• De la #démocratie en #Pandémie. #Santé, #recherche, #éducation

    La conviction qui nous anime en prenant aujourd’hui la parole, c’est que plutôt que de se taire par peur d’ajouter des polémiques à la confusion, le devoir des milieux universitaires et académiques est de rendre à nouveau possible la discussion scientifique et de la publier dans l’espace public, seule voie pour retisser un lien de confiance entre le savoir et les citoyens, lui-même indispensable à la survie de nos démocraties. La stratégie de l’omerta n’est pas la bonne. Notre conviction est au contraire que le sort de la démocratie dépendra très largement des forces de résistance du monde savant et de sa capacité à se faire entendre dans les débats politiques cruciaux qui vont devoir se mener, dans les mois et les années qui viennent, autour de la santé et de l’avenir du vivant.

    https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Tracts/De-la-democratie-en-Pandemie

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    Et une citation :

    « La conviction qui nous anime en prenant aujourd’hui la parole, c’est que plutôt que de se taire par peur d’ajouter des #polémiques à la #confusion, le devoir des milieux universitaires et académiques est de rendre à nouveau possible la discussion scientifique et de la publier dans l’espace public, seule voie pour retisser un lien de confiance entre le #savoir et les citoyens, lui-même indispensable à la survie de nos démocraties. La stratégie de l’ _#omerta_ n’est pas la bonne. Notre conviction est au contraire que le sort de la démocratie dépendra très largement des forces de résistance du monde savant et de sa capacité à se faire entendre dans les débats politiques cruciaux qui vont devoir se mener, dans les mois et les années qui viennent, autour de la santé et de l’avenir du vivant. »

    #syndémie #désert_médical #zoonose #répression #prévention #confinement #covid-19 #coronavirus #inégalités #autonomie #état_d'urgence #état_d'urgence_sanitaire #exception #régime_d'exception #Etat_de_droit #débat_public #science #conflits #discussion_scientifique #résistance #droit #santé #grève #manifestation #déni #rationalité #peur #panique #colère #confinement #enfermement #défiance #infantilisation #indiscipline #essentiel #responsabilité #improvisation #nudge #attestation_dérogatoire_de_déplacement #libéralisme_autoritaire #autoritarisme #néolibéralisme #colloque_Lippmann (1938) #économie_comportementale #Richard_Thaler #Cass_Sunstein #neuroscience #économie #action_publique #dictature_sanitaire #consentement #acceptabilité_sociale #manufacture_du_consentement #médias #nudging #consulting #conseil_scientifique #comité_analyse_recherche_et_expertise (#CARE) #conseil_de_défense #hôpitaux #hôpital_public #système_sanitaire #éducation #destruction #continuité_pédagogique #e-santé #université #portefeuille_de_compétences #capital_formation #civisme #vie_sociale #déconfinement #austérité #distanciation_sociale #héroïsation #rhétorique_martiale #guerre #médaille_à_l'engagement #primes #management #formations_hybrides #France_Université_Numérique (#FUN) #blended_learning #hybride #Loi_de_programmation_de_la_recherche (#LPR ou #LPPR) #innovation #start-up_nation #couvre-feu #humiliation #vaccin #vaccination
    #livre #livret #Barbara_Stiegler

    • secret @jjalmad
      https://twitter.com/jjalmad/status/1557720167248908288

      Alors. Pour Stiegler je veux bien des ref si tu as ça, j’avais un peu écouté des conf en mode méfiance mais il y a un moment, sans creuser, et je me disais que je devais pousser parce qu’en effet grosse ref à gauche

      @tapyplus

      https://twitter.com/tapyplus/status/1557720905828253698

      Check son entretien avec Desbiolles chez les colibris par ex. T’as aussi ses interventions à ASI, son entretien avec Ruffin, etc. C’est une philosophe médiatique, on la voit bcp. Et elle dit bien de la merde depuis qq tps. Aussi un live de la méthode scientifique avec Delfraissy

      Je suis pas sur le PC mais je peux te lister pas mal de sources. D’autant plus pbtk parce que « réf » à gauche. Mais dans le détail elle dit de la merde en mode minimiser le virus + méconnaissance de l’antivaccinisme. Et du « moi je réfléchit » bien claqué élitiste et méprisant.

      Quelques interventions de B Stiegler (en vrac) :
      Alors la première m’avait interpellée vu qu’elle était partie en HS complet à interpeller Delfraissy sur les effets secondaires des vaccins : https://radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-methode-scientifique/et-maintenant-la-science-d-apres-8387446
      (le pauve N Martin se retrouvait sur un débat complètement HS)

      Il y a d’une part la critique politique (rapport à la démocratie en santé publique), mais pour Stiegler outre la position « le gvt en fait trop, c’est des mesures autoritaires inutiles » elle se positionne par ailleurs sur des choix

      Parler des EI des vaccins sans balancer avec les effets de la maladie. Utilisation de la santé mentale des enfants pour critiquer le port du masque à l’école, lecture de la situation où il n’y aurait que gvt vs libertay, et en omettant complètement toutes les positions développées par l’autodéfense sanitaire et les militants antivalidistes et de collectifs de patients (immunodéprimés, covid long, ...) quand ils ne vont pas dans son narratif.

      Elle met de côté toutes les lectures matérialistes de la situation et sort clairement de son champ de compétence sur certains points, tout en ne donnant que très peu de sources et de points de référence pour étayer ses propos.

      Genre elle critique la pharmacovigilance et les EI mais elle ne donne jamais aucune source ni aucune information sur les outils, méthodes et acteurs qui travaillent ces sujets. Pareil quand elle dit découvrir les critiques des vaccination. Il y a de quoi faire avec les travaux historique sur la #santé_publique et la vaccination. A t elle interrogé des spécialiste de ces sujets, notamment les spécialistes qui ne vont pas que dans le sens de son propos. Elle semble manquer cruellement de référence historique sur le sujet alors qu’elle s’en saisit et qu’elle a une aura d’#intellectuelle_de_gauche, donc plein de monde lui accorde une confiance et trouve qu’elle est très pertinente sur certains sujets. Mais sur le traitement des points techniques elle me semble plutôt à la ramasse et ce qui ne va pas dans son sens est renvoyé à la doxa gouvernementale ou technoscientiste liberale, sans apparemment regarder les contenus eux même. Et Desbiolles c’est pareil. Alla je connais moins et je l’ai entendu dire qq trucs pertinents (sur les profils des non vaccines par exemple) mais le fait qu’il cite Desbiolles devant l’opecst, alors que celle ci racontait des trucs bien limites sur les masques et les enfants, ça me met des warnings.

      Je rajouterai 2 points : 1) il y a des sujets super intéressants à traiter de trouver comment on construit une position collective sur des questions de santé publique, ni individualiste ni subissant l’autorité de l’état. Genre comment penser une réflexions sur les vaccinations (en général, pas spécifiquement covid) dans une perspective émancipatrice et libertaire, comment on fait collectif, comment on mutualise des risques, comment on se donne des contraintes individuelles pour soutenir celles et ceux qui en ont plus besoin.

      Stiegler ne fait que critiquer l’autoritarisme d’état, parle de démocratie, mais ne propose aucune piste concrète ni axe de réflexion pour développer cela. D’autres personnes le font et développent cela, et c’est des sujets non triviaux sur lesquels il est important de délibérer.

      2) Un autre point c’est son discours, comme ceux d’autres intellectuels, est surtout axé sur la partie « choix libre » de la phrase « choix libre et éclairé », et n’évoquent pas vraiment la manière dont on construit collectivement la partie « éclairé »

      Il y a des sujets super importants à traiter sur le rapport aux paroles d’expert, de la place des scientifiques dans un débat public, de la dialectique entre connaissance scientifique et choix politiques et éthiques, bref plein d’enjeux d’éducation populaire

      Ah et aussi dernier point que j’ai déjà évoqué par le passé : l’axe « liberté » sur les questions de vaccination, c’est un argument central des discours antivaccinaux, qui axent sur le fait que les individus peuvent choisir librement etc. C’est assez documenté et c’est par exemple un registre argumentaire historique de la Ligue Nationale Pour la Liberté de Vaccination (LNPLV), qui défend le rapport au choix, défendant les personnes qui ont refusé les vaccinations obligatoires. Mais sous couvert de nuance et de démocratie, ce sont des positions antivaccinales assez claires qui sont défendues. Ce truc de la nuance et de la liberté, tu la retrouves par exemple également chez les anthroposophes (j’en parlais récemment dans un thread).

      j’ai enfin compris pourquoi on dit intellectuel de gauche : c’est pour indiquer avec quel pied leur marcher dessus.

  • Sur les nouvelles formes d’inégalités urbaines #post-Covid

    Quel sera le visage de la #ville_post-Covid ? Le sociologue italien Giovanni Semi partage ses premières réflexions sur le futur de la gentrification et des espaces publics, à l’heure de la distanciation sociale, de l’effondrement du tourisme et du renforcement probable du rôle des plateformes en ligne.

    La crise que nous sommes en train de vivre pose différentes questions sur la ville post-Covid, notamment sur les modes de relations sociales, et de manière plus générale sur ce que sera la vie urbaine. Beaucoup pensent que la pandémie va marquer une rupture nette entre tout ce qui s’est passé avant février-mars 2020 et ce qui se passera dans un « après » difficile à déterminer. Il y a pourtant de nombreuses raisons de penser que la discontinuité ne sera pas si radicale, et que l’on ne repartira pas d’une tabula rasa mais au contraire d’un modèle profondément ancré dans l’histoire (et à historiciser) et dans l’espace (et à spatialiser), qui continuera donc à agir dans le futur. Je veux dire par là que les événements passés et leurs effets spatiaux ne seront pas complètement effacés par la pandémie : s’ils seront dans certains cas profondément perturbés, ils risquent d’être accentués dans d’autres.

    En partant de cette idée que le passé n’est jamais complètement effacé mais qu’il continue à agir dans le présent et même dans le futur, je vais essayer de définir certains éléments de ce passé, puis d’esquisser ce qui nous attend.
    Le monde urbain dont nous avons hérité

    Deux éléments sont centraux dans le monde que nous avons reçu en héritage. D’un côté, ce que Neil Brenner et d’autres ont appelé l’« urbanisation planétaire », c’est-à-dire l’extension d’infrastructures et de logiques capitalistes sur toute la surface de la terre (Brenner et Schmid 2013 ; Brenner 2018). C’est Saskia Sassen qui me semble avoir le mieux décrit la logique de cette diffusion mondiale de l’urbanisation, fondée sur des « formations prédatrices », c’est-à-dire des assemblages autour d’instruments financiers d’acteurs variés comme les États et les entreprises globales (Sassen 2014). Le second élément concerne les modalités opératoires de ces formations prédatrices, et en particulier le lien entre les instruments financiers (et les logiques de financiarisation) et les mécanismes d’extraction de la valeur, qu’il s’agisse de la rente foncière ou de ressources naturelles.

    Pour le dire de manière plus simple, les vingt dernières années nous ont montré de différentes manières comment la relation entre homme, société et environnement s’articule de plus en plus autour de pratiques d’extraction. Les citadins ont désespérément besoin de revenus pour pouvoir se sentir intégrés, et pour cette raison se louent eux-mêmes, ainsi que leurs propriétés, pour obtenir un salaire qui provenait autrefois de rapports de travail (Boltanski et Chiapello 1999). Les populations habitent toujours davantage en milieu urbain, où le maintien des organisations est là aussi lié à des impératifs d’extraction et de concurrence entre territoires (Boltanski et Esquerre 2017). Leurs pratiques de vie et de consommation, à leur domicile mais aussi en déplacement lorsqu’ils deviennent des touristes, s’orientent toujours davantage vers l’extraction d’expériences que vers la production de nouvelles formes de vivre ensemble.

    Avant février-mars 2020, la géographie des villes était caractérisée par des phénomènes que nous avons appris à bien connaître, comme la gentrification, la stigmatisation territoriale des espaces dont les marges d’extraction sont faibles, et de manière plus générale des formes de ségrégation variées, notamment de classe et de race (Arbaci 2019). Même les plus critiques d’entre nous s’étaient habitués à un modèle d’apartheid soft, souvent masqué par le rideau de fumée de la méritocratie et des responsabilités individuelles, et par un darwinisme social dans le cadre duquel il était devenu presque impossible de débattre du caractère normal et naturel des inégalités sociales. Les répertoires de légitimité et d’illégitimité diffèrent selon les sociétés nationales, mais le profil social des gagnants et des perdants reste grosso modo toujours le même.

    Dans mon pays, l’Italie, il y avait une acceptation diffuse de l’immobilité sociale, et il était presque impossible de lancer un débat public sur la rente, sur la propriété, sur toutes les ressources qui par définition biaisent les règles du jeu et permettent à certains de partir largement avantagés. Il était ainsi « naturel » que quelqu’un puisse naître en disposant de deux, trois, quatre appartements de famille, par exemple dans les centres historiques des plus belles villes touristiques italiennes, comme il était « naturel » que les habitants des quartiers populaires de Milan, Naples ou Palerme « méritent » de vivre dans des quartiers sans infrastructures ni services, et où l’État ne se montre qu’en uniforme ou en tenue de travailleur social. Souvent, les premiers étaient aussi ceux qui, comme dans le célèbre roman dystopique de Young sur la méritocratie (1958), parlaient de cosmopolitisme, de démocratie et de révolution digitale, accusant les seconds d’être analphabètes, incivils et réactionnaires.

    Voilà le monde que nous avons, selon moi, laissé derrière nous. Un monde confortable pour certains mais dramatique pour la majorité, dans lequel les scénarios pour la suite étaient tout sauf rassurants. Il serait ainsi dangereux d’oublier que, sur de larges portions du territoire italien, nous nous étions habitués à cohabiter avec la sécheresse, interrompue par des phénomènes brefs et violents d’inondations, mais aussi à des niveaux élevés de pollution de l’air qui se maintenaient pendant plusieurs semaines et même parfois plusieurs mois, n’en déplaise aux négationnistes climatiques ou aux pragmatiques du type TINA (There is No Alternative), nombreux chez les industriels.

    Et puis la pandémie est arrivée. Je laisse aux climatologues, aux virologues et aux autres experts la lourde tâche de nous dire quelles sont les interactions entre l’homme et son environnement susceptibles d’expliquer la diffusion du Covid-19. Mais je peux essayer d’identifier quelques lignes de tension héritées du passé et autour desquelles se construira l’avenir des villes.
    Quel futur pour la gentrification ?

    Le débat sur la gentrification est désormais bien établi aussi bien en France qu’en Italie, et il n’est pas nécessaire de le synthétiser ici (voir notamment Chabrol et al. 2016, Semi 2015). On peut seulement rappeler qu’au cours des deux dernières années une thèse s’est diffusée selon laquelle la dernière vague de gentrification aurait été caractérisée par la financiarisation et par l’économie du tourisme, et donc marquée par le phénomène des locations de court terme symbolisées par la plateforme américaine Airbnb.

    Défendue notamment par Manuel Aalbers (2019), cette thèse nous disait que la nouvelle frontière d’expulsion et d’inégalité spatiale se situait sur le marché locatif, et que les nouveaux perdants étaient tous les ménages qui avaient besoin de se loger pour une durée supérieure à une semaine. L’industrie du tourisme et l’impressionnante accélération de l’usage temporaire de la ville avaient soustrait des logements aux résidents, rendu encore plus rigide le marché locatif, augmenté les loyers et contraint de nombreux ménages à s’éloigner des zones présentant la marge d’extraction la plus élevée. Cette forme de gentrification s’ajoute à toutes les précédentes, stade ultime d’un long processus d’éloignement des classes populaires vers les espaces les moins recherchés des grandes aires urbaines.

    Si cette thèse est assez crédible, avec plus ou moins de validité selon les lieux, le business des logements temporaires pour touristes a été rayé de la carte entre la fin du mois de février 2020 et le moment où j’écris ces lignes. Vols annulés, frontières fermées, populations immobilisées : les appartements concernés sont vides et une niche entière de l’économie a été interrompue en quelques jours.

    Que penser de cette tempête ? On débat depuis des semaines autour du caractère plus ou moins démocratique du virus, mais il ne fait aucun doute que les effets qu’il provoque ne le sont pas. Si on regarde le monde des plateformes de logement on observe que, même si elles ont subi un coup dur, ces dernières sont par nature très résistantes, qu’il s’agisse de Booking ou d’Airbnb. Leurs coûts fixes sont très bas, elles ont un nombre limité d’employés, et leur capacité de réaction est telle qu’entre mars et avril un colosse comme Airbnb a déjà pu compter sur deux augmentations de capital rapidement trouvées sur le marché international.

    Du côté des propriétaires de logements des plateformes, les grands investisseurs immobiliers ont tous les instruments légaux et financiers pour encaisser le coup, mais ce n’est pas le cas des particuliers qui affrontent la tempête dépourvus de moyens (Semi et Tonetta 2019). Les effets sont aussi très différents en fonction des échelles, selon qu’on se situe dans un appartement vide, à l’échelle d’un quartier, ou celle d’une ville entière. Les quartiers dont l’unique fonction était de servir des touristes qui ne restaient que quelques nuits se retrouvent ainsi aujourd’hui totalement vides. Au cours des deux prochaines années, la récession dans laquelle nous sommes déjà entrés se traduira par un choc de liquidités qui empêchera la renaissance du tourisme dans la forme que nous lui connaissions jusqu’ici, et aura des conséquences difficiles à prévoir aujourd’hui.

    On peut penser, en faisant preuve d’optimisme, que ce stock de logements retournera sur le marché locatif traditionnel. Mais la crise de liquidité concernera tout autant les touristes que les résidents (il s’agit souvent des mêmes personnes) et il n’est pas facile de savoir qui pourra se permettre de payer un loyer (et quel loyer ?) dans un quartier touristique sans touristes. Il est probable que les inégalités sociales et spatiales héritées du passé s’en trouvent pour certaines congelées, notamment dans les quartiers les plus riches, où les propriétaires aisés pourront retirer leurs biens du marché et conserver leur valeur, quand d’autres seront renforcées dans les quartiers les plus pauvres, où les petits propriétaires seront contraints de vendre, parfois à perte.
    Quel futur pour l’espace public ?

    Au cours des deux dernières décennies, l’espace public a suscité un regain d’intérêt, favorisé par les désirs et les angoisses produits par le néolibéralisme. L’espace public, tel qu’il était conçu jusqu’en février 2020, était principalement un lieu ouvert à des activités de consommation conviviales et non conflictuelles (Sorkin 1992, Mitchell 2003), très éloigné donc de la théorie de l’espace public élaborée par la philosophie politique et par la théorie sociale du XXe siècle (Habermas, Arendt, Sennett, Calhoun). L’espace public dont on parlait était en somme celui des places, avec leurs bars et restaurants en plein air, celui des waterfronts rénovés, celui des parcs aménagés pour des activités de plein air (celui des centres commerciaux, quoique très diffusé, était déjà en crise avant le Covid). Il s’agissait d’un vaste territoire de la ville où les architectes et les designers avaient dicté leur loi, imaginant des territoires conviviaux, smart, parfois soutenables, souvent très recherchés d’un point de vue esthétique (Semi et Bolzoni 2020). On pourrait discuter longuement des expérimentations politiques qui y ont été réalisées, comme dans le cas des POPS (Privately Owned Public Spaces), et de manière plus générale des accords néolibéraux dans le cadre desquels des acteurs privés se substituent aux acteurs publics pour assurer la gestion et l’exploitation de ces espaces. On pense par exemple aux Business Improvement Districts (BID), contrats de gestion d’espaces publics où l’acteur public attribue pour un temps déterminé toutes les fonctions de collecte des taxes, le contrôle de police et des normes d’hygiène à des unions de propriétaires (Zukin 2009).

    La logique organisationnelle de ces espaces était la suivante : leur fonction principale réside dans des formes de consommation légitimes et pacifiées, chapeautées par un fort contrôle social interpersonnel. Un peu comme dans les recettes de bon sens de Jane Jacobs (1961), le contrôle social reposait surtout sur la bonne éducation de consommateurs civils, ce qui permet facilement de comprendre qui étaient les exclus de ce modèle de vie urbaine : les sans-domicile, les toxicomanes, les Roms, les immigrés pauvres, les activistes et tous ceux qui n’étaient pas en mesure de consommer de façon adéquate. Cette logique s’enrayait parfois, comme dans le cas des conflits locaux générés par la vie nocturne dans de nombreuses villes européennes, ou dans celui des conflits entre touristes et populations locales.

    Quoi qu’il en soit, cet espace public fonctionnait et avait du succès car les personnes pouvaient se rassembler en grand nombre : le rassemblement de personnes a été un des moyens d’extraction urbaine les plus efficaces des dernières décennies.

    On comprend donc que le monde post-Covid, dans lequel la proximité physique entre les personnes est devenue, au moins de manière temporaire, l’ennemi public numéro un, met en crise de manière radicale ce type d’espace public. Il n’est pas possible de savoir aujourd’hui pour combien de temps, ni quel succès connaîtront les solutions que l’on évoque ces jours-ci (comme rouvrir les bars et les restaurants en respectant scrupuleusement les consignes de distanciation sociale), mais il est certain que nous allons assister à un renouvellement profond de ces espaces.
    Scénarios

    Il est possible que, dans un premier temps, l’espace public néolibéral redevienne plus semblable à celui que nous avons connu tout au long du XXe siècle, c’est-à-dire plus ouvert à la diversité des usages et à la conflictualité sociale. Il sera sans doute moins pacifié. Je laisse le lecteur décider du fait qu’il s’agisse d’un mal ou d’un bien, mais l’espace public sera probablement plus démocratique.

    Une autre voie, bien moins démocratique mais qui sera sans doute celle que l’on empruntera, concerne un secteur économique qui trouve son débouché physique dans l’espace public : l’offre commerciale, et en particulier la restauration. Ce monde dominait l’espace public néolibéral, notamment à travers ce que certains ont appelé la foodification, la gentrification alimentaire. Il s’agit d’un secteur très dynamique et constitué d’une grande variété d’acteurs qui ont durement lutté pour des marges de profit toujours plus limitées : un véritable marché caractérisé par une innovation faible et une concurrence forte. Un marché qui, comme celui des locations de court terme, s’est effondré au cours des deux derniers mois. En Italie, comme dans beaucoup d’autres pays occidentaux, ce secteur était lui aussi lié à la logistique des plateformes qui s’occupaient de la distribution par l’intermédiaire de cyclistes, comme Deliveroo, Glovo, Foodora, Uber Eats et d’autres. Là aussi, les plateformes se sont montrées plus flexibles et plus résistantes (elles ont été aidées en ce sens par des décisions politiques) et ont continué à fonctionner en dépit du lockdown. Elles seront des acteurs de premier plan du scénario post-Covid, sûrement plus centrales encore qu’avant, notamment car ce seront probablement elles qui maintiendront en vie un certain nombre de restaurants dont la clientèle ne pourra pas renoncer aux petits plats chinois ou mexicains à toute heure. Là encore, il y aura des perdants, sans doute surtout les restaurants traditionnels dont les produits et la clientèle ne passent pas à travers le filtre de la plateforme. Après une phase au cours de laquelle le restaurant traditionnel avait dû lutter contre le restaurant cosmopolite ou à la mode, ce protagoniste majeur de la culture urbaine occidentale, tout comme les cafés, va devoir affronter une épreuve majeure.
    Accélération ou refondation ?

    Il me semble que la pandémie va agir à la fois comme un accélérateur et comme une solution pour une série de conflits déjà visibles au cours des dernières décennies. Il s’agit de conflits organisationnels internes au capitalisme, où les plateformes, certaines plus que d’autres, vont se substituer à des filières de distribution traditionnelles et fourniront des services sur de nombreux marchés.

    Il s’agit d’une transformation qui ne frappera pas seulement les villes, même si elle y sera plus visible qu’ailleurs, mais qui agira sur l’ensemble de l’urbanisation planétaire. Beaucoup de commentateurs soutiennent que cette crise va mettre un frein à la globalisation. Je ne le crois pas. Je pense qu’aux côtés de dynamiques nationalistes, elles aussi déjà visibles au cours des vingt dernières années, nous assisterons à de nouvelles accélérations globales, en particulier du fait de l’action des plateformes.

    La logique prédatrice de fond du capitalisme est intacte, et n’est pas mise en discussion, même s’il est probable que beaucoup des formes qu’elle avait revêtues au tournant du XXIe siècle soient destinées à évoluer. Il y a du travail en perspective pour les chercheurs en sciences sociales, mais encore davantage pour les activistes et pour tous ceux qui croient que ce moment représente une opportunité pour repenser de manière radicale le monde dont nous avons hérité.

    https://metropolitiques.eu/Sur-les-nouvelles-formes-d-inegalites-urbaines-post-Covid.html

    #inégalités #inégalités_urbaines #covid-19 #coronavirus #villes #géographie_urbaine #urban_matter #gentrification #espaces_publics #tourisme #distanciation_physique #distanciation_sociale #TRUST #mater_TRUST #ressources_pédagogiques

    #ressources_pédagogiques

  • Bons baisers de rentrée

    Academia a décidé de recenser des témoignages écrits et photographiques de la rentrée universitaire 2020, dont nous avons reçu de premiers échos épouvantables, dont la presse s’est fait l’écho.

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    - 2020, la rentrée de la honte, série sur Université ouverte : https://universiteouverte.org/tag/recit-de-rentree
    - Rentrée universitaire. La grande débrouille, par Khedidja Zerouali, Mediapart, 15/9/2020 : https://www.mediapart.fr/journal/france/160920/rentree-universitaire-la-grande-debrouille
    - Université de Paris. Étudiants et personnels face au chaos de la fusion, par Philomène Rozen, Révolution permanente, 17/9/2020 : https://www.revolutionpermanente.fr/Universite-de-Paris-Etudiants-et-personnels-face-au-chaos-de-la

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    Selon une stratégie du choc (Noemi Klein, 2008) inacceptable1, Frédérique Vidal profite d’une rentrée hors norme pour achever de faire passer sa loi rétrograde dite « de programmation de la recherche 2021-2030 ». Enseignant·es et étudiant·es subissent des conditions d’accueil épouvantables, en licence, en Master, tandis que l’administration réclame sans vergogne les droits de Contribution de la vie étudiante et de campus (CVEC) —doctorant·es doivent s’acquitter d’une cotisation de la vie étudiante et de campus — dont déjà ielles n’avaient pas profiter l’année dernière.

    Voici une galerie de portraits de l’engagement pédagogique des maîtres·ses et des élèves, qui illustrent le mépris dans lequel leur Ministère de tutelle les tient.

    Academia invite tous et toutes celleux qui le souhaitent de lui communiquer leurs clichés ou leur témoignage.

    https://academia.hypotheses.org/25768

    #rentrée_2020 #distanciation_sociale (euhhh) #université #France #photographie #photos #images #gestes_barrières (euhhh)

  • Organizing amidst Covid-19


    Organizing amidst Covid-19: sharing stories of struggles
    Overviews of movement struggles in specific places

    Miguel Martinez
    Mutating mobilisations during the pandemic crisis in Spain (movement report, pp. 15 – 21)

    Laurence Cox
    Forms of social movement in the crisis: a view from Ireland (movement report, pp. 22 – 33)

    Lesley Wood
    We’re not all in this together (movement report, pp. 34 – 38)

    Angela Chukunzira
    Organising under curfew: perspectives from Kenya (movement report, pp. 39 – 42)

    Federico Venturini
    Social movements’ powerlessness at the time of covid-19: a personal account (movement report, pp. 43 – 46)

    Sobhi Mohanty
    From communal violence to lockdown hunger: emergency responses by civil society networks in Delhi, India (movement report, pp. 47 – 52)
    Feminist and LGBTQ+ activism

    Hongwei Bao
    “Anti-domestic violence little vaccine”: a Wuhan-based feminist activist campaign during COVID-19 (movement report, pp. 53 – 63)

    Ayaz Ahmed Siddiqui
    Aurat march, a threat to mainstream tribalism in Pakistan (movement report, pp. 64 – 71)

    Lynn Ng Yu Ling
    What does the COVID-19 pandemic mean for PinkDot Singapore? (movement report, pp. 72 – 81)

    María José Ventura Alfaro
    Feminist solidarity networks have multiplied since the COVID-19 outbreak in Mexico (movement report, pp. 82 – 87)

    Ben Trott
    Queer Berlin and the Covid-19 crisis: a politics of contact and ethics of care (movement report, pp. 88 – 108)
    Reproductive struggles

    Non Una Di Meno Roma
    Life beyond the pandemic (movement report, pp. 109 – 114)
    Labour organising

    Ben Duke
    The effects of the COVID-19 crisis on the gig economy and zero hour contracts (movement report, pp. 115 – 120)

    Louisa Acciari
    Domestic workers’ struggles in times of pandemic crisis (movement report, pp. 121 – 127)

    Arianna Tassinari, Riccardo Emilia Chesta and Lorenzo Cini
    Labour conflicts over health and safety in the Italian Covid19 crisis (movement report, pp. 128 – 138)

    T Sharkawi and N Ali
    Acts of whistleblowing: the case of collective claim making by healthcare workers in Egypt (movement report, pp. 139 – 163)

    Mallige Sirimane and Nisha Thapliyal
    Migrant labourers, Covid19 and working-class struggle in the time of pandemic: a report from Karnataka, India (movement report, pp. 164 – 181)
    Migrant and refugee struggles

    Johanna May Black, Sutapa Chattopadhyay and Riley Chisholm
    Solidarity in times of social distancing: migrants, mutual aid, and COVID-19 (movement report, pp. 182 – 193)

    Anitta Kynsilehto
    Doing migrant solidarity at the time of Covid-19 (movement report, pp. 194 – 198)

    Susan Thieme and Eda Elif Tibet
    New political upheavals and women alliances in solidarity beyond “lock down” in Switzerland at times of a global pandemic (movement report, pp. 199 – 207)

    Chiara Milan
    Refugee solidarity along the Western Balkans route: new challenges and a change of strategy in times of COVID-19 (movement report, pp. 208 – 212)

    Marco Perolini
    Abolish all camps in times of corona: the struggle against shared accommodation for refugees* in Berlin (movement report, pp. 213 – 224)
    Ecological activism

    Clara Thompson
    #FightEveryCrisis: Re-framing the climate movement in times of a pandemic (movement report, pp. 225 – 231)

    Susan Paulson
    Degrowth and feminisms ally to forge care-full paths beyond pandemic (movement report, pp. 232 – 246)

    Peterson Derolus [FR]
    Coronavirus, mouvements sociaux populaires anti-exploitation minier en Haïti (movement report, pp. 247 – 249)

    Silpa Satheesh
    The pandemic does not stop the pollution in River Periyar (movement report, pp. 250 – 257)

    Ashish Kothari
    Corona can’t save the planet, but we can, if we listen to ordinary people (movement report, pp. 258 – 265)
    Food sovereignty organising

    Dagmar Diesner
    Self-governance food system before and during the Covid-crisis on the example of CampiAperti, Bologna (movement report, pp. 266 – 273)

    URGENCI
    Community Supported Agriculture is a safe and resilient alternative to industrial agriculture in the time of Covid-19 (movement report, pp. 274 – 279)

    Jenny Gkougki
    Corona-crisis affects small Greek farmers who counterstrike with a nationwide social media campaign to unite producers and consumers on local level! (movement report, pp. 280 – 283)

    John Foran
    Eco Vista in the quintuple crisis (movement report, pp. 284 – 291)
    Solidarity and mutual aid

    Michael Zeller
    Karlsruhe’s “giving fences”: mobilisation for the needy in times of COVID-19 (movement report, pp. 292 – 303)

    Sergio Ruiz Cayuela
    Organising a solidarity kitchen: reflections from Cooperation Birmingham (movement report, pp. 304 – 309)

    Clinton Nichols
    On lockdown and locked out of the prison classroom: the prospects of post-secondary education for incarcerated persons during pandemic (movement report, pp. 310 – 316)

    Micha Fiedlschuster and Leon Rosa Reichle
    Solidarity forever? Performing mutual aid in Leipzig, Germany (movement report, pp. 317 – 325)
    Artistic and digital resistance

    Kerman Calvo and Ester Bejarano
    Music, solidarities and balconies in Spain (movement report, pp. 326 – 332)

    Neto Holanda and Valesca Lima [PT]
    Movimentos e ações político-culturais do Brasil em tempos de pandemia do Covid-19 (movement report, pp. 333 – 338)

    Margherita Massarenti
    How Covid-19 led to a #Rentstrike and what it can teach us about online organizing (movement report, pp. 339 – 346)

    Dounya
    Knowledge is power: virtual forms of everyday resistance and grassroots broadcasting in Iran (movement report, pp. 347 – 354)
    Imagining a new world

    Donatella della Porta
    How progressive social movements can save democracy in pandemic times (movement report, pp. 355 – 358)

    Jackie Smith
    Responding to coronavirus pandemic: human rights movement-building to transform global capitalism (movement report, pp. 359 – 366)

    Yariv Mohar
    Human rights amid Covid-19: from struggle to orchestration of tradeoffs (movement report, pp. 367 – 370)

    Julien Landry, Ann Marie Smith, Patience Agwenjang, Patricia Blankson Akakpo, Jagat Basnet, Bhumiraj Chapagain, Aklilu Gebremichael, Barbara Maigari and Namadi Saka,
    Social justice snapshots: governance adaptations, innovations and practitioner learning in a time of COVID-19 (movement report, pp. 371 – 382)

    Roger Spear, Gulcin Erdi, Marla A. Parker and Maria Anastasia
    Innovations in citizen response to crises: volunteerism and social mobilization during COVID-19 (movement report, pp. 383 – 391)

    Breno Bringel
    Covid-19 and the new global chaos (movement report, pp. 392 – 399)

    https://www.interfacejournal.net/interface-volume-12-issue-1

    #mouvements_sociaux #résistance #covid-19 #confinement #revue #aide_mutuelle #Espagne #résistance #Irlande #Kenya #impuissance #sentiment_d'impuissance #faim #violence #Delhi #Inde #féminisme #Wuhan #Pakistan #PinkDot #LGBT #Singapour #solidarité_féministe #solidarité #Mexique #care #Berlin #Allemagne #queer #gig_economy #travail #travail_domestique #travailleurs_domestiques #Italie #Egypte #travailleurs_étrangers #Karnataka #distanciation_sociale #migrations #Suisse #route_des_Balkans #Balkans #réfugiés #camps_de_réfugiés #FightEveryCrisis #climat #changement_climatique #décroissance #Haïti #extractivisme #pollution #River_Periyar #Periyar #souveraineté_alimentaire #nourriture #alimentation #CampiAperti #Bologne #agriculture #Grèce #Karlsruhe #Cooperation_Birmingham #UK #Angleterre #Leipzig #musique #Brésil #Rentstrike #Iran #droits_humains #justice_sociale #innovation #innovation_sociale

    ping @isskein @karine4

  • How #ICE Exported the Coronavirus

    An investigation reveals how Immigration and Customs Enforcement became a domestic and global spreader of COVID-19.

