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  • Libéralisme : l’heure de payer l’addition Alternatives Economiques - Christian Chavagneux - 15 Mars 2018
    https://www.alternatives-economiques.fr/christian-chavagneux/liberalisme-lheure-de-payer-laddition/00083626

    Un sondage ne fait pas un pays mais celui d’OpinionWay pour le Printemps de l’économie 2018 surprend par la violence qu’il exprime du rejet de la mondialisation par les Français. Avec pour conséquence une forte demande de protectionnisme et un pessimisme qui n’augurent rien de bon. En prônant l’ouverture à tout crin et en refusant d’en traiter les effets anti-redistributifs, le libéralisme économique finit par produire sa propre remise en cause.

    Un rejet généralisé
    Premier résultat : 60 % des Français ont une mauvaise opinion de la mondialisation. En termes d’âge, on trouve les plus récalcitrants chez les 50 ans et plus. Mais la moitié des moins de 35 ans déclarent également leur méfiance : terrible constat d’une jeunesse pour moitié repliée sur elle-même ! Et le discours sur la différence entre des élites bien formées mondialisées et des ouvriers peu formés nationalistes ne fonctionne pas : 58 % des CSP+ ont une mauvaise opinion de la mondialisation.

    Sur quoi se fonde ce rejet ? Plusieurs points saillants émergent : ce sont les multinationales qui font majoritairement la loi, l’Asie et les Etats-Unis sont les gagnants et l’Europe est parmi les perdants. La mondialisation est perçue comme poussant à l’innovation technologique mais dégrade l’environnement, ne réduit pas la pauvreté et va à l’encontre de l’égalité entre hommes et femmes. De plus, quasiment la moitié des Français pensent qu’elle a des effets négatifs sur la croissance, 58 % qu’elle réduit leur pouvoir d’achat, 64 % qu’elle a des effets négatifs sur l’emploi et 65 % sur les salaires.

    Un sentiment pessimiste
    A partir de ce constat, nulle surprise sur les solutions : le protectionnisme commercial est plébiscité. 66 % des Français souhaitent l’imposition de normes plus strictes sur les produits entrants et sortants.
    L’avenir n’est pas rose : les trois-quarts des sondés pensent que la mondialisation économique va continuer à s’étendre, 60 % que c’est incompatible avec la lutte contre le changement climatique et 54 % cela se traduira par encore plus d’uniformisation culturelle.
    Les débats entre économistes sur le ralentissement de la mondialisation et le fait qu’elle ait atteint un plateau n’ont donc pas d’effets sur l’opinion française, pas plus que le travail des anthropologues du politique soulignant combien face à un capitalisme mondialisé chaque territoire se l’approprie de manière différente, loin de toute uniformisation.
    Du fait de la mondialisation, 71 % des Français sont inquiets pour leurs enfants, 67 % pour l’avenir de la France, 65 % pour l’avenir du monde et 63 % pour leur propre avenir. Un tableau noir.

    Le prix d’un trop fort libéralisme
    Ce sondage ne fait que confirmer ce que le Brexit, l’élection de Donald Trump et la montée des partis nationalistes nous clament plus fortement : faute d’avoir reconnu les #coûts_sociaux qu’il engendre et accepté de les traiter, le #libéralisme_économique fait désormais l’objet d’un rejet croissant.
    Les libéraux vantent les effets positifs de la mondialisation commerciale sur le pouvoir d’achat puisque l’on achète des produits moins chers ailleurs. Mais un pays peut également y perdre des emplois ou connaître une pression à la baisse sur les salaires. Quel effet l’emporte ? La seule étude récente sur le sujet a été proposée à l’été 2017 par la Banque d’Angleterre sur le secteur textile britannique. Résultat : d’un côté, un gain de pouvoir d’achat cumulé grâce à l’ouverture de 3 %, de l’autre, une perte de 1,25 %.
    Au niveau macroéconomique, les gains s’avèrent donc supérieurs aux pertes. Généralement, les libéraux s’arrêtent là. Sauf que les gains bénéficient à tous les consommateurs tandis que les pertes sont concentrées sur quelques territoires. L’étude regarde alors de près les marchés du travail : les régions qui concentraient une plus grande part d’industrie textile au début des années 1980 ont connu une plus faible croissance de l’emploi que les autres et un retrait plus marqué des personnes du marché du travail. Un effet qui se fait toujours sentir…

    Les coûts locaux de la mondialisation

    Une étude récente de la Banque de France s’interroge, elle, sur le coût local des importations chinoises en France. Résultat : sur la période 2001-2007, une perte d’environ 90 000 emplois dans le secteur manufacturier, soit 13 % du déclin sur la période... mais aussi 190 000 en dehors de ce secteur. L’explication ? La baisse de l’emploi manufacturier induit une baisse de la demande locale, qui fait largement sentir ses effets sur les secteurs a priori protégés de la concurrence internationale.
    Enfin, une récente recherche du Fonds monétaire international aboutit à trois résultats importants. Tout d’abord, participer à la mondialisation accroît la richesse d’un pays. Ensuite, plus le niveau d’intégration internationale d’un pays est élevé, plus les gains qu’il tire d’une poursuite de l’intégration diminue. Enfin, les gains de la mondialisation profitent aux plus riches et accroissent les #inégalités. La France se situe clairement dans la catégorie des pays mondialisés qui ne profitent plus d’une ouverture supplémentaire, la mondialisation étant l’un des facteurs expliquant la montée des inégalités.

    Bref, la #mondialisation fait des gagnants mais aussi des #perdants. Les #politiques suivies ces dernières décennies n’ont pas suffisamment cherché à aider ceux qui sont tombés du mauvais côté. Aujourd’hui, ils répondent. Si cela conduit finalement à une mondialisation raisonnable et à un capitalisme moins libéral et moins inégalitaire, on s’en sortira bien. Mais la probabilité d’une montée des #guerres_commerciales n’est pas exclue. Ni même qu’au-delà du seul libéralisme économique débridé, la démocratie soit aussi emportée par le flux.

    • L’intérêt de cet article est dans le chiffrage du rejet de la mondialisation par les français.
      En tant qu’ économiste et éditorialiste , Christian Chavagneux essaye de justifier à tous prix la #mondialisation_heureuse.
      Il ne doit pas souvent aller dans la rue ce monsieur, il est vrai qu’il écrit avant tout pour ses lecteurs.

      Article tiré de la revue de presse du site Les Crises, ( Olivier Berruyer ) mis à l’index par le décodex du nomde.
      https://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-17032018

    • Article tiré de la revue de presse du site Les Crises, ( Olivier Berruyer ) mis à l’index par le décodex du nomde.

      Du « nomde » ? mais de quoi l’Immonde est-il le nom ?

      Sinon, c’est bien de mettre l’intégralité des articles munis d’un « paywall » à retardement.

    • Un sondage d’OpinionWay vient d’être réalisé sur la « mondialisation » et ses résultats sont sans appels[1]. Les français rejettent dans leur grande majorité cette « mondialisation » et se prononcent même, à près de 66%, pour une forme de retour au protectionnisme. Certains vont se lamenter sur le « manque de culture économique » des français. D’autres feront remarquer, et cela est vrai, que ce sondage n’est qu’un sondage. Mais, ce sondage a été réalisé pour le « Printemps de l’Economie », une manifestation soutenue par la Caisse des Dépôts et Consignations[2].
      Ce sondage survient après l’interruption du processus du TAFTA mais après, aussi, l’approbation du CETA par l’Union européenne[3]. Il a donc valeur de témoignage. Il a été réalisé par des personnes et pour des personnes qui sont en réalités favorables à la mondialisation. Le fait qu’il donne des résultats aussi contraires à leurs attentes est, de ce point de vue, hautement symbolique.

      Un rejet général
      La première chose qu’il convient de retenir de ce sondage, c’est qu’il exprime un rejet quasi-général de la « mondialisation ». Pas moins de 60% des personnes interrogées ont une opinion négative de la mondialisation. En fait, seul 3% des personnes interrogées ont une « très bonne » opinion de la mondialisation alors que 14% en ont une « très mauvaise ». Le clivage est net.


      Source : sondage OpinionWay, réalisé au mois de mars 2018 pour le Printemps des économistes
      Par ailleurs, quand on regarde la répartition de ces opinions, on constate que le taux le plus élevé de « mauvaise opinion » est situé dans la tranche d’âge qui va de 50-64 ans, autrement dit les personnes les plus vulnérables au risque prolongé de chômage. Il est ici important de noter que l’appartenance aux catégories socio-professionnelles les plus élevées (CSP+) n’a pratiquement pas d’impact sur les mauvaises opinions quant à la mondialisation. Les CSP+ ont une mauvaise opinion à 58% et les CSP- à 60%.

      Cela signifie qu’une majorité absolue de nos concitoyens n’adhère plus à la doxa libérale qui veut que le libre-échange et la mondialisation soient de bonnes choses pour tous. C’est, ici, un changement important de l’opinion. Il n’est pas étonnant car cette même doxa ne s’appuyait pas sur des faits mais sur une forme de présentation de l’histoire économique et sociale hautement tendancieuse.

      On a pu avoir en effet l’impression, et peut-être l’illusion, que c’était par l’abolition des barrières aux échanges que l’on avait obtenu la croissance très forte. Des travaux, parmi lesquels on doit inclure ceux de Dollar, en 1992[4], de Ben-David, en 1993[5], de Sachs et Warner, en 1995[6], et de Edwards en 1998[7], ont cherché à établir ce fait.

      Mais, de manière générale, les tests statistiques et économétriques pratiqués donnent des résultats qui sont pour le moins très ambigus. On peut en déduire que, pour certains pays, l’ouverture a eu des résultats positifs, mais non pour d’autres. Cependant, on peut aussi en déduire que si une politique qui associe l’ouverture à de bonnes mesures macroéconomiques est meilleure qu’une politique associant le protectionnisme à des mauvaises mesures macroéconomiques, ceci tient bien plus à la qualité des dites mesures macroéconomiques qu’à celle de l’ouverture[8]. De fait, les pays qui ont associé des politiques protectionnistes à des bonnes politiques macroéconomiques connaissent des taux de croissance qui sont largement supérieurs à ceux des pays plus ouverts, ce qui invalide le résultat précédent sur l’ouverture[9]. Ceci nous ramène à la problématique du développement, qui s’avère être autrement plus complexe que ce que les partisans d’un libre-échange généralisé veulent bien dire. Les travaux d’Alice Amsden[10], Robert Wade[11] ou ceux regroupés par Helleiner[12] montrent que dans le cas des pays en voie de développement le choix du protectionnisme, s’il est associé à de réelles politiques nationales de développement et d’industrialisation[13], fournit des taux de croissance qui sont très au-dessus de ceux des pays qui ne font pas le même choix. Le fait que les pays d’Asie qui connaissent la plus forte croissance ont systématiquement violé les règles de la globalisation établies et codifiées par la Banque mondiale et le FMI est souligné par Dani Rodrik[14].

      En fait, le protectionnisme s’avère bien souvent une voie plus sure et plus rapide vers la croissance que le libre-échange et, ce point est d’ailleurs régulièrement oublié par les thuriféraires du libre-échange, c’est la croissance dans chaque pays qui porte le développement des échanges internationaux et non l’inverse.

      L’opinion des personnes interrogées dans le cadre du sondage OpinionWay réalisé pour Le Printemps des Economistes met d’ailleurs bien en lumière que pour plus de 56% des personnes interrogées, les règles du commerce international sont conçues pour et par les multinationales.

      Les raisons de ce rejet
      Il est alors important de regarder quelles sont les raisons pour lesquelles les personnes interrogées rejettent la « mondialisation ». La raison majeure est l’opinion très négative des conséquences de la mondialisation sur l’environnement. Pour 70% des personnes interrogées, la mondialisation a des effets négatifs ou n’améliore pas vraiment la situation. Puis, viennent les questions liées à la santé, à la pauvreté et aux inégalités. C’est dire à quel point la « mondialisation » est mal perçue par les français.

      Si l’on pose aux personnes interrogées des questions concernant la situation en France, on voit alors surgir la question des salaires et de l’emploi (plus de 64% des personnes pensent que la mondialisation est mauvaise sur ces points), mais aussi les questions de l’environnement, du pouvoir d’achat et de la croissance. C’est donc un bilan très négatifs que tirent les français de la « mondialisation ».

      De fait, le passage progressif à la globalisation marchande a permis de faire passer, dans le discours tenus par les principaux pays européens, les mesures destinées à faire baisser la part des salaires et surtout les salaires d’ouvriers pour une évidence, une sorte de « loi de la nature ». Il n’y avait pourtant rien de « naturel » à cela. Les transformations du cadre d’insertion international sont bien le produit de politiques. Mais, par l’illusion d’une « contrainte extérieure » s’appliquant hors de toute politique, ce discours a produit un mécanisme progressif d’acceptation des mesures qui étaient ainsi préconisées. On constate alors, pour presque tous les pays[15], un accroissement du coefficient, et donc des inégalités qui se creusent entre le milieu des années 1980 et le milieu des années 1990, au moment où l’on procède aux grandes déréglementations dans le domaine du commerce international.

      Le phénomène de pression à la baisse sur les salaires engendré par le libre-échange et la « mondialisation » est évident pour les pays les plus développés. On le constate aux Etats-Unis par exemple[16]. Pour mesurer l’impact de la déflation salariale importée, il faut commencer par établir l’écart entre les gains de productivité et ceux de l’ensemble des salaires nets à l’image de ce qui s’est passé dans d’autres pays[17]. On rappelle que l’on avait fait ce calcul dans l’ouvrage de 2011 « La Démondialisation »[18], ouvrage que l’on peut considérer comme largement validé par ce sondage de 2018. L’évolution des rémunérations salariales a ainsi été très désavantageuse pour les salariés à bas revenus à partir de 1983. Ce phénomène s’est amplifié au tournant des années 1999-2002. On peut donc bien parler d’une contre-révolution conservatrice qui s’est jouée en deux temps. La déflation salariale est donc indiscutable et c’est elle qui explique le phénomène de ralentissement de l’inflation générale à la fois directement, par la modération des salaires et donc par des coûts à profit égal et même croissants, et indirectement, par le biais de la pression qu’exercent les chômeurs. Cette déflation salariale a été le résultat de la mise en concurrence des travailleurs français avec les travailleurs d’autres pays dont le niveau de salaires était incomparablement plus bas.

      La phase dans laquelle nous sommes toujours plongés, a vu les salaires évoluer sous la contrainte des importations de produits issus des pays à faibles coûts salariaux. C’est le résultat de la politique d’ouverture qui a été menée dans la période précédente. Ici, on peut mesurer directement les effets de la globalisation marchande sur l’économie française. Celle-ci se traduit non seulement par un accroissement plus faible que celui de la productivité pour la moyenne des salaires (ce phénomène étant particulièrement sensible dans l’industrie manufacturière), mais aussi par une augmentation des inégalités au sein du salariat et, en particulier, la stagnation du salaire médian par comparaison à la faible – mais constante – hausse du salaire moyen. Dans cette phase, la loi sur les 35 heures a bien joué un rôle correctif, contrairement à ce qui avait été affirmé avant et après qu’elle soit votée. Mais le rôle de cette dernière a été des plus limités. Dès les années 2000-2002, les effets du passage aux 35 heures semblent s’épuiser.

      La globalisation peut donc être tenue responsable d’une très large part de ce processus qui a abouti à un retard salarial important dans notre pays. Ce retard a aussi engendré un déficit de croissance, qui est venu lui-même renforcer les effets de la globalisation marchande par la montée du chômage et la pression que ce dernier exerce sur les rémunérations des personnes les plus exposées.

      Un retour vers le protectionnisme ?
      Ce sondage OpinionWay valide aussi l’idée d’un retour vers des formes de protectionnisme. Il montre que 66% des personnes interrogées sont en faveur de normes plus strictes sur les produits entrants ou sortants.

      Il faut ici revenir sur l’impact de la globalisation sur l’économie française, tout en précisant que des conclusions analogues pourraient être tirées pour la plupart des grands pays développés. Les conséquences sur l’économie française ont été importantes. Elles tendent à se diviser en un effet de délocalisation[19] (direct et indirect) et un effet sur la formation et répartition des revenus[20].

      Il ne fait donc aucun doute que la pression concurrentielle issue des pays à faibles coûts salariaux, mais où la productivité tend, dans certaines branches, à se rapprocher des pays développés, est aujourd’hui extrêmement forte. Le problème semble particulièrement grave à l’intérieur de l’Union européenne puisque l’on constate un très fort avantage compétitif des « nouveaux entrants », qui couvre désormais une très grande gamme de produits. L’idée de compenser l’écart abusif des coûts salariaux unitaires entre les différents pays par des taxes touchant les produits pour lesquels ces coûts sont les plus dissemblables, a donc fait son chemin. Par rapport aux protections qui ont été mises en place antérieurement, il faut ici signaler que ces taxes devraient être calculées à la fois par pays et par branche d’activité. En effet, l’une des caractéristiques de la situation actuelle est que le niveau de productivité des pays susceptibles d’être visés par un tel système varie de manière tout à fait considérable d’une branche à l’autre. Il est ici clair qu’un seul niveau de taxe serait inopérant.

