »

    En Irak, il est clair aujourd’hui qu’aucune solution ne peut être trouvée, pour la stabilisation du régime comme pour la lutte contre Daech, sans la contribution de l’Iran, majeure à ce jour, et de la Russie. Paris semble en avoir pris son parti en poursuivant sa modeste contribution à la coalition militaire internationale. En Syrie, où Moscou et Téhéran participent à la défense du régime de Bachar al-Assad contre son opposition et dans une moindre mesure contre l’État islamique, Paris, après avoir cru à la chute de Bachar puis soutenu, sans grand succès, les composantes non djihadistes de l’opposition qui combattaient le régime, est en train d’évoluer, sous la pression des faits, c’est-à-dire du rapport de force sur le terrain.

    Alors qu’il proclamait, depuis le début de la crise, comme son ministre des affaires étrangères, que « Bachar ne fait pas partie de la solution » à la crise syrienne, François Hollande admettait, début septembre, que le départ du dictateur syrien sera « à un moment ou à un autre posé dans la transition ». L’entrée en scène, sur le plan militaire, de la Russie aux côtés du régime syrien, l’admission à la mi-septembre par le secrétaire d’État américain John Kerry que « le départ [d’Assad] ne doit pas forcément avoir lieu le premier jour du premier mois de la transition », ont dilué, de fait, le poids de la position française dans les discussions sur la recherche d’une sortie de crise. Au point qu’à l’assemblée générale de l’ONU, fin septembre, Ban Ki-moon n’a même pas mentionné la France parmi les pays (États-Unis, Russie, Arabie saoudite, Iran, Turquie) qui pouvaient jouer un rôle dans la résolution du conflit syrien.

    L’offensive terroriste internationale de Daech – attentats meurtriers en Turquie, explosion en vol revendiquée de l’avion russe qui survolait le Sinaï, carnage de la semaine dernière à Paris – semble avoir provoqué un consensus au moins provisoire contre l’EI. Au cours de la conférence internationale qui réunissait samedi dernier à Vienne les représentants de 17 pays – dont la Russie, les États-Unis, la France, l’Iran, la Turquie, les pays arabes –, des divergences persistaient sur le destin de Bachar al-Assad et sur la liste des groupes syriens qui doivent être acceptés comme mouvements d’opposition ou sont rejetés comme terroristes.

    Mais selon Laurent Fabius, l’accord était presque total sur la nécessité de « coordonner la lutte internationale contre le terrorisme » et une feuille de route définissant un calendrier de transition politique en Syrie a été adoptée. « Au cours des discussions, a constaté un diplomate étranger, il était clair que la France, l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie partageaient des positions communes, ou très voisines, sur les groupes rebelles syriens qui doivent participer à la transition. »

    Le tropisme pro-israélien mal maîtrisé de Hollande

    La priorité donnée à la « diplomatie économique », c’est-à-dire aux contrats spectaculaires, est si décisive qu’elle assourdit les jugements, voire les mises en garde des diplomates sur le terrain. La vente des navires Mistral à l’Égypte, payée par l’Arabie saoudite, a ainsi été décidée en tenant compte du poids majeur de Riyad dans l’économie égyptienne – qui permet au Caire d’affirmer à l’étranger sa légitimité – mais en négligeant les faiblesses de l’alliance égypto-saoudienne, pourtant relevées dans une note à diffusion restreinte de l’ambassadeur de France, André Parant, du 9 juillet dernier.

    « Il est […] clair, notait le diplomate, que la volonté affichée des nouvelles autorités saoudiennes de donner en politique étrangère la priorité au rassemblement du camp sunnite pour faire face à l’Iran nourrit certaines inquiétudes au Caire. […] La solidité de cette alliance […] n’exclut pas une forme de rivalité traditionnelle entre ces deux poids lourds du monde arabe ni des divergences parfois significatives sur le fond. »

    Cette politique aventureuse, dictée par les gros contrats, les coups de cœur et les coups de sang plutôt que par les visions stratégiques à long terme, caractérise de larges pans de l’action diplomatique française au Proche-Orient. Ils ne suffisent pas à expliquer les choix de l’Élysée et du Quai d’Orsay dans un autre dossier régional majeur, celui du conflit israélo-palestinien.

    Sans doute la France reste-t-elle fidèle à sa position traditionnelle en faveur de la création d’un État palestinien viable et indépendant, aux côtés de l’État d’Israël. Sans doute, Laurent Fabius a-t-il multiplié récemment, sans grand succès il est vrai, les initiatives, notamment au sein du Conseil de sécurité, pour faire adopter des résolutions condamnant l’occupation et la colonisation israéliennes. Mais l’Élysée, depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande, n’a cessé d’être en retrait sur ce dossier, voire d’adopter des positions pro-israéliennes qui constituent un véritable virage par rapport à la politique française traditionnelle.

    « J’ai découvert ce penchant de Hollande, confie un diplomate, pendant son premier voyage officiel en Israël, en novembre 2013, lorsqu’il est apparu que dans la version originelle de son discours devant la Knesset, il avait oublié de mentionner l’attachement de la France à la création d’un État palestinien. L’oubli a été réparé, mais c’était un signe. »

    Signe confirmé par les témoignages d’amitié prodigués, au-delà du protocole, par le président de la République à son hôte, lors du dîner officiel offert par Benjamin Netanyahou. Après avoir entendu le récital d’une chanteuse israélienne, François Hollande, se tournant, visiblement ému, vers le premier ministre israélien, a déclaré : « Je voudrais avoir la voix de cette chanteuse pour dire tout l’amour que je porte à Israël et à ses dirigeants. »

    Cet amour va parfois jusqu’à rendre le président de la République amnésique. Répondant, le 14 juillet dernier, aux questions des journalistes sur l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, François Hollande a avancé cette explication – selon le texte disponible sur le site de l’Élysée : « Qu’est-ce qu’était ma préoccupation ? Éviter la prolifération nucléaire. Cela veut dire quoi, la prolifération nucléaire ? Cela voulait dire que l’Iran puisse accéder à l’arme nucléaire. Si l’Iran accédait à l’arme nucléaire, l’Arabie saoudite, Israël, d’autres pays voudraient également accéder à l’arme nucléaire. Ce serait un risque pour la planète tout entière. » Comment pouvait-il avoir oublié qu’Israël dispose depuis près de 50 ans – en partie grâce à la France – de l’arme nucléaire, au point de détenir aujourd’hui au moins 80 ogives, qui peuvent équiper des bombes, des missiles air-sol, des missiles balistiques sol-sol ou des missiles mer-sol, embarqués à bord de ses sous-marins ?