    Admild, an undocumented immigrant from Haiti, was feeling sick as he approached the deportation plane that was going to take him back to the country he had fled in fear. Two weeks before that day in May, while being held at an Immigration and Customs Enforcement detention facility in Louisiana, he had tested positive for the coronavirus — and he was still showing symptoms.

    He disclosed his condition to an ICE official at the airport, who sent him to a nurse.

    “She just gave me Tylenol,” said Admild, who feared reprisals if his last name was published. Not long after, he was back on the plane before landing in Port-au-Prince, one of more than 40,000 immigrants deported from the United States since March, according to ICE records.

    Even as lockdowns and other measures have been taken around the world to prevent the spread of the coronavirus, ICE has continued to detain people, move them from state to state and deport them.

    An investigation by The New York Times in collaboration with The Marshall Project reveals how unsafe conditions and scattershot testing helped turn ICE into a domestic and global spreader of the virus — and how pressure from the Trump administration led countries to take in sick deportees.

    We spoke to more than 30 immigrant detainees who described cramped and unsanitary detention centers where social distancing was near impossible and protective gear almost nonexistent. “It was like a time bomb,” said Yudanys, a Cuban immigrant held in Louisiana.

    At least four deportees interviewed by The Times, from India, Haiti, Guatemala and El Salvador, tested positive for the virus shortly after arriving from the United States.

    So far, ICE has confirmed at least 3,000 coronavirus-positive detainees in its detention centers, though testing has been limited.

    We tracked over 750 domestic ICE flights since March, carrying thousands of detainees to different centers, including some who said they were sick. Kanate, a refugee from Kyrgyzstan, was moved from the Pike County Correctional Facility in Pennsylvania to the Prairieland Detention Facility in Texas despite showing Covid-19 symptoms. He was confirmed to have the virus just a few days later.

    “I was panicking,” he said. “I thought that I will die here in this prison.”

    We also tracked over 200 deportation flights carrying migrants, some of them ill with coronavirus, to other countries from March through June. Under pressure from the Trump administration and with promises of humanitarian aid, some countries have fully cooperated with deportations.

    El Salvador and Honduras have accepted more than 6,000 deportees since March. In April, President Trump praised the presidents of both countries for their cooperation and said he would send ventilators to help treat the sickest of their coronavirus patients.

    So far, the governments of 11 countries have confirmed that deportees returned home with Covid-19.

    When asked about the agency’s role in spreading the virus by moving and deporting sick detainees, ICE said it took precautions and followed guidelines of the Centers for Disease Control and Prevention. As of last week, ICE said that it was still able to test only a sampling of immigrants before sending them home. Yet deportation flights continue.

    https://www.themarshallproject.org/2020/07/10/how-ice-exported-the-coronavirus

    #covid-19 #coronavirus #USA #Etats-Unis #migrations #migrerrance #renvois #expulsions #déportations #avions #transports_aériens #contamination #malades #rétention #détention_administrative #asile #réfugiés #déboutés #distanciation_sociale #swiftair #visualisation #cartographie #géographie

    ping @isskein @simplicissimus @karine4 @reka

  • Tous au vert ? Scénario rétro-prospectif d’un #exode_urbain

    Dès le début de la pandémie de #Covid-19, la #densité_de_population est apparue comme un facteur déterminant de la #propagation_du_virus. Cette corrélation entre #pandémie et #densité est aujourd’hui remise en cause par les scientifiques, notamment au regard de la multifactorialité de l’#épidémie. L’âge, la qualité des services de soin, le type de métier, le mode de cohabitation des ménages, les habitudes culturelles… sont autant d’éléments qui contribuent à accentuer ou non la pandémie.

    Pour autant, les postures critiques vis-à-vis de la ville et de ce qu’elle nous révèle de nos modèles socio-économiques ne faiblissent pas. Si cette pensée radicale n’est pas nouvelle, elle réémerge en période de crise et nous invite à poser la question de l’urbain au regard de la propagation virale et de la #distanciation_sociale au moment du #déconfinement, mais aussi en tant que reflet de la société.

    Creuset de tous les maux, la #ville est mise au banc des accusés et les disparités de densité révèlent d’autres inégalités, à la fois sociales, culturelles économiques.

    Dans ce contexte, certains experts et décideurs s’enthousiasment autour de l’idée d’une possible revanche des #campagnes. De nombreux auteurs et journalistes voient dans la #migration_massive des #Franciliens vers leurs #résidences_secondaires pendant le confinement le signe annonciateur d’un futur #exode_urbain.

    L’observation des dynamiques démographiques sur un temps long montre que les #espaces_ruraux, y compris loin des villes, se repeuplent en effet depuis les années 2000, ce qui participe à la revitalisation des campagnes, sans nécessairement affaiblir pour autant les villes.

    Si aucune accélération du phénomène n’est enregistrée, on peut tout de même se demander à quoi ressemblerait cette France post-exode-urbain, qui se serait reconnectée à sa ruralité et aurait retrouvé une équidensité de peuplement. Quelles seraient les conséquences de cette dé-densification massive des villes ?

    Quand la France était « équidense »

    Cette géographie idéalisée a en réalité déjà existé. Elle correspond à la France de la fin du XIXe siècle, au tout début de la révolution industrielle. En 1876, la population française est répartie de façon beaucoup plus homogène dans l’espace qu’elle ne l’est aujourd’hui.

    La France métropolitaine compte alors 38 millions d’habitants, une densité moyenne de 70 habitants au km2 et plus de la moitié de la population habite dans ce que nous appellerions aujourd’hui le rural.

    Cette répartition spatialement équitable traduit le fait que les hommes habitent au plus près de leur force de travail, laquelle est essentiellement liée à la terre. En 2017, la France métropolitaine recense plus de 64 millions d’habitants, une densité de 119 habitants au km2 et moins d’un quart de la population vit dans une commune de moins de 2 000 habitants.

    En 150 ans, la population a donc presque doublé, entre autres parce que l’espérance de vie est passée de 43 à 86 ans. Il est vrai que cette croissance démographique s’est fortement polarisée dans l’espace, puisque les trois quarts de la hausse de population enregistrée s’est concentrée sur seulement 5 % de la superficie du pays, ce qui nous conduit aux densités actuelles tant décriées.

    Si l’on projette un scénario de dé-densification massive des espaces urbaines pour revenir à cette géographie en apparence plus égalitaire, quelles seraient les variations de population et les conséquences pour les territoires ?

    Des populations qui tripleraient à la #montagne

    À partir des données historiques disponibles, il est possible d’imaginer une #France_néo-rurale pour en tirer quelques leçons contemporaines. Pour cela, la population de 2017 est répartie entre les communes, au prorata du poids qu’elles occupaient en 1876.

    Retrouver la répartition de population du XIXe siècle impliquerait une réduction massive de la population urbaine, ville-centre et proche périphérie, au profit des campagnes et des montagnes. Le littoral méditerranéen et son arrière-pays proche, ainsi que les zones touristiques et attractives de la côte atlantique devraient aussi se dépeupler.

    Sans la réalité des chiffres, on pourrait presque penser que le modèle est soutenable. Mais si l’on précise un peu les dynamiques observées, on se rend compte qu’il faudrait doubler la population rurale.

    Pour retrouver la géographie du XIXe siècle, la ville de Bagnères-de-Bigorre dans les Hautes-Pyrénées passerait ainsi de 7 200 habitants à 16 100. Celle de Charolles, en Saône-et-Loire, de 2 700 à 6 200, et la commune de Murat, dans le Cantal, verrait sa population bondir de 1 880 habitants à près de 5 900.

    Avec une surface moyenne des appartements située à 32 m2 par personne en France, il faudrait construire plus de 130 000 m2 à Murat, soit 1 900 logements de 70 m2 ou bien encore près de 40 immeubles de 8 étages pour assurer cette transition néo-rurale.

    Certains espaces de montagne verraient tripler leur population résidente, c’est le cas globalement des Pyrénées, ou dans une moindre mesure du Massif central. Les Alpes, en revanche, n’enregistreraient qu’une faible hausse de 15 % et le Jura resterait stable puisqu’il pèse, en 2017, un poids équivalent à celui de 1876.
    Des villes pas forcément moins denses

    À l’inverse, certaines villes apparaissent proportionnellement moins peuplées en 2017 qu’en 1876. La capitale française, par exemple, devrait accroître sa population de 54 % et atteindre ainsi les 3,3 millions d’habitants pour retrouver son poids dans la population française.

    En 1876, 5,2 % de celle-ci vivait à Paris pour 3,2 % aujourd’hui. Bordeaux devrait voir sa population progresser de près de 50 % et dépasser les 370 000 habitants. Lyon, Lille et Saint-Étienne enregistreraient des hausses démographiques de 15 à 30 %.

    Outre ces quelques exceptions, l’ensemble des villes françaises devraient globalement se dépeupler et se dédensifier. Les villes moyennes, qui ont enregistré les plus fortes progressions de population au cours des deux derniers siècles, pourraient donc subir aussi ces mouvements d’exode urbain. Si l’on se fonde sur la géographie du XIXe siècle, Romans-sur-Isère ou Albi perdraient plus de 10 000 habitants et Colmar plus de 30 000.
    Le risque d’une gentrification rurale

    À partir de ce scénario rétro-prospectif, il est possible de discuter des conséquences des aspirations ou des appels à la dé-densification massive des villes. Pour dédensifier sérieusement les villes, il faut songer à urbaniser les campagnes, artificialiser de nombreux espaces fragiles et protégés.

    Pour garantir un accès à l’emploi, à la santé, à l’éducation dans un modèle d’habitat dispersé, il faut prévoir de développer les réseaux numériques, énergétiques, routiers afin d’assurer la connexion de ces espaces. Les déplacements motorisés augmenteraient, les prix dans ces espaces nouvellement convoités sans doute aussi, provoquant une forme de gentrification rurale, qui peut déjà s’exprimer dans les campagnes les plus attractives. Le corollaire de ce déménagement territorial pourrait même se traduire finalement par un nouvel engouement pour les villes.

    Finalement, cette projection nous montre surtout à quel point ville et campagne sont profondément reliées et constituent en réalité les deux facettes d’un même modèle territorial. Si en ces temps anxiogènes, la ville repoussoir trouve son pendant dans la campagne refuge, cela ne remet pas en cause la nécessité de travailler à l’amélioration des interactions spatiales, plutôt que d’appeler à soutenir de nouvelles fractures.
    Au-delà de l’opposition entre ville et campagne

    Le rapport affectif que les Français entretiennent avec le monde rural est un ciment important pour la cohésion territoriale. L’attractivité retrouvée de certaines campagnes depuis 20 ans, n’a jusque-là pas remis en cause la dynamique urbaine dont nous avons aussi besoin.

    L’urbanisation a bien sûr ses limites, mais il me semble que les enjeux pour l’action ne sont pas tant liés à la densité des villes, qu’à la qualité des espaces. Cela passe par une déminéralisation des espaces pour redonner une place à la nature, favoriser la biodiversité, réduire les îlots de chaleur.

    Il y a également un enjeu très fort autour de la reconnexion des espaces fonctionnels de vie, de travail, de loisir pour réduire les mobilités et accroître le bien-être des populations. Sur ce dernier point, les villes moyennes ont une opportunité à saisir en offrant dans la proximité à la fois des ressources résidentielles, productives et récréatives.

    Dans tous les cas, les approches clivantes de l’espace, opposant ville et campagne, #centre et #périphérie, ne nous font avancer. Au contraire, s’il doit y avoir un nouveau modèle de résilience à l’issue de la crise, c’est sur l’exceptionnel maillage de l’#espace_géographique de la France et sur le couple ville-campagne hérité de notre histoire, qu’il doit se construire.

    https://theconversation.com/tous-au-vert-scenario-retro-prospectif-dun-exode-urbain-137800
    #néo-ruralité #géographie #cartographie #visualisation

  • *Les revendications des coordinations Facs et Labos en Lutte, « à l’air libre » !*

    Le comité national des coordinations Facs et Labos en lutte a participé jeudi à l’émission quotidienne du journal Mediapart, A l’air libre.

    Alors que Frédérique Vidal a demandé aux universités, par voie de presse, de se préparer à une rentrée mixte en prolongeant voire systématisant le recours à l’enseignement en ligne, Mediapart questionne une des membres du comité de mobilisation national Facs et Labos en lutte, et Mélanie Luce, présidente de l’UNEF, sur la manière dont se profile la rentrée de septembre dans les universités.

    Beaucoup des points abordés reprennent les préoccupations et revendications de la tribune publiée dans Le Monde le 16 mai, puis sur le site Université Ouverte, qui a recueilli plus de 1500 signatures (signez ici). Que ce soit du point du point de vue étudiant comme enseignant, les aspects anti-pédagogiques de l’enseignement à distance ont été dénoncés. Ces nouvelles modalités, instaurées en urgence après le confinement, n’ont fait que souligner la grande précarité étudiante et les inégalités face au distanciel (connexion internet, conditions de vie, de logements notamment pour les étudiant·es boursier·es, salarié·es et étranger·s).

    De même, les deux invitées sont revenues sur le manque de concertation à l’échelle nationale de l’ensemble de la communauté universitaire, qu’ielles soient étudiant·es, enseignant·es, ou agent·es administratifs et techniques, sur les mesures et les moyens à envisager pour aborder la rentrée 2020 dans un contexte d’incertitude sur les mesures sanitaires. L’inquiétude réside aussi dans la volonté ministériel de pérennisation de ces dispositifs d’enseignement à distance, qui constituait déjà, avant la crise sanitaire, un objectif pour casser encore l’emploi dans l’enseignement supérieur, autour d’une conception réductrice de notre métier d’enseignant·e et d’accompagnant·e, alors qu’entre 2012-2018, 40% de postes d’enseignant-chercheur en moins, alors que dans un même temps la population étudiante augmentait de 26%.

    La seule solution pour la rentrée 2020 est un plan d’investissement dans l’enseignement supérieur et la recherche en France un plan de titularisation à la hauteur des besoins dans les universités et dans la recherche, et un plan de soutien massif aux étudiant·es en termes de bourses ou salaire étudiant, d’accompagnement social et médical, de logements et d’équipements.

    La crise sanitaire nous montre bien que les luttes ne sont pas finies et qu’elles prennent de nouvelles formes. Puisons dans notre mobilisation contre la précarité étudiante, contre la contre-réforme des retraites et contre le projet de loi LPPR pour renforcer nos liens, nos réseaux et notre détermination. Pour cela, retrouvons-nous le samedi 6 juin lors de la Rencontre dématérialisée des Facs et Labos en lutte pour en parler tou·tes ensemble !

    A partir de la minute 37’28 :
    https://www.youtube.com/watch?time_continue=2248&v=ACE0VPj_0ck&feature=emb_logo

    #enseignement_distanciel #université #France #coronavirus #covid-19 #septembre_2020 #ERS #fracture_numérique #inégalités

    –---

    Ajouté à la métaliste sur la question de la #rentrée_2020 dans les #facs avec #enseignement_à_distance :
    https://seenthis.net/messages/857580

    • Depuis la #Belgique...

      Non à la rentrée virtuelle à l’#ULB !

      Ce jeudi 28 mai, nous, enseignant·e·s, assistant·e·s, chercheur·euse·s, travailleur·euse·s et étudiant·e·s de l’ULB apprenons par la presse et par un message de nos autorités quelles seront les dispositions prises pour les examens de la seconde session et pour l’organisation de nos enseignements et de notre travail à la rentrée académique. Cette annonce intervient au moment où, partout dans le pays et en Europe, les indicateurs sanitaires passent au vert et où l’on s’apprête à sortir du confinement. Quelle dissonance ! Loin de nous l’idée de remettre en question des mesures visant à assurer la sécurité de toutes et tous quand la situation le justifie, mais il nous semble que le message de nos autorités témoigne surtout d’une fuite en avant vers l’enseignement à distance et l’adoption d’outils standardisés fournis par les multinationales du numérique.

      Sans préjuger de la situation sanitaire à la rentrée, nous sommes sidéré.e.s par la nature des « solutions » imposées par nos autorités et par la façon dont celles-ci ont été décidées. Après avoir vu décrocher parfois plus de 50% des étudiant·e·s des cours « digitalisés » (dont certain·e·s ont décidé de mettre fin à leurs études) ; après avoir constaté que près de 80% des étudiant·e·s estiment que le fait de ne plus assister physiquement aux cours a eu un impact négatif sur leur apprentissage ; après avoir expérimenté pendant deux mois et demi la pauvreté des réunions zoom, skype, teams, et autres, et la fatigue mentale qu’elles génèrent ; après avoir goûté l’insipidité des interactions que permettent les outils numériques et l’injustice et le stress qu’entraînent les évaluations organisées sous ces formats, nous disons « ça suffit ». Non, nous ne nous soumettrons pas à ce nouveau dictat.

      http://encourspasenligne.be

      #affiches :

    • Requiem pour les étudiants

      Lancée dans l’épopée médiatique chantant l’héroïsme sanitaire, l’Europe s’invente un étrange « monde d’après » où la vraie vie serait on line. La prochaine rentrée universitaire semble ainsi placée sous le signe de l’#enseignement_virtuel, présenté comme une nécessité moderne face à la menace virale qui, selon la prévision de certains experts, serait encore présente en septembre. Revenant aux sources de l’université, Giorgio Agamben décrit une sclérose de l’institution, l’usage politique du virus précipitant la mort de la forme de #vie_étudiante. Exhortation au sursaut vital, le texte invite à une renaissance, ranimant la flamme de la mémoire afin que surgisse une « nouvelle culture ». Face au pouvoir technologique imposant la séparation par l’écran, le moment est venu de tisser autrement les liens sensibles d’intelligence que toujours suscite le désir d’étudier : pour de futures universitates.

      Comme nous l’avions prévu, les cours universitaires se tiendront à partir de l’an prochain on line. Ce qui, pour un observateur attentif, était évident, à savoir que la “pandémie” serait utilisée comme #prétexte pour la diffusion toujours plus envahissante des #technologies_digitales, s’est exactement réalisé.

      Ce qui nous intéresse ici n’est pas la transformation conséquente de la #didactique, où l’élément de la #présence_physique, de tout temps si importante dans le rapport entre étudiants et enseignants, disparaît définitivement, comme disparaissent les #discussions_collectives dans les #séminaires, qui étaient la partie la plus vivante de l’enseignement. Fait partie de la #barbarie_technologique que nous vivons actuellement l’effacement de la vie de toute expérience des #sens et la perte du #regard, durablement emprisonné dans un #écran_spectral.

      Bien plus décisif dans ce qui advient est quelque chose dont, significativement, on ne parle pas du tout : la fin de la vie étudiante comme forme de vie. Les universités sont nées en Europe des associations d’étudiants – universitates – et c’est à celles-ci qu’elles doivent leur nom. La forme de vie de l’étudiant était donc avant tout celle où étaient certes déterminantes l’étude et l’écoute des cours, mais non moins importants étaient la #rencontre et l’#échange assidu avec les autres scholarii, qui étaient souvent originaires des lieux les plus reculés et se réunissaient selon le lieu d’origine en nationes. Cette forme de vie a évolué de façon diverse au cours des siècles, mais, des clerici vagantes du Moyen Âge aux mouvements étudiants du XXe siècle, était constante la dimension sociale du phénomène. Quiconque a enseigné dans une salle à l’université sait bien comment, pour ainsi dire sous ses yeux, se tissaient des #amitiés et se constituaient, selon les intérêts culturels et politiques, de petits groupes d’étude et de recherche, qui continuaient à se réunir même après la fin du cours.

      Tout cela, qui a duré près de dix siècles, à présent finit pour toujours. Les étudiants ne vivront plus dans la ville où se trouve l’université, mais chacun écoutera les cours enfermé dans sa chambre, séparé parfois par des centaines de kilomètres de ceux qui étaient autrefois ses camarades d’étude. Les petites villes, sièges d’universités autrefois prestigieuses, verront disparaître de leurs rues ces communautés d’étudiants qui constituaient souvent la partie la plus vivante du lieu.

      De chaque phénomène social qui meurt on peut affirmer que, dans un certain sens, il méritait sa fin et il est certain que nos universités avaient atteint un tel point de corruption et d’ignorance spécialisée qu’il n’est pas possible de les pleurer et que la forme de vie des étudiants s’était en conséquence tout autant appauvrie. Deux points doivent pourtant rester entendus :

      - les professeurs qui acceptent – comme ils le font en masse – de se soumettre à la nouvelle #dictature_télématique et de donner leurs cours seulement on line sont le parfait équivalent des enseignants universitaires qui, en 1931, jurèrent fidélité au régime fasciste. Comme il advint alors, il est probable que seuls quinze sur mille s’y refuseront, mais assurément leurs noms resteront en mémoire à côté de ceux des quinze enseignants qui ne jurèrent pas.
      – Les étudiants qui aiment vraiment l’étude devront refuser de s’inscrire à l’université ainsi transformée et, comme à l’origine, se constituer en nouvelles universitates, à l’intérieur desquelles seulement, face à la barbarie technologique, pourra rester vivante la parole du passé et naître – si elle vient à naître – quelque chose comme une nouvelle culture.

      –-> Traduction (Florence Balique), à partir du texte mis en ligne le 23 mai 2020, sur le site de l’Istituto Italiano per gli Studi Filosofici :

      https://www.iisf.it/index.php/attivita/pubblicazioni-e-archivi/diario-della-crisi/giorgio-agamben-requiem-per-gli-studenti.html
      https://lundi.am/Requiem-pour-les-etudiants
      #Giorgio_Agamben #Agamben

    • Et en #Allemagne...

      Zur Verteidigung der Präsenzlehre

      In den letzten Jahren haben sich an den Hochschulen Elemente einer digitalen Lehre immer mehr durchgesetzt: zunächst als Unterstützung der Präsenzlehre, dann als deren Ergänzung oder gar als eine mögliche Alternative, und nun, mit Corona, als glückliche Rettung. Und in der Tat: Ohne digitale und virtuelle Formate hätte sich das Sommersemester 2020 nicht durchführen lassen. Und auch grundsätzlich leisten digitale Elemente mittlerweile einen wertvollen Beitrag zur Hochschullehre. Im Gefühl des plötzlich möglichen digitalen Sprungs nach vorn drohen indes drei Aspekte verloren zu gehen, die unserer Überzeugung nach von grundlegender Bedeutung für das Prinzip und die Praxis der Universität sind:

      1. Die Universität ist ein Ort der Begegnung. Wissen, Erkenntnis, Kritik, Innovation: All dies entsteht nur dank eines gemeinsam belebten sozialen Raumes. Für diesen gesellschaftlichen Raum können virtuelle Formate keinen vollgültigen Ersatz bieten. Sie können womöglich bestimmte Inhalte vermitteln, aber gerade nicht den Prozess ihrer diskursiven, kritischen und selbständigen Aneignung in der Kommunikation der Studierenden.

      2. Studieren ist eine Lebensphase des Kollektiven. Während des Studiums erarbeiten sich die Studierenden Netzwerke, Freundschaften, Kollegialitäten, die für ihre spätere Kreativität, ihre gesellschaftliche Produktivität und Innovationskraft, für ihren beruflichen Erfolg und ihre individuelle Zufriedenheit von substantieller Bedeutung sind. Dieses Leben in einer universitären Gemeinschaft kann in virtuellen Formaten nicht nachgestellt werden.

      3. Die universitäre Lehre beruht auf einem kritischen, kooperativen und vertrauensvollen Austausch zwischen mündigen Menschen. Dafür, so sind sich Soziologie, Erziehungs-, Kognitions- und Geisteswissenschaften völlig einig, ist das Gespräch zwischen Anwesenden noch immer die beste Grundlage. Auch dies lässt sich nicht verlustfrei in virtuelle Formate übertragen.

      Mit Blick auf diese drei Aspekte wollen wir den Wert der Präsenzlehre wieder in Erinnerung rufen. Wir fordern eine – vorsichtige, schrittweise und selbstverantwortliche – Rückkehr zu Präsenzformaten. Was die Schulen zu leisten in der Lage sind, sollte auch Universitäten möglich sein: die Integration von Elementen der Präsenzlehre, etwa in kleineren Gruppen in größeren zeitlichen Abständen, je nach Bedarf, je nach lokalen Gegebenheiten. Einzelne Universitäten, einzelne Fakultäten könnten hier individuelle, verantwortliche Modelle entwickeln.

      Wir weisen auf die Gefahr hin, dass durch die aktuelle Situation die herkömmlichen Präsenzformate an Wertschätzung und Unterstützung durch die Hochschulleitungen, die Bildungsministerien und die Politik verlieren könnten, eine Unterstützung, die sie in der Zeit nach Corona dringend brauchen werden. So sinnvoll und wichtig Maßnahmen zur Bekämpfung des Virus sind: Corona sollte nicht zu einer nachgereichten Begründung für Entwicklungen in der Lehre werden, die vor Corona offen und kritisch diskutiert wurden. Diese kritischen Debatten dürfen nicht durch scheinbare Evidenzeffekte, wie sie die Pandemie bisweilen produziert, abgekürzt werden.

      Die Präsenzlehre als Grundlage eines universitären Lebens in all seinen Aspekten gilt es zu verteidigen.

      https://www.praesenzlehre.com

    • Se non ora, quando? Quattro punti per l’università
      L’articolo che segue ha come punto di partenza la situazione italiana. Ma le considerazioni generali che esso sviluppa ci pare siano di grande interesse per una riflessione su quanto successo (nel quadro della pandemia COVID) e, verosimilmente, potrebbe succedere in tutto il sistema universitario europeo, Svizzera compresa. (Red)

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      In questi giorni riaprono perfino le palestre, con energumeni sudati che sprigionano umori in ambienti chiusi. Ma scuole e università no, ci mancherebbe: classi pollaio, insegnanti anziani, piani di ripresa mai stilati, rischi e timori del tutto indeterminati. E in fondo che fretta c’è? Che diavolo volete? Tanto non producete reddito, lo stipendio vi arriva lo stesso e una lezione si può fare anche attraverso il computer, mentre uno spritz o una corsa sul tapis-roulant (ancora) no. Così il senso comune traveste da ragioni tecnico-economiche un dato primariamente politico, in cui l’ossessione securitaria di oggi si fonde con il mirato, sistematico svilimento delle istituzioni formative che sta massacrando scuola e università da almeno due decenni. E allora teniamole proprio chiuse, queste pericolose istituzioni, perché tanto si può fare lezione da casa: magari anche in autunno, e poi tutto l’anno prossimo, come ha già annunciato la gloriosa università di Cambridge, e poi chissà. Così potremo realizzare il sogno della preside Trinciabue, in un corrosivo romanzo di Roald Dahl: «una scuola perfetta, una scuola finalmente senza bambini!».

      Di cosa significhi insegnare nell’era del Covid-19 si sta discutendo da mesi, strappando faticosamente piccole porzioni di un dibattito pubblico monopolizzato da virologi superstar e dilettanti allo sbaraglio. Da parte mia, ho cercato di farlo in un e-book gratuito pubblicato da Nottetempo, Insegnare (e vivere) ai tempi del virus, mentre si moltiplicano gli interventi su blog, social e anche giornali mainstream. Torno dunque sulla questione per fissare solo quattro punti sintetici, conclusi da altrettanti impegni ad agire subito (in corsivo). E se non ora, quando?