      L’heure est venue de revenir à des politiques nationales coordonnées, qui sont seules capables d’assurer à la fois le développement et la justice sociale. Ces politiques sont déjà à l’œuvre dans un certain nombre de pays. À cet égard, le retard qui a été pris sur le continent européen est particulièrement tragique. Sous prétexte de construction d’une « Europe » dont l’évanescence politique se combine à l’incapacité de mettre en œuvre de réelles politiques industrielles et sociale, nous avons abandonné l’horizon de ces politiques. Mais, comme le rappelle Dani Rodrik, le problème n’est plus le pourquoi de telles politiques mais il doit désormais en être le comment[21]. De telles politiques se doivent d’être globales et d’inclure la question du taux de change et celle de l’éducation et du développement des infrastructures. Il faut aujourd’hui constater que sur la plupart de ces points l’Union européenne, telle qu’elle fonctionne, s’avère être un redoutable obstacle. C’est en effet à l’Union Européenne que l’on doit les politiques d’ouverture qui ont accéléré la crise structurelle de nos industries depuis les années 1990. C’est toujours à l’Union européenne que l’on doit la détérioration croissante du système d’infrastructures dans le domaine de l’énergie et du transport qui fit pendant longtemps la force de notre pays. Il est possible de changer ces politiques. Mais, si les résistances devaient apparaître comme trop fortes, il faudrait se résoudre à renationaliser notre politique économique. Une action concertée avec d’autres pays européens est certainement celle qui nous offrirait le plus de possibilités, mais on ne doit nullement exclure une action au niveau national si un accord se révélait temporairement impossible avec nos partenaires.

      Pour la démondialisation
      Tels sont les enseignements de ce sondage. La mondialisation a été porteuse de bien des passions contradictoires. Elle a été adulée par les uns, vilipendée par les autres. Elle a eu ses thuriféraires comme ses opposants acharnés. Aujourd’hui qu’elle recule, certains y verront une régression alors que d’autres applaudiront un progrès.

      Pourtant, il ne devrait pas y avoir de problèmes à penser ce phénomène de la démondialisation. Le monde a connu en effet bien des épisodes de flux et de reflux. Mais il est vrai que cette démondialisation survient dans le sillage d’une crise majeure. Alors se réveillent de vieilles peurs. Et si cette démondialisation annonçait le retour au temps des guerres ? Mais ces peurs ne sont que l’autre face d’un mensonge qui fut propagé par ignorance, pour les uns, et par intérêts, pour les autres. Non, la globalisation ou la mondialisation ne fut pas, ne fut jamais « heureuse ». Le mythe du « doux commerce » venant se substituer aux conflits guerriers a été trop propagé pour ne pas laisser quelques traces… Mais, à la vérité, ce n’est qu’un mythe. Toujours, le navire de guerre a précédé le navire marchand. Que l’on se souvienne ainsi des « Guerres de l’Opium » qui vit la Grande-Bretagne alors triomphante imposer à la Chine l’ouverture de ses frontières au poison de la drogue. Les puissances dominantes ont en permanence usé de leur force pour s’ouvrir des marchés et modifier comme il leur convenait les termes de l’échange.

      La mondialisation que nous avons connue depuis près de quarante ans a résulté de la combinaison de la globalisation financière, qui s’est mise en place avec le détricotage du système hérité des accords de Bretton Woods en 1973, et de la globalisation marchande, qui s’est incarnée dans le libre-échange. À chacune de leurs étapes, ces dernières ont imposé leurs lots de violences et de guerres. Nous en voyons aujourd’hui le résultat : une marche généralisée à la régression, tant économique que sociale, qui frappe d’abord les pays dits « riches » mais aussi ceux que l’on désigne comme des pays « émergents ». Elle a conduit à une surexploitation des ressources naturelles plongeant plus d’un milliard et demi d’êtres humains dans des crises écologiques qui vont chaque jour empirant. Elle a provoqué la destruction du lien social dans un grand nombre de pays et confronté là aussi des masses innombrables au spectre de la guerre de tous contre tous, au choc d’un individualisme forcené qui laisse présager d’autres régressions, bien pires encore[22].

      De cette mondialisation, on a fait un mythe. Elle est apparue sous la plume de ses thuriféraires comme un être doté de conscience et d’omniscience, capable de réaliser le bonheur de tous. On nous a fait oublier que, produit de l’action humaine, elle était condamnée à connaître le sort des autres produits de l’action humaine, et donc à disparaître. On a voulu la comparer à une force transcendante pour mieux masquer les intérêts qu’elle a servis. En ceci, il faut voir une capitulation de la pensée. Dans ce fétichisme de la mondialisation, il y eut donc beaucoup de calculs, et donc beaucoup de mensonges. Ce livre a, entre autres, la volonté de rétablir quelques vérités sur la nature réelle du phénomène.

      Le tournant qui s’amorce sous nos yeux nous confronte à nos responsabilités. La démondialisation qui se met aujourd’hui en route à travers l’amorce d’une dé-globalisation, tant financière que marchande, ne se fera pas sans nous et sans notre action. Il est de notre pouvoir de construire l’avenir.

      [1] https://www.opinion-way.com/fr/component/edocman/opinionway-pour-le-printemps-de-l-economie-les-francais-et-la-mondialisation-mars-2018/viewdocument.html?Itemid=0
      [2] http://www.printempsdeleco.fr
      [3] http://www.international.gc.ca/trade-commerce/trade-agreements-accords-commerciaux/agr-acc/ceta-aecg/text-texte/toc-tdm.aspx?lang=fra
      [4] D. Dollar, « Outward-Oriented Developeng Economies Really Do Grow More Rapidly : Evidence From 95 LDC, 1976-1985 », Economic Developemnt and Cultural Change, 1992, p. 523-554.
      [5] D. Ben-David, « Equalizing Exchange : Trade Liberalization and Income Convergenge », Quarterly Journal of Economics, vol. 108, n° 3, 1993.
      [6] J. Sachs, A. Warner, « Economic Reform and The Process of Global Integration », Brookings Paper on Economic Activity, n° 1, 1995, p. 1-118.
      [7] S. Edwards, « Opennes, Productivity and Growth : What We Do Really Know ? », Economic Journal, vol. 108, mars 1998, p. 383-398.
      [8] Voir D. Ben-David, « Equalizing Exchange : Trade Liberalization and Income Convergenge », op. cit.
      [9] Voir H.-J. Chang, « The Economic Theory of the Developmental State » in M. Woo-Cumings (dir.), The Developmental State, Ithaca, Cornell University Press, 1999 ; Kicking away the Ladder : Policies and Institutions for Development in Historical Perspective, Londres, Anthem Press, 2002.
      [10] A. Amsden, Asia’s Next Giant, New York, Oxford University Press, 1989.
      [11] R. Wade, Governing the Market, Princeton (N. J.), Princeton University Press, 1990.
      [12] G. K. Helleiner (dir.), Trade Policy and Industrialization in Turbulent Times, Londres, Routledge, 1994.
      [13] Voir C.-C. Lai, « Development Strategies and Growth with Equality. Re-evaluation of Taiwan’s Experience », Rivista Internazionale de Scienze Economiche e Commerciali, vol. 36, n° 2, 1989, p. 177-191.
      [14] D. Rodrik, « What Produces Economic Success ? » in R. Ffrench-Davis (dir.), Economic Growth with Equity : Challenges for Latin America, Londres, Palgrave Macmillan, 2007. Voir aussi, du même auteur, « After Neoliberalism, What ? », Project Syndicate, 2002 (www.project-syndicate.org/commentary/rodrik7).
      [15] L’exception étant la Grèce dont le coeeficient passe de 0,330 à 0,321. Pour la Suède, l’accroissement est important dans les années 1990 mais est compensé par une baisse dans les années 2000.
      [16] Voir A. Aaron-Dine, I. Shapiro, « Share of National Income Going to Wages and Salaries at Record Low in 2006 », Center of Budget and Policies Priorities, Washington (D. C.), 29 mars 2007 ; U. S. Department of Commerce, « Historical Income Tables – Income Inequality, Table IE-1 », Washington (D. C.), 13 mai 2005.
      [17] Voir J. Bernstein, E. McNichol, A. Nicholas, Pulling Apart. A State-by-State Analysis of Income Trends, Washington (D. C.), Center of Budget and Policy Priorities et Economic Policy Institute, avril 2008 ; J. Bivens, « Globalization, American Wages and Inequality », Economic Policy Institute Working Paper, Washington (D. C.), 6 septembre 2007.
      [18] Sapir J., La Démondialisation, Paris, Le Seuil, 2011.
      [19] Voir P. Artus « Pourquoi l’ouverture aux échanges semble être défavorables dans certains cas ? », Flash-IXIS, n° 2004-53, 17 février 2004.
      [20] Voir P. Artus, « Quels risques pèsent sur les salariés européens ? », Flash-IXIS, n° 2006-153, 11 avril 2006.
      [21] D. Rodrik, « Industrial Policy : Don’t Ask Why, Ask How », Middle East Development Journal, 2008, p. 1-29.
      [22] Voir J. Généreux, La Grande Régression, Seuil, 2010.

      Source : [RussEurope-en-Exil] France : le rejet massif de la mondialisation, par Jacques Sapir
      https://www.les-crises.fr/russeurope-en-exil-france-le-rejet-massif-de-la-mondialisation-par-jacque

  • Offensive russe dans le soft power littéraire
    http://www.lemonde.fr/livres/article/2018/03/16/offensive-russe-dans-le-soft-power-litteraire_5271779_3260.html


    © ANNE-GAËLLE AMIOT

    Toujours aussi efficace, le détournement des affiches d’AgitProp constructivistes…

    Cent livres incontournables, c’est le compte rond choisi par l’Agence fédérale russe de la presse et de la communication de masse pour faire connaître au monde la littérature russe. Une « bibliothèque russe », pensée comme un pur concentré d’âme slave. Dans la droite ligne du programme esquissé par Vladimir Poutine en 2012 pour les lycéens russes, ce projet, censé donner une idée de la qualité et de la variété littéraire de ce pays – toutes époques confondues –, a déjà débuté en Chine, aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.

    Le principe est simple. Chaque pays peut choisir, dans une liste comptant près de 150 titres, les fameux cent livres, dont l’agence, qui n’impose aucun calendrier aux éditeurs, finance intégralement la traduction et la publication. Les premiers effets de cette politique d’influence – ou « soft power », selon le concept développé par l’Américain Joseph Nye en 1990 – seront visibles en France au salon Livre Paris, qui ouvre ses portes vendredi 16 mars et dont la Russie est le pays invité d’honneur.

    • Rodchenko & Stepanova: Visions of Constructivism – Metropolis Magazine
      https://metropolisjapan.com/rodchenko-stepanova-visions-of-constructivism


      Aleksandr Rodchenko, “Lengiz. Books on all the branches of knowledge,” advertising poster for the Leningrad Department of Gosizdat (State Publishing House), 1924, gouaches and cut paper on photographic paper, mounted on cardboard, 63 x 88cm.
      ©The Pushkin State Museum of Fine Arts

      Affiche basée sur un portrait de Lily Brik par A. Rodtchenko

      https://en.wikipedia.org/wiki/Lilya_Brik


      Vladimir Mayakovsky and Lilya Brik

    • #paywall, alors je n’ai pas accès à tout l’article. Tu pourras me confirmer ou infirmer ces remarques :

      – Macron inaugure jeudi le Salon du livre en faisant savoir qu’il boycotte le stand de la littérature russe. Et hop vendredi le Monde dégaine un article sur le « soft power » de Poutine que représente ce stand. (Je trouve ça assez magique, personnellement.)

      – Chaque année un pays est invité d’honneur du Salon. Je suis curieux de savoir si chaque année on a droit à un article du Monde sur le soft-power que représente cette présence. (Alors que bon, pour à peu près tous les pays, le prestige culturel, notamment celui lié à la littérature, est un des boulots de sa politique étrangère. Qu’on appelle ça soft power ou autre chose.)

      – Le thème de l’« offensive russe » par la culture et son prestige sur les milieux intellectuels européens, c’est tout de même un vieux classique de l’immédiate après-guerre : https://seenthis.net/messages/326298
      Le sujet de l’« offensive russe » par la culture me semble un peu casse-gueule.

      – Retour à 2008 : le pays à l’honneur est Israël. Boycott des pays arabes. Le Monde n’évoque pas le « soft power » ni une « offensive israélienne » (tu m’étonnes…) :
      http://www.lemonde.fr/culture/article/2008/03/04/israel-invite-d-honneur-du-salon-du-livre-de-paris-les-appels-au-boycott-se-
      Le gouvernement français, alors, insiste pour séparer nettement la « littérature » de son usage politique par le gouvernement israélien :

      Face aux critiques, le ministère des affaires étrangères français a justifié l’invitation faite à Israël et jugé tout boycott « extrêmement regrettable ». Pour le Syndicat national de l’édition (SNE), organisateur du Salon, c’est « la littérature israélienne » qui est invitée et non l’Etat d’Israël en tant que tel. Christine de Mazières, déléguée générale du SNE, rappelle que ce sont trente-neuf écrivains israéliens, dont le Prix Nobel de littérature Amos Oz et David Grossman, qui sont attendus au Salon. Pour elle, il était naturel de braquer le projecteur sur les écrivains de la langue hébraïque, même si ce choix excluait la production littéraire israélienne en langue arabe.

      Ailleurs dans le Monde, un oped de Caroline Fourest, qui a évidemment un avis sur la question, vu que Tariq Ramadan… Israël, le boycottage et la raison, par Caroline Fourest
      http://www.lemonde.fr/idees/article/2008/03/13/israel-le-boycottage-et-la-raison-par-caroline-fourest_1022503_3232.html

      D’autre part ceux qui n’agitent la question des droits de l’homme que lorsqu’il s’agit d’Israël ou de régimes menaçant les islamistes. Je pense à Tariq Ramadan. Il voudrait donner des leçons d’antiracisme, mais il a déjà prouvé par le passé qu’il ne savait pas faire la distinction entre un intellectuel juif et un intellectuel sioniste. Chez lui, l’appel au boycottage ne vient pas se substituer au recours guerrier, puisqu’il soutient le Hamas et son action. Il faut sûrement se garder de confondre cette position avec celle d’auteurs arabes ou propalestiniens sincèrement désireux de protester contre la politique d’Israël par la voie pacifique, en préférant le boycott à la violence. Sauf à donner le sentiment que toute protestation est irrecevable dès lors qu’il s’agit d’Israël.

      Reste à déterminer la cible. Entendons l’émotion de ceux qui protestent contre la mise à l’honneur d’Israël au moment où la colonisation reprend et où des Gazaouis meurent à petit feu à cause du blocus Israélien, un boycottage autrement plus dramatique. Et laissons aboyer ceux qui boycottent un salon simplement parce qu’il met à l’honneur des écrivains israéliens, critiques ou non envers la politique israélienne.

    • Je n’ai pas plus accès derrière le mur et ne cherche pas, d’ailleurs… Mais ce n’est que la énième confirmation de la russophobie délirante qui sévit au Monde.

      Je n’avais pas vu l’épisode Macron, on a donc - aussi - une péïème confirmation du macronisme délirant qui sévit au Monde.

      La liste des 17 « pays à l’honneur » https://fr.wikipedia.org/wiki/Salon_Livre_Paris#Les_pays_à_l'honneur dont 5 figurent 2 fois : la Russie (2005 et 2018), l’Allemagne, le Brésil, l’Inde et l’Italie.

      On peut rappeler que la littérature française du XIXe a beaucoup servi pour l’éducation des masses en Union soviétique (Hugo, Stendhal, Maupassant, Zola,…) et dans les pays du bloc de Varsovie (il y a 25 ans, pratiquement tous mes interlocuteurs mongols connaissaient - voire avaient lu - Notre-Dame de Paris, le Rouge et le Noir ou Germinal …)

  • La liste des Russes morts en Grande-Bretagne s’allonge
    https://www.mediapart.fr/journal/international/140318/la-liste-des-russes-morts-en-grande-bretagne-s-allonge

    Nikolai Glushkov a été retrouvé mort chez lui à Londres lundi. Les causes du décès de cet exilé russe, proche de Boris Berezovski disparu en 2013, sont encore inexpliquées. Entre 2003 et 2016, on recense 14 morts suspectes de Russes et de Britanniques liés à Moscou sur le sol britannique, sur lesquelles Londres a longtemps fermé les yeux.

    #International #espionnage #Nikolai_Glushkov #Royaume-Uni #Russie #Sergei_Skripal #Theresa_May #Yulia_Skripal

  • Premier exemple de transmission d’une culture en tant qu’idée.

    The Beaker phenomenon and the genomic transformation of northwest Europe

    https://www.nature.com/articles/nature25738

    Après un remplacement de population avec maintien de la langue (article précédent), voici donc le premier exemple de transmission d’une culture en tant qu’idée.

    Traduction du résumé :

    Les Ibères préhistoriques ont « exporté » leur culture dans toute l’Europe, atteignant la Grande-Bretagne, la Sicile, la Pologne et l’Europe centrale en général. Cependant, ils n’ont pas exporté leurs gènes (...) cette diffusion n’était pas due aux grandes migrations de populations...

