• #Naufrage

    « On aurait voulu que je dise, je le sais bien, on aurait voulu que je dise : Tu ne mourras pas, je te sauverai. Et ce n’était pas parce que je l’aurais sauvé en effet, pas parce que j’aurais fait mon métier et que j’aurais fait ce qu’il fallait : envoyer les secours. Pas parce que j’aurais fait ce qu’on doit faire. On aurait voulu que je le dise, au moins le dire, seulement le dire.

    Mais moi j’ai dit : Tu ne seras pas sauvé. »

    En novembre 2021, le naufrage d’un bateau de migrants dans la Manche a causé la mort de vingt-sept personnes. Malgré leurs nombreux appels à l’aide, le centre de surveillance n’a pas envoyé les secours.
    Inspiré de ce fait réel, le roman de #Vincent_Delecroix, œuvre de pure fiction, pose la question du mal et celle de la responsabilité collective, en imaginant le portrait d’une opératrice du centre qui, elle aussi, aura peut-être fait naufrage cette nuit-là. Personne ne sera sauvé, et pourtant la littérature permet de donner un visage et une chair à toutes les figures de l’humanité.

    https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Blanche/Naufrage

    #non-assistance_de_personne_en_danger #migrations #naufrage #humanité #inhumanité #responsabilité #livre #mourir_aux_frontières #roman #secours #morts_en_mer #responsabilité_collective #effroi #Manche #La_Manche

    ping @isskein @karine4 @_kg_ @reka

  • Catalyse totalitaire

    Il y a une économie générale de la #violence. Ex nihilo nihil : rien ne sort de rien. Il y a toujours des antécédents. Cette économie, hélas, ne connaît qu’un principe : la #réciprocité – négative. Lorsque l’#injustice a été portée à son comble, lorsque le groupe a connu le #meurtre_de_masse et, pire peut-être, l’#invisibilisation du meurtre de masse, comment pourrait-il ne pas en sortir une #haine vengeresse ? Les rationalités stratégiques – faire dérailler la normalisation israélo-arabe, réinstaller le conflit israélo-palestinien sur la scène internationale –, si elles sont réelles, n’en ont pas moins trouvé parmi leurs ressources le carburant de la vengeance meurtrière.

    « #Terrorisme », mot-impasse

    La FI n’a pas commis les erreurs dont on l’accuse. Mais elle en a commis. Une – et de taille. Dans un événement de cette sorte, on ne se rend pas directement à l’analyse sans avoir d’abord dit l’#effroi, la #stupeur et l’#abomination. Le minimum syndical de la #compassion ne fait pas l’affaire, et on ne s’en tire pas avec quelques oblats verbaux lâchés pour la forme. Quand bien même ce qui est donné au peuple palestinien ignore jusqu’au minimum syndical, il fallait, en cette occurrence, se tenir à ce devoir – et faire honte aux prescripteurs de la compassion asymétrique.

    Ce manquement, réel, a cependant été saisi et déplacé pour se transformer dans le débat public en un point de sommation, d’abjuration même, sur lequel la FI, cette fois, a entièrement raison de ne pas céder : « terrorisme ». « Terrorisme » devrait-il être, comme l’affirme Vincent Lemire, « le point de départ du #débat_public » ? Non. Il n’en est même pas le point d’arrivée : juste le cul-de-sac. « Terrorisme » est un mot impasse. C’est ce que rappelle Danièle Obono, et elle a raison. Fait pour n’installer que la perspective de l’éradication et barrer toute analyse politique, « terrorisme » est une catégorie hors-politique, une catégorie qui fait sortir de la #politique. La preuve par Macron : « unité de la nation » et dérivés, 8 occurrences en 10 minutes de brouet. Suspension des conflits, neutralisation des différends, décret d’unanimité. Logiquement : les manifestations de soutien au peuple palestinien sont des manifestations de soutien au terrorisme, et même des manifestations terroristes, en conséquence de quoi elles sont interdites.

    Concéder « terrorisme », c’est annuler que ce qui se passe en Israël-Palestine est politique. Au plus haut point. Même si cette politique prend la forme de la #guerre, se poursuivant ainsi par d’autres moyens selon le mot de Clausewitz. Le #peuple_palestinien est en guerre – on ne lui a pas trop laissé le choix. Une entité s’est formée en son sein pour la conduire – d’où a-t-elle pu venir ? « On a rendu Gaza monstrueux », dit Nadav Lapid. Qui est « on » ?