      In questi mesi molti di noi hanno praticato la didattica a distanza con stati d’animo ambivalenti o apertamente conflittuali. Difficile capirlo senza esperienza diretta. Provare per credere. Da un lato l’incertezza, la novità, l’esperimento, anche l’euforia di reagire attivamente allo stato di minorità del confinamento con la parte migliore del nostro lavoro: insegnare, mettere in comune, cucire un filo con gli studenti, garantire comunque uno dei diritti fondamentali sanciti dalla Costituzione. Dall’altro i dubbi, le perplessità, la sensazione che tutte quelle energie spese con autentico spirito di servizio andassero in gran parte disperse, o che addirittura venissero sfruttate per altri fini. Nel frattempo, alcuni di noi hanno capito che uno straordinario sforzo tecnico e umano stava diventando un clamoroso errore politico (e comunicativo): diceva cioè al governo e al popolo: tranquilli, qui va tutto bene, le università e le scuole possono restare chiuse perché tanto c’è la didattica a distanza. E invece no, lo ribadisco: le cose non vanno affatto bene. Non vanno bene all’università e non vanno bene a scuola, dove la situazione è molto più drammatica, perché la didattica a distanza è una procedura emergenziale e solo un pallido surrogato di quello che deve avvenire in aula, tra muri e corpi, soggetti in carne ed ossa che si fronteggiano in luoghi fisici e politici, non solo per trasferire competenze ma per mettere a confronto idee, modelli di sapere e visioni del mondo. Dunque un primo impegno su cui non cedere nemmeno un millimetro: appena ci saranno le condizioni igienico-sanitarie dovremo tornare in aula, senza variabili o compromessi.
      La tecnologia è un falso problema, un palazzo di Atlante che genera ombre e riflessi, giochi di ruolo in cui ognuno assume una parte per attaccare un nemico fantasma. Così io faccio l’apocalittico, tu fai l’integrato e ci scambiamo sonore mazzate sulla testa, mentre le multinazionali del software e i provider di servizi informatici si fregano le mani. È un falso problema soprattutto all’università, dove non avevamo certo bisogno del Covid-19 per imparare a usare le tecnologie digitali, che sono un normale e istituzionale strumento di lavoro da molti anni, con una gamma di applicativi che ormai copre quasi tutte le attività amministrative, didattiche e di ricerca. E dunque basta con la retorica della “grande occasione”, con il riflesso condizionato di un ingenuo “make it new!”. Basta con l’equazione automatica tra strumenti digitali e innovazione, come se fosse sufficiente mettere un tablet nelle mani di docenti e studenti per realizzare ipso facto una “didattica innovativa”, formula ormai immancabile sulla bocca di dirigenti e rettori. Un bravo (o un cattivo) insegnante resta tale sia in classe che davanti a un computer: è una banalità che non vorremmo più dover ribadire. Anzi, come accade sempre più spesso, la tecnica è uno schermo opaco, alibi perfetto per deresponsabilizzare scelte e interessi: nasconde cioè dietro vincoli esterni e una presunta neutralità operativa decisioni del tutto opinabili e contingenti. Se continuiamo ad accapigliarci sul mezzo perdiamo completamente di vista lo scopo e soprattutto la posta in gioco di questa partita, che non è tecnica ma innanzitutto psicologica, sociale e politica. Se c’è una questione da porre sulla tecnologia, è piuttosto l’uso di software e piattaforme proprietarie da parte delle istituzioni pubbliche. È ormai francamente intollerabile che la scuola, l’università e tutta la pubblica amministrazione foraggino multinazionali come Microsoft o Google e cedano quote incalcolabili di dati sensibili. E dunque un’altra cosa da fare subito: un investimento nazionale per dotarsi di piattaforme informatiche basate su software libero, pubblico, che escluda forme di profitto e garantisca la custodia attenta dei dati personali.
      Blended è la nuova parola magica della neolingua accademica, da aggiungere a quella batteria di keywords che di fatto governano le politiche, i discorsi, la distribuzione dei fondi e soprattutto il funzionamento dei cervelli dentro l’università: premiale, competitivo, efficienza, efficacia, criticità, buone pratiche, accreditamento, autovalutazione, didattica innovativa e naturalmente eccellenza, il più vacuo feticcio ideologico dei nostri tempi, strumento di un marketing passe-partout che va dal made in Italy ai dipartimenti universitari, dagli atleti olimpici al prosciutto di Parma. Blended non designa un tipo di whisky ma un regime misto tra didattica in presenza e didattica a distanza che promette di essere il business del futuro. Sarà una soluzione quasi inevitabile nella prossima fase, quando il paventato calo delle immatricolazioni spingerà gli uffici marketing degli atenei a cercare soluzioni flessibili per accalappiare gli studenti dei paeselli, bloccati dalla crisi economica o da nuove misure di contenimento per un’eventuale ripresa del virus. Così, invece di risolvere i problemi strutturali (ampliare le aule, costruire studentati, ridurre le tasse, aumentare le borse di studio, calmierare gli affitti che taglieggiano i fuori sede), adotteremo una soluzione di compromesso che negli anni successivi potrà andare a regime, trasformandosi nel business perfetto: meno aule, meno docenti, lezioni riproducibili e moltiplicabili a piacere, studenti che pagano le tasse ma che non gravano fisicamente su strutture e costi di gestione. Per capire che non è uno scenario distopico ma una previsione realistica basta guardare la nostra macchina del tempo, gli Stati Uniti, dove tutto questo si sta già realizzando. E così le belle parole della Costituzione (articoli 3 e 34) saranno definitivamente carta straccia: non solo avremo università di serie A e di serie B, come auspicato dall’Anvur e dalla ragione sociale dell’università dell’eccellenza, ma anche studenti di serie A e di serie B, perché la modalità blended realizzerà un’automatica selezione di classe: da un lato lezioni in presenza riservate a studenti privilegiati (cioè non lavoratori, di buona famiglia, capaci di sostenere un affitto fuori sede), e dall’altro corsi online destinati a studenti confinati dietro uno schermo e nei più remoti angoli d’Italia, che resteranno al paesello con mammà e non rischieranno di immaginare un orizzonte diverso per le loro vite. Un cortocircuito perfetto tra il capitalismo avanzato e la morale di padron ‘Ntoni. Ecco dunque un appello rivolto a tutti i miei colleghi: rifiutiamoci di fare didattica blended. Piuttosto, meglio continuare solo online finché le autorità sanitarie ci permetteranno di tornare tutti in aula. Nel caso potremo appellarci all’articolo 33 sulla libertà di insegnamento, oppure fare come Bartleby: “I would prefer not to”.
      Serve dirlo? La didattica a distanza non ha nulla a che fare con il fascismo. È una procedura emergenziale che la stragrande maggioranza dei docenti italiani ha praticato obtorto collo, solo per il bene dell’istituzione e degli studenti. Non stupisce che molti si siano sentiti mortalmente offesi dalla sparata di Giorgio Agamben: «i professori che accettano – come stanno facendo in massa – di sottoporsi alla nuova dittatura telematica e di tenere i loro corsi solamente on line sono il perfetto equivalente dei docenti universitari che nel 1931 giurarono fedeltà al regime fascista». Il parallelismo storico, anzi la copula identitaria («sono il perfetto equivalente») è talmente fuori luogo che non servirebbe nemmeno replicare. Se lo faccio, è solo perché la provocazione volutamente incendiaria rischia di appiccare il fuoco dalla parte sbagliata. Bisogna infatti correggere il tiro e scagliare la freccia sul bersaglio giusto: il nemico non è un’improbabile dittatura che toglie la cattedra a chi si ribella (rischio effettivo solo per i precari, a prescindere dalla didattica a distanza), ma un ben diverso modello di potere che Agamben può capire meglio di chiunque altro. Paradossalmente, se un dittatore manesco o anche telematico ci chiedesse di giurare fedeltà al regime sarebbe tutto più semplice. Ma nulla del genere nell’università dell’eccellenza, dove il potere funziona in forma microscopica, capillare, con una serie di deleghe a catena e soprattutto un’interiorizzazione di obiettivi e protocolli da parte di tutti. È vero peraltro che i dispositivi giuridici hanno legittimato de iure queste pratiche diffuse: la Legge 240, che l’ex-Ministra Gelmini ha avuto il coraggio di chiamare “antibaronale”, non ha fatto che accentrare il potere al vertice, ridurre gli spazi deliberativi, avocare a pochi organismi monocratici e oligarchici (rettori, direttori di dipartimento, consigli d’amministrazione, commissioni di soli professori ordinari) tutto il governo formale e sostanziale dell’università. Con questo, un’istituzione che non ha mai brillato per democrazia ha finito per sposare i sistemi tecnocratici del “new public management” e i valori dell’economia neoliberale (eccellenza, merito, valutazione, efficienza, competizione, rating e ranking, quality assurance), prima imposti dall’alto e poi interiorizzati come un seconda natura. È questo il nemico da combattere, innanzitutto dentro di noi. È il condizionamento insensibile, lo slittamento dei confini, la collaborazione in buona fede sfruttata come instrumentum regni. Ed è su questo modello che si innesta a meraviglia non tanto la teledidattica in sé, ma l’uso che se ne potrà fare dopo la fine dell’emergenza. Perché nell’università dell’eccellenza gli studenti non sono cittadini che reclamano il diritto al sapere ma clienti da soddisfare, consumatori di beni e servizi, acquirenti di una cultura in scatola che si preleva come un pacchetto dagli scaffali. Nulla di meglio di una televendita del sapere e di quell’ennesima evoluzione antropologica del capitalismo che chiamiamo smart working. Per questo dobbiamo opporci a forzature tecnologiche prive di qualunque ragione didattica o culturale, costringendo i vertici accademici a condividere ogni decisione con tutta la comunità accademica.

      Su un punto Agamben ha pienamente ragione: dobbiamo prendere partito, stanare tutti dalla zona grigia. Negli ultimi decenni, la supina acquiescenza del corpo docente ha di fatto lasciato campo libero al fanatismo ideologico dei “riformatori”, legittimando più o meno in silenzio qualunque vessazione o degradazione sistemica del nostro lavoro. Quindi su questo c’è davvero poco da offendersi. Ma non è mai troppo tardi per reagire. E ora non dobbiamo scegliere tra il digitale e il giurassico, tra la servitù volontaria e il ribellismo anarchico, ma tra due diversi modelli di università (e di società). In fondo la più grande sconfitta del fascismo è scritta nella lettera e nello spirito della Costituzione, che basterebbe tradurre finalmente nella prassi. E dunque, più che rifiutare giuramenti immaginari, dobbiamo chiederci se siamo disposti a difendere fino in fondo un’idea di università (e di scuola) pubblica, aperta, generalista, bene comune ed essenziale, non solo luogo di trasmissione della conoscenza ma strumento imprescindibile di uguaglianza sociale. Non è troppo tardi. E ne vale ancora la pena. (27 maggio 2020)

      * articolo apparso su www.iisf.it

      https://mps-ti.ch/2020/06/se-non-ora-quando-quattro-punti-per-luniversita

      #Italie

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      Réaction face à la prise de position de #Agamben #Giorgio_Agamben:

      Non stupisce che molti si siano sentiti mortalmente offesi dalla sparata di Giorgio Agamben: «i professori che accettano – come stanno facendo in massa – di sottoporsi alla nuova dittatura telematica e di tenere i loro corsi solamente on line sono il perfetto equivalente dei docenti universitari che nel 1931 giurarono fedeltà al regime fascista». Il parallelismo storico, anzi la copula identitaria («sono il perfetto equivalente») è talmente fuori luogo che non servirebbe nemmeno replicare. Se lo faccio, è solo perché la provocazione volutamente incendiaria rischia di appiccare il fuoco dalla parte sbagliata. Bisogna infatti correggere il tiro e scagliare la freccia sul bersaglio giusto: il nemico non è un’improbabile dittatura che toglie la cattedra a chi si ribella (rischio effettivo solo per i precari, a prescindere dalla didattica a distanza), ma un ben diverso modello di potere che Agamben può capire meglio di chiunque altro. Paradossalmente, se un dittatore manesco o anche telematico ci chiedesse di giurare fedeltà al regime sarebbe tutto più semplice. Ma nulla del genere nell’università dell’eccellenza, dove il potere funziona in forma microscopica, capillare, con una serie di deleghe a catena e soprattutto un’interiorizzazione di obiettivi e protocolli da parte di tutti.

      https://www.iisf.it/index.php/attivita/pubblicazioni-e-archivi/diario-della-crisi/giorgio-agamben-requiem-per-gli-studenti.html
      En français: https://lundi.am/Requiem-pour-les-etudiants

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      #Federico_Bertoni, auteur de ce texte, est aussi auteur du #livre:
      Insegnare (e vivere) ai tempi del virus

      Insegnare (e vivere) ai tempi del virus non è il semplice diario dell’emergenza didattica in cui si sono trovate a vivere le scuole e le università italiane. E’ anche e soprattutto una riflessione su cosa potrebbe accadere dopo l’emergenza, nel caso in cui scuole e università decidano di cogliere la dubbia opportunità dell’insegnamento online per applicare una politica profondamente intrisa di disuguaglianza. I più avvantaggiati, in grado di pagarsi tasse e trasferte, ritornerebbero al metodo classico della lezione in presenza: colloqui diretti con professore, seminari, incontri e vita in comune. I meno avvantaggiati, non potendo permettersi di frequentare, sarebbero costretti all’assenza di corpo, di contatto, di comunità.
      Un ascensore sociale al contrario, una disuguaglianza per decreto, di cui è necessario preoccuparsi da subito. Con una scrittura cristallina e partecipe, l’autore indica anche spunti di mobilitazione che potrebbero già ora costituire un’efficace risposta intellettuale e politica. Non è una questione corporativa o settoriale: ciò che accade nelle scuole e nelle università riguarda tutti, per il presente immediato così come per il futuro a lungo termine del nostro Paese.

      https://www.edizioninottetempo.it/it/prodotto/insegnare-e-vivere-ai-tempi-del-virus

    • Enseignement en présentiel ou hybridation : la circulaire du MESRI

      La #circulaire du MESRI sur l’organisation de la rentrée vient d’être rendue publique, sans pour autant clarifier – ou simplifier la tâche de celles et ceux qui vont être chargé·es de s’en occuper. Mais nous sommes rassuré·es :

      « Une fiche visant à accompagner les établissements dans l’#hybridation des enseignement est disponible dans l’ « offre de service » de la DGESIP ».

      Au vu de la qualité des fiches précédentes — incitation à utiliser des outils privés, non protecteurs des données personnelles, absence de réflexion pédagogique, etc. — nous avons tout lieu d’être reconnaissant·es.

      Lien vers la circulaire : https://f.hypotheses.org/wp-content/blogs.dir/793/files/2020/06/Circulaire-Orientations-pour-les-op%C3%A9rateurs-MESRI-relatives-%C3%A
      https://academia.hypotheses.org/24596

    • Rencontre avec #Frédérique_Vidal – AEF info Live. Un compte rendu

      En dépit de nombreux problèmes de connection, la rencontre en visio-conférence s’est tenue. Une auditrice a eu l’amabilité de prendre des notes que nous publions sans filtre en faisant remarquer le contraste entre la qualité des réponses et celle des réponses de la Ministres.

      Q- impact financier de la crise sanitaire sur secteur ESRI ? Quels moyens pour la rentrée ? Allemagne : plan de relance 130 Md€, dont la moitié pour ESR.

      Vidal : crise inédite, impact sur bcp de secteurs, dont ESRI. Impact complet pas encore connu. Les établissements font remonter un décompte des difficultés rencontrées (baisse ressources propres avec formation continue, contrats de recherche…). Plusieurs outils : abondement sur programme vie étudiante, Contrat de Plan Etat-Régions (bâtiments) avec régions (CPER), programme d’investissement d’avenir (PIA), plan de relance (remettre de l’humain, accompagnement des jeunes et étudiants) investissement de long terme via LPPR.

      Q- Calendrier CPER maintenu ?

      Vidal- Lettres d’intentions partagées qui vont alimenter le plan de relance idéalement avant l’été, signatures de contrat fin d’année ou début 2021 pour ne pas prendre de retard.

      Q- PIA4 : est-ce que la crise sanitaire rebat les cartes sur les priorités (innovation, numérique avec AAP récent) ? Est-ce que ça fait partie des leviers à activer en termes d’investissement ?

      Vidal- oui, numérique, infrastructures, pour soutenir R&D ; nous avons des équipes qui font le lien avec monde socio-économique. On repense les outils pour en renforcer certains.

      Q- Calendrier PIA4 déjà connu sur les grandes orientations ?

      Vidal- Non, objectif : le lancer pour 2021. Quasiment terminé, peut-être un peu de retard à cause des remaniements actuels.

      Q- Ca peut être un levier pour la transformation numérique de l’ESR ?

      Vidal- oui, il y a déjà eu bcp d’initiatives pour transformation de pédagogie avec de nouveaux usages pour le numérique, on a vu à quel point il fallait qu’on soit mieux préparés, établissements ont fait des miracles (fourniture d’ordis au étudiants, repenser les formations, utiliser les outils collaboratifs, maintien de liens avec les étudiants). Très compliqué de n’utiliser que le distanciel pour enseigner, impact de la relation humaine dans l’acte même de transmettre des connaissances. Néanmoins, outils numériques permettent d’enseigner autrement et faire d’autres formes de pédagogie, ça a été testé en temps réel et je suis admirative par le travail qui a été fait par l’immense majorité des équipes.

      Q- Et le plan de relance, est-ce que vous espérez que l’ESR aura une bonne place ou est-ce que pour l’ESR c’est le CPER qui va jouer ce rôle-là, ou est-ce qu’il y aura d’autres volets dans ce plan de relance qui pourraient nous concerner ?

      Vidal- Bien sûr, il y a aura des volets sur l’ESR, un certain nombre d’annonces ont été faites (soutien à l’apprentissage, propositions pour impact le plus contenu possible de cette crise sur les étudiants et sur les labos de recherche – bcp ont dû arrêter des expérimentations, ça signifie des semaines et des mois de travail à ré-initier, on a perdu toute la saison de printemps, par exemple semences [semis ?] pas pu être faites dans un centre INRAE donc 1 année de retard). Il faudra qu’on accompagne par le plan de relance tout le secteur de l’ESRI.

      Q- Quel calendrier pour le plan de relance ?

      Vidal- On y travaille, ça fait partie de ce que le président de la république souhaite faire dans les prochaines semaines, juste avant ou juste après le mois d’aout, tous les ministères y travaillent, nous y participons très activement.

      Q- Donc la LPPR ne sera pas le plan de relance de l’ESR, il y aura sans doute d’autres leviers à activer ?

      Vidal- Ça fait 18 mois qu’on travaille à la LPPR, lancée par le premier ministre en février 2019, confirmée par président fin 2019, son ambition a été annoncée par le président pendant la crise. On était déjà convaincus qu’il fallait réinvestir dans la recherche, c’est une brique essentielle de la souveraineté d’un pays que la production de la connaissance. La crise nous a convaincus plus encore qu’il fallait le faire, que dès 2021 les premiers budgets de programmation de la recherche puissent être inscrits dans les projets de loi de finance. Tout était quasiment prêt pour le mois de mars, planification en conseil des ministres prévue fin mars, avec crise du covid, on s’est concentrés sur d’autres sujets, mais président et premier ministre ont souhaité que la LPPR soit remise le plus vite possible dans le circuit, car cette crise a démontré l’importance de la connaissance dans la gestion des crises.

      Q- Comment vous comparez les 50 ou 60 milliards de l’Allemagne, dont on ne sait pas encore quelle est la planification, mais c’est assez énorme, avec ces 25 milliards ; et 2è question, 92 millions d’euros par an de revalorisation pour les personnels, est-ce qu’il y a un lien, une condition de suspension liée à la loi-retraite dont on ne connait pas encore le sort aujourd’hui, ou est-ce que c’est complètement indépendant ?

      Vidal- Non, pas du tout, la question de l’attractivité, de la revalorisation de ces carrières est prégnante depuis plusieurs années, c’est totalement disjoint de la question de la réforme des retraites. Il y a un vrai besoin, pour continuer à former des jeunes et accueillir de nouveaux talents dans le monde de la recherche, un vrai besoin de revalorisation. Quand on est recruté après 8 ans d’études et plusieurs années de postdoc, à des salaires de l’ordre de 1,4 ou 1,5 SMIC, on est dans un pays qui maltraite sa recherche et ses jeunes chercheurs. C’est essentiel qu’on puisse travailler à ces revalorisations et c’est totalement disjoint.

      Q- Et les 60 Mds allemands, par rapport aux 25 Mds en France ?

      Vidal- là encore, vous le savez, en France ça faisait un moment, une vingtaine d’années quasiment, qu’on avait pour ambition d’atteindre les 3% du PIB, l’Allemagne les avait atteints, et l’Allemagne avait annoncé que la marche suivante serait 3,5% du PIB. Ce que permet la LPPR, c’est de tenir cet engagement de 3% du PIB, le principe même de l’organisation en Allemagne est extrêmement différent, les universités sont régionales, la recherche est dispatchée dans des instituts, le mode d’organisation est totalement différent, je crois que ce qui est important est qu’on fasse le meilleur usage de cet investissement massif dans la recherche qui n’a pas été vu depuis les années 50.

      René-Luc (fait la synthèse des questions des internautes)- question urgente qui concerne la prolongation des contrats doctoraux et post-doctoraux, inquiétude sur les moyens disponibles pour ces prolongations.

      Vidal- La première étape, l’autorisation de prolonger ces contrats, a été franchie. Je me suis engagée à ce que les doctorants, en lien avec un directeur de thèse et leurs écoles doctorales puissent faire valoir une demande de prolongation de la durée de leur contrat, qui évidemment, lorsque ce sont des contrats financés par l’Etat, sera assorti à une prolongation du financement. Y’a aucune ambigüité là-dessus, que ce soit des contrats doctoraux dans le cadre de la subvention de chargé de service public, et que ce soit des contrats doctoraux dans le cadre des projets et programmes de l’ANR, c’est un engagement qui avait été pris, évidemment ça n’avait pas de sens de prolonger les contrats doctoraux sans prolonger leur financement. Donc ça, c’est un engagement de la part de l’Etat. Je suis aussi en train de travailler avec les régions, puisqu’un certain nombre de contrats doctoraux sont financés aussi par les régions, de manière à voir avec eux quels critères les régions souhaitent mettre pour la prolongation de ces contrats, de manière à ce qu’on puisse avancer. Ça concerne tous les doctorants qui sont inscrits, ce qui signifie que ça peut être des prolongations pour des doctorants qui sont déjà en troisième année, ou des doctorants qui sont en deuxième année mais qui ont eu un impact très fort sur leur recherche de par cette crise, et c’est à la demande des doctorants, des directeurs de thèse et des écoles doctorales. Le ministère assurera derrière les financements. On a aussi des doctorats qui sont financés par d’autres voies, des associations, dans ce cas-là on regardera au cas par cas comment on peut travailler ; ce sont des volumes de doctorants beaucoup plus petits, mais il n’empêche que derrière il y a aussi des étudiants, donc on y portera une attention particulière.

      Q- Vous n’avez pas une enveloppe prédéfinie pour la prolongation ?

      Vidal- Non, en fait c’est un vrai droit de tirage, donc on assumera cette prolongation.

      RL- la LPPR prévoit une revalorisation du montant accordé aux doctorants qui bénéficient d’un contrat doctoral à partir de 2021. Est-ce que ça concerne seulement les nouveaux doctorants ou l’intégralité des doctorants qui ont déjà un contrat doctoral ?

      Vidal- C’est une revalorisation à hauteur de 30% des contrats doctoraux, c’est une augmentation aussi du nombre de contrats doctoraux, vous savez que mon souhait, mon ambition est que tous les doctorants en formation initiale aient une source de financement. Je trouve que c’est extrêmement compliqué d’avoir des doctorants sans financements, ils sont certes encore en formation car ils sont encore étudiants et ils ont à obtenir un diplôme, mais ils sont aussi les forces vives de la recherche. Donc ça me parait normal de ce point de vue-là qu’ils puissent avoir des financements.

      Q- Est-ce que ça veut dire qu’il faut interdire les doctorats sans financement ?

      Vidal- Non, la question, c’est jamais d’interdire, ça n’a pas beaucoup de sens, il y a des cas particuliers. Mais avoir pour objectif le fait que tous les doctorants aient un financement, je crois que c’est un objectif que nous avons tous intérêt à porter et à travailler ensemble et c’est pour ça qu’on augmente le nombre de contrats doctoraux financés par l’Etat, on va aussi augmenter le nombre de contrats CIFRE et on va aussi travailler à avoir de plus en plus de financements possibles pour financer un maximum de doctorants. Sur la question de comment ça se met en place dans le temps, c’est au cœur même des discussions que nous avons actuellement avec l’ensemble des représentants des personnels et des corps constitués, y compris avec les associations de doctorants et de jeunes docteurs, tout ça c’est en train d’être calé, en tous cas l’objectif est celui qui est inscrit dans la loi.

      RL- Dans la LPPR, on voit arriver de nouvelles formes de contrats, dont l’une ressemble étrangement à ce que les anglo-saxons appellent la tenure-track, et il y a plusieurs questions au sujet de ces chaires de professeurs juniors, pour savoir quel est l’avantage d’introduire ce type de contrat à l’université d’une part, et d’autre part pourquoi ces chaires sont contingentés alors que les universités sont autonomes.

      Vidal- ce sont des questions très différentes. L’une est une question d’observation de ce qui se passe. On a en France deux niveaux de recrutement actuellement, maître de conférences ou chargé de recherche, et puis un deuxième niveau de recrutement qui est professeur d’université ou directeur de recherche. Il nous manque un métier intermédiaire pour des jeunes qui sont partis, qui ont démarré leur carrière à l’étranger, qui souhaitent revenir en France, ou pour des jeunes qui souhaitent, après avoir fait leurs études ou leur début de carrière à l’étranger, revenir en France, qui n’ont pas encore un dossier suffisant pour concourir sur un emploi de professeur, et qui ont un dossier qui leur permet d’espérer un recrutement un peu plus haut que les maîtres de conférences. Il y a eu plusieurs tentatives par le passé pour essayer de résoudre ces sujets-là, il y a eu les chaires partagées entre les universités et les organismes, où on rajoutait un morceau de salaire supplémentaire pendant 5 ans, et puis au bout de 5 ans ça s’arrêtait et puis voilà. Plusieurs choses ont été testées. Ce qui nous semblait important de faire, c’était d’en faire une nouvelle voie possible d’entrée dans la carrière, sur des populations intermédiaires qui ont déjà une expérience reconnue en recherche, et qui n’ont pas encore le niveau nécessaire pour être recrutés comme directeur de recherche ou comme prof d’université. Quand je dis le niveau, c’est les antécédents, le background, les publications, les compétences, etc. Le principe de ces chaires de professeur junior c’est qu’on peut donc être recrutés avec une période de transition qui conduit à une titularisation comme professeur ou comme directeur de recherche au bout de 3 à 5 ans. Donc c’est une sorte de pré-embauche sur la fonction publique, où on donne l’opportunité à ces personnes pendant 3 à 5 ans de faire définitivement leurs preuves pour qu’elles puissent rejoindre le corps des DR ou des profs. Ce qui nous est apparu comme essentiel c’est évidemment, qu’on n’utilise pas les emplois de MC ou profs offerts chaque année, et qu’on soit capables de créer de nouveaux emplois sous plafond. C’est ce que prévoit la loi de programmation de la recherche, elle prévoit de créer 5200, de mémoire, nouveaux emplois sous plafond Etat sur la période qui vient. Et donc c’est aussi pour ça que, évidemment, pour le moment nous avons souhaité limiter le nombre de chaires de professeur junior, car c’est important qu’on garantisse derrière qu’il y ait bien possibilité de titularisation. C’est une autre voie d’accès à la fonction publique qui a été pensée pour ces catégories intermédiaires pour des personnes qu’on avait du mal à attirer ou à réattirer en France après un séjour dans d’autres pays. Donc voilà, c’est le choix qui a été fait, c’est effectivement de les limiter à, au maximum, 25% des recrutements.

      Q- Et par ailleurs c’est aussi une mesure qui crispe une partie de la communauté, est-ce que vous le comprenez, est-ce que ça ne risque pas de polluer un peu le débat sur les moyens, parce qu’il y a ces tenure-track, il y a aussi le CDI de mission scientifique qui n’est pas toujours accueilli avec grand enthousiasme, et plusieurs types de contrats, est-ce que ces contrats-là, ça risque pas de polluer un peu l’accueil des moyens supplémentaires que vous soulez dégager pour la recherche ?

      Vidal- Il faut vraiment comprendre que ce sont des outils supplémentaires. Si les établissements estiment qu’ils ne cherchent pas à faire cela, et moi ce n’est pas ce que j’ai entendu quand je me suis déplacée, que ce soit dans les labos, que ce soit auprès des instances de pilotage des universités, c’est un outil intermédiaire qui m’a été demandé. Après c’est un outil, c’est-à-dire que je n’impose pas un minimum de recrutements par cette voie-là. C’est un outil supplémentaire qui est offert parce que, là encore, on a des disciplines où les doctorants ne terminent même pas leur doctorat. On a des disciplines où on a une aspiration de toute la force de recherche qu’il est difficile de contrer si on n’a pas des mesures d’attractivité un peu innovantes. C’est aussi une demande que j’ai entendue de la part des personnes qui ont pu être recrutées sur les programmes prioritaires de recherche sur le climat, qui nous disent ‘nous on est venus pour 3-5 ans et qu’est-ce qui se passe dans 5 ans’. On a le choix dans les établissements et c’est toujours possible de le faire, de faire des CDI. Ça c’est déjà faisable, mais quand on est en CDI on n’a pas un statut de professeur d’université ou de DR donc parfois c’est compliqué à comprendre de l’étranger. Donc il vaut mieux avoir un statut de prof car globalement c’est plus reconnu dans le monde, quand on dit prof d’université tout le monde voit dans le monde universitaire à quoi ça correspond. Donc voilà, c’est un outil de plus qui a été donné. Les CDI de mission, c’est autre chose, c’est vraiment une demande très très forte pour lutter contre ce qui se passe actuellement dans les établissements où on recrute des gens sur contrat, et par exemple ils s’occupent de plateformes ou de données et au bout de 3, 4, 5 ans maximum on a peur de prolonger leur contrat parce qu’on ne veut pas les CDIser parce que là encore les CDIser signifie supprimer un emploi de fonctionnaire pour pouvoir continuer à les payer sur les fonds de l’établissement. Donc ce qu’on a créé c’est un CDI de mission et là aussi on a augmenté les plafonds d’emploi pour faire en sorte que ces CDI de mission permettent de conserver les gens, leurs compétences, tout ce qu’ils apportent à des équipes, vous savez, c’est très long de constituer des équipes en recherche, il faut plusieurs mois, plusieurs années pour vraiment s’imprégner de la recherche qu’on fait, et pour pouvoir les conserver, y compris si les sources de financement varient. On peut avoir une première ANR, une ERC, ensuite vouloir les payer sur d’autres fonds du labo ou de l’établissement et on ne pouvait pas aller au-delà de 5 ans sinon on avait une CDIsation obligatoire. Et ce côté obligatoire de la CDIsation, avec ce que ça impactait en termes d’absence de recrutement en parallèle de fonctionnaire, bloquait le système. Donc ces CDI de mission scientifique permettent de garder ces gens, de garder ces compétences, de faire en sorte qu’ils puissent être financés sur du long terme, en utilisant différentes sources de financement et différents contrats de recherche. Et pour répondre par anticipation à une question qui revient très régulièrement qui est puisque vous faites des CDI de mission sous plafond, pourquoi vous ne créez pas directement des postes d’ingénieur ou de technicien, la réponse est qu’on ne peut recruter un fonctionnaire d’Etat que sur le financement de subvention pour charge de service public. On ne peut pas les recruter avec d’autres sources de financement. Or l’immense majorité de ces personnes sont payées au travers d’autres sources de financement. Donc pour faire en sorte qu’ils puissent continuer à travailler pour leurs équipes et dans leur établissement on a inventé ce CDI de mission scientifique. Ce sont les deux nouveaux outils, et une fois de plus ce sera aux labos de s’en emparer, en tous cas ils ont été demandés par une partie de la communauté, et donc comme une nécessité de quelque chose de législatif, j’ai utilisé la LPPR qui est une loi budgétaire pour autoriser ces deux nouvelles façons de recruter les gens.