    Le tropisme pro-israélien si mal maîtrisé de François Hollande va parfois jusqu’à provoquer des accrochages avec le Quai d’Orsay. Ce fut le cas en juillet 2014, lors du déclenchement de l’opération militaire israélienne contre la bande de Gaza, lorsque le président de la République a affirmé qu’il appartenait à Israël de « prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces », et que « la France était solidaire [d’Israël] face aux tirs de roquettes ». Il fallut 48 heures de bombardements israéliens et de nombreuses victimes palestiniennes pour que François Hollande accepte, sous la pression de Laurent Fabius et de plusieurs dirigeants du PS, d’appeler le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas pour lui dire « son inquiétude sur la situation à Gaza » et déplorer que « les opérations militaires en cours aient déjà fait de nombreuses victimes palestiniennes ».
    Comment s’explique cette attitude constante de François Hollande ? Le poids, dans son entourage, des admirateurs des « néo-conservateurs » américains, comme son conseiller diplomatique Jacques Audibert, très écouté dans la gestion des négociations sur le nucléaire iranien où il avait dirigé la délégation française pendant 5 ans, n’est pas décisif sur ce point.

    « Pour moi, estime un ancien diplomate, François Hollande est dans une posture de néo-molletisme. Il tient Israël pour un allié naturel et inconditionnel de la France. C’est une des sources de ses conflits avec Fabius, qui relève d’un autre héritage parmi les socialistes. Le résultat, hélas, c’est que la France est très loin de jouer le rôle qui pourrait être le sien dans ce dossier. Lorsque Fabius, manquant de soutien à Paris et d’appuis diplomatiques chez nos partenaires, renonce à présenter à l’ONU sa résolution condamnant la colonisation de la Cisjordanie, parce qu’elle serait confrontée à un veto américain, il manque l’occasion de faire un éclat qui n’aurait pas nui à l’image internationale de la France. »

    Le fantôme de Guy Mollet rôdant au-dessus des contrats de vente d’armes conclus avec des despotes, tandis que le président de la République bombe le torse en jouant au chef de #guerre : on pourrait rêver d’une allégorie plus exaltante de la politique extérieure de la France au Moyen-Orient. Il faudra s’en contenter. C’est un ancien collaborateur de François Mitterrand et ministre des affaires étrangères de Lionel Jospin, Hubert Védrine, qui le constate : « L’écart entre l’idée que la France se fait de son rôle, de ses responsabilités et sa capacité d’action réelle est à la fois ridicule et attristant. »

    • L’agression d’un journaliste repose la question de la dissolution de la Ligue de défense juive
      23 octobre 2015 | Par Marine Turchi
      http://www.mediapart.fr/journal/france/231015/lagression-dun-journaliste-repose-la-question-de-la-dissolution-de-la-ligu

      Un journaliste de Buzzfeed a été pris pour cible jeudi soir, alors qu’il couvrait la manifestation de la Ligue de défense juive (LDJ), devant le siège de l’AFP. Le débat sur la dissolution de cette organisation juive d’extrême droite revient sur la table. « J’aurais été lynché si les policiers n’avaient pas fait une brèche », explique à Mediapart notre confrère, qui va déposer plainte ce vendredi.

      (...)

      Joint vendredi par Mediapart (lire notre "boîte noire"), David Perrotin raconte : « C’était très calme au début, puis la situation a dégénéré au moment de la dispersion. Le groupe où j’avais aperçu plus tôt des drapeaux de la LDJ sont restés, une trentaine de personnes, certaines étaient cagoulées. Ils ont insulté des journalistes de l’AFP qui étaient aux fenêtres. Des pétards ont été lancés, un projectile sur le bâtiment de l’AFP. Je me suis mis sur le côté, j’ai pris des photos. Une manifestante est venue vers moi en disant : "C’est pas bien de prendre des photos" ; "Je sais qui vous êtes, j’ai des informations sur vous. Vous êtes David Perrotin. Attendez, je préviens la LDJ que vous êtes là". Elle s’est dirigée vers ce groupe où j’avais vu plusieurs fois des drapeaux de la LDJ ».

      Le journaliste se dirige alors vers un fourgon de policiers pour les alerter. « 
      Le policier m’a dit "prenez le premier métro", mais j’ai expliqué qu’ils m’avaient reconnu et allaient me suivre. Un type casqué et une femme se sont approchés de moi. J’ai re-tapé à la fenêtre du fourgon pour demander de rentrer. Il a prévenu par radio ses collègues. Pendant ce temps-là, une dizaine de jeunes, avec des casques ou des cagoules, se sont postés devant moi. Le policier m’a dit de courir vers le cordon de sécurité devant l’entrée de l’AFP. J’ai couru, j’ai entendu des cris, "Perrotin tapette", etc. Je suis arrivé devant les policiers en levant les mains, j’ai hurlé "je suis journaliste", j’ai sorti ma carte. J’ai pris des coups dans le dos de la part de personnes derrière moi. Dans la confusion, les policiers m’ont donné quelques coups en pensant que je les attaquais, puis ils m’ont aidé. Ensuite j’ai frappé à la porte de l’AFP, qui était fermée, j’ai montré ma carte, j’ai attendu à l’intérieur un moment. D’après un policier, ils étaient encore 24 dehors. Pour me faire sortir, les policiers ont ramené un fourgon devant une autre issue de l’AFP en me disant de m’allonger dedans. Les journalistes étaient la cible du jour, pour eux j’étais avec l’AFP. J’étais leur cible. J’aurais été lynché si les policiers n’avaient pas fait une brèche. J’étais clairement pourchassé ».

    • Jewish Defense League mob attacks Paris journalists | The Electronic Intifada
      https://electronicintifada.net/blogs/asa-winstanley/jewish-defense-league-mob-attacks-paris-journalists
      https://electronicintifada.net/sites/electronicintifada.net/files/styles/medium/public/pictures/picture-1057-1385819060.jpg?itok=GqMnIKwA

      Founded in the United States, JDL militants were convicted of a string of bombing attacks, and are thought to be behind the 1985 assassination of Palestinian American civil rights activist Alex Odeh.