    Par conséquent, la diffusion de la culture « Bell Beaker » d’Iberia est le premier exemple de transmission d’une culture en tant qu’idée, essentiellement en raison d’une question de prestige social (associée aux vertus d’être viril et d’être des guerriers), C’est pourquoi il est adopté par d’autres populations

    Mais l’histoire change lorsque la culture de Bell Beaker s’est étendue à la Grande-Bretagne après 4500 ans. Elle a été apportée par des migrants qui ont presque complètement supplanté les habitants existants de l’île - les mystérieux gens qui avaient construit Stonehenge - en quelques centaines d’années. (voir ici : https://www.sciencedaily.com/releases/2018/02/180221131851.htm )

    Note : la culture Beaker s’est répandue de 2750 à 2500 avant JC en Europe occidentale et centrale, avant de disparaître entre 2200 et 1800 avant JC.


    https://www.nature.com/articles/nature25738/figures/4

    #Préhistoire #Spanish National Research Council (CSIC) #culture_Beaker #Age_du_cuivre #Harvard_Medical_School #Iñigo_Olalde #David_Reich

  • Ghouta Orientale : Sac de noeud et chèvre des néocons – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2018/03/06/ghouta-orientale-sac-de-noeud-et-chevre-des-neocons

    Les médias occidentaux pètent les plombs sur la situation en Ghouta Orientale. La propagande va crescendo et se vautre dans l’hystérie. Ou plutôt, elle est coordonnée pour préparer l’opinion publique à un type encore plus obscène d’intervention occidentale, à la mise en scène propagandiste endémique partout où on trouve ceux qu’on appelle « casques blancs ». Il n’y a pas le moindre reportage occidental en provenance d’Afrin, quotidiennement bombardée par les Turcs, alliés des Américains. Non, il n’est question que de la Ghouta, où les terroristes de l’Amérique et de l’OTAN sont en attente d’annihilation.Peu ou pas du tout d’informations non plus sur le carnage d’inspiration saoudienne au Yémen…

    Il est évident que les Forces du Tigre ne se lanceront pas à l’attaque tant que les groupes terroristes Al Qaeda, Hay’at Tahrir al-Cham, Jaych al-Islam, Faylaq al-Rahmane, et d’autres qui ne sont pas compris dans le cessez-le-feu négocié par Moscou, n’auront pas été pilonnés jusqu’à la déroute. On dit que le Major-Général Souheil al-Hassan a été démoralisé par le peu d’enthousiasme du Dr Assad de s’engager dans une victoire totale dans la Ghouta, certaines sources prétendant qu’il a été accueilli avec beaucoup d’affection par le Président, mais qu’on lui a dit de se retenir jusqu’à ce que l’atmosphère « politique » se soit améliorée. En réalité, rien de tout cela n’est vrai. On a laissé au général Al-Hassan toute latitude pour décider quand il convenait de lancer sa grande offensive, et il est évident qu’il a opté pour la continuation du processus de ramollissement, de manière à préserver ses propres acquis et la vie de ses hommes. Plus important encore, le général Al-Hassan est obligé de prendre en compte la vie des civils innocents, qu’on est en train de mettre dans des cages pour s’en servir comme boucliers humains. Mohamed « Allouche », criminel de guerre par excellence*, a donné l’ordre à ses gorilles de construire un millier de cages pour empêcher toute attaque aérienne.

    Sur la base d’informations que j’ai glanées chez mes propres sources, l’attaque a commencé comme manœuvre de sondage destinée à tester les défenses des rats retranchés. Certaines sources occidentales ont estimé le nombre des rongeurs enfermés dans la Ghouta à plusieurs milliers, un grand nombre d’entre eux ayant acquis des compétences non négligeables dans l’art de terroriser les populations. D’autres sources estiment que ces vermines sont moins d’un millier. Ma source ne peut pas se prononcer sur leur nombre mais estime qu’il est très « gérable ». Quoi qu’il en soit, si les lignes de défense sont aussi faibles qu’elles en ont l’air et si l’arsenal mis à la disposition des rongeurs a été épuisé avec peu de possibilités de réapprovisionnement du fait de l’encerclement de la Ghouta, alors, dans ce cas, l’opération ne devrait durer que peu de semaines et ce délai, à cause de la présence d’environ 400.000 civils.

    À en juger par les réactions à de nombreux d’articles des médias « mainstream », il est clair que personne ne croit aux contes occidentalo-sionistes. Presque tous les lecteurs qui postent des commentaires accusent les MM de diffuser des fables propagandistes. Si on se réfère au nombre de commentaires générés par la Syrie et si on les compare à ceux sur des sujets se rapportant davantage à la politique intérieure américaine, on peut en conclure que très peu de gens [aux USA, ndt] suivent les événements de Syrie. Ce que je veux dire, c’est que les MM ont misérablement échoué à sortir le public occidental de son apathie. Il semble qu’il ne trouve pas la Syrie aussi intéressante que le Super Bowl ou les massacres de Floride.

    Mohamed “Allouche” sait qu’il n’y a, pour lui, nul autre endroit où aller que l’enfer. Comme celles d’Abdullah al-Muhaysini, les traces de ses pas sont les marques sanglantes laissées par des milliers de civils innocents et de soldats gouvernementaux. Dès qu’ils seront morts, l’un et l’autre entreront dans l’oubli qu’ils méritent amplement et, au fur et à mesure que le temps passe, ils pourraient se mettre à soupçonner qu’Allah n’est pas du tout de leur côté et que peut-être… peut-être… l’Enfer plein de flammes promis aux pécheurs par le Coran ne demande qu’à être élargi pour les accueillir, eux et leurs sous-fifres.

    Les tanks T-72 font chauffer les moteurs et se préparent à entrer très bientôt en action, dans ce qui sera une avancée lente, étape par étape, et qui aura pour objectif de préserver au maximum les vies des civils et des soldats. Le dispositif de basculement anti-TOW a été énormément amélioré, rendant les plateformes anti-blindage de fabrication américaine inutilisables contre les tanks des Forces du Tigre. Les soldats syriens sont aguerris au combat et superbement entraînés sur le terrain où ils opèrent depuis près de sept ans. Voici venu le temps des comptes, où les cannibales qui infestent la Ghouta vont devoir se mettre à écrire leurs lettres d’adieu à leurs nuisibles parents de Tchétchénie, du Xinjiang ou d’Albanie, ou de n’importe lequel des pays qui les a engendrés – USA, France, Grande Bretagne, Allemagne ou Arabie Saoudite, entre autres.

    L’État d’Apartheid Sioniste, l’Arabie Saoudite, le Qatar, la France, l’Angleterre et le Koweit sont atterrés à l’idée qu’ils vont perdre la Ghouta et qu’elle va tomber aux mains du gouvernement. Une fois la Ghouta délivrée de la puanteur des chimpanzés wahhabites, l’Armée Syrienne, qui compte maintenant près d’un demi-million de combattants (si on y comprend les milices) aura les mains libres pour s’occuper d’Idlib et y mettre à mort les plans de Bandar ben Sultan, dont la tête est littéralement mûre pour être cueillie. Les États-Unis sont de toute évidence à la manoeuvre et participent au bruit et à la fureur dont le but est de subvertir les plans de la Syrie pour extirper la menace terroriste. Pourquoi ?

    Parce que la Russie et l’Iran ont gagné. Pour l’Iran, c’est le gazoduc, le Croissant Fatimide et le libre accès au Hezbollah et à la Palestine. Pour la Russie, c’est le rêve d’un port sur la Méditerranée et d’une base aérienne à Humaymim. Malgré des décennies de loyauté syrienne envers Moscou, il n’y a jamais eu un gouvernement syrien qui ait été disposé à louer un port ou une base aérienne pour cent ans. L’échec de l’Amérique à ralentir la croissance de cette nouvelle alliance : Russie-Iran-Irak-Chine-Syrie et Liban, vole en cercles concentriques, comme un grand albatros, autour des têtes des néocons, ou leur pend dessus comme une épée de Damoclès. Les Sionistes s’obstinent à poursuivre une politique totalement désespérée qui soulagerait leur amertume. Ils n’acceptent tout simplement pas leur défaite et sont plus que jamais déterminés à brutaliser la CIA pour obtenir qu’elle s’enfonce dans une misérable aventure étrangère de plus.

    Incapables d’exciter les passions du public américain pour lui faire soutenir une autre guerre étrangère, ils ont pris le parti d’utiliser les médias en guise de substitut chargé de fantasmer de stridentes démonstrations et de pousser avec insistance à une action militaire susceptible de stopper l’inévitable ascension de la nouvelle alliance. Les défaites succédant aux défaites, on ne peut que supposer que les jours des terroristes de la Ghouta sont comptés.

    *En français dans le texte.

    L’auteur, Ziad Fadel, est avocat depuis 35 ans, traducteur-juré et interprète (arabe-anglais) pour la Cour Suprême des États-Unis. Il est le rédacteur en chef de Syrian Perspective (The Real Syrian Free Press)

    Traduction : c.l. pour Les Grosses Orchades

    – Source : Syrian Perspective (Syrie)
     http://zejournal.mobi/index.php/news/show_detail/14685

  • SNCF : « Il est plus compliqué aujourd’hui qu’en 1995 de construire une mobilisation de grande ampleur susceptible de durer », entretien avec Sophie Béroud, propos recueillis par Jérémie Lamothe, LE MONDE | 03.03.2018
    http://www.lemonde.fr/politique/article/2018/03/03/sncf-il-est-plus-complique-aujourd-hui-qu-en-1995-de-construire-une-mobilisa

    La chercheuse Sophie Béroud compare la situation sociale et politique actuelle à celle de 1995, année du plus grand conflit depuis Mai 68.

    Une France paralysée pendant plusieurs semaines, des millions de manifestants dans les rues et un gouvernement qui finit par reculer… Avec sa réforme de la SNCF lancée lundi 26 février, le gouvernement d’Edouard Philippe peut-il revivre la fronde sociale qui s’était érigée fin 1995 contre le premier ministre d’alors, Alain Juppé ?

    Face à la volonté de l’exécutif de mettre fin au statut des cheminots pour les nouvelles recrues de l’entreprise ferroviaire et de réformer par ordonnances, la CGT-Cheminot a en effet annoncé être prête « à faire un mois de grève pour faire plier le gouvernement ». Alors la comparaison avec le conflit social de 1995 est-elle pertinente ?

    Maîtresse de conférence en science politique et spécialiste des mouvements sociaux, Sophie Béroud revient sur les racines du conflit le plus dur depuis Mai 68 et estime qu’il sera plus compliqué aujourd’hui pour les syndicats de mobiliser sur plusieurs semaines.

    Depuis l’annonce d’un mouvement social à venir contre la réforme de la SNCF, beaucoup font la comparaison avec 1995. Est-ce que cela vous semble pertinent ?

    Pas mal d’éléments diffèrent par rapport à 1995. On n’était pas dans la même configuration politique. A l’époque, Jacques Chirac avait fait toute sa campagne sur la fracture sociale, ce qui lui avait permis de se démarquer d’Edouard Balladur. Il n’avait pas annoncé les réformes qui allaient entraîner ce mouvement social. Les acteurs syndicaux ont donc pu reprocher à Chirac de ne pas tenir ses engagements. Là, Emmanuel Macron a fait campagne sur sa volonté de réformer.

    Par ailleurs, en 1995, le gouvernement avait lancé deux réformes en même temps : la réforme de la Sécurité sociale et l’alignement des retraites du secteur public et des régimes spéciaux sur celles du privé. Cela avait permis une jonction de la contestation entre différents secteurs, ce que souhaite empêcher le gouvernement d’Edouard Philippe. Une mobilisation de plusieurs secteurs est possible si les fonctionnaires participent au mouvement, mais aussi les étudiants après l’introduction de la sélection à l’université ou les agents hospitaliers. La difficulté pour les syndicats est de favoriser ces convergences, d’éviter des mobilisations trop segmentées.

    La loi de 2007 sur le service minimum dans les transports publics va aussi gêner les syndicats puisque les grévistes sont désormais obligés de se déclarer quarante-huit heures avant. Un service minimum doit être maintenu donc les grèves marquent moins qu’avant. Il est donc plus compliqué aujourd’hui qu’en 1995 de construire une mobilisation de grande ampleur susceptible de durer.

    Qu’est-ce qui avait été l’élément déclencheur des importantes manifestations en 1995 ?

    C’est toujours très difficile à dire. Le caractère massif des premières manifestations ainsi que les taux importants de grévistes avaient alors contribué, dès octobre 1995, à ce que le mouvement prenne de l’ampleur. Il faut se rappeler qu’un mouvement était également en cours dans les universités. La direction de la CGT a ensuite eu l’intelligence de se positionner à la pointe de la mobilisation, de la structurer à la base, par le biais d’assemblées générales. De nouvelles forces syndicales irriguaient également le mouvement, SUD-PTT, la FSU. L’importante mobilisation en 1995 peut aussi s’expliquer par quelques déclarations provocantes d’Alain Juppé. Son disciple, Edouard Philippe, fait tout pour ne pas irriter les cheminots.

    Enfin, le mouvement de 1995 a pris assez vite une ampleur qui allait au-delà de la contestation du « plan Juppé », pour ouvrir une première brèche par rapport à la doxa néolibérale. Il y avait là une rupture par rapport aux années 1980, un espace intellectuel et politique qui s’ouvrait de nouveau pour porter une série de critiques. On a un peu retrouvé cela en 2016 lorsque Nuit debout est venu apporter un supplément de sens, de critique sur le fonctionnement de la démocratie existante, dans le cadre de la mobilisation contre la loi travail. Cet enjeu d’élargissement du mouvement, de production de soutiens, mais aussi de capacité à faire entendre un discours disant le sens profond du mouvement est crucial.

    Les syndicats étaient-ils plus puissants en 1995 qu’aujourd’hui ?

    Non, on ne peut pas dire ça. En 1995, la CGT sortait d’une profonde crise, liée à la perte massive d’adhérents (elle en comptait seulement 650 000), aux effets des restructurations. Elle commençait à se détacher du Parti communiste, à affirmer son autonomie et à redéfinir son projet, avec en particulier la réforme de ses statuts en décembre 1995, en plein mouvement. La CFDT était plutôt dans une phase ascendante avec une hausse de ses adhérents, mais une direction très marquée dans la recherche de compromis avec le patronat avec l’équipe de Nicole Notat.

    Les syndicats n’étaient pas forcément plus puissants que maintenant mais ils faisaient peut-être davantage peur aux gouvernements qu’ils ne le font aujourd’hui. L’une des différences provient aussi de la capacité de mobilisation des syndicats, celle-ci a été fortement affaiblie depuis 1995 avec les processus d’externalisation d’une large partie des emplois ouvriers vers des PME/PMI et de fragmentation des collectifs de travail.

    Depuis 1995, les syndicats ont enchaîné beaucoup de défaites face aux différents gouvernements…

    Oui, le refus des gouvernements Fillon et Valls – en 2010 contre la réforme des retraites et en 2016 contre la loi travail – de céder malgré l’ampleur des mobilisations sociales doit interroger sur les logiques du pouvoir exécutif, sur la nouvelle nature des contraintes qui pèsent sur lui. A commencer par les réformes néolibérales souhaitées au niveau européen. Le pouvoir politique est aujourd’hui subordonné à d’autres puissances que syndicales, à commencer par les institutions financières.

    Le gouvernement Philippe entend porter très loin l’offensive contre le monde du travail, contre les syndicats, et achever par là des réformes néo-libérales que le mouvement de 1995 avait justement contribué à enrayer. Cette réforme de la SNCF et du statut des cheminots peut être interprétée comme cela, avec la volonté d’affaiblir très fortement ce qui reste de puissance syndicale en France. Il s’agit d’un secteur stratégique pour les syndicats comme l’étaient les mineurs sous Margaret Thatcher en Grande-Bretagne au début des années 1980.

    Ce qui s’engage et qui est impossible à pronostiquer sera très certainement décisif : la capacité de faire reculer le gouvernement avec une mobilisation syndicale d’ampleur ou bien un coup très dur porté à un syndicalisme combatif, qui refuse d’être réduit à un rôle d’accompagnement de réformes libérales.

    Bien qu’il ait duré près d’un mois, le mouvement social de 1995 avait gardé une popularité auprès de la population. Est-ce encore possible aujourd’hui ?

    En 1995, les sondages montraient que le mouvement de contestation était resté populaire sur toute la durée de la mobilisation, malgré la paralysie des transports. La figure du cheminot était aussi très appréciée.

    Cette situation s’est retrouvée par la suite, d’autres mouvements ont été populaires, comme les manifestations contre la loi travail de 2016 par exemple. Aujourd’hui, les syndicats savent qu’ils doivent faire attention à ne pas se laisser piéger par le gouvernement, qu’il leur faut déconstruire un discours sur les supposés « privilèges » des salariés à statut, entretenir des liens avec les usagers. D’où les batailles discursives pour dire le sens du mouvement, sur la défense du service public ferroviaire, sur les garanties que celui-ci représente pour la population.

    Sur cette réforme de la SNCF, le gouvernement a choisi de procéder par ordonnances pour aller plus vite. Est-ce que cela peut empêcher les syndicats de s’organiser ?

    Cela peut avoir un double effet : être perçu comme un déni de démocratie sociale, ce qui peut nourrir la mobilisation, et inscrire par exemple la CFDT du côté des opposants ; et cela peut se révéler au final être contre-productif pour le gouvernement.

    Par rapport à cela, et sans doute pour consolider une démarche intersyndicale qui rassemble les principales fédérations de la SNCF, les syndicats ont eu l’habileté d’attendre avant de lancer un mouvement social, de laisser une marge au gouvernement pour revoir sa copie, se dire ouverts au dialogue. Il me semble que c’est une façon d’éviter l’un des pièges tendus par le gouvernement. Un autre piège est de diviser entre les agents SNCF statutaires qui verraient leurs droits préservés et les « nouveaux entrants », hors statut. Les syndicats le savent, il est difficile de mobiliser pour défendre les droits des autres. Le gouvernement va très certainement jouer sur ça.

    Matignon et les fantômes de 1995

    Dans sa chronique, Jean-Baptiste de Montvalon, journaliste au service politique, estime qu’Edouard Philippe a retenu les leçons d’un passé dont son mentor, Alain Juppé, fit les frais.