    Sans avoir besoin de « terrorisme », « guerre » et « #crimes_de_guerre » sont hélas très suffisants à dire les combles de l’horreur. Très suffisants aussi à dire les #massacres abominables de civils. Si dans la guerre, qui est par principe #tuerie, on a forgé sans pléonasme la catégorie de « crimes de guerre », c’est bien pour désigner des actes qui font passer à une chose atroce en soi d’autres paliers d’#atrocité. C’est le moment de toute façon où il faut faire revenir l’#économie_générale_de_la_violence : des #crimes qui entraînent des crimes – des crimes qui ont précédé des crimes. L’acharnement à faire dire « terrorisme » ne satisfait que des besoins passionnels – et aucune exigence intellectuelle.

    En réalité, « terrorisme » et « crimes de guerre » sont deux catégories qui ne cessent de passer l’une dans l’autre, et ne dessinent aucune antinomie stable. Hiroshima est, à la lettre, conforme à la définition ONU du terrorisme : tuer des civils qui ne sont pas directement parties à des hostilités pour intimider une population ou contraindre un gouvernement à accomplir un certain acte. A-t-on entendu parler de terrorisme pour la bombe d’Hiroshima ? Et pour Dresde ? – comme Hiroshima : terroriser une population en vue d’obtenir la capitulation de son gouvernement.

    Mais pour ceux qui, dans la situation présente, en ont fait un point d’abjuration, « terrorisme » a une irremplaçable vertu : donner une violence pour dépourvue de #sens. Et de #causes. Violence pure, venue de nulle part, qui n’appelle rigoureusement aucune autre action que l’extirpation, éventuellement dans la forme relevée de la croisade : le choc des civilisations, l’axe du Bien, à laquelle il n’y a aucune question à poser. Il est vrai qu’ici nous naviguons en eaux vallsiennes où #comprendre est contradictoire avec s’émouvoir, et vient nécessairement en diminution du sentiment d’horreur, donc en supplément de complaisance. L’empire de la bêtise, comme une marée noire, n’en finit plus de s’étendre.

    La #passion de ne pas comprendre

    Surtout donc : ne pas comprendre. Ce qui demande un effort d’ailleurs, car l’évidence est massive et, avoir les yeux ouverts suffit – pour comprendre. Un peuple entier est martyrisé par une #occupation, ça fait bientôt 80 ans que ça dure. On les enferme, on les parque à les rendre fous, on les affame, on les tue, et il n’est plus une voix officielle pour en dire un mot. 200 morts depuis dix mois : pas un mot – entendre : qui se comparerait, même de loin, aux mots donnés aux Israéliens. Des témoignages vidéos à profusion des crimes israéliens encore frais : pas un mot. Des marches palestiniennes pacifiques à la frontière, 2018, 200 morts : pas un mot. Des snipers font des cartons sur les rotules, 42 en une après-midi, pas mal : mais pas un mot – si : « l’armée la plus morale du monde ». D’anciens militaires de l’armée la plus morale du monde expriment le dégoût, l’inhumanité de ce qu’on leur a fait faire aux Palestiniens : pas un mot. À chacune des #abominations du Hamas ce week-end, on en opposerait tant et plus commises par les militaires ou les colons – à peine quelques rides à la surface de l’eau. Les tragédies israéliennes sont incarnées en témoignages poignants, les tragédies palestiniennes sont agglomérées en statistiques. En parlant de statistique : on voudrait connaître la proportion des hommes du Hamas passés à l’attaque ce week-end qui ont tenu dans leurs mains les cadavres de leurs proches, des corps de bébés désarticulés, pour qui la vie n’a plus aucun sens – sinon la vengeance. Non pas « terrorisme » : le métal en fusion de la vengeance coulé dans la lutte armée. L’éternel moteur de la guerre. Et de ses atrocités.

    En tout cas voilà le sentiment d’injustice qui soude le groupe. Une vie qui ne vaut pas une autre vie : il n’y a pas de plus haute injustice. Il faut être épais pour ne pas parvenir à se représenter ça – à la limite, même pas par humaine compréhension : par simple prévoyance stratégique. Qu’un martyre collectif soit ainsi renvoyé à l’inexistence, que les vies arabes se voient dénier toute valeur, et que ceci puisse rester indéfiniment sans suite, c’était une illusion de colonisateur.

