currency:chf

  • Voici le parcours que doivent faire, chaque semaine, les personnes déboutées de l’asile pour obtenir une aide d’urgence de 10 francs par jour (maximum, c’est moins pour les familles). Interdit-e-s de travail, ces personnes n’ont que cette aide pour survivre.
    1. Foyer (je n’ai pas pris celui d’Anières, mais je vous laisse imaginer)
    2. Police de l’aéroport pour obtenir le premier tampon
    3. Bureaux de l’OCPM pour obtenir un deuxième tampon
    4. Hospice général pour recevoir l’aide
    5. Retour au foyer

    J’ai pris les tracés des transports publics. Selon les itinéraires des TPG, au plus court, sans les temps d’attente aux différents guichets des différentes étapes, il y en a pour 2 heures et 4 minutes au minimum. Chaque semaine.
    Pour dix francs par jour.

    Vous croyiez que nous étions à l’ère de l’efficience administrative ? Demandez à Pierre Maudet, cette procédure est de son ressort.

    #genève #suisse #asile #procédure_d'asile #migrations #réfugiés #article_12 #cartographie #visualisation #déboutés #aide_d'urgence #migrerrance (? ou autres mots seraient suggérés)

    Carte et texte de Aldo Brina, posté sur FB, le 18.04.2018

    • Ni à l’#OCPM, ni au #SARA, ni ailleurs - STOP RENVOI

      Depuis le 1er mars, les personnes déboutées de l’asile sont contraintes de se rendre au service d’asile et de rapatriement de l’aéroport, soit la police de l’aéroport. Et ça, en plus de déjà devoir se rendre à l’Office cantonal de la population et des migrations (OCPM) afin d’aller tamponner leur "papier blanc" pour recevoir l’aide d’urgence fournie par l’Hospice général, les fameux 300 francs, leur seul revenu pour (sur)vivre.

      Rappelons avant tout que le minimum vital prévu par la législation genevoise [1] pour une personne suisse équivaut à 1’200.-, soit 4 fois plus… L’Hospice général, pour une personne suisse seule délivre 977.-, soit 3 fois plus... Manifestement, à leurs yeux, toutes les vies n’ont pas la même valeur.

      Cette aide dérisoire était déjà critiquée depuis de nombreuses années pour son caractère volontairement insignifiant, se voulant « dissuasive » et conditionnée au contrôle de l’OCPM où le risque d’être arrêté par la police à chaque pointage est avéré. Mais, le département de la sécurité et de l’économie de M. Maudet ne compte manifestement pas s’arrêter là. Il force maintenant les personnes déboutées de l’asile à aller pointer également chez ceux et celles qui sont chargé.e.s de l’exécution des renvois, le SARA.

      Des papiers-blanc aux centres-fédéraux, une politique du contrôle et de l’enfermement
      Ce changement de procédure n’a aucune base légale et s’inscrit dans la continuité d’une politique raciste de criminalisation des personnes en exil. En effet, cette nouvelle procédure est indissociable d’une politique plus large. Le projet du futur centre fédéral de renvoi pour personnes requérantes d’asile et le centre de détention administrative du Grand-Saconnex mettaient déjà en exergue la volonté de faire de Genève un canton d’enfermement, de criminalisation et d’expulsion. L’emplacement choisi ne ment pas ! Collé à l’aéroport, le futur complexe est parfaitement placé pour faciliter les expulsions.

      Aussi, les règles imposées au sein du centre fédéral sont faites de manière à dissuader et dégoûter les personnes qui y seront placées... Tout sera mis en place pour éviter la moindre forme de familiarisation et sociabilité avec l’extérieur, de peur que des liens et des solidarités ne puissent naître : scolarisation des enfants au sein même du centre fédéral (et non plus à l’école publique), horaires restrictifs, annonce obligatoire en entrant et en sortant, mais aussi une ambiance carcérale : fouilles, punitions, prise d’empreintes digitales, impossibilité de conserver ses denrées alimentaires, de cuisiner et on en passe !

      Résultat ? L’expérience pilote du centre fédéral zürichois a montré que 60% des personnes déboutées de l’asile « disparaissent », quittent les réseaux de l’Hospice général et de l’asile.

      Quid de cette politique de dissuasion ?
      En 2017, Genève compte 316 "départs non contrôlés" sur les 931 renvois en tout genre, du dénommé "départ volontaire" au vol spécial. Mais que comprend cette catégorie ? Les politicienNEs, avec Maudet en chef de file, la traite comme une catégorie de départ de Suisse et l’utilise pour mettre fièrement en avant les nombreuses expulsions que comptabilise le Canton de Genève...


      Pourtant, certaines de ces 316 personnes se trouvent encore en Suisse, clandestinisées et précarisées car elles étaient infantilisées et menacées d’expulsion. En vérité, l’État ignore tout de ces 316 personnes et utilisent la version qui l’arrange. En effet, moins de renvois ou d’expulsion à effectuer, c’est une économie financière...

      Le projet des autorités semble ainsi de plus en plus clair et évident : il s’agit de faire de Genève, non pas un canton d’accueil, mais un canton de renvoi, et donc, par là même, un canton d’enfermement massif des personnes demandant ou déboutées de l’asile. Une telle politique, qui vise explicitement des personnes originaires de pays extraeuropéens ou d’Europe de l’est, ne peut être qualifiée d’autre chose que d’une politique raciste.


      https://renverse.co/NI-A-L-OCPM-NI-AU-SARA-NI-AILLEURS-STOP-RENVOI-1474

    • ForumAsile | A Genève une nouvelle procédure inciterait les personnes déboutées de l’asile à s’évaporer dans la clandestinité

      Avec la nouvelle procédure imposée sans préavis le 1er mars par l’Office cantonal de la population et des migrations (OCPM), les associations proches des personnes migrantes critiquent une approche contre-productive qui va à l’encontre du bons sens et de l’intention initiale de l’OCPM, celle d’éviter les disparitions dans la clandestinité des personnes déboutées de l’asile que le canton est chargé de renvoyer de Suisse. Selon l’OCPM, en 2017 ce sont 40 personnes qui ont disparu des radars et que le canton n’a pas été en mesure de renvoyer.

      https://asile.ch/2018/05/02/forumasile-a-geneve-une-nouvelle-procedure-inciterait-les-personnes-deboutees-
      #coalition_article_12

    • Coalition article 12 | Fin d’une procédure insensée et inhumaine

      Depuis le 1er mars dernier, les réfugié-e-s débouté-e-s étaient astreint-e-s à un véritable labyrinthe administratif pour recevoir l’aide d’urgence. Suite à une mobilisation citoyenne et associative, l’OCPM a renoncé à cette nouvelle procédure, présentée comme un test après le début de sa mise en œuvre. La Coalition article 12 se réjouit de ce résultat et se mobilisera à nouveau dans le futur pour l’accès au droit constitutionnel à l’aide d’urgence si celui-ci devait à nouveau être menacé.

      https://asile.ch/2018/07/03/coalition-article-12-fin-dune-procedure-insensee-et-inhumaine

    • Communiqué du collectif Perce-frontières - 9 juillet 2018

      La nouvelle procédure genevoise concernant l’obtention de l’« aide » d’urgence est abandonnée, mais la lutte continue !

      Le 1er mars 2018 les services de l’OCPM (Office cantonal de la population et des migrations), sous la tutelle du Conseiller d’Etat Pierre Maudet, décidaient unilatéralement d’accroitre encore le harcèlement des personnes déboutées de l’asile à Genève, en sortant de leur chapeau une énième mesure répressive et perverse. A compter de cette date, l’OCPM exigeait des personnes dépendantes de l’« aide » d’urgence, qu’elles obtiennent un premier tampon auprès des policiers du SARA (Service d’asile et de rapatriement de l’aéroport) avant de daigner donner le sien. Pour obtenir le minimum qui leur permet de survivre, les exclu-e-s de l’« asile » se voient dès lors contraint-e-s d’affronter deux guichets, d’obtenir deux tampons, ce qui accentue encore l’angoisse permanente dans laquelle l’Etat les maintient.

      Le 15 mars 2018, une première lettre exigeant l’abandon de cette procédure inhumaine est envoyée au Conseil d’Etat par la Coalition article 12 (50 organisations signataires), qui n’obtiendra pour toute réponse qu’un accusé de réception laconique du Conseiller d’Etat Pierre Maudet. Ce dernier indique que cette nouvelle procédure s’applique dans le cadre d’une « phase test » et qu’il ne manquera pas de revenir vers les signataires de la lettre une fois que cette dernière aura pris fin, sans indiquer une quelconque date d’échéance ...

      Le 28 mars, 200 personnes se rassemblent devant les bureaux du Conseil d’Etat pour dénoncer cette nouvelle procédure et plus largement l’arsenal répressif qui s’abat sur les personnes en exil dans notre canton (centres de détention administrative, projet de Centre fédéral de renvoi au Grand-Saconnex, renvois,...) Le 13 avril 2018, c’est cette fois devant les tristement célèbres locaux de l’OCPM à Onex que 200 personnes se rassemblent pour crier leur colère contre cette nouvelle mesure de harcèlement policier vis-à-vis des personnes en exil. Le 9 mai, une quarantaine de personnes se rendent dans les locaux de l’Hospice général pour remettre une lettre demandant aux cadres de cette institution de se positionner publiquement contre cette mesure. Lors de chacun de ces rassemblements, des personnes vivant quotidiennement l’enfer du harcèlement administratif et policier ont courageusement témoigné des situations dans lesquelles ces mesures iniques les plongent.

      Le 25 mai 2018, n’ayant encore reçu aucune réponse sérieuse du Conseil d’Etat, la Coalition article 12 envoie un second courrier (54 organisations signataires) au Conseiller d’Etat Pierre Maudet afin de lui rappeler la nécessité urgente d’abandonner une procédure sans base légale. Toujours pas de réponse.

      Le 25 juin 2018, les conseillers d’Etat MM. Maudet, Poggia et Apothéloz se sont enfin réunis pour traiter de ce sujet et nous avons appris quelques jours plus tard que cette procédure allait être abandonnée dès le 1er juillet. Cependant, alors qu’il a fallu attendre 4 mois pour que les autorités réagissent, elles n’ont rien communiqué à ce sujet lors du point presse du Conseil d’Etat du mercredi 27 juin. Ce n’est finalement que le lundi 2 juillet que la Coalition article 12 reçoit une lettre du Conseiller d’Etat Pierre Maudet, datée du 29 juin, annonçant la fin de l’« expérience pilote » dès le 1er juillet et le retour momentané à la procédure antérieure. Tout en ne manquant pas d’amoindrir la violence engendrée par cette nouvelle mesure et de dénigrer l’angoisse des personnes forcées de se rendre dans les locaux de la police chargée des renvois à l’aéroport, en affirmant que « la nouvelle procédure, largement respectée, n’avait pas été une source d’anxiété ou de vulnérabilité particulière pour la population considérée ».

      Le collectif Perce-frontières se réjouit du dénouement victorieux de cette belle lutte. Mais nous sommes bien conscient-e-s que ce que nous avons obtenu, après 4 mois de mobilisation, n’est que le retour au statut quo du dispositif répressif qui s’abat quotidiennement sur les personnes en exil à Genève et plus largement en Suisse et en Europe.

      Fondamentalement, l’« aide » d’urgence n’est pas une aide, mais un dispositif cynique d’incitation à la clandestinité, un outil de contrôle et de répression. Aucune aide digne de ce nom ne peut être conditionnée à un contrôle policier. Le collectif Perce-frontières est d’avis qu’il est plus que jamais temps de se battre contre cette persécution déguisée en assistance, à travers un regroupement large des forces que ce système raciste dégoûte.

      En ce qui concerne la situation genevoise, nous avons pu remarquer, durant ces quatre mois de « phase test », que l’Hospice général était capable de s’opposer (certes très discrètement) à une nouvelle procédure allant à l’encontre des personnes qu’il est censé soutenir. En effet, il a offert la possibilité à qui le voulait (ou plutôt qui en était informé-e et qui l’osait) d’obtenir son « aide » d’urgence sans aucun tampon, ni de l’OCPM ni du SARA... Cette réaction de « bon sens », nous amène à penser que cette institution pourrait pousser son raisonnement jusqu’à décider de refuser définitivement de conditionner son aide à un quelconque contrôle policier.

      Car, si dès ce lundi 2 juillet plus personne ne devra se rendre au SARA pour un tampon, les personnes déboutées de l’asile continueront de subir les violences des fonctionnaires hostiles de l’OCPM, ainsi que la peur de se faire arrêter par la police lors des passages obligatoires dans ces locaux. De plus, les personnes qui ont reçu l’« aide » d’urgence sans aucun tampon durant ces 4 mois de « phase test » devront à nouveau passer à l’OCPM si elle veulent continuer à la recevoir, exposées une nouvelle fois à l’angoisse d’une procédure inutile à laquelle l’Hospice général pourrait faire opposition.

      Lorsque le 1er mars l’OCPM impose cette nouvelle procédure, qu’elle qualifie de « décision technique », il ne donne aux personnes astreintes à cette nouvelle humiliation qu’un plan de l’aéroport avec la localisation du SARA et ses horaires... Des personnes de la population solidaire, issues en grande partie des associations et collectifs qui composent la Coalition article 12, décident alors de mettre sur pied une permanence quotidienne d’accompagnement. Durant ces permanences, nous avons pu nous rendre compte que la machine à expulser de l’Etat genevois marche à plein régime. En effet, quasi quotidiennement, les personnes présentes au SARA ont assisté au renvoi de personnes menottées pieds et mains et escortées par la police. Pour les personnes solidaires, c’est le rappel de ce à quoi mènent les politiques de racisme institutionnel ; pour les personnes déboutées de l’asile, c’est la torture d’assister à leur cauchemar...

      Car les autorités ne trompent personne, cette énième procédure répressive aujourd’hui abandonnée s’inscrit dans une politique générale, dont le capitaine Maudet est le chef de file, visant à faire de Genève non pas un canton d’accueil mais un canton de criminalisation, d’enfermement et d’expulsion des personnes en exil. Le projet de futur centre fédéral de renvoi du Grand-Saconnex est aujourd’hui le symbole de cette politique. Les règles imposées dans ce centre, collé à l’aéroport, parle d’elle-même quant à la « carcéralisation » des conditions de vies qui attend les personnes qui demanderont l’asile : scolarisation des enfants au sein même du centre, horaires restrictifs, annonce obligatoire en entrant et en sortant, fouilles, punitions, prise d’empreintes digitales, centre de détention administrative dans le même bâtiment... Ce centre de la honte ne doit pas voir le jour, ni au Grand-Saconnex ni ailleurs !

      Si aujourd’hui nous fêtons l’abandon de cette procédure perverse, nous continuons à lutter pour la séparation totale entre « aide » d’urgence et contrôle policier et contre toutes les lois et procédures visant l’illégalisation et la répression des personnes en exil.

      Le collectif Perce-frontières (membre de la Coalition article 12), 9 juillet 2018.
      perce-frontieres@noborders.ch

      Reçu via email

  • #Métaliste, compilation de liens concernant des nouvelles sur des exilés décédés en Suisse...
    Cela pourrait notamment servir à montrer qu’il ne s’agit pas de cas isolés, mais d’une conséquence directe des politiques migratoires restrictives.

    Décès de #Joseph_Ndukaku_Chiakwa :
    https://seenthis.net/messages/210817
    #Joseph_Chiakwa

    Suicide au centre de détention en vue de renvoi :
    https://seenthis.net/messages/306906

    Toter lag eine Woche lang in Notunterkunft
    https://seenthis.net/messages/397685

    Le cadavre d’un requérant retrouvé dans un centre
    https://seenthis.net/messages/398259

    Une jeune Afghane se défenestre à #Zweisimmen (BE)
    https://seenthis.net/messages/512460

    [Chiasso] Un mort à la frontière, rassemblement !
    https://seenthis.net/messages/575005

    Le Matin | Retour sur la funeste épopée de Youssouf Diakite
    https://seenthis.net/messages/594653

    Lausanne Ils interpellent le mauvais requérant gambien. Ce dernier meurt en cellule
    https://seenthis.net/messages/640988

    20 Minutes | « Requérant apatride, il n’a pas été écouté, il est parti »
    https://seenthis.net/messages/652050

    #Décès de #Mike
    https://seenthis.net/messages/687438

    Et probablement j’en oublie... sic.

    #asile #migrations #réfugiés #décès #mort #mourir_dans_la_forteresse_Europe #Suisse #vol_spécial #renvois #expulsions

    cc @isskein

    • Renvois forcés | Pratique zurichoise : Une obstination meurtrière

      Fin octobre, l’association « Augenauf » organisait une campagne nationale de manifestations à Zurich, Bâle, Berne, Lucerne, et Lausanne pour dénoncer les expulsions sous la contrainte. Une pratique relativement courante – le 28 octobre dernier l’Office fédéral des réfugiés (ODR) indiquait avoir utilisé la contrainte 40 fois sur 6’500 renvois depuis le début de l’année – mais pas sans de dramatiques conséquences. En mars dernier, à l’aéroport de Kloten, un Palestinien est mort étouffé au cours de son expulsion. La plainte pour négligence déposée contre la cheffe du département de justice et police du canton de Zurich, Rita Führer (UDC), a été jugée « manifestement infondée » le 12 novembre, et les renvois sous la contrainte de continuer. Comme le montre l’article ci-dessous repris du bulletin d’« Augenauf » no 26, d’octobre 1999.

      https://asile.ch/1999/12/01/renvois-forcespratique-zurichoiseune-obstination-meurtriere

      Trouvé dans les archives de @vivre. C’était en 1999

    • Voici une nouvelle victime des politiques migratoires...

      YK, née le 1er janvier 1998, est arrivé en Suisse en juillet 2015. Il y a une année, il appris qu’il ne sera pas reconnu en tant que réfugié en Suisse. A partir de ce moment là, YK a arrêté l’école, pourtant il aimait l’école. Il a finalement mis fin à sa vie le 4 juillet 2018.

      Accompagné de ses amis, nous organisons une cagnotte participative pour couvrir les frais du rapatriement du corps de YK en Érythrée, afin qu’il puisse retrouver sa famille et reposer en paix. Les frais s’élèvent à 13’000 CHF.

      Dans la culture érythréenne, il est difficile pour une famille d’entamer son deuil sans avoir pu voir le corps et sans pouvoir enterrer son enfant selon les coutumes. Comme vous le savez, le processus de deuil prend du temps et est très pénible.
      En soutenant le rapatriement du corps de YK, nous aidons ses parents et ses proches dans cette longue guérison.

      –-> j’ai anonymisé son nom, qui est connu notamment par la coordination asile de Genève

    • Communiqué de presse | La Coordination asile.ge invite à un rassemblement en solidarité avec la communauté érythréenne

      La Coordination asile.ge appelle à un rassemblement ce jeudi 12 juillet à 17h30 à la zone piétonne du Mont-Blanc afin de manifester notre solidarité et notre tristesse face au décès tragique de Yemane. #Yemane, retrouvé mort le 4 juillet dernier, était âgé de 20 ans. Originaire d’Érythrée, il était arrivé en Suisse en juillet 2015 pour y déposer une demande d’asile, à l’âge de 17 ans, en tant que mineur non accompagné.

      https://asile.ch/2018/07/12/communique-de-presse-la-coordination-asile-ge-invite-a-un-rassemblement-en-sol

    • #Maroggia, “era un ragazzo bravo e impegnato”

      Il ricordo di chi conosceva il 27.enne del Benin morto tragicamente nel lago Ceresio domenica.

      È una storia triste con un finale tragico, quella del 27.enne del Benin morto domenica a Maroggia. Una parabola che l’ha portato dall’Africa alla Svizzera, dove il sogno di una vita migliore sembrava essersi realizzato, ma poi si è infranto contro le leggi e le norme del paese che l’aveva accolto, facendolo precipitare in uno stato di sofferenza tale da necessitare il ricovero alla clinica sociopsichiatrica di Mendrisio. Domenica il drammatico epilogo nelle acque del Ceresio, dove il giovane è scivolato durante una gita organizzata dalla struttura, trovando la morte.

      «Era un ragazzo bravo e impegnato, che ha lavorato da noi per diversi anni». Amanda Pizzagalli, segretaria di direzione della Cogesa SA di Taverne ne parla con affetto e tanta tristezza.«Ci tengo che sia ricordato perché non avendo più i genitori, eravamo diventati un po’ noi la sua famiglia».

      https://m.cdt.ch/Ticino/Lugano/197184/maroggia-era-un-ragazzo-bravo-e-impegnato

      v. l’article complet, que j’ai reçu par email:

    • On parle dans cet article du décès de #Joseph_Ndukaku_Chiakwa alias #Alex_Khamma sur un vol spécial :

      Depuis le décès d’un Nigérian, survenu le 17 mars 2010, juste avant l’embarquement dans un de ces vols, des médecins sont requis pour déclarer « Fit to fly » les personnes ainsi renvoyées et sont mandatés pour accompagner ces vols. On les a vus prêts à injecter des sédatifs¹ lorsque menottes et baillons ne suffisaient plus…

      L’article est accompagné de cette #caricature de #Herji :


      https://seenthis.net/messages/814582
      #dessin_de_presse

    • Décès d’#Abdoul_Mariga après son renvoi de Suisse

      Abdoul Mariga est décédé à l’hôpital de Conakry ce 17 octobre, probablement des suites d’une hépatite B. Ce jeune homme âgé de 30 ans avait été renvoyé de Suisse par la contrainte le 6 novembre 2019, alors qu’il séjournait en Suisse depuis 10 ans, occupait un emploi au CHUV comme cuisinier, et avait à son actif un parcours d’intégration fulgurant et exemplaire. D’un coup l’exécution du renvoi a laissé son entourage dans le désarroi, a mis fin à tous ses projets de vie, et l’a mis en situation de danger pour sa sécurité et sa santé qui a conduit à sa mort.

      Abdoul était arrivé à l’âge de 18 ans en Suisse. Malgré une décision négative et de renvoi, il est parvenu à rapidement apprendre le français, puis il a suivi un AFP, c’est-à-dire un rattrapage scolaire pendant deux ans, qu’il a terminé avec succès. Il a ensuite été engagé comme apprenti au CHUV. Il a obtenu son Certificat et a été engagé de manière fixe. Son employeur le décrit comme un jeune homme exigeant, soigneux, respectueux, de très bonne sociabilité, apprécié de son entourage et investi dans son travail, « un collaborateur sur qui nous pouvons pleinement compter ».

      D’après d’autres témoignages de ses proches et des personnes qui l’ont accompagné dans son parcours, Abdoul était persévérant, déterminé dans ses apprentissages et il a montré beaucoup de courage pour mener à bien sa formation professionnelle. Son intégration était considérée comme « remarquable », « exemplaire » et « exceptionnelle ».

      Les autorités ont ignoré ce parcours méritoire et tous les efforts que le jeune avait accomplis pour construire, de sa propre volonté, une existence viable. Il n’avait aucune famille ici et ne pouvait compter que sur lui-même dans un premier temps, puis sur les personnes avec qui il avait créé des liens. Les autorités ont également ignoré l’avis et l’investissement de tous ceux qui le connaissaient personnellement et avaient exprimé leur attachement ou leur sympathie.

      L’exécution du renvoi avait déjà laissé un grand vide et un sentiment d’injustice. Ce jeune n’avait rien à se reprocher et il avait trouvé sa place. Il n’y avait aucune raison de le renvoyer en Guinée.

      Là-bas, il n’avait plus de famille. Il s’est retrouvé seul à Conakry sans logement et rapidement désargenté. Il a survécu sur place grâce à son dernier salaire du CHUV puis grâce à l’aide privée d’amis avec qui il était resté en contact. Ses conditions de vie étaient très difficiles et il n’a pas pu avoir accès aux soins médicaux. Il a été hospitalisé alors qu’il se trouvait au plus mal et est décédé quelques jours plus tard, seul, sans l’accompagnement d’aucun proche.

      Cette terrible nouvelle nous laisse dans l’incompréhension et la colère, ainsi qu’une grande tristesse. Voici quelques mots d’Abdoul qui expliquait sa situation là-bas, et sa détresse :

      « Ma santé ne va pas bien. Mes bras et mes jambes s’endorment. Ça a commencé pendant ma détention [en Suisse, avant l’exécution du renvoi] et maintenant c’est de plus en plus fréquent. J’ai des vertiges et parfois je perds l’équilibre et je tombe.

      J’ai été à l’hôpital au début, mais je n’ai plus accès, faute d’argent. J’ai pris un traitement quelque temps, mais maintenant c’est fini, je n’ai plus de médicaments et plus de soins. Même me loger devient très difficile. Je suis là avec beaucoup d’angoisses parce que les prochains jours, je ne sais pas comment je vais être.

      Je vis très difficilement ici et chaque fois que la police me contrôle, ils me prennent tout l’argent que j’ai sur moi. Chaque sortie est risquée et me faire perdre encore mes moyens pour vivre. Le ministre de la sécurité a refusé de me donner un document de circulation.

      J’ai fait des démarches pour essayer d’obtenir des documents. J’ai été au tribunal de Dixinn au mois de décembre 2019 pour la nationalité. Ils m’ont dit qu’ils ne sont pas compétents pour gérer mon cas. Ils m’ont dit d’aller voir un notaire ce que j’ai fait. Ce dernier m’a dit que je ne peux pas avoir la nationalité et il m’a fait signer un acte de déclaration. Après je suis retourné au tribunal et ils m’ont dit d’aller au ministère de la Sécurité. J’y suis allé et j’ai été arrêté et auditionné. J’ai rencontré des membres de la direction. On m’a reconvoqué pour le lendemain pour me dire que je risquais d’être expulsé vers la Somalie selon le Secrétaire général. Après plusieurs convocations et intimidations, j’ai dû prendre un avocat qui est intervenu. Ils m’ont demandé d’aller au ministère des Affaires étrangères.

      Mon avocat a saisi la Présidente du Tribunal de première instance de Kaloum. Mardi 25 février à 9h j’ai été convoqué devant le juge du tribunal de Kaloum. Actuellement, la procédure n’a pas abouti et le Tribunal est fermé.

      Toutes les autorités guinéennes à même de traiter mon cas ont été saisies. Je me suis rendu partout, mais on ne voulait pas me répondre ni m’écouter. J’ai dû payer un avocat pour faire les démarches, mais je n’ai plus d’argent.

      Les autorités m’ont aussi demandé de retourner en Mauritanie. Je n’ai personne là-bas et je n’y ai même jamais habité.

      Je suis malade je ne dors plus. Partout quand je vais dans les hôtels on me demande un passeport et si je sors pour manger, je risque de me faire arrêter par la police et racketter. Pour le logement, on me demande de payer 8 à 12 mois d’avance ce que je ne peux pas. Je suis complètement bouleversé, des fois, je ne mange pas. Je paie seulement l’hôtel. C’est trop difficile pour moi. »

      Abdoul Mariga est décédé à l’hôpital de Conakry ce 17 octobre. Le collectif Droit de rester est triste et exprime sa sympathie aux proches d’Abdoul. Nous sommes également en colère. Sans ce renvoi décidé par le SEM, Abdoul Mariga serait encore en vie, et travaillerait aujourd’hui encore au CHUV.

      https://asile.ch/2020/10/30/renvois-hommage-a-abdoul-mariga

  • #Décès de #Mike

    Bonjour à toutes et tous,

    Comment exprimer un ressenti lorsque ce sont cent personnes qui parlent toutes en même temps, cent personnes qui vivent les choses, chacune à sa manière ? La mort de Mike laisse en chacune et chacun de nous une trace singulière, un vide ; que nous essayons ensemble et individuellement de ne pas laisser s’effondrer en trou noir. Colère rentrée, tristesse, sensation d’étouffer, incompréhension, sentiment d’#injustice : où se situer, quoi faire ?

    (...)

    Parallèlement, nous avons rendu plusieurs visites aux pompes funèbres et à l’ambassade du Nigeria, afin de préparer le transport du corps de Mike. Pour assurer sa conservation, il a été embaumé, un processus rendu plus difficile (et plus coûteux) par l’autopsie approfondie qui a été menée par la médecine légale. Son #corps se trouve maintenant en réfrigération, à #Lausanne.

    Le transport doit quant à lui être encore autorisé par les autorités nigérianes, lesquelles exigent un certificat spécifiant la cause exacte du décès — un document que nous ne pourrons obtenir qu’une fois établi par le médecin légiste le rapport définitif d’autopsie (et les analyses toxicologiques, notamment, peuvent encore prendre du temps). Ce n’est que depuis l’année passée que le Nigeria demande un tel document, après qu’un corps atteint par le virus Ebola a été introduit sans contrôle dans le pays. Nous espérons quant à nous que ce processus ira au plus vite, afin que le corps de Mike puisse être restitué à sa famille et enterré selon les rites qui ont accompagné sa vie.

    Nous demandons une fois de plus humblement votre aide pour faire face aux coûts de la garde du corps et de son rapatriement. Les Pompes Funèbres Générales ont établi un devis de CHF 9’136 (pdf joint à ce message). Nous leur avons déjà versé CHF 3’000 à titre d’acompte et avons envoyé CHF 500 à la compagne de Mike, à Valencia en Espagne. Heureusement, nous avons déjà reçu de nombreux dons et voulons dire un grand merci à toutes celles et ceux qui en sont la source : à travers le compte ouvert par Droit de Rester et deux soirées de soutien à Neuchâtel et à Lausanne, pas loin de CHF 3’500 nous sont arrivés. Restent donc un peu plus de CHF de 5’500 à rassembler. Pourriez-vous s’il-vous-plaît faire suivre ce message autour de vous, afin que d’autres personnes sensibles à cette situation puissent faire peut-être elles aussi un don de 50 ou 100 francs ? Les petits cours d’eau font les grandes rivières.

    CCP : 17-549478-7 / Coordination Asile Lausanne, Case Postale 5744, 1002 Lausanne / IBAN : CH21 0900 0000 1754 9478 7 / Mention : « Mike »

    Sur un autre plan, l’avocat engagé par la famille de Mike avec notre soutien, Me Simon Ntah, s’est saisi de l’affaire avec sérieux. Au cours des semaines qui ont suivi la mort de Mike, plusieurs témoins sont apparus, les policiers ont été auditionnés par le Ministère public en présence de l’avocat, un rapport préliminaire d’autopsie a été rendu. Les informations relatives à ces derniers points ont été relatées par la presse : nous vous renvoyons à l’article du 24Heures ci-dessous et au 19h30 de la RTS du 21 mars.

    https://www.24heures.ch/vaud-regions/lausanne-region/policiers-lausannois-feront-face-justice/story/29578626

    https://www.rts.ch/play/tv/19h30/video/vd--deces-dun-nigerian-des-agents-de-police-sont-entendus-comme-prevenus?id=9429

    Le relatif soulagement qu’on peut ressentir à l’annonce de ces nouvelles – savoir que ces 6 policiers ont effectivement été prévenus d’#homicide par négligence – ne change cependant rien au fait que de nombreux autres événements impliquant racisme et violence ont pu et, à n’en pas douter, se sont produits dans le plus complet silence. L’ignorance dans laquelle se trouvent la plupart des gens, en Suisse, quant à ce qui se passe sous leurs fenêtres, de jour comme de nuit, est alarmante. Le déni de racisme, brandi encore par M. Hildebrand dans le Lausanne Cité la semaine dernière, doit interpeller et ne pas être laissé sans réponse. Le #racisme prospère précisément par le bais des institutions : la stigmatisation des personnes migrantes et en particulier des personnes racisées est renforcée par les directives et l’autorité du Secrétariat d’Etat aux Migrations, par les politiques cantonales de chasse aux personnes sans-papiers et, sur un autre plan, de chasse aux travailleurs précarisés de la drogue, dans les rues de Lausanne et ailleurs. Ne pas reconnaître qu’il existe des béances dans l’égalité d’accès aux droits pour des personnes étrangères précarisées et/ou racisées en Suisse est inadmissible.

    Face à ce déni, on se rend compte à quel point il est essentiel de pouvoir compter sur les oreilles et les voix de nombreuses personnes, qu’elles soient politisées ou non. À commencer par toutes celles et ceux qui sont venu-e-s à la manifestation du 10 mars, puis au rassemblement du 20 mars. Et ce sont aussi des soutiens politiques : il y a dix jours, David Payot, Karine Clerc, Didier Divorne et Marc Vuilleumier – pour le groupe POP & Gauche en mouvement – ont ainsi cosignés un communiqué qui rejoint certaines de nos prises de position et assume une ligne claire.

    http://www.popvaud.ch/2018/03/29/communique-deces-de-mike-a-lausanne

    Ce ne sont pas les seuls. Au cours du mois de mars, nous avons à nouveau joint nos forces avec SolidaritéS Vaud, le Collectif Afro-Swiss, l’Alliance contre le profilage racial, Droit de Rester, le groupe Ensemble à Gauche, le Collectif R ainsi que la Ligue suisse des droits de l’Homme section vaudoise, sans oublier le Collectif St-Martin ni l’association du Sleep-In ainsi que le Collectif Outrage. Et bien d’autres sont venus, des personnes nigérianes vivant à Lausanne ou ailleurs en Suisse, et des personnes suisses qui ne tolèrent pas que de tels actes de la part des forces de police puissent avoir lieu. Nous souhaitons que ces rassemblements portent des fruits et qu’ils se propagent à l’avenir au-delà des frontières du canton et de la Suisse. Together we stand.

    C’est un combat de longue haleine. La façon dont le postulat d’Ensemble à Gauche au Conseil communal a été repoussé le 27 mars le montre assez. Nous saluons la manière dont Pierre Conscience a défendu ce postulat, ainsi que les interventions de Claude Calame et le soutien d’une partie des Verts. Il est frappant de voir à quel point la majorité du Conseil refuse de considérer les problèmes de racisme et d’#abus_policier dans leur dimension systémique, à l’horizon de la politique suisse en matière d’immigration et d’asile, des rapports économiques et politiques de domination qui existent entre l’Europe et l’Afrique, ainsi qu’à l’intérieur des frontières de la Suisse. Pour les personnes que cela intéresse, il est possible de regarder l’enregistrement vidéo de ce débat sur internet : http://www.sonomix.ch/live/lausanne/996

    C’est un combat dont la valeur pour la vie s’éprouve au jour le jour et c’est là que nous trouvons nos forces. En continuant de rassembler des témoignages sur les discriminations, les #violences et/ou les abus policiers ; en communiquant, en refusant de fermer sa gueule, en écrivant aux journaux, en réagissant via des courriers de lecteur ou des lettres à la rédaction lors du traitement racisant de certains sujets ; en ne se laissant pas prendre au jeu de la haine sur les réseaux sociaux tout en dénonçant les cas de racisme, voire en portant plainte ; en prêtant attention à ce qui se passe autour de nous dans la rue, dans les magasins, sur les lieux de travail, dans les institutions, dans les milieux culturels ; en ouvrant de nouveaux lieux d’accueil respectueux et dignes ; en donnant la voix à ceux et celles qui en sont privés ; en s’investissant pour créer le changement.

    Merci pour votre lecture, et en vous souhaitant plein de bonnes choses pour ce début de printemps !!!

    Les membres du Collectif Jean Dutoit

    #police #violences_policières #Suisse #Vaud #asile #migrations #réfugiés #mourir_dans_la_forteresse_Europe

    Message reçu d’un membre du collectif Jean Dutoit, par email.

    • Communiqué sur le décès de Mike à Lausanne

      Le 28 février, Mike décédait dans une intervention de police. Les agents ont-ils une responsabilité dans ce décès ? L’enquête le dira d’ici quelques mois. Ce qu’il est possible de dire aujourd’hui, c’est que la réponse doit être politique et non judiciaire. Le combat contre le deal mérite mieux qu’une chasse aux petits trafiquants, et les difficultés de beaucoup de migrants africains ne résultent pas des écarts d’un ou de plusieurs policiers. Tant que ces migrants seront vus comme un problème à traiter par la répression, tant que nous n’aborderons pas les problèmes qu’eux-mêmes rencontrent et qui les amènent à Lausanne, notre politique restera largement inefficace.

      Ces personnes ont fui l’Afrique pour des motifs sociaux, politiques ou économiques ; elles ont passé des années sur le chemin vers l’Europe en y investissant souvent les ressources de tout leur entourage. Elles cherchent ici de la sécurité, un moyen de vivre, et de rembourser les dettes contractées sur leur chemin. La Suisse leur offre peu de possibilités d’asile – les accords de Dublin en sont la première cause – mais la situation est généralement pire dans les pays qu’ils ont traversé. Ils n’ont pas accès au logement ni au travail ; ils vivent donc là où ils risquent le moins d’être chassé, et assurent leur subsistance au mieux du travail au noir, au pire du trafic de drogue. Ils sont amendés lorsqu’ils dorment dans la rue, lorsqu’ils sont pris en train de travailler, ou lorsqu’ils trafiquent ; parfois emprisonnés selon la gravité des faits et la place dans les prisons. Si ces sanctions sont inefficaces, c’est surtout parce qu’ils ne trouvent pas d’alternative.

      Nous avons besoin d’une politique qui s’adresse aux problèmes de ces migrants africains, et qui ne se contente pas de les traiter comme un problème. Qui permette au plus grand nombre de vivre dans leur pays d’origine. Qui leur assure des conditions d’asile décentes dans les pays du Sud de l’Europe. Qui permette à ceux qui demandent l’asile en Suisse de vivre et de gagner leur vie, plutôt que de leur interdire le séjour et le travail.

      Ces problèmes ne trouveront pas leur solution à la seule échelle d’une ville ou d’un canton. Mais ces problèmes sont devant nous, et ils ne disparaîtront pas si nous fermons les yeux. Demander à la police de les résoudre par la seule répression, c’est mettre la police en échec, et c’est mettre encore plus de danger ou de précarité sur des personnes qui la fuient.

      Pour le POP
      David Payot, Municipal Lausanne
      Karine Clerc, Municipale Renens
      Didier Divorne, Municipal Renens
      Marc Vuilleumier, ancien Municipal Lausanne

      http://www.popvaud.ch/2018/03/29/communique-deces-de-mike-a-lausanne

    • Message du collectif Jean Dutoit (09.06.2018):

      C’est avec soulagement que nous vous annonçons que le corps de notre père, mari, frère et ami Mike Ben Peter Amadasun a été retourné à sa famille, à Benin City au Nigeria. Il est arrivé hier soir à Lagos, d’où il a été emmené jusqu’au lieu de son dernier séjour. La famille Amadasun se rassemble aujourd’hui et demain pour la veillée funèbre et l’enterrement.