      Ratrick Lemaire (PL)- des participants attentifs ont regardé l’étude d’impact de la loi et qui ont une question à propos de l’évolution du nombre de postes mis au concours, et de l’évolution des départs en retraite. La question est de savoir si finalement il y aura des créations de postes d’enseignants-chercheurs, ou si on se contentera de remplacer les départs en retraite.

      Vidal- Ce que prévoit la LPPR dans sa volumétrie sous plafond Etat c’est qu’on puisse recruter des titulaires, c’est qu’on puisse titulariser les chaires de prof junior et que l’on puisse asseoir les CDI de mission scientifique sur des emplois pérennes. Donc les trois choses sont prévues dans la trajectoire, et j’ajouterais une particularité, c’est que les financements qui vont avec sont prévus. Quand on a vécu la période précédente on s’est rendu compte que, certes, le nombre d’emplois pouvait augmenter, mais en réalité pour supporter les augmentations de masse salariale, alors qu’on avait autorisation de créer des emplois, en réalité en supprimer pour continuer à payer les gens qui étaient là, on avait une véritable érosion de l’emploi scientifique. Là, l’objectif c’est qu’au travers de cette loi on puisse non seulement annoncer des ouvertures de postes, mais aussi les financer.

      RL- Pourquoi faire le choix de renforcer, de manière importante quand même, puisque c’est un milliard de plus à terme qui vont aller au budget de l’ANR, donc de renforcer considérablement la logique des appels à projet plutôt que de renforcer plus directement les crédits récurrents, donc la subvention pour charge de service public qui serait versée directement aux établissement et aux organismes de recherche et qui pourrait irriguer de cette manière directement les laboratoire ?

      Vidal- C’est pas parce qu’on augmente les financements au travers de l’ANR qu’on refuse de soutenir la recherche de base. Je dirai même que la façon dont nous allons le faire, c’est l’inverse. Nous avons une ANR qui aujourd’hui finance environ 16% des projets qui sont déposés, ce qui est infiniment plus faible que toutes les agences nationales de recherche, et donc une revendication depuis longtemps est de dire que tant que l’ANR ne financera pas au moins 25% des projets qui lui sont présentés on aura toujours une part de très bons projets qu’on arrive pas à financer parce que les financements de l’ANR ne sont pas suffisants. Donc nous avons choisi d’avoir pour ambition que 30% des projets déposés à l’ANR soient financés. La 2e chose que nous avons choisi de faire est de faire arriver le plus possible l’argent directement dans les labos. Ça veut dire que quand on aura une équipe qui dans un labo demandera 100 pour faire un projet, l’équipe aura 100 et l’ANR donnera 40 de plus. Une partie de ces 40, c’est normal, ce sera les frais de gestion, ce sera les frais d’hébergement, et actuellement c’est parfois payé sur les budgets des projets eux-mêmes, ce qui déjà pose un problème, ce ne sera plus le cas, ce sera à part. Mais une partie de ces 40 ira aussi au labo auquel l’équipe qui a gagné son ANR appartient. Parce que c’est très important qu’il y ait un soutien à la recherche collective et à la politique scientifique de l’ensemble du labo, pas seulement des équipes qui remportent des ANR dans les labos. Parce que si une équipe remporte une ANR dans un labo, en réalité c’est l’ensemble du labo qui l’a aidée, qui a facilité les choses donc c’est normal qu’il y ait un retour collectif sur le labo qui lui évidemment est totalement libre et qui doit aller à d’autres équipes que celle qui a gagné l’ANR et qui permet de soutenir de l’émergence, des jeunes équipes, des projets dont on a l’impression qu’ils sont très brillants mais qui à leur stade de maturité ne sont pas éligibles sur des financements de type projets de recherche. Et puis une partie ira abonder la politique scientifique au travers des organismes et des universités. Et donc finalement c’est une façon d’utiliser un tuyau qui existe déjà pour amener les financements au plus près et qu’une partie de ces financements aille au labo qui abrite l’équipe et une partie des financements supplémentaire aille à la politique de site et à la politique scientifique des établissements. Pour donner un ordre de grandeur actuellement il y a environ 50 millions d’euros de financements autres que les financements des projets qui sont versés par l’ANR aux établissements. On passera à 450 millions d’euros par an. Donc c’est un investissement massif dans la recherche totalement dicté par les politiques scientifiques des labos et par les politiques de site et d’établissement.

      RL- Une question porte sur le périmètre des mesures qui sont portées par la LPPR : concerne-t-elle les enseignants chercheurs qui relèvent d’autres ministères, par exemple le ministère de l’agriculture ? Est-ce que cette loi est universelle à ce sens-là ?

      Vidal- oui, absolument, c’est la raison pour laquelle nous commençons l’ensemble des consultations qui sont nécessaires et qui concernent tous les ministères. Les processus qui sont prévus, en termes de revalorisation, sont des processus, en termes de financements, qui concernent les EPST comme les EPIC, les écoles comme les universités, et donc nous passons devant les comités techniques et les comités consultatifs de l’ensemble des ministères, c’est 17 instances consultatives qui vont être consultées dans les semaines qui viennent.

      Q- Vous avez évoqué une certaine défiance de la communauté, est-ce que vous pensez que cette loi va créer de la confiance, restaurer de l’enthousiasme, comment vous pensez que cette loi va pouvoir restaurer cette confiance ? On sent quand même qu’il y a des attentes fortes, avec beaucoup de craintes d’être déçus, qu’est-ce que vous pouvez répondre à la communauté sur ce sujet ?

      Vidal- Je connais les attentes, d’autant plus qu’à une autre époque j’ai participé à toutes les consultations qui ont eu lieu. Comme je vous le disais lundi, il y a eu beaucoup de livres blancs, beaucoup de stratégies nationales qui ont été écrites, il y a eu beaucoup de choses, et on attendait toujours l’investissement. Passer de 15Md€ par an à 20Md€ par an pour la recherche en disant injecter 25 Md€ par an pour la recherche, c’est quelque chose qui n’a jamais été fait depuis la fin des années 50. Alors on se focalise sur des points qui ne sont que des outils offerts, si les gens n’en veulent pas ils ne le feront pas, par définition c’est comme ça que ça fonctionne, et donc l’objectif c’est de redonner de la respiration. On n’a pas parlé des autres mesures, de la possibilité d’années sabbatiques, d’avoir des promotions et des avancements de carrière qui soient liés à autre chose que la seule évaluation bibliométrique de la production scientifique, on n’a pas parlé de la capacité à reconnaitre qu’une université c’est un ensemble de personnes qui travaillent à des objectifs majeurs qui sont de produire la connaissance , de diffuser cette connaissance, de prendre soin des étudiants, de regarder comment on peut les insérer professionnellement, de diffuser de la culture scientifique vers l’ensemble de la société, c’est tout ça, une université, et pour que ça fonctionne on a besoin de tout un tas de gens extrêmement différents. Pendant trop longtemps on a fait des choses qui s’imposaient à tous, et qui ne correspondaient pas aux attentes de chacun. On n’a pas aussi évoqué que les financements de l’ANR vont être adaptés en fonction des disciplines, vont porter des choses différentes. On va augmenter aussi les possibilités d’accueil à l’institut universitaire de France. Je crois qu’il faut redonner du temps, redonner des moyens, de la visibilité, c’est comme ça qu’on redonnera de la confiance. Je sais que les attentes sont très fortes, j’espère qu’elles ne seront pas déçues. Je n’ai rencontré personne qui a dit que le système dans lequel nous avons vécu dans l’ESR n’était pas perfectible. J’ai écouté les demandes des uns et des autres, j’ai rajouté les outils nécessaires et surtout j’ai fait en sorte que nous investissions 25 Md€ sur 10 ans. Ce sera à la communauté de faire au mieux avec ces financements supplémentaires. Il y a des choses auxquelles je tiens, qui consistent à revaloriser les salaires, revaloriser les carrières, l’ensemble des missions des personnels de l’ESR, quelle que soit leur catégorie, quelle que soit leur fonction. Le reste, c’est à l’ensemble de la communauté de s’en emparer de façon à ce qu’on puisse continuer à produire ces connaissances qui est essentielle pour notre pays, et essentielle de façon générale.

      Je vais soutenir les établissements qui souhaitent préparer une rentrée dans laquelle les outils numériques auront une place particulière, notamment pour pouvoir accueillir les étudiants internationaux, et pour pouvoir anticiper au cas où nous aurions une 2e vague épidémique au cours de l’hiver, mais qui ont aussi décidé de s’emparer de ce moment pour transformer leur pédagogie et leur façon d’enseigner. Je n’ai en aucun cas exigé ni imposé que la rentrée universitaire se fasse 100% en formation à distance donc je ne sais pas d’où vient cette rumeur. J’aiderai tous les établissements qui souhaitent mettre en place ces formations à distance. Je pense que ceux qui anticipent une rentrée difficile pour les étudiants internationaux, une rentrée qui peut être compliquée par un retour de l’épidémie ont évidemment raison de le faire parce qu’on ne sait pas ce qui nous attend, mais une fois de plus je fais confiance à la communauté des universitaires pour savoir comment préparer au mieux la rentrée. C’est eux qui savent, qui sont sur le terrain, au contact.

      https://academia.hypotheses.org/24568
      #Vidal #France #recherche #financement #MESRI #ESR #enseignement_supérieur #PIA4 #pédagogie #numérique #distanciel

    • « Imaginer une université à distance, c’est renoncer à sa #fonction_sociale »

      Au nom de la commission permanente du Conseil national des universités (#CNU), sa présidente, Sylvie Bauer, demande à la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, dans une tribune au « Monde », le retour du présentiel à la rentrée de septembre.

      Le Conseil national des universités (CNU) qui représente l’ensemble des enseignants-chercheurs, toutes disciplines confondues, demande, fort de sa représentativité, par la voie de sa Commission permanente, la reprise des cours en présentiel dès la rentrée cet automne.

      L’université est un lieu d’échange. Un cours est une représentation théâtrale : il ne s’agit aucunement de clamer des vérités académiques et scientifiques, ni de lire sans vie un cours. L’universitaire doit séduire et intéresser pour transmettre. Son regard doit détecter l’inattention de son auditoire. Nombre d’étudiants ont la croyance qu’il existe un écran invisible entre l’enseignant et eux. N’en faites pas une réalité qui détruira l’université.

      L’amphithéâtre est un théâtre. Tout cela n’est pas anecdotique : le collectif est l’essence même de l’université. A son détriment parfois, lorsque l’enseignant ressent cette impression désagréable qu’un mur d’étudiants se dresse devant lui en signe de contestation à une décision ou une position. Avec un plaisir incomparable lorsque la fusion prend : le bruit de l’amphithéâtre est un souffle qui rythme nos enseignements.
      Dans l’air du temps

      L’université est d’abord un collectif qui s’incarne dans un lieu, physique. L’étudiant y fait ses premiers vrais choix de formation. L’université tisse les liens entre les étudiants d’aujourd’hui, les professionnels et amis de demain. Rien de tout cela ne surgira d’un auditoire « confiné » totalement ou partiellement.

      Depuis la mi-mars, l’université française suit le rythme de la crise sanitaire mondiale. L’enseignement est devenu à distance et il convient néanmoins « d’assurer la continuité pédagogique ». Au pays des confinés, dans un univers connecté, l’activité universitaire battait son plein. A l’heure du déconfinement, les universités élaborent leur plan de reprise d’activité et personne ne semble s’émouvoir du fait que ceci indique qu’une certaine activité aurait cessé. Mais de quelle activité s’agit-il ?

      Alors que partout l’activité économique et sociale reprend,
      d’aucuns s’interrogent sur la pertinence d’une reprise des cours universitaires en présentiel à l’automne prochain. De réunions Zoom en cours par visioconférences, les enseignants-chercheurs ont poursuivi enseignement et recherche avec l’aide efficace des outils numériques de communication. Faut-il-en déduire que ces pratiques doivent être généralisées ?
      Les amphis doivent-ils être renvoyés à des accessoires désuets appartenant à un siècle antérieur ? A faible taux de carbone et
      parées des vertus de frugalité économique, les rencontres virtuelles sont dans l’air du temps.
      Le distanciel, ce n’est ni le collectif ni l’individuel… C’est la solitude de l’étudiant et de l’enseignant. Pire, nombre de nos étudiants travaillent dans des conditions difficiles. La vie collective est un moyen de les éloigner quelques heures de réalités financières et sociales parfois désastreuses.
      Imaginer une université à distance, c’est renoncer à sa fonction sociale. Çà et là, on voit poindre les défaillances de ce trop bel édifice basé sur le tout à distance.
      Alors qu’on s’émeut de l’accroissement du nombre d’étudiants décrocheurs, que pourra signifier une continuité pédagogique pour des étudiants découvrant l’université ?
      Le temps des études supérieures participe à la consolidation
      du statut de citoyen au sein de nos sociétés complexes. La
      confrontation d’opinions entre condisciples est souvent la base de l’affirmation des personnalités de ces acteurs de la société de demain. La #distanciation_physique est devenue, dans les faits et les discours, une #distanciation_sociale dont on ne peut supporter qu’elle perdure.

      Dialogue direct
      Si les activités de recherche semblent s’accommoder plus que
      d’autres de la distanciation physique, elles sont fondées sur le dialogue et la confrontation. La période que nous traversons sera dommageable : mise en sommeil des expériences, annulations de colloques, reports en cascade de
      congrès internationaux. L’urgence est à la reprise de ces activités d’échanges scientifiques plutôt qu’au développement viral de controverses stériles sur les réseaux sociaux. Alors que les citoyens attendent de la recherche qu’elle propose des réponses adaptées, en particulier en période
      de crise, nous savons que la
      construction de projets de recherche
      collaboratifs nécessite
      des rencontres réelles.
      Le dialogue direct est coextensif
      du développement de l’activité
      de recherche. Il n’est nullement
      question de remettre en cause
      des décisions nécessaires lorsque
      surgit le danger sanitaire. Mais le
      distanciel, sous toutes ses formes,
      doit demeurer l’exception et
      ne peut l’emporter sur le principe
      du présentiel sur le seul fondement
      du risque. Pourquoi le principe de précaution s’appliqueraitil
      plus ici que dans les commerces
      et les transports ?
      Ainsi, de l’activité de chercheur
      à celle d’enseignant, de la construction
      de la connaissance à sa
      transmission, le travail des enseignantschercheurs
      est intrinsèquement
      lié au dialogue direct.
      Les rencontres fortuites, les interpellations
      inattendues ou impromptues,
      la dispute parfois, ne
      sont pas accessoires, elles sont
      l’essence même de l’activité universitaire.
      A l’heure où nous écrivons ces
      lignes, nous prenons connaissance
      du projet de loi de programmation
      pluriannuelle de la
      recherche, dite LPPR, qui, audelà
      des mesures budgétaires, interroge
      les fondements de l’université.
      Ce projet, qui suscite d’ores et
      déjà de vives réactions, rappelle
      néanmoins opportunément la
      fonction essentielle de l’université
      dans le développement et la
      diffusion de la recherche.
      L’activité scientifique est un socle
      évident de notre métier, indissociable
      de l’activité de formation,
      indissociable également de
      la fonction sociale de l’université,
      lieu d’échange ouvert, accessible
      à tous et qui doit le rester.
      Pour que vive l’université, nous serons présents, dès septembre, auprès de nos étudiants et avec nos collègues.

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/06/18/imaginer-une-universite-a-distance-c-est-renoncer-a-sa-fonction-sociale_6043

    • Pétition des étudiants des #Pays-Bas contre l’enseignement en ligne :
      Studenten tegen online onderwijs : geef ons de ruimte

      Door het reisverbod voor studenten in de spits maakt de regering onderwijs op locatie onmogelijk. Universiteiten en hogescholen zijn gedwongen om het grootste deel van het onderwijs online te geven. Dit is een enorme achteruitgang. Meer fysiek onderwijs is mogelijk. Geef het onderwijs de ruimte!

      https://petities.nl/petitions/studenten-tegen-online-onderwijs-geef-ons-de-ruimte?locale=nl

  • Lesbos en quarantaine, la situation des réfugiés

    Dans le camp de Mória sur l’île de Lesbos, des travailleurs humanitaires apportent leur soutien à des dizaines de milliers de migrants malgré le confinement et les conditions sanitaires catastrophiques. « ARTE Regards » lève le voile sur la situation désespérée dans ce site surpeuplé, considéré comme l’un des plus dangereux d’Europe.

    Leurs histoires ne font pas la une mais elles émeuvent, surprennent et donnent à réfléchir. En prise avec un thème d’actualité, les reportages choisis par ARTE Regards vont à la rencontre de citoyens européens et proposent une plongée inédite dans leurs réalités quotidiennes.

    https://www.arte.tv/fr/videos/090637-059-A/arte-regards-lesbos-en-quarantaine-la-situation-des-refugies
    #Moria #Lesbos #asile #migrations #réfugiés #distanciation_sociale #camps_de_réfugiés #coronavirus #covid-19 #Team_Humanity #humanitaire #solidarité #Grèce #délit_de_solidarité #dissuasion
    #film #vidéo #documentaire #campement #bagarres #agressions #queue #déchets #liberté_de_mouvement #hygiène #eau #accès_à_l'eau #eaux_usées #sécurité #insécurité #toilettes #résistance #relocalisation #
    ping @luciebacon

  • German court: #COVID-19 protection ’inadequate’ at refugee home

    A pregnant woman appealed to be released from the shelter, saying it was impossible to socially distance in the crowded facility. The court in #Münster agreed — criticizing the double standard in rules at refugee homes.

    A pregnant woman and her husband living at a shared accommodation for asylum seekers not adequately protected from contracting COVID-19, a German court ruled on Monday.

    The couple will no longer be required to live at the facility for asylum seekers, located in the town of #Rheine in the western state of North Rhine-Westphalia.

    In their emergency appeal to the court, the couple raised numerous health concerns, arguing that it wasn’t possible to adhere to social distancing rules inside the cramped facility.

    They reported having to share sanitary facilities with other residents, noting that the residents weren’t provided with enough cleaning supplies.

    “They feared that they would become infected with the coronavirus by continuing to stay at the reception center,” the Administrative Court in Münster said.

    Refugees at risk

    In its decision, the court said that local authorities were unable to disprove the couple’s claims, leading the court to assume “the hygienic conditions were inadequate in this area.”

    The court also appeared to admonish the treatment of asylum seekers, noting that the conditions that they’re being asked to live in go against the COVID-19 social distancing rules set out by the state.

    “It would be inconsistent with the rules in the [coronavirus] regulations if accommodations for asylum seekers were treated differently,” the court said.

    Under current coronavirus regulations, people are advised to remain at least 1.5 meters (5 feet) apart and to wear face masks in shops and on public transportation.

    Asylum seekers in Germany are required to live in “reception centers” or shared accommodations during their asylum application. Many live with several hundred other inhabitants, with some sharing rooms with strangers.

    The conditions and lack of privacy in Germany’s facilities for asylum seekers have long been criticized by refugee and immigrant rights groups.

    The coronavirus outbreak has increased these concerns. Outbreaks at refugee centers have already reported in Berlin, Bonn and other towns and cities across Germany.

    https://www.infomigrants.net/en/post/24671/german-court-covid-19-protection-inadequate-at-refugee-home
    #Allemagne #justice #asile #migrations #réfugiés #logement #hébergement #coronavirus #distanciation_sociale #protection

    ping @thomas_lacroix @karine4 @isskein @_kg_

  • Les universités, l’#enseignement_à_distance et le #Covid-19 (1/2)

    Alors que nos universités vivent depuis quelques semaines un des psychodrames dont elles ont malheureusement l’habitude au sujet des modalités d’examen ou de contrôle des connaissances à appliquer cette année, il peut être utile de prendre le temps de réfléchir quelques instants à la situation inédite à laquelle les universitaires sont confrontés et, surtout, à la manière dont cette crise va modifier, en profondeur, les métiers universitaires et l’université toute entière.

    En premier lieu, il faut remarquer et apprécier une véritable révolution spirituelle chez bon nombre de collègues, hier réticents et même hostiles à l’idée d’enseigner en ligne, de se faire enregistrer et diffuser, et qui semblent s’être convertis très rapidement à ces nouvelles méthodes, au point d’exiger, aux quatre coins de la France, l’organisation d’#examens en ligne afin de sanctionner les cours en ligne ! Alors qu’il y a quelques semaines, beaucoup refusaient catégoriquement de se laisser filmer en cours, considérant qu’il s’agissait d’une insupportable atteinte à leur liberté de parole ou d’enseignement, ils défendent aujourd’hui avec véhémence la conversion de l’université au tout numérique, examen compris, ce qui n’a pourtant jamais été envisagé même par les plus numériques d’entre nous. Étonnant revirement. Bien sûr, il convient d’interpréter ce nouvel amour pour ce qu’il est, c’est-à-dire un simple flirt passager lié aux circonstances particulières du confinement et la manifestation d’une addiction à l’examen et à la sélection qui frappe beaucoup d’universitaires.

    Toutefois, pour quelqu’un qui s’est battu presque dix ans pour développer la politique de #pédagogie_numérique de son université, cela reste un phénomène plaisant à observer. Naturellement, comme souvent, les nouveaux convertis se montrent imprudents, excessifs et bien trop zélés. Leur amour naissant les fait oublier bien des enjeux, comme la protection de la vie privée ou le nécessaire respect de l’#égalité entre étudiant∙es. Il convient, maintenant qu’ils ont la foi, de les faire réfléchir sur l’outil hier haï et aujourd’hui vénéré. Il y a urgence car si la conversion totale au numérique est une vue de l’esprit confiné, la réflexion sur ces outils désormais popularisés mais toujours méconnus doit désormais s’envisager dans une perspective de profonde rénovation de l’université que la crise sanitaire a complètement bouleversé au point de rendre un retour à la situation antérieure difficilement envisageable.

    Des #limites de l’enseignement numérique

    Une des premières choses qu’il convient de rappeler est le fait que l’équation « #cours_présentiel = #cours_à_distance » n’a jamais été vraie. Il y a une différence de nature entre les deux et il faut davantage envisager leur complémentarité plutôt que de les croire substituables. D’ailleurs, il ne s’agit pas d’établir une hiérarchie entre ces deux formes d’enseignement ! Dans certains cas, l’enseignement à distance se montre plus efficace que l’enseignement présentiel : il permet aux étudiant∙es de travailler en fonction de leur propre emploi du temps, ils peuvent revoir les interventions enregistrées, les utiliser pour apprendre puis réviser, poser leurs questions au milieu de la nuit ou en plein dimanche avec l’espoir de recevoir une réponse, rarement immédiate mais dans un délai raisonnable.

    Ainsi, dans mon université, après avoir créé une préparation estivale à distance pour les étudiant∙es souhaitant passer l’examen d’accès aux CRFPA (les centres de formation pour les futurs avocats), nous avons pu dématérialiser quasiment l’intégralité des préparations, même durant l’année universitaire, avec des résultats très concluant. Les préparations s’adressent à des étudiant∙es titulaires d’un Master 1 ou en passe de l’être et souhaitant entreprendre la carrière d’avocat. Avec un public très motivé, capable de travailler en parfaite #autonomie et ayant un temps limité pour préparer l’examen, la #dématérialisation des enseignements offre bien des avantages, pour le préparateur comme pour le préparant. Le programme est un indéniable succès qui a permis à l’université de devenir en quelques années le plus grand centre de préparation à cet examen en France. Pour autant, ce qu’il est possible de faire pour des programmes de préparation n’est pas nécessairement reproductible pour des enseignements de licence ou de maîtrise. Dans ces cas, la présence de l’enseignant demeure nécessaire pour stimuler les étudiant∙es, motiver ceux qui ne le sont pas ou plus, réorienter ceux qui sont perdus, orienter ceux qui survolent, c’est-à-dire enseigner en veillant à ne jamais laisser des étudiant∙es décrocher mais en s’efforçant aussi de ne pas frustrer les meilleurs. La recherche de ce fragile équilibre n’est pas vaine, dans un amphi ou dans une classe. Tous ceux qui ont eu l’occasion d’enseigner et qui ont senti une vocation, non à se mettre en scène, mais dans le fait de transmettre, le savent. Sans lieu, sans classe, sans amphi, tout cela disparaît et n’est pas remplacé. Il n’y a pas lieu de recenser ici les innombrables différences entre l’enseignement à distance et en présence de l’enseignant mais il convient de comprendre qu’elles sont de toute nature. Ainsi, par exemple, il n’est pas absurde de s’interroger sur la disparition ou la transformation du sentiment d’#empathie derrière un écran et l’effet que cela peut avoir sur le processus de #transmission. Quiconque connait le métier est à même de voir les innombrables différences entre ces méthodes s’il fait l’effort d’y réfléchir.

    Ensuite, même si dans certains cas l’enseignement à distance peut être utile et efficace, il suppose des #outils qui ne peuvent être improvisés en quelques jours ou en quelques semaines ! La construction d’un cours en ligne est un travail conséquent, que l’universitaire ne peut, en général, mener seul, sauf à réduire son enseignement à quelques vidéos mal cadrées dans lesquels on le voit en contrejour parler pendant des heures avec un mauvais micro ou à des documents à imprimer de plusieurs centaines de pages balancés en vrac aux étudiant∙es. L’attention d’un auditeur en amphi est déjà limitée à quelques dizaines de minutes ; devant un ordinateur, chez lui, c’est pire ! Le pouvoir de l’éloquence, les effets de manche et même, pour l’étudiant, le fait de pouvoir s’adresser à son voisin pour quelques secondes de détente disparaissent en ligne, ce qui rend le cours bien plus monotone et difficile à suivre, quel que soit l’intérêt de l’étudiant pour le propos de l’enseignant. Il convient donc de concevoir des #outils_pédagogiques qui prennent en compte ces limites et qui s’adaptent à cette réalité. La conversion en quelques jours et dans l’urgence de centaines d’enseignements en cours en ligne est une entreprise vouée à l’échec malgré l’enthousiasme de certains collègues et, si cette solution imparfaite permet malgré tout de sauver l’année en cours, elle ne saurait être considérée comme un modèle pour l’avenir ni comme une base sérieuse pour mettre en place un contrôle des connaissances discriminant.

    Surtout, l’enjeu de demain transcende largement le problème d’aujourd’hui et devrait nous convaincre, collectivement, à engager une réflexion approfondie sur notre avenir. Pense-t-on sérieusement que, passée la crise actuelle, nous allons revenir au monde d’hier, avec les amphis bondés, les couloirs noirs de monde, les nez qui coulent et les gorges qui raclent par centaines en hiver dans des espaces mal aérés ? Les comptoirs administratifs pris d’assaut, les files d’étudiant∙es se pressant autour de l’enseignant à la fin du cours, les cocktails de fin d’année où l’on égare son verre et récupère celui du voisin, les rentrées chaotiques avec les étudiant∙es perdus, errant de salles en salles à la recherche de leur enseignant, tout cela risque d’être impossible dans le monde de demain. La fin du confinement n’annonce pas la fin de la #distanciation_sociale ou de l’impérieuse nécessité de respecter des règles d’hygiène minimales actuellement impossibles à imaginer dans le contexte universitaire. Trop d’étudiant∙es, aucun moyen, des locaux vétustes et des habitudes bien ancrées risquent de faire de la rentrée et de toutes les rentrées prochaines un insoluble #casse-tête.

    Un nouveau modèle universitaire

    C’est dans ce cadre que l’outil pédagogique numérique mérite d’être étudié. Bien pensées, les formations à distance peuvent représenter un appui à l’intégration à l’université pour de nombreux étudiant∙es mais aussi des méthodes d’approfondissement particulièrement efficaces ; elles peuvent aussi être étudiée afin de désengorger considérablement les locaux universitaires permettant alors de consacrer les mètres carrés libérés à des actions davantage personnalisées. Ainsi, par exemple, il est possible d’imaginer que certains cours en présentiel ne soient accessibles qu’après avoir finalisé un parcours numérique d’apprentissage. Il n’est pas nécessaire d’imaginer des tests ou des examens discriminants : le simple suivi sérieux du cours peut suffire à s’assurer de la motivation et à exclure les plus dilettantes des séances en présentiel.

    Naturellement, des dispositifs d’appui aux étudiant∙es en difficulté numérique ou ayant besoin d’un suivi plus dense doivent se développer. Cette diversification plaide pour une multiplication des classes aux #effectifs_restreints. En revanche, l’enseignement classique, les cours dans les gigantesques amphis, serait progressivement abandonné au profit de #conférences_numériques accessibles à un nombre encore plus important d’auditeurs dans des conditions de sécurité et d’hygiène garanties. Ces conférences pourraient se tenir en public, avec un auditoire restreint mais, diffusées à grande échelle, elles permettraient à tous d’y accéder simplement. Ces nouvelles méthodes d’apprentissage pourraient également favoriser l’#entraide au sein de la communauté étudiante en valorisant l’échange entre étudiant∙es de niveaux différents. Le tuteur étudiant pourrait être rémunéré, le libérant ainsi de la nécessité de trouver des financements pour ses longues études en dehors de l’université. Ces nouveaux circuits économiques, peu exploités en France avant le doctorat, auraient pour effet de renforcer la communauté universitaire, multipliant les liens entre l’institution et son public.

    Dans ce nouveau monde universitaire, le mandarin avide de cours d’amphi mais avare d’échanges et fuyant l’étudiant comme la peste n’aurait plus vraiment sa place – qui s’en plaindra ? – contrairement à l’enseignant affable et humain, privilégiant le dialogue au monologue. Cela suppose, dans de nombreuses disciplines, une transformation radicale du rapport de l’enseignant-chercheur avec son université et ses étudiant∙es. Ainsi, par exemple, s’il doit pouvoir bénéficier d’un lieu de travail adapté au sein des locaux universitaires, l’enseignant doit, en contrepartie, accepter un temps de présence plus important au sein de la faculté au bénéfice exclusif des étudiant∙es. Le bureau de l’enseignant pourrait ainsi se transformer en lieu de production et de transmission du savoir, accessible aux étudiant∙es comme aux collègues. Aujourd’hui, le bureau universitaire, denrée rare dans certaines universités, est le plus souvent un simple espace utile pour expédier les trop nombreuses tâches administratives qui pèsent sur les épaules de nombreux enseignant∙es-chercheur∙es investis dans leurs universités et organiser quelques rendez-vous pour traiter les cas d’étudiant∙es un peu atypiques et suffisamment téméraires pour demander un entretien. La culture de la porte ouverte n’existe pratiquement pas.

    Plus généralement, ce nouveau modèle permettrait de mettre fin à l’illusion selon laquelle l’égalité serait respectée en offrant à tous le même régime. Il privilégierait, au contraire, une approche fondée sur la diversité et la confrontation avec l’étudiant, envisagé dans sa singularité et non comme un simple atome d’une masse informe dont il s’agirait de trier le bon grain de l’ivraie. Cette adaptation de l’institution à ses étudiant∙es ne saurait naturellement être totale mais au contraire centrée sur ce que l’université a réellement à offrir, c’est-à-dire le fruit du travail des chercheurs qui sont le véritable cœur de l’institution universitaire.

    https://academia.hypotheses.org/23645

    #université #facs #France #enseignement_distanciel #confinement #coronavirus #ESR #témoignage

    • Marianne veut anticiper les bons et les mauvais côtés du #téléenseignement à la #rentrée

      Pour dédoubler les enseignements — cours magistraux et travaux dirigés — à la rentrée 2020, il faut des locaux et des enseignant·es. Difficile de gérer les locaux, plus simple de recruter des enseignant·es ?


      https://academia.hypotheses.org/23577

    • #LaFacÀDistance – ou imaginer notre pédagogie en #télé-enseignement

      Nous le pressentions depuis des semaines, notre ministre confirme : la rentrée universitaire de l’automne sera au moins en partie en distanciel.