    Un cheminot, un brin étourdi, aurait pu se surprendre à applaudir à tout rompre cet homme si bienveillant, si attentif au sort des Français en général et de sa situation en particulier. « Les cheminots, ils font un boulot qui est souvent très difficile. Quand vous vous occupez du ballast par le froid comme aujourd’hui, je n’ai aucun doute sur le fait que c’est un métier extrêmement difficile », expliquait Edouard Philippe, lundi 26 février, sur France 2. Dénigrer les cheminots ? « Je ne le ferai jamais », assurait le premier ministre en réponse à Anne-Sophie Lapix.

    Au demeurant, le chef du gouvernement n’avait aucunement l’intention, ce soir-là, de dénigrer qui que ce soit. Le boxeur amateur avait rangé ses gants : « Je ne me situe absolument pas dans une logique de conflictualité, de guerre, de bras de fer. » Il ne voulait manifestement aucun mal aux cheminots, dont il – ou bien s’était-il agi d’un sosie ? – avait annoncé quelques heures plus tôt la suppression du statut pour les nouveaux arrivants.
    Tout ce qu’il veut, M. Philippe, c’est beaucoup de bien aux « Français qui savent » tant de choses, et en particulier « que la qualité de service [de la SNCF] décroît année après année alors que nous mettons de plus en plus d’argent chaque année ». Le premier ministre est résolument favorable à ce que « les Français qui utilisent le train puissent avoir accès à un service public de qualité ». Les cheminots, se disait-on en l’écoutant, doivent peu ou prou poursuivre ce même objectif.
    « Juppéthon »
    Tout allait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes. Celui de l’exécutif, en tout cas, tel qu’il est apparu sous le visage avenant de cet homme calme, pondéré, disert et (en même temps) à l’écoute, aux mots tout en rondeurs démentant le mètre quatre-vingt-quatorze de son corps longiligne.
    Edouard Philippe a manifestement retenu les leçons d’un passé dont son mentor, Alain Juppé, fit jadis les frais. C’était à l’automne 1995. Le « meilleur d’entre nous » – dixit Jacques Chirac, qui l’avait nommé à Matignon quelques mois plus tôt – ne doutait pas vraiment de ses qualités ; les plus brillantes d’entre elles n’étant ni la compassion ni la chaleur humaine. C’est « droit dans ses bottes » qu’il présente à l’Assemblée nationale, en novembre, son plan de réforme de la Sécurité sociale, qui prévoit notamment l’alignement des régimes spéciaux sur le régime général des retraites. L’écrasante majorité de droite élue en 1993 lui réserve une standing ovation.
    Lire aussi : SNCF : l’opposition reproche à l’exécutif de « contourner le Parlement » avec les ordonnances

    Sûr de son fait, rigide, cassant, le maire de Bordeaux croit pouvoir pousser son avantage. Bravache, il laisse entendre que seules des manifestations monstres seraient susceptibles de la faire céder. Les « Guignols de l’info » instaurent aussitôt un « Juppéthon », motivation supplémentaire pour être chaque jour plus nombreux à battre le pavé. Les cheminots sont le fer de lance du mouvement, qui s’étend en novembre aux étudiants. La grève des transports paralyse le pays. Covoiturage, (longues) marches à pied alors que le froid s’installe, chacun s’organise ; des salariés dorment sur leur lieu de travail. Le mouvement est et reste populaire. Dans le privé, on savoure presque cette grève « par procuration » menée par les fonctionnaires. Le mot d’ordre – « Tous ensemble ! » – est de ceux que l’héritier d’Alain Juppé veut éviter d’entendre à tout prix.

    Depuis Reagan s’attaquant à une aristocratie des transports, les contrôleurs aériens, les luttes de traminots et autres salariés de transports ont souvent fait face à la même difficulté : un nouveau régime salarial qui ne s’applique qu’aux entrants dans la profession.
    #B_scale

    • Mouvements sociaux : 2018 n’est pas 1995, Stéphane Rozès (consultant, président de CAP (Conseils, analyses et perspectives)), LE MONDE | 04.03.2018

      Lors de la précédente grande grève de la SNCF, Stéphane Rozès avait inventé une formule qui a fait florès : « la grève par procuration ». Pour ce spécialiste des études d’opinion, l’histoire ne se répétera pas.

      Tribune. La plupart des analystes, responsables politiques et syndicaux s’interrogent pour savoir si, de la réforme de la SNCF et la modification du statut des cheminots par voie d’ordonnances, pourrait surgir une grève suffisamment dure et soutenue comme en 1995, à même de faire reculer le pouvoir politique.

      Comme il n’y a, apparemment, rien de plus imprévisible qu’une crise sociale, il faut pour répondre à cette interrogation, non pas tant comparer les réformes de 1995 et de 2018, décrypter la théâtralité et le jeu des partenaires sociaux ou les réactions immédiates de l’opinion publique que de revenir aux fondamentaux de ce qui a fait « événement » dans le mouvement social d’ampleur il y a vingt-trois ans pour les comparer avec le moment actuel.

      Alors l’Histoire nous ramène à ce qui fait la spécificité de notre imaginaire, notre façon de nous approprier le réel : une dispute commune dans laquelle la question nationale précède la question sociale.
      En 1995, la « grève par procuration » de l’opinion en soutien du mouvement social avait un fondement idéologique et politique.

      Si notre mémoire a retenu le mouvement social de novembre-décembre 1995, ce n’est pas seulement parce que le pays fut bloqué plusieurs semaines avec le soutien de l’opinion publique mais parce qu’il s’insérait dans un tournant idéologique de notre histoire politique.
      Pour qu’un mouvement social fasse reculer le pouvoir politique, il faut la conjonction d’une capacité de nuisance de la grève et un soutien de l’opinion. En 1995, en réaction au plan Juppé sur la réforme de la Sécurité sociale qui concernait également les régimes spéciaux, les cheminots et les agents des services publics ont bloqué le pays, entraînant d’autres secteurs dans une grève nationale.

      Basculement idéologique des Français

      Les Français adhéraient majoritairement aux mesures du plan du premier ministre prises une à une. Pourtant, dès le départ, les deux tiers des Français soutenaient ou avaient de la sympathie pour le mouvement social, nonobstant ses dommages pour leurs vies quotidiennes et pour le pays. Les cheminots et leur leader, Bernard Thibault, futur dirigeant de la confédération CGT, étaient redevenus populaires après des années où ils étaient pourtant dépeints comme corporatistes, privilégiés, égoïstes…

      C’est que l’opinion a fait, selon l’expression que j’avais utilisée, « grève par procuration », en s’adossant à des mouvements en capacité de peser sur Jacques Chirac, de sorte qu’au travers du retrait de la réforme Juppé, le président de la République revienne à son contrat noué avec le pays lors de la présidentielle de 1995 qui se résumait à la lutte contre « la fracture sociale ».
      Six mois après, le président venait de se détourner de cette lutte contre « la fracture sociale », sans autre forme de procès, au nom de la mise en place de l’euro, semblant ainsi privilégier les contraintes européennes plutôt que son engagement envers la nation.
      Cette volte-face était d’autant plus lourde de conséquences qu’elle s’inscrivait dans le basculement, idéologique des Français, notamment des classes moyennes, au début des années 1990, vers un anti-néolibéralisme.

      Le libre déploiement des marchés, après la chute du mur de Berlin et la défaite du totalitarisme soviétique, semblait remettre en cause les compromis sociopolitiques au sein des Etats-nations. Bruxelles apparaissait comme l’instrument de cette perte de maîtrise de destin collectif et individuel. La souveraineté et la démocratie apparaissaient fragilisées.
      Le basculement du système économique vers le capitalisme financier, les délocalisations, les licenciements dits boursiers, les dérégulations économiques et sociales rendaient l’avenir contingent. Dès 1994, les sondages mesuraient que 55 % des Français « avaient peur de devenir » eux-mêmes des « exclus, chômeurs de longue durée ou SDF » faisant apparaître l’idée que « demain sera pire pour moi et mes enfants ».

      « Restaurer la souveraineté de la nation »
      En réaction, les classes moyennes et la petite bourgeoisie intellectuelle faisaient front idéologique commun avec les catégories populaires. Elles se retrouvaient en se mettant à l’abri derrière des notions devenues surannées avec les « trente glorieuses » : la nation, la République, la citoyenneté, les services publics… La pétition dite Bourdieu, en soutien au mouvement social et aux cheminots, en sera l’expression.
      Au total, en 1995, c’est parce que, avant même le plan Juppé, les collectifs de travail et les individus s’étaient mis sous la protection de l’idée nationale pour conserver les rapports sociaux et la démocratie que s’est mise en place « la grève par procuration » de l’opinion en faveur des cheminots, pour faire reculer un président.

      Le président éludera cette question centrale lors de la dissolution de 1997, en laissant Alain Juppé en première ligne pour s’expliquer. La voie à une alternance politique de la droite vers la gauche était alors possible car prévalait encore ce clivage structuré par la question sociale. Dans notre dispute commune, prévalait encore la dispute.

      En 2018, la symbolique politique incarnée par un « président Bonaparte » préempte la question sociale et détourne les Français des cheminots.
      2018 n’est pas 1995. Les conditions politiques ne sont pas réunies aujourd’hui pour que se constitue un front social large et durable à partir de la réforme de la SNCF, qui cristalliserait les inquiétudes et mécontentements sociaux et susciterait un phénomène de « grève par procuration ».

      Cela ne tient pas essentiellement au caractère moins large de la réforme, à la gestion prudente de la question du « statut des cheminots » ou au déminage de la question des petites lignes obérant un front commun entre les cheminots et la France rurale, le Sénat et les syndicats.
      Cela ne se résume pas non plus à l’affaiblissement du lien social au sein des collectifs de travail, ou à l’effacement de la figure du cheminot au service de la nation ; d’autant que les Français sont toujours attachés et exigeants à l’égard de la SNCF et des services publics…
      Cela ne se réduit pas davantage à un repli individualiste, à l’exacerbation d’un « moi », résultant de l’impossibilité collective à se déployer dans l’espace et le temps ; d’autant que le pays n’a guère varié idéologiquement depuis 1995 dans son rapport au monde.
      Non, c’est le contexte politique et la figure singulière d’Emmanuel Macron qui change radicalement la donne.
      Une fois élu, contrairement à ses trois prédécesseurs, le président Macron a reconnu et assumé devant le Congrès les raisons intimes de son élection :
      « Le premier mandat que m’ont confié les Français est de restaurer la souveraineté de la nation. »

      « Un moyen et non une fin »
      Pour l’heure, il semble mettre le pays « en marche », non en résistant, ou en se soumettant à des contraintes extérieures pesant sur la nation, mais à partir de ce qu’elle est, en la projetant dans l’espace et le temps.
      Son incarnation de Bonaparte semble tenir ensemble les « moi » dispersés de la « start-up nation », et des catégories populaires. Ces dernières sont alors prêtes à consentir à des coups de canifs dans les rapports sociaux, pourvu qu’ils permettent au modèle d’évoluer, sans le remettre en cause dans ses fondamentaux et que la nation redevienne ainsi maîtresse de son destin.

      Dans notre dispute commune, le commun politique à reconquérir l’emporte désormais sur la dispute sociale car il en est la condition. En 1995, le commun est porté par le bas, en interpellation du président Chirac. En 2018, il est pour l’heure incarné par le président Macron.

      Ainsi s’expliquent ses marges de manœuvre politiques pour transformer le pays et la relativisation du conflit gauche/droite structuré par la question sociale… d’où la non-cristallisation de mouvements sociaux et de l’opinion contre le pouvoir. Le cheminot est momentanément remisé comme figure sociale.
      Napoléon prévenait : « Je ne tiens mon pouvoir que de l’imagination des Français, quand j’en serai privé, je ne serai plus rien. » La place du président dépend dans l’imagination des Français de la remise en marche de la nation dans une Europe encore procédurale et économiciste. Les réformes, chez nous, sont un moyen et non une fin.

      #limaginationaupouvoir #réforme

  • Les Britanniques nous alertent sur la libéralisation du train | Comme un bruit qui court
    https://www.franceinter.fr/emissions/comme-un-bruit-qui-court/comme-un-bruit-qui-court-03-mars-2018

    Alors qu’en France, on se prépare pour le grand chambardement de la SNCF, on a voulu aller en Grande-Bretagne où une autre bataille du rail cristallise aussi toutes les tensions. Sauf que nos voisins britanniques se battent, eux, pour re-nationaliser leurs trains. Durée : 56 min. Source : France Inter

    http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13947-03.03.2018-ITEMA_21605111-1.mp3

  • « Je ne veux pas m’inquiéter toute ma vie pour une autre personne » : elles ont décidé de ne pas avoir d’enfants et l’assument
    Gaëlle Dupont, Le Monde, le 24 février 2018
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2018/02/24/elles-ont-decide-de-ne-pas-avoir-d-enfant-et-l-assument_5261898_3224.html

    Non, elles ne sont pas malheureuses ; non, elles ne changeront pas d’avis ; non, elles n’ont pas peur de se retrouver seules quand elles seront vieilles. Mais oui, elles aimeraient que la société change de regard sur elles, les femmes qui ont choisi de ne pas avoir d’enfants. « Je ne suis pas un monstre », lance Cyrielle, 30 ans, une jeune femme sans enfants qui entend bien le rester, en réponse à un appel à témoignages lancé sur Lemonde.fr. Le dernier bilan démographique de l’Insee l’a montré : si la natalité reste élevée en France par rapport aux autres pays européens, les Françaises, en particulier celles âgées de 25 à 34 ans, font de moins en moins d’enfants (1) . L’indicateur de fécondité s’établit à 1,88 enfant par femme (contre 2 en 2012).

    Quelle est la part, dans cette évolution, de celles et ceux qui ont choisi de ne pas engendrer ? « On ne peut pas leur attribuer cette baisse, analyse la sociologue Anne Gotman. Mais ils y participent. » La part des personnes définitivement sans enfants augmente depuis les années 1970. Selon les derniers chiffres publiés par l’Institut national d’études démographiques, aujourd’hui en France 6,3 % des hommes et 4,3 % des femmes de 15 à 49 ans déclarent ne pas avoir d’enfants et ne pas en vouloir.

    « Depuis toujours, je sens au fond de moi que la maternité, ce n’est pas pour moi, et de plus en plus de personnes de ma génération remettent en cause l’ordre naturel des choses », confirme Virginie, 28 ans. Les réseaux sociaux, les forums et groupes Facebook rendent visible le phénomène et permettent d’échanger. « Grâce à eux, je me sens moins isolée », témoigne Cécile, 22 ans. Certains flairent même le filon commercial : des voyagistes proposent désormais des hôtels et restaurants sans enfants – une offre qui reste très rare en France.

    Signe d’une libération de la parole, de très nombreuses femmes de tous âges ont répondu à l’appel lancé sur Lemonde.fr. Elles sont issues de milieux sociaux divers et, contrairement aux idées reçues, la plupart sont ou ont été en couple. Elles ont un point commun : la colère. Parce que leur choix suscite au mieux l’incrédulité, au pire la réprobation. « C’est universel, poursuit Cécile. Les gens me demandent pourquoi, me disent : “Tu changeras d’avis quand tu rencontreras la bonne personne.” C’est très infantilisant. »

    Les questions sur leurs motivations les agacent. « Quelqu’un qui veut des enfants n’a pas à s’expliquer, contrairement à quelqu’un qui n’en veut pas », relève Matilda, 22 ans. « Je n’ai jamais eu le désir d’enfant, tout simplement, résume Audrey, 37 ans. Pas besoin de chercher telle ou telle cause. » La crainte des « douleurs de l’accouchement », des « signes indélébiles » de la grossesse est parfois évoquée. Certaines affirment sans détour ne pas aimer les enfants, ces êtres bruyants autour desquels le monde des autres adultes semble tourner. « Je ne les supporte pas s’ils sont un tant soit peu turbulents », lance Charlotte, 28 ans. « Je n’ai jamais été attirée par les bébés, affirme Carla, 31 ans. Ils me font peur, je ne les trouve pas mignons. »

    Mais ce sentiment n’est pas forcément partagé. Aurélie, 35 ans, se dit « complètement gaga de [s]es neveux et nièces ». « Avec mon conjoint, nous sommes instituteurs, nous avons une très bonne relation avec les enfants », témoigne également Anne, 60 ans. Nombreuses sont celles qui apprécient les enfants... des autres. Car un point fait l’unanimité : un enfant, c’est une « charge », un « poids », un « fil à la patte », bref, un gêneur. « Je ne supporterais pas qu’une tierce personne vienne désaxer mon couple », témoigne Julie, 29 ans. « Je ne veux pas m’inquiéter toute ma vie pour une autre personne », affirme de son côté Alexandra, 32 ans. Pour elles, faire un enfant est une décision irréversible dans un monde angoissant.

    Séverine, 31 ans, au chômage, redoute l’instabilité qui l’entoure. « Le CDI est en voie de disparition, relate-t-elle. Plus rien n’est sûr. Si j’ai un enfant, comment savoir qu’il ne manquera de rien ? Je peux perdre mon emploi, mon mari peut me quitter. Je le vois autour de moi. Moi, ça m’angoisse, je n’ai pas le cran. » Beaucoup de « sans enfants » voient encore plus loin, s’inquiètent de la violence du monde, et surtout de la dégradation de l’environnement, qu’elles associent à la surpopulation. On leur reproche leur égoïsme ? Elles retournent l’argument. « C’est l’envie d’enfants qui me paraît égoïste et irraisonnée : dans un monde pareil, sérieusement ? », s’étrangle Déborah, 29 ans. « Je m’inquiète beaucoup plus pour les générations futures que ceux qui font des enfants sans réfléchir », renchérit Sabine, 65 ans.