      The group was listed in the Federal Bureau of Investigation’s annual terrorism report for 2001.

      Although its Israeli affiliate was eventually banned, the JDL is still active and legal in France, Canada and the UK.

      The French JDL – the Ligue de Défense Juive – is probably the most well-organized and violent radical Zionist group outside Israel.

      It is notorious for violent and relatively sophisticated street-level attacks against Palestine solidarity campaigners in France.

      There have been several calls to outlaw the JDL in France. But talk of a ban by interior minister Bernard Cazeneuve (who once condemned their actions as “excessive”) has so far come to nothing.

      In June last year two JDL members in Paris were found guilty of placing a bomb under the car of an anti-Zionist journalist. They were given prison sentences, but one absconded to Israel.

      Armed members were also involved in a riot in the Bastille area of Paris in summer 2014, as they attacked Palestine solidarity demonstrators during rallies against the Israeli offensive in Gaza.

  • Le Conseil constitutionnel, cible privilégiée des lobbies
    http://multinationales.org/Le-Conseil-constitutionnel-cible-des-lobbies

    En #France, l’encadrement du #Lobbying - que celui-ci s’exerce dans la couloirs du Parlement ou dans les cabinets ministériels - demeure extrêmement parcellaire, y compris par comparaison avec des instances souvent décriées à cet égard, comme les institutions européennes à Bruxelles. Selon une enquête de #Mediapart, les lobbies économiques (et autres) ont de plus en plus tendance à cibler directement le Conseil constitutionnel pour faire invalider tel ou tel aspect d’une nouvelle loi qui leur déplairait. (...)

    Actualités

    / Mediapart, France, Lobbying, #influence, #transparence

    « http://www.mediapart.fr/journal/france/121015/dans-les-coulisses-du-conseil-constitutionnel-cible-des-lobbies?onglet=ful »

  • Le journalisme est-il menacé par la surveillance de masse ?

    Alors que la loi renseignement est entrée en vigueur samedi, la Cour Européenne des Droits de l’Homme a immédiatement été saisie d’un recours par des journalistes de l’association de la presse judiciaire qui dénoncent une #surveillance de masse et craignent de ne plus pouvoir faire leur travail. Le #journalisme serait-il menacé dans notre démocratie ?

    A l’origine de la révélation des affaires Bettencourt, Karachi, Takieddine et Cahuzac, Fabrice Arfi est journaliste à Médiapart et il dirige deux ouvrages collectifs : Informer (n’)est (pas) un délit (Calmann-Lévy) qui décrypte les censures et obstacles subis par les journalistes d’investigation et La République sur écoute (Don Quichotte) à propos de la surveillance de masse. L’historienne du journalisme Géraldine Muhlmann l’accompagne aujourd’hui pour s’interroger sur le rapport du journalisme à la légalité et sur l’état de la liberté d’informer en France aujourd’hui.

    Fabrice Arfi :

    «  Nous mettons en lumière la difficulté de faire simplement son métier comme une sorte d’instituteur du réel qui ne succombe pas aux agendas communicationnels des autres mais peut mettre sur la table des informations d’intérêt public. »

    « Le monde politique doit accepter que la démocratie est un régime qu’on peut provoquer, qu’on peut interroger, c’est ça la différence avec le reste. »

    http://rf.proxycast.org/1081033950031257600/12360-05.10.2015-ITEMA_20810647-1.mp3

    http://www.franceculture.fr/emission-la-grande-table-2eme-partie-le-journalisme-est-il-menace-par-

  • Avec Wissam, réfugié syrien, de Hama à Oslo au travers de l’Europe

    Il lui aura fallu un mois et trois jours pour quitter la Syrie et rejoindre la Norvège. Wissam, un enseignant qui a fui la guerre, a raconté son périple à Mediapart. En chemin, il a documenté les moments les plus éprouvants. Il est aujourd’hui en sécurité, mais sa priorité est de retrouver sa femme et ses quatre enfants restés derrière lui à Hama.


    http://www.mediapart.fr/journal/international/041015/avec-wissam-refugie-syrien-de-hama-oslo-au-travers-de-leurope

    #réfugiés_syriens #asile #migrations #parcours_migratoire #témoignage #itinéraire_migratoire

  • « Alain Soral est un aiguillon pour le FN » | Mediapart
    http://www.mediapart.fr/journal/france/240915/alain-soral-est-un-aiguillon-pour-le-fn?onglet=full

    Du PCF à Égalité et Réconciliation, en passant par le Front national, l’essayiste Alain Soral a un parcours tortueux, qui a abouti à la création avec Dieudonné d’un parti antisémite baptisé « Réconciliation nationale », mais aussi à l’émergence d’un mouvement virtuel qui frôlerait les 7 millions de visiteurs uniques chaque mois. Une popularité bien au-dessus des 200 000 utilisateurs qu’attirent le PS ou Les Républicains.

    Pour comprendre qui sont ces milliers de cybermilitants et pourquoi le discours antisémite de Soral perce autant dans la société, deux journalistes de StreetPress, Robin d’Angelo et Mathieu Molard, se sont penchés sur le polémiste – son parcours, son business, ses recettes politiques. Ils en ont tiré un livre riche qui met à nu le « système Soral » et son « facho business », publié le 2 septembre aux éditions Calmann-Lévy. Ils racontent leur enquête à Mediapart. (Retrouvez aussi notre série d’enquêtes sur Alain Soral.)

    Vous expliquez en préambule que l’« homme et ses fidèles font peur » et racontez les menaces et insultes reçues par d’anciens soutiens qui se sont opposés à Alain Soral. Comment s’est déroulée votre enquête, avez-vous subi des pressions ?