      Nous avons besoin de nous y préparer dès maintenant. Pour cela, quelques éléments à garder en tête d’abord :

      Oui, nous n’avons pas envie de le faire, parce que nous aimons enseigner en présence de nos étudiant∙es. Cela peut même être au cœur de notre pratique et identité professionnelles, voire la raison pour laquelle nous avons choisi ce métier. Il faut prendre le temps d’acter ce renoncement sous contraintes et de faire le deuil de ce qui aurait pu être.
      Oui le passage au distanciel pose énormément de questions politiques (mainmise d’entreprises privées par les outils choisis, accroissement de certaines inégalités – pas toutes –, instrumentalisation au service de la néolibéralisation en cours à l’université avec plus de précariat, moins de protection des personnels, risques psycho-sociaux etc.). N’oublions cependant pas que l’enseignement à distance est là pour améliorer la sécurité sanitaire des étudiant∙es, d’abord, et des personnels, pas seulement enseignantes. Et n’oublions pas non plus le travail acharné depuis des années en pédagogie critique du supérieur pour faire de l’enseignement à distance qui ait un vrai sens pédagogique et émancipateur1. Jeter l’anathème sur l’enseignement à distance dans son ensemble, non.
      Ce que nous avons fait au second semestre est un atterrissage en catastrophe : transférer en quelques jours des enseignements conçus pour être en présentiel en distanciel. Sans savoir pour combien de temps (@6amart6), sans avoir le temps d’être formé·es à cela ou d’y avoir réfléchi, avec les outils que nous avions sous la main, que nous prenions en main, en devant en changer, etc. Ce n’est donc pas du distanciel, c’est de la gestion d’urgence. Nous avons là un peu plus de temps pour réfléchir à nos enseignements de la rentrée et pour pouvoir les concevoir différemment. Nous pouvons prendre le temps de les penser en distanciel (surtout les CM). Nous pouvons les construire de manière flexible permettant l’alternance de phases en distanciel et en présentiel, sachant que nous n’aurons pas la main sur les dates d’éventuels reconfinements. Nous pouvons intégrer la possibilité d’un retour en présentiel, ce que @melpicard appelle les « penser à l’envers.
      Ce qui ne veut pas dire que nous n’avons rien à apprendre de l’expérience de ce semestre (full disclosure : ma charge d’enseignement mensuelle est presque en totalité au premier semestre, donc vous en savez en général plus que moi). Voir ce qu’en dit Michelle Miller ici : https://www.chronicle.com/article/5-Takeaways-From-My-Covid-19/248713 et les liens très intéressants de l’article.
      Enfin, tout ne dépend pas de nous. Beaucoup de nos étudiant·es n’ont pas d’ordinateur personnel (ou insuffisant) ; iels n’ont pas de lieu où travailler, pas de connexion stable, etc. Si nous pouvons et devons continuer de faire pression sur nos établissements pour que cela soit intégré (par l’emprunt d’ordi, par des envois et financements de clefs 4G comme cela a été fait, pour l’intégration des salles informatiques dans les équipements à rouvrir, avec règles de distanciation sociale, etc.), si nous pouvons et devons concevoir des dispositifs pédagogiques flexibles, avec des roues de secours pour un maximum de configuration
      J’insiste sur ce point : nous, enseignant∙es-chercheru∙ses, n’avons pas les moyens de résoudre ce problème matériel. Sachons distinguer ce que nous pouvons et devons faire, ce que nous devons faire remonter, et ce qui n’est hélas pas dans nos mains – nous en serons plus efficace ou plus satisfait∙es et moins en burnout.

      Nos étudiant·es savent quels sont leurs besoins et viennent d’avoir l’expérience de ce semestre en distanciel de catastrophe. Demandons-leur ce qui a marché et ce qui ne convient pas (sachant que les besoins et problèmes sont différents en fonction des gens, des disciplines, des niveaux, des établissements…) et mettons nos idées en commun (#entraide #KropotkinFoerever). En nous rappelant que sur cette question comme sur beaucoup de questions pédagogiques, il n’y a pas de solution magique et que chacune doit être adaptée à nos situations d’enseignement.

      Je restitue donc ici la discussion qui a eu lieu sur Twitter, en grande partie sous l’hashtag #LaFacADistance (merci @6amart6), en remerciant très sincèrement toutes les personnes qui y ont participé, listées ci-dessous. J’ai essayé d’attribuer au maximum les idées, parfois collectives ou dialogiques, et de les créditer quand leurs auteur·es m’en ont donné la permission, en citant les tweets en les éditorialisant a minima. Mes excuses, vous étiez tant que j’ai très probablement oublié des gens dans la multitude des belles réponses.

      Pour chacun.e d’entre nous
      1. Créér et maintenir la relation enseignant·e / étudiant·e

      Des rencontres (pouvant être visio) en petit groupe pour faire connaissance et instaurer la relation de confiance, notamment avec les nouveaux et les L1 (@Chouyo)
      Des horaires de permanence hebdomadaire aussi en visio, pour garder un maximum de contact et être accessible à celleux qui rencontreraient des problèmes. Et quand ces permanences sont pour répondre aux questions sur le cours, laisser un peu de temps pour « digérer » (@FrançoisLevrier) !
      Des tchats dédiés, pour comprendre collectivement les difficultés et ne pas hésiter à en parler pour ajuster (@GoLuluGogo)
      Les liens importants et adresse mail de contact dispo et visibles partout, tout le temps. (@Chouyo)
      Une vidéo d’accueil du cours, en particulier pour les L1
      Des accusés de réceptions des travaux, permettant de limiter le stress (@mcbd, @Chouyo, @WritingRg)

      2. Accompagner la création d’un collectif

      pour des L1 en particulier, mais pour les autres aussi, il faut favoriser le contact entre étudiantEs voire le travail de groupe, y compris sur les rendus (éventuellement en optionnel, @edragone18). Ce n’est déjà pas toujours évident en présentiel mais c’est gage d’entraide et donc de ne pas uniquement se reposer sur les enseignant·es. Cela aide aussi à la motivation (@GoLuluGogo). Cela peut aller avec un outil de type réseau social dans l’ENT (@melpicard) et selon plusieurs modalités : rendre un devoir commun, partager une lecture, échanger dessus, partager des incompréhensions, se relire (@ChRabier). L’idée est d’avoir un relais à l’enseignant·e et que le cours vive entre étudiant·es. De favoriser la cohésion et l’aide pour la réussite de toustes (@GoLuluGogo).

      3. Les cours eux-mêmes

      Un syllabus clair et complet pour chaque cours (@melpicard)
      Prendre un maximum de groupes de TD associés quand on fait le cours d’amphi pour permettre du face-à-face (oui, collègues PR, vous aussi). Car, comme le souligne @GoLuluGogo, les TD auront une vraie fonction de lien social. Sans lien et sans confiance mutuelle, le distanciel est pénible pour les enseignant·es et les étudiant·es.
      Enregistrer une partie du cours par oral (@edragone18) pour aller avec le PDF et/ou les diapos
      L’explication des cours en version vidéo (@49Lyloo05), en se rappelant des contraintes de connexion de certains étudiant·es et des difficultés à charger des fichiers lourds, ainsi que des recommandations des études de pédagogie sur le fait qu’il faut éviter des vidéos longues (<15 mn), inefficaces sur le plan de la transmission et de la rétention des informations. Bien cibler donc.
      Un mélange entre éléments synchrones (nécessaires, @adelinedurandm) et asynchrones
      La mise à disposition de tous les documents nécessaires numérisés (dont les ouvrages)
      Offrir des exercices d’application pour la mise en pratique du cours et pas une simple lecture (@edragone18)
      Donner un temps indicatif pour certains travaux et cours (prévoir 15min d’écoute pour cette capsule, 25 si prise de notes etc.) (@Chouyo)
      Donner des documents et des travaux facultatifs, pour celleux qui peuvent, veulent, voire en ont besoin, ainsi que des ressources supplémentaires en libre accès (@edragone18)
      Si possible, une barre de progression de la tâche/cours par rapport au déroulé du semestre. (@Chouyo)

      4. Les examens

      Construire les examens en fonction (@anthropolegiste) : par exemple en valorisant les questions métacognitives, comme « qu’est-ce que ma matière peut vous apporter »« quelle est votre opinion sur le sujet du cours ? » comme les questions de réflexion (@claireplacial)

      5. De la souplesse et de l’attention aux plus vulnérables

      Des créneaux, rendus, dispositifs de secours pour être le plus flexibles possibles, pour que les étudiant·es ne fassent pas les frais de pannes de connexion, souci matériel, maladie, mise en quarantaine subite, etc.
      De manière plus générale, augmentation des boucles rétroactives ! Isolé·es, les étudiant·es ont encore plus besoin de retours de la part des enseignants et de motivation/réconfort. (@stperret, @49Lyloo05). Voir qui décroche, n’ose pas poser de question, ne parvient pas à se connecter pour pouvoir agir de manière ciblée.
      Être particulièrement attentif.ve aux étudiant·es handicapé·es (@adelinedurandm) et intégrer leurs besoins dans le design du cours (voir par exemple les enjeux d’accessibilités pour les étudiant·es sourd·es, si on n’a pas de vrais moyens mis sur les sous-titres, aveugles et mal-voyant·es sur les diapos (@Anne-GE).
      Être aussi attentif.ves aux étudiant·es plus vulnérables : étudiant·es étranger·es, de première génération etc.
      Prendre en compte l’impact psychologique de la situation sur les étudiant·es y compris du retour en présentiel, dans ce qui peut aussi être un lieu nouveau (@adelinedurandm, @Angryotterr)
      S’assurer que les étudiant·es en fracture numérique puissent recevoir les cours et participer au cours le plus possible (@edragone18, @6amart6).

      À l’échelle de l’équipe pédagogique :

      De la coordination, de la coordination, de la coordination

      Un calendrier clair et donné à l’avance (sur un ou deux mois dans l’idéal, voire plus) pour les dates de cours, de TD, les dates de rendus, etc., partagé (@stperret, @gaydrian_smith, @adelinedurandm, @Angryotterr, @edragone18, @Anne_GE, @WritingRg) et UTILISE par les membres de l’équipe et partagé avec les étudiant·es
      Une attention collective donnée à la charge de travail globale des étudiant·es (@FrancoisLevrier)

      À l’échelle de l’établissement

      Travailler avec les services informatiques et les services d’appui pédagogiques pour le choix des outils, les questions d’équipement, de connexion, de soutien logistique, etc.
      Idem pour les questions d’accessibilité (sous-titres, question des illustrations etc.)
      Se mettre en lien avec les services handicap pour travailler à l’accessibilité (@adelinedurandm)
      Demander que l’université propose un outil de communication collective (libre) pour ses étudiant-es (un Mattermost par ex.) ; sans quoi celleux qui ne sont pas sur facebook vont être complètement écarté·es d’un groupe « promo ». (@Anne_GE)
      Demander que l’université ait réglé leurs logiciels sur les prénoms d’usage. (@Anne_GE)

      Et beaucoup, énormément, à la folie, toujours plus, jamais assez, de bienveillance (@stperret, @edragone18)

      Enfin, la plupart de ces belles idées sont des pratiques que nous enseignant·es devrions DE TOUTE FACON, adopter en temps dit normal et en présentiel…

      Pour compléter ce rapide panorama de propopositions, nous vous invitons à continuer à faire vos propositions #LaFacÀDistance sur la plateforme ci-dessous.

      Merci de votre aide !

      Formulaire à idées :
      https://framaforms.org/lafacadistance-1589008071

      https://academia.hypotheses.org/23546

      #rentrée_2020 #rentrée_universitaire #septembre_2020

    • À distance, il n’y a pas d’école

      Sous la condition du « confinement », l’univers numérique a connu une énorme expansion. Même les plus réticents et beaucoup de ceux qui étaient exclus de l’utilisation des nouvelles technologies –généralement des personnes âgées– ont fait leur initiation. La vie à distance a forcé l’intégration dans l’écosystème numérique.

      L’expérience en cours la plus notable et la plus importante est l’enseignement à distance, qui fait sortir l’école de son enceinte protectrice et la fait entrer dans l’intimité du foyer. Le dispositif de l’enseignement à distance implique un danger auquel nous sommes tous exposés aujourd’hui, presque sans protection : une expansion significative du panoptique numérique (qui permet de tout voir et d’exercer une surveillance). Mais la question fondamentale dans cette expérience est de savoir si elle est réussie sur le plan niveau didactique (plus précisément, quel niveau de réussite a été atteint), et quelles conclusions peut-on en tirer. Il est évident que les résultats diffèrent grandement, en fonction des disciplines, des enseignants et des élèves. Je ne me fonderai pas sur des expériences particulières, les réflexions que je propose se situent sur un plan moins empirique.

      Je commencerai par la question de la transparence : l’école a été protégée tant qu’elle a bénéficié de l’état hermétique de la classe, que la porte de la salle de classe a été fermée, créant un espace discontinu, sans intrusions extérieures (espace qui pouvait être utopique ou oppressant aussi bien). Ce temps est révolu depuis longtemps et la salle de classe, qui reflète l’ouverture de l’école dans son ensemble, n’est plus un espace autarcique. La transparence, qui auparavant avait déjà donné lieu à une discussion sur la nécessité ou non de la moduler, connaît désormais, avec le confinement, une nouvelle étape : elle est devenue totale et absolue. À la maison, chacun peut regarder les « performances » des enseignants, évaluer leurs manières de faire et « apprécier » leur vidéogénie. Un certain degré de technophobie était encore toléré tant que l’enseignant exerçait dans sa classe ; dans l’enseignement à distance, ce n’est pas possible, et les arguments pour légitimer cette technophobie ne semblent plus recevables.

      Mais la question la plus importante qui ressort de cette expérience exceptionnelle — qui a peut-être pour effet de montrer combien l’école est une institution indispensable et capable d’alimenter la dernière utopie à laquelle nous avons droit — est celle de l’école comme lieu de construction du collectif et de la centralité de la classe en tant que communauté. Le modèle de la communauté éducative a une très grande signification politique.

      Un autre aspect important est celui de l’attention. Comme nous le savons, le plus grand défi de l’école est celui de l’attention : comment gagner et fixer l’attention des élèves, ces « sujets numériques » qui vivent sous le régime du fractionnement de l’attention ? Le grand combat de l’école, ces dernières années, a consisté à se doter de rituels spécifiques qui servent de dispositifs attentionnels, afin de récupérer ce que l’on appelle généralement « l’attention conjointe » (ou attention partagée), mode qui désigne le fait que l’attention de quelqu’un (dans la circonstance, un élève) est attirée sur l’objet qui lui est indiqué par la personne (dans la circonstance, le professeur) qui joue un rôle de guide.

      Or l’attention conjointe est intrinsèquement liée à la présence. C’est un fait bien connu de nos jours que les enfants et les adolescents n’échouent pas à l’école parce qu’on leur y enseignerait des choses difficiles à apprendre, mais parce que ce qu’ils apprennent à l’école ne les intéresse pas. C’est pourquoi les situations d’enseignement doivent être analysées du point de vue d’une écologie de l’attention. La salle de classe doit être conçue comme un écosystème d’attention. Est-il possible de créer cet écosystème dans l’enseignement à distance ? Dans son livre sur la figure du pédagogue Joseph Jacotot, Le maître ignorant, le philosophe français Jacques Rancière décrit et analyse une action pédagogique visant essentiellement à « l’émancipation intellectuelle ». La fonction essentielle du maître (potentiellement ignorant) n’est pas d’expliquer les contenus, mais d’exercer sur les élèves la capacité d’attention, soit par un ordre imposé, soit en stimulant leur désir. Toute l’expérience de l’enseignement, dit Rancière, doit tendre à « l’habitude et au plaisir que l’on éprouve en observant et en fixant avec attention » (attention : ad-tendere, tendre vers). C’est pourquoi la salle de classe est le lieu d’une expérience unique, irremplaçable, capable parfois de procurer une expérience euphorique, tant au « maître » qu’aux élèves.

      https://academia.hypotheses.org/23475

    • #As_It_Used_To_Be

      Depuis 2001, le « 48 Hour Film Project » est une compétition annuelle qui invite de jeunes réalisateurs à réaliser un court-métrage à contraintes (en 48h, en tirant au sort genre, personnage, objet, réplique). Après avoir remporté la victoire à Paris en 2011 avec le film « Casse-gueule », #Clément_Gonzalez a rencontré le succès à nouveau avec « As it used to be » en 2012 (mise en ligne 2013), qui développe en deux séquences et 8’13’’ quelques puissantes images associées à l’enseignement à distance (EAD) dans les universités. Le concours se tient dans une centaine de centres urbains du monde entier ; c’est à Johannesburg que Clément Gonzalez et son « Collectif 109 » ont tourné « As it used to be », dont la carrière a débuté de façon foudroyante par une avalanche de programmations et de récompenses1, avant de ressurgir en 2020 par la grâce d’une généralisation brutale et massive de l’EAD dûe aux mesures de confinement.

      L’Université de Johannesburg prête son architecture brutaliste aux décors de cette courte histoire de near future, comme l’ont fait ensuite les structures de la Bibliothèque Nationale de France dans la série Tripalium (Arte, 2016), ou auparavant les célèbres Espaces d’Abraxas de Noisy-le-Grand dans de nombreux films, de Brazil (1985) à Hunger Games (2012). L’Université de Johannesburg est d’ailleurs également réputée pour avoir lancé les premiers diplômes 100% à distance d’Afrique du Sud en 2017 et 20182 – et ses étudiant·es se sont fortement mobilisé·es en avril dernier pour faire entendre la voix des moins bien équipé·es des leurs3.)

      Le charisme des deux acteurs du film, l’intelligence et l’émotion de cet aperçu de la passion d’enseigner font dire à Clément Gonzalez que le court-métrage, depuis le début, a rencontré l’adhésion aussi bien des étudiant·es que des professeur·es. Il confie également qu’un projet d’extension en long métrage est en écriture depuis quelque temps. Le moment ne serait pas mal choisi pour développer un récit de contre-dystopie, où des voix persévèrent à résonner entre les murs des amphis.

      https://academia.hypotheses.org/23598
      https://vimeo.com/57814889

      #court-métrage #film

    • Les universités, l’enseignement à distance et le Covid-19 (2/2)

      Mettre fin à une lente et longue dérive

      Ces dernières années, deux phénomènes ont progressivement fait perdre son sens à l’université et l’ont profondément pervertie. D’une part, la complexification administrative due notamment à l’augmentation des effectifs étudiant∙es conjugué à la réduction du personnel administratif, a eu pour effet de développer la fonction administrative de l’enseignant-chercheur, au détriment de ses deux véritables fonctions, l’enseignement et la recherche. Cette nouvelle fonction administrative est évidemment mal assurée par un personnel qui n’a pas été formé à cela et qui vit cet investissement nécessaire le plus souvent comme une punition ou une calamité. Cela a pour conséquence d’augmenter les tensions entre la composante administrative de l’université et la composante pédagogique et de diminuer, encore, la qualité du service surtout dans les grandes universités au sein desquelles les personnels se connaissent mal. D’autre part, la croyance, de plus en plus ancrée dans l’esprit des étudiant∙es, des enseignant∙es et de la société en général, selon laquelle le diplôme universitaire permet d’accéder à l’emploi, a entrainé une modification de la nature de l’enseignement et des diplômes universitaires, pensés comme de plus en plus professionnalisant et techniques et reflétant de moins en moins l’activité de recherche dans la discipline concernée. Le tissu économique, l’État et désormais de nombreux étudiant∙es voudraient que l’on sorte de l’université prêt·e à l’emploi, ce qui est difficilement envisageable dans la mesure où la plupart des futurs métiers des étudiant∙es universitaires ne sont pas représentés dans les athénées. Si le diplôme peut parfois permettre d’accéder à une profession, cela reste marginal et surtout cela ne saurait être considérée comme un élément décisif pour juger de la pertinence d’un enseignement universitaire.

      Le monde de l’entreprise a un intérêt à la transformation des universités en de gigantesques centres de formation professionnelle, car cela permet de réduire les coûts de la formation interne des entreprises. Le savoir technique est enseigné par des fonctionnaires, les stages sont financés par l’argent public et l’employeur peut donc embaucher des travailleurs prêts à l’emploi. Le risque d’une rapide obsolescence des formations trop techniques est ignoré au profit d’une incessante critique de l’incapacité de l’université à s’adapter à la réalité économique… Le transfert du coût de la formation interne des entreprises à la collectivité nationale, à travers notamment l’institutionnalisation du stage, n’est jamais mentionné et les universitaires sont au contraire invités à remercier gracieusement les entreprises pour leur sacrifice qui consiste à accueillir une main d’œuvre jeune, motivée et… pratiquement gratuite ! Loin de pouvoir leur demander des comptes, les universités sont sommées de se plier aux desideratas de ces gentils philanthropes. Si la loi d’encadrement des stages a permis de mettre fin à certains abus trop criants pour être ignorés, elle n’a pas eu pour effet de modifier le système en profondeur ou de changer les rapports déséquilibrés qui se sont progressivement installés au profit du monde économique.

      Surtout, ces deux évolutions concomitantes, l’augmentation de la charge administrative et l’injonction du prêt à l’emploi, ont perverti le travail de l’universitaire qui n’exerce plus que marginalement le métier qu’il a pourtant choisi et pour lequel il a été formé plusieurs années. Avec moins de temps à consacrer à ses recherches et contraint d’enseigner un savoir de plus en plus éloigné d’elles, il subi, comme de nombreux fonctionnaires, une lente dérive qui l’éloigne de ce qu’il est ou plutôt de ce qu’il voulait être. L’irruption massive du numérique, si elle est aussi pensée à cet effet, peut constituer un moyen efficace pour aider l’université à sortir de cette situation désolante et à se retrouver.
      L’informatique au service du renouveau universitaire

      Certes, il ne s’agit pas du remède universel capable de guérir miraculeusement tous les maux ! L’outil informatique demeure un simple instrument qui peut servir le pire comme le meilleur. Il peut toutefois permettre de concilier des impératifs apparemment contradictoires comme la nécessaire diminution de la fréquentation des sites universitaires et l’augmentation de l’audience des universités. Il favorise aussi le travail de divulgation et de diffusion des travaux de recherche dont tout chercheur doit aujourd’hui se préoccuper. Ainsi, les revues universitaires, les éditions de facultés qui ont progressivement disparu ou qui vivotent ici ou là doivent devenir de puissants vecteurs de diffusion des travaux des universitaires, non en direction uniquement de leur propre communauté scientifique, mais également en s’adressant au plus grand nombre. La recherche étant financée par des fonds publics, il va de soi que le savoir produit doit être distribué gratuitement ou à des coûts très modiques, ce que permet l’approche numérique. A contrario, l’existence des centaines et parfois des milliers de revues, propriétés de grands groupes privés mais qui vivent uniquement grâce au travail des chercheurs, principalement fonctionnaires, et concentrent aujourd’hui l’essentiel des publications scientifiques dans plusieurs domaines, mérite d’être profondément remis en question. Des initiatives en ce sens existe déjà et doivent être massivement développées.
      De même, la production de matériel pédagogique par les universitaires ne peut continuer, comme aujourd’hui, à alimenter un marché privé très rentable, massivement financé par l’impôt puisqu’essentiellement destiné à vendre des produits réalisés par des fonctionnaires dans le cadre de leur fonction mais qui débouche sur la vente de manuels forts chers pour les bourses étudiantes. Là encore, l’outil numérique est à même d’escamoter ce modèle économique étrange au profit d’une vision moins naïve permettant de rendre à l’université ce qui est à l’université tout en offrant à l’étudiant l’outil sans lequel ses études s’avèrent impossible et qu’il est aujourd’hui obligé d’acheter à un éditeur privé.

      A contrario, comme les universités en font douloureusement l’expérience depuis plus de dix ans, l’outil numérique ne peut se substituer à l’existence d’une administration universitaire importante pour ne pas dire pléthorique. La diminution conséquente du personnel administratif par rapport à la masse d’étudiant∙es en constante augmentation a conduit au recours au traitement informatique des données dans un nombre toujours croissant de domaines, des inscriptions à la saisie des notes jusqu’à la délivrance des diplômes. Tout, ou presque, a été dématérialisé. Si ce processus présente d’indéniables avantages qu’il convient d’exploiter pour l’avenir, il ne doit paradoxalement pas être accompagné d’une réduction massive des effectifs administratifs et doit au contraire servir à développer des fonctions essentielles progressivement délaissées.

      Il en va de la survie même de l’administration universitaire dont le travail ne peut se réduire, pour des milliers de fonctionnaires, à la saisie informatique de données. Ce travail à la chaine aussi abrutissant que dévalorisant doit être subdivisé et le plus possible délégué ou partagé avec l’ensemble de la communauté universitaire : personnels administratifs, enseignant∙es mais aussi étudiant∙es. Cette tâche ingrate mais nécessaire doit être évidemment compensée à la hauteur de sa pénibilité. Aux côtés de cette administration fortement dématérialisée et déconcentrée, il faut reconstruire une administration qui soit un véritable soutien aux usagers comme aux enseignant∙es. Cela ne signifie pas rétablir une hiérarchie interne qui n’a pas de raison d’être entre l’administration et les pédagogues mais au contraire mettre l’ensemble de l’université, enseignant∙es et administrations, au service des étudiant∙es et plus généralement de la fonction universitaire.

      Il faut un personnel formé, qualifié, comme il en existe dans des milliers d’entreprises prestataires de service qui se soucient du niveau de satisfaction de leurs usagers et se préoccupent de leurs employés. Ainsi, par exemple, les universités doivent se doter de réels services de ressources humaines, avec un suivi des carrières, une capacité à proposer à chaque employé des possibilités d’évolution, des informations utiles sur la formation professionnelle, etc. Aujourd’hui, les services d’orientation pour les étudiant∙es sont quasiment inexistants alors que l’univers de l’enseignement supérieur n’a jamais été aussi complexe. Également, les directions des relations extérieures doivent être renouvelée et renforcée, en particulier au service des étudiant∙es qui souhaitent avoir une expérience à l’étranger et pour lesquels si peu est fait. La liste des services à repenser est longue et il ne s’agit pas ici de la dresser avec exhaustivité. Il convient, dans un premier temps, simplement d’admettre que si beaucoup de choses peuvent aujourd’hui être traitées exclusivement par mail et par tableur, comme les inscriptions ou le suivi académique, d’autres ne peuvent pas l’être et ne pourront jamais l’être. Il faut cesser de faire comme si dans le simple objectif non avoué de réduire, toujours plus, les dépenses et donc le personnel. Le chantier de reconstruction de l’administration universitaire est immense et la route est longue mais il faut s’y engager pour espérer redonner à l’université sa fonction et par là-même, son prestige.
      Le nerf de la guerre : le diplôme national

      Rien ne sera cependant possible sans une réflexion profonde sur la place des titres et diplômes que délivrent les universités et qui se sont progressivement substitués au chercheur, à la recherche et à l’enseignement, pour devenir le véritable moteur de l’université. Il convient de les considérer pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire de simples accessoires d’une entreprise plus noble et bien plus complexe que la distribution des distinctions : la transmission du savoir universitaire. Le titre ou le diplôme ne donne pas de travail, tout au plus qualifie-t-il pour un emploi mais dans la majeure partie des cas il n’est là que pour attester de la formation reçue par le diplômé. Il n’a pas d’autre valeur que celle qu’il certifie, à savoir la qualité de l’enseignement. Or, l’université ne sait véritablement et efficacement former que par la transmission du savoir qu’elle produit et dont elle est dépositaire. Ce savoir est parfois très pratique, y compris dans des champs disciplinaires qui pourraient paraître improductifs, mais il demeure intimement lié à l’activité du chercheur. Ce lien indissoluble entre recherche, enseignement et diplôme doit être restauré et conduire à l’abandon de l’idée selon laquelle l’université pourrait tout enseigner. Elle ne doit plus être vue comme le prolongement naturel de l’éducation nationale, destinée à accueillir toute la jeunesse française, prétendument capable de tout enseigner et de tous les former. A contrario, elle doit s’ouvrir à nouveau sur la société et s’adresser à tous, jeunes et moins jeunes, indépendamment de la question de la délivrance d’un titre national qui viendrait systématiquement sanctionner ses formations. L’univers de la formation aujourd’hui regorge de méthodes de certifications et autres techniques qui attestent de l’enseignement ou de la formation reçue, de manière plus souple, moins contraignante et souvent bien plus pertinente que les diplômes nationaux. Les universités doivent investir massivement ce champ afin de valoriser les domaines de recherche de ses enseignant∙es-chercheur∙es et au contraire délaisser les multiples formations pour lesquelles elles n’ont d’autres compétence que leur capacité à faire appel à des formateurs extérieurs ou à forcer leurs propres enseignant∙es.

      Le diplôme national, avec son cadre nécessairement rigide et l’indispensable harmonisation des formations qui le délivrent, doit retrouver sa juste place, c’est-à-dire celle d’un titre donnant accès à des professions, des métiers ou des formations qui ne peuvent être exercés ou suivies par quelqu’un qui n’en serait pas titulaires. Ainsi, la santé, la justice ou encore l’enseignement sont des activités qui peuvent supposer une certaine uniformité du savoir transmis aux futurs acteurs. C’est à la fois lié à la nature de l’activité et à sa prise en charge par la communauté. Il est d’ailleurs intéressant de remarquer, qu’à l’exception notable de la formation médicale qui peut intégralement avoir lieu au sein de l’université grâce aux centres hospitaliers universitaires, de nombreuses activités réglementées requiert le passage d’examens et de formations à l’extérieur de l’université, comme pour les professions juridiques (avocats, notaires, juges…) ou l’enseignement. En revanche, le diplôme national, n’a, dans de très nombreuses situations, aucune utilité : ainsi des milliers de métiers les plus divers peuvent légalement s’exercer sans devoir exhiber de titre. Malgré cela, le diplôme national s’est progressivement imposé comme la forme normale de certification d’une formation d’enseignement supérieur au détriment de la diversité et surtout de la qualité réelle des formations dispensées. Il ne garantit évidemment aucune forme d’égalité entre étudiant∙es provenant d’établissements universitaires différents mais donne au contraire lieu à des formes de concurrence malsaine entre établissements : certains choisissant de limiter l’attribution du diplôme afin de garantir la « qualité » du titre délivré par l’université tandis que d’autres facilitent cette obtention afin d’attirer des candidats. Le marché de l’emploi n’est pas dupe de cette réalité et sait parfaitement établir sa propre échelle de valeur des formations délivrées par les établissements universitaires. Aussi, faire croire que le diplôme est le même quelle que soit l’université qui le délivre consiste à entretenir une fiction à laquelle plus personne ne croit et qui finit non par valoriser la formation moins qualitative mais à faire perdre son sens au diplôme national.