    Au contraire, être sans enfants présente de nombreux avantages : avoir du temps pour soi, pour les autres, pour sa carrière... « Nous avons beaucoup de projets professionnels et personnels, pratiquons de nombreux loisirs, voyageons beaucoup, aimons inviter nos amis pour des soirées arrosées à refaire le monde, allons au spectacle, aimons lire... bref vivre », écrit une femme de 35 ans. « J’ai préféré passer mes nuits à discuter, écrire, lire ou danser, plutôt qu’à changer des couches », renchérit Michèle, 67 ans. Ne pas avoir d’enfants, c’est aussi faire durer sa jeunesse. « Nous menons une vie d’adolescents à la retraite », résume Anne.

    Pour plusieurs de ces femmes, leur propre mère est un contre-modèle. « La femme qui court toute la journée, qui travaille avec trois enfants, aux petits soins pour tout le monde, première partie, dernière rentrée, poursuit Anne. Je ne pouvais pas vivre ça, l’idée m’était insupportable. » Beaucoup rejettent la « charge mentale » qui pèse sur les femmes, et à travers elle la norme qui veut qu’en France il faut travailler et avoir des enfants (si possible deux). De nombreuses femmes ralentissent leur carrière, voire s’arrêtent de travailler pour élever leurs enfants. Les « childfree » (« libres d’enfants », le néologisme vient des Etats-Unis) choisissent un autre chemin pour vivre comme elles l’entendent.

    Un choix renforcé par ce qu’elles perçoivent de la vie des parents. « Je ne vois pas d’avantage à avoir des enfants, relève Edith, 27 ans. En revanche, une journée passée à entendre mes collègues me suffit à dresser une longue liste d’inconvénients (nuits blanches, contraintes horaires, dépenses, angoisses). »

    Les propos des femmes « childfree » prennent souvent des accents féministes. Car la pression sociale pèse particulièrement sur elles. « Mes frères ne veulent pas d’enfants, ça passe, témoigne Virginie. Moi, ça ne passe pas du tout. » « Dans l’esprit de la plupart des gens, une femme doit avoir des enfants, résume Séverine. Elle ne peut pas être heureuse autrement. » Celles qui dérogent à cette norme ont le sentiment de passer pour « une demi-femme », « une femme sans cœur ». D’autres évoquent un « défaut inavouable », une « hérésie », un « tabou ». Elles doivent faire face en particulier à l’incompréhension de leurs parents. Même au travail, la disponibilité des « childfree » est bienvenue, mais leurs absences et leur fatigue moins bien tolérées, car non justifiées par la présence d’enfants.

    Alors certaines, comme Corinne, 54 ans, revendiquent haut et fort de ne pas être « un utérus sur pattes ». D’autres manient l’humour, d’autres encore prétendent qu’elles sont stériles. Alors, on les plaint. Le regard du corps médical est jugé particulièrement infantilisant. Beaucoup de jeunes femmes ont fait des démarches en vue d’une stérilisation, sans succès. « J’aimerais juste qu’on me laisse tranquille avec ça et qu’on arrête de se mêler des affaires de mon corps », lâche Laureline, 37 ans. Selon les « sans enfants », leurs contradicteurs essaient surtout de se rassurer sur leurs propres choix. « Les gens ont peur de ce qui sort de la norme », tranche Carla.

    (1) Baisse de la natalité : il faut redonner du sens à la politique familiale
    Editorial, Le Monde, le 16 janvier 2018
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/01/16/redonner-du-sens-a-la-politique-familiale_5242418_3232.html

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    «  Le mouvement “childfree” contient l’idée d’un vrai choix  »
    Gaëlle Dupont, Le Monde, le 24 février 2018
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2018/02/24/le-mouvement-childfree-contient-l-idee-d-un-vrai-choix_5261967_3224.html

    #Anne_Gotman est sociologue, directrice de recherche émérite au CNRS-Centre de recherche sur les liens sociaux. Elle a publié Pas d’enfant, la volonté de ne pas engendrer, en 2017 (Editions de la Fondation Maison des sciences de l’homme).

    Sur les réseaux sociaux, de plus en plus de personnes se revendiquent « childfree », ce phénomène est-il nouveau ?

    La volonté de ne pas engendrer a toujours existé dans l’histoire, mais au niveau individuel. Ce qui est nouveau, c’est la naissance d’un mouvement collectif de personnes qui s’identifient comme « childfree », c’est-à-dire « libre d’enfants ». Elles étaient auparavant appelées « childless », sans enfants, un terme qui avait une dimension jugée trop négative. « Childfree » contient l’idée d’un choix. Il correspond à une prise de conscience. Ce mouvement identifiable aujourd’hui sur les réseaux sociaux est né à la fin du XX e siècle dans des associations américaines. Aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, certains militent même pour disposer de « childfree zones » (zones sans enfants), être déchargés de tous les impôts liés à la scolarisation des enfants... Cela témoigne d’une forme de fragmentation de ces sociétés.

    Sont-elles de plus en plus nombreuses ?

    Les personnes sans enfants ont été plus nombreuses dans le passé. En France, au tournant du XX e siècle, près de 25 % des femmes n’avaient pas d’enfants. Le taux d’infécondité a connu un minimum dans les années 1940. Parmi les femmes nées à cette époque, seule une sur dix n’a pas eu d’enfants. Il remonte depuis les années 1970 dans de nombreux pays de l’OCDE. Aujourd’hui, l’infécondité définitive atteint en France 21 % des hommes nés entre 1961 et 1965, et 13,5 % des femmes nées à la même époque.

    Ces personnes n’ont pas toutes choisi de ne pas avoir d’enfants...

    Non, on estime à 3 % la part due à l’infertilité médicale. Les autres se divisent en deux catégories : les early articulators, qui savent très jeunes qu’ils n’auront pas d’enfants, des femmes le plus souvent, et les postponers, ceux qui remettent à plus tard : ils ont envie à un moment de leur vie mais n’ont pas l’occasion, puis ont de moins en moins envie.

    Quel regard est porté sur ces personnes en France ?

    Il est passé d’une condamnation virulente à une vision interrogatrice, voire réprobatrice, mais plus embarrassée qu’accusatrice. Si une personne dit qu’elle n’a pas d’enfants, la conversation s’arrête, le plus souvent l’interlocuteur n’ose pas demander pourquoi, c’est quelque chose de gênant. Les personnes sans enfants en France le vivent très mal et réagissent de façon virulente. C’est une nouveauté. Elles ne veulent plus rester dans la marge et veulent elles aussi faire partie de la norme. En Allemagne, par exemple, où 25 % des femmes nées en 1968 sont sans enfants, les choses sont différentes. Il y a là-bas une véritable culture des familles sans enfants.

    Ce regard a-t-il changé au cours de l’histoire ?

    Il était infiniment plus négatif par le passé. Dans l’Antiquité, le « célibat », qui était alors la condition pour ne pas avoir d’enfants, était très violemment condamné. Les philosophes des Lumières, les révolutionnaires ont été féroces à l’égard des célibataires, considérées comme « homicides d’eux-mêmes et de leur postérité ». C’était aussi une attaque contre l’Eglise. Car celle-ci est ambivalente. Elle prescrit le mariage pour les êtres imparfaits et interdit toute relation sexuelle sans procréation, mais exige le célibat, donc l’absence d’engendrement, pour les prêtres.

    Qui sont les « childfree » ?

    Selon une idée reçue, il s’agirait de personnes très diplômées appartenant à des catégories socioprofessionnelles élevées. C’est en partie vrai. En Grande-Bretagne, 50 % des femmes qui œuvrent à des postes à responsabilité n’ont pas d’enfants. La première ministre, Theresa May, comme d’autres hauts responsables européens (Angela Merkel, Emmanuel Macron, Jean-Claude Juncker), en est un exemple. Mais en valeur absolue, les « childfree » demeurent beaucoup plus nombreux dans les classes moyennes et inférieures. Il s’agit aussi d’un phénomène populaire.

    Quelles sont leurs raisons ?

    Un mélange de causes intimes et sociétales. Au niveau personnel, le fait de ne pas vouloir d’enfants a, selon moi, plus à voir avec le passé qu’avec le futur. Cela ne veut pas dire que ces personnes ont forcément eu une enfance malheureuse, mais elles veulent se situer à part dans la généalogie familiale. Il y a dans le refus de transmettre un refus de recevoir (ne rien devoir à autrui) et un refus de la dépendance. Simultanément, il y a une peur d’y laisser une partie de soi. Parmi les « childfree », l’enfant est vu comme menaçant, voire dévorant.

    La volonté de ne pas donner naissance dans un monde menacé par l’effondrement écologique est souvent citée...

    C’est une raison qui vient couronner le choix mais qui n’est pas motrice. De nombreuses évolutions sociétales peuvent expliquer le phénomène. L’évolution des couples, par exemple, et leur instabilité. Dans le même temps, vous avez des personnes qui veulent vivre une relation « pure », sans risquer de l’abîmer avec l’arrivée d’une tierce personne. L’évolution du marché du travail, qui offre des opportunités quasiment équivalentes aux hommes et aux femmes, joue également un rôle. Cela pose des questions sur la compatibilité entre travail domestique et carrière. La place de l’enfant, enfin, a changé. L’accès à la contraception fait que, quand il arrive, l’enfant a été désiré. Pour les parents, il doit naître et grandir dans de bonnes conditions, ce qui représente des coûts croissants d’éducation et de consommation. Un coût humain aussi, car s’occuper d’enfants n’est aujourd’hui pas forcément vu comme une activité épanouissante.

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    #Baleines noires : aucun #baleineau observé jusqu’ici cette saison
    Radio Canada, le 26 février 2018
    http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1085894/baleines-noires-atlantique-nord-naissances-baleineaux-petits-filets

    #childfree #no_kids #nullipare

  • Comment améliorer les relations entre police et citoyens ?
    https://lejournal.cnrs.fr/articles/comment-ameliorer-les-relations-entre-police-et-citoyens

    Une vaste étude comparative sur les relations entre police et population à travers le monde a été publiée récemment. Si les situations sont inégales selon les pays et les régimes, la France fait figure de mauvaise élève au sein de l’Union européenne. Comment restaurer la confiance entre policiers et citoyens ? Éléments de réponse avec le politologue Sebastian Roché, codirecteur de l’étude.

    • Comment décririez-vous la situation française, par exemple ?
      S. R. : Elle est assez mal placée en Europe. Lorsque l’on compare le degré de #confiance accordé à la police, nous sommes dans le tiers inférieur de l’Union européenne à 27, plus proches de la Grèce et de la Bulgarie que de l’Allemagne ou du Danemark.

      On retrouve chez nous sans surprise les deux faiblesses que j’évoquais : un #ciblage excessif des #minorités, ethniques notamment, dont il est en outre plus difficile de débattre qu’en Grande-Bretagne ou aux États-Unis, par exemple ; et, d’autre part, des modalités d’intervention plus autoritaires. La comparaison entre la France et l’Allemagne est éclairante à cet égard. Nos agents baignent dans une culture fondée sur le principe « force doit rester à la loi », tandis que les Allemands communiquent davantage lors de leurs interventions.

      #police #Eurojustis #égalité #discriminations #biais_inconscients #religiosité #Fergusson #intégration #corruption

  • Qu’y a-t-il de si drôle avec l’occupation israélienne ? Demandez à ces humoristes
    Middle East | Eye Joe Gill | 15 février 2018
    http://www.middleeasteye.net/fr/reportages/qu-y-t-il-de-si-dr-le-avec-l-occupation-isra-lienne-demandez-ces-humo

    LONDRES – L’occupation israélienne ne vous fait pas rire ? Eh bien, c’est que vous n’avez pas encore vu Showtime From the Frontline, la création d’un nouveau trio dirigé par son trublion en chef, l’humoriste politique britannique Mark Thomas, et ses deux compères palestiniens, les comédiens Alaa Shehada et Faisal Abualheja, en tournée à travers la Grande-Bretagne depuis fin janvier.

    Le fait même que cette tournée ait lieu est en quelque sorte un petit miracle, étant donné les énormes obstacles que Faisal Abualheja et Alaa Shehada ont dû affronter uniquement pour quitter la Cisjordanie occupée et rejoindre le Royaume-Uni.
    (...)
    À mi-chemin des répétitions, les comédiens ne savaient pas encore clairement ce qu’ils étaient en train de créer. « Nous ne connaissons toujours pas le résultat, affirme Shehada. Mais ce que j’espère, c’est que nous briserons les stéréotypes qui entourent ce que signifie “réfugié”, ce que signifie “Palestinien”, parce que chaque fois que l’on voyage, que l’on va en Amérique ou au Royaume-Uni en tant qu’artiste, il y a tout à coup un stéréotype qui touche notre identité : on est soit un terroriste, soit une victime. »

    « C’est l’image que l’on a, alors nous essayons à travers ce spectacle d’humaniser cette histoire, de rappeler aux gens que nous, Palestiniens, sommes humains », ajoute-t-il.

    Shehada et Abualheja, deux réfugiés de Cisjordanie qui ont été formés au Théâtre de la Liberté de Jénine, ont travaillé avec le groupe international de clowns Red Noses International en Palestine ; il se rendaient alors dans des hôpitaux pour divertir les enfants malades.

    L’année dernière, Alaa Shehada et des partenaires ont lancé leur propre troupe appelée « Palestinian Laughter Liberation » (Libération du rire palestinien »), qui fait entrer l’humour dans le contexte politique des territoires occupés, explique-t-il.

    Faisal Abualheja voit le spectacle présenté au Royaume-Uni comme un moyen de créer un nouveau langage du rire pour surmonter les barrières entre les gens et la culture.

    « Dans ce spectacle, il y a différentes cultures, différentes histoires, différentes langues – cette rencontre, en tant qu’artistes, s’effectue peut-être comme si le rire était notre langue, comme si le théâtre était notre langue, soutient-il. Je pense que c’est cela qui est extraordinaire. »

    Le spectacle est joué en anglais et en arabe, avec surtitrage en anglais. (...)

  • Atelier populaire d’#urbanisme

    L’Atelier Populaire d’Urbanisme de la Villeneuve est une initiative lancée à l’automne 2012 pour construire une alternative au projet de rénovation urbaine de l’urbaniste Yves Lion et de la ville de Grenoble alors dirigé par M.Destot.

    Ce projet décidé "d’en haut avait suscité beaucoup des oppositions de la part d’habitants qui refusaient la logique qui a mené à la démolition du 50 galerie de l’Arlequin, la construction d’un nouveau parking et le redécoupage du réseau routier. Un collectif contre la démolition, ensuite surnommé Vivre à la Villeneuve a lancé la mobilisation, dénoncé la fausse concertation et a lancé un appel à la ministre du logement pour la remise en cause du projet de rénovation urbaine.

    En 2013, à l’occasion du 40ème anniversaire de la Villeneuve et à l’initiative du collectif interassocati Villeneuve Debout, une multitude d’ateliers ont aboutit à la formulation d’un projet urbain stratégique et démocratique. Ce projet a montré qu’une autre approche de l’urbanisme est possible, issue « d’en bas », basée sur les intérêts des habitants, et qui visent les logiques de pouvoir d’agir des habitants.

    http://www.assoplanning.org

    #association_planning #grenoble #droit_à_la_ville #logement #Villeneuve #droit_au_logement #activisme_urban #urban_matter #villes #méthodes_participatives #savoirs_citoyens #savoirs_pratiques #savoirs_théoriques #community_organizing #advocacy_planning #désorganisation_sociale #empowerment

    Les liens et documents qui suivent dans ce fil de discussion sont tirés d’informations que j’ai entendu dans un cours donné par David Gabriel, co-auteur du livret « Les tours d’en face » (https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01261860/document)

    • #Saul_Alinsky

      Saul David Alinsky, né le 30 janvier 1909 à Chicago et mort le 12 juin 1972 à Carmel (Californie), est un écrivain et sociologue américain, considéré comme le fondateur du groupement d’organisateurs de communauté (community organizing) et le maître à penser de la gauche radicale américaine.


      https://fr.wikipedia.org/wiki/Saul_Alinsky

      Un livre de Saul Alinsky: «#Rules_for_radicals»
      –-> ici des extraits choisis

    • #Jane_Jacobs

      Jane Jacobs (née Jane Butzner 4 mai 1916 à Scranton, Pennsylvanie - 25 avril 2006 à Toronto) est une auteure, une militante et une philosophe de l’architecture et de l’urbanisme. Ses théories ont sensiblement modifié l’urbanisme nord-américain.

      Jane Jacobs a passé son existence à étudier l’urbanisme. Ses études sont basées sur l’observation : elle commença par observer les villes, reporter ce qu’elle observe, puis créa des théories pour décrire ses observations. Elle a changé le cours de l’urbanisme dans de nombreuses villes nord-américaines, y compris Toronto.

      En 1944, elle épouse Robert Hyde Jacobs, avec qui elle a eu deux fils, James Kedzie (né en 1948) et Edward Decker (né en 1950) et une fille, Mary. En 1968, durant la guerre du Viêt Nam, elle quitte les États-Unis avec ses fils afin de leur éviter le service militaire et trouve refuge au Canada.

