• Un boulot de dingue ! Reconnaitre les activités vitales à la société

    Non, les personnes qui ne travaillent pas dans l’emploi rémunéré et qui vivent dans la précarité ne sont pas des inactives, n’en déplaise à la statistique. Elles font même un boulot de dingue sans aucune forme de reconnaissance, ni même parfois de sécurité.
    Ce rapport, tiré de deux ans de recherche avec un groupe d’une douzaine de personnes issues des collectifs du Secours catholique et d’AequitaZ, souhaite faire entendre l’analyse de celles et ceux qui sont aujourd’hui trop souvent montrés du doigt.

    (...)

    Ce rapport montre également que les personnes concernées par ce « hors emploi » sont loin d’être une petite minorité. Des millions de bénévoles, d’aidants, de femmes au foyer : nous parlons d’une part invisible de notre économie invisible et gratuite car non intégrée au marché du travail. Notre système de protection et de reconnaissance a fait de l’emploi son unique clé de voûte. De lui dépend l’essentiel des cotisations et des protections. Comme si le reste n’avait pas d’importance. Comme si les 40 milliards d’heures annuelles de travail domestique (au moins autant que le travail rémunéré) et les 680 000 équivalents temps plein que représente le travail des bénévoles ne comptaient pas.

    https://www.aequitaz.org/boulot-de-dingue

    #travail #RSA #merdaille #critique-du-travail

  • À lire, difficulté medium : encore une nouvelle variation d’Anselm Jappe autour de l’explication de la valeur, et de la théorie économique de Marx, traduit en français et publié hier par #Palim-Psao.

    Finalement, Jappe fait le jazzman de la wertkritik, réinterprétant sans cesse le même morceau sous des formulations légèrement différentes. Personnellement je trouve cela très bien, d’autant qu’au fil du temps le discours se fait plus clair, moins jargonnant, compréhensible par plus de monde. En tout cas c’est mon avis.

    Dans celui-ci, on y parle en particulier de l’économie dite "immatérielle", de l’informatique, et de pourquoi ce n’est pas assimilable à ce que Marx appelle le "travail abstrait". On y critique donc Negri et son entourage multitudien.

    Il ne faut pas passer par la médiation de l’argent (donc ne pas demander de l’argent, avec ou sans travail, pas de revenu de base), mais garantir à tous un accès direct aux ressources : habitat et nourriture en premier lieu.

    « Travail abstrait ou travail immatériel ? », par Anselm Jappe - Critique radicale de la valeur
    http://palim-psao.over-blog.fr/article-travail-abstrait-ou-travail-immateriel-par-anselm-jappe

    Alors qu’aux yeux des observateurs bourgeois la théorie marxienne serait désormais dépassée car il n’y a plus un prolétaire, les théoriciens du capitalisme cognitif affirment que les frontières de la lutte des classes se sont seulement déplacées. Des auteurs comme #Antonio-Negri identifient le « travail immatériel » avec le « travail abstrait » dont parle Marx. Ceci est clairement une grossière erreur qui laisse douter du sérieux de qui la commet. Selon la définition de Marx, chaque travail a deux dimensions car chaque travail débouche sur un résultat quelconque – qu’importe que ce soit matériel ou immatériel, un bien ou un service – apte à satisfaire un besoin quelconque, important ou absurde qu’il soit. Dans le même temps, chaque travail est une dépense de temps quantitativement déterminée. Par conséquent, le travail de l’infirmier, de l’ouvrier en métallurgie ou encore du paysan a aussi une dimension abstraite, et le travail de l’informaticien ou du conseiller d’entreprise a aussi une dimension concrète. Le travail n’est pas d’abord concret, dans la phase de production, pour devenir ensuite abstrait dans la circulation. Il n’est pas non plus devenu « plus abstrait » au cours du développement du capitalisme à cause de sa parcellisation ou de l’informatisation. Il s’agit de plans d’analyse complètement distincts. Parler d’un travail « toujours plus abstrait », ou d’un « devenir abstrait du travail », comme font certains théoriciens du capitalisme cognitif, n’a aucun sens.

    […]

    Certains veulent aussi croire dans les vertus libératrices du partage en réseau, du free software etc. Il est certes sympathique de pouvoir télécharger autant de musique sans payer ou consulter les livres d’une bibliothèque lointaine, mais il semble difficile d’en faire un paradigme de société ! A quoi peut bien servir le file-sharing dans une situation où il n’y ni maison, ni terres, ni nourritures ? Voir dans ce secteur plutôt marginal de la reproduction sociale le levier d’une transformation générale ou d’une « réappropriation collective des ressources » après des siècles de privatisation des ressources, signifie que l’on croit un peu trop dans la virtualisation du monde et que l’on fait du réseau la réalité suprême et de ses opérateurs le nombril du monde. Et si, à cause des privatisations ou des catastrophes naturelles, les black-out se multiplient et qu’il n’y a plus d’électricité, que reste-t-il de la révolution digitale ?

