• Collaboration, le legs d’Emmanuel Macron, Michel Feher
    https://aoc.media/analyse/2024/11/11/collaboration-le-legs-demmanuel-macron

    À défaut d’avoir scellé la victoire des progressistes sur les populistes, Emmanuel Macron pourra se vanter d’avoir rendus les premiers indiscernables des seconds. Pour la première fois depuis 1945, le cordon sanitaire n’aura pas tant disparu que changé de bord, usé désormais pour isoler les réfractaires à l’union des droites. Reste pour la gauche à prendre acte de cette bipartition et retrouver la défiance joyeuse des législatives.

    Emmanuel Macron est un homme de projets. Depuis son irruption dans l’arène électorale, il en a successivement conçu trois, de factures fort différentes, mais qu’il a poursuivis avec un succès que son impopularité croissante ne doit pas occulter.

    Le premier, dont la réalisation a précédé l’entame de son premier mandat, relevait seulement d’une expérience de pensée destinée à mettre sa campagne en récit. Il s’agissait, on s’en souvient peut-être, d’imaginer un « nouveau monde » où l’alternance entre la droite et la gauche disparaîtrait au profit d’une alternative dont les termes étaient le progressisme et le populisme. Confrontés à un tel choix, avançait le héraut de la start-up nation, tous les Français raisonnables, quelle que soit leur affiliation d’origine, ne manqueraient pas de faire le pari de l’ouverture et de l’avenir.

    Effacée dès la prise de fonction d’Emmanuel Macron, la story du « en même temps » progressiste a rapidement cédé la place à un deuxième projet, conçu pour assurer la réélection du nouvel hôte de l’Élysée. Celui-ci se donnait alors pour mission de priver les Républicains de leur raison d’être tout en confortant Marine Le Pen dans son rôle de Raymond Poulidor de la République – soit de candidate indéfiniment vouée à finir deuxième. Concurremment fondée sur les difficultés des partis de gauche à s’unir et sur la discipline républicaine de leurs électeurs, cette entreprise a bien atteint son objectif en 2022, puisqu’en privant Valérie Pécresse de troupes au premier tour et en obtenant les voix des électeurs de Jean-Luc Mélenchon au second, le président sortant a été reconduit à la tête de l’État.

    Pour autant, la manière dont la victoire a été acquise a aussitôt généré des désagréments considérables pour le camp présidentiel : la promotion de la candidate d’extrême droite au rang de challenger officielle s’est en effet traduite par l’entrée en force du Rassemblement National (#RN) à l’Assemblée nationale, tandis que le dépit des citoyens qui s’étaient contraints à assurer la réélection d’un président honni a persuadé les socialistes, les écologistes, les communistes et les Insoumis de sceller une alliance électoralement bénéfique pour ses parties-prenantes.

    Privé de majorité parlementaire, Emmanuel Macron s’est d’abord convaincu que les privilèges de l’exécutif octroyés par la Constitution de la Cinquième République lui permettraient de persévérer sans encombre dans sa quête d’appréciation par les principaux arbitres de la compétitivité – à savoir, les gestionnaires d’actifs, la Banque centrale européenne et les agences de notation. Toutefois, tant la progression continue du RN dans l’opinion que son peu de crédit auprès des Français désireux de l’arrêter lui ont bientôt donné l’envie de se consacrer à un nouveau projet.

    #paywall... #cordon_sanitaire

  • Benjamin Biard : « Face à l’extrême droite, l’#audiovisuel_public belge a institué un #cordon_sanitaire »

    Depuis 1991, les radios et télévisions publiques belges francophones ont banni de leurs studios et plateaux tous les représentants de l’extrême droite. Résultat : celle-ci n’a jamais percé politiquement. Le politiste #Benjamin_Biard revient sur une expérience unique qu’on peut considérer comme un exemple à suivre d’urgence.

    https://aoc.media/entretien/2024/07/12/benjamin-biard-face-a-lextreme-droite-laudiovisuel-public-belge-a-institue-un

    #médias #Belgique #extrême_droite #télévision_publique #bannissement #barrage #exemple_à_suivre #bonnes_pratiques #TV #radio
    –-

    déjà signalé sur seenthis ici par @sombre, où il y a le texte complet :
    https://seenthis.net/messages/1061621