    Robin d’Angelo. Alain Soral s’est inquiété de notre enquête. Il a d’abord parlé de nous à la tribune d’une conférence, en avril – sans savoir que nous étions présents. Nous avons ensuite reçu un coup de fil de son numéro deux, Julien Limes, qui a essayé de nous piéger, a enregistré et mis en ligne la conversation en la caviardant. Emmanuel Ratier [journaliste d’extrême droite décédé en août, qui participait au site d’Égalité et Réconciliation – ndlr] avait fait un article sur nous pour allumer un contre-feu dès le début, en utilisant le fait que le fondateur de StreetPress est juif, et qu’il est donc forcément lié à l’extrême droite israélienne, au Crif, à Rothschild…

    A-t-il été difficile de faire témoigner vos sources dans ce contexte ?

    Robin d’Angelo. Beaucoup de témoins, notamment au sein du premier cercle, n’ont accepté de nous parler que sous couvert d’anonymat. Le comportement de Soral avec des gens de sa mouvance – Salim Laïbi ou l’affaire Binti [lire ici et là – ndlr] a généré un sentiment de peur. C’est sans doute plus une réputation qu’une réelle violence sur eux, mais il y a eu une forme d’autocensure. Par ailleurs, il y a une grande défiance des militants, qui n’ont pas confiance en ceux qu’ils appellent les « journalopes ».

    Les journalistes Mathieu Molard et Robin d’Angelo, le 22 septembre 2015, à Mediapart. © M.T. / Mediapart
    Dans ce milieu hostile aux journalistes, comment vous êtes-vous présentés sur le terrain : en militants soraliens ou en journalistes ?

    Mathieu Molard. On a essayé au maximum de ne pas utiliser l’infiltration. Pour nous, ça ne se justifiait qu’en dernier recours. Aux procès, aux dédicaces, lors des entretiens : on se présente comme journalistes. En revanche, pour la scène dans la salle de boxe, je me fais clairement passer pour un militant, car c’est réservé aux militants ; ils n’en font d’ailleurs pas la publicité, ce sont des informations qu’on trouve sur le forum après avoir payé les 30 euros pour y accéder. Ensuite, il y a les conférences, où l’on est dans un entre-deux. On ne s’est pas signalés comme journalistes, on a conversé avec les militants, mais on a anonymisé les témoignages.

  • Plusieurs articles abordent la question du vocabulaire. Faut-il les appeler migrants, réfugiés, sans-papiers, demandeurs d’asile, exilés...? Les avis sont partagés

    « Migrant » ou « réfugié » : quelles différences ?
    Alexandre Pouchard, Le Monde, le 25 août 2015
    http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/08/25/migrant-ou-refugie-quelles-differences_4736541_4355770.html

    Le « migrant », nouveau visage de l’imaginaire français
    Sylvia Zappi, Le Monde, le 26 août 2015
    http://www.lemonde.fr/immigration-et-diversite/article/2015/08/26/le-migrant-nouveau-visage-de-l-imaginaire-francais_4737104_1654200.html

    « Migrants », « réfugiés » : sur le sujet sensible des migrations, le choix des mots n’est pas neutre
    AFP, le 27 août 2015
    https://www.45enord.ca/2015/08/migrants-refugies-sur-le-sujet-sensible-des-migrations-le-choix-des-mots-nes

    Ne dites plus « migrant »
    Jean Quatremer, Libération, le 4 septembre 2015
    http://www.liberation.fr/monde/2015/09/04/ne-dites-plus-migrant_1375999

    La distinction entre réfugiés et migrants économiques ne va pas de soi
    Céline Mouzon, Alter Eco, le 11 septembre 2015
    http://www.alterecoplus.fr/refugies/la-distinction-entre-refugies-et-migrants-economiques-ne-va-pas-de-soi-

    Le discours sur les réfugiés syriens : un analyseur
    Saïd Bouamama, le 11 septembre 2015
    https://bouamamas.wordpress.com/2015/09/14/le-discours-sur-les-refugies-syriens-un-analyseur

    "La distinction entre ’bons’ réfugiés et ’mauvais’ migrants n’est pas tenable"
    Laura Thouny, L’Obs, le 12 septembre 2015
    http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20150910.OBS5614/la-distinction-entre-bons-refugies-et-mauvais-migrants-n-est-pa

    Demandeurs d’asile ou sans-papiers ?
    Paris-Luttes Info, le 13 septembre 2015
    https://paris-luttes.info/demandeurs-d-asile-ou-sans-papiers-3761

    Pourquoi je n’userai pas du terme "réfugié"
    Paris-Luttes Info, le 15 septembre 2015
    https://paris-luttes.info/pourquoi-je-n-userai-pas-du-terme-3770

    Contre la logique du tri : pour un droit d’asile et au séjour, pour tous et toutes, maintenant !
    Solidaires, le 17 septembre 2015
    http://solidaires.org/article51763.html

    #migrants #réfugiés #sans-papiers #demandeurs_d_asile #exilés #Syrie #Guerre #Tragédie #Vocabulaire #Mots
    #recension

  • #Pollution : #Total représente la France à l’#ONU - Page 1 | #Mediapart
    http://www.mediapart.fr/journal/france/200815/pollution-total-represente-la-france-l-onu

    Très peu contraint par les politiques climatiques alors qu’il est un émetteur massif de CO2 dans le monde, le transport maritime fait l’objet de discussions difficiles pour en réduire la pollution. Elles se déroulent dans le cadre opaque de l’Organisation maritime internationale (OMI), une agence spécialisée des Nations unies basée à Londres. Les États y siègent, mais les industries y trouvent les portes grandes ouvertes à leurs jeux d’influence.

    En 2008, l’OMI a fixé un seuil contraignant pour réduire la teneur des carburants maritimes en soufre, très nocif pour la santé. Ce seuil doit entrer en vigueur à partir de 2020. Les transporteurs et les raffineurs, directement impactés par cette nouvelle réglementation qui risque d’augmenter leurs coûts, ont obtenu qu’au préalable, une étude sur la disponibilité des carburants moins sulfurés soit conduite. Ce rapport doit être rendu avant 2018. Il aura un effet direct sur la nouvelle réglementation sur les carburants maritimes. Car si les experts estiment que l’offre est insuffisante, l’OMI reportera de cinq ans, à 2025, l’obligation de limiter la part de soufre à 0,5 % du fioul lourd. Il s’agit donc d’un document très sensible.