      Nous aimerions exprimer notre profonde gratitude envers tou-te-s celles et ceux qui nous ont apporté leur aide et leur soutien pendant ces temps difficiles. Durant trois mois, depuis que Mike a perdu la vie, nous nous sommes attelés à rassembler tous les papiers nécessaires, et la pensée que Mike n’avait pas encore trouvé la paix fut pénible. Nombre d’entre vous ont été présent-e-s à un moment ou à un autre, et c’est grâce à votre solidarité, votre amitié et votre amour que ce jour est aujourd’hui réalité. Vos donations ont par ailleurs permis de rassembler suffisamment d’argent pour payer les services funéraires, la garde du corps, son transport par avion ainsi que les voyages de la famille. Nous en publierons ultérieurement un compte-rendu.

      Nous remercions en particulier son frère Roger, qui s’est tant investi entre la Suisse et l’Italie ; sa femme Bridget à Valencia, en Espagne, et leurs deux enfants, Nelly et Divine, qui ce mercredi sont venus et ont participé à la veillée funèbre de leur père à Lausanne ; tous les membres de la communauté Edo à Jean Dutoit, ainsi qu’ailleurs en Suisse et en Europe ; tous les membres du Collectif Jean Dutoit, qui ont donné le meilleur d’eux-elles-mêmes pour rendre ce retour possible ; Mme Luinetti aux Pompes Funèbres Générales à Lausanne, pour son aide et son soutien au long de tous ces mois ; toutes les personnes de Suisse et d’ailleurs qui ont partagé nos messages et nous ont envoyé leur dons, leurs mots de soutien, leur amour et leur amitié.

      QUE SON ÂME REPOSE EN PAIX

  • « Les conditions sont réunies pour des renvois en Erythrée »

    En tête des demandes d’asile en Suisse en 2017, les ressortissants érythréens étaient jusqu’alors protégés dans leur ensemble d’un renvoi dans leur pays. Cela devrait désormais changer, comme l’explique Mario Gattiker, secrétaire d’Etat aux migrations.

    Le renvoi d’Erythréens dans leur patrie d’origine est licite et exigible, a statué le Tribunal administratif fédéral (TAF) dans un arrêt d’août 2017. A deux conditions : il faut que l’individu ait déjà effectué son service obligatoire avant de quitter l’Erythrée ou qu’il dispose du statut de « membre de la diaspora » défini par Asmara. Sur la base de cette décision, le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) considère que 3200 ressortissants de ce pays sont désormais éligibles à un « #retour_volontaire ». Environ 200 d’entre eux ont déjà été contactés. Ils disposent d’un mois pour avancer des raisons qui pourraient s’opposer à leur retour. Le Temps a rencontré Mario Gattiker, secrétaire d’Etat aux migrations, pour en parler.

    Le Temps : La situation a-t-elle évolué en Erythrée pour qu’on puisse envisager le retour de certains de ses ressortissants ?

    Mario Gattiker : La Suisse offre une protection uniquement à ceux qui en ont besoin. En ce qui concerne l’Erythrée, le SEM a constaté que le pays ne connaissait pas une situation de #violence_généralisée et qu’y retourner n’était pas dans tous les cas inexigible. Les opposants politiques ne seront par ailleurs pas touchés par cette mesure. Le TAF soutient en outre notre position et a également estimé qu’un individu qui a déjà servi ou qui ne peut pas être recruté ne se trouve pas en danger concret de #persécution. J’ajoute que nous évaluons constamment la situation du pays, ce pour quoi nous sommes actuellement à la pointe en Europe.

    Comment peut-on être sûr que les personnes renvoyées ne seront pas exposées à des actes de répression ? Le CICR ne dispose lui-même que d’un accès limité aux prisons du pays.

    Il n’existe pas de garantie incontestable. Nous arrivons cependant à la conclusion que, pour certaines catégories de personnes, il n’existe pas de #risque concret. Cette décision se base sur des témoignages de diasporas érythréennes à l’étranger, notamment en Ethiopie et au Soudan, sur des rapports d’ambassades, d’organisations internationales et non gouvernementales, ainsi que sur des missions organisées sur place ou encore des sources provenant de l’opposition au régime.

    Il n’existe pas d’#accord_de_réadmission avec l’Erythrée. Comment être sûr que le pays acceptera bien de reprendre ses ressortissants ?

    Parmi les pays d’origine des personnes qui demandent l’asile chez nous, seul un pays sur deux a un accord de réadmission avec la Suisse. L’absence d’un tel traité ne signifie pas pour autant que des renvois sont impossibles. La Côte d’Ivoire accueille par exemple des vols spéciaux sans aucune convention de ce type. En ce qui concerne l’Erythrée, le pays n’accepte certes pas de #renvois_forcés mais des retours volontaires sont possibles. Je précise que si la personne éligible à un retour volontaire ne s’en va pas, elle prend le risque de tomber dans l’#aide_d’urgence.

    C’est là le bras de levier dont dispose la Suisse pour convaincre des « volontaires » ?

    Je ne vois pas ça comme un bras de levier, mais comme l’application de la loi. Il existe 9400 Erythréens admis provisoirement en Suisse. Certains ont obtenu ce statut alors qu’ils ne souffraient d’aucune persécution, mais que des circonstances particulières, comme une maladie, le justifiaient à ce moment-là. Leur statut n’est pas protégé par la Convention européenne des droits de l’homme ou par les Conventions de Genève mais par la loi sur l’asile, que nous appliquons. Nous avons par ailleurs pour obligation de revoir le statut des personnes admises de manière provisoire à intervalles réguliers. Cela non seulement pour les Erythréens mais également pour toutes les autres communautés étrangères présentes sur le territoire suisse.

    A combien se monte l’#aide_au_départ fournie par la Confédération ?

    La pratique en vigueur est d’allouer 1000 francs par individu. Dans des situations particulières, cette somme peut être augmentée jusqu’à 4000 francs.

    En ce qui concerne l’#Ethiopie maintenant, où en sont les négociations concernant un accord migratoire ?

    L’Ethiopie était un pays difficile en ce qui concerne le retour de ses ressortissants. L’Union européenne (UE) est toutefois parvenue à un accord avec Addis-Abeba pour les renvois, volontaires ou non. Comme la Suisse est dans l’espace Schengen, nous reprenons les accords conclus par l’UE dans le domaine de la migration. J’ajoute qu’il est absolument nécessaire de procéder au renvoi de personnes qui n’ont pas besoin de notre protection afin d’éviter d’inciter des personnes à venir en Suisse pour profiter d’une aide sans motifs valables. Cet accord crédibilise la politique migratoire suisse et européenne et permet d’apporter la protection nécessaire aux personnes qui en ont besoin.
    #dissuasion

    La Suisse sera appelée à collaborer avec les #services_secrets éthiopiens, régulièrement dénoncés pour des violations des droits de l’homme par des organisations comme Amnesty International. Est-ce cohérent de travailler avec un tel partenaire ?

    Notre partenaire est l’autorité éthiopienne des migrations. Dans les décisions de renvoi, la situation des droits de l’homme dans le pays d’origine représente par ailleurs toujours un facteur important. Les décisions doivent toutefois être prises sur la base d’une évaluation individuelle des risques encourus par chaque personne concernée.

    L’Ethiopie est un des plus grands pays d’Afrique, avec environ 90 millions d’habitants. La situation sur place n’est pas celle de violences généralisées. Les ressortissants de ce pays en mesure de fournir des raisons valables peuvent bien entendu obtenir un statut de protection en Suisse. Les autres doivent quitter le territoire.

    https://www.letemps.ch/suisse/conditions-reunies-renvois-erythree
    #asile #réfugiés_érythréens #migrations #réfugiés #Suisse #renvois #expulsions #it_has_begun

    @isskein : le "#modèle_suisse" frappe encore ? Est-ce que ça sera la Suisse le premier pays à renvoyer les Erythréens en Erythrée ?

    Sur le jugement du #TAF (tribunal administratif fédéral), voir :
    https://seenthis.net/messages/626866

    • Pourquoi la décision de levée de l’admission provisoire pour 3’200 érythréens est prématurée

      Interviewé récemment par Le Temps, Mario Gattiker, Secrétaire d’Etat aux migrations (SEM) estime que le renvoi de milliers d’érythréens admis à titre provisoire est licite. Il explique que la levée d’admission provisoire concernera uniquement les personnes qui ont déjà effectué leur service militaire obligatoire avant de quitter l’Erythrée ou qui disposent du statut de « membre de la diaspora » défini par Asmara. Ce sont 3’200 érythréens sur un total de 9’400 personnes admises à titre provisoire et sans statut de réfugié qui sont visées.

      https://blogs.letemps.ch/jasmine-caye/?p=906

      via @forumasile

    • Switzerland: 3200 Eritrean nationals facing possible deportation

      According to a ruling from the Federal Administrative Court in Switzerland from August 2017 the return of Eritrean nationals is lawful provided they have completed their military service. On that basis the State Secretariat for Migration (SEM) will examine the cases of 3,200 Eritrean nationals in Switzerland granted temporary admission and enforce their return.

      Persons granted temporary admission in Switzerland are not ensured permission to stay but the admission confirms that deportation cannot be carried out and that a person can stay as long as that is the case. The ruling by the Federal Administrative Court established that Eritreans who have completed military service or resolved their situation with the Eritrean government through payment of necessary fees can be returned, affecting 3,200 Eritrean nationals of a total of 9,400 currently on temporary admission who are having their cases examined by the SEM. A letter sent from SEM to Eritrean nationals concerned states: “The SEM thus intends to annul the provisional admission and order the enforcement of the return.” This despite the fact that Switzerland currently lacks agreements with the Eritrean authorities enabling forced return.

      Human rights violations by Eritrean authorities including indefinite military service, arbitrary arrest and enforced disappearances, forced labour, repression of speech, expression, and association and lack of religious freedom are widely reported by civil society organisations and the UN. According to Eurostat the recognition rate for Eritrean asylum seekers in the 28 EU member states was 90% in 2017. With 3,375 claims Eritrean nationals were the largest group of asylum seekers in Switzerland in 2017 though the number decreased by 35% compared to 2016.

      https://www.ecre.org/switzerland-3200-eritrean-nationals-facing-possible-deportation

    • Swiss Treatment of Eritreans Sets Dangerous Precedent

      A controversial Swiss decision to review the status of 3,200 Eritrean asylum seekers may have dangerous consequences in Israel, where it has been cited as a precedent for returning Eritreans to Eritrea, says researcher Shani Bar-Tuvia.


      https://www.newsdeeply.com/refugees/articles/2018/05/14/swiss-treatment-of-eritreans-sets-dangerous-precedent

      Encore une fois le #modèle_suisse, chère @isskein
       :-(

    • Erythrée. Un réexamen des admissions provisoires précipité

      L’arrêt du Tribunal administratif fédéral (TAF) d’août 2017 modifiant sa jurisprudence et estimant licites et exigibles certains renvois en Erythrée est actuellement examiné par le Comité de l’ONU contre la torture (CAT) sur le plan de la conformité avec la Convention ratifiée par la Suisse. Le CAT a demandé le 8 novembre 2017 à la Suisse de suspendre l’exécution du renvoi concerné durant l’examen de cette plainte. Le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) a confirmé par lettre le lendemain qu’il respecterait cette recommandation. Or, on apprend dans un article du 11 avril publié sur le site du SEM, que "sur la base de la décision du TAF, le Secrétariat d’Etat aux migrations considère que 3200 ressortissants de ce pays sont désormais éligibles à un « retour volontaire »."

      1. La nouvelle pratique du SEM consistant à réexaminer les admissions provisoires de ressortissant-e-s érythréen-ne-s est susceptible de violer la Convention contre la torture ainsi que la Constitution fédérale. Elle s’appuie sur un arrêt dont la recevabilité en droit international n’a pas encore été confirmée. Le Conseil fédéral est-il prêt à prendre le risque de rendre des décisions qui pourraient par la suite être annulées ?

      2. Le Conseil fédéral prend-il en considération l’impact de décisions de renvois, potentiellement annulées par la suite, sur la santé mentale ainsi que sur le processus d’intégration des milliers de ressortissant-e-s érythréen-ne-s concerné-e-s ?

      3. Le Conseil fédéral prend-il en considération le coût que représentent des centaines, voire des milliers de décisions négatives potentiellement annulées ?

      4. En cohérence avec l’engagement pris auprès du CAT et pour éviter de prononcer des décisions qui pourraient être annulées par la suite, le Conseil fédéral s’engage-t-il à ne pas appliquer la nouvelle pratique avant que le CAT ne se soit prononcé sur la légalité de l’arrêt du TAF ?

      5. Le secrétaire d’Etat aux migrations reconnaît dans son interview du 11 avril qu’il n’existe pas de garantie incontestable que les personnes renvoyées ne seront pas exposées à des actes de répression. Le Conseil fédéral ne pense-t-il pas que, dans le doute, la protection des personnes concernées prime la volonté de renvoi ?

      1./4./5. Le recours auprès du Comité de l’ONU contre la torture (CAT) mentionné par l’auteure de l’interpellation constitue un moyen de recours hors des voies de recours internes. Déposé dans un cas d’espèce, il ne vise pas à revoir fondamentalement la pratique en matière de renvoi suivie actuellement par le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) à l’égard de l’Erythrée. Dès que le CAT aura rendu sa décision, le SEM l’analysera soigneusement et étudiera si elle peut influer sur sa pratique actuelle et, si oui, dans quelle mesure.

      L’admission provisoire représente une simple mesure de remplacement lorsque le renvoi ne peut pas être exécuté. Le SEM est légalement tenu d’examiner régulièrement les admissions provisoires prononcées. Il lève une telle admission et ordonne l’exécution du renvoi lorsque le retour de la personne concernée est à la fois licite, raisonnablement exigible et possible et que cette mesure s’avère, dans l’ensemble, proportionnée. Ces conditions sont étudiées minutieusement et individuellement par le SEM, à la lumière de la jurisprudence du Tribunal administratif fédéral (TAF). Ainsi, les décisions de lever une admission provisoire sont toujours édictées dans le droit fil de la Constitution fédérale et de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (RS 0.105).

      En ce qui concerne les répressions à l’encontre des Erythréens rapatriés craintes par l’auteure de la présente interpellation, il convient de souligner qu’une admission provisoire n’est pas levée et que l’exécution d’un renvoi n’est pas ordonnée lorsque la personne concernée serait exposée à des tortures ou à un traitement inhumain au sens de l’article 3 de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales (CEDH ; RS 0.101). Pour tomber sous le coup de cette disposition, l’intéressé doit cependant prouver ou du moins rendre vraisemblable un risque concret ("real risk") de subir un tel traitement. Cette interprétation de l’article 3 CEDH s’inscrit également dans la lignée de la pratique constante de la Cour européenne des droits de l’homme.

      2. Le Conseil fédéral reconnaît que les procédures relatives à la levée de l’admission provisoire peuvent engendrer une situation éprouvante pour les personnes concernées. Toutefois, comme il l’a déjà expliqué, le SEM ne décide de lever une admission provisoire qu’après avoir soigneusement examiné le dossier et uniquement dans le respect des prescriptions légales. Ce faisant, il tient également compte, dans les limites prévues par la loi, des mesures d’intégration en cours.

      3. En raison du contrôle juridique exercé par le TAF, il n’est pas exclu que des recours soient admis dans des cas d’espèce, mais il est peu probable que cela devienne la règle. Il ne faut donc guère s’attendre à des admissions de recours aussi nombreuses et à des conséquences financières aussi lourdes que le craint l’auteure de la présente interpellation.

      https://www.parlament.ch/FR/ratsbetrieb/suche-curia-vista/geschaeft?AffairId=20183471

    • Quel avenir pour les jeunes requérants d’asile érythréens ?

      Le SEM (Secrétariat d’Etat aux migrations) a récemment durci sa pratique vis-à-vis des requérants d’asile érythréens parmi lesquels se trouvent de nombreux jeunes. Il considère notamment que la sortie illégale du pays en raison de leur volonté d’échapper à un service militaire à durée indéterminée, que l’ONU assimile au travail forcé et à l’esclavage, ne pose pas de problème en cas de renvoi.

      Il reste difficile de comprendre quelles sont les sources d’information sur lesquelles le SEM s’appuie pour considérer que des ressortissants érythréens, ayant fui leur pays en tant que mineurs et avant l’âge de la conscription, ne risqueraient plus de sérieux préjudices en cas de retour.

      Le 12 mars dernier, lors du Dialogue interactif renforcé sur la situation des droits de l’homme en Erythrée, la Suisse a déclaré « rester inquiète de la situation des droits de l’homme en Erythrée et du manque d’informations vérifiables à disposition, en raison de l’absence d’accès libre et indépendant au pays ».

      De plus, la récente décision de procéder au réexamen de l’admission provisoire de plus de 3200 Erythréens a semé un grand trouble tant dans cette communauté que parmi les bénévoles qui les soutiennent. Si ces jeunes se voient refuser l’asile ou l’admission provisoire, ils seront obligés de demander l’aide d’urgence, ce qui les précarisera fortement et compromettra leurs chances de s’intégrer.

      Je prie donc le Conseil fédéral de répondre aux questions suivantes :

      1. Sur la base de quelles informations indépendantes s’appuie le SEM pour évaluer les risques réels liés aux renvois ? Les autorités suisses ne devraient-elles pas s’inspirer des récents rapports de l’ONU qui sont la seule source actuellement fiable pour fonder leur politique à l’égard des requérants d’asile érythréens ?

      2. Quel est le but réel visé par ce durcissement ? Ne risque-t-on pas de créer des problèmes sociaux en empêchant des jeunes de continuer à se former et de s’intégrer ?

      3. Des citoyen-n-es s’engagent bénévolement pour apporter un soutien à des jeunes requérants d’asile et des mineurs non accompagnés : n’y-a-t-il pas une contradiction entre la pratique du SEM qui révise les admissions provisoires d’une part, et la volonté des pouvoirs publics d’encourager le soutien de la population suisse envers ces jeunes en vue de les aider à construire leur autonomie d’autre part ?

      1. Le 22 avril 2016, le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) a publié un rapport intitulé « Update Nationaldienst und illegale Ausreise » (mis à jour le 10 août 2016), lequel contient les informations pertinentes pour définir la pratique en matière d’asile et de renvoi à l’égard de l’Erythrée (lien : https://www.sem.admin.ch/dam/data/sem/internationales/herkunftslaender/afrika/eri/ERI-ber-easo-update-nationaldienst-d.pdfpdf). Ce rapport présente tous ses éléments de manière aussi actuelle, claire, neutre et transparente que possible. Il tient compte de toutes les sources disponibles et les commente dans le chapitre introductif. Ces sources comprennent des rapports sur les droits de l’homme (entre autres ceux des Nations Unies), des textes de loi, des positions du gouvernement érythréen, des observations d’experts en Erythrée et dans d’autres pays ainsi que les enseignements tirés par d’autres unités européennes spécialisées dans l’analyse de pays. Le SEM a recueilli une partie de ces informations lors d’une mission d’enquête en Erythrée qui s’est déroulée en février et mars 2016. Le Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO) a repris le rapport du SEM dans une forme légèrement modifiée et l’a publié en plusieurs langues (lien : https://coi.easo.europa.eu/administration/easo/PLib/EASO_COI_Eritrea.pdfpdf).

      2. Le SEM évalue en permanence sa pratique en matière d’asile et de renvoi à l’égard de l’Erythrée et l’ajuste en cas de besoin. C’est ainsi qu’en juin 2016 il a adapté sa pratique à l’égard des Erythréens qui ont illégalement quitté leur pays en se fondant sur les nouvelles informations à sa disposition. Le Tribunal administratif fédéral a confirmé ce changement de pratique dans son arrêt D-7898/2015 du 30 janvier 2017, qui a été rendu à l’issue d’une procédure de coordination. Le SEM examine chaque demande d’asile avec minutie et au cas par cas. S’agissant des personnes qui ont besoin de la protection de la Suisse et qui obtiennent par conséquent le droit de rester dans notre pays, la priorité est à l’intégration. Les personnes qui n’ont pas besoin de notre protection sont quant à elles tenues de quitter la Suisse. C’est pourquoi ni les cantons ni le SEM n’encouragent l’intégration de ces personnes. Par contre, ils leur offrent un soutien sous forme d’un conseil en matière de réintégration dans leur pays d’origine et d’un cofinancement éventuel de projets professionnels et de formation dans le cadre de l’aide au retour individuelle.

      3. Le SEM a l’obligation légale de vérifier périodiquement si les conditions des admissions provisoires existantes sont toujours réunies. Si tel n’est plus le cas, il lève l’admission provisoire et ordonne l’exécution du renvoi. Une admission provisoire ne peut être levée que si le retour de la personne concernée est exigible, licite et possible et si une telle mesure s’avère dans l’ensemble proportionnée. Ces conditions sont examinées au cas par cas. Lors de l’examen, qui est en cours, des admissions provisoires des ressortissants érythréens, le SEM veille à informer aussi vite que possible les jeunes en formation et les mineurs non accompagnés du résultat auquel il est parvenu.

      https://www.parlament.ch/FR/ratsbetrieb/suche-curia-vista/geschaeft?AffairId=20183431

  • Le premier « ghetto pour #riches » de Suisse va voir le jour en #Thurgovie
    http://www.rts.ch/info/regions/autres-cantons/9458456-le-premier-ghetto-pour-riches-de-suisse-va-voir-le-jour-en-thurgovie.htm
    https://www.rts.ch/2018/04/03/11/30/9458455.image?w=624&h=351

    Un projet immobilier destiné aux (très) riches va voir le jour sur les rives du lac de Constance, relatent le Tages Anzeiger et le Bund mardi. Ce sera probablement la première résidence sécurisée de Suisse.

    Un total de 17 appartements sont à vendre, entre 1,6 et 5 millions de francs l’unité, sur une immense parcelle au bord de l’eau. Chacun aura sa piscine privée - en plus du bassin couvert commun, du fitness et du spa, du service de limousines ou du garage climatisé pour voitures de collection.

    La résidence sera surtout dotée d’une très haute clôture et de caméras de surveillance, alors que des patrouilles veilleront jour et nuit à la sécurité des résidents. Les deux quotidiens alémaniques désignent ce futur lotissement très sélect comme le « ghetto pour riches du lac de Constance. »

    Le chantier doit démarrer en mai sur la commune d’Uttwil (TG), au bord du lac et à côté du camping municipal. L’ouverture est prévue en été 2019.
    De riches Suisses en quête d’une communauté pour seniors

    Les promoteurs expliquent que les appartements se vendent bien - à des Suisses et non pas à des Arabes ou à des Russes, précisent-ils. Il s’agit de personnes de plus de cinquante ans, parmi lesquelles des médecins ou des entrepreneurs, et qui préfèrent parler de communauté pour seniors plutôt que de résidence de luxe.

    L’architecte en charge du projet rejette catégoriquement l’image de ghetto. Il n’y aura ni barbelés ni bergers allemands, précise-t-il.

    Ces copropriétés sécurisées sont très répandues en Amérique, du Nord et du Sud, mais pas du tout en Suisse. Les Verts s’étaient pourtant déjà inquiétés en 2009 d’une possible arrivée de ce modèle sur territoire helvétique.
    « Un modèle de ségrégation » selon le Conseil fédéral

    Dans sa réponse à leur postulat, le Conseil fédéral avait déclaré alors qu’il n’y en avait pas en Suisse. Il soulignait à cette occasion que ces résidences fermées étaient un modèle de ségrégation mettant en danger la cohésion de la société. Le gouvernement estimait qu’il fallait donc à tout prix éviter leur émergence en Suisse.

    Les habitants et les autorités de la commune thurgovienne d’Uttwil, eux, sont contents de l’arrivée de ce lotissement baptisé « Port du Navire ». La parcelle était en friche depuis la faillite - il y a plus de dix ans - de l’armateur allemand qui y avait installé son siège.

    Alain Arnaud/oang

    #suisse #ghetto @cdb_77

  • N°95. Vendredi 25 mars 1870, Rochefort à Tours, Schneider au Creuzot – La Commune de Paris
    https://macommunedeparis.com/2018/03/25/n95-vendredi-25-mars-1870-rochefort-a-tours-schneider-au-creuzot

    Creuzot, 22 mars

    À la suite du repas de midi, le 21 mars, les mineurs se sont rassemblés dans les galeries, et à une heure tous ceux qui travaillaient dans les puits qui se communiquent sont remontés. Le 22, tous les travaux ont été arrêtés. Les mineurs demandent 5 francs pour douze heures de travail (minimum) et le manœuvres 3 fr. 75 c. De plus, les mineurs ne veulent plus charger eux-mêmes leur charbon dans les wagons. Jusqu’à présent, les mineurs étaient payés 4 francs du mètre d’avancement dans les galeries : les mineurs sont décidés à tenir bon, malheureusement il n’y a pas parmi eux d’organisation.

    #La_Commune #Michèle_Audin

  • L’Union européenne autorise sous conditions le rachat de Monsanto par Bayer RTS - afp/rens - 21 Mars 2018
    http://www.rts.ch/info/economie/9428375-l-union-europeenne-autorise-sous-conditions-le-rachat-de-monsanto-par-ba

    La #Commission_européenne a autorisé mercredi sous conditions le rachat de l’Américain #Monsanto, spécialiste des semences, des pesticides et des OGM, par le géant allemand de la chimie #Bayer.

    Cette autorisation de rachat est subordonnée à la cession d’un vaste ensemble d’activités que Bayer a proposé à l’exécutif européen pour dissiper ses craintes quant à la concurrence dans l’#UE.

    « Nous avons autorisé le projet de rachat de Monsanto par Bayer parce que les mesures correctives proposées par les parties, qui dépassent largement les 6 milliards d’euros, répondent pleinement à nos préoccupations en matière de concurrence », a déclaré la Commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager.

    Craintes des ONG
    Pendant son enquête, la Commission européenne avait reçu de nombreuses pétitions envoyées par mails et courriers s’alarmant de cette union qui donnerait trop de pouvoir à un groupe fabriquant des OGM et le glyphosate, un désherbant très controversé.

    Le projet d’acquisition de Monsanto par Bayer pour 66 milliards de dollars (63 milliards de francs) avait été annoncé en septembre 2016.

    #union_européenne #OGM

  • Les secrets de la France au Rwanda : les ambiguïtés de l’opération « Turquoise »

    http://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/03/15/intervention-francaise-au-rwanda-les-ambiguites-de-l-operation-turquoise_527

    Les secrets de la France au Rwanda 1/3. Vingt-quatre ans après le génocide, « Le Monde » revient, documents et témoignages à l’appui, sur cet épisode tragique.

    Il y a deux façons de raconter l’histoire : par le haut ou par le bas. Pour comprendre l’engagement de la France au Rwanda au printemps 1994, savoir notamment si elle a été complice des génocidaires rwandais et si son armée a soutenu un régime enivré par la folie meurtrière qui fit 800 000 morts en à peine trois mois, il faut d’abord examiner les décisions prises au plus haut niveau de l’Etat, au cœur du pouvoir. Et remonter le temps jusqu’au mercredi 15 juin 1994, à Paris…

    Ce jour-là, une réunion de crise se tient au palais de l’Elysée, en présence de François Mitterrand. Voilà près de dix semaines que le génocide a débuté, plus exactement depuis le crash de l’avion du président hutu Juvénal Habyarimana, abattu au-dessus de Kigali, la capitale, par un commando inconnu.

    Sa mort entraîne de violentes représailles de la part des Forces armées rwandaises (FAR), de la gendarmerie et des miliciens hutu Interahamwe. Leurs cibles : des hutu modérés et surtout la minorité tutsi, accusée d’avoir voulu renverser le pouvoir.

    A l’époque, une guerre oppose en effet le Front patriotique rwandais (FPR, la rébellion à majorité tutsi), aux forces hutu. La France a beau soutenir le régime hutu depuis des années, elle s’interroge sur l’attitude à adopter face à ces massacres, dont les victimes se comptent déjà par centaines de milliers. Le Conseil de défense restreint organisé à l’Elysée vise précisément à définir la stratégie à suivre.

    Il est aujourd’hui possible de savoir ce qui s’est dit, ce mercredi de juin 1994, au palais présidentiel. Le compte rendu de la réunion, classé « confidentiel défense », a été déclassifié le 14 janvier 2008 par Nicolas Sarkozy à la demande des juges d’instruction chargés de l’enquête pour « complicité de génocide » sur l’opération « Turquoise » menée par l’armée française au Rwanda. Ce document aide à comprendre la façon dont les autorités ont géré ce dossier sensible en période de cohabitation entre François Mitterrand, président socialiste, et son premier ministre de droite, Edouard Balladur.

    « Nous commencerons par le Rwanda car la situation exige que nous prenions d’urgence des mesures », débute Mitterrand. Le ministre de la coopération, Michel Roussin, dépeint alors un tableau très sombre : « La situation ne s’améliore pas. Les massacres se poursuivent, côté hutu et côté tutsi. L’opinion publique internationale et l’opinion française sont horrifiées devant ce spectacle d’enfants massacrés, d’orphelinats envahis. »

    François Léotard, le ministre de la défense, prône la retenue : « Nous ne pourrions faire quelque chose qu’avec l’accord des deux parties et un soutien international. Or, je vois mal comment nous pourrions obtenir l’accord du FPR [la rébellion tutsi] et le soutien international. Nous ne pourrions intervenir qu’en zone hutu. Nous serions condamnés par le FPR et victimes de manœuvres médiatiques. Je suis donc très réticent. »

    « Il faut faire vite »

    Alain Juppé, le ministre des affaires étrangères, lui, est plus va-t-en-guerre : « Il faut faire vite, 2 000 à 3 000 hommes pourraient mettre fin aux combats. Faut-il aller plus loin et envisager une intervention pour exfiltrer les populations ? » Quant à Edouard Balladur, il est partant, mais prudent : « Nous ne pouvons plus, quels que soient les risques, rester inactifs. Pour des raisons morales et non pas médiatiques. Je ne méconnais pas les difficultés. »

    François Mitterrand reprend la balle au bond : « J’approuve cette façon de voir. Mais nous pourrions limiter nos objectifs. (…) Notre effort pourrait être limité à la protection de certains sites, des hôpitaux ou des écoles, sans entrer dans une opération militaire d’ensemble qui serait difficile car il n’y a pas de front continu. »

    Alors que la réunion se termine, François Léotard demande : « Monsieur le président, dois-je comprendre que cette opération est une décision ou qu’il s’agit seulement d’en étudier la possibilité ? » François Mitterrand conclut, tranchant : « C’est une décision dont je prends la responsabilité. (…) Ce que j’approuve, c’est une intervention rapide et ciblée, mais pas une action généralisée. Vous êtes maître des méthodes, Amiral. » L’amiral, le « maître des méthodes », c’est Jacques Lanxade, le chef d’état-major des armées.

    Le jour même, celui-ci présente à son ministre, M. Léotard, un texte « confidentiel défense » intitulé Mémoire sur une opération militaire au Rwanda. Son but : le convaincre de la nécessité de cette « intervention humanitaire ». A en croire ce document, versé au dossier judiciaire dont Le Monde a eu connaissance dans son intégralité, l’amiral a conscience de marcher sur des œufs. « Il convient de souligner que cette opération est délicate, écrit-il, qu’elle demandera des moyens de soutien importants, et qu’il faudra accepter des risques non négligeables pour nos troupes. » Aux « risques » du terrain s’ajoutent d’éventuelles secousses politiques. Edouard Balladur est conscient que le Rwanda est un « guêpier ». Depuis son arrivée à Matignon, au printemps 1993, il se montre plutôt réticent à tout engagement militaire en Afrique. Ses ministres Léotard et Roussin sont tout aussi circonspects.

    L’objectif, « faire cesser les massacres interethniques »

    Du côté du Quai d’Orsay, Alain Juppé s’est pour sa part rallié aux interventionnistes de l’Elysée, horrifié qu’il est par l’ampleur des tueries dont il reçoit des comptes rendus chaque jour plus circonstanciés. Il faut dire qu’autour de François Mitterrand, une poignée d’hommes – le secrétaire général de l’Elysée, Hubert Védrine, le chef d’état-major particulier, Christian Quesnot, et le conseiller Afrique Bruno Delaye – souhaite poursuivre un effort de guerre mené depuis octobre 1990 en soutien des FAR contre les rebelles du FPR ().

    Ces hommes de l’entourage présidentiel sont alors persuadés de lutter contre l’extension du « tutsiland » (la zone de domination de cette ethnie), perçue comme un complot anglo-saxon contre le pré carré de la France dans la région. Paul Kagame, l’homme fort du FPR, n’a-t-il pas été formé aux Etats-Unis ? N’est-il pas le protégé du président ougandais Yoweri Museveni, couvé par Washington ?

    D’après le dossier de l’amiral Lanxade, l’opération doit « faire cesser les massacres interethniques » et afficher la « neutralité » de la France à l’égard de « chaque partie en cause ». Rester « neutre » dans un génocide, voilà un premier dilemme, ainsi présenté au chapitre « Situation » : « La guerre civile, réveillée par l’assassinat du président rwandais le 6 avril 1994, a eu pour conséquence un véritable génocide perpétré par certaines unités militaires rwandaises (garde présidentielle) et par les milices hutu à l’encontre de la minorité tutsi de la population ou de certains cadres hutu modérés. » D’évidence, les planificateurs de l’armée française connaissent donc bien la situation sur le terrain. Ils la détaillent d’ailleurs dans deux paragraphes aux titres éloquents : « Qui sont les massacreurs ? » et « Qui sont les massacrables ? » A l’état-major, on sait donc qui tue qui. Mais sait-on vraiment qui soutenir ?

    Jacques Lanxade joue un rôle décisif dans ces heures où un choix s’impose. Premier marin nommé chef d’état-major des armées, il a dirigé auparavant (1989-1991) l’état-major particulier du président Mitterrand. Tous deux se comprennent à la perfection. « François Mitterrand ne donnait jamais une directive précise, se souvient l’amiral, rencontré le 2 mars à son domicile parisien. Fondamentalement, il considérait que vous deviez savoir ce que vous aviez à faire. Comme j’étais sur la même ligne que lui, j’ai eu une très grande liberté d’action. »

    Si le président se méfie des militaires (et plus encore des policiers), il a confiance en cet homme rompu aux circonvolutions diplomatiques. Après sa carrière militaire, M. Lanxade bénéficiera d’ailleurs d’une promotion rare : il deviendra ambassadeur de France en Tunisie (1995-1999).

    « L’action d’hier » et l’« inaction d’aujourd’hui »

    En attendant, en ce printemps 1994, Mitterrand lui délègue toutes les opérations militaires, y compris les contacts politiques nécessaires à l’exercice de ses fonctions. D’une certaine manière, son rôle est plus important que celui du ministre de la défense dans la conduite de la guerre. En fin connaisseur du dossier rwandais, M. Lanxade propose trois options pour intervenir. Celle retenue passe par l’aéroport de Goma, au Zaïre (l’actuelle République démocratique du Congo) voisin. Son objectif : investir et contrôler la zone tenue par les FAR (les forces génocidaires), soit environ la moitié du pays. En apparence, il s’agit bien d’une opération humanitaire. En réalité, ses buts, tels qu’évoqués dans le dossier, sont plus larges : « L’arrêt des massacres, la sauvegarde des réfugiés et l’interruption de l’extension du conflit. » Et Lanxade d’ajouter, sibyllin : « Du point de vue français, il faut éviter que nous soient reprochées et l’action d’hier et l’inaction d’aujourd’hui. » Sous cette formule se cache toute l’ambiguïté de la politique française au Rwanda.

    « L’inaction d’aujourd’hui », c’est l’immobilisme désespérant de la communauté internationale. De fait, personne n’est intervenu pour stopper le génocide depuis son déclenchement, début avril. Personne, sauf les rebelles du FPR qui, village après village, contemplent avec stupeur le désastre des fosses communes laissées par les bourreaux.

    « L’action d’hier », c’est un soutien français sans faille au régime en place. Un soutien qui est allé de la fourniture d’armes lourdes à l’instruction des troupes, en passant par la mise à disposition de conseillers militaires issus des forces spéciales françaises (1er RPIMa, 8e RPIMa). Dans la continuité de cette politique, il est logique, aux yeux des « faucons » parisiens, d’aider les alliés de la France, même s’ils se sont transformés en gouvernement du génocide.

    *Sauvegarde du pouvoir « ami »

    « Une action initiale sera conduite sur la zone de Cyangugu avant un engagement éventuel en direction de Kigali », est-il précisé dans le document de l’amiral Lanxade. L’objectif militaire ultime est donc la capitale, où les rebelles du FPR resserrent chaque jour leur étau sur les forces gouvernementales. En cherchant à se rendre à Kigali, l’état-major français et le cercle rapproché de François Mitterrand entendent avant tout figer les fronts, et du même coup éviter l’effondrement des FAR et des miliciens ; bref, empêcher la victoire des rebelles. Le but, au fond, n’est pas de stopper le génocide : Paris sait que l’essentiel des massacres a déjà été commis dans la capitale et qu’il n’y a presque plus de Tutsi à sauver. L’important semble plutôt être la sauvegarde du pouvoir « ami ».

    Pour mener à bien cette mission, l’amiral dispose d’un atout : le Commandement des opérations spéciales (COS), placé sous sa responsabilité directe. Composé de l’élite des forces spéciales (parachutistes des troupes de marine, GIGN, commandos de l’air et de la marine…), ce nouveau corps de l’armée française a pour rôle « d’ouvrir les portes » avant une opération. En clair, faire du renseignement sur le terrain, mais aussi mener de discrètes actions commandos. Dès le départ, « Turquoise » est donc une opération schizophrène : stopper les massacres d’un côté et, dans le même temps aider le régime des bourreaux. Les soldats « réguliers » protégeront les civils menacés, tandis que les forces spéciales, « irrégulières », feront le sale travail, c’est-à-dire l’aide au gouvernement contre les rebelles.