    Bloc bourgeois et « importation »

    Maintenant le fait le plus frappant : tout l’Occident officiel communie dans cette illusion. En France, à un degré étonnant. On s’y inquiète beaucoup des risques d’« #importation_du_conflit ». Sans voir que le conflit est déjà massivement importé. Bien sûr, « importation du conflit » est un mot à peine codé pour dire indifféremment « Arabes », « immigrés », « banlieues ». Mais le canal d’importation réel n’est pas du tout celui-là, il est sous nos yeux pourtant, large comme Panama, bouillonnant comme une conduite forcée : le canal d’importation-du-conflit, c’est le bloc bourgeois (Amable et Palombarini ©). Tout son appareil, personnel politique, éditocratie en formation serrée, médias en « édition spéciale », s’est instantanément déclenché pour importer. Pourquoi le point de fixation sur le terrorisme ? Pour la FI bien sûr – nous y revoilà. Cette fois-ci cependant avec un nouveau point de vue : le point de vue de l’importation intéressée. Le bloc bourgeois quand il fait bloc derrière Israël à l’extérieur saisit surtout l’occasion de faire bloc contre ses ennemis à l’intérieur.

    Il faudrait ici une analyse de la solidarité réflexe du #bloc_bourgeois avec « Israël » (entité indifférenciée : population, Etat, gouvernement) et des affinités par lesquelles elle passe. Des affinités de bourgeois : le même goût de la démocratie frelatée (bourgeoise), la même position structurale de dominant (dominant national, dominant régional), les mêmes représentations médiatiques avantageuses, ici celles d’Israël comme une société bourgeoise (start-ups et fun à Tel Aviv). Tout porte le bloc bourgeois à se reconnaître spontanément dans l’entité « Israël », partant à en épouser la cause.

    Et le bloc bourgeois français est plus israélien que les Israéliens : il refuse qu’on dise « #apartheid » alors que des officiels israéliens le disent, il refuse de dire « Etat raciste » alors qu’une partie de la gauche israélienne le dit, et qu’elle dit même parfois bien davantage, il refuse de dire la #responsabilité écrasante du gouvernement israélien alors qu’Haaretz le dit, il refuse de dire la politique continûment mortifère des gouvernements israéliens alors qu’une kyrielle d’officiers supérieurs israéliens le disent, il refuse de dire « crimes de guerre » pour le Hamas alors que l’ONU et le droit international le disent. Gideon Levy : « Israël ne peut pas emprisonner deux millions de Palestiniens sans en payer le prix cruel ». Daniel Levy, ancien diplomate israélien à une journaliste de la BBC qui lui dit que les Israéliens sur le point d’annihiler Gaza « se défendent » : « Vous pouvez vraiment dire une chose pareille sans ciller ? Ce genre de #mensonges ? » Le bloc bourgeois : « Israël ne fait que se défendre ». Il dit « Terreur » quand les Russes coupent toute ressource à l’Ukraine, il ne dit rien quand Israël coupe toute ressource à Gaza. Le bloc bourgeois vit un flash d’identification que rien ne peut désarmer.

    Il le vit d’autant plus intensément que la lutte contre les ennemis du frère bourgeois au dehors et la lutte contre les adversaires du bloc bourgeois au-dedans se potentialisent l’une l’autre. C’est comme une gigantesque résonance inconsciente, qui prend toute son ampleur dans une situation de crise organique où le bloc bourgeois contesté est devenu prêt à tout pour se maintenir.

    Le bloc regarde autour de lui, il ne se voit plus qu’un seul ennemi significatif : la FI. PS, EELV, PC, il a tout neutralisé, plus aucune inquiétude de ce côté-là, ces gens ne représentent aucun danger – quand ils ne sont pas de précieux auxiliaires. La FI, non. Une occasion se présente pour l’anéantir : ne pas hésiter une seule seconde. Comme avec Corbyn, comme avec Sanders, les affabulations d’antisémitisme, connaissaient déjà leur régime de croisière, mais une opportunité pareille est inespérée. Providentiel loupé inaugural de la FI : tout va pouvoir s’engouffrer dans cette brèche : le mensonge ouvert, la défiguration éhontée des propos, les sondages bidons sur des déclarations ou des absences de déclarations fabriquées, les accusations délirantes. La BBC s’abstient de dire « terroriste » mais la FI doit le dire. Des universitaires incontestables produisent de l’analyse sur les plateaux, mais la même analyse fournie par la FI est un scandale. La FI a une position somme toute fort proche de l’ONU, mais elle est antisémite. « Que cherche Jean-Luc Mélenchon ? A cautionner le terrorisme islamiste ? » s’interroge avec nuance La Nuance.