    Treize États membres siègent au comité directeur chargé de superviser le processus de cette étude, et d’organiser l’appel d’offres pour en choisir les auteurs. La France en fait partie. Mais l’expert qu’elle a choisi pour la représenter présente un profil particulier : Franck Chevallier est un employé du groupe pétrolier Total, chargé de mission sur les réglementations environnementales et les produits de raffinage, au sein de la direction Stratégie, développement et recherche de la multinationale.

    Comment le salarié d’un groupe industriel directement intéressé aux résultats du comité et de cette étude s’est-il retrouvé à occuper le siège de la France ? L’OMI explique que « les pays ont décidé eux-mêmes de qui ils nommaient. Votre question sur les raisons du choix de telle ou telle personne s’adresse directement à la France ».

    Contactée par téléphone, l’ambassadrice de la France auprès de l’OMI, Élisabeth Barsacq, dit ne pas avoir le temps de répondre à Mediapart et raccroche aussi sec. Quelques heures plus tard, elle renvoie, par courriel, au service de communication du ministère des affaires étrangères, qui lui-même renvoie vers le ministère de l’écologie. Personne ne dément. Du côté du gouvernement, on explique que le comité est « un groupe de travail sans vocation décisionnelle » et qu’il est composé « d’experts venus du secteur privé lorsque la technicité du sujet l’exige et désignés ad hoc par les États membres ».

    Joint par téléphone, Franck Chevallier renvoie vers les affaires maritimes « pour lesquelles je suis engagé comme expert technique ». En France, il siège par ailleurs pour le Medef au sein du conseil national de l’air. Bref, personne ne veut réagir officiellement à cette situation embarrassante.

    Pour Total, selon un porte-parole : « L’un de nos collaborateurs a été nommé par l’OMI en tant qu’expert représentant la France, dans le groupe chargé d’évaluer techniquement les différentes propositions des prestataires qui pourraient mener l’étude d’évaluation sur la disponibilité des fuels à faible teneur en soufre en 2020. Chaque expert de ce groupe de 20 membres a pour mission de transmettre une évaluation technique et scientifique des offres, selon des critères et une grille d’évaluation définis par l’OMI. L’expert nommé pour la France a par ailleurs reçu une feuille de route et des consignes précises sur la position à tenir. La décision politique finale sur la date d’application de la réglementation, sera prise, elle, par un autre comité de l’OMI qui rassemblera l’ensemble des États concernés (plus de 100 délégations) dans lequel les experts ou consultants n’auront pas voix au chapitre : seules les administrations des États s’exprimeront. »

  • Pour la dernière émission avant les rediffs de l’été nous vous proposons de suivre le débat du 7/5 sur « L’aménagement du territoire, destructeur du climat » qui a eu lieu chez nous (à la Bibliothèque de Malakoff). Le Forum de l’Écologie Radicale avait débattu avec les invitées suivants :

    Jade Lindgaard, jounaliste à Médiapart, promotrice des Toxic Tours, balades urbaines visant à rendre visibles les lieux de pollution de Seine-Saint-Denis et à proposer des alternatives. Également auteure de « Je crise climatique, la planète, ma chaudière et moi » (La Découverte, 2014)
    Thierry Paquot, philosophe urbaniste, professeur à l’Institut d’Urbanisme de Paris, auteur d’une quarantaine d’ouvrages dont le dernier en date « Désastres urbains, les villes meurent aussi » (La Découverte, 2015).
    Joel, membre du collectif francilien de soutien à Notre-Dame des Landes et de l’équipe d’animation de la Bibliothèque Associative de Malakoff.

    http://www.b-a-m.org/2015/06/o-s-forum-de-lecologie-radicale

  • #Culture : les notes secrètes de Filippetti à Hollande | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/210515/culture-les-notes-secretes-de-filippetti-hollande?onglet=full

    C’est la petite musique qui monte. Manuel Valls serait le sauveur de la culture. Fait rare, il s’est même permis il y a quelques jours de critiquer publiquement une décision prise par son prédécesseur Jean-Marc Ayrault et par le président de la République François Hollande. Celui de la baisse du budget de la culture en 2013 et 2014. « Cela a été une erreur au cours des deux premières années du quinquennat de François Hollande de baisser le budget de la culture au-delà des nécessités liées à la lutte contre l’endettement ou les déficits publics », a-t-il déclaré à l’occasion d’un déplacement à Cannes. Avant d’insister : « Il ne faut jamais donner de mauvais signe quand on parle de culture. » De fait, le budget de la culture et de la communication a été stabilisé en 2015 après deux ans de baisse (- 4 % en 2013 et - 2 % en 2014) sans tout de même être augmenté.

    Mais ce que Manuel Valls ne dit pas, c’est que ce budget a fait l’objet de débats vifs au sein du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, dont il était le ministre de l’intérieur. À l’époque, Aurélie Filippetti, ministre de la culture de 2012 à 2014, a tenté d’infléchir la ligne de l’exécutif. Elle a écrit de nombreuses notes à son premier ministre et à François Hollande. Mediapart s’en est procuré une dizaine, toutes écrites par la ministre de l’époque, aujourd’hui accusée par certains de ses camarades d’avoir laissé s’installer l’austérité rue de Valois. Une attaque non dénuée d’arrière-pensées politiciennes, en plein congrès socialiste. Aurélie Filippetti, qui a démissionné du gouvernement avec Benoît Hamon et Arnaud Montebourg fin août 2014, a en effet rejoint la motion de l’aile gauche et des « frondeurs » (la motion B), et les votes pour les motions ont justement lieu ce jeudi soir.

    Les lettres d’Aurélie Filippetti révèlent l’abandon, dès les lendemains de la victoire de 2012, d’un secteur pourtant emblématique de la gauche au pouvoir. Dès juillet 2012, soit deux mois seulement après l’installation du gouvernement, elle écrit à Jean-Marc Ayrault : « Les arbitrages rendus m’inquiètent beaucoup. […] Je crains que nous ayons à gérer des mouvements forts. Je crains que tout projet ambitieux soit rendu impossible. » Le 1er août, elle insiste auprès du premier ministre : « D’ores et déjà, les professionnels et les représentants des secteurs concernés commencent à s’alarmer du non respect de la promesse de sanctuarisation du budget de la culture qui avait été faite à plusieurs reprises pendant la campagne. »

    Le candidat Hollande s’était engagé à maintenir les crédits culturels – par exemple, en présence de Jean-Marc Ayrault, lors d’un meeting à Nantes où il explique que la culture est « au cœur d’un projet politique, ce n’est pas seulement un élément d’un programme ; c’est ce qui doit animer la démarche d’un candidat sûrement et d’un président, nécessairement ».