    Le premier officier à atterrir sur la piste de Goma le 19 juin – avant même que le Conseil de sécurité de l’ONU ne donne son feu vert à l’opération « Turquoise » – s’appelle Jacques Rosier, « Romuald » de son nom de code. C’est un parachutiste, patron du détachement du COS. Dix hommes sur les 222 prévus l’accompagnent. Ancien chef de corps du 1er RPIMa, l’un des officiers les plus titrés de l’armée de terre, Rosier a déjà à son actif deux missions au Rwanda, où il a combattu le FPR de Kagame en 1992 puis en 1993. Il connaît par cœur les officiers supérieurs rwandais ; certains sont même ses amis. « Entre le 20 et le 22 juin, en attendant le reste de mes unités, j’ai pris différents contacts », explique-t-il aux policiers qui l’interrogent, le 13 septembre 2007, dans le cadre d’une instruction pour « complicité de génocide » sur plainte de six rescapés des massacres, qui accusent la hiérarchie militaire française de « complicité de génocide » et « complicité de crime contre l’humanité ».


    Arrivée des militaires français au camp de réfugiés Hutu de Butare, au sud du Rwanda, le 3 juillet 1994.

    Des soldats français aux côtés des soldats rwandais

    Parmi les « contacts » du colonel figurent divers ministres du gouvernement génocidaire, dont celui de la défense, et les principaux chefs militaires de l’armée nationale en déroute. S’il ne ment pas aux enquêteurs, M. Rosier ne dit pas non plus toute la vérité. Dans son rapport de fin de mission, il a livré un indice sur certains aspects de son travail : « Etant encore seul sur zone, le détachement effectuait également quelques missions d’extractions dans la région de Gisenyi [ville rwandaise située en face de Goma, de l’autre côté de la frontière]. » Sans davantage de précisions sur ces « extractions ».

    Avant l’arrivée dans la région du reste des troupes et de la presse, Rosier a quelques jours pour extraire des « sonnettes », des soldats français ayant passé la période du génocide auprès de leurs homologues rwandais. Combien sont-ils ? « Une dizaine », selon le général Quesnot, interrogé en 2006 par Olivier Lanotte, un chercheur belge qui avance pour sa part le chiffre d’une « bonne vingtaine de conseillers et techniciens, tous des volontaires ».

    L’information circule jusqu’à New York, si l’on en croit l’ambassadeur néo-zélandais auprès de l’ONU, Colin Keating. Le 21 juin, celui-ci écrit aux autorités de son pays : « Une information intéressante que nous avons apprise du secrétariat cet après-midi est que le FPR affirme que des conseillers militaires français sont restés dans le pays et qu’ils ont formé certaines des milices hutu. Certains sont à la campagne, mais d’autres sont à Kigali. »

    Quelle était la mission de ces fantômes ? Ont-ils conseillé des ministres, formé des militaires ? Ou bien participé aux opérations ? Ou encore fait du renseignement en temps réel ? Impossible d’avoir des certitudes, sinon qu’ils ont soutenu et accompagné les FAR depuis le début des massacres. De son côté, la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE, service de renseignements extérieurs) a mis en place un dispositif distinct, composé de clandestins, infiltrés sous couverture jusqu’au centre de Kigali pour renseigner leur hiérarchie à Paris.

    Livraisons d’armes « défensives »

    Le colonel Rosier a d’autres objectifs secrets, dans la continuité de la politique française dans ce pays. Parmi eux, les livraisons d’armes. Là encore, le sujet est si délicat que le général Quesnot, en poste à l’Elysée, adresse une note au président de la République le 25 juin 1994 : « Le coût total des équipements et des munitions cédés aux armées et à la gendarmerie rwandaises au cours des trois dernières années s’élève à 54,8 millions de francs. (…) Les armes et munitions données par la France consistaient exclusivement en matériel de guerre lourd de nature défensive destiné à arrêter l’offensive du FPR. Nous n’avons livré aucune arme individuelle qui ait pu être utilisée ultérieurement dans les massacres (et a fortiori, aucune machette). »

    Ici, le général Quesnot joue sur les mots et sur la « nature défensive » du matériel, car outre l’artillerie (canons de 105 mm, radars et obus), la France a fourni des mitrailleuses (12,7 mm) et leurs cartouches. D’autres pays ont été sollicités pour fournir le reste : l’Egypte, Israël et l’Afrique du Sud ont livré à Kigali des obus de mortiers et des lance-roquettes. Enfin, la liste du général n’est pas tout à fait exhaustive, comme le prouvent les archives de la Mission militaire de coopération, en annexe du rapport de la Mission d’information sur le Rwanda de 1998. Rien qu’en 1992, 20 000 mines anti-personnelles et 700 000 cartouches de 5,56 mm ont été autorisées à l’exportation, sans compter les émetteurs-récepteurs, les appareils de vision nocturnes, les parachutes. En 1993 : 250 pistolets de 9 mm, 530 fusils d’assaut, des milliers de munitions de mortier 120 mm.

    Le 17 mai 1994, l’ONU finit par décréter un embargo sur les armes. Dès lors, toute fourniture de matériel militaire peut relever de la « complicité de crime contre l’humanité ». A plusieurs reprises, en mai et juin, des émissaires du régime de Kigali viennent néanmoins à Paris présenter leurs doléances. Ils ont besoin d’armes, y compris pour exterminer les Tutsi. C’est l’une des idées reçues sur ce génocide : il serait principalement l’œuvre de miliciens armés de machettes. Faux : les machettes sont à l’origine de la mort de 36 % des victimes recensées. La plupart des tueries de groupe, dans les églises, les écoles, sur les collines, ont été faites par des hommes en uniforme, à coups de grenades, de fusils, d’armes automatiques. Les miliciens se sont chargés de « finir le travail ».

    Mercenaires et marchands d’armes

    Quand tombe la nouvelle de l’embargo, il devient donc crucial, pour les génocidaires, d’organiser des circuits parallèles d’approvisionnement en armes. D’après l’organisation humanitaire Human Rights Watch, au moins cinq chargements destinés aux FAR ont été débarqués sur l’aéroport de Goma entre mai et juillet 1994. Les circuits du mercenariat sont également mis à contribution. L’ex-gendarme du GIGN et de l’Elysée Paul Barril et le célèbre mercenaire Bob Denard sont sollicités. Barril signe un contrat d’assistance et de service pour plus d’un million de dollars : il fournira bien des mercenaires, mais pas les armes et munitions pourtant prévues en quantité.

    Des trafiquants d’armes s’activent eux aussi en coulisse. Considéré comme le cerveau du génocide, le colonel Théoneste Bagosora orchestre le tout. Des avions-cargos déchargent à Goma leurs cargaisons d’armes, aussitôt transférées vers Gisenyi, côté rwandais, puis vers les camps de réfugiés hutu installés au Zaïre après la débâcle des FAR. Or, Gisenyi et l’aéroport de Goma sont entièrement sous le contrôle du dispositif « Turquoise » : à défaut de les initier, l’armée française ferme donc les yeux sur ces trafics.

    Dans le même temps, l’un des objectifs demeure la capitale, Kigali. Le général Quesnot, à l’Elysée, et les plus hauts responsables de l’armée française sont convaincus que « le FPR n’a pas les moyens militaires de contrôler l’ensemble du pays ». Cette analyse est une erreur majeure : elle sous-estime la vitesse de progression des rebelles. Le 30 juin, au moment même où le dispositif français est prêt à passer à l’action, Paris se résout à abandonner l’option Kigali. Interrogé par Le Monde, l’amiral Jacques Lanxade conteste aujourd’hui cette présentation des faits, malgré l’accumulation d’indices. Pour lui, « il n’a jamais été question d’aller jusqu’à Kigali. On ne pouvait pas y aller, assure-t-il, c’était se mettre au milieu des combats ».

    Des soldats français capturés ?

    Le tableau de la stratégie française serait incomplet sans la liste des incidents entre le COS et les rebelles de Kagame : accrochages, embuscades… Parmi les zones d’ombre de l’opération « Turquoise », figure ainsi un épisode jusqu’ici méconnu : la capture, en juillet 1994, de soldats français par les troupes du FPR. L’épisode est révélé par Paul Kagame lui-même, dans le documentaire Inkotanyi de Christophe Cotteret, programmé le 10 avril sur Arte.

    Dans ce film, celui qui est désormais président du Rwanda, raconte comment ses hommes ont piégé le COS, autour du 15 juillet, en lisière de la zone humanitaire sûre (ZHS). « On a capturé vingt-trois soldats français, on les a encerclés, indique M. Kagame. On les a pratiquement utilisés pour marchander en disant : “C’est notre pays et nous allons entrer sur ce territoire, que vous le vouliez ou non. Donc, si vous acceptez de nous laisser entrer, parce que c’est notre pays, je n’ai aucun problème à laisser ces gens [les hommes du COS] partir”. Cela nous a vraiment aidés à résoudre le problème. » Très vite, l’Elysée aurait accepté l’échange de ces prisonniers contre l’engagement de restituer la ZHS le 18 août, laissant ainsi les mains libres au FPR pour prendre le contrôle de ce territoire.

    La capture de soldats français n’a jamais été reconnue officiellement. L’amiral Lanxade la nie. En « off », plusieurs officiers français confirment sa réalité tout en la qualifiant de « non-événement ». L’embarras des uns et des autres trahit une vérité inavouable : depuis que la justice cherche à percer les secrets de « Turquoise », la zizanie règne entre les anciens frères d’armes.

  • Le #Sénégal veut réduire ses importations de #riz (1/5) - RFI
    http://www.rfi.fr/emission/20180312-le-senegal-veut-reduir-importations-riz

    Le riz est l’une des céréales les plus consommées sur le continent africain. Si la production ne cesse d’augmenter, les importations suivent la même trajectoire. Toute cette semaine RFI vous propose une série de reportages et d’analyses sur les habitudes de consommation et les défis auxquels sont confrontés les paysans africains. Le Sénégal dépend encore largement des importations de riz. Ces importations représentent 70 % du volume total des importations du pays. Mais depuis quelques années, le gouvernement multiplie les efforts pour améliorer la production locale, notamment dans la vallée du fleuve. Le gouvernement a investi 74 milliards de francs CFA dans la filière riz. Cela a permis d’accroitre la production de riz, qui est passée de 400 000 tonnes à 1 050 000 tonnes entre 2014 et 2017, selon les statistiques officielles. Comment cela a-t-il été possible ? Quelles mesures ont été prises pour soutenir les producteurs ?

  • Carte postale postée par @renaud_epstein sur l’oiseau bleu

    ah oui, c’est chou, les choux de Créteil ! Ils ont quarante ans cette année.


    https://www.lesechos.fr/05/11/1998/LesEchos/17768-120-ECH_a-creteil--les-choux-tiennent-le-coup.htm

    En dépit de la publicité conçue par un Jacques Séguéla débutant qui invite, non sans ironie, les Parisiens à « habiter dans un chou, à 2.200 francs le mètre carré et 35 minutes de l’Opéra », les appartements se vendent mal. Plus tard, le publicitaire confessera son erreur : « En fait de chou, ce sera mon plus gros navet, on ne ridiculise jamais impunément un produit qui est l’achat d’une vie. »

    #grand_homme

    https://www.amc-archi.com/photos/les-choux-de-creteil-par-gerard-grandval,6609/les-choux-de-creteil-dans-le.1

    Commandé en 1968, le quartier du Palais, dans le Nouveau Créteil, est surnommé « les Choux », appellation qui répond bien au slogan du mois de mai de cette année-là, « l’imagination au pouvoir ». C’est en effet en réaction aux cubes et aux grands ensembles que Gérard Grandval construit entre 1970 et 1974, pour l’Ocil, onze tours d’habitation. Celles-ci adoptent une écriture qui oscille entre organicisme et architecture-sculpture. Tels des pétales de béton, les vastes balcons qui les habillent entièrement donnent aux immeubles leur allure singulière. L’architecte voulait pousser plus loin encore son projet sur l’épiderme de ces bâtiments, en prévoyant une végétalisation des façades qui ne sera jamais réalisée. A leur pied, deux écoles annulaires s’insèrent naturellement au sein d’un aménagement paysager au relief modelé où tout est courbe, de la voirie aux cheminements piétonniers, en passant par les parkings.

    #architecture

  • De l’huile sur le feu

    L’huile de palme. Sa nocivité, son coût écologique et social. Sa concurrence avec des produits locaux et plus durables. Son usage industriel immodéré, son discrédit auprès de la population… Et pourtant, l’huile de palme est au cœur d’un accord de #libre-échange avec la #Malaisie, qui vise l’abolition des #tarifs_de_douane et pourrait faire chuter le quintal de 204 à 82 francs. Bien au-dessous de notre huile de colza indigène (248 francs le quintal). Bonne nouvelle : mercredi dernier, le Conseil national a accepté – à une majorité écrasante, mêlant des voix de tous les bords politiques – une #motion de l’UDC Jean-Pierre Grin (VD) demandant à retirer l’huile de palme de l’accord en cours de négociation

    https://lecourrier.ch/2018/03/06/de-lhuile-sur-le-feu-3
    #huile_de_palme #Suisse

  • Petite mise à jour postes ouverts (publiés) #MCF #ESR. On suit toujours la tendance qui conduit à 0 postes ouverts en 2030.


    https://twitter.com/mixlamalice/status/966986699040612352

    Avec ce commentaire intéressant :

    Pas étonnant alors qu’ils mettent en place #parcours_sup qui réduit l’accès à l’Université : plus de lycéens, moins de profs : la #sélection organisée ...

    https://twitter.com/ben_schnecken/status/967001264390361089

    #postes #travail #université #statistiques #chiffres #MCF #France #it_has_begun

    En route vers une université sans enseignant·es !

    • Commentaire reçu via la mailing-list Geotamtam, avec des références utiles :

      Sur ces questions de "sélection" (qui ne peut pas avoir d’autre fonction que d’éliminer les "indésirables") et les réformes en cours, mais aussi sur les questions angoissées de notre ex-collègue sur qui s’intéresse au devenir des étudiant-es et aux inégalités et injustices de ce système, le réflexe doit être selon moi de lire ce que les chercheurs et chercheuses spécialistes ont pu écrire de sérieux sur la question et les leçons qu’ils/elles en tirent. Il y aurait beaucoup de références à donner, surtout si on pense qu’il faudrait une mise en contexte par quelques décennies de travaux sur les trajectoires scolaires, leurs conditions et leurs effets...

      Par exemple, il y a certes un manque évident et énormissime de moyens, mais selon Beaud et Millet (réf plus bas) : "Au delà des questions pratiques, bien sûr importantes, que pose le pilotage de cette réforme et de la situation actuelle de l’université, affaiblie par la conjonction de 10 ans de LRU, de disette budgétaire et de plusieurs décennies d’accroissement des effectifs étudiants, il apparaît essentiel de replacer au cœur des débats la réflexion sur la fonction sociale de l’université en France."

      Pour ce faire, je vais me limiter à une seule analyse récente de la logique des réformes depuis le processus de Bologne (Economistes attérés, en PJ) et quelques publications, avec un livre qui est devenu un classique, et si vous n’avez pas le temps quelques textes qui en sont inséparables et dont certains titres sont très explicites : la "sélection à l’université" semble en effet "une fausse solution à un problème mal posé".

      – Trois courtes analyses des réformes en cours :

      BODIN Romuald, ORANGE Sophie, 2017, "Parcoursup, une réforme conservatrice ?", AOC, en ligne
      https://aoc.media/analyse/2018/02/06/parcoursup-reforme-conservatrice

      BEAUD Stéphane, "Les enjeux cachés de la réforme du bas", Alternatives économiques,
      https://www.alternatives-economiques.fr/enjeux-caches-de-reforme-bac/00083206

      BEAUD Stéphane, MILLET Mathias, "La réforme Macron de l’université", La Vie des idées,
      http://www.laviedesidees.fr/La-reforme-Macron-de-l-universite.html

      – Quelques publications sur des recherches sociologiques qui les fondent :

      BODIN Romuald, MILLET Mathias, 2011, « La question de l’« abandon » et des inégalités dans les premiers cycles à l’université », Savoir/Agir, vol. 17, no. 3, 2011, pp. 65-73.
      https://www.cairn.info/revue-savoir-agir-2011-3-page-65.htm

      BODIN Romuald, ORANGE Sophie, 2013, L’Université n’est pas en crise. Les transformations de l’enseignement supérieur : enjeux et idées reçues, Editions du Croquant, coll. savoir/agir, Bellecombes-en-Bauge, 213 p.
      http://journals.openedition.org/rfp/4259

      BODIN Romuald, ORANGE Sophie, 2013, « La barrière ne fera pas le niveau. La sélection à l’université : une fausse solution à un problème mal posé », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 199, no. 4, pp. 102-117.
      https://www.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales-2013-4-page-102.htm car PJ trop lourde

      + Un autre livre très récent que je n’ai pas encore lu :
      Annabelle Allouch, La Société du concours. L’empire des classements scolaires, 2017, Paris, Le Seuil.
      http://www.seuil.com/ouvrage/la-societe-du-concours-annabelle-allouch/9782021350258

    • Conférence de presse / collectif des E.C. lillois refus du classement sur #Parcoursup

      Reçu via la mailing-list GeoTamTam, le 3 avril 2018

      Nous sommes un collectif d’enseignant.e.s chercheur.e.s de l’Université de Lille. Nous avons organisé une conférence de presse jeudi 29 mars 2018 pour dire que nous ne classerons pas les dossiers des lycéens sur Parcoursup. Cette information a été relayée par TF1, France 3, France Inter, La Voix du Nord bientôt Libération et Médiacités.

      Nous vous transmettons le matériel que nous avons constitué - dossier de presse et une page synthétique d’arguments - pour réaliser depuis vos Universités des actions pour publiciser le refus et l’impossibilité technique d’appliquer la réforme ORE. Nous sommes de plus en plus nombreux à refuser ce classement : déjà sept Départements (Institut de Sociologie et d’Anthropologie,Département de sociologie et développement social, Départements de Science Politique, de Culture, d’Espagnol, d’Info Com, de Japonais) et de nombreux collègues dans l’ensemble des sites de l’Université de Lille.

      https://www.franceinter.fr/emissions/le-journal-de-7h30
      http://www.lavoixdunord.fr/347100/article/2018-03-29/des-enseignants-de-l-universite-de-lille-refusent-de-participer-au-clas
      https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/emissions/jt-1920-nord-pas-de-calais (à partir de 8 minutes environ)
      et la vidéo de la conférence de presse :https://www.pscp.tv/w/1lPJqnRQrrlxb

      Le Collectif des enseignant.e.s chercheur.e.s lillois.e.s pour l’égalité d’accès à l’université

    • Pourquoi s’opposer à Parcoursup ?

      Voici quelques éléments de réponse reçu d’une collègue qui elle-même a reçu d’un collègue le 05.04.2018 :

      1) Parcoursup est, qu’on le veuille ou non, un outil de sélection. Même si nous ne souhaitons pas faire de sélection, nous, à l’ARSH, l’outil est là à l’échelle nationale et ouvre la possibilité de le faire ; il est clair que certaines filières ou certains établissements vont s’en emparer (et les témoignages sur le site vers lequel conduit le lien que je vous ai envoyé sont explicites). La concurrence entre établissements est à prévoir à court terme. Nous sommes en train de prendre nos responsabilités à l’échelle nationale, pas simplement locale. Je tiens à ce que ce soit clair pour tout le monde.

      2) Le fonctionnement de l’outil n’est pas plus clair ni plus juste que celui d’APB : a) à cause du paramétrage local ; b) à cause de la correction par le Rectorat (selon des modalités opaques).

      3) L’outil n’empêche aucunement l’arbitraire le plus total dans le recrutement. (Là encore, je parle à l’échelle nationale, pas seulement de ce que nous nous apprêtons à faire ou non.)

      4) Les procédures à l’oeuvre dans les lycées en amont pour remplir Fiche Avenir, etc., sont elles-mêmes ouvertes au flou et à l’arbitraire. (Si l’on me répond qu’il faut faire confiance aux collègues du secondaire pour les remplir, je répondrais que l’évaluation nationale par l’examen du baccalauréat, préparé et corrigé par les collègues du secondaire, consistait précisément à leur faire confiance.)

      5) Le problème de l’outil, du paramétrage, etc. cache la misère des universités : diminution du nombre de postes ouverts au concours, tandis que le nombre d’étudiants augmentent (un rapport de 2015 prévoyait cette progression explicitement).

      6) Quand on comprime le nombre de postes alors que le nombre d’étudiants augmente, on prépare le terrain à une apparition de nouvelles « licences sous tension ».

      7) Actuellement, les « licences sous tension » concernent me semble-t-il 5% de l’effectif étudiant global. Mettre en place une procédure de sélection générale pour un problème qui concerne si peu de filières et d’étudiants paraît démesuré.

      8) Ce qu’on appelle « taux d’échec » n’est pas qu’un taux d’échec (mais inclut la réorientation, le mûrissement des projets, etc.). Il y a un taux d’évaporation normal en première année. Quand aux autres, il s’agit bien évidemment de les aider. Mais Parcoursup est une chose, le soutien aux étudiants qui en ont besoin en est une autre.

      Je rappelle également de nombreuses postures d’UFR et départements en France qui refuse la sélection.

      Par exemple :
      Université Paris Descartes

      UFR SHS, le département de sciences sociales « ne fera pas remonter de critères de classement et n’assumera pas la responsabilité de procéder au classement des candidatures. Il renvoie au rectorat la responsabilité et le soin de procéder à l’application de cette sélection. » (vote du 7 mars 2018, 28 votes pour, 1 contre et 1 abstention).

      UFR SHS, pour le département de Sciences de l’éducation idem.

    • L’Onisep menacé

      Message reçu via la mailing-list GeoTamTam, le 06.04.2018

      Mesdames, Messieurs,

      Les personnels de l’#Onisep, établissement public sous tutelle des ministères chargés de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur se mobilisent pour défendre le service public de l’orientation.

      Le gouvernement prévoit en effet de confier la compétence d’information sur l’orientation aux régions dès janvier 2019, d’après le projet de loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel », présenté en conseil des ministres le 18 avril prochain.

      Les délégations régionales de l’Onisep et leurs personnels seraient transférés aux régions. Les CIO seraient progressivement supprimés et les Psy EN affectés dans les EPLE.

      Ce qui est en jeu dans ce projet :

      – La neutralité de l’information : les régions auront tendance à valoriser les formations locales correspondant aux besoins économiques définis à court terme par les branches professionnelles suivant les besoins du moment.

      – L’égalité d’accès à l’information sur l’ensemble du territoire national. L’information donnée aux élèves, aux étudiants et à leurs familles s’arrêtera aux frontières régionales, ce qui est un non-sens à l’heure où les parcours de formation se réalisent à l’échelle nationale et internationale. Par ailleurs, cette information sera soumise aux changements et aléas politiques.

      – Le risque que l’orientation devienne un nouveau secteur marchand où fleuriront les « coaches en orientation » dans les espaces laissés libres par les CIO.

      Une autre dimension importante semble être ignorée dans ce projet : les délégations régionales déclinent en région académique les politiques éducatives nationales en matière d’information et d’orientation. Elles appuient les projets académiques portés par les recteurs, sous de multiples formes : publications dédiées ; conseils et appui aux équipes éducatives dans la mise en œuvre de leur mission d’aide à l’orientation des élèves (organisation de formations ; interventions sur sites ; mise à disposition des ressources documentaires et pédagogiques…).

      Ce démantèlement du service public d’information et d’orientation de l’Éducation nationale aura pour conséquence de priver les familles, les jeunes et les adultes d’un service de conseil et d’accompagnement gratuit, totalement neutre et accessible à tous.

    • Appel à une journée nationale de mobilisation et d’actions dans le supérieur et la recherche le 10 avril 2018

      Reçu via la mailing-list GeoTamTam, le 06.04.2018 :

      Le gouvernement doit entendre la colère qui monte, retirer la
      #loi_Vidal et répondre aux revendications du personnel du supérieur et de la recherche

      Paris, le 5 avril 2018

      Après le succès de la journée nationale de mobilisation du 22 mars dans la fonction publique qui a réuni plus de 400 000 manifestant.e.s dans toute la France, après celles des 3 et 4 avril avec la grève des cheminots et le soutien des étudiant.e.s et de toute une partie de la population, le nombre d’universités et d’établissements mobilisés pour le retrait de la loi Vidal-ORE et contre la plate-forme Parcoursup ne cesse de croître. À ce jour, des assemblées générales sont régulièrement organisées dans au moins 25 établissements et plusieurs d’entre eux sont bloqués ou occupés. Bientôt, une centaine de départements ou UFR se seront engagés à ne pas participer au tri social des dossiers des lycéen.ne.s et à accepter tous les bachelier/ière.s. Non seulement le gouvernement reste sourd aux revendications des étudiant.e.s et des travailleur/euse.s engagé.e.s dans ces mouvements, mais il ouvre d’autres chantiers de réformes qui apparaissent comme autant de provocations :
      ◼ les députés LREM, via la commission des finances de l’Assemblée nationale, viennent de passer commande à la Cour des comptes d’un rapport en vue d’augmenter les frais d’inscription à l’université ;
      ◼ la ministre de l’ESRI et le gouvernement entendent modifier l’arrêté licence avec les objectifs suivants : réviser à la baisse le nombre d’heures de formation, en finir avec la compensation des notes, individualiser les parcours, permettre des inscriptions « à la carte » au détriment des progressions pédagogiques, faire intervenir le monde « socio-économique » afin de « professionnaliser » ce diplôme, doubler l’évaluation des connaissances par la certification de « blocs de compétences »… Tout cela aura pour conséquence de casser les collectifs d’apprentissage et de mettre à mal le cadre national de la licence pour assujettir l’Université aux seules finalités économiques et du marché de l’emploi ;
      ◼ au travers des « chantiers de transformation publique » le gouvernement entend s’attaquer au statut de fonctionnaire pourtant garant de la liberté pédagogique, de l’indépendance de la recherche, de la qualification des agent.e.s et du service de l’intérêt général : il souhaite augmenter encore le recours aux contractuel.le.s, plus « flexibles », afin de diminuer le nombre d’agent.e.s sous statut et de recourir à de « nouvelles formes de contrat », ce qui pourrait bien se traduire par la mise en place du contrat de mission ; il souhaite individualiser encore plus les rémunérations en gelant le point d’indice pour tous les agent.e.s et en augmentant les primes données à une minorité ; il « offre » à celles et ceux qui refuseraient une mobilité forcée un « départ volontaire »…
      ◼ la ministre et le gouvernement remettent en cause les organismes nationaux de recherche, au travers des restructurations imposées et des politiques de site. Cette évolution est illustrée par les récentes propositions du jury des Idex validées par le Premier ministre qui permettraient aux président.e.s d’Idex d’amender les projets de budgets des institutions fondatrices et d’exercer un droit de veto sur le recrutement des enseignant.e.s-chercheur/euse.s, enseignant.e.s et chercheur/euse.s de ces mêmes institutions : soit une véritable mise sous tutelle des Idex, des différents établissements y compris des organismes nationaux de recherche, remettant en cause leur mission nationale de service public de la recherche.

      Toutes les lignes rouges que nos organisations avaient déjà explicitées lors de la pseudo-concertation des mois de septembre-octobre 2017 à propos de l’accès en premier cycle sont franchies et ce gouvernement, comme les précédents, refuse d’investir en proportion de l’augmentation, dont chacun devrait pourtant se féliciter, des effectifs dans l’ESR. Dans ce contexte, toutes ces réformes visent à casser la démocratisation en affaiblissant le service public, les statuts des fonctionnaires, et à ouvrir les missions de l’enseignement supérieur à un marché concurrentiel qui doit mener à une privatisation rampante. Elles conduisent à abandonner toute politique nationale de recherche. Les étudiant.e.s, les lycéen.ne.s et les personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche s’opposent à ces réformes et demandent au gouvernement de répondre à leurs revendications.

      LES ORGANISATIONS SOUSSIGNÉES EXIGENT :
      ◼ une augmentation des salaires ;
      ◼ l’abrogation du jour de carence ;
      ◼ la défense et la pérennisation du système de retraites par répartition et des régimes particuliers ;
      ◼ un plan pluriannuel de création d’emplois de fonctionnaires, enseignant.e.s-chercheur/euse.s, chercheur/euse.s, ingénieur.e.s, technicien.ne.s, personnels de bibliothèques et administratifs, à hauteur de 6 000 créations par an pendant dix ans ; et dès à présent, le dégel de tous les emplois vacants ;
      ◼ la fin de la politique de précarisation et la mise en place d’un plan de titularisation des contractuel.le.s et vacataires de l’ESR ;
      ◼ une réelle augmentation du financement public de l’ESR : 3 milliards d’euros par an pendant dix ans pour atteindre l’objectif de 1 % du PIB pour la recherche publique et de 2 % du PIB pour l’enseignement supérieur ;
      ◼ la préservation et la consolidation du statut général de la fonction publique ;
      ◼ un moratoire sur tous les processus d’expérimentation, de restructuration et de fusion d’établissements et organismes ;
      ◼ le maintien du baccalauréat comme diplôme national et premier grade universitaire, garantissant l’accès de toutes et tous les bachelier/ière.s sur tout le territoire aux filières post-bac et aux établissements de leur choix ;
      ◼ l’abandon de l’instauration de blocs de compétences en lieu et place des diplômes et des qualifications ;
      ◼ l’abandon du projet de loi sur le premier cycle post-bac, l’ouverture de places supplémentaires et le refus de toute sélection à l’entrée à l’université.

      AUSSI NOS ORGANISATIONS APPELLENT-ELLES :
      ➔ à organiser des assemblées générales dans tous les établissements afin de débattre des modalités d’actions locales et des suites à donner ;
      ➔ à construire en convergence avec les autres secteurs en lutte des actions dans la durée pour la défense des services publics et de nos statuts ;
      ➔ à définir les modalités d’action pour lutter contre toutes les formes de restructurations actuellement en cours dans l’enseignement supérieur et la recherche publics ;
      ➔ à organiser une journée nationale d’action et de manifestation, le mardi 10 avril 2018, contre la loi Vidal-ORE, sa plate-forme Parcoursup et contre tous les projets de démantèlement et de marchandisation de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la recherche. CGT FERC-SUP,

      SNTRS-CGT, CGT-INRA, SNASUB-FSU, SNCS-FSU, SNESUP-FSU, SNEP-FSU, SNETAP-FSU, SLU, SOLIDAIRES ÉTUDIANT.E.S, SUD ÉDUCATION, SUD RECHERCHE EPST, UNEF, FIDL, SGL, UNL

    • Sur Parcoursup-12 points

      Message de Sarah Mekdjian, reçu par email le 09.04.2018 via la mailing-list GeoTamTam:

      Alors que les contestations contre Parcousup s’intensifient, je me permets de partager avec vous 12 points d’analyse relatifs à cette réforme -je m’excuse d’avance pour les collègues qui ne sont pas en France- :

      1) Le fonctionnement de l’outil n’est pas plus clair ni plus juste que celui d’#APB : a) à cause du paramétrage local ; b) à cause de la correction par le Rectorat (selon des modalités opaques).

      2) L’outil n’empêche aucunement l’#arbitraire le plus total dans le recrutement. Là où il est annoncé un « #classement » (i.e « #sélection ») « qualitative » et au « mérite », les algorithmes locaux et tous différents ne permettent aucune appréciation qualitative des candidatures.

      3) Les procédures à l’oeuvre dans les lycées en amont pour remplir #Fiche_Avenir, etc., sont elles-mêmes ouvertes au flou et à l’arbitraire. (Si l’on répond qu’il faut faire confiance aux collègues du secondaire pour les remplir, je répondrais que l’évaluation nationale par l’examen du baccalauréat, préparé et corrigé par les collègues du secondaire, consistait précisément à leur faire confiance.)

      4) Le problème de l’outil, du paramétrage, etc. cache la misère des universités : diminution du nombre de postes ouverts au concours, tandis que le nombre d’étudiants augmentent (un rapport de 2015 prévoyait cette progression explicitement).

      5) Quand on comprime le nombre de postes alors que le nombre d’étudiants augmente, on prépare le terrain à une apparition de nouvelles « #licences_sous_tension ».

      6) Actuellement, les « licences sous tension » concernent environ 5% de l’effectif étudiant global. Mettre en place une procédure de sélection générale pour un problème qui concerne si peu de filières et d’étudiants paraît démesuré.

      7) Ce qu’on appelle « #taux_d'échec » n’est pas qu’un taux d’#échec (mais inclut la #réorientation, le mûrissement des projets, etc.). Il y a un taux d’évaporation normal en première année. Quand aux autres, il s’agit bien évidemment de les aider. Mais Parcoursup est une chose, le soutien aux étudiants qui en ont besoin en est une autre.

      8) Sélectionner les étudiant.e.s dès la Première revient à écarter des profils d’étudiant.e.s qui peuvent mûrir plus tard et à un autre rythme.

      9) Parcoursup est un outil de #marginalisation avancée des élèves qui sortent des bacs technologiques (possibilité de paramétrer l’#algorithme pour favoriser telle ou telle filière du bac), des élèves aux parcours non-linéaires, étudiant.e.s, personnes en reprise d’étude, personnes étrangères ayant fait une partie de leurs parcours ailleurs, et qui avaient jusque là encore le droit de choisir l’université pour se cultiver, apprendre dans des horizons disciplinaires différents, mûrir leurs parcours autrement ;

      10) En favorisant la mise en concurrence des étudiants comme des formations, plus ou moins sélectives parce que plus ou moins attractives, ce plan acte la mise en place d’un marché de l’enseignement supérieur. Chaque lycéen, autoentrepreneur de son #parcours_scolaire, doit faire en sorte de se faire recruter par une #formation.

      11) Les formations pour les « #oui_si » quand elles sont financées relèvent de fonds qui ne sont pas pérennes, tandis que les moyens structurels (les postes notamment) sont toujours soumis à la loi d’airain de l’ « austérité » présentée comme une « nécessité historique », alors qu’elle relève bien sûr de choix politiques contestables.

      12) Un autre choix est possible : la dernière explosion en date du nombre de bacheliers s’était traduite en 1991 par exemple par le plan #U2000, créant huit nouvelles universités dont quatre en Ile-de-France. Aujourd’hui, le gouvernement choisit une option qui se traduira par une marginalisation des bacheliers scolairement les plus faibles.

      Enfin, présenter Parcoursup comme un outil purement gestionnaire est particulièrement contestable ; Parcoursup relève d’abord d’un choix politique : celui de rendre le #service_public de l’enseignement sélectif, sur la base d’une mise en #concurrence des universités, des formations et des étudiant.e.s. Il s’agit d’une nouvelle mesure politique d’une réduction du service public, réduit à un marché.

    • Université du Mans : le vrai visage de Parcoursup

      Addendum [10 avril 2018 au soir] : Suite à la publication de cet article, un communiqué de l’Université du Mans est venu apporter un contre point à ce qui est décrit ci dessous. Nous avons effectué quelques modifications mineures suite à ce communiqué (voir les passages entre […]).

      Au final, il apparaît donc que la présidence de l’Université du Mans s’est clairement prononcée contre la sélection universitaire – mais qu’au niveau de l’UFR Sciences, certaines personnes ont fait du zèle dans leur présentation sur comment utiliser le logiciel de sélection… Par ailleurs ce que nous avons lu comme des « ordres » ne devrait finalement être interprété que comme des « incitations » de la part de ces sélectionneurs zélés. Faut-il en être soulagé ?

      https://obs-selection.rogueesr.fr/universite-du-mans-le-vrai-visage-de-parcoursup

    • #Observatoire de la sélection universitaire

      Ce site est un espace de témoignage. Il vise à offrir un regard sur les coulisses de Parcoursup et sur la manière dont la sélection des étudiant.e.s est effectuée.

      Nous faisons appel à vous, universitaires et à vous, enseignant.es du secondaire.

      Vous allez participer, de gré ou de force, à cette sélection. Comment allez-vous procéder pour classer des milliers de dossiers ? Avec quels moyens humains ? Sur quels critères ? Quels sont les algorithmes utilisés ? Témoignez ! Que vous soyez professionnel.le au lycée ou à l’université, vous aiderez les lycéen.ne.s à comprendre le fonctionnement de cette procédure pour l’instant extrêmement opaque. Grâce à votre témoignage, elles et ils seront mieux armé.e.s pour y faire face, voire pour demander sa modification ou son retrait.

      https://obs-selection.rogueesr.fr

    • Nous, universitaires, soutenons et accompagnons les étudiants dans leur contestation de la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE) et de Parcoursup

      Nous, universitaires*, soutenons et accompagnons les étudiants dans leur contestation de la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE) et de Parcoursup depuis le début de leur mouvement. Notre prise de position s’explique d’abord par notre rejet de toute forme de sélection à l’entrée de l’université. Or, la nouvelle loi instaure une sélection hypocrite : d’un côté, les responsables gouvernementaux refusent catégoriquement d’utiliser ce mot, mais de l’autre, on nous demande de classer les candidatures de sorte qu’un couperet tombera une fois les capacités d’accueil des filières saturées.

      Le gouvernement défend sa loi en invoquant une politique d’orientation destinée à pallier les échecs en premier cycle. Mais il ne donne aucun moyen pour mettre en place les cours de mise à niveau dont il annonce unilatéralement la mise en place. L’affirmation récente de Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, qui évoque un milliard d’euros destiné à la refonte du premier cycle est une « fake news » – c’est-à-dire, en réalité et en français, une propagande. Un milliard d’euros représente 7,5% du budget total 2018 de l’Enseignement supérieur (13,4 milliards d’euros). Une dotation supplémentaire d’un milliard d’euros, rien que pour le premier cycle, devrait être largement visible, ce qui n’est pas le cas. Et à notre connaissance, aucune loi rectificative du budget n’est annoncée.

      Autre argument utilisé par le gouvernement : rien ne serait pire que le tirage au sort pratiqué l’année dernière via le logiciel admission post-bac (APB) pour 1% des bacheliers dans les filières en tension. En réalité, le système APB a révélé l’impossibilité d’accueillir tous les étudiants faute de place et de moyens. En juillet 2017, le ministère a reconnu que 87 000 demandes d’inscription n’étaient pas satisfaites, soit plus du quart du total des nouveaux entrants à l’université en 2016 ! Le fait qu’un mode de sélection (sur dossier, pour tous les bacheliers) se substitue à un autre a pour objectif presque avoué de différer, sinon d’écarter dans l’immédiat, un certain nombre de candidats.

      Le problème posé par le nombre de candidatures n’a pas disparu. Au contraire, on sait, pour des raisons démographiques, qu’il va se tendre davantage. L’année 2018-2019 correspond au baby-boom de l’an 2000, et se traduit par une explosion démographique prévisible depuis longtemps. Le gouvernement préfère la sélection au financement des universités à la hauteur des besoins. Or, toute la politique du gouvernement est fondée sur la volonté de ne pas donner davantage de moyens à l’Enseignement supérieur malgré les difficultés auxquelles il est confronté depuis des années.