      En 1980, elle offre une perspective « urbanistique » sur l’indépendance du Québec dans son livre The Question of Separatism : Quebec and the Struggle over Sovereignty.


      https://fr.wikipedia.org/wiki/Jane_Jacobs

    • #Personnalisme

      Le personnalisme, ou #personnalisme_communautaire, est un courant d’idées fondé par #Emmanuel_Mounier autour de la revue Esprit et selon le fondateur, recherchant une troisième voie humaniste entre le capitalisme libéral et le marxisme. Le personnalisme « post-mounier » est une philosophie éthique dont la valeur fondamentale est le respect de la personne. Le principe moral fondamental du personnalisme peut se formuler ainsi : « Une action est bonne dans la mesure où elle respecte la personne humaine et contribue à son épanouissement ; dans le cas contraire, elle est mauvaise. »1

      Il a eu une influence importante sur les milieux intellectuels et politiques français des années 1930 aux années 1950. Il a influencé, entre autres, les milieux de l’éducation populaire et plus tard de l’éducation spécialisée2, et les libéraux-chrétiens notamment conservateurs dont Chantal Delsol.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Personnalisme

    • Forum social des quartiers populaires :

      Le #FSQP sera un lieu d’échanges et de confrontations autour des expériences militantes dans les quartiers.
      Pour dépasser les discours abstraits, l’ambition est de déboucher sur des perspectives de luttes communes, tant au niveau national que local, autour des questions suivantes :

      > Apartheid urbain
      La politique de rénovation urbaine brasse des milliards d’euros sans réelle participation des habitant-e-s des quartiers. Quel pouvoir des habitant-e-s pour le futur de leur quartier ?

      > Education au rabais
      L’école joue mal son rôle d’accès au savoir dans nos quartiers. Elle devient un lieu de discrimination, de gardiennage et de sélection programmée vers des voies de garage. Quelle relation entre l’école et le quartier (élèves, parents, etc.) ?

      > Police-Justice
      Les multiples révoltes populaires contre les crimes policiers depuis une trentaine d’années révèlent la gestion policière et judiciaire des banlieues. Trop de jeunes sont destinés au parcours piégé : échec scolaire - police - justice - prison. Comment s’organiser face aux violences policières, une justice de caste et des prisons hors-la-loi ?

      > Engagement politique et social
      Les quartiers ne sont pas des déserts politiques. Il est nécessaire de confronter les différentes formes d’engagement et d’en faire un bilan (les limites du milieu associatif, la participation aux élections, les associations musulmanes, etc.). Vers un mouvement autonome des quartiers populaires ?

      > Chômage et précarité
      Les taux de chômage et de précarité (intérim permanent) atteignent des « records » dans les banlieues. Le fossé entre les syndicats et les cités marque l’abandon des classes populaires par la gauche. Quelles relations entre les quartiers et le mouvement ouvrier ?

      > Les anciens dans la cité
      La question de la vieillesse dans les banlieues n’est pas prise en compte dans les grands plans de solidarité nationaux. Quelles formes de solidarité et de mobilisation pour les anciens ?

      > Histoire et mémoire
      Malgré l’occultation par les institutions et les problèmes de transmission de la mémoire, l’histoire des luttes des quartiers et de l’immigration est riche d’expériences et d’enseignements. Comment transmettre nous-mêmes cette Histoire aux plus jeunes ?

      > Les musulmans entre criminalisation et engagement dans la cité
      Les musulmans subissent un climat islamophobe et des lois d’exception. Comment y faire face ? Quelle implication des organisations musulmanes dans les luttes sociales et politiques des quartiers ?

      > Cultures des quartiers
      Les banlieues sont des lieux de brassage, de solidarités et d’invention culturelle. Comment défendre et mettre en valeur cette richesse ?

      Nous avons décidé que la question des femmes et de leurs luttes sera transversale à l’ensemble des thèmes.


      http://fsqp.free.fr/archives-2007-2012

    • William Foote Whyte

      William Foote Whyte (né le 27 juin 1914 et mort le 16 juillet 2000), était un sociologue américain surtout connu pour son étude ethnologique de sociologie urbaine, Street Corner Society.

      Pionnier de l’#observation_participante, il vécut quatre ans dans une communauté italienne de Boston alors qu’il étudiait par ailleurs à Harvard dans le but d’analyser l’organisation sociale des gangs du North End.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/William_Foote_Whyte

    • Street Corner Society. La structure sociale d’un quartier italo-américain

      Street Corner Society fait partie du petit nombre des classiques de la sociologie mondiale. Mais si la description saisissante que fait William Foote Whyte de la vie d’un quartier italien de Boston dans les années trente a connu un succès durable aux États-Unis, ce n’est pas seulement parce qu’il s’agit d’un modèle pour les recherches d’ethnologie urbaine. Reconnu bien au-delà des cercles universitaires, Street Corner Society est en effet de ces livres qui font passer un souffle d’air frais dans le territoire austère des sciences sociales.
      À l’écoute des humeurs de la rue, écrit dans une langue exempte de tout jargon et proche de la meilleure prose journalistique, cette fascinante immersion dans la vie d’un quartier, de ses sous-cultures et de ses systèmes d’allégeance a bouleversé les images convenues de la pauvreté urbaine et de l’identité communautaire. Référence majeure pour quiconque affronte les problèmes de l’observation participante en sociologie, Street Corner Society constitue également une lecture délectable pour le profane et un portrait savoureux de la comédie humaine dans sa version italo-américaine.

      http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Street_Corner_Society-9782707152879.html

    • #Edward_Chambers

      Edward Thomas Chambers (April 2, 1930 – April 26, 2015) was the executive director of the Industrial Areas Foundation from 1972 to 2009, a community organizing group founded by Saul Alinsky.[1] Chambers was born in Clarion, Iowa to Thomas Chambers and Hazella Downing.[2] He is credited with developing systematic training of organizers and leaders of congregation-based community organizations, and establishing relational meetings (or “one-on-ones”) as a critical practice of organizers. He is the author of Roots for Radicals: Organizing for Power, Action, and Justice (Continuum International Publishing Group, 2003, ISBN 0-8264-1499-0.[3]). A memorial article in The New Yorker called him “community organizing’s unforgiving hero.” [4] He died of heart failure in Drimoleague, Ireland in 2015.[2]


      https://en.wikipedia.org/wiki/Edward_T._Chambers

      The Power of Relational Action

      In this booklet, Ed Chambers mulls about the building of relationships in public life that allow us to share our values, passions and interests with one another — what he calls “mixing human spirit.” He describes the art of the relational meeting or “one-to-one,” which he helped develop and which is now being used by clergy, leaders and organizers around the United States and in several other countries to build their congregations and community institutions and to take joint action for the common good.

      http://actapublications.com/the-power-of-relational-action

    • La production d’études comme instrument de mobilisation dans le cadre de la campagne pour un « revenu décent londonien » (London Living Wage)

      A recent campaign led by London Citizens - a coalition of churches, mosques, trade unions, schools and other associations - brought on the forefront the issue of low paid workers. The production of studies is the linchpin of this campaign for decent wages. It is more the process of making the studies, linked to the methods of community organizing, rather than the end product itself that has established the opportunity and feasibility of new wages policies. The urban study is here considered as a tool for mobilization. Its authors, its subjects and its addressees are the actors of the London Living Wage campaign.

      7Le travail des employés de London Citizens est basé sur la construction de relations avec les habitants membres des 160 groupes de l’alliance. Dans son contrat de travail, il est stipulé qu’un community organizer doit effectuer une moyenne hebdomadaire de quinze entretiens en face à face (appelés « #one_to_one »). Ces entretiens ne sont ni retranscris ni soumis à une analyse statistique mais ont pour but de construire une relation d’égal à égal avec chacun des membres de l’alliance. Ils permettent aux community organizers d’acquérir une connaissance des problèmes auxquels font face les citoyens de leur alliance. L’organisation a également pour but de former des leaders dans chaque groupe membre. Ces leaders sont encouragés à relayer ce travail de développement de relations au sein de leur institution. Ils sont par exemple invités à organiser des house meetings, des réunions dans leur domicile ou sur leur lieu de travail avec des amis, voisins ou collègues. Les leaders et les employés de London Citizens imaginent alors des idées de campagne en fonction des intérêts des personnes rencontrées. C’est toujours grâce à ces entretiens et réunions qu’ils peuvent ensuite tester ces idées avec d’autres personnes. Ce processus participatif est finalisé lors d’assemblées annuelles où les institutions membres votent, parmi les idées évaluées, les campagnes à mener dans l’année.

      http://journals.openedition.org/geocarrefour/8114?lang=en

    • #Theory_U

      Theory U is a change management method and the title of a book by #Otto_Scharmer.[1] During his doctoral studies at Witten/Herdecke University, Scharmer studied a similar method in classes taught by Friedrich (Fritz) Glasl, and he also interviewed Glasl.[2] Scharmer then took the basic principles of this method and extended it into a theory of learning and management, which he calls Theory U.[1] The principles of Theory U are suggested to help political leaders, civil servants, and managers break through past unproductive patterns of behavior that prevent them from empathizing with their clients’ perspectives and often lock them into ineffective patterns of decision making.[3][4]


      https://en.wikipedia.org/wiki/Theory_U

      La théorie U d’#Otto_Scharmer

      Ces 5 étapes visent à capter de nouveaux modes d’émergence et à rénover l’approche collaborative et la conduite de projet. La théorie U est donc un modèle de conduite du changement fondé sur la conscience de l’urgence pour la mise en place de solutions durables et globales. Les 9 environnements d’apprentisssage qu’il propose constituent une réponse concréte aux questions posées.

      http://4cristol.over-blog.com/article-la-theorie-u-d-otto-scharmer-98615598.html

    • L’ambition démocratique du community organizing

      La mise en place, depuis quelques années, des méthodes de community organizing peut-être envisagée comme une tentative de dépassement des limites du système représentatif. Par un rappel des ressorts de leur développement, aux États-Unis et en Grande-Bretagne, et par l’observation de leur mise en pratique au sein de l’Alliance citoyenne de l’agglomération grenobloise, cet article s’attache à montrer ce qui fait l’originalité de ces démarches : rapport pragmatique au pouvoir, mobilisation autour des « colères » des habitants, actions collectives centrées sur le conflit. Un regard sur l’objectif de prise d’autonomie des habitants, formulé par les fondateurs de l’alliance, permet d’inclure une analyse de la structure et des méthodes du community organizing sous l’angle des processus d’émancipation qu’elles sont susceptibles de favoriser.

      https://www.cairn.info/revue-mouvements-2015-3-p-168.htm

  • En Turquie, anatomie d’une purge

    http://www.lemonde.fr/europe/article/2018/02/13/en-turquie-anatomie-d-une-purge_5255858_3214.html

    Accusé d’appartenir au réseau du prédicateur Fethullah Gülen, le cerveau du putsch, selon les autorités turques, le policier Kürsat Cevik comparaît mardi 13 février. Son épouse, franco-irlandaise, se bat depuis la France pour prouver son innocence.

    La vie sans nuage d’Elaine Ryan, mère de famille franco-irlandaise de 37 ans, s’est assombrie après le putsch raté du 15 juillet 2016, lorsque son mari turc, Kürsat Cevik, commissaire de police, a été arrêté avec une quinzaine de ses collègues.

    Accusé d’appartenir à « une organisation terroriste armée » (le réseau du prédicateur Fethullah Gülen, le cerveau du putsch, selon les autorités turques), Kürsat Cevik a été incarcéré à la prison de Sanliurfa, non loin de la frontière syrienne, où il partage une cellule prévue pour dix avec vingt-quatre autres prisonniers. La dernière audience de son procès aura lieu mardi 13 février.

    Elaine ne sera pas présente, « l’ambassade de France me l’a déconseillé ». Rentrée en France avec leurs deux enfants en bas âge, elle a très peu de contacts avec son conjoint. Pas de correspondance, c’est interdit. Ils se parlent dix minutes chaque quinze jours par téléphone.

    Comme la plupart des 50 000 personnes arrêtées depuis le coup d’Etat manqué, l’officier de police est accusé d’avoir chargé sur son portable l’application mobile ByLock, décrite par Ankara comme l’outil de communication des conjurés du 15 juillet, ce qu’il nie.

    La justice maintient l’accusation alors qu’« en dix-huit mois d’instruction, le procureur n’a pas pu apporter une seule preuve allant dans ce sens », déplore Elaine, qui se bat depuis la France pour prouver l’innocence de son époux.

    « En deux ans, il a été muté sept fois »

    Avoir l’application sur un téléphone suffit-elle à faire de son détenteur un putschiste ? Tous les doutes sont permis, surtout depuis que le parquet d’Ankara a reconnu, le 27 décembre 2017, que ByLock pouvait être installée sur un smartphone à l’insu de son propriétaire. C’est le cas pour 11 480 téléphones portables, reconnaît le parquet.

    Par ailleurs, ByLock est une preuve seulement « s’il est établi techniquement et de façon irréfutable que la communication a eu lieu dans le cadre de l’organisation [le mouvement Gülen] », a statué la Cour suprême en juin 2017. Débordés, soumis aux pressions politiques, les tribunaux n’en tiennent pas compte. Les dossiers d’accusation sont tous bâtis sur le même modèle.

    « Dans ce genre d’affaires, les procès-verbaux d’interrogatoires comportent sept questions-type systématiquement posées à l’accusé », explique une avocate soucieuse d’anonymat. Avoir eu ByLock sur son téléphone portable, un compte à la banque Asya, des enfants scolarisés dans les écoles du réseau Gülen, une bourse d’études pour une université étrangère, sont autant d’éléments à charge.

    La bourse d’études obtenue en 2008 par Kürsat Cevik, officier de police bien noté qui mena à bien une thèse de doctorat à l’université de Nottingham en Grande-Bretagne, est une tache noire dans son dossier. Proposées alors de façon tout à fait légale aux policiers, ces bourses, constatent aujourd’hui les juges, étaient « monopolisées par les membres du FETÖ », selon l’acronyme utilisé par les autorités pour désigner le mouvement gülen.

    « Les purges ont visé essentiellement des personnes éduquées qui, pour la plupart, avaient fait des études dans des universités étrangères. Les collègues de mon mari les plus diplômés sont aujourd’hui derrière les barreaux », assure Elaine. Avant de partir à l’étranger, l’officier travaillait à direction pour la lutte contre le crime organisé (KOM) à Ankara mais à son retour en Turquie, il en a été écarté.

    Cette direction était notoirement l’une des plus noyautées par le mouvement Gülen. Réelle, l’infiltration des organes de police et de justice par le mouvement a eu lieu avec le plein aval du gouvernement islamo-conservateur. Recep Tayyip Erdogan, alors premier ministre, et Fethullah Gülen, l’imam turc installé en Pennsylvanie (Etats-Unis), furent longtemps les meilleurs associés avant de devenir les pires ennemis. En 2013, leur alliance vole en éclats.

    C’est à ce moment-là que Kürsat Cevik rentre au pays. « Les purges ont commencé. En deux ans, il a été muté sept fois », raconte Elaine, certaine que son mari n’a jamais été güleniste.

    Un verdict inversé après un tweet du gouvernement

    Elle a frappé à toutes les portes, en vain. « Les avocats qui acceptent de défendre des accusés gülenistes demandent des honoraires exorbitants. J’ai tenté d’en trouver par le biais d’ONG, mais je n’ai reçu aucun soutien car mon mari est officier de police, et, en Turquie, les ONG se consacrent à la défense des militants des droits de l’homme et à celle des Kurdes. »

    En avril 2017, le groupe de travail sur les détentions arbitraires des Nations unies (WGAD) a qualifié le cas de son mari d’« arbitraire ». Ankara est restée sourde à cette exhortation.

    « En représailles, les médias pro-gouvernementaux ont accusé Kürsat d’être un espion français. »
    Vers qui se tourner ? La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), qui a vu les requêtes venues de Turquie augmenter de 276 % en 2016, a déclaré irrecevables les dossiers liés à l’état d’urgence imposé après le putsch raté. Le requérant doit d’abord épuiser les voies de recours internes. La Cour constitutionnelle turque en est une, ou plutôt elle l’était avant le 4 février.

    Ce jour-là, ses juges ont ordonné le maintien en prison des journalistes Mehmet Altan (66 ans) et Sahin Alpay (73 ans), en détention provisoire depuis 2016. Le 11 janvier, les mêmes juges s’étaient prononcés pour leur remise en liberté. Il aura suffi d’un tweet de Bekir Bozdag, le porte-parole du gouvernement, dénonçant « un mauvais verdict », de la part d’une Cour ayant « outrepassé ses pouvoirs législatifs et constitutionnels », pour que la décision soit inversée dans le sens voulu par le pouvoir politique.

  • Géopolitique de #Chypre : un lieu de tensions en #Méditerranée orientale

    https://www.diploweb.com/Chypre-un-lieu-de-tensions-en-Mediterranee-orientale.html

    Alors que nous assistons à la mise en scène des « Jeux de la Paix » entre la Corée du Sud et la Corée du Nord, l’Union européenne compte depuis 2004 un pays membre – Chypre - occupé en partie par un pays supposé candidat depuis 2005 – la Turquie. Patrice Gourdin offre ici une analyse géopolitique de ce lieu de tensions en mer Méditerranée. Un texte de référence sur une question souvent méconnue.

    FIN janvier 2018, à Lefkosia (nom turc de Nicosie), à l’instigation du président turc Recep Tayyip Erdogan, des nationalistes ont attaqué le journal Afrika qui avait critiqué l’offensive contre les Kurdes de Syrie (opération Rameau d’olivier) et établi un parallèle avec l’intervention à Chypre en 1974. Cette violence illustre les rivalités qui affligent l’île. Sur le territoire de Chypre, la répartition du pouvoir est complexe : au nord, la #République_turque_de_Chypre_du_Nord-#RTCN, une zone peuplée de Chypriotes turcs, occupée par l’armée turque depuis 1974 ; au sud, un espace contrôlé par la République de Chypre, où le pouvoir est exercé par des Chypriotes grecs. Issues d’un conflit, ces deux entités sont séparées par une zone tampon où se trouve stationnée depuis 1974 une force d’interposition de l’ONU, la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP). Ajoutons qu’après l’indépendance de Chypre en 1960, la Grande-Bretagne a conservé deux bases militaires (Dhekelia, Akrotiri), sur la côte sud. La proximité de cet espace insulaire avec le Proche-Orient contribue à expliquer cet état de fait. Le poids de l’histoire est considérable et plusieurs acteurs extérieurs ont influé ou continuent d’influer sur l’évolution de l’île.