    Aurélie Filippetti, qui croit alors pouvoir se targuer du soutien de François Hollande, écrit également au président de la République. Le 1er août 2012, elle ne s’embarrasse pas de circonlocutions et écrit (voir ci-dessous) : « Nous prenons des risques évidents pour une économie dérisoire à l’échelle de l’État, le budget de la culture ne représentant que 0,7 % de celui de l’État en 2012 ! » Puis : « Je constate cependant avec amertume à quel point la gauche a renoncé à voir dans l’art et la culture un vecteur de lien social. Le mépris gestionnaire pour ce secteur, que nous avons dénoncé pourtant chez M. Sarkozy, mais qui seul peut expliquer que l’on s’acharne à regarder ligne à ligne un budget si étroit déjà, nous amène à renoncer à un levier économique, citoyen et politique que je continue de croire essentiel. »

    Dix jours plus tard, la ministre insiste auprès de Jean-Marc Ayrault : « C’est la première fois depuis le début de Ve République que ce département enregistre une baisse de son budget, y compris pendant le précédent quinquennat. C’est la première fois que la gauche au pouvoir fait peser plus durement sur la culture que sur les autres départements ministériels ses objectifs de saine gestion. » Pour rappel, Aurélie Filippetti ne demande pas à l’époque d’augmentation de son budget : elle a elle-même préparé un budget plus que serré pour répondre à l’exigence de réduction du déficit public à laquelle elle souscrit (elle était porte-parole de François Hollande durant la campagne présidentielle).

    Mais ses mots trahissent une vraie inquiétude sur le reniement qui se prépare quelques semaines seulement après l’élection victorieuse de François Hollande : « La parole donnée, pendant la campagne présidentielle mais également après les élections (vous avez vous-même annoncé que le budget de la culture ne serait pas amputé), n’est donc pas respectée, ce qui me paraît soulever un problème politique majeur. Non seulement, le budget de la culture n’est pas sanctuarisé, mais il est globalement moins bien traité que d’autres budgets, pour lesquels aucune promesse n’avait été faite. »

    Début janvier 2013, Aurélie Filippetti a fait le deuil du premier budget. Pour celui de 2014, elle espère encore un « dégel total des crédits du ministère », comme elle l’écrit à François Hollande. Elle s’inquiète notamment de la fragilisation de l’industrie du cinéma ponctionnée à travers un prélèvement exceptionnel sur le CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée) et revient sur les impasses dans lesquelles le gouvernement s’engage concernant l’#audiovisuel_public. Une phrase de sa note envoyée le 1er août 2012 à Jean-Marc Ayrault résonne particulièrement en ce printemps 2015 marqué par une grève historique de #Radio_France et la désignation sur un projet trouble de la nouvelle présidente de #France_Télévisions. Revenant sur les scenarii analysant l’impact d’une baisse de 3 % sur l’ensemble des entreprises, elle écrit : « Ils se traduisent inévitablement par une réduction de l’offre (fermeture de chaînes), une baisse importante des effectifs (1500 pour FTV mais l’impact est du même ordre pour Radio France), une réduction des budgets de production. »

    Le 24 janvier 2014, la ministre de la culture écrit une nouvelle fois au président de la République. « Personne ne comprend notre stratégie. Aujourd’hui, les alertes sont partout fortes. […] L’équation est donc toujours la même : pour des économies qui pèsent peu, on provoque un mouvement d’humeur visible et dangereux et on perturbe un système productif efficace. Elle est catastrophique politiquement ; elle pèse aussi sur l’image du Président de la République », lance Aurélie Filippetti. Au pied de sa lettre, la ministre a ajouté à la main : « Mon inquiétude est extrême. La situation budgétaire du ministère ne permet plus de mener à bien ses missions. La culture ne peut plus être mise à contribution. J’ai besoin de ton soutien. »

    En annexe, la note de Filippetti fait un tableau apocalyptique de la situation de la culture en France. Elle parle de « tensions très fortes qui ne pourront que s’amplifier compte tenu des priorités et des impasses identifiées pour l’avenir ». Et de « marges de manœuvre épuisées : la poursuite de l’effort réalisé ces deux dernières années aura des conséquences lourdes et irréversibles dont nous devrons pleinement assumer les effets politiques ».

    Deux mois plus tard, Jean-Marc Ayrault est débarqué, balayé par les élections municipales dévastatrices pour la gauche au pouvoir. Manuel Valls le remplace, après avoir été soutenu en sous-main par plusieurs ministres importants du gouvernement, notamment Arnaud Montebourg et Benoît Hamon (lire notre article de l’époque), mais aussi… Aurélie Filippetti. Comme ses deux camarades, elle espère que Manuel Valls donnera davantage de gages à gauche, au moins pour des raisons tactiques.

    De fait, le budget pour la culture de 2015 est enfin stabilisé. Filippetti s’en félicite dans un courrier daté du 3 juillet 2014 adressé à Manuel Valls : « L’idée que la Culture est mieux considérée et reconnue depuis le remaniement, idée qui ne demande qu’à prospérer compte tenu de votre engagement personnel, ne pourra dans ce contexte le faire que si elle est associée à un signal budgétaire clair. »

    Quelques semaines plus tard, Filippetti quitte pourtant le gouvernement et retrouve sa liberté de parole. À ses yeux, le compte n’y est pas. Le pari Valls est un échec. Elle l’écrit clairement dans sa lettre de démission (à retrouver ici). Dans un entretien à Mediapart, elle explique alors : « J’ai été la ministre qui a dû assumer – et c’est le rôle d’un ministre d’assumer un choix collectif même quand il l’a combattu – la baisse du budget de la culture de 6 % sur deux ans, dont 4 % dès la première année. C’était une décision très lourde et c’était inutile. […] La culture aurait dû être préservée, parce qu’elle est un symbole et une force pour la France. C’était déjà un symptôme de la politique d’austérité qui a jeté la France, mais aussi l’Europe, dans une situation de blocage économique. » Pour l’ancienne ministre, devenue députée, l’austérité culturelle continue. Elle l’a redit dimanche sur France Info, en réponse au premier ministre : « Même si Manuel Valls reconnaît cette erreur aujourd’hui, je constate que l’austérité a continué pour les collectivités locales avec un impact direct sur la culture puisqu’il y a plus de 150 festivals qui vont être annulés parce que les collectivités ne peuvent plus les financer. »