      Si nous soutenons les étudiants, c’est enfin parce nous assistons impuissants, à une inexorable dégradation de l’enseignement supérieur depuis une vingtaine d’années. Les dix dernières années ont été marquées par la réduction drastique des budgets et le gel des créations de postes à l’université. N’oublions pas que la Loi LRU de 2008 [Loi relative aux libertés et responsabilités des universités] a donné lieu en 2009 à une grève de plusieurs semaines dans l’enseignement supérieur, la plus longue jamais enregistrée. Depuis, la situation n’a cessé d’empirer. Le service public de l’enseignement supérieur se dégrade autant, sinon plus, que celui du transport ferroviaire ou des hôpitaux.

      Il serait vain, nous dit-on, d’accueillir davantage d’étudiants à l’université dès lors qu’ils n’ont pas le niveau. Ce serait un gaspillage des deniers publics ! Mais la finalité de l’éducation nationale n’est-elle pas d’éduquer et de former ? Ce qui fait la noblesse de notre métier n’est-il pas d’élever le niveau de ceux qui ne l’ont pas, c’est-à-dire pas encore ? Quel serait notre rôle s’il s’agissait seulement de dispenser des cours à ceux qui n’ont aucun problème et qui ont la chance d’avoir le niveau et d’être doués pour les études supérieures ? Qui prétendrait avoir trouvé son chemin à 16 ans ou 18 ans comme l’imposent Parcoursup et la loi ORE ?

      L’université est un formidable révélateur de talents, un lieu où s’expérimente l’autonomie, où se développe l’esprit critique. Bon nombre d’étudiants qui ont fait des études brillantes à l’université n’étaient pas des élèves remarquables dans le secondaire et n’ont pas eu une bonne mention au baccalauréat. Auraient-ils été retenus si la sélection s’était appliquée alors ? Pourquoi devrions-nous abandonner ce vivier et renoncer, par une sélection absurde, à donner leur chance à tous ceux qui ont le degré minimum, à savoir le baccalauréat ? La France est-elle riche à ce point de talents avérés pour que les enseignants renoncent à leur vocation première : former, éduquer et faire progresser vers les meilleurs niveaux ?

      Nous appelons les enseignants du second degré, les lycéens, les parents d’élèves, et tous les citoyens à soutenir notre action en signant cette #pétition !

      http://www.parcourssup.eu

    • Thomas Piketty : « Parcoursup : peut mieux faire »

      Chaque société a besoin d’un grand récit pour justifier ses inégalités. Dans les sociétés contemporaines, il s’agit du récit méritocratique : l’inégalité moderne est juste, car elle découle d’un processus librement choisi où chacun a les mêmes chances. Le problème est qu’il existe un gouffre béant entre les proclamations méritocratiques officielles et la réalité.

      Aux Etats-Unis, les chances d’accès à l’enseignement supérieur sont presque entièrement déterminées par le revenu des parents : elles sont d’à peine 20 % pour les 10 % les plus pauvres, et dépassent 90 % pour les 10 % les plus riches. Encore faut-il préciser qu’il ne s’agit pas du tout du même enseignement supérieur dans les deux cas. Il est possible que les choses soient un peu moins extrêmes en France. Mais en vérité on ne sait pas très bien, car il est impossible d’accéder aux mêmes données.
      « Malheureusement, il est à craindre que tout cela ne fasse que renforcer l’inégalité et l’opacité du système »

      Dans un tel contexte, la réforme française du système d’affectation des étudiants, avec le passage de la plateforme APB à Parcoursup, est potentiellement pleine de promesses. Malheureusement, il est à craindre que tout cela ne fasse que renforcer l’inégalité et l’opacité du système. Précisons d’emblée que la prise en compte des notes, des séries et du dossier scolaire dans les admissions universitaires (principale nouveauté de Parcoursup) n’est pas forcément une mauvaise chose en soi.

      A partir du moment où les notes sont prises en compte depuis toujours pour les admissions en classes préparatoires (dans le cadre d’#APB comme de Parcoursup), ce que personne ne semble remettre en cause, on voit mal pourquoi elles ne joueraient aucun rôle pour les universités. Certes, les notes ne sont pas toujours justes, et le système de notation lui-même doit être repensé. Mais elles contiennent tout de même un peu d’information utile, a priori davantage que le tirage...

      http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/02/10/thomas-piketty-parcoursup-peut-mieux-faire_5254719_3232.html

    • Message de la CGT Grenoble :
      Personnels, étudiant·e·s : ne nous laissons pas diviser !

      Sur le campus de Grenoble, les étudiant·e·s sont entré·e·s en lutte contre la loi ORE et son application à l’UGA.

      Il paraît clair, au vu des décisions et communications de ces derniers jours, que la présidence de l’UGA travaille activement à l’épuisement de ce mouvement étudiant, par tous les moyens imaginables : pressions, menaces, divisions de toutes sortes, désinformation.

      La CGT FERCSup Grenoble rappelle sa solidarité et son soutien aux étudiant·e·s mobilisé·e·s. La grève et les piquets de grèves sont des moyens d’actions pacifiques et légitimes. Ce qui nous paraît insupportable en revanche, c’est de voir des étudiant·e·s, usagèr·e·s de notre service public, ou des collègues, matraqué·e·s, blessé·e·s, hospitalisé·e·s pour avoir voulu manifester leurs opinions.

      Dans ce contexte, nous sommes particulièrement solidaires des personnels dont les conditions de travail, déjà fortement dégradées par les réformes, fusions et réorganisations successives, sont aujourd’hui impactées du fait du mouvement étudiant. Dans sa stratégie d’épuisement et d’opposition systématique des personnels aux étudiants et des étudiants aux personnels (déplacement massif de cours, instabilité des services, tournées nocturnes systématiques en vue de déblocages de bâtiments), la présidence joue un jeu dangereux pour le personnel de l’UGA. D’une part, en augmentant de manière très alarmante la charge de travail de certains personnels. D’autre part, en réquisitionnant les personnels ou des agents extérieurs pour débloquer les bâtiments par la force, parfois même la nuit. Ceux-ci se trouvent mis en porte à faux avec leurs missions. La présidence orchestre une situation de confrontation dangereuse pour les personnels et les étudiants.

      Personnels de l’université, notre mission première n’est pas de nous opposer aux étudiant·e·s. La mobilisation des personnels, syndicalistes et élues mardi soir a d’ailleurs fait reculer la présidence sur l’intervention des forces de l’ordre pour évacuer le CLV occupé, et permis l’apaisement de la situation pour le moment.

      Collectivement, nous pouvons réfléchir et agir, pour ne pas se retrouver seul face aux injonctions de nos directions, et plus largement pour contrer les réformes qui nous empêchent de faire correctement notre travail. Nous vous proposons de venir en discuter à l’assemblée générale des personnels ce midi.

      Reçu par email, le 12.04.2018

    • La réforme Macron de l’université

      Alors que l’université accueille les enfants de la démocratisation scolaire, la réforme Macron permet aux établissements d’enseignement supérieur de sélectionner leurs étudiants. Défendant l’université comme lieu de formation et de recherches, S. Beaud et M. Millet invitent à s’interroger sur le sens de la poursuite d’études dans une société démocratique.

      http://www.laviedesidees.fr/La-reforme-Macron-de-l-universite.html

    • Mariage pour tous – à propos de l’#algorithme de Parcoursup

      Comment faire pour que se correspondent les préférences des étudiants et les préférences des universités ? #APB s’appuyait sur le modèle du « mariage collectif » des mathématiciens Gale et Shapley (qui marier avec qui ? peut-on rester non marié ?), dans lequel les femmes (les étudiants) proposent et les hommes (les facs) disposent. Est-ce la même chose avec Parcoursup ? Alors que les premières réponses parviennent ce 22 mai aux candidats qui y ont inscrit leurs vœux, revenons sur le problème du choix algorithmique et de ce qu’il implique.

      https://aoc.media/opinion/2018/05/21/mariage-a-propos-de-lalgorithme-de-parcoursup

    • Voici une proposition de loi enregistrée à la présidence du Sénat le 17 mai 2018 qui vise à pénaliser (jusqu’à 1 an emprisonnement, 7500 euros d’amende) les blocages des examens dans le cas d’un mouvement social :
      https://www.senat.fr/leg/ppl17-485.html

      Après l’article 431-22 du code pénal, il est inséré un article 431-22-1 ainsi rédigé :

      « Art. L. 431-22-1. - Le fait de pénétrer ou de se maintenir dans l’enceinte d’un établissement d’enseignement supérieur sans y être habilité en vertu de dispositions législatives ou réglementaires ou sans y avoir été autorisé par les autorités compétentes, dans le but d’entraver l’organisation de l’examen terminal universitaire permettant d’apprécier les aptitudes et l’acquisition des connaissances mentionné à l’article L. 613-1 du code de l’éducation, est puni d’un an d’emprisonnement et de 7 500 € d’amende. »

      https://www.publicsenat.fr/article/societe/des-senateurs-veulent-sanctionner-penalement-les-bloqueurs-dans-les-univ

    • Christine Jarrige : « On se dirige vers la fin du #service_public de l’#orientation_scolaire »

      Les centres d’information et d’orientation sont menacés, selon les syndicats, par un article du projet de loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel », examiné cette semaine à l’Assemblée nationale. Cette réforme prévoit le transfert de leurs compétences aux régions. Christine Jarrige, conseillère d’orientation-psychologue en Seine-Saint-Denis et membre du collectif des psychologues du Snes-FSU, revient sur l’inquiétude de ses confrères.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/150618/christine-jarrige-se-dirige-vers-la-fin-du-service-public-de-l-orientation

    • Idéologique, injuste, infaisable : Parcoursup, largement refusé, va-t-il imploser ?

      La plateforme « Parcoursup » d’admission à l’Université fait l’objet de fortes critiques. Au moment où les demandes sont transmises aux universités pour réponse sous 6 semaines, de nombreux universitaires, départements, UFR et même universités entières refusent de le mettre en œuvre, soutenus par la plupart des syndicats du secondaire et du supérieur. Pourquoi ? Et si « Parcoursup » implosait ?

      https://blogs.mediapart.fr/philippe-blanchet/blog/070418/ideologique-injuste-infaisable-parcoursup-largement-refuse-va-t-il-i

    • Les universités britanniques contre la #marchandisation_du_savoir

      Au moment où, en France, le mouvement contre l’actuelle réforme de l’accès aux études supérieures prend de l’ampleur et que les blocages se multiplient, les universités britanniques connaissent une grève sans précédent. Les personnels enseignants et chercheurs protestent contre la remise en cause radicale du système des retraites. Mais ce qui se joue là, comme ailleurs, c’est d’abord une lutte contre la marchandisation du savoir, synonyme de dégradation des conditions de travail et d’appauvrissement généralisé.


      Depuis le 26 février, la quasi-totalité des universités britanniques est en grève : 65 universités sur 68 ont en effet cessé les enseignements et la recherche. Le personnel administratif et les bibliothécaires se sont joints au mouvement de protestation. Il s’agit d’une grève en défense des retraites qui concerne l’ensemble du personnel employé dans l’enseignement supérieur. Elle a été déclenchée à la suite de l’échec des négociations entre University UK (UUK), une structure indépendante qui représente les présidences des universités et Universities and Colleges Union (UCU), le principal syndicat des enseignants et du personnel administratif au sein de l’université. Une troisième partie est pour le moment restée en retrait : le Universities Superannuation Scheme (USS), qui est l’organisme chargé de gérer au quotidien les retraites dans le secteur.
      Le point de désaccord porte sur une remise en cause radicale du système des retraites. UUK, invoquant un déficit de 7 milliards d’euros de la caisse des retraites, veut mettre un terme au régime actuel. Le montant des retraites est indexé au salaire final, ce qui garantit une retraite stable et à un niveau décent (defined benefit pension). UUK veut lui substituer un système beaucoup moins favorable qui prévoit que le montant des retraites ne sera plus garanti. Celui-ci dépendra des fluctuations des marchés boursiers. Ce changement aboutit à la privatisation totale des retraites et à un appauvrissement des retraité.e.s de l’enseignement supérieur.

      L’inquiétude est réelle chez les plus jeunes collègues, chez les thèsard.e.s qui se destinent à une carrière universitaire : à quoi bon étudier longtemps dans un environnement sélectif pour toucher une retraite de misère ?
      Selon une étude de UCU, la perte en revenus serait en moyenne de 12 000 euros par an pour chaque enseignant.e. C’est une moyenne car un.e universitaire âgé.e d’une quarantaine d’années pourrait perdre entre 14 000 et 18 000 euros. Un.e maître.sse de conférences qui a débuté sa carrière en 2007 pourrait ne recevoir que 7.000 euros de retraite annuelle si le nouveau régime était adopté. Ajoutons à cela le problème du gel des salaires : ceux des universitaires n’ont augmenté que d’1 % sur les 10 dernières années. Mais le recul du pouvoir d’achat ne concerne pas tout le monde. Le dirigeant le mieux payé de UUK a perçu une augmentation de salaire de 50% en 2014. Il gagne plus d’1 million d’euros par an.
      Pour certain.es membres de la profession, ce coup de force est si désastreux qu’il remet en cause le fait même de pouvoir prendre sa retraite. L’inquiétude est réelle chez les plus jeunes collègues, chez les thèsard.e.s qui se destinent à une carrière universitaire : à quoi bon étudier longtemps dans un environnement sélectif pour toucher une retraite de misère ? Les conditions statutaires des universitaires au Royaume-Uni se sont dégradées en deux temps : à partir des années 80, leur pouvoir d’achat a sensiblement baissé. Il n’a jamais été revalorisé depuis. Dans les années 90, les méthodes du management du privé ont été introduites au motif de « professionnaliser » les pratiques (multiplication des audits et développement de la bureaucratie autour des tâches d’enseignement et de recherche, transfert de tâches administratives jusqu’alors assurées par des adminstrateur.ice.s aux universitaires). Les enseignant.e.s du supérieur doivent effectuer 35 heures de travail par semaine. Des études ont montré que si le corps enseignant s’en tenait à ce plafond légal, un tiers de leur travail hebdomadaire ne pourrait être effectué. Les universitaires travaillent donc gratuitement des centaines d’heures chaque année en connaissance de cause.
      Dans l’université britannique, en partie privatisée, il est difficile de décrocher un poste, les charges d’administration sont importantes et l’impératif de publication et d’obtention de bourses de recherche accentuent le stress général. Les conditions de travail et d’enseignement sont certes meilleures que dans la plupart des universités continentales, notamment la France (infrastructure moderne, bureau personnel, etc.). Étant données les cadences de travail et l’érosion continuelle des salaires, les retraites fixées à un niveau décent garantissent à toutes et à tous une vieillesse à l’abri du besoin. Cette réforme menace de détruire ce dernier « conquis » universitaire. D’où l’émoi et la colère générale.

      C’est sur la base de données chiffrées fallacieuses que UUK a prescrit la fin du système de retraite garantie et plongé l’université dans l’une des plus grandes crises de son histoire.
      Les universitaires britanniques sont traditionnellement peu enclin.e.s à faire grève. Mes collègues estiment que faire grève, c’est pénaliser injustement les étudiant.e.s et affaiblir leur position dans un paysage universitaire précarisé. Les postes à vie (tenured positions) sont devenus hypothétiques de nos jours. On peut perdre son emploi du jour au lendemain si l’institution considère que le département ou l’emploi lui-même n’est plus économiquement « viable ».
      Dans une évaluation contestée par UCU, UUK a affirmé que la caisse des retraites USS était en déficit à hauteur de 7 milliards d’euros. Les experts du syndicat ont estimé que ce chiffre était fantaisiste et qu’il n’y avait, de fait, aucun déficit. Une étude indépendante a montré que les recettes (paiement des cotisations) étaient supérieures aux dépenses (paiement des retraites). La majorité des contributeurs au fonds de pension USS sont dans les premières années de leur carrière. Le fond ne risque donc pas de se tarir. La question du « déficit » repose sur une hypothèse chiffrée totalement improbable : celle de la faillite et de la fermeture simultanée de l’ensemble des universités du pays. Autant dire que pour qu’une telle hypothèse se vérifie, il faudrait compter avec une attaque nucléaire sur le Royaume-Uni. C’est donc sur la base de données chiffrées fallacieuses que UUK a prescrit la fin du système de retraite garantie et plongé l’université dans l’une des plus grandes crises de son histoire.
      D’autres observateur.ice.s ont noté que le montant du « déficit » (en toute mauvaise foi invoqué par UUK) correspond au montant des réductions de cotisation des universités à la caisse des retraites depuis 20 ans. À partir de 1997, les présidences d’université ne paient plus que 1 4% du montant des salaires alors qu’autrefois elles s’acquittaient de 18,55 %. Il suffirait donc de revenir aux versements antérieurs pour retrouver un équilibre (qui existe déjà sans cela).
      Une consultation des universités a été organisée mais elle a été entachée d’irrégularités graves. Parmi les 42 % de réponses d’institutions qui souhaitaient prendre « moins de risque » (c’est-à-dire qui acceptent la privatisation des retraites), les réponses d’Oxford et de Cambridge comptèrent pour une voix chacune alors que ces institutions ne sont pas des membres individuels, mais une structure fédérale rassemblant plusieurs Colleges. Cette autre manipulation douteuse a eu pour effet de faire monter à 42 % le score des institutions favorables au projet proposé par UUK, alors que le score réel était de 33 %. UUK a décidé de passer outre les réponses largement défavorables à sa proposition et d’imposer la réforme controversée.
      Depuis le début de la grève, une vingtaine de présidents d’universités (Provosts, Chancellors ou Vice-Chancellors) ont mis en garde publiquement UUK contre une réforme des retraites qui est rejetée par l’ensemble du personnel universitaire. Certain.e.s dirigeant.e.s d’institutions avaient dans un premier temps apporté leur soutien au projet de UUK avant de changer d’avis devant l’ampleur de la colère des universitaires.

      Les piquets de grève sont fournis, combatifs et joyeux, en dépit de températures souvent glaciales.
      UUK a sous-estimé l’opposition à son projet. La grève est massivement suivie depuis un mois. Les dernières semaines de cours de l’année académique ont été annulées ou largement perturbées. Les piquets de grève sont fournis, combatifs et joyeux, en dépit de températures souvent glaciales. Les collègues organisent des teach-outs, des cours improvisés et politisés dans la rue, dans les pubs, partout où ils/elles peuvent se réfugier. Après deux semaines de grève, UUK a fait parvenir à UCU un autre projet qui a été accepté par la direction du syndicat. Soumis au vote de ses membres, ce texte, au contenu vague, a été jugé insuffisant et unanimement rejeté. Sur Twitter des hashtags sont apparus : #NoCapitulation, #RejectUUKDeal, #Solidarity ou encore #TheStrikeGoesOn.
      UUK, par sa brutalité et son arrogance, est parvenu à radicaliser et à unifier une profession traditionnellement peu combative. Le 28 mars, la direction modérée de UCU, en dépit de l’opposition de la majorité des membres, a imposé la mise au vote d’une nouvelle proposition de UUK prévoyant la mise en place d’un comité bipartite chargé de résoudre le conflit. Une fois de plus, la proposition de UUK a été jugée ambiguë et insuffisante au regard de la revendication principale des grévistes : le maintien d’un niveau de retraite garanti. Entre UUK et le monde universitaire, la confiance est totalement rompue.
      UUK a enfin mal évalué la réaction des étudiant.e.s. Ceux.lles-ci sont décu.e.s de l’annulation des cours, mais ils/elles ont bien compris les raisons de la grève : comment l’université pourrait-elle recruter des enseignant.e.s ou des chercheur.se.s de qualité en leur promettant de telles retraites ? Le premier jour de la grève, mes collègues et moi avons reçu un email de soutien très chaleureux signé par plus des deux tiers des étudiant.e.s de mon département. Des étudiant.e.s se sont joint.e.s au piquets de grève, ont apporté aux grévistes des boissons chaudes et de la nourriture ou encore ont occupé l’université nuit et jour en solidarité avec les grévistes. Nombre d’entre-eux/elles refusent la privatisation des études.

      L’université apparaît aujourd’hui comme l’un des derniers îlots de résistance dans un pays où les systèmes de retraite misérables et aléatoires sont devenus la norme.
      Le mouvement de privatisation des retraites au Royaume-Uni n’est pas nouveau. L’université apparaît aujourd’hui comme l’un des derniers îlots de résistance dans un pays où les systèmes de retraite misérables et aléatoires sont devenus la norme. Il y a 25 ans, 8 millions de salarié.e.s bénéficiaient de retraites indexées sur le salaire final. Aujourd’hui, près de 6 millions ont des retraites soumis aux aléas des marchés boursiers. Si les salarié.e.s savent ce qu’ils/elles versent à leur caisse de retraite, ils/elles ne peuvent connaître le montant réel de leur retraite quand ils/elles cesseront leur activité professionnelle.
      Cette évolution s’explique par l’affaiblissement des syndicats dans le secteur privé à partir des années 80. Les employeurs ont profité du nouveau rapport de force pour progressivement baisser le montant de leur cotisation et accroître leurs gains. Les retraites qui dépendent des cotations en bourse coûtent moins cher à l’employeur puisque sa cotisation est largement réduite. On estime qu’un employeur contribue en moyenne à hauteur de 15 % des revenus dans un système de retraite garanti, contre seulement 3 % dans un système privatisé. Les risques sont maintenant presque totalement transférés aux salarié.e.s. Mieux vaut, dans ces conditions, ne pas prendre sa retraite pendant un cycle de récession économique ou après un krach financier comme celui de 2008.
      À partir des gouvernements Thatcher, la machine de propagande s’est mise en marche : les retraites à montant garanti seraient trop « généreuses » et trop « onéreuses ». En outre, la privatisation des retraites a été présentée comme une « liberté » accordée aux travailleur.se.s. Les salarié.e.s. pourraient choisir de confier leur argent à des fonds de pension qui auraient à cœur d’investir dans les « meilleurs » portefeuilles d’action. Cette « liberté » est bien sûr une illusion totale étant donnée la complexité des choix à opérer. Dans la plupart des cas, les individus s’en remettent aveuglément aux décisions opaques des fonds de pension. Autrement dit, les salarié.e.s jouent leur argent et leur retraite à la roulette.
      Le secteur public, sous la pression des conservateurs et de la presse de droite (et avec l’aval du New Labour de Tony Blair) s’est peu à peu aligné sur le privé. L’argument est bien rodé : en temps de crise économique, les salaires du privé et du public sont quasiment identiques. Le personnel du public, qui bénéficie (en principe) de la sécurité de l’emploi, jouirait de retraites « généreuses » qui seraient devenues « injustifiables » auprès des contribuables britanniques. Il s’agit donc de niveler par le bas et de donner à tous et toutes des retraites de misère.
      La remise en cause des retraites des universitaires participe d’une tentative de transformation générale de l’enseignement supérieur ; une transformation de son fonctionnement, mais aussi de ses objectifs principaux. Les frais de scolarité, introduits en 1998 par Tony Blair, sont plafonnés aujourd’hui à 10.000 euros par an (£9.250). Les présidences d’université les plus riches et prestigieuses (Oxford, Cambridge, Imperial College, UCL, LSE, etc.) souhaitent depuis plusieurs années que ce plafonnement légal soit retiré. Il s’agirait alors, dans la logique de la Ivy League étatsunienne, de fixer des frais d’inscription aussi élevés que les familles les plus riches seraient disposées à payer. Les universités moins réputées devraient se contenter de frais de scolarité inférieurs, ce qui aurait pour effet de davantage creuser les inégalités de ressource entre universités de renommée internationale et le reste des établissements.
      La marchandisation rampante et le consumérisme estudiantin sont le fruit de décisions politiques prises au cours des trente dernières années et qui ont culminé avec la publication du Higher Education and Research Act de 2017. Le gouvernement conservateur a alors officiellement reconnu que l’université n’était plus seulement un lieu d’apprentissage critique et de travail intellectuel, mais aussi un espace marchand dans lequel divers pourvoyeurs de services (les universités) sont en compétition pour gagner les ressources disponibles (financement de l’État, bourses de recherche et frais d’inscription payés au prix fort par les étudiant.e.s).

      Certain.e.s étudiant.e.s ont le sentiment d’acheter un diplôme et ces « client.e.s » attendent de leur institution qu’elle accomplisse avec professionnalisme et célérité ses devoirs à leur égard.
      La question des frais d’inscription a radicalement changé les mentalités au sein de l’université. Certain.e.s étudiant.e.s ont le sentiment d’acheter un diplôme. Ces « client.e.s » attendent de leur institution qu’elle accomplisse avec professionnalisme et célérité ses devoirs à leur égard : un professeur par trop « exigeant » dans ses notations ou sur le plan de la charge de travail sera parfois critiqué par des étudiants. Les demandes de rencontres personnalisées (one to one tutorials) se multiplient. Des étudiant.e.s attendent une réponse rapide à leurs emails, y compris le weekend. Cette pression générale culmine avec la publication annuelle du National Student Survey, introduit en 2005. Ce questionnaire est rempli en ligne. Le gouvernement souhaite savoir si ces « étudiant.e.s-consommateur.ice.s » sont « satisfaits de leur expérience » universitaire. Aucun des « services » n’est laissé à l’écart : qualité des enseignements, disponibilité du corps enseignant, célérité dans la remise des devoirs écrits, qualité du feedback, des services administratifs, de l’infrastructure mais aussi, last but not least, qualité des services « récréatifs » sur le campus (sociétés savantes, sports, activités culturelles, conférences, voyages, etc.).
      Il suffit, dans un département, qu’une poignée d’étudiant.e.s « déçu.e.s » note sévèrement ces services pour que la note générale baisse fortement. Mon département en sciences sociales et politiques européennes a connu cette mésaventure il y a deux ans après avoir obtenu des scores élevés les années précédentes. Pourtant, le personnel enseignant et administratif était le même et notre enthousiasme à la tâche identique. Avec le chef de département, j’ai été convoqué par des bureaucrates de l’université à de nombreuses réunions où nous étions censés expliquer les raisons de cette « chute ». Nous devions proposer des mesures pour veiller à ce que cette « contre-performance » ne se renouvelle pas. Nous étions conscients que ces résultats tenaient au mécontentement ponctuel d’une minorité active, et nous n’avions aucune mesure académique à proposer pour y remédier. Nous avons dû cependant jouer le jeu et promettre des « réformes ». L’une d’entre elles consistait à inviter nos étudiants de dernière année à boire un verre au pub (aux frais du département) une fois par mois pour « discuter dans un cadre amical de questions en rapport avec les enseignements ». Cette proposition démagogique fut accueillie très favorablement par les bureaucrates de mon institution. Cette année-là, le taux de satisfaction des étudiant.e.s atteignit un niveau record.
      On peut, à ce stade, se demander pourquoi les président.e.s d’université maltraitent des employé.e.s qualifié.e.s dont ils/elles ont le plus grand besoin pour maintenir la bonne réputation de leur établissement. La raison est aussi simple qu’insidieuse : pour pouvoir être accueillantes, modernes et richement dotées en services divers, les universités ont besoin d’énormément d’argent. Il faut sans cesse construire de nouveaux bâtiments pour accueillir un nombre d’étudiant.e.s qui ne cesse de croître (une source de revenu phénoménale), et embaucher des administrateur.ice.s souvent mieux payé.e.s que les universitaires, qui vont veiller à ce que « l’expérience estudiandine » soit good value for money (bon rapport qualité-prix).
      Il faut aussi noter que les président.e.s d’université, pour la plupart issu.e.s du privé, perçoivent des salaires et des avantages en nature qui sont comparables à ceux des dirigeants de multinationales. On assiste donc à une course à la dépense : chaque université essaie d’attirer des candidat.e.s en leur vantant des degrees de rêve sur des brochures luxueuses. La course à la dépense entraîne une autre course : celle à l’emprunt. On estime que les universités britanniques ont emprunté près de 4 milliards d’euros depuis 2016 ; une somme énorme comparée aux 30 milliards de recettes annuelles de l’ensemble des universités britanniques.
      Les universités sont donc lourdement endettées. On peut même parler de « bulle toxique » d’endettement similaire à celle qui a prévalu dans le système bancaire pré-2008. Ayant besoin de cash, les présidences d’universités les plus « compétitives » ont compris que si elles parvenaient à se délester de leur responsabilité financière en matière de retraite, elles pourraient emprunter davantage auprès des banques pour continuer d’investir… dans la pierre.
      Enseignant.e.s, chercheur.se.s, personnel administratif et étudiant.e.s sont réuni.e.s dans une lutte contre la marchandisation du savoir, synonyme de dégradation des conditions de travail et d’appauvrissement généralisé. Il est impossible de prédire quelle sera l’issue de ce conflit, mais une chose est déjà acquise à ce stade : cette grève est le symptôme d’un mal profond qui ronge l’un des meilleurs systèmes universitaires du monde. Ce mal s’appelle la précarisation (surtout celle des jeunes collègues avec la prolifération des contrats à durée déterminée), l’absence de démocratie et de transparence dans l’institution, l’absurde bureaucratisation des tâches enseignantes et de recherche ou encore la perte progressive d’autonomie d’une profession qui ne peut être utile à la société que si elle est protégée de la cupidité capitaliste.

      https://aoc.media/opinion/2018/04/03/universites-britanniques-contre-marchandisation-savoir
      #UK #Angleterre

    • Lettre des Enseignants non titulaires UFR 09 de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, reçue via email, le 12.05.2018.

      Chers et chères collègues,

      L’assemblée générale des enseignants non titulaires de l’UFR 09 de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne réunie le 11 mai 2018 s’associe aux demandes qui ont été faites de la tenue d’une AG de l’UFR la semaine prochaine afin d’aborder à la fois la question des modalités d’évaluations des étudiants et les réformes actuelles de l’université.
      Nous revendiquons le droit de participer à la prise de décision. Dans le cas contraire, nous nous réservons le droit de ne pas participer aux examens.

      Afin d’ouvrir le débat et en vue de cette AG, nous vous prions de trouver ci-dessous un texte d’analyse et de prise de positions de l’assemblée générale des enseignants non titulaires de l’UFR 09 réunie le 11 mai.

      « Le mouvement contre la loi ORE et contre Parcoursup n’est pas seulement un mouvement qui concerne les candidats à l’entrée à l’Université. Il concerne l’ensemble des personnels de l’enseignement
      supérieur et de la recherche. En effet, cette réforme s’inscrit dans une
      longue tendance de diminution des moyens attribués à notre
      administration, de privatisation progressive de l’enseignement
      supérieur, de suppression du cadre national des diplômes, c’est-à-dire
      de la reconnaissance des qualifications par les employeurs à travers les
      conventions collectives. Elle s’inscrit aussi dans le mouvement plus
      général d’attaques de la fonction publique et du statut des
      fonctionnaires, et, pour ce qui nous concerne plus particulièrement, de
      privatisation rampante de l’éducation nationale et de l’enseignement
      supérieur et de la recherche et de la mise en cause des concours de
      recrutement des enseignants.

      Les universités connaissent, depuis au moins une dizaine d’année,
      c’est-à-dire au moins depuis le passage à la RCE^1
      <https://mail.google.com/mail/u/1/#m_-1151261675030741013_m_1533638842899132911_m_5854701268593517903_sdf> élargies
      de profonds changements. La loi LRU de 2007, du fait de l’autonomie
      budgétaire, a été le moyen pour le ministère de l’enseignement supérieur
      et de la recherche, et en réalité derrière lui pour le ministère du
      budget, de faire endosser aux universités les conséquences des manques
      de moyens financiers accordés par l’État. Ce qui a eu pour effet, la
      suppression de postes à l’université et dans la recherche (à Paris 1,
      cette année 36 % des postes vacants d’enseignants-chercheurs ont été
      gelés) le triplement du nombre d’agents contractuels, la diminution des
      moyens rapportés à chaque étudiant (pour rappel, les dépenses engagées
      par un étudiant en classe préparatoire sont en moyenne de 15 052 euros
      par an et de 10 576 euros pour un étudiant à l’université).

      Cette nouvelle réforme de l’université vise à diminuer une nouvelle fois
      les moyens attribués à l’enseignement supérieur public. En effet, alors
      que le nombre de jeunes en âge d’entrer à l’université a augmenté, du
      fait de la croissance démographique de la fin des années 1990 et du
      début des années 2000 et de l’augmentation de la proportion de jeunes
      obtenant le baccalauréat, les différents gouvernements successifs ont
      fait le choix de ne pas augmenter les moyens alloués à notre secteur. Il
      est tout à fait possible de créer les places nécessaires pour accueillir
      ces candidats. Cela a été fait pour la rentrée 1969 avec, par exemple,
      la création de trois nouvelles universités expérimentales (Vincennes,
      Dauphine et Luminy). Le plan U 2000 lancé en 1991 constitue un autre
      exemple de création de places et d’établissements pour absorber la
      croissance démographique étudiante. Ce plan national a constitué une
      masse globale d’investissements de 40,3 milliards de francs sur neuf
      ans. Il a permis la construction de 3,5 millions de mètres carrés de
      nouveaux bâtiments universitaires et huit nouvelles universités en
      France dont quatre en Île-de-France (Évry, Cergy, Marne-la-Vallée,
      Versailles-Saint-Quentin). Parcoursup n’est pas qu’une solution
      technique aux dysfonctionnements d’APB, qui étaient dus à la saturation
      du système. Elle vise à faire endosser par les universités les choix
      budgétaires du gouvernement.

      À Paris 1, on assiste à une diminution du nombre
      d’enseignants-chercheurs titulaires ainsi que du nombre de doctorants
      contractuels, à des sur services de plus en plus importants, à un
      accroissement du recours aux vacataires pour assurer des charges
      d’enseignements. Pour prendre l’exemple de l’histoire médiévale, il y
      avait en 2010-2011 41 titulaires et contractuels temps plein (7 rang A,
      15 rang B, 1 PRAG, 4 ATER à temps complet et 14 moniteurs) pour 580
      étudiants en L1. En 2016-2017, il n’y avait plus que 29,5 titulaires et
      contractuels temps plein (5 rang A, 15 rang B dont 3 IUF - soit
      l’équivalent de 13 rang B temps plein, 1 PRAG, 1,5 ATER et 9 moniteurs)
      pour 785 étudiants en L1. Les TD sont passés pour les mêmes années de 24
      à 35 étudiants avec, par ailleurs, un recours de plus en plus
      systématique à des vacataires. Pour les fondamentales en histoire en L1
      et L2, les TD assurés par des vacataires représentent l’équivalent de
      897 heures (4 postes ½ d’ATER temps plein ou de maître de conférence)Ces
      choix budgétaires conduisent également à un manque chronique de
      personnel administratif, à la fermeture de la BIS le samedi (1^er
      semestre 2016-2017) qui s’est transformée en ouverture sans
      possibilité de commander des ouvrages ce jour-là, à une augmentation des
      tarifs d’entrée à la BIS pour les chercheurs qui ne sont pas de nos
      universités. Pour les étudiants, cela se traduit par des TD de plus en
      plus chargés, un manque de place dans nos bibliothèques, un nombre de
      manuels de base trop peu importants rapportés au nombre d’étudiants.

      Cette réforme ne sera pas la dernière de l’université. Nous savons que
      d’ici quelques semaines ou quelques mois au plus, sera sur la table une
      réforme qui aura pour conséquence l’accroissement de « l’autonomie » des
      universités, la suppression du diplôme de la licence remplacé par une
      addition de modules ; la fin de l’obligation des 1 500 heures
      d’enseignement pour une licence ; le développement des enseignements
      appelés non présentiels qui aura pour effet la forte diminution du
      nombre d’heures de cours magistraux ; la modulation des frais
      d’inscription des étudiants en fonction du nombre de modules et en
      fonction du choix qu’ils feront entre des enseignements à distance,
      c’est-à-dire seuls derrière leur écran, et des enseignements réalisés en
      classe en face d’un enseignant ; l’augmentation des frais d’inscription
      (à titre d’exemple, les masters Vidal à Nice, dont les montants des
      frais d’inscription s’élèvent à 4 000 euros) ; la possible suppression
      de la distinction entre les CM et les TD ; la suppression des partiels
      de fin de semestre ; des modalités d’évaluations qui ne seraient plus
      définies nationalement. Les diplômes modulaires auront pour conséquence
      de détruire le cadre national des diplômes (niveau de qualification
      reconnu dans les conventions collectives et donnant droit à un salaire
      supérieur au SMIC) et d’augmenter les droits d’inscription (pour les DU,
      les droits d’inscription sont librement fixés par chaque université).
      Pour les personnels, BIATSS, la gestion des parcours individualisés et
      des blocs de compétences mènera à un surcroît de travail et de stress.

      Cette réforme fait par ailleurs partie d’une attaque contre l’éducation
      nationale : la réforme du baccalauréat général, en détruisant les trois
      filières existantes, en supprimant le caractère national de ce diplôme,
      va lui-aussi accroître les inégalités d’accès à l’enseignement supérieur
      des lycéens. Nous le savons depuis des années, et en particulier depuis
      la réforme de 2009, qui a modifié les concours de recrutement, ceux-ci
      sont en danger. Il est certain que le nombre de postes offerts au
      recrutement va continuer à diminuer^2
      <https://mail.google.com/mail/u/1/#m_-1151261675030741013_m_1533638842899132911_m_5854701268593517903_sdf>.
      Par ailleurs, les carrières d’enseignants n’attirent plus, à la fois du
      fait de la faiblesse des salaires, due à la non revalorisation du point
      d’indice et la non revalorisation des salaires des enseignants en
      particulier, et du fait de la dégradation des conditions de travail.
      Dans le même temps, on observe le recours croissant aux enseignants
      contractuels (l’an prochain l’académie de Versailles a prévu de recruter
      600 professeurs contractuels). Cela nous concerne directement, d’abord
      peut-être car, pour beaucoup nous sommes certifiés ou agrégés, et que
      pour certains d’entre nous, nous avons exercé ou exercerons dans le
      secondaire ; enfin aussi, car la préparation à l’agrégation et au CAPES
      est l’une des formations importantes de notre UFR et que la bibliothèque
      Lavisse est la bibliothèque de l’agrégation, tout comme les oraux se
      préparent à l’institut de géographie et à la BIS.