    […]

    L’augmentation exponentielle de la production matérielle depuis deux cent ans – avec les conséquences écologiques dont on commence à peine à mesurer l’ampleur – a pu durant longtemps compenser la diminution de la valeur contenue dans chaque marchandise. Mais environ à partir des années soixante-dix du siècle dernier, notamment avec la dite révolution microélectronique, les progrès de la substitution du travail vivant par les technologies ont été tellement importants qu’aucun mécanisme de compensation ne pouvait être suffisant, d’autant plus en présence de marchés saturés. Dès lors, le capitalisme est définitivement en crise et ne fait rien d’autre que renvoyer le redde rationem par le biais de la financiarisation. Aucun nouveau modèle d’accumulation n’est plus venu : il y a seulement des simulés de profits. On sait que les valeurs immobilières et boursières ont crû dix fois plus vite que l’économie « réelle » (naturellement, personne ne le sait précisément). Alors que les populismes de droite et de gauche ont présenté les envolées de la finance et de la spéculation comme la cause des difficultés que traversent l’économie réelle, c’est en fait exactement l’inverse qu’il s’est passé : c’est seulement grâce à la finance « créative » et à la spéculation qu’il a pu se feindre une prospérité dont les bases manquaient, en vérité, depuis longtemps. La crise financière actuelle est seulement un symptôme.

    #Anselm-Jappe #Marx #critique_de_la_valeur #wertkritik #argent #marchandise #valeur #économie #capitalisme #crise #finance #informatique #travail #critique-du-travail #travail-abstrait #travail-immatériel #informatique #logiciel-libre

  • Marx, le #capitalisme et l’#écologie : super intervention d’Anselm Jappe en face de #Michael-Löwy et #Serge-Latouche ! On y parle aussi d’#André-Gorz et d’#Hervé_Kempf.

    Ça se passait à cet événement signalé il me semble sur seenthis, mais impossible de retrouver le seen :
    http://events.it-sudparis.eu/ecologiepolitique/rub3

    « Eloge de la " #croissance des forces productives " ou critique de la " production pour la #production " ? : Le double #Marx face à la #crise écologique », par #Anselm-Jappe
    http://palim-psao.over-blog.fr/article-eloge-de-la-croissance-des-forces-productives-ou-critiq

    Heureusement, les temps sont passés où l’on pouvait l’emporter sur un adversaire dans un débat rien qu’en citant un passage approprié de Marx (ou en l’inventant, comme le faisait Althusser selon son propre aveu). Heureusement, sont aussi passés les temps où l’on devait avoir honte de se référer encore à un auteur que la chute du mur de Berlin aurait réfuté à jamais, selon la doxa néo-libérale. Aujourd’hui, il est difficile de ne pas utiliser les instruments de Marx pour comprendre ce qui nous arrive, et en même temps nous ne sommes pas obligés de prendre au pied de la lettre chacune de ses phrases.

    #écologie-politique #décroissance #critique_de_la_valeur #wertkritik #travail #critique-du-travail #économie

  • Enfin ! Nous publions le 4ième numéro de Sortir de l’Economie ! http://sortirdeleconomie.ouvaton.org

    Au sommaire :

    Editorial : Critique de l’économie et du travail
    La marchandise expliquée à mes enfants

    Articles

    Partie 1. Au delà de l’économie
    . Par où la sortie ?
    . L’anticapitalisme des anarchistes et des anarcho-syndicalistes
    espagnols dans les années trente
    . Au delà de la Centrale de François Partant
    . Vous avez dit monnaie ?
    . Pour un archipel de lieux en propriété d’usage

    Partie 2. L’émergence de l’économie : anthropologie des fétiches sociaux
    . Critique du substantivisme économique de Karl Polanyi
    . Qu’est-ce que la production ?
    . Le fétichisme comme inventivité sociale

    Notes de lecture
    . Denis Baba, Anarchie économique
    . Marcello Tari, Autonomie. Italie, les années 1970
    . Kenneth Pomeranz, Force de l’Empire

    Probablement aurons nous l’occasion d’en discuter aux rencontres internationales de St-Imier !