    21 MAI 2015 | PAR LÉNAÏG BREDOUX ET JOSEPH CONFAVREUX

    #socialistes

    • Suivant l’art de la guerre et son vocabulaire, la Culture est un territoire d’importance vitale qui doit être défendu à tout prix contre les attaques ennemies, et plus précisément couvert par la dissuasion nucléaire. Aussi quand le #budget de la Culture a diminué de 6% en deux ans, dont 4% dès la première année, Aurélie Filipetti n’a pas compris (article payant) :

      « Personne ne comprend notre stratégie » , a-t-elle écrit au Président.
      Autrement dit l’art d’organiser et de conduire un ensemble d’opérations militaires prévisionnelles et de coordonner l’action des forces armées sur le théâtre des opérations.

      L’art, le théâtre, la musique aussi…les alertes partout ! a-t-elle encore écrit, c’est-à-dire des signaux prévenant une force militaire ou une population d’une attaque ennemie l’invitant à prendre des dispositions d’intervention ou de défense passive, car la situation budgétaire du ministère, a-t-elle dû constater, ne permet plus de mener à bien ses missions, actions de combat confiées à une personne ou à une formation.

      La décision qui consiste à stopper l’avancée du recul a donc été prise et artistiquement présentée par le nouveau Commandement comme une nouvelle page de la #politique_culturelle.

      La #sanctuarisation est une politique de défense nationale qui démontre qu’il est possible de faire quelque chose sans rien faire et qu’il n’est pas impossible de ne rien faire quand on a fermement décidé de faire quelque chose.

      Car « la France décide elle seule de ce qu’elle doit faire , a dit Manuel Valls dans sa déclaration de politique générale le 16 septembre 2014, et ce malgré l’évolution exceptionnelle de la conjoncture économique européenne » .
      La crise, si vous voulez.

      http://www.rue89lyon.fr/2015/05/28/le-langage-militaire-dernier-moyen-de-resistance-de-la-culture

  • Présidence de France Télévisions : la justice va être saisie
    https://www.mediapart.fr/journal/france/250515/france-televisions-la-justice-va-etre-saisie-du-scandale-ernotte

    À l’origine de la procédure qui a permis de mettre au jour la partie France Télévisions du scandale Bygmalion, Jean-Jacques Cordival, responsable du SNPCA-CGC, a indiqué à Mediapart qu’il engageait « un recours judiciaire visant à contester les invraisemblables conditions de “sélection” concernant la présidence de France Télévisions ». L’affaire devient de plus en plus embarrassante pour le #CSA.

    Depuis que Mediapart a révélé le 16 mai dernier (lire #France_Télévisions : la désignation de la PDG entachée d’irrégularités) que la désignation par le Conseil supérieur de l’#audiovisuel (CSA) de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions a été entachée de plusieurs irrégularités (manquement aux règles d’équité de la part d’un membre du CSA, plagiat du projet d’un candidat rival…), la question est sur toutes les lèvres et tétanise le CSA lui-même : l’affaire va-t-elle être portée devant la justice ?

    Maintenant, on connaît la réponse : la justice sera effectivement saisie. Mais celui qui a décidé de déposer une plainte auprès du procureur de la République n’est pas celui que l’on attendait, en l’occurrence l’un des candidats éconduits, Didier Quillot, l’ancien patron d’Orange-France puis de Lagardère Active. Pour l’heure, ce dernier réserve sa décision. Mais le plaignant est une personnalité tout aussi déterminée : il s’agit de Jean-Jacques Cordival, le responsable CGC du Syndicat national des personnels de la communication et de l’audiovisuel (SNPCA-CGC), un syndicat très pugnace qui est déjà à l’origine de la plainte ayant conduit à la mise au jour du scandale Bygmalion, dans son volet qui concerne France Télévisions.

    Dans un article récent, le site Atlantico a en effet révélé (l’article est ici) que le Syndicat des personnels de la communication et de l’audiovisuel (SNPCA-CGC), présidé par Jean-Jacques Cordival, avait chargé ses avocats d’étudier les motifs pour lesquels il pourrait déposer plainte auprès du procureur de la République de Paris. Interrogé par Mediapart, Jean-Jacques Cordival nous a confirmé que telle était bien son intention : « Le SNPCA-CGC, à l’origine de la plainte instruite par le juge Renaud Van Ruymbeke dans le volet France Télévisions de l’affaire Bygmalion, a très officiellement donné mandat au cabinet d’avocats qui représente le syndicat dans cette procédure, en l’occurrence maître Maria Cornaz et maître Pierre-Olivier Lambert, afin de saisir la justice pour, cette fois-ci, un recours judiciaire visant à contester les invraisemblables conditions de “sélection” concernant la présidence de France Télévisions. »

    Jean-Jacques Cordival a confirmé à Mediapart « son intention d’aller jusqu’au bout ». Il nous a indiqué avoir « d’ores et déjà transmis à ses avocats l’enquête de 12 pages de Mediapart à ce sujet mais aussi le dossier de sept pages diffusé ce week-end de Pentecôte par "Le M du Monde" [elle est ici – ndlr], tout comme l’article du site Atlantico de ce dimanche 26 mai qui révèle notamment la rencontre avec Marc Chauvelot de l’un des responsables de la CGT France Télévisions et le soutien de son syndicat à Delphine Ernotte ».

    Le SNPCA-CGC et Jean-Jacques Cordival, qui « comme de nombreux parlementaires souhaite la création d’une commission d’enquête, estiment que la coupe est pleine et que les dernières gouttes d’eau ont fini par la faire déborder ». Ils rappellent « aussi et surtout, que "le CSA qui dispose d’une personnalité morale distincte de celle de l’État, désormais responsable sur le plan juridique de toutes ses décisions... doit répondre de ses actes. La loi en effet impose, tout au long du texte, une "obligation d’impartialité" (le mot y est une dizaine de fois inscrit) à ses membres. Pour le syndicat, violer ce principe doit entraîner la révocation de ou des membres défaillants et la nullité de toute procédure de désignation qui ne respecte pas ce principe et encore moins celui de la parfaite égalité de traitement entre tous ».