      Nous, ATER, doctorants contractuels ayant une mission d’enseignement,
      vacataires, sommes opposés aux réformes en cours qui entraîneront la
      destruction du métier que nous désirons exercer et pour lequel nous
      avons consacré plusieurs années de formation et nous nous déclarons
      opposés aux transformations des modalités d’entrée à l’université. Nous
      nous associons à ce mouvement, et appelons tous nos collègues,
      non-titulaires et titulaires, et tous les étudiants de notre université
      à entrer dans la lutte.

      C’est pourquoi, nous soutenons les étudiants et les personnels mobilisés
      de Paris 1 et de l’ensemble des universités françaises.

      Saisissons nous de cette occasion pour nous opposer à la mise en
      concurrence généralisée, et, ainsi défendre, ensemble, nos conditions de
      travail, nos conditions d’étude et notre avenir.

      En conséquence de quoi, nous portons les revendications suivantes :

      /La loi ORE/

      Nous demandons l’abrogation de la loi ORE. En effet, l’offre de
      formation universitaire doit s’adapter au nombre de jeunes ayant obtenu
      le baccalauréat et désirant suivre une formation supérieure à
      l’université, et, autant qu’il est possible, dans les filières
      auxquelles ils aspirent.

      Cela implique l’accroissement du nombre de places dans l’enseignement
      supérieur, et en particulier dans les IUT, afin que les bacheliers issus
      des filières professionnelles et technologiques puissent aussi y avoir
      accès, et, plus généralement, dans les filières dites en tension. La
      sélection ou bien le tirage au sort ne sont pas la solution à la
      croissance démographique.

      Nous sommes favorables à la mise en place de mesures d’accompagnement
      des étudiants entrant à l’université et dont le niveau n’est pas
      suffisant pour suivre le cursus qu’ils ont choisi.

      Immédiatement, nous demandons que les candidats puissent classer leurs
      vœux sur Parcoursup. Il est, en effet, tout à fait possible de demander
      aux 800 000 candidats de se connecter sur la plateforme et de
      hiérarchiser leurs 10 vœux, comme ils l’auraient fait avec Admission
      Post Bac en 2017. Une fois ces vœux hiérarchisés, il sera possible de
      déterminer les formations dans lesquelles il manque des places pour que
      l’ensemble des bacheliers puisse être affectés sur leur premier vœu
      universitaire. Cette hiérarchisation permettra d’une part de limiter les
      listes d’attente dans tous les secteurs (universitaire comme STS et
      CPGE), et d’autre part d’éviter que les 20 % de « meilleurs » bacheliers
      monopolisent les places en leur proposant « seulement » le vœu qu’ils
      auront classé premier.

      /
      /
      /Accroissement des moyens de l’université/

      Nous demandons l’augmentation du budget du ministère de l’Enseignement
      supérieur et de la recherche afin d’améliorer les conditions matérielles
      d’étude des étudiants. Ce qui implique la construction de locaux
      supplémentaires, l’augmentation des dotations des bibliothèques,
      l’augmentation du nombre d’enseignants-chercheurs titulaires de la
      fonction publique, ainsi que du personnel administratif et technique,
      lui aussi recruté sous le statut de fonctionnaire d’État. L’embauche de
      personnels administratifs doit permettre de décharger les enseignants
      chercheurs autant que possible et améliorer les conditions de travail
      des agents administratifs confrontés à l’alourdissement de leur charge
      de travail et à l’intensification de celui-ci.

      Nous sommes début mai, il reste le temps, comme en 1968, de déclencher
      un plan d’urgence pour la rentrée prochaine en créant les places
      (c’est-à-dire les postes et les mètres carrés) permettant d’affecter un
      maximum de bacheliers sur leur premier vœu.

      /Amélioration des conditions matérielles des salariés de l’université : /

      Nous demandons la revalorisation de nos rémunérations qui doit passer
      par l’augmentation du point d’indice pour tous les fonctionnaires, et
      aussi par une augmentation de la rémunération des jeunes chercheurs.

      Outre l’augmentation du nombre de postes, qui doit passer par un dégel
      des postes de fonctionnaires, nous demandons la titularisation ou la
      CDIsation des personnels en CDD.

      Nous nous opposons à toute remise en cause du statut des enseignants
      chercheurs dont nous savons que le ministère de l’ESR n’a pas renoncé à
      sa transformation, malgré sa défaite partielle de 2009.

      /Revendications spécifiques aux doctorants et aux enseignants non
      titulaires/

      Nous soutenons les revendications portées par le mouvement de
      mobilisation des doctorants, et en particulier la mensualisation du
      traitement des vacataires ; l’élargissement de l’exonération des frais
      d’inscription pour les doctorants de Paris 1 qui sont aussi vacataires
      de l’université et l’exonération pour les doctorants sur critères
      sociaux ; le remboursement des frais de transport pour les vacataires et
      sur critères sociaux pour les autres doctorants ; amélioration des
      conditions matérielles de travail ; augmentation des financements de
      thèse (contrats doctoraux et postes d’ATER pour que les doctorants
      soient rémunérés pour le travail.

      /Plan licence à venir/

      Nous exigeons le maintien de la licence comme examen national et
      qualifiant, d’un contenu disciplinaire en présentiel de 1500 heures
      minimum.

      Nous demandons le respect des statuts des enseignants chercheurs :
      comptabilisation des heures sur la base du présentiel (avec maintien de
      la distinction CM/TD), modulation seulement sur demande de
      l’enseignant-chercheur (cette demande expresse restant le seul acquis
      obtenu lors des négociations de 2009 sur le statut des EC). »

      /L’assemblée générale des enseignants non titulaires de l’UFR d’histoire
      de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne réunie le 11 mai 2018./

      1
      <https://mail.google.com/mail/u/1/#m_-1151261675030741013_m_1533638842899132911_m_5854701268593517903_sdf
      s’agit de compétences budgétaires et de gestion des ressources humaines
      (recrutement d’agents contractuels et gestion des primes, répartition
      des obligations de services et création de dispositifs d’intéressement)

      2
      <https://mail.google.com/mail/u/1/#m_-1151261675030741013_m_1533638842899132911_m_5854701268593517903_sdf
      2017, 7 315 postes étaient ouverts pour l’ensemble des CAPES dont 680 en
      histoire-géographie et 1920 postes pour toutes les agrégations, dont 90
      en histoire. En 2018, 5 833 postes étaient ouverts pour l’ensemble des
      CAPES, dont 540 en histoire ; pour l’agrégation les chiffres étaient de
      1 555 dont 72 en histoire.

    • Où va le train des réformes de l’université ?

      Edith GALY, Enseignante-Chercheure à l’Université Nice Sophia-Antipolis et Bruno DAUVIER, Enseignant-Chercheur à Aix-Marseille Université vous livrent leur analyse concernant la mutation importante que subit le paysage universitaire depuis quelques mois, participant d’un changement radical de vision de l’université.

      https://blogs.mediapart.fr/edith-galy/blog/120518/ou-va-le-train-des-reformes-de-luniversite

    • Universités : non à l’éviction politique des professeurs non-titulaires !

      Les professeur.e.s « non-titulaires » (précaires aux statuts divers) sont plus d’un tiers des enseignant.e.s dans les universités. Plus mobilisé.e.s que les titulaires contre Parcoursup et la loi ORE, elles/ils sont tenu.e.s à l’écart des consultations internes. La motion des professeur.e.s non titulaires de l’UFR d’histoire de Paris 1 Panthéon-Sorbonne évoque ce problème dans un texte magnifique.

      https://blogs.mediapart.fr/jerome-valluy/blog/130518/universites-non-leviction-politique-des-professeurs-non-titulaires

    • Parcoursup, le niveau qui baisse et la théorie des mariages stables (Partie 1/2).

      Le moment est propice à un mouvement offensif de refondation de l’Université, dans un retour aux sources [1]. Comment, à partir de nos pratiques, repenser l’institution sociale dédiée à la production, à la transmission, à la critique et à la conservation des savoirs ? Comment reprendre possession de nos métiers et, simplement, faire ? Ce point de vue, stratégique et fondateur, à l’opposé de toute tentation réactionnaire faisant miroiter un âge d’or auquel il s’agirait de revenir, nous avait jusqu’à présent retenus de formuler une analyse des réformes du baccalauréat et de la licence. Pourquoi s’opposer à une loi sur le mode du “non à…” quand il y a pareille nécessité à tout recommencer, à tout reconstruire, à tout ré-instituer à partir de l’idée même d’Université ? N’est-il pas temps qu’une coordination des universitaires voie le jour, qui porte les exigences d’une pareille auto-institution ?

      Les textes critiques consacrés à ParcourSup et à la loi Vidal [2] laissent pendantes plusieurs questions importantes, auxquelles nous consacrerons un billet en deux parties — mais trois points :

      Les algorithmes qui sous-tendent les systèmes APB et ParcourSup sont radicalement différents. Que nous apprend leur comparaison sur l’idéologie des hauts-fonctionnaires qui ont conçu ParcourSup et sur leurs capacités de mise en œuvre ? Que va-t-il se passer lors du crash-test en conditions réelles, la dernière semaine de mai ?
      La loi Vidal suscite l’adhésion d’une partie significative des universitaires, insoupçonnables de croire aux éléments de langage indigents propagés du ministère aux militants d’En Marche en passant par les bureaucraties universitaires [3]. Dès lors, à quels problèmes réels pensent-ils que cette loi répond ? Comment poser correctement les problèmes du niveau des étudiants et des rapports entre Université et grandes écoles ?
      Les réformes en cours ne sont pas des mesures techniques puisqu’elles ont été théorisées dès le rapport Aghion-Cohen de 2004 [4]. Dès lors, il devient primordial de remettre ces mesures en perspective par rapport au projet global de mutation du système universitaire, d’essence néolibérale.

      Ce qui a buggé dans APB, ce n’est pas le logiciel, mais bien l’Etat. — Cédric Villani

      Le passage du système APB [5] au système ParcourSup traduit une tentative de plateformisation gestionnaire de l’Etat, ici pour orienter les bacheliers dans les filières d’enseignement supérieur. De prime abord, il s’agit d’affecter au mieux 887 681 étudiants dans 13 200 formations, ce qui constitue un problème d’optimisation bien posé en théorie des jeux : le “problème des mariages stables”. Sa résolution nécessite d’avoir posé au préalable les critères en vertu de quoi l’optimisation est opérée, c’est-à-dire le choix politique, l’idéologie. Dans le système APB, les candidats formulaient des vœux ordonnés. L’affectation y était faite de sorte à optimiser globalement les formations proposées aux étudiants selon l’ordre de préférence qu’ils avaient au préalable spécifié, en suivant le meilleur algorithme connu pour le problème des mariages stables : celui conçu par Gale et Shapley en 1962. Ainsi, APB a pu réussir à attribuer un vœu à 4 étudiants sur 5 dès le premier tour, témoignant de la puissance de l’algorithme pour remplir l’objectif politique assigné.

      A l’évidence, la plateforme ParcourSup ne vise pas le même objectif puisqu’elle repose sur les règles suivantes :

      Les candidats ne classent plus leurs vœux mais fournissent des éléments d’appréciation de leur “capital humain” (notes scolaires, lettres de motivation, CV, lycée d’origine, hobbies, etc., ce qui fournit des indications claires sur leur milieu social). [6]
      Les universités sont dotées d’outils de classement des candidats, locaux et opaques, permettant de contourner la loi Informatique & Liberté, qui prohibe toute décision fondée sur un algorithme aveugle.
      Les résultats seront donnés de manière synchrone et les choix des candidats se feront “au fil de l’eau”.

      ParcourSup est en premier lieu une entreprise de contrôle des subjectivités, conforme à la théorie du capital humain [7]. Ce contrôle passe par un système de normes produites par la techno-bureaucratie et qu’il s’agit de faire intégrer aux universitaires, aux étudiants et à leurs familles : il s’agit de les occuper — au sens commun comme au sens militaire. En imaginant que l’on puisse classer un candidat en passant 5 minutes sur son dossier, le classement des 7 millions de vœux déposés sur ParcourSup consommerait en pure perte deux siècles de travail — 80 000 journées de 7 h. On réalise alors que le CV et les lettres de motivation ne serviront pas à classer les candidatures : elles ne sont exigées que pour imposer l’image d’un recrutement professionnel et faire disparaître le baccalauréat comme certification nationale ouvrant droit aux études universitaires. L’anxiété que ces éléments aussi absurdes qu’inutiles ont générée dans les familles des lycéens a donc été pensée pour marquer les esprits.

      Si la plateforme ParcourSup ne repose plus, à l’évidence, sur la maximisation du niveau de satisfaction des bacheliers vis-à-vis de leurs vœux, puisque les vœux n’y sont plus ordonnés, elle ne repose pas plus sur une optimisation du niveau de satisfaction des formations — qui eût permis l’utilisation du même algorithme de Gale et Shapley. La raison est fort simple : toutes les formations ont intérêt, pour leur propre logique d’appréciation, à attirer les mêmes étudiants. Dès lors, la probabilité est forte qu’un candidat en tête d’un classement réalisé pour une formation le soit également dans les classements de toutes les autres formations dans lesquelles il aura déposé des voeux. La pondération de différents critères entre les formations n’affectera que marginalement ce fait. Le jour où les candidats recevront leurs réponses, l’élite scolairement et socialement dominante sera donc mécaniquement sélectionnée pour la quasi totalité des places disponibles : winners take all. Parions, en vertu du principe de Pareto, que 20% des candidats monopoliseront 80% des places disponibles au soir du 22 mai, provoquant un mouvement d’angoisse à quelques semaines du bac et un mouvement de fuite des mieux dotés en “capital humain” vers les formations privées, chères et de très mauvaise qualité. Les candidats non retenus seront placés dans des files d’attente qui seront résorbées avec des temps de réponse de 7 jours du 22 mai au 25 juin, de 3 jours du 26 juin au 20 août et de 1 jour à partir du 21 août. Selon toute probabilité, un candidat moyen devra attendre longtemps pour se voir proposer un de ses vœux, qui n’a qu’une faible chance d’être la formation la plus désirée, le conduisant à un choix par défaut.

      Il existe un palliatif risqué pour atténuer la taille des files d’attente : surbooker les filières en pariant sur le nombre de candidats qui refuseront la proposition. En vertu du principe de Murphy — tout ce qui est susceptible de mal tourner, tournera mal — plus les responsables du tri sélectif se croiront astucieux et pratiqueront la spéculation et plus le chaos s’installera. Si les commissions de tri visent trop bas, elles risquent le “sousbooking” et si elles visent trop haut, le surbooking.

      En résumé, la plateforme ParcourSup a remplacé l’algorithme APB d’optimisation de la satisfaction des étudiants vis-à-vis de leurs vœux par une usine à gaz bureaucratique et chronophage. Elle agit comme un révélateur de l’idéologie hégémonique : l’ensemble du dispositif se focalise sur les “meilleurs étudiants” qu’il s’agit d’attirer dans les “meilleurs formations”. Cette fiction du “premium” est obtenue en dégradant ce qui est proposé au plus grand nombre : explosion des délais d’attente, encouragement à fuire vers les formations médiocres du privé, rejet de l’idée d’un optimum de satisfaction collective, solution de “mariage” étudiant/formation sous-optimale. Elle agit également comme révélateur de l’absence de formation à la recherche des hauts-fonctionnaires ministériels, qui ignorent manifestement tout des conditions d’expérimentation qui eussent permis à la plateforme de ne pas optimiser… le mécontentement général et la dégradation de l’Université.

      [1] Des grandes écoles se vantant d’être sélectives mais souffrant de demeurer invisibles dans l’inepte classement de Shanghai opèrent le mouvement inverse, se contentant d’usurper le label “université”, comme si ce changement cosmétique pouvait leur conférer la grandeur de celle-là…

      [2] Les enjeux cachés de la réforme du bac. Stéphane Beaud
      La réforme Macron de l’université. Stéphane Beaud et Mathias Millet
      ParcoursUp, une réforme conservatrice.Romuald Bodin et Sophie Orange
      Sélection à l’université : idées fausses et convergences inattendues. Philippe Coulangeon
      "En marche" vers la destruction de l’université. Eric Berr et Léonard Moulin
      Les étudiants livrés au marché de l’anxiété. Annabelle Allouch
      Tribune-pétition de soutien aux étudiants. Collectif
      Diaporama de réponse de Sauvons l’Université. Laurence Giavarini, Élie Haddad et Valérie Robert

      [3] Dans un premier temps, les éléments de langage à répéter en boucle étaient : “Etre contre ParcoursUp, c’est être pour le tirage au sort.”, “Nous investissons un milliard dans l’Université.”, “Ce n’est pas une sélection, c’est une orientation qui met l’étudiant au cœur du système.”, “Les examens, c’est la sélection par l’échec.”, “Il faut arrêter la désinformation.”, etc. Le perroquet doit maintenant disqualifier le mouvement étudiant : “Le mouvement est minoritaire et vient d’agitateurs professionnels politisés.” “Cette minorité prend en otage pour planter les partiels.”, “Des éléments violents”, “Rien de commun avec 68 où il y avait un vrai rêve ; en 2018, il y a une véritable angoisse à laquelle il faut répondre par plus de pédagogie”.
      Contredire ces mots d’ordre nécessiterait un travail à temps plein. Prenons un exemple. Pour connaître le budget de l’Université, il convient de regarder dans les jaunes budgétaires jaunes budgétaires, non l’enveloppe budgétaire globale de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (qui augmente pour financer le déplafonnement du Crédit d’Impôts Recherche) mais les programmes 150 et 231. Il apparaît alors que ce budget est passé de 13,01 milliards € à 13,19 milliards € entre 2017 et 2018, sans prendre en compte de possibles annulations de crédits en fin d’année. Cette différence correspond exactement à l’inflation. Du milliard annoncé il n’existe pas le plus petit centime. Pour plus d’information, on pourra se reporter au diaporama de réponse de Sauvons l’Université.

      [4] www.groupejeanpierrevernant.info/RapportCohenAghion.pdf
      voir aussi
      www.groupejeanpierrevernant.info/SlidesAghion.pdf

      [5] Dossier de presse d’APB

      [6] Cette règle a fait la fortune d’officines douteuses de coaching en orientation.

      [7] Nous allons consacrer le troisième volet de notre synthèse sur le néolibéralisme à la théorie du capital humain.

      http://www.groupejeanpierrevernant.info/#Parcoursup1

      #APB #algorithme

    • Quand Parcoursup généralise l’#arbitraire social, les étudiants ont raison de se révolter

      Ils pérorent sur la faible mobilisation contre Parcoursup et ses « agitateurs professionnels ». Mais ils n’en sont pas moins inquiets. Certes, toutes les universités ne voient pas leur fonctionnement régulier scandé par des assemblées générales, des cours alternatifs, des blocages bien pacifiques et des déblocages souvent violents. Certes, ce sont davantage dans les départements de lettres et de sciences sociales que les étudiants se mobilisent. Il n’en reste pas moins que cette mobilisation est significative, et la stratégie du gouvernement pour l’endiguer en témoigne.

      L’heure est à la disqualification du mouvement. Tantôt en l’infantilisant, les « examens en chocolat » que réclameraient les étudiants mobilisés ont les mêmes accents que ceux qu’utilisait le gaullisme finissant il y a cinquante ans (le mouvement décrit à ses débuts comme le prurit d’étudiants oisifs). Tantôt en activant les peurs que peut susciter, lors de toute effervescence sociale, la vision de « dégradations » dans des locaux universitaires dont on oublie qu’ils étaient avant le mouvement souvent dégradés (cf. Tolbiac).

      Au-delà de la répression dont il est l’objet, le mouvement contre Parcoursup est significatif aussi parce qu’il témoigne d’une #prise_de_conscience de la grande transformation de l’enseignement supérieur à l’œuvre. Car, derrière Parcoursup, il y a un train de réformes délétères que le gouvernement veut faire passer dans la foulée : redéfinition de la licence, qui la videra d’une partie de ses contenus disciplinaires, limitation de l’accès au master pour les étudiants qui obtiendront ces peaux d’âne dans des « universités Potemkine », dualisation accrue de l’enseignement supérieur avec l’émergence de dix universités d’#excellence et la transformation subséquente des autres en quasi-collèges universitaires, augmentation massive des #droits_d’inscription.

      Mais, dans l’immédiat, il y a cette mobilisation contre Parcoursup. Une mobilisation solidaire des étudiants… pour les lycéens qu’ils ont été. Parce que ce sont bien d’abord les lycéens qui seront victimes de ce nouveau dispositif indûment présenté comme d’orientation et de réussite. Les ratés du dispositif Admission post-bac (APB) – le tirage au sort (marginal, puisqu’il concernait bien moins de 1 % des candidats) – ont été instrumentalisés pour mettre en place Parcoursup, qui généralise l’arbitraire, non plus celui du hasard, mais celui de l’origine sociale. Car Parcoursup est bien un dispositif de sélection sociale, derrière les apparences d’une orientation « rationalisée ».

      Si la prise en compte des résultats scolaires antérieurs est déjà le cas pour la partie sélective de l’enseignement supérieur, la spécificité de l’université, qui en fait aussi sa grandeur, est de ne pas tenir compte du « casier scolaire » des étudiants, ni des notes, ni du type de baccalauréat obtenu. On ne niera pas que les bacheliers technologiques et plus encore professionnels rencontrent dans un premier temps plus de difficultés que les autres à l’université, surtout dans les conditions matérielles dégradées que l’on sait. Mais il reste qu’un nombre significatif d’entre eux, avec un peu plus de temps, vont pleinement réussir, faisant oublier leur origine scolaire, aujourd’hui si stigmatisée.

      Voici l’une des raisons pour lesquelles les sociologues, à qui l’on fait pourtant régulièrement le procès d’être « déterministes », s’opposent majoritairement à Parcoursup. Le regard sociologique conduit aussi forcément à dévoiler, derrière la #sélection_scolaire en amont de l’université, une sélection sociale. En 2016, selon les statistiques du ministère de l’Éducation nationale (« Repères et références statistiques 2017 »), les enfants d’ouvriers ou d’employés représentent 54,7 % des élèves de bac pro, 45,4 % des bacheliers technologiques, 31,6 % des lycéens de terminale générale.

      Mais Parcoursup va bien au-delà d’une sélection au faciès de bac ou au profil de notes. Les critères sociaux sont prépondérants derrière la neutralité apparente de l’algorithme. Les élèves doivent ainsi rédiger un « projet de formation motivé ». Les élèves ? Ou plutôt leurs parents, ceux d’entre eux qui ont les capitaux nécessaires (économiques, sociaux, culturels) pour décrypter les « attendus » (souvent flous dans leur généralité) des filières universitaires, et y ajuster ensuite la lettre de motivation étayée et le CV associé.

      Des officines privées proposent d’ailleurs déjà ce type de prestations. C’est dire dans tous les cas le caractère artificiel de la motivation de ce projet « personnel ». Mais, en amont, il y a aussi cette évaluation par le lycée d’origine des « compétences » sociales (comme telles socialement discriminées) de l’élève. Dans la « #fiche_avenir », les professeurs principaux doivent se prononcer sur l’engagement et l’esprit d’initiative des élèves !

      On est loin de critères scolaires et sera ainsi valorisé un « savoir-être » davantage cultivé dans les milieux favorisés. Le proviseur, quant à lui, comme s’il connaissait individuellement chaque élève, est appelé à évaluer sa capacité à réussir dans la formation visée. Il vaudra mieux avoir été un élève docile, ne pas s’être fait remarquer par son comportement ou ses prises de position. Mais les proviseurs développeront également des stratégies d’établissement, notamment dans l’enseignement privé. Les universitaires, présidents de jury de bac, puisqu’il s’agit là du premier grade universitaire, les voient déjà à l’œuvre : la distribution des « #avis » (très favorable, favorable, assez favorable, doit faire ses preuves) est toujours très généreuse (et assez largement déconnectée des résultats chiffrés) dans ces établissements engagés dans des rapports de clientèle avec les familles socialement plus aisées (38 % des élèves du privé étaient issus de milieux sociaux favorisés, contre 20,5 % pour le public). Or ces avis sont déterminants au moment des délibérations pour l’obtention des mentions ou pour que les notes du candidat soient relevées afin d’obtenir le diplôme ou d’accéder au rattrapage.

      On le voit, Parcoursup est bien un dispositif, politiquement assumé, de #sélection_sociale.

      https://www.humanite.fr/quand-parcoursup-generalise-larbitraire-social-les-etudiants-ont-raison-de-
      #taxes_universitaires

    • Parcoursup : « Il y a un côté hyperviolent à opérer un classement »

      Plus de 6 000 dossiers à trier, suivant des critères variables et discutables… Alors que les premiers résultats tombent ce mardi, une enseignante raconte à « Libération » ses cinq semaines de dilemmes.

      Montée d’adrénaline en perspective. Quelque 800 000 élèves de terminale et étudiants en réorientation connaîtront ce mardi les premiers résultats de leurs souhaits d’affectation dans le supérieur pour la rentrée prochaine. Le vrai changement concerne l’entrée à l’université. Ces dernières semaines, les enseignants-chercheurs ont été invités à classer les candidatures des élèves. Certains se sont pliés à l’exercice avec goût, voyant là une chance de choisir les meilleurs profils et faire grimper les taux de réussite en licence. D’autres ont refusé catégoriquement, furieux de ce qu’ils considèrent comme une sélection à peine déguisée. D’autres encore y sont allés à tâtons, partagés entre souci de mettre les mains dans le cambouis pour ne pas léser les futurs bacheliers et frustration face à une réforme menée sans les moyens ni le temps nécessaire pour la mettre en place comme ils le voudraient. L’enseignante à qui nous donnons la parole fait partie de ceux-là. Elle ne souhaite pas que son nom apparaisse, tant cette réforme crispe et divise au sein de la communauté universitaire. Avec quatre collègues volontaires, elle s’est retrouvée à trier plus de 6000 dossiers en cinq semaines. En septembre, environ 800 élèves rejoindront les bancs de sa fac.
      « YouTube, à côté, c’est rien »

      « On en a fini avec ce Parcoursup. Je ne dirai pas encore que je suis soulagée, mais du moins contente qu’on s’en soit sortis. On a fait le boulot, classé les candidatures. Désormais, c’est au dessus que cela se passe. Les élèves n’ont pas idée de nos dilemmes depuis un mois et demi… Heureusement qu’ils ne savent pas, cela dit.

      « Ma tâche consistait à classer plus de 6000 dossiers. Ce n’était pas de dire si tel ou tel élève a bien travaillé. Ou si on aime tel ou tel profil. Spontanément, c’est ce qu’on a envie de faire. Surtout quand on se retrouve face à une somme gigantesque d’informations. C’est très addictif. YouTube, à côté, c’est rien. On sait tout sur leur vie scolaire et même plus : identité, sexe. Le nom de leur lycée figure dans le dossier. La consigne était de ne pas en tenir compte, mais techniquement, il reste possible de classer avec ce critère. Il y a aussi les bulletins scolaires, avec toutes les notes, les moyennes de la classe, les appréciations des professeurs… Les lettres de motivation aussi. Beaucoup se ressemblent. Mais dans le lot, certaines sont sincères et touchantes. J’ai en tête cet élève : "J’ai changé, je jouais trop aux jeux vidéo. Là, j’ai arrêté, je suis très motivé." Trop mignon. Cela pourrait prêter à sourire. Mais je peux vous dire qu’on n’a pas ri. Il y a un côté hyperviolent à opérer un classement en entrant dans le détail des candidatures. Il faut arriver à se détacher de leurs histoires personnelles. J’ai parfois été prise de vertiges.

      « Rassurer l’ordinateur »

      « Tous les responsables de formation ont joué aux apprentis sorciers. Je ne comprends pas que le ministère n’ait pas imposé dès le début des critères uniformes. Depuis le départ, on confond autonomie et pouvoir d’expertise des équipes. Il y a un gros contresens. Pour moi, il était essentiel que les critères, "les attendus" [c’est le terme officiel, ndlr], soient les mêmes par discipline. Que la définition de ce qu’on estime être un bon élève pour des études de droit, par exemple, soit identique dans toutes les facs. Au début, j’ai cru que l’uniformisation des attendus au niveau national serait une garantie… jusqu’à ce qu’on nous annonce a posteriori qu’attendus et paramètres informatiques étaient deux choses différentes et que chacun déterminerait librement ses paramètres de classement. Quelle transparence ! Comment traduire "bonne qualité rédactionnelle" ? Ou "esprit logique" ?

      « Dans ma commission d’examen des vœux, nous avons débattu des heures et des heures. Comme nous avions plus de 6 000 dossiers à trier, il était inenvisageable de les classer manuellement. Le risque d’aléa était trop grand. On a donc décidé de recourir à un préclassement par ordinateur, à partir d’une moyenne de différentes notes. C’est un peu compliqué à expliquer, mais en gros on a appliqué aux notes des coefficients semblables à ceux du bac. Si l’élève est en scientifique option physique-chimie, il aura investi plus de temps sur cette matière à fort coefficient, donc il nous semble logique d’en tenir compte. En revanche, on a écarté la note de sport. C’est contestable, mais c’était l’avis majoritaire.

      « J’oubliais. Dans la masse d’informations, nous avions aussi la fameuse fiche avenir, remplie par l’équipe de professeurs du lycée… Ils ont évalué la méthode de travail, l’autonomie, l’engagement, l’esprit d’initiative et la capacité à s’investir de chaque élève. On s’est vite aperçu que ces appréciations étaient très variables et subjectives, surtout faites dans l’urgence. Comment les profs peuvent savoir avec certitude comment vont évoluer leurs jeunes élèves ? On a beaucoup, beaucoup débattu entre nous. Finalement, on en a un peu tenu compte, surtout par respect pour le travail des collègues du secondaire. En revanche, nous n’avons pas retenu les commentaires du chef d’établissement. Il devait se prononcer sur "la capacité à réussir" et "la cohérence du projet" de l’élève. Qu’en sait-il ?

      « Une fois nos critères paramétrés, quand on a appuyé sur le bouton pour avoir notre classement, on s’est retrouvé face à un os : sur l’ensemble des dossiers, on en avait des milliers ex æquo, au millième près. C’était logique et prévisible. Pas besoin d’avoir fait une licence de maths pour comprendre qu’un classement sur la base d’une note sur 20 engendre de nombreux ex æquo. En soi, ce n’est pas un problème : que je me retrouve demain avec un amphi rempli d’élèves ex æquo n’est pas un souci. Sauf que la machine, elle, ne peut pas le supporter. Le logiciel Parcoursup refuse de traiter un classement de ce type… On s’est donc retrouvés à chercher un moyen de les départager. C’était absurde et cela a pris un temps fou aux collègues qui ont essayé de le faire manuellement. Une solution technique n’a été diffusée que début mai pour départager sur une seule note, le plus souvent celle de français ou de mathématiques, parce qu’il fallait une matière présente dans tous les dossiers. Tout ça pour rassurer l’ordinateur…
      « Humiliant »

      Une fois le gros du classement fait avec la machine, on s’est réparti les dossiers pour vérifier à la main qu’il n’y avait pas d’anomalie. Pour ma part, je n’en ai pas détecté. On devait aussi classer manuellement une partie des dossiers, par exemple ceux des élèves venant de l’étranger ou reprenant leurs études. Nous avions, de mémoire, un chasseur alpin qui voulait faire du droit, une Anglaise qui expliquait dans sa lettre s’être très impliquée dans la lutte contre la prostitution infantile et désirant reprendre des études en France. Des Grecs aussi, l’un d’eux expliquant vouloir fuir la crise économique de son pays. Pourquoi les en empêcher ? Nous avons décidé collectivement de les mettre en haut du classement pour être sûrs que la machine Parcoursup leur donne leur chance. Espérons maintenant que les élèves ne vont pas connaître notre cuisine interne et leur rang, sinon certains vont prendre la grosse tête !

      « Quand je discute de cette réforme à droite et à gauche, je me rends compte que beaucoup d’enseignants ont finalement joué le jeu : à ne pas compter leurs heures, à essayer tant bien que mal de faire le travail dans les temps et avec le plus de rigueur possible. Mais au bout du compte, pour quel résultat ? Quel changement ? Demain, beaucoup vont déchanter, en se rendant compte qu’ils ont travaillé pour rien. En réalité, de nombreuses filières ne sont pas prisées. Cette année, elles ont l’impression d’avoir reçu beaucoup de candidatures, mais c’est mécanique, à cause de la non-hiérarchisation des vœux. Au bout du compte, les facs seront obligées de prendre tous les candidats qui voudront venir… même si le collègue en a mis certains tout en bas du classement en estimant qu’ils n’ont pas le niveau. Il y a un côté humiliant pour notre travail. Autre chose, paradoxale : l’autonomie des universités mise en avant est très relative, les éléments les plus importants nous ont échappé. Par exemple, nous avons appris le taux de sectorisation seulement le 14 mai : ce qui veut dire que beaucoup de dossiers que nous avons épluchés et pris soin de classer seront écartés automatiquement car ils sont hors secteur… Les élèves ignoraient ce critère au moment de faire leurs vœux. C’est honteux ! En définitive, je n’ai aucune idée des élèves qui seront dans mon amphi à la rentrée. Est-ce ceux qui sont en haut de mon classement ? Ou, au contraire, ceux qui sont tout en bas, car les autres auront préféré aller ailleurs ? On lance nationalement des grandes réformes, en demandant à tous les fonctionnaires de se plier en quatre, mais pourquoi au bout du compte ? Cela me met en colère. »

      http://www.liberation.fr/france/2018/05/21/parcoursup-il-y-a-un-cote-hyperviolent-a-operer-un-classement_1651672?xto

    • La FSU dénonce le fiasco de Parcoursup :

      400 000 lycéen.ne.s mis dans l’angoisse juste avant le bac !

      Communiqué du mardi 22 mai 2018

      Les premiers chiffres sont vertigineux : selon la ministre, 400 000 lycéen.ne.s sont "en attente" ou “refusé.e.s” sur l’ensemble de leurs vœux (soit 50% des inscrits).

      La FSU constate avec affliction que ces premiers chiffres dépassent les analyses les plus pessimistes quant à l’usage de la plate-forme "Parcoursup" pour affecter les bacheliers .

      Depuis des mois, la FSU a dénoncé la méthode choisie par le gouvernement qui institutionnalise une forme de tri social des bacheliers pour leur inscription en premier cycle universitaire.

      Plus de la moitié des futurs bacheliers reçoivent un premier signal décourageant à quelques jours du baccalauréat. C’est inacceptable !

      Le gouvernement a fait le choix de refuser d’entendre l’expression de la jeunesse à accéder à une formation et un diplôme de l’enseignement supérieur. Depuis des mois, un mouvement social conteste les fondements de la politique de sélection à l’entrée de l’université. Le gouvernement s’enferme dans le déni et choisit la répression comme seule réponse.

      La FSU exige que tous les lycéens lauréats du baccalauréat puissent choisir leurs études. Ce qui nécessite :

      un renforcement de l’orientation scolaire comme mission de l’éducation nationale et un renoncement du transfert de cette mission aux régions et aux opérateurs privés,
      une augmentation des moyens dans l’enseignement supérieur pour accroître le nombre de place afin d’accueillir toutes les bachelières et tous les bacheliers qui le souhaitent dans de bonnes conditions d’encadrement et d’études.
      Pour la FSU, l’avenir des jeunes ne peut se réduire à des visions de court terme, et certainement pas à une logique de tri.

      La FSU exige que les MEN et MESRI ouvrent sans tarder des négociations pour construire une autre politique pour l’enseignement supérieur et un système d’affectation national, transparent, juste et respectueux des aspirations des lycéennes et des lycéens.

      Reçu par email, le 23.05.2018

    • Parcoursup : « Sept refus et trois "en attente", j’ai encore rien dit à mes parents »

      Élèves, profs, enseignants-chercheurs… Tous sont en première ligne face à la réforme de l’accès à l’enseignement supérieur, qui se met en place à toute vitesse. « Libération » leur donne la parole pour qu’ils racontent les bouleversements en cours. Aujourd’hui, Salem, 17 ans.

      Quelque 810 000 élèves de terminale et étudiants en réorientation ont découvert mardi soir les premiers résultats de leurs souhaits d’affectation dans le supérieur pour la rentrée prochaine. Les règles du jeu ont changé cette année, avec le classement des dossiers opérés par les universités et la nouvelle plateforme Parcoursup.

      Elèves de terminale, étudiants en réorientation, profs, parents… Depuis le début de l’année, Libération donne la parole à tous ceux qui sont en première ligne dans l’application de cette réforme d’ampleur. Pour que chacun raconte, avec ses mots et son ressenti, les changements vécus de l’intérieur. Le 22 mai, les premiers résultats ont été publiés.

      Aujourd’hui, Salem, 17 ans, en terminale ES au lycée Jean Dautet, à La Rochelle

      « Sur dix vœux, j’ai sept refus et on m’a mis sur liste d’attente pour les trois autres vœux dans des universités. J’avais demandé des DUT d’informatique et de techniques de commercialisation. Et l’université, en droit et en informatique. Etre sur liste d’attente pour des facs, c’est quand même affolant.

      Je ne suis pas un élève très mauvais, ni très bon, je suis un élève moyen qui donne de lui-même, ma moyenne générale tourne autour de 10-12. J’ai de bonnes notes en maths et mes appréciations sont bonnes. J’ai juste raté un trimestre sur deux ans.

      Je n’appréhendais pas vraiment l’arrivée des réponses, d’ailleurs je ne me suis pas précipité à 18 heures pour voir ce qu’il en était, puisque je m’étais dit que j’allais être accepté au moins dans une université sans difficulté. J’espérais même avoir une chance d’être sur liste d’attente pour les DUT, même si je ne suis pas prioritaire pour ces formations. Là, c’est un « non » catégorique. J’aurais aimé avoir un entretien au moins pour montrer ma motivation et qu’ils se basent sur autre chose que des notes et des appréciations.

      Je n’ai pas encore annoncé la nouvelle à mes parents. Ils vont percevoir ça comme un échec scolaire et j’ai peur qu’ils soient déçus. On se projette dans le futur et quand on n’a rien, le retour à la réalité est plutôt désagréable. Je garde l’espoir de remonter dans la liste d’attente et d’être accepté dans une des universités. Beaucoup ont demandé des facs en roue de secours, donc des places vont se libérer, mais ça m’énerve de savoir que même si je suis accepté, c’est par défaut.