      *

      La crise actuelle permet de penser le basculement. La fermeture des universités les a inévitablement réduites à ce qu’elles sont essentiellement : une communauté de chercheurs et d’enseignant∙es au service des étudiant∙es. Pour beaucoup, ils se démènent pour permettre à leur enseignement d’exister malgré les circonstances, pour continuer à transmettre mais aussi à apprendre. La transmission et la circulation du savoir résiste alors que tout le reste s’est effondré en quelques heures suivant le confinement. Cela n’aurait pas été possible, le plus souvent, sans l’implication active des services informatiques pédagogiques qui ont dans de nombreux cas remarquablement relevé le défi et ont efficacement épaulé des milliers d’enseignant∙es et d’étudiant∙es. Cette extraordinaire et héroïque résistance de ce qui constitue l’âme de l’université, sa fonction première de sauvegarde et de transmission du savoir, est un trésor sur lequel construire l’avenir.

      https://academia.hypotheses.org/23753

  • Ministry Advisers Warn of ‘Second Wave’ of Outbreak, Call for Random Tests - Bianet english

    As the government prepares to ease some measures for the new coronavirus pandemic, doctors from the Health Ministry’s Science Committee say that basic precautions such as social distancing and hand hygiene should be a part of the “new normal” to prevent a second wave of the outbreak.

    https://www.bianet.org/english/health/224011-ministry-advisers-warn-of-second-wave-of-outbreak-call-for-random-tes

    #Covid-19#Turquie#Déconfinement#Distanciation_sociale#Seconde_vague#Épidémie#santé#réfugiés#migrant#migration

  • #Covid-19 : les campagnes moins touchées que les villes ?

    La pandémie de Covid-19 touche-t-elle moins les campagnes que les grandes villes ? En croisant plusieurs ressources cartographiques et statistiques, l’urbaniste Clément Payet formule de premières hypothèses.

    Dans le cadre de la lutte contre la pandémie en cours, le confinement de la population permet de ralentir la propagation du virus et d’éviter une saturation des hôpitaux. Cette mesure qui affecte tant la vie socio-économique fournit aussi l’occasion de formuler, à partir d’une observation statistique et cartographique, quelques pistes de réflexion quant à la propagation du virus dans les territoires. L’esquisse d’analyse qui suit ne prétend pas déduire, réaffirmer, confirmer ou contredire les données scientifiques existantes, ni de se positionner sur les relations entre villes et campagnes. Les observations et chiffres cités devront être affinés en prenant en compte les personnes testées ou non, asymptomatiques, isolées, les capacités des hôpitaux, le nombre de transferts de patients effectués entre structures de soins et territoires, le temps de propagation à long terme du virus, les mobilités entre métropoles, campagnes urbaines, villes moyennes ou campagnes éloignées, le taux de pollution, etc. Le temps venu, il conviendra de changer d’échelle d’observation afin d’affiner cette première analyse [1].

    D’après les premières informations rendues disponibles par les épidémiologistes et notamment par Pascal Crépey, enseignant-chercheur en épidémiologie et biostatistiques à l’École des hautes études en santé publique à Rennes [2], le virus s’est répandu dans quasiment toutes les régions depuis le début du mois de mars, soit une dizaine de jours avant le début du confinement (17 mars). Mais les campagnes seraient-elles plus épargnées par ce virus que les grandes villes ?

    Cet article s’appuie sur les cartes du Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET) et notamment sur celle illustrant les « Campagnes des villes, du littoral et des vallées urbanisées », afin de distinguer les espaces urbanisés de différents espaces ruraux. Les campagnes désignent les territoires ruraux, c’est-à-dire ceux qui sont peu densément peuplés, avec un nombre d’habitants au kilomètre carré relativement moyen ou faible (entre 10 et 40 hab./km²). Les villes, quant à elles, sont ici pour l’essentiel les métropoles (Paris, Lyon, Strasbourg, Marseille, Bordeaux, Toulouse, etc.) et leur périphérie (villes et villages sous influence urbaine). Ce sont des territoires densément peuplés (entre 113 et 3 000 hab/km²). L’utilisation des outils et données cartographiques semble être un atout pour comprendre la dynamique de propagation du virus dans ces territoires et l’interrelation indiscutable entre ces derniers. Les éléments ci-dessous apportent donc une observation géographique à la compréhension de la propagation du virus sur le territoire français en s’intéressant à l’occupation de l’espace, aux enjeux de la densification des espaces urbanisés, ainsi qu’à la typologie des lieux urbanisés et ruraux et aux mobilités quotidiennes.
    Typologie et cartographie

    Pour développer de premières hypothèses, la démarche a consisté à croiser plusieurs données cartographiques permettant de disposer d’une typologie des territoires :
    – les cartes du Commissariat général à l’égalité des territoires, ou Agence nationale pour la cohésion des territoires (CGET-ANCT), qui catégorisent les campagnes françaises, identifient la part des personnes âgées dans les territoires et l’accès aux soins ;
    – les cartes du gouvernement et de l’Environmental systems research institute (ESRI-France), basées sur les données de Santé publique France relatives au Covid-19 et montrant les cas hospitalisés, les décès et le nombre de lits en réanimation disponibles par département ;
    – celles de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) sur les déplacements de population avant le confinement.

    En simplifiant, les villes et leurs périphéries sont représentées en blanc sur cette carte du CGET-ANCT « Campagnes des villes, du littoral et des vallées urbanisées » (figure 2), et les campagnes en gris, en orange et en rouge. Ainsi, c’est presque tout le territoire français qui est considéré comme peu dense. Les départements « ruraux » sont avant tout ceux situés en altitude (Pyrénées, Alpes, Cévennes, Massif central). Alternant les couleurs rouge et orange, nombre d’entre eux sont répartis des Pyrénées aux Vosges en passant par la Nièvre, le Cantal, le Gers, etc. Les autres se trouvent autour de Paris jusqu’à la pointe bretonne et la pointe nord du territoire.

    Davantage d’hospitalisations dans les espaces urbanisés

    En superposant les données de Santé publique France à celles des cartes du gouvernement et de l’ESRI-France, nous observons plusieurs tendances. Les effectifs hospitalisés (rond rouge, figure 3) sont plus élevés dans les départements des grandes villes que dans les départements peu denses (rouge-orange, figure 2). Ceci s’explique en partie par le fait qu’une population plus importante dans les territoires denses augmente le risque de contamination et d’hospitalisation, mais aussi par un nombre important de services de soins et d’équipes médicales dans ces territoires, prenant en charge davantage de patients que dans d’autres moins peuplés. Autre supposition, complémentaire : le nombre de patients hospitalisés serait plus important dans les territoires urbanisés en raison des transferts de patients depuis les secteurs peu denses et moins équipés en services, moyens humains et matériels, vers les territoires denses et mieux équipés.

    On peut supposer également que les transferts de patients par l’armée ou par les trains ne se sont produits qu’entre grandes villes, et que les cas infectés dans chaque département sont pris en charge localement. De ce point de vue, en prenant le ratio (nombre d’hospitalisés pour 100 000 habitants) représenté par les couleurs jaune-orange, orange foncé et rouge (ESRI-France), il semble que les territoires les moins densément peuplés, figurés en jaune clair, jaune orangé et orange (figure 2), soient moins touchés, avec moins d’hospitalisations que les départements des grandes villes (rouge foncé, figure 3).
    Répartition spatiale : exceptions « rurales » et corridors urbanisés

    Une exception se dégage toutefois. Les départements les moins peuplés (figure 2) entre Paris et Strasbourg comptent énormément d’hospitalisations : Aube, Haute-Marne, Marne, Meuse, Vosges apparaissent en rouge (figure 3). Ici, nous supposons qu’il faudrait aussi prendre en compte les flux, c’est-à-dire les déplacements. C’est ce qui a justifié la mesure du confinement général de la population : plus de déplacements = plus de probabilité de contamination = plus de cas = plus d’hospitalisations = plus de décès éventuels. Cette zone géographique inclut notamment un axe passant et économique entre deux grandes métropoles, densément peuplées. Des personnes infectées auraient pu ainsi effectuer des déplacements domicile-travail, professionnels ou autres vers ces territoires moins denses, propageant le virus dans ces départements globalement « ruraux ».

    D’autre part, cette situation pourrait encore s’expliquer par le nombre de personnes infectées, admises et soignées dans un hôpital autre que celui de leur département d’origine. Ces départements « ruraux » verraient ainsi leur nombre d’hospitalisations augmenter avec des patients venant d’autres territoires plus urbanisés. Enfin, il conviendra de s’interroger plus en détail sur les territoires de montagnes proches de l’Italie.

    Le nombre de décès rapporté est important sur un autre axe Strasbourg-Lyon-Marseille. Assez fréquentés en termes de trafic et de transferts, de tels axes sont aussi plus denses et urbanisés que les autres départements et desservent de nombreuses villes (corridor de couleur verte sur la figure 2). La question des flux, facteur de circulation du virus, se pose ici sans aucun doute. Le nombre important d’hospitalisations et de décès s’expliquerait dans les campagnes sous influence de ces grandes villes (Ardèche, Vosges, etc.).
    Des déplacements vers des territoires « urbains et ruraux »

    Sur la carte de l’INSEE effectuée à partir des données de l’opérateur de téléphonie mobile Orange pour représenter les déplacements de personnes depuis Paris vers les « campagnes » (17 % de Parisiens en déplacement juste avant le début du confinement), et en supposant que certaines de ces personnes étaient porteuses du Covid-19, on peut faire l’hypothèse que ces dernières seraient essentiellement allées vers l’est et le sud-est de la France, et notamment le long d’un axe Strasbourg (plutôt Vosges et Ardennes)-Lyon-Marseille. Ainsi, les départements les plus touchés en termes d’hospitalisations et de décès sont aussi ceux où un nombre important de personnes sont présentes en nuitée, selon la carte de l’INSEE [3]. Les départements « ruraux » comme « urbains » sont touchés sur cet axe.

    Certains départements « ruraux » font exception

    L’Ardèche et la Drôme, relativement peu denses (figure 2), ont vu leur taux de nuitée augmenter de plus de 4 % ; or, les cas hospitalisés et les décès sont également importants dans ces deux départements. Certes, ce ne sont là que des observations cartographiques basées sur des statistiques, et qui devront être étoffées et affinées. À titre de contre-exemple, le Gers a connu une arrivée importante de personnes en provenance de Paris mais, avec des cas d’infection ayant conduit à une hospitalisation et des cas de décès moins nombreux que d’autres territoires (bien que le département soit plus touché que ceux situés à proximité).

    Les cas de la Meuse, Aisne, Vosges (rouge, figure 3), territoires « ruraux », nous interrogent. Dans ces territoires peu densément peuplés, le nombre de décès est assez important en termes de ratio ou d’effectif. Ceci pourrait s’expliquer par l’arrivée de patients hospitalisés issus d’autres départements, venus gonfler les effectifs dans ces trois départements (à quoi il faut ajouter le facteur des déplacements mentionnés plus haut).

    Enfin, l’Indre et l’Aude ressortent en orange foncé (figure 3) en termes d’hospitalisation et de décès par rapport aux autres départements situés à proximité (jaune clair ou jaune orangé). Cela est-il dû aux déplacements avant le confinement ? Ou bien le fait de disposer d’axes et de liaisons (aériens, ferroviaires, routiers) moins importants et moins nombreux réduirait-il la circulation du virus dans les départements limitrophes ?

    Certains territoires dits « ruraux » ou moins denses sont donc également touchés par rapport aux territoires plus densifiés, avec un nombre important de cas infectés ou de décès : ceci peut s’expliquer par leur situation géographique (proximité d’aires urbaines importantes, d’axes de communication fréquentés) ou (de manière non exclusive) par une augmentation de personnes infectées due aux déplacements effectués avant le confinement de la région parisienne vers ces territoires.
    Des hôpitaux saturés et des services publics quotidiens au ralenti en milieu rural

    Au-delà d’une opposition typologique entre villes et campagnes (dont le confinement fait observer l’interdépendance : soutien de la population aux producteurs locaux, incitation ministérielle à aider les agriculteurs, renforcement des circuits courts, augmentation du nombre d’habitants dans certaines communes profitant aux commerces locaux, etc.), en termes d’accès aux services publics dans les lieux habités des territoires peu denses, le confinement pourrait être un inconvénient socio-économique pour les territoires ruraux. Des services publics – ou ayant récemment perdu leur statut public – sont fermés ou tournent au ralenti, comme les postes. Les maires de nombreux villages ou bourgs s’opposent à la fermeture de ces établissements nécessaires à la vie quotidienne des populations, en particulier vieillissantes (et à risques).

    Dans les hôpitaux, le nombre de lits des services de réanimation varie selon les territoires, en fonction du nombre d’habitants. Selon la carte de l’ESRI-France et du gouvernement, certains territoires ruraux seraient en « surcapacité » – c’est-à-dire en surcharge ou en saturation : les lits de réanimation disponibles et occupés étant en insuffisance par rapport au nombre de patients. L’Ardèche, département « rural », est à 313 % de surcapacité avec 25 patients en réanimation pour 8 lits ; les Vosges sont à 363 % (29 patients pour 8 lits), la Creuse à 188 % (15 patients pour 8 lits), la Seine-et-Marne à 269 % (207 patients pour 77 lits).

    En Seine-et-Marne, la population proche de Paris est plus importante, ce qui peut expliquer un nombre important de patients hospitalisés, en plus des transferts supposés inter-hôpitaux au sein de l’Île-de-France. Une « surcapacité » des lits disponibles et occupés s’observe de manière globale sur la partie est de la France : du Vaucluse au Pas-de-Calais en passant par le Loir-et-Cher et de nombreux territoires ruraux. Là aussi, il faudrait comptabiliser, s’il y a lieu, les cas autochtones traités dans le département d’origine ou bien les transferts de patients effectués. Par rapport au nombre d’habitants et aux capacités des hôpitaux en temps normal, les territoires ruraux de l’Ardèche au Pas-de-Calais sont en « surcapacité » par rapport aux territoires plus denses alors que, globalement, ces territoires sont moins touchés par le virus. Ces observations retrouvent néanmoins l’axe fortement urbanisé Marseille-Lyon-Nord-Strasbourg.

    Distanciation spatiale

    L’utilisation des outils et données cartographiques permet d’observer de nombreuses dynamiques en lien avec l’occupation de l’espace, la typologie des lieux urbanisés et ruraux et les moyens utilisés par la population afin d’occuper ces espaces. De manière globale, plus nous nous dirigeons vers l’ouest et le sud-ouest de la France, moins les cas infectés et les décès sont nombreux. Des territoires ruraux sont plus touchés que d’autres. Inversement, plus nous nous dirigeons vers le nord-est et l’est et plus le nombre de territoires touchés augmente.

    L’influence des territoires fortement urbanisés et densifiés se traduit ici dans la propagation des territoires ruraux limitrophes. L’axe nord-sud, du Pas-de-Calais aux Bouches-du-Rhône, est le plus touché. Enfin, le nombre de décès est important dans les départements limitrophes de Paris. Il sera intéressant, en changeant d’échelle, de voir si à mesure qu’on s’éloigne de Paris (ou d’autres métropoles, dans le corridor peu dense – « campagne urbaine » –, par exemple Clermont-Ferrand), le nombre de personnes infectées diminue.

    D’un côté, la distanciation spatiale par les reliefs et les grands espaces, les infrastructures de communication et l’utilisation de la voiture, jouent un rôle de barrière entre territoires plus impactés par le virus et territoires relativement épargnés. De l’autre, cette analyse cartographique permet d’observer une véritable interrelation entre les territoires (campagne sous influence urbaine), et pose ainsi la question de la densité dans les villes comme un indicateur à réinterroger dans le cadre d’un urbanisme plus durable et plus sain.

    Le confinement et l’éloignement géographique entre territoires seraient donc des indicateurs permettant de mesurer le taux de propagation du virus. Les « campagnes » apparaissent relativement moins touchées. Mais les déplacements avant le confinement vers ces « campagnes », les déplacements ponctuels (achats, aides, etc.) pourraient être d’autres facteurs de circulation du virus dans les territoires ruraux.

    Cette première observation spatiale du Covid-19 entre territoires dense et peu dense, entre villes et campagnes, devra être affinée et confrontée à d’autres indicateurs et échelles cartographiques. Les tests à grande échelle, le nombre de cas par commune et le nombre de transferts permettront sans doute d’y voir plus clair. Le facteur temporel de propagation du virus le long d’un axe allant du nord-est au sud-ouest du territoire devra être observé à moyen et à long terme. Le taux de pollution devra être pris en compte car, selon certaines études scientifiques, il y aurait un lien entre pollution et nombre de décès du Covid-19 [4]. Cet indicateur rapporté aux territoires et au nombre de décès du virus renvoie à la question des territoires urbanisés soumis à un taux de pollution plus élevé que les territoires peu denses (même si d’autres types de pollution existent dans les campagnes).

    Il faudra aller au-delà de l’observation est/ouest de la France, car des exceptions géographiques territoriales existent ; certains territoires fortement « métropolisés » (comme la Haute-Garonne) sont moins touchés par le virus que d’autres. Des territoires ruraux situés à proximité de « clusters » (Oise, Alsace) sont touchés également. En outre, comme indiqué plus haut, il faudra affiner les observations entre métropoles et villes moyennes, campagnes urbaines et éloignées, etc. Et les villes moyennes semblent plus fortement touchées [5]. Enfin, les flux migratoires de Paris vers les territoires littoraux seraient à étudier en détail.

    La campagne serait-elle une zone de refuge face aux virus ? Faut-il s’attendre à un regain de population dans les campagnes ? Oui et non. Beaucoup d’entre elles, à proximité de nombreux services et sous influence urbaine, sont touchées par le virus. La ville, comme la campagne, a des avantages et des inconvénients. Mais ces premières observations géographiques ouvrent d’autres questions problématiques : l’influence des espaces urbanisés sur les campagnes, les axes de communication nécessaires au bon fonctionnement des territoires ruraux, le rapport avec l’espace qui nous entoure, le sentiment d’éloignement dans certains territoires, une progression de l’étalement urbain, le développement de services dans les campagnes pour assurer les besoins des nouveaux arrivants… Un autre enjeu à prendre en compte est que les villes pourraient rester prioritairement alimentées et sécurisées (services, soins, etc.) lors de nouvelles pandémies [6].

    https://www.metropolitiques.eu/Covid-19-les-campagnes-moins-touchees-que-les-villes.html
    #coronavirus #cartographie #visualisation #données #campagnes #villes #distanciation_sociale #hospitalisation #épidémiologie #propagation #corridors_urbanisés #répartition_spatiale #démographie #structure_démographique #âge

    ping @reka @simplicissimus

  • [Vous faites quoi ?] # 6 avec Ank Solo
    http://www.radiopanik.org/emissions/vous-faites-quoi-/-6-avec-ank-solo

    Changement

    La question ’vous faites quoi ?’ deviendrait ’Et après ?...Et alors ?’

    Le temps suspendu du flottement est dé-passé

    Une série de questions, on ne peut plus se contenter de décrire au jour le jour nos actions

    Plus de printemps estival

    Et alors ? Qu’arrive-t’il en-suite ?

    Fini les congés prématurés, la retraite

    Crois-t’on en une route déjà écrite, un chemin à suivre, ou bien elle est à écrire cette route ?

    D’ailleurs, y a t’il une route et un chemin ? Images.

    Retour des nuages et de la grisaille, de la normale a-normale, de la société a-sociale.

    Je pose un peu les mêmes questions aux différentes personnes rencontrées, des questions que je me pose. Certaines dont l’occupation est de penser et poser encore d’autres questions. D’autres dont l’occupation est toute autre ; musiciens, enseignantes, (...)

    #confinement #pandémik #distanciation_sociale #crise_sanitaire #confinement,pandémik,distanciation_sociale,crise_sanitaire
    http://www.radiopanik.org/media/sounds/vous-faites-quoi-/-6-avec-ank-solo_08928__1.mp3

  • Marie de Hennezel : « L’épidémie de Covid-19 porte à son paroxysme le déni de mort »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/05/04/marie-de-hennezel-l-epidemie-de-covid-19-porte-a-son-paroxysme-le-deni-de-mo

    Je ne remets aucunement en cause l’acharnement avec lequel médecins et soignants, au risque de leur propre vie, soignent des patients qui ont encore envie de vivre. Je remets en question la folie hygiéniste qui, sous prétexte de protéger des personnes âgées, arrivées dans la dernière trajectoire de leur vie, impose des situations proprement inhumaines. Cela a-t-il un sens de confiner une personne âgée, qui dans son for intérieur est relativement en paix avec l’idée de mourir, comme c’est le cas pour beaucoup ? De l’empêcher de vivre les dernières joies de sa vie, voir ses enfants, les embrasser, voir ses amis, continuer à échanger avec eux ? Leur demande-t-on leur avis, leur choix ? Demande-t-on aux proches ce qui est plus important pour eux : prendre le risque d’attraper le Covid-19 en prenant une dernière fois dans ses bras un parent aimé et lui dire au revoir ? Ou se protéger au risque d’une culpabilité qui les empoisonnera pour longtemps ?

    Ce déni de la mort est dramatique et le combat contre la mort est vain. Nous ne mesurons pas les souffrances qui naîtront de l’érosion de l’humain quand la distanciation sociale sera devenue la norme, comme des inégalités que cette peur de la mort aura induites, les désespoirs, les dépressions, les violences, les envies de suicide. Nous réaliserons après le confinement le mal qui aura été fait en privilégiant la vie au détriment de la personne.

    Car qu’est-ce qu’une personne ? Sinon un être humain qui, se sachant mortel, et méditant sur sa finitude, est renvoyé à l’essentiel, à ses priorités, à ses responsabilités familiales, aux vraies questions sur le sens de son existence.

    Heureusement, quand notre société aura atteint le pic du déni de la mort, s’amorcera un déclin. Nombreux sont ceux qui, déjà dans le silence de leur confinement, méditent aujourd’hui sur le sens et la valeur de leur existence, sur le genre de vie qu’ils ont vraiment envie de mener. Une vie de retour aux choses simples, une vie où le contact avec ceux que l’on aime compte plus que tout, où la contemplation du beau et de la nature participe à la joie de vivre.

    Une vie où l’on n’abandonne pas les plus vulnérables, où la solidarité humaine l’emporte. Une vie qui respecte les rites essentiels qui ponctuent l’existence et rassemble la communauté des vivants : la naissance, le mariage, la mort. Une vie où le devoir d’accompagnement de ceux qui vont mourir impose naturellement la présence, les mots d’adieu, bref d’entrer dans ce que le psychanalyste Michel de M’Uzan (1921-2018) appelait « l’orbite funèbre du mourant ».

    #mort #covid-19 #distanciation_sociale

  • Entretien avec Françoise Vergès | Radio Informal
    http://www.rybn.org/radioinformal/antivirus

    À propos d’inégalités invisibilisées, de normalité du confinement, de vulnérabilités et de racisme, de solidarité et d’auto-organisation comme contre-pouvoir, d’intersectionalité des luttes, de la métaphore du bateau négrier. Durée : 57 min. Source : Pi-node

    www.rybn.org/radioinformal/antivirus/audio/ANTIVIRUS18-FrancoiseVerges.mp3

  • Migranti lungo la Rotta, quarantena permanente versione testuale

    A partire da marzo, mano a mano che il coronavirus dilagava per l’Europa, alcuni stati disposti lungo la dorsale balcanica hanno messo in atto provvedimenti che hanno interessato non solamente la popolazione locale, ma anche e soprattutto la popolazione migrante che vive all’interno dei centri di transito e per richiedenti asilo, allestiti e istituiti lungo la cosiddetta Rotta balcanica a partire dal 2016.
    Dopo il 2015, anno della “crisi dei rifugiati”, che ha visto arrivare in Unione europea quasi un milione di persone (di cui oltre 850 mila transitate dalla Grecia), a partire da marzo 2016 la Rotta balcanica è stata dichiarata ufficialmente chiusa, in base al controverso accordo turco-europeo, che prevede fondamentalmente che la Turchia – in cambio di 6 miliardi di euro versati dall’Ue e di un’accelerazione nelle trattative legate all’ingresso in Europa – gestisca i quasi 4 milioni di richiedenti asilo che si trovano nel suo territorio.
    Di fatto, però, quell’accordo (in realtà una dichiarazione congiunta tra le parti coinvolte) non ha fermato il flusso di persone on the move, ma lo ha solamente rallentato e reso più pericoloso; si calcola, in effetti, che tra il 2016 e il 2019 siano comunque passate circa 160 mila persone lungo questo corridoio migratorio.

    Confini incandescenti
    I paesi maggiormente interessati dalla presenza dei migranti in transito sono Grecia, Serbia e – a partire dal 2018 – Bosnia Erzegovina, diventata nella zona nord-occidentale il collo di bottiglia prima di entrare in Croazia e da lì nei Paesi Shengen, la meta cui maggiormente aspirano le persone, che provengono principalmente da Afghanistan, Pakistan, Siria, Iran e Iraq.
    Poco prima che la pandemia prendesse piede a livello globale, a partire da fine febbraio, la Rotta balcanica era tornata sui principali giornali e siti di notizie, perchè il presidente turco Recep Tayyp Erdo?an aveva annunciato di aver aperto i confini del paese ai migranti intenzionati a raggiungere l’Europa. Quella che sino a poco tempo prima sembrava solo una minaccia si è fatta realtà; nel giro di pochi giorni almeno 10 mila persone hanno raggiunto il confine terrestre tra Turchia e Grecia e hanno provato a sfondare i cordoni di sicurezza greci, trovando una risposta violenta, anche con il sostegno delle polizie e dei militari di altri governi europei.
    La situazione incandescente sul confine, che faceva immaginare uno scenario simile a quello del 2015, con migliaia di persone in transito lungo la rotta, si è però interrotta bruscamente con l’arrivo del virus e le misure di chiusura, limitazione di movimento e autoisolamento messe in atto in pratica da quasi tutti gli stati del mondo.
    Gli stati posti lungo la Rotta balcanica hanno non solo imposto misure restrittive alla popolazione locale, ma hanno chiuso la popolazione migrante all’interno dei campi, dispiegando forze speciali a controllarne i perimetri: nessuna nuova persona entra e nessuno esce, in una quarantena permanente.

    Prendono la strada dei boschi
    In Grecia si calcola una presenza di oltre 118 mila tra rifugiati e richiedenti asilo; circa 20 mila abitano nei 30 campi dislocati sul continente, molti vivono in appartamenti o shelter e oltre 38 mila sono bloccati nei campi ufficiali e informali sulle isole di Lesvos, Chios, Samos e Kos.
    In Serbia sono oltre 8.500 i richiedenti asilo e i migranti distribuiti nei 17 centri in gestione governativa all’interno del paese. Durante il mese di marzo polizia ed esercito locali hanno portato le persone che vivevano negli squat delle periferie di Belgrado e di Šid all’interno dei campi, che sono ora sovraffollati.
    Infine si calcola che in Bosnia Erzegovina ci siano circa 5.500 persone alloggiate in 9 campi per l’accoglienza, ma che almeno 2 mila vivano dormendo in edifici e fabbriche abbandonati o in tende e accampamenti di fortuna nei boschi lungo i confini con la Croazia. L’ampia presenza di persone che vivono fuori dai campi ufficiali ha fatto sì che il 17 aprile il consiglio dei ministri della Bosnia Erzegovina decidesse che ogni straniero che non ha un documento di identità valido e un indirizzo di residenza registrato presso l’ufficio stranieri del comune di competenza, verrà obbligatoriamente portato nei centri di ricezione, dove dovrà risiedere senza possibilità di uscire.
    Per questo motivo già dalle settimane precedenti, in località Lipa, cantone di Una Sana, territorio di Bihac, sono stati avviati di gran lena i lavori per mettere in piedi un nuovo centro temporaneo di transito. Il campo, costituito da ampi tendoni in cerata con letti a castello, container sanitari e toilette chimiche, è stato fortumente voluto dalla municipalità di Bihac per spostare dalle strade e da edifici diroccati le migliaia di persone che vagano tra le rovine senza cibo, acqua corrente, elettricità e vestiti. A partire dalla mattina del 21 aprile sono iniziati in maniera pacifica i trasporti dei migranti, scortati dalla polizia locale, al nuove centro in gestione all’Organizzazione mondiale dei migranti e al Danish Refugee Council. Al tempo stesso, decine di persone che non vogliono vivere nei centri e rimanere bloccate in quarantena a tempo indeterminato, hanno deciso di prendere la strada dei boschi e tentare di andare verso la Croazia o rimanere tra le foreste, in attesa che si allentino nei paesi europei le misure anti-Covid.
    Le preoccupazioni nutrite dalle diverse organizzazioni non governative e associazioni in tutti i contesti citati sono le medesime: i campi sono sovraffolati e non permettono di prevenire la diffusione del contagio, in molti centri i servizi igienici e i presidi sanitari sono insufficienti, in alcune realtà l’acqua non è potabile e fondamentalmente è impossibile mantenere le distanze. Le persone passano le giornate chiuse dentro strutture nella maggior parte dei casi fatiscenti, costrette a lunghe file per ricevere i pasti e sotto il controllo o della polizia e dell’esercito (come in Serbia e Grecia), che impediscono i tentativi di fuga dai campi, o delle imprese di sorveglianza private nei campi in Bosnia (campi gestiti da Iom, a differenza di Serbia e Grecia, dove sono in gestione governativa).
    Naturalmente, se già per la popolazione locale è difficile trovare mascherine usa e getta e guanti, per i migranti nei campi è pressochè impossibile, al punto che sia in Grecia che in Serbia, in alcuni dei centri i migranti hanno cominciato a cucire mascherine in stoffa, per la popolazione dei campi ma anche per la popolazione locale, supportati da alcune organizzazioni.
    In tutti i campi le organizzazioni che non si occupano di servizi primari, ma per esempio di interventi psico-sociali come Caritas, hanno dovuto sospendere o modificare le loro attività e instaurare una modalità di lavoro degli staff a rotazione, per preservare i propri operatori.

    Distanziamento impossibile
    Nonostante in Serbia e in Bosnia Erzegovina non siano stati ufficialmente accertati casi di persone positive al Covid19 tra i migranti nei centri, la stessa cosa non si può dire della Grecia, dove sono scoppiati almeno tre focolai, il primo a Ritsona, una ex base militare a 70 chilometri da Atene, che ospita oltre 3 mila persone, il secondo nel campo di Malakasa, dove è stato trovato un caso positivo tra gli oltre 1.600 residenti, il terzo nel sud della Grecia, a Kranidi, dove 150 su 497 persone di un ostello che ospita famiglie monogenitoriali sono risultate positive al test. In tutti i casi i campi sono stati posti in totale isolamento e quarantena per 14 giorni, e le persone non sono autorizzate a uscire dai loro container, stanze o tende. Per evitare che il fenomeno esploda soprattutto nei contesti come le isole, dove i campi sono sovraffolati e le condizioni di vita più miserevoli, il governo greco ha previsto lo spostamento di almeno 2.300 persone considerate più vulnerabili al virus sulla terraferma, in appartamenti, hotel e altri campi.
    In generale le reazioni dei migranti alle misure che sono state messe in atto sono state simili in tutti i luoghi. In primis vi è la sincera preoccupazione di ammalarsi nei campi; le persone sono consapevoli che igiene e misure di distanziamento sociale sono impossibili da tenere. Per fare un esempio, il Bira, un campo in Bosnia Erzegovina per uomini single e minori non accompagnati, che ha una capacità ufficiale di 1.500 persone, ne ospita più di 1.800 e nei container abitativi vivono non 6 persone, ma almeno il doppio. In luoghi così è impossibile fisicamente mettere in atto tutte le procedure necessarie a evitare il contagio.
    Altro punto che risulta particolarmente frustrante, soprattutto nei campi in Serbia e in Bosnia Erzegovina, è l’impossibilità di uscire fisicamente dai centri. Questo significa non poter esercitare nessuna libertà di movimento, non poter andare a comprare beni e cibo, magari non necessari per la sopravvivenza, ma di aiuto per resistere psicologicamente. Significa non poter andare a ritirare i soldi che i parenti mandano tramite Western Union e Money gram e ovviamente significa non poter tentare il game, il “gioco” di recarsi a piedi, da soli o guidati dai trafficanti, verso i confini, per cercare di valicarli.