  • Aux avant-postes du «  mur  » trumpien

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2018/02/10/aux-avant-postes-du-mur-trumpien_5254797_3234.html

    Le président républicain entend bâtir une «  barrière physique  » à la frontière avec le Mexique. Pour l’heure, celle-ci se résume à huit monolithes, symboles de la division entre pro- et anti-immigration.


    Les huit prototypes du « mur » voulu par le président Donald Trump à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, en octobre 2017.

    Le « grand et beau mur » promis par Donald Trump à ses concitoyens tient pour l’instant en huit panneaux géants installés à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, au sud de San Diego, en Californie. Huit monolithes de neuf mètres de haut et autant de large, postes avancés de la forteresse America First prônée par le président républicain.

    Du côté américain, il est impossible d’approcher. Les prototypes sont situés sur un terrain appartenant au gouvernement. La Border Police (police des frontières) a suspendu ses visites guidées, dans l’attente de celle de Donald Trump. Le président a promis de se déplacer pour inspecter lui-même les éléments précurseurs de « l’imposante barrière physique » qu’il espère laisser au pays. Mais sa venue, plusieurs fois annoncée, n’est toujours pas confirmée.

    Du côté mexicain, il faut franchir la frontière au poste d’Otay Mesa, à 20 km à l’est de Tijuana, puis prendre le boulevard Garita et la calle 12. On traverse les maquiladoras, ces vastes ateliers d’assemblage menacés par la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena) entré en vigueur en 1994. Près de 700 multinationales, dont Sony, Samsung et General Motors, y sont installées. Les pièces arrivent d’Asie, débarquent au port de Los Angeles, traversent la frontière en duty free (sans taxe) et sont montées à Tijuana. Les produits finis sont réexportés vers les Etats-Unis.

    Des projets pilotes

    Depuis vingt ans, les soutiers de la mondialisation viennent s’entasser pour des salaires de misère (deux dollars par heure, soit cinq fois moins qu’aux Etats-Unis) dans ce faubourg poussiéreux de Las Torres, traversé par les semi-remorques rutilants, les poules et les chiens errants. Beaucoup ont fait le mur, et les narcotrafiquants ont construit des tunnels à la faveur de la prolifération des maquiladoras. Depuis 2006, une quinzaine de ces tunnels ont été mis au jour à Tijuana, certains longs de plus de 500 mètres.

    Les huit prototypes dépassent de six mètres la barrière de tôle couleur rouille héritée de Bill Clinton, qui sert de ligne de démarcation. La police des frontières leur a attribué des numéros. A la suite d’un appel d’offres lancé par le département de la sécurité intérieure, six compagnies ont été retenues pour construire des projets pilotes.

    W.G. Yates & Sons, du Mississippi, a érigé un mur de métal de couleur sable pour 458 000 dollars (payés par le contribuable américain), soit environ 375 000 euros ; Fisher Sand & Gravel, de l’Arizona, un pan de béton minimaliste (365 000 dollars). KWR, également de l’Arizona, a ajouté un tube métallique au sommet afin d’empêcher les échelles de s’accrocher. Le numéro 3 se distingue par sa couleur bleue : c’est le projet de l’ELTA, un sous-traitant des forces armées israéliennes.

    Prouesses de l’armée américaine

    De la fenêtre sans vitre de son abri, à l’ombre d’un demi-palmier, Alexis Franco Santana, 22 ans, a vue sur le prototype numéro 6, celui est surmonté d’un grillage de barbelés. Devant la masure s’empilent les déchets de plastique livrés par les camionnettes de recyclage. Le jeune homme est chargé du triage, moyennant 50 dollars par semaine. Casquette retournée, short extra-large de basketteur, il a tout d’un jeune Américain, jusqu’à l’accent, mais il se plaint de son peu de vocabulaire.

    Les prototypes n’ont pas eu raison de sa bonne humeur. « C’est comme un jeu, s’esclaffe-t-il. On dirait que Trump est allé à Toys’R’Us et qu’il s’est acheté des Lego. » Pour cinq dollars, le jeune homme loue aux touristes une échelle que lui a laissée un visiteur de passage. Au cas où Donald Trump confirmerait son arrivée, une télévision américaine a pris une option sur le gruyère de planches qui lui sert de toit.

    Le jeune Mexicain a assisté tout le mois de janvier aux prouesses de l’armée américaine. Pendant trois semaines, des éléments des forces spéciales venus de Floride et les unités paramilitaires de la police des frontières ont pris d’assaut les prototypes hauts de trois étages, à coups de « pioche », de « marteau-piqueur », de « burin », de « cric de voiture » et de « chalumeau », selon la liste dressée par la Border Police. Un seul des militaires est parvenu à se hisser au sommet. Fin janvier, les Américains ont été informés que les prototypes avaient passé avec succès le test de résistance aux envahisseurs. Alexis hausse les épaules. « Il faut qu’on traverse de toute façon. Que ça soit avec des cordes ou des tunnels. Pour nous, c’est une nécessité. »

    Craintes de manifestations et d’incidents

    Un mirador a dû être construit pour surveiller les prototypes. Coût pour le comté de San Diego : près d’un million de dollars, ce qui fait grimacer jusqu’aux républicains. Les autorités locales craignaient les manifestations et les incidents. Du côté de l’extrême droite, un groupe se réclamant de « l’identité européenne » est venu faire des selfies. Et le cercle des bordertown patriots y a relancé son bon vieux slogan de campagne : « Build the wall ! » (« construisez le mur ! »). « C’est dissuasif, explique Tom, un militant de ce groupe anti-immigration, qui préfère conserver l’anonymat. On sait bien que ça ne va pas totalement arrêter les clandestins. » Il garde toute confiance en Trump. « En un an, il a déjà réussi à construire les prototypes. Il suffit que chaque foyer paie 200 dollars et, en huit ans, le mur pourra être fini. » Sinon, prévoit-il, « les Etats-Unis ne seront plus les Etats-Unis ».

    Les défenseurs des immigrants, eux, ne se sont pas dérangés. « Pour Trump, c’est un outil de propagande. Nous n’avons pas de temps à perdre à aller crier devant ces prototypes », déclare Christian Ramirez, de l’ONG Alliance San Diego. Ce militant a été arrêté le 11 décembre à Washington, au cours d’un sit-in au Congrès. « Notre combat, ce n’est pas le mur, souligne-t-il. C’est la régularisation des “Dreamers” » (les jeunes amenés aux Etats-Unis par leurs parents avant l’âge de 16 ans). Donald Trump a mis leur sort dans la balance dans son épreuve de force avec les démocrates : 800 000 « Dreamers » – il a même poussé jusqu’à 1,6 million de bénéficiaires –, contre 25 milliards de dollars pour le mur. Les responsables latinos sont opposés à un tel marchandage. Pas question que les « Dreamers » soient « utilisés comme monnaie d’échange pour faire adopter des mesures anti-immigrants », s’insurge Christian Ramirez.

    Le « mur » a une longue histoire mais, jusqu’ici, il n’a pas survécu aux aléas politiques. En 2006, grâce à la loi votée au Congrès – y compris par Barack Obama et Hillary Clinton –, George W. Bush a lancé les travaux. Quand Barack Obama a été élu à la Maison Blanche, ils ont été suspendus, « hormis quelques routes et travaux de consolidation ici ou là », précise M. Ramirez. Janet Napolitano, ex-secrétaire à la sécurité intérieure et ancienne gouverneure de l’Arizona, a remplacé le projet de béton par un « mur électronique » : des capteurs, des drones et des patrouilles renforcées. Aujourd’hui, après plus de deux milliards d’investissement, 560 km de parois empêchent le passage des piétons et 480 km d’obstacles antivéhicule, celui des voitures. Soit 1 040 km de frontière marqués par une barrière, sur un parcours total de 3 218 km entre les deux pays.

    « Plus aucun recours légal »

    Jusqu’à présent, les ONG ont réussi à retarder la construction du mur, en exploitant les dispositions réglementaires : l’obligation de procéder à des études d’impact sur l’environnement et les espèces menacées, par exemple, mais aussi la consultation des tribus indiennes ou celle des ranchers qui, au Texas, ont porté plainte contre le gouvernement qui les a expropriés, en l’accusant de minorer leurs indemnités. Cette fois, elles redoutent que Trump ne passe outre, comme une loi de 2005 – validée par la Cour suprême – l’y autorise si la sécurité nationale est en jeu.

    Ses prédécesseurs n’avaient pas abusé des dérogations (cinq tout de même pour l’administration Bush). Mais le 45e président des Etats-Unis n’a pas l’intention de s’embarrasser de délicatesses. Fin janvier, les premières dérogations ont été publiées. Elles concernent un tronçon de 20 km près de Santa Teresa, dans le désert de Chihuahua, au Nouveau-Mexique. Les bulldozers ne sont pas loin. « Nous n’avons plus aucun recours légal. Nous sommes à la merci de l’administration Trump », déplore Christian Ramirez, qui est spécialiste des droits humains dans les communautés frontalières.

    Une fois les projets sélectionnés, les entreprises devront soumettre un nouvel appel d’offres. Lequel devra être suivi d’une période de commentaires publics. Les prototypes n’ont pas fini d’attirer la curiosité et la créativité. Les artistes de la Light Brigade de San Diego sont venus projeter une échelle lumineuse sur les monolithes, comme pour souligner l’illusion du mur tant que les déséquilibres économiques n’auront pas été corrigés. A l’instigation du plasticien helvéto-islandais Christoph Büchel, un collectif a aussi lancé une pétition pour faire des huit prototypes un « monument national ». Une « sorte de Stonehenge [site mégalithique de Grande-Bretagne] », avance Michael Diers, historien de l’art versé dans l’iconographie politique et porte-parole de l’initiative. Un monument qui témoignerait pour la postérité de la tentation de repli de l’Amérique au temps de Donald Trump.

  • La police confrontée à des difficultés de recrutement, Julia Pascual, LE MONDE | 09.02.2018
    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/02/09/la-police-confrontee-a-des-difficultes-de-recrutement_5254237_1653578.html

    Alors que les renforts en effectifs ont été multipliés par dix en l’espace de cinq ans, l’institution peine de plus en plus à attirer des profils de qualité.

    Réclamés à tous les échelons de la police nationale, de la base au commandement, les renforts en effectifs sont un des piliers de la réforme de la sécurité publique, lancée jeudi 8 février par le ministère de l’intérieur. Pour remettre les forces de l’ordre sur le terrain, Gérard Collomb a déclaré que, « dans les cinq ans qui viennent, nous allons créer 10 000 postes » dans la police et la gendarmerie.

    Dans un contexte de menace terroriste, les recrutements étaient déjà repartis à la hausse sous le précédent quinquennat avec près de 9 000 créations de postes. Un changement de braquet radical, après les années de rigueur de la RGPP (Révision générale des politiques publiques). « Alors qu’on a recruté moins de 500 élèves gardiens de la paix en 2012, on en a pris 4 800 en 2016 et 4 700 en 2017 », témoigne Philippe Lutz, ‎directeur central du recrutement et de la formation de la police nationale. Cette année, un concours exceptionnel, en plus de la session ordinaire, doit se tenir en mars, comme ce fut le cas déjà en 2016, après les attentats.

    Cette montée en puissance ne se fait pas sans difficultés. « Les gouvernements n’ont pas recruté de façon régulière et, maintenant, ils veulent massivement combler les trous, quitte à prendre des policiers qui ne savent pas réfléchir, s’alarme un fonctionnaire qui intervient en école de formation. Devant les élèves, on lutte. Au niveau de l’expression, du vocabulaire, de l’orthographe… Il y a aussi des choses qu’ils n’intègrent pas au niveau procédural, sur ce qu’ils peuvent faire ou pas. Ils ont besoin d’être encadrés en permanence. S’ils sont livrés à eux-mêmes sur la voie publique, ça va être compliqué. » « On ne peut pas impunément multiplier par dix le nombre d’élèves recrutés. Il est logique que la qualité soit plus diffuse », concède M. Lutz.

    Tensions plus fortes sur le deuxième concours

    Actuellement, le recrutement de gardiens de la paix se fait par deux voies, à peu près à parts égales : un concours externe ouvert à partir du niveau bac et un concours interne, auquel se présentent principalement des adjoints de sécurité, les anciens emplois jeunes de la police, accessible sans condition de diplôme. C’est notamment sur ce dernier concours, au niveau de l’Ile-de-France, que les tensions les plus fortes se font sentir. Plusieurs sources syndicales assurent que le niveau d’admission a été abaissé. « L’an dernier, ils ont pris des candidats en dessous de 8 de moyenne au concours », rapporte l’une d’elles. Malgré cela, en 2017, environ 400 postes n’ont pas été pourvus.

    « LE CONCOURS N’ATTIRE PAS DES PERSONNES AYANT LE NIVEAU DE LE PASSER », LE SYNDICAT VIGI
    M. Lutz se dit « vigilant » et reconnaît avoir dû, l’an passé, « repousser les dates limites de dépôt de candidature, car nous étions en retrait par rapport au nombre attendu ». Près de 24 000 personnes se sont portées candidates en 2017. L’engouement massif qui s’était manifesté après les attentats a fait long feu. « En 2016, lors du concours exceptionnel, nous avions eu 35 000 candidats, mais c’est un pic qu’on n’a jamais retrouvé », dit M. Lutz. Il tempère en outre le succès de cette moisson : « Les candidats n’avaient pas forcément le profil qu’on attendait. Ils étaient surtout dans la réaction aux événements terroristes. Or, on ne va pas à la DGSI en sortant de l’école. Le quotidien, c’est la police secours, les cambriolages, les troubles de voisinage, les violences conjugales… »

    « Un métier dangereux et difficile »

    « Le concours n’attire pas des personnes ayant le niveau de le passer », tranchait jeudi dans un communiqué le syndicat Vigi (ex-CGT Police). Plusieurs facteurs peuvent contribuer à tarir le vivier de recrutement, en particulier le système d’affectation des policiers. Alors que la majorité des élèves gardiens de la paix sont des jeunes originaires de villes de moins de 5 000 habitants – la région Hauts-de-France fournit le plus important contingent –, ils sont pour 70 à 80 % d’entre eux affectés en région parisienne, notamment dans des quartiers difficiles, contraints d’y demeurer cinq à huit ans avant de demander une mutation. Un aspect qui peut rebuter. « C’est un métier dangereux et difficile », ajoute Philippe Capon, secrétaire général du syndicat de gardiens de la paix UNSA Police. Il évoque, pêle-mêle, les suicides de fonctionnaires, les heures supplémentaires, le manque de moyens, l’affaire Théo, la mort de Xavier Jugelé, tué lors d’une attaque terroriste sur les Champs-Elysées…

    La police nationale est aussi concurrencée par d’autres recruteurs tels que la gendarmerie nationale, la police municipale ou encore la sécurité privée. Pour remédier au manque d’attractivité des postes en Ile-de-France, le directeur général de la police nationale, Eric Morvan, a annoncé jeudi réfléchir à des aides au logement et au transport ainsi qu’à ouvrir le concours interne aux agents de la fonction publique. Le ministère de l’intérieur envisage aussi de réformer les épreuves du concours externe, pour donner plus de poids à l’entretien oral par rapport à l’étude de texte ou au test de questions/réponses. Un chantier qui n’est pas sans risque. « Le but, ce n’est pas de faire la dictée de Bernard Pivot, résume M. Lutz. D’un autre côté, il faut se rappeler que ces fonctionnaires vont faire de la procédure, prendre des plaintes… »

    La formation, enjeu de la police de sécurité quotidienne , Julia Pascual, LE MONDE | 09.02.2018

    Avec le lancement de la police de sécurité du quotidien, le ministère de l’intérieur a ouvert un chantier sur l’apprentissage du métier de policier.