      J’ai vu qu’on pouvait voir sa place sur les listes d’attente. Pour la fac de droit, je suis 598e sur 1040 (pour 300 places), pour celle d’informatique 355e sur 532 (pour 140 places disponibles) et la troisième en informatique à Pau 236e sur 251 (pour 30 places disponibles). Cela donne une idée, mais finalement ça m’inquiète encore plus. Le système est d’autant plus pervers que les réponses arrivent avant le bac. J’ai déjà un ami qui m’a dit que ça le décourageait. Ceux qui ont été acceptés, ça les motive bien sûr à décrocher le diplôme, mais quand on essuie des refus, qu’on est en attente, c’est plutôt l’inverse.

      Ça perturbe également nos révisions. Je trouve ça complètement ridicule de regarder sans cesse sur Parcoursup pour voir si on a gagné des places ou non. Certains ont envie de réviser, de se débarrasser de ça et d’avoir l’esprit tranquille. En plus, c’est contraignant, si on est accepté, mais qu’on n’a pas validé notre choix [dans les 7 jours, ndlr], on peut se retrouver sans rien. Du coup, on va être obligé de regarder tous les jours.

      Le plus angoissant est de se dire : "Si je n’ai rien à la fin de la semaine, qu’est-ce que je fais l’an prochain ?" Je sais qu’on peut avoir des réponses jusqu’en septembre, mais c’est angoissant. J’aimerais passer un été tranquille. »

      http://www.liberation.fr/france/2018/05/23/parcoursup-sept-refus-et-trois-en-attente-j-ai-encore-rien-dit-a-mes-pare

    • La FSU dénonce le fiasco de Parcoursup : 400 000 lycéen·ne·s mis dans l’angoisse juste avant le bac !

      Les premiers chiffres sont vertigineux : selon la ministre, 400 000 lycéen.ne.s sont "en attente" ou “refusé.e.s” sur l’ensemble de leurs vœux (soit 50% des inscrits).

      La FSU constate avec affliction que ces premiers chiffres dépassent les analyses les plus pessimistes quant à l’usage de la plate-forme "Parcoursup" pour affecter les bacheliers .

      Depuis des mois, la FSU a dénoncé la méthode choisie par le gouvernement qui institutionnalise une forme de tri social des bacheliers pour leur inscription en premier cycle universitaire.

      Plus de la moitié des futurs bacheliers reçoivent un premier signal décourageant à quelques jours du baccalauréat. C’est inacceptable !

      Le gouvernement a fait le choix de refuser d’entendre l’expression de la jeunesse à accéder à une formation et un diplôme de l’enseignement supérieur. Depuis des mois, un mouvement social conteste les fondements de la politique de sélection à l’entrée de l’université. Le gouvernement s’enferme dans le déni et choisit la répression comme seule réponse.

      La FSU exige que tous les lycéens lauréats du baccalauréat puissent choisir leurs études. Ce qui nécessite :

      un renforcement de l’orientation scolaire comme mission de l’éducation nationale et un renoncement du transfert de cette mission aux régions et aux opérateurs privés,

      une augmentation des moyens dans l’enseignement supérieur pour accroître le nombre de place afin d’accueillir toutes les bachelières et tous les bacheliers qui le souhaitent dans de bonnes conditions d’encadrement et d’études.

      Pour la FSU, l’avenir des jeunes ne peut se réduire à des visions de court terme, et certainement pas à une logique de tri.

      La FSU exige que les MEN et MESRI ouvrent sans tarder des négociations pour construire une autre politique pour l’enseignement supérieur et un système d’affectation national, transparent, juste et respectueux des aspirations des lycéennes et des lycéens.

      http://fsu.fr/La-FSU-denonce-le-fiasco-de-Parcoursup-400-000-lyceen-ne-s-mis-dans-l-angoisse.h

    • « Parcoursup laisse explicitement un "système" administrer, classer, ordonner les rêves d’une génération »

      Dans la procédure elle-même, dans son autorité et sa technicité, il manque un respect fondamental de la liberté et du potentiel de chacun, qui se trouve au contraire réduit de façon opaque à un passé scolaire et bien souvent à un territoire d’origine, déplore la sociologue Cécile Van de Velde dans une tribune au « Monde ».

      Tribune. Parcoursup pose, de façon limpide, la question de la place relative de l’« être » et du « système » dans notre société. A l’heure où les consciences s’aiguisent contre certaines dérives de la gestion de masse des données personnelles ( big data , Facebook, intelligence artificielle...), nous sommes paradoxalement en train d’expérimenter une allocation automatisée des places et des chemins de vie.

      La question n’est point ici de trancher le débat sur la sélection universitaire, mais de constater que, dans son opérationnalisation même, Parcoursup pose désormais une question philosophique plus large et fondamentale : celle de ces « petits aménagements », anodins en apparence, destinés à une « gestion optimale » des ressources, mais qui touchent en réalité de façon profonde les fondements mêmes de nos libertés individuelles et de notre démocratie. Cette même démarche pourrait concerner demain l’allocation des soins ou le placement des individus en recherche d’emploi par exemple.

      Car de façon concrète, Parcoursup c’est laisser explicitement un « système » administrer, classer, ordonner les rêvesd’une génération. C’est laisser symboliquement une organisation centralisée trier les choix et les possibles d’unindividu.

      Colère des jeunes

      Dans la procédure elle-même, dans son autorité et sa technicité, il manque un respect fondamental et affiché de la liberté et du potentiel de chacun, qui se trouve ici au contraire réduit de façon opaque à un passé scolaire et bien souvent à un territoire d’origine.

      Ce dispositif ne fera qu’augmenter la colère sourde des jeunes contre un « système » qui leur fait mal, dans uncontexte français où cette période post-bac constitue justement un moment charnière de la vie d’une génération : plus qu’ailleurs, elle est considérée comme déterminante et décisive pour tout l’avenir professionnel de l’individu, et génère du stress personnel, familial et social.

      Le critère d’optimalité recherché est de maximiser le nombre de personnes inscrites, et non pas la satisfaction réelle des étudiants

      Même si le système de gestion était « parfait », la question est de savoir si nous trouvons normal que des individus aient explicitement leurs aspirations menacées voire oblitérées par une autorité centrale, allouant les places et lesavenirs.

      Nous sommes en train de soumettre les jeunes Français à une expérimentation incertaine, qui plus est à grande échelle, tout en trahissant notre propre promesse sociale d’une université ouverte. Or, sans être idéales, lesexpériences des autres pays nous montrent qu’il peut en être autrement.

      Pas moins cruel que le tirage au sort

      Parcoursup nous place devant une dérive techniciste de la recherche de l’optimalité. On nous propose unerencontre des attentes et des places, mais le « contrat » est en réalité bien asymétrique : le mode opératoire interdit l’expression même des préférences individuelles et met à plat dix choix, alors même que les universités doivent classer chacune des candidatures.

      Le critère d’optimalité recherché est de maximiser le nombre de personnes inscrites, et non pas la satisfaction réelle des étudiants : sans classement des voeux, celle-ci ne peut être prise en compte dans la procédure. Comment défendre un système si implacable dans un monde où la communication directe d’institution à individu est devenue si aisée ?

      Ce dispositif, même s’il promeut dans l’absolu une meilleure allocation des places, n’est symboliquement pas moins cruel que le tirage au sort. De plus, une telle organisation ne donne pas les garanties de protection du règlement européen sur la protection des données (RGDP), entré en vigueur le 25 mai 2018, quant à l’acceptation libre du service ou des traitements automatisés.

      Une entrave de plus

      Parcoursup constitue en quelque sorte une mauvaise réponse technique à l’enjeu réel du manque de ressources universitaires. Il ne fera pas l’économie d’un vrai débat sur ce que nous voulons vraiment pour nos universités, et quelle que soit la réponse politique donnée à la question de la sélection, à une prise en compte plus humanisée des aspirations des jeunes adultes.

      Parcoursup, c’est aussi une entrave de plus posée dans l’espace des possibles de ces jeunes générations, déjà touchées par des perspectives assombries. Que dire par exemple des lycéens initialement en difficulté, mais qui se sont révélés ensuite d’excellents étudiants à l’Université ? Dans Parcoursup, ils n’auront sans doute pas cette seconde chance, et cela ne fera que renforcer le déterminisme français classant les individus en fonction de la réussite scolaire initiale.

      Les sociétés de demain devraient plutôt refuser de réduire systématiquement les individus à leur seul parcours antérieur, et soutenir le droit à un nouveau départ. Cette « petite réduction » de la liberté de choix est en réalité unebrèche majeure dans nos valeurs et notre culture, ainsi que dans le contrat social et générationnel. Pouvons-nous nous satisfaire d’un système dont nous ne voudrions ni pour nous-mêmes ni pour nos enfants ?

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/05/30/parcoursup-laisse-explicitement-un-systeme-administrer-classer-ordonner-les-

    • #Saint-Denis : le #lycée_Paul-Eluard engage la lutte contre Parcoursup

      Les élèves de l’établissement dyonisien ont bloqué leur lycée ce jeudi matin, avant de se rassembler sous les fenêtres de la mairie. C’est la première mobilisation d’ampleur contre Parcoursup dans le département.


      http://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/saint-denis-le-lycee-paul-eluard-engage-la-lutte-contre-parcoursup-31-05-

    • « Cette réforme renforce l’exclusion territoriale, je le mesure dans ma ville »

      Depuis le début de l’année, « Libération » donne la parole à ceux qui sont en première ligne dans l’application de cette réforme. Aujourd’hui, la maire d’Aubervilliers (93), inquiète pour « ses » jeunes.

      http://www.liberation.fr/france/2018/06/04/cette-reforme-renforce-l-exclusion-territoriale-je-le-mesure-dans-ma-vill

      Avec ce commentaire sur twitter :

      Les interfaces d’inscription dans le supérieur sont un vrai feuilleton ! Pourtant, #APB et #Parcoursup ne sont que des variantes d’une même logique – l’arbre qui cache la forêt de la paupérisation de l’université. Les médias vont-ils un jour soulever le capot ?

      https://twitter.com/gunthert/status/1003943051645992961

    • Parcoursup : l’ire des profs de #Paris-Diderot

      Le directeur de l’UFR chimie de l’université est particulièrement « agacé ». Le rectorat, via son nouveau logiciel, favorise les bacheliers parisiens médiocres.

      Rémi Losno, le directeur de l’UFR chimie de l’université Paris-Diderot, fait partie de ces professeurs « très agacés ». L’an dernier, sur les 110 places offertes en première année de chimie au sein de cette université parisienne prisée, « environ 40 % étaient occupées par des lycéens venus de banlieue ou de province ». Cette année, le rectorat, via le logiciel Parcoursup, n’autorise pas la filière à prendre plus de 3 % de bacheliers non parisiens.

      http://etudiant.lefigaro.fr/article/parcoursup-l-ire-des-profs-de-paris-diderot_57d4384c-6ccb-11e8-9dc

    • Parcoursup : quand le reportage tourne à la conférence de presse

      A #Strasbourg, le rectorat a rondement verrouillé ce qui était censé être un aperçu concret du travail fait par la commission qui travaille sur les dossiers qui n’ont récolté que des « non ».

      Le ministère de l’Enseignement supérieur semblait jouer enfin la transparence sur Parcoursup. En fait, il jouait la comédie. La demande de reportage maintes fois formulée pour avoir accès aux coulisses avait abouti : oui, il serait possible d’assister à une commission d’accès à l’enseignement supérieur. Et là, on verrait le sort réservé à ces lycéens ou étudiants dans l’impasse, à ceux dont la machine n’a opposé que des « non » aux vœux de formation. Formidable. Le service presse à Paris avait indiqué la porte qu’il était permis de pousser : celle du rectorat de Strasbourg où une commission, rendez-vous hebdomadaire, avait lieu vendredi matin.

      8h20 sur le perron. Mais qui est ce groupe ? Salut les confrères ! Ils sont tous là, et rient jaune. Car chacun pensait être seul, et on est une dizaine. Direction une salle de réunion toute en boiseries. Instant logistique, les télés ici, les radios là, les membres de la commission en face, en demi-cercle c’est mieux. Faudrait pas tout gâcher, que les images soient mauvaises. Mais attention, ce n’est pas une conférence de presse, il s’agit bien d’un reportage. On aura le privilège d’observer discrètement une tranche de réel, un moment confidentiel de l’administration où des acteurs de l’éducation, proviseurs, directeurs de formations universitaires, spécialistes de l’enseignement vont statuer sur des cas individuels. Des dossiers de presse ont néanmoins été préparés. Juste au cas où, sans doute.

      Les membres de la commission s’installent silencieusement devant leurs beaux chevalets nominatifs. Ils ont sûrement le trac. La rectrice, Sophie Béjean, entre en scène, fait le tour pour serrer la main des journalistes. Avec elle, tout est toujours sous contrôle. Elle a cette réputation. Trois coups, lever de rideau. Elle explique d’un ton pédagogue le fonctionnement du dispositif. Juste histoire de rappeler les règles du jeu aux participants. Des fois qu’ils les aient oubliées. L’occasion aussi de nous faire bien comprendre que c’est un travail de fond remarquable qui est conduit, de l’accompagnement individualisé, minutieux, du cousu main qui rassemble largement sur le terrain. Un monde merveilleux où aucun jeune ne sera oublié.

      Cinq cas ce matin, sur un total de 221 saisies pour l’académie de Strasbourg. Des jeunes sans solution qui ont cliqué sur le site pour saisir cette commission. L’histoire ne dit pas ce qu’il advient des autres. Des décrocheurs de Parcoursup qui n’ont essuyé que des refus et n’ont pas cliqué pour demander de l’aide, un plan B. Voilà qu’on nous distribue des fiches anonymisées, avec vœux, résultats scolaires, motivation. Le chef de l’information et de l’orientation résume chacun. Ton monocorde, la rectrice conduit la séance, se tourne vers les uns, les autres, en fonction des « pistes » envisagées. En gros, on corrige les vœux. Et curieusement, il y en a pour tout le monde : une fois elle se renseigne auprès de l’IUT ou l’université sur les formations en tension, une autre auprès du Crous pour trouver un logement à une jeune fille qui aura une place mais en Lorraine, ou encore vers le conseiller d’orientation parce qu’il faudra affiner un projet professionnel. C’est vraiment super quand le hasard fait bien les choses.

      Tous ces cas d’école, bien différents, bien complémentaires donnent l’opportunité à chacun, autour de la table, de faire de la retape pour sa formation ou son dispositif. Pas de débat. Ont-ils assez répété leur texte ? L’ensemble, ronronnant, manque un peu de naturel. Et voilà que l’audiovisuel veut faire des interviews. Ce n’était pas prévu dans la séquence. Faudrait pas qu’on croit que c’est un point presse. Minauderies de circonstances. Puisque c’est une demande des journalistes… Après, il faut partir. La commission poursuit son travail hors presse indique la rectrice. Pauvre Sophie Béjean, elle doit y passer un temps fou, à éplucher les bulletins scolaires de ces ados qui, s’ils n’avaient pas rempli Parcoursup avec leurs pieds, n’en seraient pas là.

      http://www.liberation.fr/france/2018/06/10/parcoursup-quand-le-reportage-tourne-a-la-conference-de-presse_1657997

    • #Nanterre : la dernière université débloquée

      Après deux mois d’occupation et de blocage, les étudiants de l’université de Nanterre ont évacué les lieux mercredi soir.

      Le déblocage de l’université de Nanterre marque donc la fin du mouvement étudiant contre la réforme de l’entrée dans l’enseignement supérieur. Après deux mois de protestation contre cette réforme jugée sélective et contraire à l’égalité des chances, les quelques étudiants qui occupaient l’un des bâtiments de l’université de Nanterre ont quitté les lieux « dans le calme » mercredi 13 juin en fin de journée.

      Débuté en février dernier, la mobilisation des étudiants s’était propagée dans une quinzaine de facs, dont celle de Nanterre. Plusieurs fois fermée et perturbée, l’université est la dernière à avoir été évacuée.
      Deux mois d’occupation

      Deux mois que le bâtiment E de l’université de Nanterre était occupé par une dizaine d’étudiants. Le 9 avril, le président de l’établissement avait demandé l’intervention des forces de l’ordre pour déloger les perturbateurs. Réfugiés sur le toit, sept étudiants avaient été interpellés pour rébellion. Une intervention qui ne les a pas empêchés de reconduire le blocage dès le lendemain.

      A quelques jours des examens, les professeurs de Nanterre avaient aussi apporté leur soutien en votant un 20/20 politique. Les partiels ont d’ailleurs dû être reportés suite au blocage, puis délocalisés à cause des perturbations dans les centres d’examens.
      Lire aussi :Les examens des étudiants de Nanterre reportés
      Des négociations entre les étudiants et l’université

      Finalement, c’est une négociation entre les étudiants et l’université qui a mis fin à l’occupation. Cette fois, pas de forces de l’ordre pour venir les déloger. « Les étudiants sont partis d’eux-mêmes », confirme l’administration à l’AFP.

      En échange, les étudiants ont demandé à l’université de leur transmettre les attendus et les algorithmes de Parcoursup, la plateforme d’admission post-bac, pour plus de transparence. La présidence a également affirmé qu’une large consultation sur l’avenir de l’enseignement supérieur serait organisée comme l’ont exigés les étudiants.
      Une nouvelle mobilisation dès la rentrée

      Même si l’université a retrouvé son calme, la mobilisation ne devrait pas s’arrêter là. « Le combat contre la loi ORE va recommencer en septembre avec la question des ‘sans-fac’ », a précisé un étudiant. Actuellement, 22 500 lycéens n’ont reçu que des réponses négatives sur Parcoursup et 139 700 candidats sont encore en attente, sans savoir s’ils pourront poursuivre leurs études à la rentrée.


      https://www.orientation-education.com/article/nanterre-la-derniere-universite-debloquee

    • Les #quotas_géographiques dans Parcoursup nourrissent les craintes de #discriminations

      Les rectorats ont dû fixer un taux de candidats extra-académiques, qui varie de 1 % à 70 %. La plate-forme d’admission dans le supérieur rouvre ce mardi.


      https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/06/26/les-quotas-geographiques-dans-parcoursup-nourrissent-les-craintes-de-discrim

    • Peut-on refuser parcoursup ?

      Enseignant en philosophie, l’arrivée de la #loi_ORE et de parcoursup cette année ont été un véritable calvaire pour le professeur principal que j’étais en terminale littéraire. Au début personne ne savait vraiment ce qu’il adviendrait mais peu à peu les choses sont devenues très claires. Cette réforme est une des plus importantes que j’ai eu à vivre depuis 30 ans. La sélection qu’elle induit à l’entrée de l’Université et les bouleversements que vont produire les critères sur lesquels elle se fonde sont fondamentaux pour les élèves, mais le silence quasi général des enseignant-e-s et des parents dans mon établissement est peut-être ma plus grande sidération. J’ai malgré tout décidé de continuer la lutte avec les moyens modestes du combat isolé, en refusant la charge de professeur principal à travers une lettre ouverte au proviseur de mon lycée. La publication de ce courrier ici sera peut-être ressentie comme une démarche narcissique plutôt que comme un appui sérieux pour changer les choses mais il m’a semblé nécessaire de le faire, pour ne pas rester seul.

      –-------------------

      Monsieur le Proviseur,

      Comme l’heure des vœux pour la prochaine année scolaire est arrivée, je me permets de vous préciser par ce courrier plus officiel et précis ce que j’ai déjà pu dire succinctement en votre présence en conseil de classe.

      Professeur principal de terminale depuis presque 30 ans et souvent en série littéraire comme la philosophie que j’enseigne m’y prédispose (au vu du nombre d’heures partagées avec les élèves de cette filière), j’ai toujours essayé de guider les futur-e-s bachelier-e-s dans leurs choix d’études supérieures avec la conviction que personne n’est figé dans son être et que toute personne peut changer. « L’avenir n’est pas ce qui va arriver, mais ce que nous allons en faire. » disait Bergson et j’ai toujours considéré que le déterminisme statistique n’est vrai que si on l’applique et que la volonté de quiconque peut permettre d’inventer son avenir. Ce principe philosophique me semble découler des valeurs humanistes qui doivent nous guider dans notre tâche. Dans ce cadre j’ai cependant toujours intégré que certaines filières particulières et techniques nécessitent un minimum d’acquis spécifiques et que le type d’enseignement qu’on y pratique impose des classes à effectif réduit donc des choix précis. Mais j’ai toujours pensé que la connaissance universitaire devait rester ouverte à tou-te-s sans quoi le sens même de toute éducation serait perdu, à savoir le goût pour la connaissance sans fin, le risque admis de commettre des erreurs pour les redresser, la construction d’un esprit critique nécessaire à la liberté de penser, l’apprentissage de l’autonomie réelle, la rencontre avec l’autre, … socle de la construction de tout être humain émancipé.

      La loi ORE et Parcoursup, en instituant de fait une sélection à l’entrée de l’Université, ne permettent plus d’ouvrir à chaque élève les mêmes horizons. Bien sûr, on nous assène que c’est pour ne plus procéder à d’injustes tirages au sort des bachelier-e-s qu’on a fait cette loi et qu’on l’a mise en œuvre avant même qu’elle soit adoptée par nos élu-e-s. Mais on peut tout de même se demander comment on a réussi, en si peu de temps, à mettre un dispositif comme celui-là en place alors qu’on a été incapable, depuis 1998, de voir venir l’afflux d’étudiant-e-s lié à un surcroît de naissance ? Le tirage au sort est donc bien lié à cette surnatalité connue et non anticipée et pas à APB.

      Quoi qu’il en soit, cette réforme disruptive est certainement la plus importante que j’ai eu à subir dans ma carrière et, ne pouvant l’assumer, je ne souhaite donc plus être professeur principal.

      Je ne me sens pas capable d’expliquer à mes élèves, le jour de l’élection des délégué-e-s de classe, qu’être élu-e leur donnera un avantage au titre d’un engagement que d’autres n’ont pas pu avoir parce qu’ils n’ont pas rassemblé assez de voix.

      Je ne me vois pas dire à ces autres d’aller prendre une carte de membre dans une association humanitaire (tant qu’à faire), juste pour avoir une attestation qui prouvera leur engagement extérieur.

      Je ne me sens pas de dire aux élèves dont la vie intime est si lourde qu’ils préfèrent la taire et qui n’ont pas la force de faire mieux que de venir en cours chaque jour, qu’ils perdront des points dans la grande répartition des places.

      Je ne me sens pas capable de dire à mes élèves qu’ils doivent renoncer à la vérité pour se plier à une rationalité algorithmique qui préférera les lettres de motivations formatées à 1500 signes plutôt qu’un courrier sincère.

      Je ne me vois pas conseiller à mes élèves de faire croire qu’ils ont fait des voyages à l’étranger pour qu’un calculateur leur octroie un supplément de points.

      Je ne pourrais pas continuer de leur laisser croire que le baccalauréat est le premier grade universitaire, comme le dit pourtant la loi, alors que c’est dorénavant faux.

      Enfin plus égoïstement, je ne pourrai pas me résoudre à abandonner les principes philosophiques et professionnels qui m’ont guidé depuis ces 30 dernières années, à savoir que je suis seulement là pour donner le goût du doute, l’envie de penser par soi-même et sûrement pas que pour soi-même, pour susciter la remise en cause de ce qu’on nous présente comme « inéluctable », pour que chacun ne pense pas qu’il faut finir avant l’autre dans un quelconque classement pour avoir plus de chance de trouver une place dans la société, pour donner accès à des valeurs dégagées de la simple utilité, pour permettre que ces valeurs et principes républicains de liberté, d’égalité et de fraternité ne soient pas que des mots posés au fronton des lycées mais résonnent dans les intentions de chacun-e. Je ne peux donc pas conseiller à mes élèves d’aller faire la queue devant des écoles dans lesquelles on laisse d’abord entrer une certaine « aristocratie scolaire » pour qu’elle choisisse de prendre ce qui l’intéresse, et d’attendre leur tour pour prendre ce qu’il restera.

      Elève de terminale désintéressé, fils de mineur « n’ayant obtenu qu’un bac G2 » (comptabilité), je crois qu’avec Parcoursup j’aurais été loin dans la queue pour entrer dans les facs de psychologie et philosophie que je voulais faire et dans lesquelles j’ai pourtant été diplômé. Mes profs m’auraient certainement et fortement conseillé, pour mon bien, de demander un BTS « facile » sans quoi je n’aurais pas d’avis favorable… Voilà pourquoi je ne veux pas avoir à devenir celui que je n’aurais pas voulu rencontrer quand j’étais en terminale.

      J’ai conscience de vos obligations quant à la nécessité de mettre deux professeurs principaux dans chaque terminale mais je ne doute pas que vous trouverez des volontaires bien plus compétent-e-s que moi. Pour ma part je ne veux pas scier la branche sur laquelle je suis assis et dévaloriser le baccalauréat qui ne garantit plus rien, encore moins avec l’annonce de sa réforme qui va faire de la philosophie la tâche noire qu’il faudra rapidement nettoyer.

      J’ai tenu à formuler ma position par écrit car je pense qu’elle concerne tout-e-s celles et ceux que l’avenir de l’Education intéresse et je tiens à leur faire connaître ouvertement tellement le silence autour de cette question du sens de notre métier m’effraie.

      En espérant que, quand bien même vous ne puissiez accéder à ma demande vous la comprendrez, je vous prie, Monsieur le Proviseur, d’accepter mes sincères et libres salutations.

      Didier Thévenieau

      https://dthevenieau.wordpress.com/2018/06/27/peut-on-refuser-parcoursup

    • #Nantes : suspension de fonctions validée pour le sociologue opposé à la loi ORE

      La juge des référés a finalement rejeté la requête de #Gildas_Loirand. Le maître de conférences à l’université de Nantes reste suspendu de fonctions jusqu’au 1er octobre, après avoir « harangué » des étudiants opposés à la loi ORE.


      http://www.liberation.fr/france/2018/07/10/nantes-suspension-de-fonctions-validee-pour-le-sociologue-oppose-a-la-loi

    • Parcoursup : les syndicats saisissent le #Défenseur_des_droits

      Ils exigent la publication des critères utilisés par les universités pour classer les candidatures des élèves, alors que plus de 100 000 jeunes n’ont aucune solution pour la rentrée.

      Voilà que le Défenseur des droits est invité à mettre son nez dans Parcoursup. Ce mardi, plusieurs organisations syndicales ont déposé une saisine sur son bureau, pour plus de transparence et au nom de la lutte contre les discriminations. L’appel, qui se veut « unitaire », est en effet assez cosmopolite : il est signé par l’Unef (étudiants), la FCPE (parents d’élèves), l’UNL (lycéens), le Snuep-FSU (enseignants-chercheurs), le Sneptes (personnel technique des universités), la CGT-éducation, mais aussi le SAF (avocats). « Alors que plus de 70 000 jeunes se retrouvent toujours sans aucune solution d’inscription dans l’enseignement supérieur, le gouvernement refuse de transmettre les critères de sélection utilisés par les établissements universitaires », dénoncent-ils d’une seule voix.

      À lire aussi :Parcoursup : « Il y a un côté hyperviolent à opérer un classement »

      Ils réclament la publication des « algorithmes locaux ». Au printemps, quand les universités ont reçu les dossiers des élèves, il leur a été demandé de classer les candidatures. Dans les UFR, chaque équipe a trié les dossiers comme elle a voulu (ou pu), en fonction de critères de leur choix. Certaines se sont pris la tête des heures pour s’entendre sur les critères les « plus justes » possible, d’autres moins. Quand le nombre de candidature était très élevé pour trier dossier par dossier, les enseignants-chercheurs ont utilisé des « modules d’aide à la décision ». Que l’on appelle aussi les algorithmes locaux.
      « Limites de ce système »

      Les organisations syndicales réclament la publication des paramétrages de ces algorithmes. « Ces critères ont eu un impact plus que déterminant sur la possibilité des jeunes de pouvoir étudier dans la filière de leur choix, disent-ils. Les témoignages démontrant les limites de ce système se multiplient : un pourcentage de boursiers inégalement réparti entre académies, une surreprésentation des jeunes d’origine sociale modeste parmi celles∙ceux se retrouvant sans solution d’inscription, des pratiques de pondération des notes en fonction du classement des lycées, une mise au ban des candidats issus de baccalauréats professionnels ou technologiques. »

      Le communiqué parle de 70 000 jeunes toujours sans rien pour la rentrée. En réalité, ils sont 102 000 sans aucune solution, selon les derniers chiffres ministériels. Auxquels viennent s’ajouter les 149 000 qui sont toujours dans l’angoisse, car « en attente de mieux » : ceux-là ont certes reçu une proposition mais dans une filière demandée par défaut et dans laquelle ils ne veulent pas aller… Ils espèrent remonter sur les listes d’attente qui patinent.

      http://www.liberation.fr/france/2018/07/17/parcoursup-les-syndicats-saisissent-le-defenseur-des-droits_1667087

    • Très inquiétant...

      #Nantes : deux enseignants sanctionnés après les blocages à l’université

      La direction de l’université de Nantes reproche à deux enseignants-chercheurs leur présence au côté d’étudiants ayant empêché la tenue d’examens dans le cadre des manifestations contre Parcoursup. Les enseignants réaffirment, quant à eux, leur rôle de médiateurs.

      Du jamais vu, selon le syndicat Snesup-FSU. L’université de Nantes a sanctionné, ce mardi 31 juillet, deux de ses enseignants-chercheurs, en raison de leur présence aux côtés d’étudiants lors du blocage d’examens dans le cadre des manifestations contre la loi ORE (orientation et réussite des étudiants) qui a mis en place la plateforme controversée Parcoursup. Le premier, le sociologue #Gildas_Loirand, a écopé de six mois de retard sur l’avancement d’échelon ; sa collègue, qui souhaite garder l’anonymat, a pris un blâme. Des sanctions administratives symboliques, mais que le syndicat Snesup-FSU dénonce dans un communiqué comme une « restriction inédite des droits des enseignants-chercheurs à manifester » d’une « extrême gravité ».

      Les faits reprochés aux deux enseignants remontent au 18 mai. Ce jour-là, les étudiants nantais doivent passer des examens. Depuis le mois de mars, nombre d’entre eux organisent des actions contre la sélection à l’université amenée par la loi ORE et Parcoursup. Mary David, enseignante et cosecrétaire du Snesup-FSU à Nantes, insiste sur le contexte tendu. « Les collègues qui voulaient se mettre en grève ont fait face à des mesures d’intimidation, affirme-t-elle. Et aux examens, les cadres de la présidence prenaient des photographies d’étudiants. Plusieurs d’entre eux ont témoigné de menaces comme "on connaît ton nom", "tu ne pourras pas t’inscrire dans une autre université"… »
      Tentative de médiation

      Les syndicats Sud et Snesup-FSU décident alors d’installer une « présence syndicale » sur les lieux d’examens pour jouer un « rôle collectif de médiation », explique Mary David. Dans une salle où certains jeunes refusent de composer, des cadres de l’université récupèrent les cartes de tous les étudiants et « menacent de ne plus les rendre ». L’examen est annulé. Les syndicats interviennent, le dialogue s’apaise. Les cadres quittent la salle, suivis par des étudiants qui, selon la syndicaliste, « les questionnent vivement sur les cartes, mais sans bousculades ni violences : d’ailleurs la sécurité n’a pas bronché ». Seuls Gildas Loirand et sa collègue s’attardent. Le sociologue explique : « Nous nous sommes interposés entre les étudiants et le personnel administratif, suite à la rétention des cartes servant à repérer ceux ayant perturbé les examens. » Mais les deux collègues assurent n’avoir pas eu à intervenir physiquement.

      Le jour même, le président de l’université, Olivier Laboux, donne une conférence de presse, au cours de laquelle il affirme que « des personnels administratifs de l’université ont été poursuivis sur environ 300 mètres, insultés, menacés, entravés, bousculés physiquement par des dizaines d’étudiants et deux enseignants de l’université ». Il promet des sanctions. Gildas Loirand sera suspendu de ses fonctions pour avoir répondu dans un mail interne à cette accusation (suspension qui a été annulée par la nouvelle décision). « Ce qui nous est reproché ne correspond pas à ce que nous sommes, ni à ce que nous avons fait. Ce sont des propos mensongers. On aurait dû nous dire merci, et on se retrouve sanctionnés », estime le sociologue.
      « On ne se mobilise pas impunément »

      Très vite, une commission disciplinaire est convoquée. Elle se réunit le 20 juillet et sanctionne Gildas Loirand et sa collègue : respectivement six mois de retard sur l’avancement d’échelon et blâme. « Un dossier monté entièrement à charge », juge la syndicaliste Mary David, remarquant que la commission ne comportait « que des représentants de la liste du président ». Le verdict rendu pour la collègue de Gildas Loirand mentionne que cette dernière s’est associée « par ses paroles et sa posture » à la démarche des manifestants. Et qu’elle n’a tenu un rôle de médiatrice « qu’à la fin ». Ces considérations ne sont pas étayées d’exemples précis de propos ou de gestes violents. « J’ai sollicité l’audition de plusieurs témoins à décharge, mais ils n’ont pas été entendus », regrette de son côté le sociologue. Les deux enseignants-chercheurs, épaulés par un avocat, ont fait appel auprès du Cneser (Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche).

      Lors de sa conférence de presse, Olivier Laboux avait annoncé que des plaintes avaient été déposées : les enseignants en ont eu cinq entre les mains, dont quatre leur sont adressées de manière nominative. « Ce sont des dénonciations calomnieuses, que nous allons donc poursuivre en justice, et j’ai confiance », assure, à leur propos, Gildas Loirand. Il ne néglige pas la teneur « politique et médiatique » du feuilleton lancé le 18 mai par Olivier Laboux : « Il s’est trouvé emporté dans un tourbillon qu’il n’a pas contrôlé, et la commission a suivi. » Mary David considère que l’affaire est moins locale que nationale : « Au-delà d’eux, le message donné aux enseignants c’est qu’on ne se mobilise pas impunément, on le fait au risque de sa carrière. C’est dans l’air du temps, et c’est inquiétant. »

      http://www.liberation.fr/france/2018/08/02/nantes-deux-enseignants-sanctionnes-apres-les-blocages-a-l-universite_167
      #sanctions

    • Parcoursup : les jeunes doivent maintenant répondre dans la journée

      Depuis lundi, les bacheliers en attente sont sommés d’accepter ou de refuser une proposition dans la journée. Le coup d’envoi du sprint final de la plateforme.

      Si vous ne savez pas encore où vous allez étudier à la rentrée, on vous déconseille de vous couper du monde pour évacuer le stress. À partir de ce lundi, Parcoursup passe à la vitesse supérieure et change ses règles du jeu.

      Désormais, les jeunes encore en attente sur la plateforme devront répondre le jour même. Jusqu’à samedi, ils avaient trois jours plein pour entériner leur choix, délai déjà ramené à 48 heures dimanche.

      But de ce changement de calendrier, annoncé dès le début de la procédure : accélérer le traitement des dossiers dans la dernière ligne droite de Parcoursup, dont la procédure principale se termine mercredi. Et permettre de continuer de vider la colonne des jeunes « en attente », dont le chiffre a bougé au ralenti une bonne partie de l’été. La rentrée d’une partie des formations, qui pourront actualiser leur liste en fonction des éventuels absents, à traiter d’autres dossiers.
      « Je ne veux pas risquer de perdre une année »

      Ce lundi, ils sont encore 10 222 à patienter selon les données fournies par Parcoursup. Il faut aussi prendre en compte les 41 806 candidats inactifs, c’est-à-dire les recalés qui n’ont pas lancé la procédure complémentaire ou n’ont pas saisi leur commission rectorale régionale, chargée de proposer des solutions aux laissés pour compte. Ce qui porte le nombre de candidats en stand-by à un peu plus de 50 000.

      Placée en attente pour trois BTS en région parisienne, Johanna* est rivée sur son téléphone depuis quelques jours. « Dès que l’un d’eux m’accepte, je dis tout de suite oui, explique la jeune femme, installée à Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis). Je ne veux pas risquer de perdre une année et je vais regarder souvent mon application Parcoursup pour ne rien louper. »

      La plateforme termine sa phase principale. Cela ne signifie pas que les étudiants sans affectation sont condamnés à une année blanche s’ils n’ont rien d’ici là. Une procédure complémentaire, lancée depuis le 26 juin, permet à ceux qui n’ont essuyé que des refus de candidater à des formations où il reste des places vacantes. Un petit « rab » de temps qui prend fin le 21 septembre.

      http://www.leparisien.fr/societe/parcoursup-les-jeunes-doivent-maintenant-repondre-dans-la-journee-03-09-2

    • 300 étudiants attendent toujours leur inscription à la fac de #Nanterre

      Une centaine d’étudiants et quelques syndicalistes venus les soutenir ce mardi après-midi, au pied de la présidence de l’Université Paris Nanterre, ont demandé l’examen de 300 étudiants en attente d’inscription.

      « Et la fac elle est à qui ? », « Elle est à nous ! », « A qui, à qui, à qui ? », « A nous, à nous, à nous ! ». Les slogans du mouvement universitaire ont de nouveau résonné dans les allées de la faculté de Nanterre, scandés par le leader de la contestation étudiante d’avril et mai 2018, Victor Mendez, membre de l’Unef. Cette fois-ci, ce n’est pas la loi ORE qui est dans le viseur mais la situation d’étudiants sans affectation pour cette rentrée…

      « Nous avons les dossiers de plus de 300 étudiants de licence 1 (L 1) à master 2 (M 2) qui n’ont pas pu s’inscrire, c’est trois fois plus que les autres années », explique Elsa, étudiante en L 3 Humanités à Nanterre et nouvelle adhérente de l’Unef. « Sur Parcoursup, certains se retrouvent aujourd’hui en attente ou refusés sur tous leurs vœux, reprend-elle. Mais ce qui est incompréhensible, c’est qu’il y ait aussi des gens en attente pour les arts du spectacle, par exemple, alors que les enseignants nous disaient qu’il y avait plus de places que de demandes ! »
      « Parce qu’on vient de banlieue, on a aucune chance d’être inscrit dans une bonne fac »

      Au pied du bâtiment B, Louis, un lycéen du Val-de-Marne, accepté à l’université Paris-Est Créteil - son vœu de « sécurité » - espère toujours que l’un de ses autres vœux à Nanterre et dans des universités parisiennes soient acceptés. « Parce qu’on vient de banlieue, on a aucune chance d’être inscrit dans une bonne fac car elles sont toutes à Paris », déplore-t-il.

      « Pour les inscriptions en L 1, on n’a pas la main, c’est fait au niveau national, il faut voir avec l’académie », a répété en boucle Baptiste Bondu, directeur de cabinet du président, qui a répondu aux sollicitations des étudiants faisant la queue sur les marches pour l’interroger sur leur dossier.