    Gli interventi Caritas e Ipsia
    La frustrazione di rimanere bloccati a tempo indeterminato è molto alta; in molti dei campi sono scoppiate risse a volte anche molto violente, tra gli stessi migranti ma anche con le forze di polizia e di sicurezza preposte al controllo dei centri. Questi episodi, in Bosnia Erzegovina, sono avvenuti tra i minori non accompagnati del campo Bira, al Miral di Velika Kladuša, a Blažuj vicino a Sarajevo. Stesse dinamiche, con conseguente intervento pesante della security, a Krnja?a, Preševo e Adaševci in Serbia.
    Le organizzazioni impegnate nei centri per migranti potrebbero avere un importante ruolo di stress-relief (supporto in situazione di pressione psicologica) in un contesto di frustrazioni e violenze così diffuse, ma le organizzazioni che gestiscono i campi e i governi locali preferiscono una dimesione di chiusura quasi totale, senza capire che sarebbe importante prevenire la crescita di ulteriori tensioni.
    Caritas e Ipsia Acli, partner dei progetti lungo la rotta dei Balcani dal 2016, continuano – nella misura del possibile – le loro attività in Grecia, Serbia e Bosnia. Gli operatori locali sono portavoce e testimoni dei bisogni delle persone; anche se, a seguito dell’emergenza sanitaria, i ragazzi e le ragazze in Servizio civile all’estero hanno dovuto tornare in patria per non rimanere bloccati, e ciò ha tolto forze ed energie ai team locali, gli operatori sul terreno continuano il supporto alla popolazione migrante lungo la Rotta. Un piccolo apporto, in un mare di bisogni, ma il segno di un’attenzione e una prossimità che non devono essere cancellate dal virus.

    https://www.caritas.it/home_page/attivita_/00008790_Migranti_lungo_la_Rotta__quarantena_permanente.html

    #route_des_balkans #Balkans #Grèce #Croatie #campement #hébergement #camps #forêt #masques #distanciation_sociale #Grèce #Serbie #Bosnie #fermeture_des_frontières #frontières #coronavirus #covid-19 #Lipa #Bihac #OIM #IOM #Danish_Refugee_Council #Ritsona #Athènes #Malakasa #Kranidi #Bira #confinement #liberté_de_mouvement #Miral #Velika_Kladuša #Velika_Kladusa #Blažuj #Blazuj #Preševo #Adaševci #Krnja #Presevo #Adasevci

    ping @luciebacon

    • [Traduit par Chiara Lauvergnac, via Migreurop] 

      Migrants along the Route, permanent quarantine
      April 27, 2020
      Starting in March, as the coronavirus spread to Europe, some states located along the rear Balkan have implemented agreements that have affected not only the local population, but also and above all the migrant population living inside the transit and asylum seeker centers, set up and set up along the so-called Balkan route from 2016.
      After 2015, the year of the “refugee crisis”, which saw almost one million people arrive in the European Union (of which more than 850 thousand passed through Greece), starting from March 2016 the Balkan route was officially declared closed, on the basis of the controversial Turkish-European agreement, which basically provides that Turkey - in exchange for € 6 billion paid by the EU and an acceleration in negotiations related to entry into Europe - handles almost 4 million asylum seekers who we are in its territory.

      In fact, however, that agreement (actually a joint declaration between the parties involved) did not stop the flow of people on the move, but really slowed it down and made it more dangerous; it is estimated, in fact, that between 2016 and 2019 around 160 thousand people have passed through this migratory corridor.

      Red-hot borders

      The countries mainly affected by the presence of migrants in transit are Greece, Serbia and - starting from 2018 - Bosnia and Herzegovina, that became the bottleneck in the north-western area before entering Croatia and from there the Shengen countries, the destination which people aspire to, who are mainly from Afghanistan, Pakistan, Syria, Iran and Iraq.

      Shortly before the pandemic took off globally, starting from the end of February, the Balkan Route had returned to the main newspapers and news sites, because Turkish President Recep Tayyp Erdogan announced he had opened the borders to migrants willing to reach Europe. What seemed only a threat became reality; within a few days at least 10,000 people reached the land border between Turkey and Greece and tried to push through the security cordons, finding a violent response, also with the support of the police and military personnel from other EU countries.
      The incandescent situation on the border, which showed a scenario similar to that of 2015, with thousands of people in transit along the route, however, was abruptly interrupted with the arrival of the virus and the measures of closure of movement and the self-isolation put into practice by almost all states of the world.
      The states located along the Balkan route have not only imposed restrictive measures on the local population, but have closed the migrant population inside the camps, deploying special forces to control their perimeters: no new person enters and no one excludes, in a permanent quarantine.
      They take the road in the woods

      In Greece there are an estimated 118,000 refugees and asylum seekers; about 20 thousand inhabitants in the 30 camps located on the continent, many residents in apartments or shelters and over 38 thousand are blocked in the official and informal camps on the islands of Lesvos, Chios, Samos and Kos.
      In Serbia there are over 8,500 asylum seekers and migrants distributed in the 17 government-run centers within the country. During the month of March the police and army brought the people who lived in the squat on the outskirts of Belgrade and Šid into the camps, which are now overcrowded.
      Finally, it is estimated that in Bosnia and Herzegovina there are about 5,500 people housed in 9 camps for reception, but that at least 2,000 live sleeping in abandoned buildings and factories or in makeshift tents and camps in the woods along the borders with Croatia. On April 17, the Council of Ministers of Bosnia and Herzegovina decided that every foreigner who does not have a valid identity document and a residence address registered at the foreign office of the municipality of competence, will be obligatorily taken to the reception centers, where he must reside without possibility to go out. For this reason, work has already started in the past weeks, in Lipa, in the canton of Una Sana, in the Bihac area, to set up a new temporary transit centre. The camp, consisting of large tents with bunk beds, sanitary containers and chemical toilets, was fortuitously desired by the municipality of Bihac to move the thousands of people who wander through streets and ruined buildings without food, running water, electricity and clothes. Transportation of migrants, escorted by local police, to the new centre managed by the the World Organization for Migrants and the Danish Refugee Council began peacefully from the morning of April 21. At the same time, dozens of people who do not want to live in the centres and remain stuck in quarantine indefinitely, have decided to take the road through the woods and try to go to Croatia or stay in the forests, waiting for anti-Covid measures to loosen in the various countries.
      The concerns raised by the various non-governmental organizations and associations in all the contexts mentioned are the same: thecamps are overcrowded and do not allow to prevent the spread of the infection, in many centers the toilets and health facilities are insufficient, in some situations the water is not drinkable and basically it is impossible to keep your distance. People spend their days locked in structures in most cases dilapidated, forced to wait in long lines to receive meals and under the control of the police and the army (as in Serbia and Greece), which prevent attempts to flee the camps, or private surveillance companies in the camps in Bosnia ( managed by IOM, unlike Serbia and Greece, where they are under government management).
      Of course, if it is already difficult for the local population to find disposable masks and gloves, for migrants in the camps it is almost impossible, to the point that both in Greece and Serbia, in some of the centers the migrants have begun to sew masks in cloth , for the population of the campss but also for the local population, supported by some organizations.
      In all camps, organizations that do not deal with primary services, but for example with psycho-social interventions such as IPSIA/Caritas, have had to suspend or modify their activities and establish a rotating staff working mode, to preserve their operators.
      Impossible distancing

      Although cases of positive Covid19 people among migrants in the centers have not been officially recognized in Serbia and Bosnia and Herzegovina, the same cannot be said of Greece, where at least three outbreaks have erupted, the first in Ritsona, a former military base 70 kilometers from Athens, which houses over 3,000 people, the second in the Malakasa camp, where a positive case was found among the more than 1,600 residents, the third in southern Greece, in Kranidi, where 150 out of 497 people from a hostel hosting single parent families tested positive. In all cases the camps were placed in total isolation and quarantined for 14 days, and people are not allowed to leave their containers, rooms or tents. To prevent the phenomenon from exploding especially in contexts such as the islands, where the camps are overcrowded and the living conditions most miserable, the Greek government has disposed the movement of at least 2,300 people considered most vulnerable to the virus on the mainland, in apartments, hotels and other camps.
      In general, the reactions of migrants to the measures that have been put in place have been similar in all places. First of all, there is the sincere concern of getting sick in the camps; people are aware that hygiene and social distancing measures are impossible to maintain. For example, the Bira, a camp in Bosnia and Herzegovina for single men and unaccompanied minors, which has an official capacity of 1,500 people, is home to more than 1,800 and not just 6 people live in one container, but at least twice as many. In places like this it is physically impossible to put in place all the necessary procedures to avoid contagion.
      Another point that is particularly frustrating, especially in the camps in Serbia and Bosnia and Herzegovina, is the impossibility of physically leaving the centers. This means not being able to exercise any freedom of movement, not being able to go and buy goods and food, perhaps not necessary for survival, but of help to resist psychologically. It means not being able to go and collect the money that relatives send via Western Union and Money gram and obviously means not being able to try the game, the “game” to go on foot, alone or guided by traffickers, to the borders, to try to cross them.
      .
      The Caritas and Ipsia interventions

      The frustration of getting stuck indefinitely is very high; in many of the camps brawls sometimes even very violent broke out, among the migrants themselves but also with the police and security forces in charge of the control of the centers. These incidents in Bosnia and Herzegovina occurred among unaccompanied minors from the Bira camp, in Velika Kladuša’s Miral, in Blažuj near Sarajevo. Same dynamics, with consequent heavy security intervention, in Krnja? A, Preševo ​​and Adaševci in Serbia.
      Organizations engaged in migrant centers may have an important stress-relief role (support in situations of psychological pressure) in a context of such widespread frustrations and violence, but the organizations that manage the camps and local governments prefer an almost closed closure total, without understanding that it would be important to prevent the growth of further tensions.
      Caritas and Ipsia Acli, partners of projects along the Balkan route since 2016, continue - as far as possible - their activities in Greece, Serbia and Bosnia. Local operators are spokespersons and witnesses to people’s needs; even though, following the health emergency, the young men and women in the Civil Service abroad had to return to their homeland in order not to get stuck, and this took away local forces and energies. The operators on the ground continue to support the migrant population along the Route. A small contribution, in a sea of ​​needs, but the sign of attention and proximity that must not be erased by the virus.

      Silvia Maraone

      Caritas Italiana - Migranti lungo la Rotta, quarantena permanente

  • #Amazon condamné à ne plus livrer que les #produits_alimentaires, médicaux et d’hygiène

    Le tribunal judiciaire de Nanterre a rejeté ce mardi la fermeture totale des entrepôts français du géant américain, mais le contraint à ne plus livrer que des produits alimentaires, médicaux ou d’hygiène. Amazon a décidé de faire appel.

    Camouflet pour le géant Amazon en France. Le #tribunal_judiciaire de Nanterre (Hauts-de-Seine), dont dépend son siège français de Clichy-la-Garenne, vient ce mardi de lui ordonner, dans les 24 heures, de « restreindre l’activité de ses entrepôts aux seules activités de réception des marchandises, de préparation et d’expédition des commandes de produits alimentaires, de #produits_d'hygiène et de #produits_médicaux, sous astreinte, d’un million d’euros par jour de retard et par infraction constatée ».

    La décision s’applique dans l’attente de « l’évaluation des #risques_professionnels inhérents à l’épidémie de Covid-19 sur l’ensemble de ses #entrepôts ainsi qu’à la mise en œuvre des mesures prévues à l’article L 4121-1 du #Code_du_travail » et pendant « une durée maximum d’un mois » qui pourra, si besoin, être allongée par un nouveau #jugement.

    Le tribunal de Nanterre avait été saisi en référé, mercredi 8 avril, par l’union syndicale Solidaires (Sud) qui réclamait à titre principal la fermeture des six entrepôts français du géant du #e-commerce sous astreinte d’un million d’euros par jour. A défaut, Solidaires demandait qu’#Amazon_Logistique_France soit au moins contraint de réduire son activité aux 10 % de marchandises « essentielles » et par conséquent de diminuer d’autant le nombre de salariés présents sur les sites français. C’est à cette deuxième option que le tribunal vient de faire droit dans son délibéré, après une audience qui a duré environ deux heures vendredi.

    « Impossible de respecter les #distances_sociales »

    « C’est une décision très intéressante pour les salariés d’Amazon car elle dit que les obligations de prévention de la santé des #salariés passent avant la réussite financière de l’entreprise », s’est félicité Me Judith Krivine, du cabinet Dellien Associés. Et l’avocate du syndicat de relever que c’est déjà la troisième décision de justice qui va dans le même après celles concernant une association d’aide à domicile de Lille vendredi 3 avril et #La_Poste jeudi 9 avril.

    « Nous ne disons pas qu’Amazon n’a rien fait, mais c’est un empilement de mesures, précipitées et disparates, dénonce Laurent Degousée, co-délégué Sud Commerce. Sauf à être habillé en cosmonaute, il est impossible, avec les effectifs actuels d’Amazon, de respecter les distances sociales dans un entrepôt. Le juge, sans ironie, vient d’ordonner à Amazon de faire ce qu’il prétend faire depuis plusieurs semaines : se limiter aux #marchandises_essentielles. »

    La représentante Sud-Solidaires du site de #Lauwin-Planque (Nord), l’un des plus grands centres du groupe en France, ne cache pas sa satisfaction : « Cela fait trois semaines que l’on lutte tous les jours face au géant, estime Tatiana Campagne. Pour nous, c’est une grande #victoire. L’entreprise doit mettre des choses en place en négociant avec nous et non plus en se prenant pour des rois comme depuis le début de la crise. »

    Jean-François Bérot, élu Sud-Solidaires à Saran (Loiret), veut aussi y voir un augure favorable pour l’étape judiciaire suivante : faire reconnaître devant les prud’hommes de Nanterre onze dossiers de #droit_de_retrait de salariés contestés par la direction.

    Malaise grandissant chez les salariés

    « C’est une #bombe_sanitaire et sociale qui est en train d’exploser et qui concerne plus de 10 000 #travailleurs directs mais aussi une armée d’#intérimaires et de #livreurs », pointait le syndicat dans son communiqué du 8 avril. Le syndicat reproche à Amazon de ne pas protéger ses salariés correctement contre le Covid-19 et de poursuivre son activité « comme si de rien n’était, en dépit de la mobilisation du personnel, des mises en demeure des syndicats, de l’inspection et de la médecine du travail, mais aussi des critiques des ministres de l’Economie et du Travail ».

    La semaine dernière, cinq entrepôts du géant américain, sur les six qu’il compte en France, avaient été épinglés par le ministère du Travail pour la mauvaise protection de leurs salariés. Trois des six mises en demeure ont depuis été levées. Et depuis plusieurs semaines, le malaise ne cesse de croître dans les entrepôts Amazon. Arrêts maladie, droits de retrait, arrêt pour garde d’enfants, jours de grève… l’#absentéisme atteint des taux records. « Entre 40 et 60 % », selon les sites et les syndicats.

    Officiellement, un seul employé est actuellement hospitalisé en réanimation à cause du Covid-19, mais les syndicats soupçonnent des dizaines de #malades non comptabilisés.

    Amazon fait appel

    « Nous sommes en désaccord avec la décision rendue aujourd’hui (NDLR : ce mardi) par le tribunal judiciaire de Nanterre et nous évaluons actuellement ses implications pour nos sites logistiques français », fait savoir Amazon, qui a décidé de faire appel. Celui-ci ne suspend cependant pas la décision qui devra donc être exécutée.

    L’e-commerçant affirme que « rien n’est plus important que la sécurité des collaborateurs. Ainsi, en France, ces quatre dernières semaines, nous avons distribué sur nos sites plus de 127 000 paquets de lingettes désinfectantes, plus de 27 000 litres de #gel_hydroalcoolique, ainsi que plus de 1,5 million de #masques. Nous avons aussi mis en place des contrôles de température et des mesures de distanciation sociale et également triplé nos équipes d’entretien en France pour renforcer le #nettoyage de 200 zones supplémentaires sur chaque site. »

    http://www.leparisien.fr/economie/amazon-condamne-a-ne-plus-livrer-que-les-produits-alimentaires-medicaux-e
    #justice #livraison #coronavirus #confinement #covid-19 #distanciation_sociale #protection #travail #distanciation_sociale

  • #Coronavirus : quand les #gens_du_voyage ne peuvent plus voyager

    Le #confinement vaut pour tout le monde. Le « restez chez vous » se conçoit aussi sur quatre roues. La #Wallonie impose leur maintien sur place, même sur des sites officieux.

    Le confinement d’une population est une décision forte et contre-nature. Mais que dire lorsque l’#interdiction_de_circuler concerne les gens du voyage dont le propre est de prendre la route et de s’installer au bord de celle-ci, parfois au petit bonheur la chance ? Etienne Charpentier est de ceux-là. Il témoigne de sa #frustration depuis le terrain de #Pont-à-Celles où il a installé sa caravane et une dizaine d’autres, avec sa famille : « Quand tout cela sera fini, les roues vont chauffer ! », résume celui qui préside le comité national des gens du voyage, déjà dans les starting-blocks.

    Combien sont-ils en Wallonie ? On cite le chiffre de 10.000, à la belle saison. Mais le recensement est difficile. Traditionnellement, beaucoup de Français sillonnent nos routes. Le confinement annoncé, ils ont préféré rentrer chez eux. Ils reviendront tôt ou tard.

    En hiver, beaucoup de gens du voyage ont aussi un point de chute fixe. C’est le cas d’Albert Zepp à #Mons : « J’y ai une maison et une caravane dans le jardin, où je dors. J’y suis confiné comme tous les Belges. Mais s’il n’y avait pas de coronavirus, j’aurais déjà repris la route, vers les Ardennes, la France. L’été, c’est la saison de #pèlerinages. J’attends le feu vert des autorités. » D’autres, comme Etienne Charpentier, ont été surpris par le confinement et n’ont plus bougé depuis lors.

    « Or, l’hiver est fini et on a l’habitude de dire que les gens du voyage bougent toutes les trois semaines à partir de mars. Les consignes les empêchent de #repartir, cette fois », note Ahmed Hakim qui dirige le centre de médiation des gens du voyage. Avec cette structure, la Wallonie s’est dotée d’un outil qui combat les idées reçues et tente d’améliorer les relations de ces citoyens avec les autorités et la population.

    « Des gens responsables »

    Le directeur peut témoigner d’une application stricte des instructions fédérales : « Je suis agréablement surpris. Les gens du voyage se montrent très sensibles à la situation sanitaire. Ils prennent ça très au sérieux. Les familles sont dans une sorte de #promiscuité, mais elles cherchent elles aussi à respecter la #distanciation_sociale. A ma connaissance, aucun foyer épidémique n’a été enregistré dans ces communautés. »

    Le centre de médiation a publié une affichette qui recense les gestes et les attitudes à adopter face au coronavirus : lavage des mains, distances, éternuements… Mais d’autres pictogrammes font référence à ce mode de vie particulier : éviter les discussions en groupe devant les caravanes, ne pas laisser courir les enfants en bande… Ici, le « restez chez vous » se conçoit sur quatre roues !

    « Nous ne sommes pas des gens à part. Nous savons que nous devons aussi nous protéger et protéger les autres. Nous sommes des gens responsables », explique Etienne Charpentier. Il n’empêche : quand la question d’un confinement a été mise sur la table, les gens du voyage ont bien senti que les rapports parfois compliqués avec les populations sédentaires risquaient de s’exacerber un peu plus.

    Leurs responsables s’en sont même ouverts dans un communiqué à l’intention des autorités : « A l’heure où les mesures de confinement et les fermetures des frontières se multiplient, plusieurs groupes de la communauté installés dans différentes communes wallonnes subissent les affres de la population et se voient sommés de déguerpir. Ce sont des “villages” entiers qui sont contraints de se déplacer. »

    Le respect des consignes

    Etienne Charpentier évoque des cas en #Hainaut, mais il n’en dira pas plus. A Pont-à-Celles où il a trouvé refuge avec les siens, l’accueil a été correct. « Mais cela n’a pas été simple parce que le terrain choisi est dans le centre-ville. Nous avons eu des expériences difficiles, des difficultés quand d’autres communautés ont choisi de s’installer sur le site de l’Arsenal », explique Pascal Tavier (PS), le bourgmestre. Quand le confinement a été décrété, certains habitants ont craint que les gens du voyage « dévalisent » les commerces locaux.

    Mais le climat s’est apaisé dans cette commune proche de Charleroi : « Ils se sont installés sans accord et sont peu nombreux. Nous avons négocié. Cette famille respecte le voisinage, il y a eu une ou deux #plaintes, mais c’est tout. Ils ont pris contact avec Ores et la SWDE pour l’accès à l’électricité et à l’eau. Etienne Charpentier et les siens sont là jusqu’à la fin du confinement. »

    Pont-à-Celles respecte à la lettre les instructions du gouvernement wallon. Alerté de possibles difficultés par les représentants de la communauté, Pierre-Yves Dermagne (PS), le ministre des Pouvoirs locaux, a adressé un courrier aux gouverneurs de provinces et à travers eux à toutes les communes. La principale recommandation porte sur « le maintien des installations actuelles sur les sites officiels et officieux. »

    Le même exécutif avait déjà gelé toutes les procédures d’#expulsion. Il a affiné sa réflexion pour les gens du voyage : le temps de la crise, « ceux-ci doivent pouvoir y demeurer sans être inquiétés et sans entrave ni dans l’exercice de leurs #droits ni dans l’accomplissement de leurs #obligations », précise le ministre qui demande aussi que « les autorités communales organisent l’accès à l’#eau et à l’#électricité. »

    Un impact économique

    Pas question donc d’un cadeau à une communauté minoritaire : il s’agit de protéger des citoyens en difficulté dans des temps troublés. Mais le gouvernement wallon s’inscrit aussi dans une logique unanimement partagée : pendant le confinement, les #déplacements sont interdits. En caravane, aussi !

    Etienne Charpentier nous a demandé de l’écrire : « L’intervention wallonne a été très appréciée. » Le maintien sur place est pourtant pénible à vivre. Les familles et les groupes ne peuvent plus se rencontrer, se croiser. La fête de #Pâques approche et elle compte beaucoup pour les gens de la route, elle se vivra cette fois en petit comité.

    Le moment venu et comme partout ailleurs, il faudra aussi parler de l’après-coronavirus : « Ce confinement, c’est toute une #économie en panne sur les marchés, le spectacle ou les fêtes foraines. Beaucoup sont indépendants et leurs activités au jour le jour ne permettent pas d’engranger de la trésorerie. Il faudra aussi aider les gens du voyage », plaide déjà Ahmed Hakim.

    Les terrains, sujet sensible

    En Wallonie, onze communes ont conclu une convention avec la Région pour assurer l’accueil des gens du voyage. Trois d’entre elles (#Namur, #Ath et #Bastogne) disposent de #terrains officiels et équipés. En 2019, la législation a été renforcée et un appel à projets a été lancé. Neuf communes ont été retenues pour bénéficier d’une subvention de 500.000 euros qui permettra d’aménager des sites nouveaux : Amay, Charleroi, Mons, Ramillies, Verviers, Lessines, Ottignies-Louvain-la-Neuve, Sambreville et encore Bastogne. La procédure suit son cours, elle est suivie de près par Christie Morreale (PS), la ministre des Affaires sociales.

    Et à #Bruxelles ? Aucun site officiel n’est disponible actuellement pour les gens du voyage. « Des sites officieux ont existé du côté de #Schaerbeek, #Anderlecht ou #Bruxelles-Ville, mais ils ne sont plus accessibles », déplore le Wallon Ahmed Hakim qui suit la situation de près parce que les familles de la route ne connaissent pas de frontières. Il ajoute : « C’est dommage parce qu’en 2012, la capitale avait approuvé une ordonnance qui considérait que la #caravane était bien un habitat. »

    https://plus.lesoir.be/293333/article/2020-04-08/coronavirus-quand-les-gens-du-voyage-ne-peuvent-plus-voyager
    #Roms #Belgique #mobilité #immobilité #covid-19 #préjugés #fermeture_des_frontières

    ping @thomas_lacroix

  • #Exilia_Films | #Témoignage : vivre dans un #foyer au temps du Covid-19

    Alex vit dans un foyer pour requérant-e-s d’asile de quelque 125 places dans le canton de #Vaud. Il a #peur pour sa santé car la #vie_en_communauté ne permet pas de respecter les règlement d’#hygiène par rapport au coronavirus. Son témoignage #audio, recueilli par Exilia films, laisse entendre ses #craintes, le sentiment que l’information n’est pas suffisante, son #impuissance.

    https://asile.ch/2020/04/08/exilia-films-temoignages-vivre-dans-un-foyer-au-temps-du-covid-19
    https://www.youtube.com/watch?v=4_F-9osgZmw


    #Suisse #covid-19 #foyer #coronavirus #témoignage #asile #migrations #réfugiés #distanciation_sociale

    ping @thomas_lacroix @karine4 @isskein

  • Social Distancing Is a Privilege

    People like to say that the coronavirus is no respecter of race, class or country, that the disease Covid-19 is mindless and will infect anybody it can.

    In theory, that is true. But, in practice, in the real world, this virus behaves like others, screeching like a heat-seeking missile toward the most vulnerable in society. And this happens not because it prefers them, but because they are more exposed, more fragile and more ill.

    What the vulnerable portion of society looks like varies from country to country, but in America, that vulnerability is highly intersected with race and poverty.

    Early evidence from cities and states already shows that black people are disproportionately affected by the virus in devastating ways. As ProPublica reported, in Milwaukee County, Wis., as of Friday morning, 81 percent of the deaths were black people. Black people make up only 26 percent of that county.

    As for Chicago, WBEZ reported Sunday that “70 percent of Covid-19 deaths are black,” and pointed out about surrounding Cook County, “While black residents make up only 23 percent of the population in the county, they account for 58 percent of the Covid-19 deaths.”

    The Detroit News reported last week, “At least 40 percent of those killed by the novel coronavirus in Michigan so far are black, a percentage that far exceeds the proportion of African-Americans in the Detroit region and state.”

    If this pattern holds true across other states and cities, this virus could have a catastrophic impact on black people in this country.

    And yet, we are still not seeing an abundance of news coverage or national governmental response that center on these racial disparities. Many states haven’t even released race-specific data on cases and deaths. The federal government hasn’t either.

    Partly for this reason, we are left with deceptive and deadly misinformation. The perception that this is a jet-setters’ disease, or a spring breakers’ disease, or a “Chinese virus” as President Trump likes to say, must be laid to rest. The idea that this virus is an equal-opportunity killer must itself be killed.

    And, we must dispense with the callous message that the best defense we have against the disease is something that each of us can control: We can all just stay home and keep social distance.

    As a report last month by the Economic Policy Institute pointed out, “less than one in five black workers and roughly one in six Hispanic workers are able to work from home.”

    As the report pointed out, “Only 9.2 percent of workers in the lowest quartile of the wage distribution can telework, compared with 61.5 percent of workers in the highest quartile.”

    If you touch people for a living, in elder care or child care, if you cut or fix their hair, if you clean their spaces or cook their food, if you drive their cars or build their houses, you can’t do that from home.

    Staying at home is a privilege. Social distancing is a privilege.

    The people who can’t must make terrible choices: Stay home and risk starvation or go to work and risk contagion.

    And, this isn’t just happening here, it is happening with poor people around the world, from New Delhi to Mexico City.
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    If they go to work, they must often use crowded mass transportation, because low-wage workers can’t necessarily afford to own a car or call a cab.

    Such is the life of the working poor, or those slightly above poverty, but still struggling. Our entire discussion around this virus is stained with economic elitism. In social media commentary about images of packed buses and crowds of delivery workers outside restaurants, people chastise black and brown people for not always being inside, but many of those doing the chastising do so from comfortable homes with sufficient money and food.

    People can’t empathize with what it truly means to be poor in this country, to live in a too-small space with too many people, to not have enough money to buy food for a long duration or anywhere to store it if they did. People don’t know what it’s like to live in a food desert where fresh fruit and vegetables are unavailable and nutrient-deficient junk food is cheap and exists in abundance.

    People are quick to criticize these people for crowding into local fast food restaurants to grab something to eat. Not everyone can afford to order GrubHub or FreshDirect.

    Furthermore, in a nation where too many black people have been made to feel that their lives are constantly under threat, the existence of yet another produces less of a panic. The ability to panic becomes a privilege existing among those who rarely have to do it.

    I wholeheartedly encourage everyone who can to stay home, but I’m also aware enough to know that not everyone can or will, and that it is not simply a pathological disregard for the common good.

    If you are sheltering in place in an ivory tower, or even a comfortable cul-de-sac or a smartly well-appointed apartment, and your greatest concern is boredom and leftover food, please stop scolding those scratching to survive.

    https://www.nytimes.com/2020/04/05/opinion/coronavirus-social-distancing.html
    #privilège #distanciation_sociale #coronavirus #covid-19 #pauvreté #pauvres #riches #classes_sociales

  • Dans les #Alpes, face au #coronavirus, mettre les migrant·es à l’abri

    Alors que les #Hautes-Alpes regorgent d’#infrastructures_touristiques inutilisées pendant la période de #confinement, aucune #mise_à_l’abri préventive n’a été décidée pour les 120 personnes précaires du département. Malgré tout, les associations s’organisent et ripostent.

    Depuis le début de l’épidémie de coronavirus, les migrant·es ne viennent plus, après avoir traversé le col de Montgenèvre à pied de nuit, toquer à la porte du #Refuge_solidaire de #Briançon (Hautes-Alpes). De chaque côté de la frontière, les populations sont confinées, coronavirus oblige. Les #maraudes, qui venaient en aide aux exilé·es dans la #montagne, sont suspendues. Depuis le début du confinement, le Refuge, qui fourmillait de bénévoles venu·es donner un coup de main, est désormais fermé au public et quasiment autogéré par les 14 migrants accueillis.

    « On fait en sorte qu’il y ait le moins de #bénévoles possible qui passent, explique Pauline, coordinatrice du Refuge. On a peur de leur transmettre le #virus. Si quelqu’un l’attrape, on peut être sûr que tout le refuge sera infecté. » Les exilé·es ont compris les enjeux sanitaires, mais, dans un lieu de vie collectif, le respect des #mesures_barrières et de la #distanciation_sociale est difficile.

    Limiter le risque de contamination grâce à l’#hébergement_préventif

    Si le problème se pose à Briançon, où 14 personnes sont accueillies dans le Refuge solidaire et 15 autres dans le squat #Chez_Marcel, à Gap (Hautes-Alpes), la situation est plus grave encore. Là-bas, une soixantaine de personnes vivent au #squat du #Cesaï dans des conditions de #promiscuité et d’hygiène « déplorables » selon les associations. « Toutes les fontaines de la ville de #Gap sont fermées, constate Carla Melki, qui gère la crise sanitaire du coronavirus dans les Hautes-Alpes pour Médecins du monde. Une mesure dont souffrent les migrants : « C’est impossible pour les personnes précaires de se doucher, ou même de se laver les mains. » Après des demandes insistantes, des #douches ont été ouvertes trois fois par semaine « pour un minimum de #dignité ». Les conditions d’habitat précaires sont loin de permettre les mesures de protection qu’impose l’urgence sanitaire.