    Le gouvernement veut professionnaliser le tutorat dès la prise de poste des gardiens de la paix.
    Une « refonte totale de la formation des gardiens de la paix ». En lançant la police de sécurité du quotidien, jeudi 8 février, le ministère de l’intérieur a ouvert un chantier sur la formation. Il est question de modules densifiés ou nouveaux, relatifs à la « connaissance de l’environnement local » ou aux « échanges avec la population ». « Beaucoup de choses sont déjà en place », prévient Philippe Lutz, le directeur central de la formation et du recrutement de la police nationale. « Les policiers sont déjà sensibilisés à la relation police/population, confirme un formateur. On l’aborde dans plusieurs cas, le contrôle routier, le différend familial, la victime d’un vol… Et puis, discuter avec quelqu’un d’autre, ça fait partie de l’éducation. »
    Lire aussi : Police de sécurité du quotidien : « 30 quartiers bénéficieront de moyens supplémentaires », déclare Gérard Collomb au « Monde »

    Ancien policier devenu sociologue – il écrit une thèse sur la formation des policiers –, Jean-Michel Schlosser estime au contraire que les nouveaux fonctionnaires « sont très peu, voire pas du tout, formés à la connaissance des problèmes socio-économiques qu’on va leur demander de gérer ». « Des choses existent dans la mallette pédagogique, reconnaît-il, mais la réalité, c’est que c’est plutôt de la présentation et pas de la formation véritable. Elle est faite par des policiers, ce qui, malgré leur professionnalisme, ne suffit pas. Le ministère de l’intérieur est très fermé au monde des sciences humaines. Il y a des tentatives, avec des psychologues ou des sociologues, mais ça reste la portion congrue. »
    Muscler la formation initiale
    Quid, par ailleurs, du travail de police en banlieue, où la majorité des gardiens de la paix sont parachutés à la sortie de l’école ? Aujourd’hui, son appréhension se résume à un module sur les violences urbaines. Pour muscler la formation initiale des élèves policiers, deux mesures principales ont été annoncées jeudi. Des modules d’« adaptation au premier emploi » d’une durée de trois semaines devraient voir le jour, pour préparer les gardiens à la spécificité de leur futur poste. « La formation initiale ne permet pas de voir toutes les facettes du métier, justifie M. Lutz. Des modules sur la police aux frontières et les CRS fonctionnaient, mais on n’avait quasiment rien pour la sécurité publique et pour l’investigation, qui nécessite de comprendre la complexité de la réflexion juridique. »
    Le gouvernement veut aussi « professionnaliser » le tutorat des gardiens de la paix lors de leur prise de poste. « Cela permettra de leur présenter le quartier, ses spécificités, les différentes communautés… », a esquissé, jeudi, Rachel Costard, directrice de la formation et du recrutement en Ile-de-France. L’enjeu des chantiers ouverts, selon M. Lutz, « c’est que l’intégration de quelqu’un de Rodez qui se retrouve en poste à La Courneuve se passe le mieux possible ».
    Lire aussi : La police confrontée à des difficultés de recrutement

    « Aujourd’hui, lorsque l’élève policier arrive en service, c’est un peu le “sac de sable”, résume Damien Cassan, professeur à l’université de Suffolk (Grande-Bretagne), qui a réalisé sa thèse sur la socialisation professionnelle des policiers en France et au Royaume-Uni. Il reste à l’arrière de la voiture. Il y a l’idée que c’est l’expérience qui fait l’expertise. L’apprentissage du métier est très diffus. » Pour M. Lutz, il faut une meilleure continuité entre la sortie d’école et les premiers pas en commissariat, « sinon, ce qui a été appris en école peut être remis en cause par la culture du terrain ».

    #police

  • A la Cité du futur, Julian Assange parle et ce n’est pas gai

    http://www.liberation.fr/france/2018/02/01/a-la-cite-du-futur-julian-assange-parle-et-ce-n-est-pas-gai_1626825?xtor=

    En direct depuis l’ambassade d’Equateur à Londres, il est intervenu sur l’écran du colloque de la Cité du futur du Cent-Quatre, à Paris. Une rareté.

    http://md1.libe.com/photo/1092904-assssaaxsange.jpg?modified_at=1517511984&picto=fb&ratio_x=

    Parfois, dans un colloque, arrive un invité surprise. Au MaddyKeynote, parmi des intervenants variés venus parler de la ville du futur, voici soudain, sur écran géant, Julian Assange. Le cybermilitant nous parle en direct de l’ambassade d’Equateur en Grande-Bretagne où il vit reclus depuis cinq ans mais on ne voit de son décor qu’un fond bleu. Quand on a écrit sur Twitter qu’il allait intervenir, un « abonné » nous a répondu : « Qu’a-t-il à dire sur le sujet ??? » En vérité, rien de bien gai.

    Extraits.

    Sur l’espionnage de nos échanges : « La majorité des interceptions auxquelles procède la NSA viennent des opérateurs comme Google ou Facebook plutôt que de leur propre surveillance. Ces géants ont fini par créer un capitalisme de la surveillance. »

    Sur notre sottise : « Nous sommes passés d’une économie qui vendait des consommateurs à des annonceurs à une autre qui utilise toute l’information créée par nos téléphones, nos voitures, nos déplacements mais aussi par ce que nous avons naïvement donné. Google Street View par exemple. Tout ce que Google Street a ramassé sera utilisé pour guider les voitures autonomes et sans aucun doute, sera utilisé pour fournir des itinéraires. Sauf que c’est une information très centralisée. L’information produite par nos mobiles, par nos recherches pourra être utilisée pour cibler des groupes en particulier, même des individus, pour les manipuler. »

    Sur nos illusions : « Il apparaît que cette technologie de l’intelligence artificielle que tout le monde célèbre parce qu’elle va permettre de conduire des voitures sans conducteur est aussi celle qui permet de diriger des missiles. »

    Sur notre crédulité : « L’intelligence artificielle est l’artisan des fake news. Il existe des prototypes qui peuvent, à partir d’un échantillon de voix, produire ce que vous voulez et des prototypes en vidéo qui commencent à être très efficaces aussi. Arrivés à un certain niveau, aucun cerveau humain ne saura détecter les fausses nouvelles. C’est un dilemme pour l’humanité : que faire quand on est arrivé à un certain niveau de mensonges ? »

    Sur notre destin : « Ce que l’Europe doit faire ? Idéalement avoir sa propre structure mais ça ne se produira pas, à cause de la diversité des Européens et de la soumission traditionnelle aux Etats-Unis. »

    Sur ces forts propos, Anaïs Richardin, directrice de Maddyness, l’organisateur de la rencontre, a conclu en disant : « J’espère que la journée sera un peu plus positive que cette conversation. »

  • Mémorandum d’Edwin Montagu sur l’antisémitisme du gouvernement actuel (britannique) - Soumis au cabinet britannique en août 1917
    3 février 2018 | traduction CSPRN
    http://la-feuille-de-chou.fr/archives/97749

    (...) C’est dans cette atmosphère que le gouvernement propose d’entériner la formation d’une nouvelle nation avec un nouveau foyer en Palestine. Cette nation sera vraisemblablement formée de Russes juifs, d’Anglais juifs, de Roumains juifs, de Bulgares juifs et de citoyens juifs de toutes les nations – survivants ou parents de ceux qui ont combattu ou donné leurs vies pour les différents pays que j’ai mentionnés, à un moment où les trois années qu’ils ont vécues ont uni leur point de vue et leur pensée plus étroitement que jamais aux pays dont ils sont citoyens.

    Le sionisme m’a toujours semblé être un credo politique malveillant, indéfendable par n’importe quel citoyen patriote du Royaume-Uni. Si un Anglais juif jette les yeux sur le Mont des Oliviers et aspire au jour où il secouera le sol britannique de ses chaussures et reprendra ses activités agricoles en Palestine, cet homme m’a toujours semblé avoir des objectifs reconnus comme incompatibles avec la citoyenneté britannique et avoir admis qu’il est inapte à prendre part à la vie publique en Grande-Bretagne ou à être traité comme un Anglais. J’ai toujours compris que ceux qui se livraient à ce credo étaient en grande partie motivés par les restrictions et le refus de liberté dont sont victimes les juifs en Russie. Mais au moment même où ces juifs ont été reconnus comme des russes juifs et ont reçu toutes les libertés, il semble inconcevable que le sionisme soit officiellement reconnu par le gouvernement britannique, et que M. Balfour soit autorisé à dire que la Palestine devait être reconstituée comme “la maison nationale du peuple juif”. Je ne sais pas ce que cela implique, mais je suppose que cela signifie que les Mahométans et les Chrétiens doivent faire place aux Juifs et que les Juifs devraient être placés dans toutes les positions de préférence et devraient être particulièrement associés à la Palestine de la même manière que l’Angleterre est avec les Anglais ou la France avec les Français, que les Turcs et autres Mahométans en Palestine seront considérés comme des étrangers, tout comme les Juifs seront traités comme des étrangers dans tous les pays sauf la Palestine. Peut-être aussi que la citoyenneté ne devra être accordée qu’à la suite d’un test religieux.(...)

  • Faut-il s’inquiéter des bracelets électroniques développés par Amazon pour suivre ses salariés ?
    https://www.crashdebug.fr/high-teck/14476-faut-il-s-inquieter-des-bracelets-electroniques-developpes-par-amaz

    "Est-ce qu’il y aura aussi le boulet au pied ?", s’est interrogée la secrétaire générale de la Confédération générale italienne du travail.

    Une employée d’Amazon dans l’entrepôt de Peterborough (Grande-Bretagne), le 15 novembre 2017.

    (CHRIS J RATCLIFFE / AFP)

    Amazon veut-elle transformer ses salariés en robots ? Mardi 30 janvier, l’entreprise américaine a fait breveter un bracelet électronique lui permettant de détecter les mouvements des mains de ses salariés dans ses entrepôts. L’objectif : suivre leur travail et améliorer (encore) leur productivité. Un projet qui a rapidement provoqué un tollé. Alors, faut-il s’inquiéter ?

    L’idée : des bracelets électroniques pour guider les salariés avec des vibrations

    En mars 2016, Amazon a déposé deux brevets sur ces (...)

    #En_vedette #Actualités_High-Tech #High_Tech

  • Le théologien Tariq Ramadan mis en examen et incarcéré pour viols - Libération

    Tariq Ramadan a été mis en examen et incarcéré vendredi à Paris, à l’issue de deux jours de garde à vue et de sa présentation à un juge. Celui-ci a donc suivi la réquisition du parquet de Paris qui avait ouvert vendredi une information judiciaire pour viol en 2012 et pour viol sur personne vulnérable en 2009 à l’encontre du théologien musulman de 55 ans.

    Une de ses deux accusatrices - pour des faits qui auraient eu lieu à Lyon en 2009 - a été longuement confrontée, jeudi après-midi, au théologien. Selon l’AFP, Ramadan camperait sur ses positions : depuis trois mois, il nie les accusations. Toutefois, la plaignante l’aurait mis en difficulté en mentionnant une petite cicatrice que ce dernier aurait à l’aine. Cette affaire, très complexe, a éclaté début octobre par les révélations d’Henda Ayari, une ex-salafiste accusant Ramadan de l’avoir violée dans un hôtel à Paris, en 2012. Dans la foulée, plusieurs témoignages de femmes, notamment en Suisse, ont mis en cause la double vie du théologien, accumulant les conquêtes, en contradiction avec la stricte morale islamique.

    Les derniers développements de l’affaire ont provoqué la consternation parmi les responsables de Musulmans de France (ex-UOIF, la branche française des Frères musulmans). L’organisation a beaucoup contribué à la notoriété de Tariq Ramadan en France. Murée dans un silence total depuis le dépôt des deux plaintes, elle devrait se réunir ce samedi pour discuter du dossier. « Tout cela est difficile à croire », avouait vendredi à Libération, sous le choc, l’un de ses dirigeants.

    A partir du milieu des années 90, Ramadan, petit-fils du fondateur des Frères musulmans, Hassen el-Banna, est devenu une référence de l’islam de France. Très présent sur le terrain pendant une dizaine d’années, il a contribué, à travers de très nombreuses conférences, à la réislamisation des deuxième et troisième générations des immigrés venus d’Afrique. Des polémiques avaient émergé à son sujet au début des années 2000, ses adversaires lui reprochant de tenir un double discours et de favoriser l’émergence d’un islam politique.
    Bernadette Sauvaget

    Ok, donc Ramadan a été incarcéré et la justice semble ici rapide, efficace et à l’écoute des victimes, ce qui n’est absolument pas la norme dans ce domaine et j’ai pu le constater de très nombreuses fois. Le traitement particulier réservé à Tariq Ramadan en raison de tout ce qu’il représente a de quoi mettre mal à l’aise. Il faudrait demander à Gérald Darmanin son avis sur la question.
    #viol #Ramadan #agression #violence #femmes

    • https://m.investing.com/news/world-news/macron-minister-refuses-to-quit-over-rape-charge-he-denies-1170420?ampM

      French President Emmanuel Macron’s budget minister, targeted by a rape accusation he denies, will not resign, his lawyer said on Tuesday.

      The case concerning 35-year-old minister Gerald Darmanin and an encounter dating back to 2009 could test Macron’s ability to reconcile the principle of innocence unless proven guilty with his pledges of exemplary government.

      Following the sex scandal surrounding U.S. movie mogul Harvey Weinstein, it also comes at a time of heightened demand for action against predatory sexual behavior or abuse of power for sexual favors.

      Lawyer Pierre-Olivier Sur spoke in defense of Darmanin after confirmation on Saturday that the rape accusation had triggered the opening of a preliminary judicial inquiry, a step in France where investigators assess whether a complaint merits pursuit.

      “There’s absolutely no question of that happening,” Sur said when asked in an RTL radio interview if the minister would stand down.

      Darmanin, a high-flyer who joined France’s main right-wing party, Les Republicains, in his teens, changed camps last year to join Macron’s government.

    • En Grande Bretagne 1 député veut démissionner à cause d’un retard de 5 mn au Parlement, qui ne lui a pas permis de répondre à une question le concernant et en France un ministre qui fait l’objet d’une enquête préliminaire pour viol n’envisage pas de renoncer à sa fonction. Deux cultures politiques aux antipodes et la honte pour les représentant·e·s politiques français qui soutiennent Darmanin.
      Sophie Spatz qui a porté plainte pour viol va, elle, en avoir besoin de soutien pour faire face à la pression qui doit s’abattre sur elle.

  • Extrait de « The Phantom Public » (Le public fantôme), de Walter Lippmann (1889-1974) http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/14545/HERMES_2001_?sequence=1

    (…) Il n’y a rien de particulièrement nouveau dans le désenchantement qu’exprime le #citoyen, dans la sphère privée, en ne votant pas du tout, en votant seulement pour la tête de liste, en étant indifférent aux primaires, en ne lisant pas les discours et les documents électoraux et par toute la liste des péchés par omission pour lesquels il est critiqué. Je ne le critiquerai pas davantage. Mes sympathies lui sont adressées, dans la mesure où je crois qu’il a été chargé d’une tâche impossible et qu’on lui demande de mettre en pratique un idéal inaccessible. J’en suis d’autant plus convaincu que je n’ai pas moi-même, alors que les affaires publiques sont mon principal intérêt et que je passe le plus clair de mon temps à les observer, pu trouver le temps pour faire ce qu’on attendait de moi dans la théorie de la #démocratie : savoir ce qui se passe et avoir une opinion méritant d’être exprimée sur chaque question relative à une communauté s’auto-gouvernant. Et je n’ai jamais rencontré personne, du président des Etats-Unis à un professeur de science politique, qui soit parvenu à incarner, même partiellement, l’idéal admis d’un citoyen omni-compétent et souverain.

    (…) L’auteur du manuel, évoquant, conformément à ses desseins, tous les sujets, des égouts urbains à l’opium indien, passe à côté d’un fait décisif : le citoyen ne consacre que peu de son temps aux affaires publiques, n’a qu’un intérêt épisodique pour les faits et peu d’appétit pour la théorie.

    Il n’est jamais arrivé à ce précepteur du devoir civique de fournir à l’étudiant une règle qui lui permette de savoir s’il est de son devoir de réfléchir, le jeudi, à la question des métros à Brooklyn ou de la voie ferrée en Mandchourie, ni, s’il décide le jeudi d’exprimer sa volonté souveraine sur le problème du métro, comment combler les lacunes de son savoir sur ce point, lacunes qui sont imputables au temps passé, la veille, à réfléchir à l’expression de sa volonté souveraine à propos des crédits ruraux dans le Montana et les droits de la Grande-Bretagne sur le Soudan. Il ne peut pourtant pas tout connaître sur toute chose à tout moment, et, alors qu’il examine une chose, un millier d’autres connaissent des changements importants. À moins qu’il ne découvre des fondements rationnels pour fixer son #attention là où elle sera la plus précieuse et d’une manière adaptée à ses moyens nécessairement amateurs, il sera aussi désorienté qu’un chiot tentant de lécher trois os à la fois.

    #politique #abstention #citoyenneté #médias #temps

    Source : The Phantom Public, Mcmillan & Co, 1925, p. 13-39. Traduit de l’anglais par Sandrine Lefranc pour la revue Hermès

  • Des gauches européennes tentent de construire leurs médias
    https://www.mediapart.fr/journal/international/280118/des-gauches-europeennes-tentent-de-construire-leurs-medias

    En Europe, des émissions de télévision ou des journaux en ligne sont créés dans la mouvance ou à l’initiative de mouvements de gauche, très critiques du paysage médiatique traditionnel. La #France, l’Espagne et la Grande-Bretagne sont les laboratoires de ces expériences journalistiques nouvelles, notamment dans le monde audiovisuel.

    #International #Culture-Idées #Espagne #France #France_insoumise #Jean-Luc_Mélenchon #Jeremy_Corbyn #Le_Média #Momentum #Pablo_Iglesias #Podemos #Royaume-Uni #UE

  • Les Européens se partagent les sièges parlementaires britanniques
    http://www.rts.ch/info/mobile/9274905-les-europeens-se-partagent-les-sieges-parlementaires-britanniques.html

    Le Parlement européen a commencé mardi à répartir les sièges qui seront laissés vacants par le départ de la Grande-Bretagne, prévu en 2019.

    Les principaux bénéficiaires de cette redistribution seront l’Espagne, la France les Pays-Bas et l’Italie.

    Sur les 73 sièges actuellement occupés par des députés européens britanniques, 27 seront alloués à des Etats déjà membres de l’UE, a annoncé la commission aux affaires constitutionnelles.

    Sièges réservés
    Les 46 autres sièges ne seront pas pourvus et réservés aux futurs entrants, très probablement issus des Balkans.

    La France et l’Espagne récupéreront cinq sièges supplémentaires, tandis que les Pays-Bas et l’Italie en obtiendront trois. Parmi les Etats qui en auront un de plus figurent le Danemark, la Pologne, la Croatie et l’Autriche.

    La Grande-Bretagne doit quitter l’Union en mars 2019, deux mois avant les prochaines élections européennes.

    ats/jvr

    #union_européenne #brexit (par ici) la #bonne_soupe #parlement_européen #europe #député.es_européen.ne.s