      « Au 31 août, mais les chiffres évoluent tous les jours, il nous restait 388 places vacantes sur 6 118 places en première année de licence, pour 3 800 candidats en attente sur Parcoursup ayant émis un vœu pour Nanterre, sachant que les filières où il reste des places, comme l’allemand, ne sont pas demandées », insiste le directeur de cabinet.
      Surbooking sur les filières en tension

      « En première année, 97 % des filières sont remplies, pour d’autres, nous avons dû faire du surbooking, détaille Baptiste Bondu. Les filières en tension sont les Staps (sports), où nous avons près de 400 inscrits en L 1 et où nous avons dû en accueillir 20 supplémentaires, la psycho et le droit. Mais aussi l’éco-gestion, AES (administration économique et sociale), les arts du spectacle, l’anthropologie, les sciences politiques et les filières de langue comprenant de l’anglais… Autant de licences où nous avons dû ouvrir cinq à dix places supplémentaires. »

      Mais ces places ne suffiront pas à satisfaire la demande, loin de là. En attendant, le directeur de cabinet a assuré aux manifestants qu’il recevrait une délégation vendredi et que les quelque 250 dossiers remis par les syndicats seraient examinés.

      http://www.leparisien.fr/hauts-de-seine-92/300-etudiants-attendent-toujours-leur-inscription-a-la-fac-de-nanterre-04

    • Parcoursup : un bilan jugé désastreux par les syndicats

      Huit syndicats et associations d’enseignants, de parents d’élèves, d’étudiants et de lycéens, dressent un bilan alternatif et bien plus sombre que celui présenté à la rentrée par Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement supérieur. L’année universitaire démarre dans une grande confusion.

      « Un peu moins de 2500 ». C’est le nombre de candidats toujours sans aucune affectation à l’issue de la procédure normale de Parcoursup, selon les chiffres donnés par la ministre de l’Enseignement supérieur le 14 septembre sur l’antenne de France Info. Le dernier tableau de bord publié par le ministère en date du 5 septembre indique pour sa part : 7745 postulants, dont 3674 nouveaux bacheliers à qui aucune proposition dans l’enseignement supérieur n’a été faite. Sur un total de 812 047 inscrits. Un décompte définitif sera fourni d’ici mardi prochain, après la clôture le 21 septembre de la période complémentaire devant proposer aux étudiants non admis des places dans les formations non saturées.

      En ne retenant que les nouveaux bacheliers dans son chiffre de 2500 jeunes sans aucune admission, la ministre triche, au moins un peu. « C’est clairement un mensonge. Ils veulent présenter comme un progrès social quelque chose qui relève de la sélection et qui défavorise les classes populaires », tranche Brendan Chabannes du syndicat Sud-éducation. Ainsi, 2500 étudiants sans formation dans le supérieur peut paraître dérisoire comparé à la totalité des inscrits. Mais un chiffre peut en cacher un autre. Même plusieurs autres.

      Au cours d’une conférence de presse commune, les syndicats enseignants du supérieur (FSU, Sud-éducation, CGT et FO), les représentants de parents d’élèves de la FCPE et ceux des étudiants et lycéens (UNEF et UNL) ont présenté un bilan très éloigné du satisfecit de la ministre de l’Enseignement supérieur. Ils soulignent que parmi les 583 032 candidats ayant accepté une proposition dans Parcoursup, 71 804 conservent d’autres vœux en attente. Une situation tendant à confirmer les critiques formulées par les syndicats opposés à la loi « orientation et réussite des étudiants » et à Parcoursup. À savoir, un dispositif ne permettant pas aux étudiants de sélectionner la formation de leur choix.

      Galèresup pour des dizaines de milliers d’étudiants

      En plus d’une insatisfaction sur les études proposées pour au moins 71 000 étudiants, 39 500 autres candidats sont devenus « inactifs » mi-juillet par un simple changement de dénomination des catégories répertoriées par le ministère. Initialement considérés pour la plupart comme étant sur liste d’attente, ils sont maintenant « contactés par les équipes de Parcoursup pour identifier leurs souhaits ». Mais une autre catégorie se détache, celle de ceux ayant « quitté la procédure ». Ils sont 181 757, un chiffre considérable. Même en soustrayant les lycéens qui ont raté leur baccalauréat, cela représente encore près de 100 000 jeunes qui sont sortis du système en cours de route.

      Pas vraiment une réussite pour la plateforme d’admission dans l’enseignement supérieur. Depuis la fin des épreuves du baccalauréat, le système est grippé. Les vœux conservés correspondant aux souhaits réels des étudiants bloquent les admissions dans de nombreuses filières. « Ils n’ont pas fait leur rentrée et sont dans la nature en attendant une place », constate Brendan Chabannes de Sud-éducation qui observe des universités vides et des filières peinant à faire le plein. Avec pour corollaire « un flou le plus total » sur l’organisation des enseignements comme sur les dispositifs de mise à niveau prévus dans la réforme. « Au lieu d’une prétendue sélection au mérite, nous assistons à une sélection par le fric », ironise le syndicaliste en annonçant une forte augmentation des inscriptions dans les établissements privés.

      « Pour les étudiants, c’est beaucoup d’angoisse et d’incompréhensions depuis le début d’été », souligne Marie Buisson responsable de la fédération CGT de l’éducation. Avec en prime pour elle une aberration : « ce sont les jeunes les moins bien classés, ceux ayant le plus de difficultés à accéder aux études post-bac qui ont eu les réponses les plus tardives. Et plus de rater la rentrée, ils ont du retard sur les bourses et le logement par les Crous ». Une situation censée rentrer dans l’ordre pour tous les étudiants le 21 septembre, date de la fin de la période complémentaire de Parcoursup. Mais rien n’est moins sûr. Des contractuels auraient été recrutés par l’académie de Créteil jusqu’à la mi-octobre pour aider les étudiants en attente d’affectation selon Brendan Chabannes.

      https://rapportsdeforce.fr/classes-en-lutte/parcoursup-un-bilan-juge-desastreux-par-les-syndicats-09212221

    • Lycéens contre le #tri_sélectif

      Le monde de l’éducation aura vécu une fin d’année agitée. À la protestation contre la hausse des frais de scolarité pour les étudiants étrangers non européens s’est greffée une mobilisation lycéenne inédite, apparue dans la France périurbaine.

      Un courriel suffit parfois pour saisir l’affolement d’un ministère en butte à la contestation. Ce 12 décembre, voilà deux semaines que l’agitation se répand dans les lycées français. Un directeur des services de l’éducation nationale écrit aux chefs d’établissement de son académie : « Afin d’éviter que ne s’installent chez nos élèves et leurs parents des éléments d’information relatifs à la réforme du lycée et du baccalauréat tronqués, incomplets, voire fallacieux, je vous demanderai de bien vouloir veiller à ce que nos établissements ne puissent accueillir des temps de réunion communs entre enseignants, parents d’élèves et élèves (1). » Interdire la discussion pour étouffer l’opposition : cette méthode illustre le pouvoir démesuré gagné par les proviseurs, devenus « managers de la République (2) », au détriment des enseignants — une évolution que la réforme du lycée et de l’accès à l’enseignement supérieur ne fera qu’amplifier.

      Tout a commencé le 30 novembre, à l’appel de l’Union nationale lycéenne (UNL). Souhaitant faire savoir que « la jeunesse aussi est en colère », le syndicat a exhorté les élèves à bloquer leurs établissements pour dénoncer, pêle-mêle, le lycée à la carte, la sélection à l’université, les suppressions de postes, la réduction des enseignements généraux dans les filières professionnelles, mais aussi la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG), la réforme de la Société nationale des chemins de fer français (SNCF), le service national universel… Au printemps dernier, l’UNL avait échoué à mobiliser contre Parcoursup, la nouvelle plate-forme d’inscription en ligne dans l’enseignement supérieur. Les problèmes soulevés par le syndicat demeuraient abstraits aux yeux de nombreux élèves ; les organisations d’enseignants, dont l’engagement aux côtés des lycéens joue souvent un rôle moteur, étaient divisées. Quelques mois plus tard, une génération de bacheliers a essuyé les plâtres, et l’histoire va se dérouler autrement.

      Au jour dit, plus de cent lycées sont totalement bloqués. Non pas dans les grands centres urbains, comme il est de coutume dans ce type de mouvement, mais dans des zones rurales et périurbaines, dans des villes petites et moyennes — à Gien, Ingré, Laval, Beaugency, Pithiviers, Saint-Priest, Givors, Neuville-sur-Saône, Guérande, Tours, Sète, Vitré, Blagnac… La protestation continue les jours suivants et s’étend bientôt aux banlieues populaires et aux grandes métropoles. Le 11 décembre, plus de 450 établissements sont bloqués ou fortement perturbés ; des manifestations rassemblent des milliers d’élèves.
      Le souvenir de la désastreuse première campagne Parcoursup

      Cette cartographie particulière ne s’explique pas seulement par l’effet d’entraînement du mouvement des « gilets jaunes ». Les territoires périurbains pourraient être les premiers à pâtir des réformes en cours. Celle du lycée prévoit de substituer aux filières actuelles (scientifique, littéraire…) un système « à la carte », où les élèves pourront choisir entre douze « enseignements de spécialité » selon le parcours qu’ils veulent suivre à l’université. Si plusieurs enseignements (mathématiques, histoire-géographie, physique-chimie…) seront a priori disponibles partout, d’autres (numérique et sciences informatiques, sciences de l’ingénieur, arts…) ne le seront que dans certains établissements — la décision appartient aux rectorats, après demande des proviseurs —, au risque de créer une logique de spécialisation. Pour les élèves des grandes villes, celle-ci sera peu préjudiciable : il y aura bien, dans les environs, un établissement proposant le bon cocktail. Mais, dans les petites villes, les lycéens devront-ils renoncer à la formation de leur choix ? Ou parcourir des dizaines de kilomètres ?

      À cette crainte s’ajoute le souvenir de la désastreuse première campagne Parcoursup : des dossiers d’inscription pléthoriques, des listes d’attente interminables, l’angoisse des réponses négatives, l’opacité de la procédure… Tout le monde connaît quelqu’un qui voulait s’inscrire dans une discipline mais s’est retrouvé dans une autre ; ou qui a pu rejoindre la filière désirée, mais à trois cents kilomètres de chez lui. Lors de sa conférence de presse de rentrée, la ministre de l’enseignement supérieur, Mme Frédérique Vidal, avait minimisé ces difficultés. Selon elle, Parcoursup a été une « vraie réussite » qui, loin d’avoir instauré la sélection, a « favorisé la démocratisation de l’enseignement supérieur », tous les candidats ayant reçu des propositions « au plus près de leurs vœux ».

      En réalité, il est très difficile de mesurer le niveau de satisfaction des élèves, un élément rarement pris en compte dans le discours institutionnel — sans même parler de leur niveau d’anxiété. Chaque candidat de terminale était invité, en mars, à émettre dix vœux, sans les hiérarchiser (3). On pouvait donc « accepter une proposition d’admission », mais par défaut, car on jugeait sa place trop incertaine sur la liste d’attente de la filière désirée. Parmi les 583 000 candidats ayant accepté une proposition (sur 812 000 inscrits en mars 2018), plus de 71 000 conservaient à la fin de la procédure principale (le 5 septembre) d’autres vœux en attente ; on peut supposer qu’ils espéraient mieux (4). À ces insatisfaits il faut ajouter près de 40 000 « inactifs » — les radiés du système, restés trop longtemps passifs — et les quelque 180 000 candidats ayant « quitté la procédure ». Soit parce qu’ils n’ont pas obtenu le baccalauréat (la moitié), soit parce qu’ils ont disparu des radars. Ont-ils renoncé aux études supérieures ? Se sont-ils inscrits dans un établissement privé ? Le ministère ne donne aucun détail. Mais nombre d’écoles privées se sont félicitées d’une explosion des demandes.

      L’angoisse générée par Parcoursup a particulièrement frappé les élèves des établissements accueillant une population défavorisée, où les premiers résultats ont fait l’effet d’une douche froide. À Nanterre, 76 % des élèves d’une classe de filière littéraire n’ont alors eu que des réponses négatives ou « en attente ». La proportion s’élevait à 82 % dans une terminale technologique de Beauvais, et même à 92 % dans une classe technologique d’Asnières-sur-Seine (5). En moyenne, 71 % des élèves de série générale ont reçu une réponse positive dès le premier jour, contre 50 % dans les séries technologiques et 45 % dans les séries professionnelles (6). Si ces résultats ne valaient pas rejet définitif, ils furent source de frustration et de découragement pour de nombreux élèves, poussés à sauter sur le premier accord en sous-estimant leurs chances d’obtenir mieux. Parcoursup a ainsi pénalisé les bacheliers des filières professionnelles, dont les inscriptions à l’université ont chuté de 13,7 % entre 2017 et 2018. « Nous ferons en sorte que l’on arrête, par exemple, de faire croire à tout le monde que l’université est la solution pour tout le monde », avait annoncé le président Emmanuel Macron peu après son élection. En ce sens, la plate-forme a effectivement été une « vraie réussite ».

      La gestion du temps s’est imposée comme un critère central de l’accès à l’enseignement supérieur. En 2018, la procédure s’étalait sur près de neuf mois, de janvier à septembre. Pendant l’été, environ 66 000 candidats se trouvaient toujours sur liste d’attente. Cela a désorganisé les filières du supérieur, qui se voyaient dans l’impossibilité de dresser la liste de leurs inscrits, et retardé l’accès au logement des étudiants : difficile de postuler pour une place dans une résidence universitaire sans connaître son lieu d’études… « La durée de la procédure a entretenu un sentiment d’insécurité », a reconnu Mme Vidal, qui a décidé d’écourter l’anxiété de deux mois pour la session 2019.
      L’élève devient le produit d’une série d’opérations qu’il ne contrôle pas

      Cet ajustement n’est pas seulement technique. Le dispositif Parcoursup saucissonne le jugement scolaire — le processus de classement, d’appréciation, de notation des élèves — en une suite de phases auxquelles le lycéen doit se conformer. Il structure l’orientation et la candidature selon un parcours linéaire qui ne souffre aucun accroc : de décembre à avril, l’information et la formulation des vœux ; d’avril à mai, l’attente des résultats ; de mai à juillet, le choix. La plate-forme s’impose ainsi comme un levier proprement « disciplinaire », au sens où elle contraint chaque famille et chaque élève à des cycles et à des tâches ritualisées face auxquels tous ne sont pas égaux : aller chercher l’information sur les filières, préparer les lettres de motivation… Pendant de longs mois, le lycéen devient le produit d’une série d’opérations de tri, de classement et de calcul qu’il ne contrôle pas. Son avenir se joue à coups d’algorithmes fondés sur des critères dont il ne connaît rien, ou presque.

      Dans un tel système, le droit à l’erreur ou le droit de « ne pas savoir quoi faire » n’existe pas. Tout déraillement, tout ralentissement est sanctionné par un rappel à l’ordre. On pense aux mises en garde adressées par l’administration aux lycéens demeurant « en attente » d’une réponse alors qu’une formation leur avait déjà donné un accord. « On encourage tous ceux qui ont eu une proposition à aller s’inscrire », n’a cessé de répéter le ministère. Pour faire plier les hésitants, les règles ont même changé en cours de route. À partir de juillet, les inscrits n’avaient plus que trois jours pour confirmer un vœu, faute de quoi toutes les propositions étaient annulées. Ces candidats indécis espéraient sans doute une meilleure proposition, mais on les accusait de ne pas libérer les places assez vite. Ils étaient rendus responsables non seulement de leur propre attente, mais aussi de celle des autres.

      Traditionnellement, les sociologues considèrent que la légitimité du jugement scolaire relève de l’organisation de sa procédure. Son caractère acceptable dépend de la transparence des critères, de l’équité de leur usage, mais aussi de la publication des résultats dans un délai raisonnable. Or les élèves des filières professionnelles, souvent issus des milieux populaires, ont patienté en moyenne dix-sept jours pour recevoir une première réponse positive, contre quatre pour les titulaires d’un bac général. L’attente est devenue le reflet des inégalités sociales, incarnant et redoublant la violence du classement.

      Avec Parcoursup, des dizaines de milliers de jeunes sont restés dans l’#incertitude durant des mois, pour des raisons qui leur paraissaient obscures et parfois injustes. En procédant ainsi, l’institution les a poussés à perdre confiance en eux, mais également à douter du système scolaire, social et politique qui produit le classement — un constat également valable pour l’enseignant qui prépare l’élève et pour la famille qui l’accompagne. Voilà, pour le moment, le principal acquis des réformes éducatives de la présidence de M. Macron.

      https://www.monde-diplomatique.fr/2019/01/ALLOUCH/59445

    • Parcoursup : réponse du #Défenseur_des_droits

      Le SNPTES se félicite de la réponse et des recommandations faites par le Défenseur des droits concernant la plateforme Parcoursup.

      En effet, face à un manque de transparence de la procédure d’affectation dans le premier cycle supérieur des candidats, le SNPTES, conjointement à un collectif d’organisations syndicales et d’associations, avait décidé de saisir le Défenseur des droits.

      Pour le SNPTES, chaque candidate et candidat doit pouvoir connaître et comprendre l’ensemble de la procédure et des critères que les établissements utilisent pour évaluer leur dossier. Le SNPTES est convaincu également que les personnels qui ont la charge d’étudier ces candidatures n’ont aucune volonté de cacher ces critères et, que surtout, ceux-ci n’ont aucune volonté discriminatoire.

      Ainsi donc, le SNPTES s’était grandement étonné de la volonté de la ministre de ne pas laisser les établissements communiquer l’ensemble des éléments et protocoles utilisés lors de la lecture des candidatures. Le Défenseur des droits nous donne raison et recommande donc à la ministre de prendre toutes les mesures nécessaires afin « de rendre publiques toutes les informations relatives au traitement, y compris algorithmique, et à l’évaluation des dossiers des candidats par les commissions locales ».

      En outre, le Défenseur des droits incite la ministre de rendre effective la mobilité géographique des candidats, d’harmoniser les pratiques d’accueil des boursiers et favoriser l’accès aux études supérieures des candidats issus de baccalauréats technologiques et professionnels. Tous ces points sont directement corrélés aux capacités d’accueils insuffisantes de notre enseignement supérieur. Le SNPTES ne cesse de le clamer, ces problèmes d’ordre organisationnels ne perdurent que parce que l’État ne consent pas à mettre les moyens nécessaires à la formation de sa jeunesse… et aucun quota ni aucune procédure d’affectation ne pourra compenser ça !

      http://www.snptes.fr/Parcoursup-reponse-du-Defenseur.html

  • Diabolisation de la cause palestinienne
    Dominique Ziegler, Le Courrier (Genève), le 20 février 2018
    https://lecourrier.ch/2018/02/20/diabolisation-de-la-cause-palestinienne

    Quant à la presse française, elle suit les traces de ses politiciens. L’hebdomadaire Le Point gratifie régulièrement ses lecteurs des chroniques de l’indécrottable BHL, qui nous apprend, entre deux envolées lyriques sur la haute moralité de Tsahal, que le mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) est composé de « salopards ». BDS est devenu la bête noire des soutiens du gouvernement israélien. Pourquoi ? Parce que le boycott culturel et économique de l’Afrique du Sud contribua pour beaucoup à la fin du régime d’apartheid. Bien que modeste, parfaitement pacifiste et issu de la société civile, BDS doit à son tour être démonisé ; L’Obs (dont la dérive idéologique a été minutieusement disséquée par son ancienne directrice adjointe Aude Lancelin dans son ouvrage Le Monde Libre) publie un article à charge dans son édition du 25 janvier 2018, soupçonnant le mouvement d’œuvrer à la destruction d’Israël. Bigre, le BDS, combien de missiles ?

    Ces efforts aboutissent : en France, des militants BDS se voient condamnés par les tribunaux pour « incitation à la haine ». Un comble ! En Suisse, l’appel des artistes solidaires avec la Palestine, lors des massacres de Gaza en 2014, avait réuni plus de 600 signatures. Cela n’avait pas empêché le Conseil fédéral d’acheter des drones israéliens (pour 250 millions de francs) ; mais le droit des artistes à l’expression démocratique n’avait au moins pas été censuré ou démonisé comme en France. Pour combien de temps encore ?

    #Palestine #Dominique_Ziegler #BDS #criminalisation_des_militants

  • Crédit #Suisse, vache à lait des rebelles #tamouls au Sri Lanka ? (La Cité)
    https://www.wereport.fr/international/credit-suisse-vache-a-lait-des-rebelles-tamouls-au-sri-lanka-la-cite

    Treize personnes sont accusées d’avoir financé les Tigres tamouls à hauteur de 15 millions de francs via Bank Now, filiale de crédit du géant bancaire helvétique. Ils auraient financé la guerre civile au Sri Lanka à travers l’argent de dizaines de crédits bancaires suisses. Le 8 janvier dernier, le procès contre treize personnes prévenues...

    #Economie #International #banques #La_Cité #terrorisme

  • Sang contaminé : que sont devenus les principaux acteurs du scandale ? - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/02/07/sang-contamine-que-sont-devenus-les-principaux-acteurs-du-scandale_162820

    Médecins, ministres, journalistes… Trente ans après, certains sont morts, d’autres continuent de se battre pour les malades.

    L’affaire du sang contaminé a marqué le monde de la #santé comme aucun autre dossier, transformant profondément les relations malade-médecin, distillant une méfiance qui depuis s’est enkystée, provoquant aussi une nouvelle organisation de ce qui est devenu la sécurité sanitaire. Quant aux acteurs de ce drame unique, ils ont pour la plupart disparu de la scène publique. En 1992, puis en appel en 1993, ils étaient quatre médecins à comparaître. Deux étaient jugés pour « tromperie » : l’ex-directeur du Centre national de transfusion sanguine (CNTS), Michel #Garretta, condamné à quatre ans de prison ferme, et Jean-Pierre Allain, responsable au #CNTS du département recherche et développement, condamné à quatre ans de prison dont deux avec sursis. Les deux autres étaient poursuivis pour « non-assistance à personne en danger » : Jacques Roux, ancien directeur général de la Santé, a été condamné à trois ans de prison avec sursis alors que Robert Netter, ex-directeur du laboratoire national de la santé, a été relaxé.

    En 1999, l’ancien Premier ministre Laurent Fabius et les ex-secrétaires d’Etat Georgina #Dufoix et Edmond #Hervé ont comparu devant la Cour de justice de la République pour « homicide involontaire » dans l’affaire du sang contaminé. Dufoix et #Fabius ont été acquittés. Seul Edmond Hervé a été condamné pour « manquement à une obligation de sécurité ou de prudence », mais il a été dispensé de peine car, selon la Cour, il « n’a pu bénéficier totalement de la présomption d’innocence », ayant été « soumis, avant jugement, à des appréciations souvent excessives ».

    De ces acteurs du premier cercle, certains, comme le professeur Roux, sont aujourd’hui décédés. Georgina Dufoix a opéré une conversion singulière au protestantisme évangélique au début des années 90, au point que durant la campagne présidentielle de 2007, elle a lancé un blog de prière pour soutenir les candidats. Edmond Hervé, lui, est resté droit dans ses bottes, demeurant maire de Rennes jusqu’en 2008. La journaliste Anne-Marie Casteret (qui travaillait alors à l’Evénement du jeudi) est morte en 2006 à Saint-Nazaire. Elle avait joué un rôle essentiel en révélant les notes du CNTS où étaient formulées des consignes sidérantes, entre autres celles d’écouler tous les stocks de produits sanguins, y compris ceux qui étaient contaminés.

    La juge d’instruction Marie-Odile #Bertella-Geffroy a ensuite porté le dossier judiciaire, seule mais avec une obstination inégalée, en engageant des poursuites sur la question du retard des tests de dépistage. Cette insistance n’a pas été du goût du parquet, qui ne voulait plus de nouveaux procès. L’instruction s’est terminée par un non-lieu généralisé. A la retraite de la magistrature, Marie-Odile Bertella-Geffroy a endossé en 2016 la robe d’avocate et défend les malades, notamment dans l’affaire du Levothyrox.

    Aujourd’hui retraité, Edmond-Luc Henry est resté, lui aussi, engagé. A l’époque victime du sang contaminé et membre très actif de l’Association française des #hémophiles, il a toujours porté avec force la parole des malades, témoignant sans relâche, pour devenir ensuite président de l’AFH.

    Enfin Jean #Péron-Garvanoff. Qui se souvient de lui ? Il joua pourtant un rôle déterminant. Avec son frère, solitaires et rebelles, ils ont été les premières victimes à se révolter et à monter à l’assaut de la forteresse qu’était alors le CNTS. Son témoignage a été décisif pour convaincre Anne-Marie Casteret de s’occuper de ce dossier. Nous n’avons pas retrouvé sa trace. Aujourd’hui, on estime que 1 350 hémophiles ont été contaminés par le #VIH. Et qu’un millier d’entre eux sont décédés.
    Eric Favereau

    http://www.liberation.fr/france/2018/02/07/sang-contamine-garretta-et-son-magot-insaisissables-depuis-dix-huit-ans_1

    L’ex-directeur du Centre de transfusion sanguine a disparu alors qu’il doit rembourser à l’organisme plus de 1,5 million d’euros, une somme qui correspond à des indemnités injustifiées.

    Certains se souviennent de sa moustache, d’autres de son élégance un brin méprisante. D’autres encore du fait qu’il n’a jamais fait part de ses regrets. Michel Garretta a été au cœur du plus terrible scandale sanitaire français du XXe siècle. Ancien directeur du Centre de transfusion sanguine (CNTS), il a été inculpé pour « tromperie » et « non-assistance à personne en danger » dans l’affaire du sang contaminé, puis condamné le 23 octobre 1992 à une peine de quatre ans de prison ferme, la condamnation la plus lourde prononcée dans cette affaire, ainsi qu’à une amende de 500 000 francs (un peu plus de 76 000 euros), confirmée l’année suivante en appel. Il a été incarcéré du 28 octobre 1992 au 15 mai 1995.

    Près de trois ans en prison. Puis, il a disparu. On a dit qu’il travaillait comme chasseur de têtes pour le monde de l’industrie pharmaceutique. Juste des rumeurs, puis plus rien. Aujourd’hui, l’Etablissement français du sang (EFS), qui a succédé aux différentes structures qui s’occupaient de la collecte du sang et de la fabrication de ses composés dans les années 70-90, le recherche avec insistance. Mais ne sait comment faire. « Michel Garretta nous doit plus de 1,5 million d’euros », nous explique un responsable de l’EFS, qui ajoute : « C’est une affaire complexe, Garretta s’est mis en situation de liquidation judiciaire, nous avons été nommés contrôleur de sa liquidation, mais celle-ci n’est toujours pas prononcée. On en est là, c’est trop long, on a des courriers laconiques en réponse à nos relances. Il ne se passe rien. » François Morette, l’avocat de Michel Garretta, qui hier le défendait dans l’affaire du sang et qui aujourd’hui reste son conseil, nous répond, lapidaire : « Je n’ai rien à dire. » Et quand on insiste, lui demandant simplement s’il réside en France, il ajoute : « Je n’ai rien à vous dire, c’est une formule assez claire, je suis tenu au secret professionnel. »

    « Honteuses »

    De fait, quand on nous a parlé de cette affaire qui ressurgissait, on a plutôt eu envie de ne pas se replonger dans ce drame terrible où quasi aucun des acteurs n’a reconnu sa responsabilité, et encore moins Michel Garretta, directeur omnipuissant du CNTS de 1984 à 1991, date de sa démission, quelques mois avant son procès. A ce dernier, il avait été reproché d’avoir traîné pour « chauffer » les produits sanguins concentrés, utilisés alors pour soulager les hémophiles, et de ce fait il était accusé d’avoir continué à donner des produits qui présentaient un risque élevé de contaminer le patient avec le virus du sida. On lui reprochait aussi d’avoir écoulé les stocks de produits non traités. Bref, les charges étaient lourdes, avec Garretta au cœur des décisions prises ou non prises.

    En juin 1991, l’affaire battait alors son plein, le Dr Garretta se retrouvant de plus en plus accusé. Quelques mois avant de passer en procès, d’un commun accord avec la Fondation de la transfusion sanguine qui est son employeur, il décide de démissionner… en bétonnant les conditions de rupture de son contrat de travail. Pour cela, Garretta signe deux conventions très avantageuses. Elles prévoient le versement d’une indemnité de rupture, ainsi qu’une autre compensation destinée à indemniser « les atteintes portées à l’honneur, à la probité et à la notoriété de Michel Garretta, du fait de la campagne de presse ». A cela s’ajoute « l’obligation pour la fondation de continuer d’assurer la sécurité de M. Garretta et de ses proches, de prendre à sa charge l’intégralité des frais et honoraires des conseils, notamment avocat […], de maintenir un assistant à un poste d’assistant juridique et de communication spécifiquement appliqué au dossier ; et de prendre en charge l’ensemble des condamnations pécuniaires éventuellement prononcées contre M. Garretta ». Bref, des conventions qui lui sont particulièrement favorables. « Elles sont surtout honteuses, dit aujourd’hui Edmond-Luc Henry, qui fut président de l’Association française des hémophiles, voilà qu’on lui donnait de l’argent pour son honneur et sa notoriété. Un comble. »

    Un long combat juridique a suivi. En 1995, puis en 1998, le conseil des prud’hommes puis la cour d’appel de Paris donnent raison au Dr Garretta, mais cet arrêt est cassé par la chambre sociale de la Cour de cassation en mai 2000 avant que la cour d’appel de Versailles ne donne raison à la Fondation de la transfusion sanguine. Et condamne Garretta à rembourser 894 223 francs (136 000 euros).

    Retraite

    Point final ? Nullement. Garretta engage devant les prud’hommes une nouvelle procédure pour contester son « licenciement », demande rejetée en septembre 2003, puis en appel en octobre 2005. En avril 2007, la Cour de cassation met un terme à ce conflit, condamnant définitivement Garretta à reverser donc près de 900 000 euros.

    C’était il y a dix ans. S’ensuit une série d’épisodes qui permet à l’ancien directeur de ne pas payer. Il crée une société, puis quelques mois plus tard la met en liquidation. Du coup, impossible pour l’Etablissement français du sang de récupérer le moindre centime. Arrive la retraite du Dr Garretta. L’EFS tente une saisie en septembre 2012, mais l’avocat de Michel Garretta montre un jugement du tribunal de commerce de Bobigny du 19 septembre 2013, qui ouvre une nouvelle procédure de liquidation judiciaire à l’encontre du docteur.

    Tout continue. Et ainsi de suite. Comme il est en liquidation, on ne peut saisir sa retraite, il faut donc attendre la fin de sa liquidation, mais celle-ci ne vient toujours pas… En septembre 2014, l’EFS écrit une nouvelle fois au liquidateur judiciaire, qui, lui répond que la clôture des opérations n’est pas encore à l’ordre du jour. C’était il y a trois ans. « Avec les intérêts, il nous doit plus de 1,5 million d’euros », lâche l’EFS. Vieille histoire, assurément. « Mais faut-il pour autant baisser les bras ? » interroge Edmond-Luc Henry.
    Retraite

    Point final ? Nullement. Garretta engage devant les prud’hommes une nouvelle procédure pour contester son « licenciement », demande rejetée en septembre 2003, puis en appel en octobre 2005. En avril 2007, la Cour de cassation met un terme à ce conflit, condamnant définitivement Garretta à reverser donc près de 900 000 euros.

    C’était il y a dix ans. S’ensuit une série d’épisodes qui permet à l’ancien directeur de ne pas payer. Il crée une société, puis quelques mois plus tard la met en liquidation. Du coup, impossible pour l’Etablissement français du sang de récupérer le moindre centime. Arrive la retraite du Dr Garretta. L’EFS tente une saisie en septembre 2012, mais l’avocat de Michel Garretta montre un jugement du tribunal de commerce de Bobigny du 19 septembre 2013, qui ouvre une nouvelle procédure de liquidation judiciaire à l’encontre du docteur.

    Tout continue. Et ainsi de suite. Comme il est en liquidation, on ne peut saisir sa retraite, il faut donc attendre la fin de sa liquidation, mais celle-ci ne vient toujours pas… En septembre 2014, l’EFS écrit une nouvelle fois au liquidateur judiciaire, qui, lui répond que la clôture des opérations n’est pas encore à l’ordre du jour. C’était il y a trois ans. « Avec les intérêts, il nous doit plus de 1,5 million d’euros », lâche l’EFS. Vieille histoire, assurément. « Mais faut-il pour autant baisser les bras ? » interroge Edmond-Luc Henry.
    Eric Favereau

    #sang_contaminé

  • Scandalo Novartis in Grecia

    Due ex premier e otto ex ministri avrebbero preso soldi dalla multinazionale basilese in cambio di prezzi gonfiati dei farmaci.

    Il ministro della giustizia greco, Stavros Kontonis, che martedì ha dichiarato di aver consegnato gli atti dell’inchiesta al Parlamento, ha affermato che ci si troverebbe di fronte al maggior scandalo dalla fondazione della Grecia moderna. «Si tratta invece solo di diffamazione», ha replicato l’ex capo del governo ellenico Samaràs, coinvolto nello scandalo. Secondo i media locali la multinazionale farmaceutica elvetica avrebbe pagato 50 milioni di euro di tangenti e si sarebbe così garantita una posizione egemone nel settore, con un danno al bilancio pubblico di oltre 3 miliardi di euro.


    https://www.rsi.ch/news/svizzera/Scandalo-Novartis-in-Grecia-10103306.html
    #novartis #big-pharma #big_pharma #industrie_pharmaceutique #Grèce #corruption #Panayotis_Pikramenos #Andonis_Samaràs #prix_des_médicaments #prix #médicaments

    • Le géant suisse Novartis accumule les scandales de corruption RTS - 20 Javier
      https://www.rts.ch/info/suisse/8303437-le-geant-suisse-novartis-accumule-les-scandales-de-corruption.html

      Sous enquête en Grèce, le groupe pharmaceutique Novartis a été visé par des affaires de pots-de-vin dans de nombreux pays ces dernières années. Retour sur les principaux scandales qu’accumule la société bâloise.

      Le Parquet grec a annoncé mercredi 4 janvier avoir lancé une vaste enquête qui touche Novartis. Le groupe pharmaceutique a confirmé à la RTS que ses locaux à Athènes ont été perquisitionnés le 21 décembre.

      L’affaire a éclaté à la suite de révélations dans la presse grecque sur des pots-de-vin versés par l’entreprise entre 2006 et 2014 à des fonctionnaires et des médecins. Le but : augmenter le nombre de prescriptions ou obtenir des prix plus élevés. Des informations sont aussi venues des autorités américaines, qui enquêtent sur Novartis (lire ci-dessous).

      « Il semble qu’une grande partie des fonctionnaires, médecins et pharmaciens qui travaillaient pour les hôpitaux publics ont été impliqués d’une manière ou d’une autre. Il y a une liste de paiements de Novartis qui concerne presque 4000 personnes », a précisé l’eurodéputé de Syriza Stelios Kouloglou, qui a déposé une question écrite auprès de la Commission européenne. Il estime par ailleurs que « la justice suisse devrait s’occuper de l’affaire Novartis ».

      Cette nouvelle affaire fait écho à d’autres enquêtes et condamnations visant le géant bâlois de la pharma à travers le monde.

      Ministère turc de la santé soudoyé ?
      En Turquie, Novartis aurait versé des pots-de-vin pour plus de 80 millions de francs à des représentants du Ministère de la santé afin de « s’acquérir déloyalement une part de marché », selon la presse turque.

      Le Parquet d’Ankara a annoncé en avril 2016 avoir ouvert une procédure contre la multinationale, qui rejette ces accusations. Dans la foulée, le Ministère de la santé a déclaré avoir mené sa propre enquête. Il dit n’avoir trouvé aucune irrégularité, mais poursuivre ses investigations. Depuis avril, le parquet n’a pour sa part jamais communiqué sur son enquête.

      Novartis considère que cette affaire est « sans fondement » et « close ». Le groupe affirme ne pas avoir été informé « de quelque procédure d’enquête que ce soit de la part des autorités ».

      Corruption de médecins et de revues coréens
      En Corée du Sud, toujours en 2016, six hauts responsables de la filiale locale du groupe bâlois, y compris son président, ont été inculpés pour rabais non autorisés et corruption de médecins. Les enquêteurs ont évoqué la somme de 2,2 millions de francs.

      Selon le Financial Times, le Parquet sud-coréen a demandé en août au gouvernement de suspendre l’activité du géant pharmaceutique dans le pays et de bannir ses produits. Novartis a reconnu les faits, mais rejette l’implication de la direction.

      Entre 2011 et 2015, sa filiale sud-coréenne aurait également versé 15,5 millions de francs à des revues médicales, qui auraient ensuite reversé une partie du montant à des médecins pour qu’ils écrivent des articles ou participent à des séminaires autour de ses produits.

      Amendes salées aux Etats-Unis
      Aux Etats-Unis, les démêlés judiciaires sont fréquents pour Novartis. La dernière affaire remonte à mars 2016. Sans confirmer ou infirmer les accusations, la société bâloise a accepté de payer une amende de 25 millions de dollars. La justice américaine reprochait à la multinationale d’avoir soudoyé des professionnels de la santé en Chine, où les exportations de la pharma suisse ont explosé ces dernières années.

      En 2015, le groupe a écopé d’une amende de 390 millions de dollars. Les enquêteurs américains l’accusaient d’avoir versé entre 2007 et 2012 des pots-de-vin, déguisés sous la forme de rabais, à des pharmacies pour favoriser les ventes de ses médicaments #Exjade et #Myfortic. Novartis, qui estimait avoir proposé des ristournes légales, a admis sa responsabilité.

      Une autre affaire de pots-de-vin à des médecins est toujours en cours. Le Département de la justice accuse depuis 2013 la filiale américaine du groupe d’avoir offert des voyages récréatifs à des médecins et de les avoir rémunérés pour de « prétendues conférences ».

      La plus importante amende aux Etats-Unis remonte à septembre 2010. Le groupe suisse a accepté de payer 422,5 millions de dollars pour régler un litige concernant des accusations de marketing illégal et de pots-de-vin à des professionnels de la santé, portant notamment sur un traitement de l’épilepsie, le #Trileptal .