    Pour le CSA, cette plainte, quelles que soient ses suites, risque donc d’avoir des conséquences terriblement embarrassantes pour une cascade de raisons. Primo, le syndicat est effectivement celui qui est déjà à l’origine de la révélation de tout le volet France Télévisions du scandale Bygmalion. Jean-Jacques Cordival s’en glorifie non sans raison : « Le Syndicat national des personnels de la communication et de l’audiovisuel dans ce dossier a déjà obtenu quatre mises en examen, dont celle de l’ancien PDG de France Télévisions Patrick de Carolis, celle de Camille Pascal, ex-secrétaire général du groupe public, également conseiller et plume de Nicolas Sarkozy, et celles de Bastien Millot et de Bygmalion, la société qu’il créait avec Guy Alvès, mais aussi le placement sous statut de témoin assisté de trois dirigeants, l’actuel et toujours PDG Rémy Pflimlin, Martin Ajdari, ex-financier de France Télé qui vient d’être nommé patron de la DGMIC (organe de contrôle des sociétés de l’audiovisuel public dépendant du ministère de Fleur Pellerin), Damien Cuier, ex-financier, lui aussi du groupe. »

    Deuzio, on ne peut plus exclure que cette plainte soit suivie par d’autres. Car beaucoup de candidats évincés ont été légitimement choqués par l’opacité qui a entouré la procédure de désignation de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions. Et sous couvert du secret, plusieurs membres du CSA se disent eux-mêmes meurtris par les intrigues et les chausse-trapes qui ont accompagné cette désignation. Pour l’heure, ces membres du CSA sont astreints à une obligation de respect des règles de confidentialité et s’exposeraient à des poursuites pénales s’ils les enfreignaient – Olivier Schrameck, le président du CSA, n’a pas manqué de le leur rappeler. Mais si une information judiciaire était ouverte – ou alors si une commission d’enquête parlementaire pouvait être constituée –, les témoignages de certains membres du CSA seraient ravageurs. Mediapart, qui a recueilli plusieurs témoignages, est en mesure de l’assurer.

    Dans l’immédiat, le gouvernement fait donc mine de croire que tout s’est passé de manière normale et a rejeté la demande de commission d’enquête parlementaire demandée par l’UMP (lire France Télévisions : la désignation de la PDG fait des vagues). Lors des questions d’actualité au gouvernement, mercredi 20 mai, le député Thierry Solère (UMP – Hauts-de-Seine) a ainsi interpellé la ministre de la culture et de la communication, Fleur Pellerin, sur la mascarade qui a conduit à cette nomination, mais la ministre a joué de la langue de bois et a applaudi la désignation de Delphine Ernotte, « une professionnelle reconnue de tous ». Sauf des professionnels de la télévision, où elle n’a pas la moindre expérience…

    https://www.dailymotion.com/video/x2qtyzb_france-televisions-thierry-solere-ump-denonce-l-opacite-de-la-p

    La fin de non-recevoir opposée par la ministre risque pourtant de ne pas mettre fin au scandale. Elle risque même de l’attiser encore un peu plus. Car, depuis que Mediapart a révélé les intrigues et irrégularités qui ont accompagné cette désignation, l’affaire ne cesse effectivement de faire des vagues de plus en plus violentes. D’abord, la presse, au début atone, a commencé à prendre la mesure de ce qui s’est joué, comme en témoigne l’enquête publiée par le magazine du Monde que nous évoquions tout à l’heure, sous le titre ravageur « Mauvaises ondes au CSA ». Mais beaucoup d’autres journaux sont désormais à l’unisson, reproduisant une dépêche AFP. Cette dépêche, on peut par exemple la consulter sur le site de L’Express, sous ce titre tout aussi ravageur : « France Télévisions : le CSA les doigts dans la crise ».

    Même si le gouvernement s’enferme dans le déni, l’affaire Ernotte risque de fonctionner comme une bombe à mèche lente. Et de jour en jour, elle risque d’empoisonner un peu plus le débat public.

    On va ainsi en reparler dès mardi puisque, à défaut d’une commission d’enquête parlementaire, l’UMP a au moins obtenu que le président du CSA, Olivier Schrameck, soit auditionné dès ce mardi par la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale. Mais on peut craindre dès à présent, sans grand risque de se tromper, que le rendez-vous ne se passe mal puisque, à chaque interpellation embarrassante, le président du CSA pourra se réfugier derrière le secret des délibérations instaurée par la loi. En clair, le huis clos, qui a si fortement favorisé les intrigues lors de cette procédure de nomination, générera une nouvelle onde de choc pour les députés, qui seront dans l’incapacité d’y voir clair dans cette obscure affaire.

    Dans l’immédiat, l’heure des intrigues et des jeux d’influence n’est donc toujours par révolue. Preuve décidément que la France est décidément encore bien loin de disposer d’une télévision publique libre et indépendante.

  • Rémunérations : les petits extras cachés des grands patrons français
    http://multinationales.org/Remunerations-les-petits-extras-caches-des-grands-patrons-francais

    Le niveau extrêmement élevé des rémunérations des grands patrons ne cessent d’alimenter la polémique, en raison de leur disproportion manifeste avec le sort réservé aux salariés et de leur déconnexion de toute réalité économique objective. Une enquête de Yann Philippin pour #Mediapart montre qu’en plus de leur rémunération officielle, certains grands patrons s’offrent un petit bonus caché à travers les honoraires de « consultance » qu’ils facturent à leur propre groupe. Chacun sait que Bernard Arnault, première (...)

    Actualités

    / Mediapart, #France, #LVMH, #salaires, #transparence, #dirigeants_d'entreprises, #Groupe_Arnault, ARNAULT (...)

    #ARNAULT_Bernard
    « http://www.mediapart.fr/journal/economie/070515/les-cagnottes-pleines-de-conflits-dinterets-des-grands-patrons »
    « http://www.mediapart.fr/journal/economie/150515/la-bonne-fortune-du-consultant-antoine-arnault »