    « On pourrait limiter le risque contamination de ces publics précaires en leur offrant un hébergement préventif, regrette Carla Melki. Dans les Hautes-Alpes, on parle de 120 personnes à héberger. Dans un département où il y a d’énormes infrastructures touristiques qui ne sont plus utilisées, la possibilité de mettre à l’abri paraît plutôt facile. »

    « Ce qu’on déplore toujours c’est la prévention »

    À l’absence de possibilité de confinement correct pour les personnes démunies, s’ajoute un #accès_aux_soins rendu plus difficile par la fermeture des Permanences d’accès aux soins (Pass). Elles permettaient aux personnes sans couverture maladie de bénéficier d’une offre de #santé. Leur personnel soignant a été redéployé dans les services hospitaliers surchargés. « On fait face à une #crise_sanitaire. On comprend que les hôpitaux centrent leurs forces sur les urgences et les tensions qui risquent d’arriver dans les prochains jours », estime Carla Melki.

    Pour pallier ce manque, Médecins du monde, financé par l’Agence régionale de santé (ARS), a mis en place une #unité_mobile #Santé_précarité. Elle prend en charge les publics fragiles, notamment les migrants, dans le cadre de l’#épidémie de coronavirus. « On va vers les personnes dans les lieux d’accueil, comme le Refuge solidaire, Chez Marcel ou le Cesaï à Gap », détaille Carla Melki. Là, l’équipe effectue un travail de #prévention et d’#information autour de la #Covid-19, ainsi qu’une #veille_sanitaire. « Dans les #Hautes-Alpes, le dispositif mis en place me semble adapté, conclut-elle. Ce qu’on déplore toujours, c’est la prévention. Il vaut mieux prévenir que guérir. C’est là-dessus qu’on aimerait voir un pas en avant de la préfecture. »

    https://radioparleur.net/2020/04/03/urgence-sanitaire-mise-a-labri-migrants-coronavirus-dans-les-hautes-al
    #asile #migrations #réfugiés #tourisme #précarisation #frontière_sud-alpine

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  • Pour sortir du #confinement, un plan d’urgence anticapitaliste

    Par bien des aspects, la #crise_sanitaire en cours est un révélateur de l’incapacité du #capitalisme européen à résoudre les grands problèmes de l’humanité. L’#Italie, la #France et l’#Espagne sont les pays où le virus frappe le plus fort car le #système_sanitaire a été ravagé par les politiques austéritaires depuis au moins une décennie. En France, ce sont 69.000 lits qui ont été supprimés à l’hôpital entre 2003 et 2017, 4.000 en 2018. Par souci d’économie, les réserves stratégiques de masques et de respirateurs ont été supprimées (près d’un milliard de masques dans les années 2000 - supprimé par Xavier Bertrand en 2011). Toujours par souci d’économie, la recherche publique sur les coronavirus n’a pas été soutenue et un temps précieux a été perdu dans la possibilité de trouver des traitements efficaces. La rigueur budgétaire et la recherche du profit sont les principaux responsables de la situation dans laquelle nous nous trouvons.

    Confinement ou immunité collective ?

    Face à la pandémie, les gouvernements hésitent entre deux solutions. La première, minoritaire, défendue par les gouvernement britanniques et néerlandais est l’acquisition d’une immunité de groupe. Cette immunité à l’avantage d’éviter les nouvelles épidémies. Selon les connaissances que nous avons du virus (R0 ~ 2.5), cela nécessite que 60% de la population entre en contact avec le virus et en soit immunisée. Ce processus est très bien décrit par le groupe de modélisation de l’équipe ETE (Laboratoire MIVEGEC, CNRS, IRD, Université de Montpellier) (http://alizon.ouvaton.org/Rapport2_Immunisation.html). Une fois ce taux atteint, la population dans son ensemble (y compris les personnes non immunisées) est protégée contre une nouvelle épidémie.

    Cependant, sans mesure de contrôle, les projections montrent qu’entre 81 et 89% de la population pourrait être infectée. Soit entre 20% et 30% de plus que le seuil pour atteindre l’immunité collective. Cela représente potentiellement 20 millions de personnes infectées en plus dans un pays comme la France.

    Nous ne connaissons pas précisément le taux de létalité du virus. Les chiffres dont nous disposons sont tous biaisés, et a priori largement surestimés, par l’absence de tests systématiques dans la population. Plus on dépiste, plus on détecte des personnes contaminées présentant peu ou pas de symptômes, plus ce taux est bas. Mais aussi bas soit ce taux, lorsqu’il est multiplié par des dizaines de millions de personnes, les morts se compteraient très probablement en centaines de milliers. Par ailleurs, l’austérité budgétaire et l’affaiblissement des systèmes de santé doivent être intégrés dans l’équation. La létalité du Covid-19 est visiblement provoquée par un choc cytokinique qui nécessite une prise en charge en soin intensifs avec respirateurs. Plus la pénurie de respirateurs est grande, plus la mortalité est haute, plus les équipes médicales doivent choisir qui maintenir en vie et qui sacrifier par manque de moyens. C’est sûrement ce qui explique les taux de mortalité très élevés par rapport à d’autres pays en Italie, en Espagne et dans une moindre mesure en France (bien que cela pourrait s’aggraver au pic de l’épidémie) qui sont mal équipés en nombre de lits en « soins aigus ».

    Dans la plupart des pays, ces chiffres ne sont pas assumables par les gouvernements en place. Et ce sont ces projections qui ont poussé partout le pouvoir à confiner les populations malgré la crise économique majeure et les conséquences sociales dramatiques que cela entraine.

    En effet, la distanciation sociale permet de ralentir la progression du virus, d’aplatir le pic, et donc de diminuer l’afflux de malades en détresse à l’hôpital. Ce processus est décrit de façon très intuitive dans le Washington Post (https://www.washingtonpost.com/graphics/2020/world/corona-simulator). La distanciation sociale peut recourir à plusieurs mécanismes, de la fermeture des écoles jusqu’au confinement total. L’étude publiée le 16 mars par l’Imperial College COVID-19 Response Team (https://www.imperial.ac.uk/media/imperial-college/medicine/sph/ide/gida-fellowships/Imperial-College-COVID19-NPI-modelling-16-03-2020.pdf) réalise des projections du nombre de lits occupés en soins intensifs en fonction de plusieurs scénarios de confinements. Si cette étude est forcément incomplète, notamment car les courbes dépendent du moment où les mesures sont mises en œuvre, cela nous montre que les mesures de confinement, dans le cas où aucun traitement ne serait trouvé, devraient s’étaler jusqu’à la fin de l’année 2021 pour que la population atteigne les 60% d’immunisés. Dans le cas contraire, tout relâchement du confinement pourrait correspondre à un nouveau développement incontrôlé de l’épidémie dans la population.

    Mais comment imaginer que la situation que nous vivons depuis une semaine en France se poursuivent pendant des mois ? Ce n’est tenable ni économiquement, ni socialement. Ce n’est pas le propos de cet article (pour cela voir le texte de Mimosa Effe : https://npa2009.org/idees/societe/le-confinement-la-destruction-du-lien-social-et-ses-consequences), mais le #confinement_de_classe que nous vivons actuellement doit s’arrêter. Toute vie sociale est stoppée alors qu’il faut continuer à travailler. Même si nous arrêtions toutes les productions non indispensables, ce serait tout de même des millions de travailleurs.euses qui devraient continuer à faire tourner l’hôpital, l’électricité, l’eau, le traitement des ordures ou l’alimentation – mais aussi tous les autres métiers qui permettent à ces secteurs de fonctionner ! Et cela dans un contexte d’atomisation total de notre camp avec tous les reculs sociaux et l’Etat policier total qui vont avec. A cela s’ajoute les dégâts psychologiques, les violences domestiques faites aux femmes ou la situation criminelle que sont en train de vivre les migrant.e.s, les prisonniers.ères et les sans-abris.

    Nous l’avons vu, le confinement est d’abord imposé par la faillite de notre système de santé et l’impréparation au risque de pandémie qui sont dues à l’austérité imposée par les gouvernements successifs en France et en Europe. Dans la forme qu’il prend, généralisé dans la vie sociale mais pas au travail, de classe, policier, il est la solution que les capitalistes pensent avoir trouvé pour limiter la casse et maintenir au maximum leur place dans la concurrence internationale. Mais la gestion capitaliste de cette épidémie est marquée par l’impossibilité de planifier une quelconque sortie de crise. Un gouvernement anticapitaliste, au service de la population, motivé par la santé plutôt que par les profits, pourrait mettre en place une toute autre politique.

    Existe-t-il une troisième voie ? De toute urgence prendre des mesures anticapitalistes pour sortir du confinement !

    Il ne s’agit pas ici de dire que le confinement pourrait être levé du jour au lendemain. Nous l’avons vu, étant donné les conditions d’impréparation des gouvernements et la dégradation des capacités de l’hôpital public à supporter une telle épidémie, le confinement était la seule solution pour éviter une mortalité élevée. En ce sens, toutes les initiatives syndicales ou de travailleurs.euses pour stopper le travail - et se protéger - dans les productions non-essentielles sont fondamentales. Le slogan « nos vies valent plus que leurs profits » prend ici tout son sens. Il est également fondamental de dénoncer le gouvernement qui nous explique qu’il faut renforcer le confinement mais continuer à travailler, bien au-delà des secteurs essentiels à la lutte contre l’épidémie. Pénicaud, Macron, Philippe sont plus préoccupé.e.s par le maintien des profits que par notre santé. Les scandaleuses mesures contre le droit du travail, les 35h, nos congés, articulées au renforcement de l’Etat policier, ont été prise au moment où la sidération était la plus haute dans la population.

    Mais il est indispensable maintenant de déterminer quelles sont les conditions qui permettraient d’envisager la levée du confinement à très court terme :

    – Il faut de tout urgence pratiquer le dépistage de masse. D’ailleurs, entre les lignes, le Ministre Olivier Veran reconnait lors de sa dernière conférence de presse (https://www.youtube.com/watch?v=wpGjmCkLDHs

    ) que le confinement ne pourra être levé que lorsqu’il sera possible d’effectuer plus de dépistages revenant sur la communication gouvernementale qui affirmait que le dépistage n’était plus un outil en phase 3. Le dépistage de masse permet de n’isoler que les malades et leur entourage. Il permet également une prise en charge précoce des patients considérés comme « à risque » et ainsi de diminuer la létalité du virus. Le problème, c’est que le fournisseur n’arrive pas à suivre la demande en kit de dépistage (https://www.thermofisher.com/order/catalog/product/11732088#/11732088). Il faut donc de toute urgence organiser la production de kits de dépistages en réquisitionnant les entreprises du secteur et en passant outre les brevets.

    – De toute urgence également, il faut injecter des moyens dans la santé et l’hôpital public pour augmenter les capacités de prise en charge des patients en détresse respiratoire. C’est l’inverse des politiques menées jusqu’alors qui font fonctionner l’hôpital comme une entreprise, en flux tendu, incapable de s’adapter à des situations d’urgence. Pour l’instant, le gouvernement a débloqué 2 milliards d’euros pour l’hôpital. Dans le même temps, il injecte 43 milliards dans l’économie et garantit 350 milliards d’euros aux entreprises privées !

    – Pour augmenter le nombre de lits en soins intensifs et protéger celles et ceux qui travaillent il faut réorganiser en profondeur l’appareil industriel pour planifier les productions utiles à résoudre la crise sanitaire : masques, respirateurs, oxygène… En ce sens, il faut soutenir l’action de la CGT qui demande la réouverture et la nationalisation de Luxfer, seule usine d’Europe à produire des bouteilles d’oxygène médical fermées. C’est un bon exemple qui pourrait se poser pour d’autres productions.

    Enfin, l’attention est captée à une échelle assez large sur la mise en place d’un traitement. Le plus prometteur, la chloroquine (ou son dérive l’hydroxy chloroquine) est testée dans plusieurs pays et de nombreux services hospitaliers, y compris en France, ont commencé à l’utiliser sur des malades. Ce médicament semble réduire la charge virale et la durée du portage du virus. Si ce traitement s’avère efficace, la question de la nationalisation de l’industrie pharmaceutique va devenir compréhensible à une échelle très large.C’est peut-être la peur de cette évidence qui motive les grands groupes du secteur à anticiper en proposant de fournir ce traitement gratuitement, que ce soit #Sanofi (https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-sanofi-pret-a-offrir-aux-autorites-francaises-des-millions-) ou #Novartis (https://www.lefigaro.fr/flash-eco/coronavirus-novartis-offre-130-millions-de-doses-de-chloroquine-20200320) !

    Ainsi, nous pouvons affirmer que le confinement aurait pu être largement réduit, voire évité, en généralisant les dépistages, en développant les capacités d’accueil de l’hôpital public et en accélérant les tests sur des traitements antiviraux.

    Ce plan d’urgence n’est possible à court terme que si l’on s’affronte au capitalisme. Il faut reprendre le contrôle, sans indemnité ni rachat, sur l’appareil productif, notamment dans le domaine de la santé, des protections pour les salariés, de l’industrie pharmaceutique et biochimique.

    Macron et son gouvernement, LR et le PS avant lui, portent une lourde responsabilité dans la situation actuelle. L’heure de solder les comptes arrivent. Les réponses anticapitalistes pourraient alors apparaître comme une solution à une échelle inédite jusqu’alors. Pour cela, sans attendre la fin du confinement, il nous faut renforcer les réseaux de solidarité, les réseaux militants pour recommencer à agir dans la situation.

    https://npa2009.org/idees/sante/pour-sortir-du-confinement-un-plan-durgence-anticapitaliste
    #anticapitalisme #anti-capitalisme #austérité #hôpitaux #lits #masques #réserves_stratégiques #stock #respirateurs #recherche #rigueur_budgétaire #immunité_collective #immunité_de_groupe #létalité #taux_de_létalité #tests #dépistage #choc_cytokinique #distanciation_sociale #flattening_the_curve #aplatir_la_courbe #vie_sociale #travail #atomisation #Etat_policier #impréparation #troisième_voie #droit_du_travail #dépistage_de_masse #soins_intensifs #industrie #nationalisation #Luxfer #chloroquine #industrie_pharmaceutique #responsabilité

    ping @simplicissimus @fil @reka

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    Citation sélectionnée pour @davduf :

    Le confinement de classe que nous vivons actuellement doit s’arrêter. Toute vie sociale est stoppée alors qu’il faut continuer à travailler. Même si nous arrêtions toutes les productions non indispensables, ce serait tout de même des millions de travailleurs.euses qui devraient continuer à faire tourner l’hôpital, l’électricité, l’eau, le traitement des ordures ou l’alimentation – mais aussi tous les autres métiers qui permettent à ces secteurs de fonctionner ! Et cela dans un contexte d’atomisation total de notre camp avec tous les reculs sociaux et l’Etat policier total qui vont avec. A cela s’ajoute les dégâts psychologiques, les violences domestiques faites aux femmes ou la situation criminelle que sont en train de vivre les migrant.e.s, les prisonniers.ères et les sans-abris.

    • Le confinement, la destruction du #lien_social et ses conséquences

      Le 19 mars l’Assemblée rejetait l’amendement visant à prolonger le délai d’#avortement pendant la crise sanitaire. Si ce n’est finalement que peu étonnant de la part des députés LREM, ce rejet est révélateur de quelque chose de plus profond. Le confinement de la population va mettre en danger massivement les #femmes et les #classes_populaires de manière générale.

      Quelle que soit la façon dont certains ont essayé de le tourner, le confinement est profondément inégalitaire. Il y a ceux et celles qui ont un logement pour se confiner et les autres qui n’en ont pas, celles et ceux qui ont un logement décent et les autres qui ont un logement insalubre, celles et ceux qui ont une maison avec un jardin et celles et ceux qui doivent se pencher à la fenêtre pour respirer de l’air frais.

      Le message du gouvernement à l’aide de mesures coercitives violentes (oui les amendes sont effectives et en Seine-Saint-Denis elles ont conduit à des arrestations et des garde-à-vue) fait croire à la portée individuelle du confinement sans prise en charge collective de ses répercussions. Face à cela, certainEs ont essayé de mettre en place des réseaux de solidarité dans les immeubles, dans les quartiers, ... Si ces réseaux sont nécessaires et même indispensables, ils ne contrebalancent pas les problèmes qui se posent avec le confinement et qui vont forcément causer là aussi des morts, et parfois ils confortent même dans l’idée qu’il faut nécessairement rester chez soi : promener son chien, faire du jogging serait dangereux. Le propos de cet article n’est pas de dire que le confinement est inutile pour contrer le Covid-19 mais que le confinement n’est pas viable à moyen terme, c’est pourquoi la sortie de crise ne peut venir que de la mise en place d’un plan d’urgence visant à dépister et à soigner ce qui veut dire concrètement donner des moyens aux personnels de santé et des moyens de protection à la population.

      Le confinement face à l’organisation sociale de la dernière phase du capitalisme

      Le confinement dans l’histoire n’a jamais été une partie de plaisir, mais elle pose question dans le capitalisme tel qu’il s’organise aujourd’hui. Depuis les trente dernières années : on peut dire que la tendance à détruire les structures familiales est plutôt lourde. Les foyers composés de personnes seules s’élèvent à 35% des foyers (20% des femmes et 15% des hommes) auxquels se rajoutent presque 9% de familles monoparentales (dont le gros du contingent est composé de femmes). La grande majorité des foyers composés d’une personne seule ont plus de 65 ans (plus de 70%)1. Le problème c’est qu’avec cette épidémie ce sont ces mêmes personnes considérées comme vulnérables qui vont donc se retrouver complètement isolées.

      De l’autre côté, l’on sait aussi qu’un ménage sur douze vit dans un logement surpeuplé, 18% des logements sont considérés comme trop bruyant (donc mal isolés), 22% n’ont pas de système de chauffage efficient et près de 13% ont des problèmes d’humidité.2

      Le confinement produit aussi des rapports au travail qui accentuent ce qui existait auparavant : d’une part il y a ceux qui télétravaillent et ceux qui continuent de travailler dans des conditions de sécurité face au virus alarmantes et avec l’idée que le travail s’accompagne de toute une série de mesures restrictives.3 Mais à cela, il faut encore ajouter que le télétravail n’est pas le même pour tout le monde (que l’on soit cadre ou que l’on fasse un travail administratif) surtout quand l’on se retrouve face à un travail qui s’accompagne de plus en plus d’une perte de sens, d’autant plus qu’il envahit la sphère privée et que les loisirs sont considérablement réduits. Quant aux précaires, aux étudiantEs, à celles et ceux qui travaillaient sans contrat de travail, c’est une situation dramatique qui s’ouvre sans qu’aucune aide ne soit prévue si ce n’est un chômage auxquels ils n’ont pas tous droit.

      De plus, le système capitaliste entraîne une détresse psychologique : la dépression, le suicide ou les tentatives de suicides vont s’accentuer avec la perte de lien social, la perte d’activités émancipatrices et une vie tournée autour du travail.

      Toute la prise en charge associative, comme du service public de ses éléments là, comme de la prise en charge de l’extrême pauvreté va être ou drastiquement réduite voire inexistante.

      Dans le confinement, les femmes trinquent (et meurent !)

      Outre la question de l’avortement dont nous avons parlé plus haut, les femmes vont subir une répercussion violente du confinement. Elles assumeront plus de tâches ménagères qu’à l’ordinaire et de tâches de soin, et on le sait ce sont elles qui dans la plupart des foyers assumeront le suivi de « l’école à la maison » et d’occuper les enfants, sans compter les familles monoparentales ou les mères se retrouveront seules face à l’éducation de leurs enfants.

      Le confinement va augmenter les violences intra-familiales et en particulier les violences conjugales, c’est déjà ce qu’a révélé l’expérience du Wuhan4. Là encore, ces violences seront encore moins prises en charge qu’avant puisque le 3919 ne fonctionne plus pendant cette crise contrairement à ce qu’avait annoncé Marlène Schiappa.5 Au sixième jour du confinement, cette tendance est d’ailleurs aussi relatée par la FCPE ce dimanche.6

      Le manque d’accès à l’avortement pourra provoquer des recherches de solutions mettant en danger les femmes subissant des grossesses non-désirées quand celles-ci ne provoqueront tout simplement pas le suicide.

      Dans le même temps, on pourra noter que les adolescents LGBT confrontés en permanence à l’homophobie pourraient là aussi augmenter les tentatives de suicides et les suicides, alors même que c’est déjà une cause importante de suicides chez les adolescentEs.

      Ajoutons à cela que des secteurs largement féminisés se trouve en première ligne de la gestion de la maladie : infirmières, caissières, ...

      L’isolement des individus entraîne une baisse de la conscience de classe

      Le confinement produit un rapport de force dégradé de manière objective. En ce moment, des lois d’exception sont en train de passer à l’Assemblée diminuant nos droits, sans possibilité de riposte et si la légitimité du gouvernement reste affaiblie, les mesures prises rencontrent au moins une part de consentement. Si c’est le cas, c’est bien parce que la crise que l’on rencontre, a de grosses difficultés à être résolue par le système sans faire des milliers de morts.

      Individuellement, les gens ne peuvent pas se protéger et pour une grande majorité restent donc chez eux de peur (et cette peur est fondée) de devenir malade ou de l’être déjà et de contaminer d’autres personnes. Le problème c’est que sans dépistage massif et traitement le confinement risque de durer longtemps.

      Or, isolément, les gens ne peuvent d’une part pas s’organiser (ce qui dégrade le rapport de force) et de l’autre entraîne une baisse de la conscience de classe dans ce qu’elle a de plus simple car c’est l’organisation du travail qui fonde objectivement cette conscience. De plus, le confinement, repose sur le consentement d’une population à être confinée : c’est d’ailleurs par les réseaux sociaux, mais aussi dans la presse ou dans son entourage une pression sociale à « Restez chez vous », mais aussi à prendre le temps de lire ou de se cultiver.

      De fait cette pression sociale, construit alors le modèle de ceux qui y arriveraient en étant forts, en ayant accès à de la culture ou à des habitudes culturelles. Les vieux qui vivent seuls, les dépressifs, les pauvres, ceux qui n’ont pas accès à la culture se retrouveraient alors mis à l’amende.

      Pour l’instant, cette idéologie ne se fait que sous forme de pression, mais elle pourrait produire autre chose, elle passerait alors du consentement à la collaboration : elle est déjà en partie à l’œuvre de manière minoritaire, elle passe par la délation de celles et ceux qui sortent et la volonté d’un durcissement des mesures coercitives.

      Le confinement ne peut qu’être une mesure à court terme, sinon les effets violents décrits auront des effets durables, surtout si, comme c’est le cas aujourd’hui le mouvement ouvrier ne riposte pas.

      https://npa2009.org/idees/societe/le-confinement-la-destruction-du-lien-social-et-ses-consequences
      #confinés #non-confinés #inégalités #logement #mesures_coercitives #amendes #Seine-Saint-Denis #arrestations #garde_à_vue #rester_chez_soi #isolement #télétravail #chômage #détresse_psychologique #santé_mentale #école_à_la_maison #soins #care #tâches_ménagères #conscience_de_classe #lois_d’exception

  • How coronavirus hits migrants and asylum seekers in Italy

    ‘We now let only one person in our offices at a time, which consistently reduces the number of people we can assist per day.’

    Along with millions of Italians, the future of tens of thousands of migrants and asylum seekers in Italy has become more uncertain as the largest and deadliest coronavirus outbreak in Europe has pushed the country to take stringent containment measures.

    Since the first cluster of cases was officially declared on 21 February, almost 28,000 people in Italy had tested positive for #COVID-19 by 16 March, while more than 2,150 deaths – more than 700 reported on Sunday and Monday alone – had been registered from the still-expanding pandemic.

    A government decree outlining strict new quarantine measures came into force across the nation last Monday, on 9 March. Everyone in Italy has since been living under a mandatory lockdown that restricts working practices and freedom of movement. These measures are due to remain in place until at least 3 April.

    In a number of different ways, the knock-on effects of trying to contain COVID-19 are also limiting operations to assist migrants and asylum seekers, themselves at risk from the virus.

    For instance, all those on board two rescue ships that had picked up hundreds of migrants in the Mediterranean have been undergoing a mandatory two-week quarantine after docking at Italian ports. Integration services for migrants and asylum seekers across Italy have also been temporarily suspended or heavily reduced.

    Political positions over migration have hardened too.

    In Sicily, where the majority of migrants arrive, the region’s president, Nello Musumeci, criticised the central government’s decision to keep the ports open to migrant ships in late February, describing it as “a harsh move that didn’t take into account the dignity of migrants nor the worries of Sicilians during such a health emergency”.
    But others, like Sergio Pintaudi, former head of the resuscitation department at the Garibaldi Centro Hospital in the Sicilian port city of Catania, are keener to assist migrants and asylum seekers.

    Pintaudi said the migrants who make it across the Mediterranean tend to be some of the healthiest ones, but he cautioned that detention in Libya can cripple their breathing systems, making them more vulnerable to the effects of coronavirus.

    “The most common disease I’ve cured at hotspots is tuberculosis,” Pintaudi, who served as a medical specialist at migration arrival “hotspots” on Sicily for a decade, told The New Humanitarian.

    “The main issue for potentially sick migrants these days will be finding beds at hospitals, which are currently at a breaking point,” he said. “The outbreak is going to impact vulnerable and marginalised categories the most, be them Italians or migrants.”

    Migrants often don’t know they have the same healthcare rights as Italian citizens, and some are afraid to come forward, fearing their paperwork might be checked.

    The first case of a migrant in Italy contracting COVID-19 was reported on Monday at a reception centre in Milan. The man, who showed light symptoms only, was placed in quarantine and half of the 160 migrants in the centre were reportedly moved to a different building in the city.

    There are only about 4,000 intensive care beds in Italy – some 350 in Sicily – and doctors are soon going to face the dilemma of having to give priority to those most likely to survive. For this reason, hundreds of triage tents have been placed outside hospitals across the country to pre-select those with the best chances of survival.

    Migrant vessels quarantined

    Just as the first large clusters of COVID-19 cases began to emerge in northern Italy, two migrant rescue ships – Ocean Viking and Sea Watch-3 – docked at ports in eastern Sicily, on 23 and 27 February respectively.

    The more than 450 rescued migrants were immediately put into quarantine in reception centres on land, in line with the government’s latest coronavirus protocols. The crew members were quarantined separately, on board their vessels.

    Gennaro Giudetti, a cultural mediator on board the Sea Watch-3 rescue ship – which docked at the port of Messina in eastern Sicily – told TNH of a common misconception among the new arrivals.

    “When we told the people we rescued that they would be quarantined on land, they thought it was a measure to protect them from the virus in Italy,” he said. “Instead, we believe it was because they feared that migrants could bring further contagions to Italy.”

    Those on board the rescue ships were the first people to be forced into quarantine on Italian soil – before the nationwide lockdown. According to Giudetti, no cases of COVID-19 had been registered aboard, and everyone’s health conditions had been constantly monitored.

    “It’s unlikely that migrants rescued on dinghies coming from Libya… contract the virus there,” he said.

    The lack of an apparent logic behind the early quarantining left crew members regarding the measure as discriminatory and political.

    In a tweet, SOS Méditerranée – the aid organisation that runs the Ocean Viking with Médecins Sans Frontières – said it hoped the coronavirus outbreak wouldn’t raise Italians’ anxieties towards migrants and see politicians turn them into a pretext to prevent rescues.

    Sea Watch-3 and Ocean Viking, whose operations are suspended due to logistical difficulties caused by the coronavirus chaos, were the last two NGO search-and-rescue vessels in operation in the Central Mediterranean – the most popular route from Libya to Italy, where at least 10,000 migrants have drowned since 2015.

    With no humanitarian rescue missions operating since 27 February in the Central Mediterranean, the risk of losing more lives at sea increases.

    There is also concern that coronavirus could see more migrant vessels pushed back to Libya, which the UN’s refugee agency, UNHCR, has expressly advised against due to the dangers third-country nationals face there. For example, a dinghy with 44 people aboard launched a rescue request on 28 February. After 24 hours without an answer, the boat was taken by the Libyan Coast Guard back to Libya.
    Asylum applications slowed

    Due to operational and logistical difficulties caused by the pandemic, a number of legal services managed by the Italian interior ministry are now limited.

    As police staff normally employed at immigration desks for bureaucratic purposes have been reassigned for emergency coronavirus-related duties, applications and renewals of residency permits for foreigners were suspended for 30 days, starting from 2 March.

    Courts will also be closed until 3 April at least, so the government has suspended interviews for refugee status determination and hearings for appeals of asylum request denials. These suspensions started on 12 March and will run until at least 25 March, with the possibility of further extensions.

    Carlotta Sami, UNHCR’s spokesperson for Italy, said that the same measures that apply to Italian citizens also apply to asylum seekers or refugees, in terms of health checks and quarantining if COVID-19 symptoms are detected.

    “So far, the main challenge has been the lack of information in languages other than Italian,” she told TNH. “But recently we worked on disseminating the government’s guidelines in the most common languages among asylum seekers, to allow them to understand and follow the right precautions.”
    Reduced assistance

    Services for asylum seekers are also affected: employment help and legal assistance operations – those run by both the Italian state and by NGOs – have been heavily reduced, while the Italian language classes that are very popular and important for those trying to integrate have been suspended until further notice.

    Simone Alterisio, migration services coordinator for Waldensian Diaconia, explained how employment and other services run by his faith-based NGO at community centres across Italy have been curtailed due to having to comply with the government’s new coronavirus guidelines.

    “We now let only one [migrant or asylum seeker] into our offices at a time, which consistently reduces the number of people we can assist per day,” she said. “When possible, we prefer delivering our work through phone calls.”

    Meanwhile, as most flights to and from Italy have been suspended, Mauro Palma, national ombudsman for the rights of the detained people, has expressed concern that the country’s seven migrant repatriation centres could become health hazards.

    Palma said the 425 migrants waiting to be repatriated – whose lives have been put on hold for weeks – are confined to an area where COVID-19 health guidelines, including safe “social distancing” measures, can’t be guaranteed, raising fears the virus will spread. Similar concerns have been raised about ghettos in southern Italy’s agricultural fields, where vulnerable and exploited migrant workers often live in squalid conditions and with little health protection.

    Anti-migrant politicisation

    The coronavirus epidemic has also been weaponised for political purposes by Italy’s far-right League party, led by Matteo Salvini.

    As Italian interior minister, from June 2018 to September 2019, Salvini cracked down on migration, introducing tough new laws and attempting to bring charges against MSF and SOS Mediterranée for rescuing migrants at sea.

    On 21 February, Salvini suggested shutting the borders to migrants to protect Italians. A few days later, even though none of the COVID-19 cases in Italy had been linked to Africa and the continent only had one case (in Egypt), he told a press conference in Genoa: ‘‘The government has underestimated the coronavirus. Allowing the migrants to land from Africa, where the presence of the virus was confirmed, is irresponsible.”

    In a telephone interview with TNH last week, Antonio Mazzeo, a former League candidate for the European parliament, suggested that local residents must take priority and “migration policies should take the back seat”.

    “It is not a matter of racism, but good sense,” Mazzeo said. “This situation could lead to a collapse of national healthcare, especially in the south, which has weaker infrastructure and where most arrivals land.”

    However, on 5 March, the League-run council in the northern region of Lombardy – the epicentre of Italy’s coronavirus outbreak – asked humanitarian NGOs to put their medical staff at the disposal of the crisis. “In an emergency, we should all set our ideological differences aside and help in any possible way,” Mazzeo said.

    Despite the emergency and the increased politicisation of migration issues, local media have also reported a growing empathy among some here for migrants seeking refuge in Europe. A video of Italians rushing to train stations before an enforced lockdown shows some of them saying: “We feel like refugees; we’re also running.”

    https://www.thenewhumanitarian.org/news/2020/03/16/italy-coronavirus-migrants-asylum-seekers
    #coronavirus #migrations #asile #réfugiés #Italie #quarantaine #sauvetage #Méditerranée #confinement #procédure_d'asile #distanciation_sociale #frontières #fermeture_des_frontières
    ping @thomas_lacroix