L’exécution du cheikh Nimr redistribue les cartes dans la région - Scarlett HADDAD - L’Orient-Le Jour
▻http://www.lorientlejour.com/article/963410/lexecution-du-cheikh-nimr-redistribue-les-cartes-dans-la-region.html
Les pronostics diplomatiques penchaient donc vers le début d’un processus de compromis dans les trois principaux dossiers brûlants, la Syrie, le Yémen et l’Irak. De fait, comme s’il s’agissait d’une partition bien orchestrée, un cessez-le feu et un dialogue ont été annoncés au Yémen, alors que le Conseil de sécurité de l’Onu a adopté une résolution à l’unanimité de ses membres pour définir le carnet de route du processus de sortie de crise en Syrie. En même temps, l’armée irakienne et les forces populaires ont lancé une importante offensive réussie pour reprendre la ville de Ramadi et les analystes annonçaient un processus de règlement des crises au cours de l’année 2016. De plus, Riyad avait rouvert son ambassade à Bagdad et cela avait été perçu comme un début de solution dans ce pays.
Brusquement, l’exécution du cheikh Nimr el-Nimr a balayé ce vent d’optimisme. Si le tollé escompté de la part de la communauté internationale pour condamner l’exécution d’un opposant qui n’a jamais porté les armes, qui n’a jamais appelé au renversement du régime et qui condamnait même la dictature en Syrie, se contentant de réclamer des droits élémentaires pour les Saoudiens de confession chiite, n’a pas été aussi bruyant qu’il aurait dû l’être, les Britanniques ont été quand même les plus sévères dans leur critique de la monarchie saoudienne. La source diplomatique précitée précise que le Premier ministre britannique David Cameron était personnellement intervenu auprès des dirigeants saoudiens pour les pousser à ne pas exécuter cet opposant, leur suggérant de le garder en prison à perpétuité et considérant que son exécution serait forcément interprétée comme un acte de provocation.