      Un mal répandu
      Face à la multiplications des affaires, Novartis assure que « nous ne tolérons aucun comportement contraire à l’éthique. En même temps, nous savons qu’il existe des possibilités de manquement aux règles lorsqu’une entreprise mondiale compte près de 118’000 employés. »

      Et la société bâloise n’est pas le seul groupe pharmaceutique à être sanctionné pour corruption. L’an passé, rien qu’aux Etats-Unis, les laboratoires #Teva, #GSK, #AstraZeneca et #SciClone ont écopé d’amendes allant de 5 à 519 millions de dollars.

      Valentin Tombez et Natalie Bougeard

  • #Droit_d’asile : entre #répression policière et #chantage financier

    OPINION. La politique d’asile restrictive menée par le Département fédéral de justice et police dirigé par la socialiste Simonetta Sommaruga est injustifiable, estime le professeur honoraire de l’Université de Lausanne Claude Calame.

    Par la presse, nous avons appris que depuis le 1er octobre 2016 le Département fédéral de justice et police a jugé opportun de punir le Canton de Vaud. Son Secrétariat d’Etat aux migrations a supprimé, dans plus d’une centaine de cas, la subvention accordée aux cantons pour l’aide sociale, l’assurance maladie obligatoire et l’encadrement des requérantes et requérants d’asile ; en l’occurrence la somme en jeu tourne apparemment autour du million de francs.

    La cheffe du département a justifié cette mesure de #rétorsion en invoquant l’une des dispositions qu’elle a introduites dans la dernière version de la loi sur l’asile, entrée en vigueur le 1er octobre 2016. Le nouvel article 89.b.2 précise : « Si le fait de ne pas remplir ses obligations en matière d’exécution comme le prévoit l’art. 46 ou de ne les remplir que partiellement entraîne une prolongation de la durée du séjour de l’intéressé en Suisse, la Confédération peut renoncer à verser au canton les indemnités forfaitaires. » La Confédération « peut » et non pas « doit ». Une fois encore, Mme Simonetta Sommaruga donne des textes de #loi l’interprétation la plus restrictive et en exige l’application la plus sévère qui soit.

    Traumatisme des renvois

    Certes, cela ne nous a pas échappé : au lendemain même de l’acceptation en juin 2016, par voie de référendum, d’une loi qui avait été donnée comme favorable aux requérant.es d’asile par l’accélération prévue du traitement des demandes, Simonetta Sommaruga s’est permis de tancer en particulier le Canton de Vaud. Celui-ci manquerait à son devoir d’expulsion des déboutées et déboutés de l’asile, toutes catégories confondues.

    Les conséquences de cet avertissement ne se sont pas fait attendre : interventions brutales de la gendarmerie dans les centres de l’EVAM, séparation arbitraire de familles en vue de l’expulsion, comparution de #déboutés les fers aux pieds devant le juge de paix, arrestations de réfugiés en pleine rue, #assignations_à_résidence en vue du renvoi, mesures d’intimidation auprès des personnes qui tentent de soutenir les « #dublinés ». Ils ne sont autres que des demandeurs d’asile, qu’au mépris de la #clause_de_souveraineté offerte par les accords de Dublin III signés par la Suisse, on renvoie dans le pays où ils ont été enregistrés à l’occasion de leur entrée dans l’Union européenne ; il s’agit en général de l’Italie ou de la Grèce qui sont contraintes d’assumer des dizaines de milliers de demandeuses et demandeurs d’asile.
    Aux traumatismes subis dans le pays d’origine par les faits de guerre ou par les violences qui provoquent l’exil, aux traumatismes endurés dans des parcours terrestres puis maritimes marqués par des rackets, viols, réduction en esclavage, enfermement en camp de concentration, sinon par la mort dans le naufrage d’embarcations de fortune, s’ajoutent, par la politique inflexible conduite par le SEM sous la direction de Simonetta Sommaruga, ministre socialiste, les traumatismes de #renvois et d’#expulsions marqués par la contrainte et le mépris : exécutés dans des conditions indignes de la personne humaine à l’issue d’arrestations musclées, certains « vols spéciaux » ont débouché sur la mort de personnes qui, pour seul délit, ont tenté de fuir une situation de précarité physique et psychique extrême et de trouver un abri en Suisse.

    Diminution drastique des demandes

    La conséquence est double. D’une part, cette politique répressive a conduit à une diminution drastique des demandes d’asile en Suisse : 39 523 demandes déposées au SEM en 2015 (sans battre le « record » de 1999 : plus de 46 000), 27 207 en 2016, 18 088 en 2017 (avec un taux d’acceptation de 25% seulement) ! En contraste, les étrangers fortunés continuent à être accueillis sans la moindre question posée sur l’origine de leur patrimoine ; ils continuent à pouvoir acquérir les appartements de luxe érigés à leur intention sur les rives de nos lacs, profitant du fait que l’investissement dans l’immobilier n’est pas soumis à la (faible) loi contre le blanchiment de l’argent sale.

    D’autre part, Mme Simonetta Sommaruga, par une politique d’asile axée sur l’expulsion, est parvenue à aider l’UDC à dresser la population contre les réfugiées et réfugiés, tout en faisant fi des droits élémentaires d’hommes, de femmes et d’enfants en état de grande précarité. La Suisse a pourtant tous les moyens, financiers, politiques et moraux, pour les accueillir.

    https://www.letemps.ch/opinions/2018/01/30/droit-dasile-entre-repression-policiere-chantage-financier
    #Suisse #renvois #Vaud

  • Un anticancéreux périmé a été administré dans des hôpitaux suisses et Français RTS - ats/ptur - 14 Janvier 2017

    Trois hôpitaux suisses condamnés pour utilisation de matériel défectueux RTS - ats/hend - 13 Janvier 2017


    –--------------------

    Anticancéreux périmé
    –--------------------
    Plus de 100’000 flacons d’un médicament anticancéreux périmé ont été distribués par une entreprise valaisanne et administrés à des patients en Suisse et en France entre 2007 et 2011, rapporte la presse dominicale.

    Le Matin Dimanche et la SonntagsZeitung rapportent que la société Alkopharma de Martigny (VS), distributrice du Thiotepa, falsifiait les dates de péremption de cet anticancéreux qui avait une durée de vie de 18 mois.

    Certains flacons ont été vendus sept ans plus tard et ne contenaient plus la dose de principe actif exigée. L’affaire touche la plupart des hôpitaux suisses. Les journaux soulignent que la moitié des flacons falsifiés ont été administrés à des enfants.

    Au total, Alkopharma a vendu 98’820 flacons du médicament en France pour plus de 3,2 millions d’euros et 2119 en Suisse pour plus de 207’500 francs.

    Recours de Swissmedic
    Un tribunal valaisan a condamné en juin 2016 les deux responsables de l’entreprise à des jours-amendes ou des peines pécuniaires. L’entreprise a fait faillite.

    Swissmedic a fait recours, estimant la peine trop légère, notamment parce que le juge n’a pas retenu la mise en danger de la santé des patients. L’affaire sera jugée prochainement.

    L’affaire éclabousse la Banque cantonale du Valais
    Les journaux dominicaux pointent en outre que le président de la Banque cantonale du Valais (BCVs) est un ami du patron d’Alkopharma. En faillite, l’entreprise avait bénéficié d’un crédit de 85 millions de la part de la BCVs. Selon les journaux, la banque risque de perdre 17 millions de francs à cause de la faillite d’Alkopharma.
    .
    –------------------------------
    Utilisation de matériel défectueux
    –------------------------------
    Swissmedic a amendé les hôpitaux universitaires de Zurich et Bâle ainsi que l’hôpital cantonal de St-Gall. Ces établissements n’ont pas annoncé du matériel souillé, dangereux pour les patients, en provenance du Pakistan.

    En dépit de leurs obligations légales, ces hôpitaux n’ont pas informé Swissmedic à propos du matériel défectueux. Pour l’autorité de surveillance, ils ont gravement violé leur obligation de notification, a indiqué samedi Danièle Bersier, porte-parole de Swissmedic, confirmant une information de plusieurs médias.

    Les produits concernés comprennent entre autres des canules utilisées pour des opérations du coeur sur des bébés et des canules d’aspiration. Elles étaient en partie rouillées, déformées, contenaient des copeaux de métal ou se cassaient. Les produits provenaient du Pakistan et étaient commercialisés par une entreprise basée dans le canton de Zoug.

    En liquidation
    Swissmedic a pris connaissance des abus et des noms des hôpitaux livrés suite à une perquisition dans la firme zougoise.
    En juillet 2017, la sanction est tombée : 5000 francs d’amende. En cas de récidive, la facture peut grimper jusqu’à 50’000 francs.

    Procédure contre la société zougoise
    Swissmedic a également engagé une procédure contre l’entreprise zougoise. Selon les informations publiées sur le site de Moneyhouse, plateforme qui reprend des informations du registre du commerce, la société est en liquidation.

    Source : http://www.rts.ch/info/suisse/9246045-un-anticancereux-perime-a-ete-administre-dans-des-hopitaux-suisses.html

    #Suisse #France #médicaments #Santé #Cancer #Banque #Alkopharma #Swissmedic #Hôpital #Pakistan #fric #argent #Thiotepa #impunité #Anticancéreux

  • Sénégal : Regain de violence en Casamance : 13 jeunes tués dans une forêt

    Après des années d’accalmie, la Casamance, région du sud du Sénégal où est active un rébellion depuis 35 ans, a connu samedi un regain de violence inattendu lorsque 13 jeunes qui coupaient du bois ont été tués sans sommation par une bande armée.

    https://www.courrierinternational.com/depeche/senegal-regain-de-violence-en-casamance-13-jeunes-tues-dans-u

    #Casamance #conflit #violence #Sénégal

  • Suisse : La HEP-BEJUNE veut ponctionner ses étudiants, des députés ripostent

    Les cantons de Berne, Jura et Neuchâtel ont décidé de retenir 15% sur les salaires des étudiants de leur Haute école pédagogique (HEP) lorsque ces derniers effectuent des remplacements. La mesure est contestée par des députés.

    La HEP-BEJUNE se sucre-t-elle sur le dos des étudiants ? C’est le titre qui barrait samedi la Une de L’Express. Le quotidien neuchâtelois explique que trois députés des cantons concernés ont décidé de mener une fronde commune contre la mesure d’économie de l’école.


    Il s’agit d’une ponction de 120’000 francs par année sur le pécule de 800’000 francs que se partageaient jusqu’ici la centaine d’étudiants de 3ème année de la HEP. La mesure vise à couvrir les frais administratifs liés à la gestion des remplacements dans les écoles des trois cantons.

    « Racket des plus faibles »
    « Cela s’inscrit dans la mesquinerie des cantons à la recherche d’économies. On prend sur les plus faibles, sur ceux qui n’ont pas la possibilité de se défendre. C’est gênant d’apprendre que l’une des mesures est de racketter des étudiants qu’on est chargés de former », s’insurge le Jurassien Rémy Meury qui, comme les deux autres députés, siège au sein de la commission interparlementaire de contrôle de la HEP.

    Interviewée dans l’Express, la présidente du comité stratégique de la HEP Monika Maire-Hefti explique que cette mesure d’économie est le juste prix du travail de secrétariat pour gérer ces remplacements.

    Facturer les frais aux écoles
    Une approche contestée par Rémy Meury : « Ce qui est gênant, c’est que tous les bénéfices sont pour le canton. Les remplaçants sont largement formés mais payés moins que les enseignants entièrement formés, et en plus, on veut leur prendre une partie de leur salaire. »

    Pour Rémy Meury, la seule solution acceptable serait de « facturer les soi-disants frais administratifs » aux écoles qui bénéficient de ces remplaçants bon marché.

    Ludovic Rocchi/kkub - RTS - 6 Janvier 2018
    http://www.rts.ch/info/regions/9224424-la-hep-bejune-veut-ponctionner-ses-etudiants-des-deputes-ripostent.html

    #Ecole-normale #vol #remplaçantes #remplaçants #Etudiants #Etudiantes #enseignants #racket

  • Reçu aujourd’hui, le 13 décembre 2017, par mailing-list du #FNS (#Fonds_national_suisse_de_la_recherche_scientifique)

    Chères requérantes, chers requérants,

    L’Open Access (OA ou libre accès) vous apporte de nombreux avantages dans la recherche : vos publications sont plus visibles et produisent davantage d’impact. Vous obtenez de plus un accès rapide et illimité aux publications de vos collègues. Grâce à l’OA, toutes les personnes intéressées peuvent en outre utiliser les résultats de la recherche, indépendamment de leur revenu et de leur lieu de résidence. L’OA démocratise l’accès à la connaissance, encourage le transfert de la connaissance dans la société et l’économie et constitue l’une des bases de la science ouverte (Open Science).

    Pour le FNS, il est clair que les résultats de la recherche financée par des fonds publics représentent un bien public. Cette conception s’impose de façon accrue dans la recherche scientifique. L’OA devient la nouvelle norme d’excellence.

    Un objectif à 100 %

    En janvier 2017, les hautes écoles suisses ont établi une stratégie OA avec le soutien du FNS. A partir de 2024, elles s’engagent à rendre librement accessible toutes les publications financées à l’aide de fonds publics. Dans ce contexte, le FNS a décidé que 100 % des publications issues de projets financés par le FNS seront en libre accès à partir de 2020, c’est-à-dire disponibles de façon illimitée, gratuites et en format numérique. Jusqu’à présent, moins de 50 % des publications financées par le FNS sont en OA.

    Comment pouvez-vous satisfaire à cette obligation de libre accès ? Vous pouvez publier votre article directement dans une revue OA ou votre livre dans le cadre d’une offre éditoriale OA. Il s’agit de l’approche « golden road ». Vous pouvez également archiver l’article ou le livre dans une base de données institutionnelle ou spécifique à une discipline. Il s’agit de la méthode « green road ».

    Le FNS finance les frais de publication pour la « #golden_road »

    Le FNS adapte sa politique d’encouragement au 1er avril 2018 (« Politique OA 2020 ») afin que nous atteignions cet objectif ensemble :

    Articles : le FNS continue de financer les frais de publications d’un article (« #Article_Processing_Charges », #APC) pour les publications sans embargo dans des revues OA. Il supprime jusqu’à nouvel ordre la limite supérieure actuelle de CHF 3000.–. Cependant, les montants APC disproportionnés peuvent être réduits.
    Livres : à partir du 1er avril 2018, le FNS finance les frais de publication d’un livre (« Book Processing Charges » BPC) pour les publications sans embargo de livres OA résultant autant des projets soutenus par le FNS que des projets sans financement du FNS.
    Chapitre de livres : le FNS finance à partir du 1er octobre 2018 les frais de « Book Chapter Processing Charge » (BCPC) lors de la publication immédiate de chapitres de livres.
    Demande de montants pour publication : à partir du 1er avril 2018, vous ne devez plus spécifier les subsides de publication comme frais imputables dans une requête. Une fois l’octroi accordé, vous pouvez déposer une demande via une plateforme OA faisant partie intégrante de mySNF. Celle-ci peut se faire à partir du 1er avril 2018 pour les BPC, et à partir du 1er octobre 2018 pour les APC et les BCPC. Cette demande est également possible au-delà du terme du projet.
    « #Green_road » : comme jusqu’à présent, vous devriez avoir déposé les articles au plus tard après six mois dans une banque de données publiquement accessible. Désormais, un délai de 12 mois au lieu de 24 s’applique aux livres. D’un point de vue du contenu, les œuvres déposées dans la base de données doivent correspondre à la version éditoriale.

    Je vous remercie de bien vouloir prendre en compte à l’avenir uniquement les maisons d’édition qui acceptent les normes pour vos publications. En outre, vous devriez veiller à ne publier aucun travail dans une revue #OA_frauduleuse (« #Predatory_journal »). En cas de doute quant à la faculté d’une revue à satisfaire les critères du libre accès, veuillez consulter la liste disponible sous thinkchecksubmit.org/check.

    Vous trouverez des informations détaillées relatives à la nouvelle « Politique OA 2020 » du FNS et aux dispositions transitoires sur notre site Internet.

    En tant que membre de la communauté scientifique, je vous encourage à apporter votre contribution à l’ouverture et à la compétitivité de la recherche suisse. Ce n’est qu’en travaillant ensemble que nous pourrons ancrer plus solidement l’Open Access dans la science et dans la population.

    Je vous remercie de votre précieuse collaboration et vous prie d’agréer, chères requérantes, chers requérants, mes salutations les meilleures.


    Prof. Matthias Egger
    Président du Conseil national de la recherche FNS

    #hypocrisie #édition_scientifique #savoir #open_access (faux) #golden_open_access #publications_scientifiques

    –-> le diable est dans le détail... et dans ce cas dans la promotion du #gold_open_access :

    La « Gold Road » : les chercheuses et chercheurs publient directement dans une revue scientifique Open Access permettant un accès électronique, libre, gratuit et immédiat à tous ses articles. Les coûts de publications, connus sous le nom de « Article Processing Charges » (APCs), sont généralement payés par l’auteur, son institution ou un autre bailleur de fonds .

    –-> je copie-colle pour que ça soit clair :

    Les coûts de publications, connus sous le nom de « Article Processing Charges » (APCs), sont généralement payés par l’auteur, son institution ou un autre bailleur de fonds

    http://www.snf.ch/fr/leFNS/points-de-vue-politique-de-recherche/open-access/Pages/default.aspx#Variantes%20de%20l%27Open%20Access

    –-

    ajouté à la métaliste sur l’éditions scientifique :
    https://seenthis.net/messages/1036396

    • Voici mon message que j’ai posté sur FB (je ne sais pas si tout le monde y a accès, mais voilà, pour archivage) :

      Je viens de recevoir un message (via newsletter) du SNF FNS SNSF. Titre : "Open Access pour toutes les publications financées par le FNS : nouvelle politique"

      Et je lis :
      "Comment pouvez-vous satisfaire à cette obligation de libre accès ? Vous pouvez publier votre article directement dans une revue OA ou votre livre dans le cadre d’une offre éditoriale OA. Il s’agit de l’approche « golden road ». Vous pouvez également archiver l’article ou le livre dans une base de données institutionnelle ou spécifique à une discipline. Il s’agit de la méthode « green road »."

      Juste pour être claire, voici ce qu’est la "golden road" :
      La "Gold Road" : les chercheuses et chercheurs publient directement dans une revue scientifique Open Access permettant un accès électronique, libre, gratuit et immédiat à tous ses articles. Les coûts de publications, connus sous le nom de "Article Processing Charges" (APCs), sont généralement payés par l’auteur, son institution ou un autre bailleur de fonds.
      (http://www.snf.ch…/points-…/open-access/Pages/default.aspx…)

      Si il y a des "coûts de de publications qui sont payés par l’auteur, son institution ou un autre bailleur de fonds" à des entreprises privées (Elsevier ou Springer Shop pour ne pas les nommées) qui sont en réalité des entreprises prédatrices et qui se font des bénéfices faramineux sur les épaules des chercheurs·ses et des universités publiques, bhein, désolée, mais c’est pour moi une autre manière de piller le savoir aux universités, sous couvert de accès libre. C’est se plier aux règles du marché, contre la science, contre la connaissance, contre le savoir.

      #hypocrisie totale.

      https://www.facebook.com/cristina.delbiaggio/posts/10154830117555938

    • Contre les prix trop élevés d’accès aux publications, les scientifiques font le mur

      En plein essor du libre accès aux publications scientifiques, de nouveaux outils émergent pour aider à trouver facilement – et sans payer – des articles placés derrière un coûteux « paywall » ou une autre forme d’abonnement.

      Les sciences ont-elles perdu leur caractère ouvert et universel ? Le mouvement de l’open access ou accès libre, dans lequel les publications scientifiques sont disponibles gratuitement et non plus contre d’onéreux abonnements, semble en tout cas en témoigner.

      L’open access, porté par des plateformes telles que PLoS, acronyme anglais pour Bibliothèque publique des sciences, constitue une alternative aux éditeurs scientifiques classiques et privés comme Elsevier, Springer Nature ou Wiley dont les tarifs, régulièrement revus à la hausse, irritent le milieu académique qui cherche des parades.
      En 2017, le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS), tout comme l’Union européenne, s’est ainsi fixé l’objectif de rendre disponible en open access, à partir de 2020, la totalité des publications scientifiques qu’il finance. Le 4 septembre, onze fonds européens de financement de la recherche ont même publié un « Plan S » qui rendra cela obligatoire. Le fonds suisse soutient ce plan mais veut l’étudier juridiquement avant de le signer.

      Sans abonnement, les chercheurs et le public font face à des paywalls qui obligent à payer en moyenne une trentaine de francs par article, ou plusieurs milliers de francs pour des bouquets d’abonnements à l’année. « Pour la bibliothèque de l’Université de Genève, cela représente plus de 4,5 millions de francs par année pour l’ensemble des ressources électroniques (journaux, livres, bases de données) », estime Jean-Blaise Claivaz, coordinateur open access et données de recherche à l’Université de Genève.
      Disruption illégale

      Ce marché figé a donné des idées à certains. En 2011, Alexandra Elbakyan, une chercheuse kazakhe, a créé Sci-Hub, une plateforme qui donne accès gratuitement – et illégalement – à plus de 70 millions d’articles scientifiques. Début 2016, 164 000 articles y étaient téléchargés chaque jour.

      « Actuellement, en Suisse, il n’est pas illégal de télécharger sur Sci-Hub, le téléchargeur n’est pas punissable, explique Jean-Blaize Claivaz. A l’Université de Genève, nous pourrions arrêter tous les abonnements et utiliser Sci-Hub. Ce n’est pas une position que l’université est prête à endosser mais nous ne pourrions pas être poursuivis. »

      Une autre façon légale de contourner les paywalls des éditeurs scientifiques est de chercher l’article dans les nombreuses archives numériques ouvertes des bibliothèques. Ces dernières contournent les abonnements en permettant aux chercheurs de verser leurs propres articles et de les rendre accessibles gratuitement – quoique en une version « brouillon » dépourvue des ultimes modifications apportées par les éditeurs avant publication. Mais faire sa bibliographie sur ces plateformes reste long et fastidieux, car il faut faire ses recherches sur chaque archive.

      C’est pour pallier ce problème que sont récemment apparus de nouveaux outils capables d’automatiser le processus, des sortes de moteurs de recherche qui vont simultanément interroger un grand nombre d’archives. Certains sont à visée commerciale (Kopernio, Anywhere Access), d’autres à but non lucratif (Open Access Button, Unpaywall). Si chacun possède ses particularités, le principe est le même : face à un paywall, ces outils (qui peuvent prendre la forme d’une extension de navigateur web) se chargent de trouver une version de l’article hébergée dans une archive ouverte, quelque part dans les méandres d’internet.
      Unpaywall mis en place à Genève

      Pour Jean-Blaize Claivaz, « le côté non lucratif d’Unpaywall et la présence dans son équipe de grands noms de la scène open access attirent la sympathie et une certaine confiance de la communauté scientifique. Ça lui donne un certain avantage face à ses concurrents. »

      La bibliothèque de l’Université de Genève a d’ailleurs récemment intégré un bouton Unpaywall à son système de recherche d’article scientifique. « Nous avons comparé l’accès avec et sans Unpaywall à l’Université de Genève et nous avons constaté que cette solution augmentait l’accès à la littérature scientifique en sciences de la vie d’environ 25% », ajoute-t-il.

      Les grandes entreprises du secteur voient plutôt d’un bon œil l’arrivée de ces petits acteurs qui s’inscrivent dans une position moins radicale que Sci-Hub, qui collectent des données monétisables et qu’il est possible de racheter pour mieux contrôler.

      Kopernio a été racheté en avril par Clarivate Analytics, entreprise peu connue du grand public mais propriétaire du Web of Science, rassemblement de sept grandes bases de données bibliographiques qui est derrière le calcul du fameux facteur d’impact des journaux. Fin juillet, Elsevier et Impactstory, la société éditrice d’Unpaywall, ont conclu un accord qui permet à l’éditeur d’intégrer Unpaywall dans sa propre base de données.

      Mais ces solutions demandent toutes de faire un effort d’installation et d’intégration. Malgré ses démêlés judiciaires et pour l’heure, Sci-Hub semble rester la solution la plus simple pour accéder à l’ensemble, ou presque, de la littérature scientifique.

      https://www.letemps.ch/sciences/contre-prix-eleves-dacces-aux-publications-scientifiques-mur

    • Stratégie nationale suisse Open Access

      Depuis une dizaine d’années, le mouvement Open Access est en fort développement international. Les hautes écoles et les institutions de recherche suisses s’engagent activement dans ce processus. Elles ont ainsi développé durant ces deux dernières années une stratégie nationale Open Access ainsi qu’un plan d’action pour sa mise en œuvre.

      A la demande du Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI) et avec le soutien du Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS), swissuniversities a développé dans le courant de l’année 2016 une stratégie nationale en faveur de l’Open Access. L’Assemblée plénière de swissuniversities, la Conférence des recteurs des hautes écoles suisses, a adopté cette stratégie le 31 janvier 2017.

      La stratégie Open Access pose les principes d’une vision commune pour les hautes écoles suisses, selon laquelle toutes les publications financées par les pouvoirs publics seront en accès libre en 2024. De manière générale, toutes les publications scientifiques en Suisse devraient être en Open Access en 2024. Cette vision s’aligne sur les modèles européens actuels. Afin de mettre en œuvre cette vision, différents champs d’action ont été identifiés, visant notamment à aligner les pratiques Open Access en Suisse, renforcer les négociations avec les éditeurs, renforcer la communication et les incitatifs auprès des chercheurs ainsi qu’envisager de nouveaux modes de publication. L’analyse des flux financiers en matière de publications scientifiques réalisée par un groupe d’expert anglais sous mandat du FNS et du programme « Information scientifique » de swissuniversities recommande un modèle basé sur une approche pragmatique et flexible.
      Plan d’action Open Access

      Afin de concrétiser la stratégie nationale suisse, une deuxième étape a consisté à développer durant l’année 2017 un plan d’action qui détermine les mesures à entreprendre pour la mise en œuvre de la stratégie nationale. Le plan d’action a été élaboré en collaboration avec les différents partenaires (FNS, SEFRI, bibliothèques des hautes écoles, représentés dans un groupe de travail) au terme d’une démarche d’analyse et de consultation auprès des hautes écoles et des autres partenaires clés. Ce plan d’action a pour but de proposer aux hautes écoles suisses des pistes et solutions pour atteindre les objectifs qu’elles se sont fixés en adoptant la stratégie nationale suisse sur l’Open Access. Les mesures proposées ont pour mission de soutenir dans leur démarche en respectant leur autonomie, leurs spécificités et la diversité des disciplines et des modes de recherche.

      L’Assemblée plénière de swissuniversities a adopté le plan d’action et le Conseil des hautes écoles de la Conférence suisse des hautes écoles en a pris favorablement connaissance en février 2018, permettant ainsi de lancer les activités de mise en œuvre pour les hautes écoles suisses.

      Le travail de mise en œuvre débute maintenant, sous la coordination de swissuniversities et dans le respect de l’autonomie des hautes écoles. La stratégie nationale Open Access apparaît comme un instrument essentiel pour maîtriser le processus de transformation et optimiser l’utilisation de ces ressources.
      Publications scientifiques – Négociations avec les éditeurs internationaux

      Afin d’atteindre l’objectif selon lequel les publications financées par les pouvoirs publics doivent être en accès libre en 2024, il est indispensable de disposer d’accords avec les éditeurs scientifiques permettant une publication ouverte des articles et monographies sans que cela ne crée de surcoûts pour les hautes écoles suisses. En ce sens, le comité de swissuniversities a adopté une nouvelle stratégie en matière de négociation avec les éditeurs qui privilégie le modèle « Read & Publish ». Ce modèle prévoit que les hautes écoles financent les coûts de publication et paient un tarif fixe à la lecture/téléchargements des articles et ouvrages publiés, en remplacement des abonnements classiques dont les tarifs fluctuaient selon les revues. Cette approche sera appliquée pour les négociations avec l’éditeur Springer Nature, et il est prévu d’en faire de même avec les éditeurs Elsevier et Wiley. Dans l’intérêt de réussir le processus de transition vers l’Open Access, swissuniversities a adapté l’agenda communiqué en mars 2018 à la demande de Springer Nature et négocie une #solution_transitoire.

      https://www.swissuniversities.ch/fr/themes/politique-des-hautes-ecoles/open-access

      v. aussi le factsheet :
      https://www.swissuniversities.ch/fileadmin/swissuniversities/Dokumente/Hochschulpolitik/Open_Access/180315_Factsheets_Verhandlungsstrategie_F.pdf

  • L’imitation ratée de l’enterrement de Victor Hugo LGS - Théophraste R. - 10 décembre 2017
    https://www.legrandsoir.info/l-imitation-ratee-de-l-enterrement-de-victor-hugo.html

    #Aurore-Berger, la Nadine Morano de #LREM, affirmait que les obsèques de #Johnny-Halliday provoqueraient une émotion comparable à celles de #Victor-Hugo et elle prévoyait qu’il y aurait : « autant de monde si ce n’est plus dans la rue pour l’accompagner ».

    Informés sans #BFM-TV, venus de toutes les régions de France sans bus Macron, 2 millions de personnes ont donné le 1er juin 1885 une journée de travail (non récupérable en RTT) pour accompagner la dépouille de l’immense poète qui ne s’exila pas à cause des impôts, lui. Son testament disait qu’il donnait 50 000 francs aux pauvres et que son cercueil devait être transporté dans le corbillard des pauvres.

    Cependant, la cérémonie pour Johnny était impeccable, comme ordonnée par une entreprise d’événementiel. Des centaines de milliers de contribuables étaient là : les fans de toujours et d’autres que le matraquage médiatique avait conjurés de ne pas rater un « événement historique ».

    Je défie quiconque de ne pas avoir été ému à l’écoute de quelques discours ou lectures de texte ou par le visage de la veuve, si digne et si belle avec ses cheveux tirés en arrière, ses lunettes de soleil et, en sautoir, la croix que son homme portait. Et puis, patatras ! La voici qui se jette pour une longue, longue, longue étreinte dans les bras d’#Emmanuel-Macron, puis dans ceux de #Bri-bri-d’amour.

    La cérémonie pour Johnny fut soudain macronisée.
    L’exceptionnelle « bête de scène » était rapetissée à la taille de l’ancien banquier de chez Rothschild, du président des riches. L’incomparable rocker Johnny fit place à l’oncle Picsou-Halliday avec ses quarante années de démêles avec le fisc, sa condamnation pour fraude à 10 mois de prison avec sursis, son exil fiscal, ses négociations (fructueuses) au plus haut niveau pour des remises sur les sommes dues, des dégrèvements et des effacements de pénalités.

    En se blottissant dans les bras du président que la foule conspua dès les premiers mots de son discours (1), Laeticia Halliday a dit aux fans qu’ils étaient les invités d’un #dîner-de-cons, que l’irrationnelle réunion des torchons et des serviettes serait terminée dès que Johnny serait arrivé Saint-Barth.

    Le poignant concert de guitares devant l’église de la Madeleine fut couvert par cette grosse fausse note.

    Théophraste R. (Directeur de la thèse : « Récupération, #phagocytage et perversion d’un fils du peuple par son entourage et le pouvoir » ).

    (1) Toujours truqueur et tronqueur, le JT de #France-2 a gommé les sifflets et les cris de la foule pour couvrir sa voix (« John-ny, John-ny ! » en ne passant que l’épilogue du discours (à 5mn 52). Apprécions aussi la prudence de Macron qui, craignant de nouveaux sifflets, termina en invitant à « applaudir monsieur Johnny Halliday ».

  • Chalet suisse, villa californienne... Johnny Hallyday, 40 ans de démêlés avec le fisc
    https://tempsreel.nouvelobs.com/culture/johnny-hallyday/20171206.OBS8799/chalet-suisse-villa-californienne-johnny-hallyday-40-ans-de-dem

    1975 : Johnny Hallyday n’a que 32 ans et déjà des démêlés avec le fisc, qui lui réclame des millions en arriérés d’impôts.

    10 février 2017 : Après plusieurs années de procédures, Johnny Hallyday est définitivement condamné pour avoir dissimulé des revenus au fisc. Les dividendes de la société Pimiento Music SAS, qui gère les droits de ses chansons, étaient envoyés dans un paradis fiscal, via le Luxembourg. Le chanteur doit verser 139.000 euros, beaucoup moins que les 9 millions d’abord réclamés.

  • @maitre_eolas

    Par pour moi, je vous confirme que mon opinion personnelle, la loi s’en fout presque autant que je me fous de de la vôtre. C’est l’article 121-3 du code pénal qui dit ça. Engueulez-le lui, merci, bisous.
    C’est l’élément moral de l’infraction. Un crime suppose un acte et la conscience de commettre cet acte. Sinon, on punit des innocents. Et c’est mal.
    L’élément moral de chaque infraction dépend de la définition d’icelle. C’est la cour de cassation qui unifie cette définition. Elle est bien cernée pour l’ensemble des infractions.
    Prenons un cas simple : le vol. Définition : soustraction frauduleuse de la chose d’autrui. Élément matériel : s’emparer du bien d’autrui. Mais en soi ce n’est pas suffisant.

    Code pénal - Article 121-3 | Legifrance
    https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006070719&idArticle=LEGIART

    Il n’y a point de crime ou de délit sans intention de le commettre.

    Toutefois, lorsque la loi le prévoit, il y a délit en cas de mise en danger délibérée de la personne d’autrui.

    Il y a également délit, lorsque la loi le prévoit, en cas de faute d’imprudence, de négligence ou de manquement à une obligation de prudence ou de sécurité prévue par la loi ou le règlement, s’il est établi que l’auteur des faits n’a pas accompli les diligences normales compte tenu, le cas échéant, de la nature de ses missions ou de ses fonctions, de ses compétences ainsi que du pouvoir et des moyens dont il disposait.

    Dans le cas prévu par l’alinéa qui précède, les personnes physiques qui n’ont pas causé directement le dommage, mais qui ont créé ou contribué à créer la situation qui a permis la réalisation du dommage ou qui n’ont pas pris les mesures permettant de l’éviter, sont responsables pénalement s’il est établi qu’elles ont, soit violé de façon manifestement délibérée une obligation particulière de prudence ou de sécurité prévue par la loi ou le règlement, soit commis une faute caractérisée et qui exposait autrui à un risque d’une particulière gravité qu’elles ne pouvaient ignorer.

    Il n’y a point de contravention en cas de force majeure

    Histoire de la pénalisation des violences sexuelles en France -
    http://prendreledroit.org/histoire

    C’est le Code pénal napoléonien de 1810 qui introduit l’interdit des violences sexuelles dans la loi. Elles sont réprimés dans le chapitre « Attentats aux mœurs ». Le harcèlement sexuel n’est alors pas répréhensible.

    L’article 330 disait : « Toute personne qui aura commis un outrage public à la pudeur, sera punie d’un emprisonnement de trois mois à un an, et d’une amende de seize francs à deux cents francs ».

    L’exhibition sexuelle est l’équivalent contemporain de l’outrage public à la pudeur.

    L’article 331 : « Quiconque aura commis le crime de viol, ou sera coupable de tout autre attentat à la pudeur, consommé ou tenté avec violence contre des individus de l’un ou de l’autre sexe, sera puni de la réclusion. »

    La notion de faute et le droit pénal : l’article 121-3 du Code pénal | Le Petit Juriste
    https://www.lepetitjuriste.fr/droit-penal/droit-penal-general/la-notion-de-faute-et-le-droit-penal-larticle-121-3-du-code-penal-2

    plusieurs réformes se sont imposées à la rédaction de l’actuel article « 121-3 du code pénal » face à une délinquance qu’elle soit criminelle, délictuelle ou contraventionnelle, plus subtile et complexe, afin d’offrir à la société et aux victimes une réponse pénale pertinente, efficace mais justifiée.

    Les crimes et la plupart des délits sont des infractions intentionnelles. Le juge ne peut condamner son auteur d’autant qu’il a constaté son intention criminelle ou délictuelle.

    Mais quelle définition peut-on donner à « l’intention ». Comme l’indique l’étymologie du mot « intention » qui vient du verbe latin « intendere », lequel signifie « tendre vers », l’auteur d’une infraction intentionnelle est celui qui recherche, soit qui se tend vers l’acte qui commet. Autrement dit, l’intention consiste dans la volonté ou la conscience d’accomplir un acte prohibé par la loi pénale, c’est-à-dire « violer la norme pénale ».

    Cette intention caractérise l’élément moral de l’infraction. Toute infraction comporte un élément moral ou intellectuel sans exception, cet élément se présente sous la forme d’une « faute » commise par le délinquant.

  • Emmanuel Macron s’est exprimé le 28 novembre devant des centaines d’étudiants de l’université de Ouagadougou. Un discours de politique africaine qui est devenu comme une figure imposée des présidents de la Ve République. Du paternalisme néocolonial de Charles de Gaulle au fameux « l’homme africain n’est pas assez rentré dans l’histoire » de Nicolas Sarkozy, retour sur ces discours marquants des hommes d’États français sur l’Afrique.
    http://www.dailymotion.com/video/x6asady


    http://www.jeuneafrique.com/videos/497882/les-discours-marquants-des-pr-sidents-fran-ais-sur-l-afrique

    Pour mémoire :
    « Comment voulez-vous que le travailleur français qui travaille avec sa femme et qui ensemble gagnent environ 15000 francs et qui voit sur le palier à côté de son HLM entassée, une famille avec un père de famille, trois ou quatre épouses et une vingtaine de gosses et qui gagnent 50000 francs de prestations sociales sans naturellement travailler. Si vous ajoutez à cela le bruit et l’odeur, eh bien le travailleur français sur le palier, il devient fou. Et ce n’est pas être raciste que de dire cela.
    Nous n’avons plus les moyens d’honorer le regroupement familial et il faut enfin ouvrir le débat qui s’impose dans notre pays qui est un vrai débat moral pour savoir s’il est naturel que les étrangers puissent bénéficier au même titre que les français d’une solidarité nationale à laquelle ils ne participent pas puisqu’ils ne payent pas d’impots. »
    Jacques Chirac, discours à Orléans, le 19 juin 1991.

    « Il faut oser dire que nous sommes passés d’une immigration de travail à une immigration de peuplement, que nos frontières ont été des passoires, que le regroupement familial est utilisé abusivement et que notre système social généreux, trop souvent fraudé, crée un immense appel d’air. »
    Chantal Brunel, député UMP de Seine-et-Marne. Assemblée nationale, le 15 novembre 2005.
    #françafrique #racisme #Ve_République