  • Rapports quotidiens du commissaire spécial de police en service au #poste_frontière du #Montgenèvre en #1884 - #1885
    Une recherche de #Philippe_Hanus publiée sur FB :
    https://www.facebook.com/philippe.hanus.94/posts/666078854128574

    Ami.e.s des confins,

    Puisque nous sommes désormais compagnes et compagnons d’infortune de nos voisins transalpins, je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager ces rapports quotidiens du commissaire spécial de police en service au poste frontière du Montgenèvre en 1884-85 (d’après une documentation des Archives départementales des Hautes-Alpes).

    Il est question d’épidémie de #choléra, de mouvements migratoires, de #couvre-feu et de #nationalisme de frontière…

    Concordance des temps comme dirait J. - N. Jeanneney ?

    20/09/1884 : les familles piémontaises qui avaient quitté Marseille en raison de l’épidémie de choléra pour rentrer dans leur pays par le Montgenèvre reviennent en France.

    30/09 : trente italiens par jour retournent à Marseille et trente quittent la France pour l’Italie. Ce sont des individus des deux sexes appartenant à la « classe ouvrière ». Ils sont originaires de la province de #Turin. Il entre en France « beaucoup de jeunes volailles ».

    11/11 : divers officiers italiens « en bourgeois » (en civil) se rendent au #mont_Chaberton.

    24/11 : petit tremblement de terre sans conséquences.

    2/12 : le plus grand calme règne au Montgenèvre.

    22/12 : deux mètres de neige sont tombés au col : Montgenèvre est bloqué.

    5/01/1885 : temps glacial, route verglacée.

    21/01 : fréquentes avalanches, pays bloqué.

    30/01 : circulation enfin rétablie.

    24/04 : premiers mouvements de troupes italiennes à nos frontières.

    21/05 : deux compagnies d’infanterie prennent leurs quartiers au Montgenèvre.

    23/05 : différentes compagnies de chasseurs italiens montent au col.

    2/06 : des soldats français se sont rendus en Italie. Les douaniers italiens sont « surexcités » : rixe dans un bar à Cézanne où des hommes pris pour des sous-officiers français ont été invectivés par des Italiens.

    14/06 : frontière à nouveau calme.

    6/07 : on annonce de grandes manœuvres italiennes à la frontière, environ 10 000 h.

    Le 30/07 : les soldats Italiens prennent possession du Mont Chaberton avec huit pièces de canons « le Chaberton est toujours le point sur lequel se fixe l’attention des militaires… Il est l’objet de fréquentes visites d’officiers, en bourgeois, italiens et français ».

    Le 10/08/1885 : en raison du choléra on établit un #cordon_sanitaire à la frontière : « en arrivant aux Clavières, les voyageurs et les bagages venant de France sont soumis à une sorte de #désinfection en présence du médecin délégué… ».

    12/08 : les voyageurs en provenance de France sont « désinfectés avec de l’#eau_phénique, puis le médecin délivre un billet à ceux dont la santé est bonne.

    27/08 : l’entrée en Italie par les Clavières la nuit est interdite à tout le monde.

    20/10 : le poste de santé des Clavières, composé d’un médecin, un comptable et de deux sergents de ville a été supprimé dans la journée. Tout est tranquille.


    https://www.facebook.com/philippe.hanus.94/posts/666078854128574
    #histoire #épidémie #frontières #France #Italie #militarisation_des_frontières #armée #fermeture_des_frontières

    ping @fil @simplicissimus @reka @wizo

    • Le #choléra à nos frontières. Petite chronique de l’épidémie de 1884-85 entre la France et l’Italie

      En situation de crise sanitaire, les frontières apparaissent comme des points de vulnérabilité par où l’envahisseur (quand bien même s’agit-il d’un virus) vient remettre en question la souveraineté nationale. Cet article vise à interroger leur fonction de « rempart protecteur » entre la France et l’Italie dans le cadre de la gestion sanitaire de l’épidémie de choléra qui s’est répandue en Europe au cours de l’année 1884-85, à partir du Midi de la France.


      https://lecpa.hypotheses.org/1722