    #Cristallisation

    La violence du spasme que connait la vie politique française n’a pas d’autre cause. L’événement a œuvré comme un puissant réactif, révélant toutes les tendances actuelles du régime, et les portant à un point que même les émeutes de juillet ne leur avaient pas fait atteindre. L’effet de catalyse est surpuissant. Crise après crise, la dynamique pré-fasciste ne cesse de prendre consistance et de s’approfondir. Le terme en a été donné par Meyer Habib député français d’extrême-droite israélienne : « Le RN est entré dans le camp républicain ».

    Les moments de vérité recèlent toujours quelque avantage : nous savons désormais en quoi consiste le #camp_républicain. C’est le camp qui interdit le #dissensus, qui interdit l’#expression_publique, qui interdit les #manifestations, qui impose l’#unanimité ou le #silence, et qui fait menacer par ses nervis policiers tous ceux et toutes celles qui seraient tentés de continuer à faire de la politique autour de la question israélo-palestinienne. C’est le camp qui fait faire des signalements par des institutions universitaires à l’encontre de communiqués de syndicats étudiants, qui envisage tranquillement de poursuivre des organisations comme le NPA ou Révolution permanente, qui doit sans doute déjà penser secrètement à des dissolutions.

    C’est bien davantage qu’un spasme en fait. Par définition, un spasme finit par relaxer. Ici, ça cristallise : une phase précipite. Et pas n’importe laquelle : #catalyse_totalitaire. « Totalitaire » est la catégorie qui s’impose pour toute entreprise politique de production d’une #unanimité_sous_contrainte. L’#intimidation, le forçage à l’alignement, la désignation à la vindicte, la déformation systématique, la réduction au monstrueux de toute opinion divergente en sont les opérations de premier rang. Viennent ensuite l’#interdiction et la #pénalisation. Témoigner du soutien au peuple palestinien est devenu un #délit. Arborer un #drapeau palestinien est passible de 135€ d’amende – on cherche en vain une base légale présentable. « Free Palestine » est un graffiti antisémite – dixit CNews, devenu arbitre des élégances en cette matière, signes de temps renversés où d’actuelles collusions avec des antisémites distribuent les accusations d’antisémitisme, et d’anciennes collusions avec le nazisme celles de nazisme. Sous l’approbation silencieuse du reste du champ politique et médiatique. Dans les couloirs de toute la galaxie Bolloré, on ne doit plus en finir de se tenir les côtes de rire, pendant qu’à LREM, à France Inter et sur tous les C Trucmuche de France 5, on prend la chose au tout premier degré. Le camp républicain, c’est le camp qui suspend la politique, les libertés et les droits fondamentaux, le camp soudé dans le racisme anti-Arabe et dans le mépris des vies non-blanches.

    Le monde arabe, et pas seulement lui, observe tout cela, et tout cela se grave dans la #mémoire de ses peuples. Quand la némésis reviendra, car elle reviendra, les dirigeants occidentaux, interloqués et bras ballants, de nouveau ne comprendront rien. Stupid white men .

    https://blog.mondediplo.net/catalyse-totalitaire
    #à_lire #7_octobre_2023 #Palestine #Israël #Gaza #Frédéric_Lordon #médias

  • Une contestation non violente est-elle suffisante ?

    Günther Anders

    https://lavoiedujaguar.net/Une-contestation-non-violente-est-elle-suffisante

    Le niveau prérévolutionnaire de notre lutte contre les préparatifs de l’anéantissement total, celui qui ne consistait qu’en actes factices, sentimentaux et symboliques, appartient désormais au passé. Aller au-delà de ce niveau de violence — ou plutôt de non-violence — est certes en contradiction avec tous les principes et tabous auxquels nous n’avons cessé ou, du moins, je n’ai cessé pour ma part de me tenir depuis la Première Guerre mondiale et que je considérais même à vrai dire comme inviolables ; cela me met d’ailleurs dans un état que je n’ai aucune envie de décrire.

    Mais lorsqu’un des maîtres du monde croit pouvoir amuser son auditoire, comme c’est arrivé il y a peu, en annonçant avec un grand sourire qu’il va donner l’ordre de bombarder l’URSS, et que son public, en entendant cette sinistre plaisanterie, se prend comme un seul homme d’affection pour lui, il est de notre devoir d’adopter un comportement nouveau et de nous interdire dorénavant toute politesse et toute retenue : car il n’y a pas de danger plus sérieux que l’absence de sérieux chez les tout-puissants.

    Rester aujourd’hui mesuré et civilisé serait non seulement faire preuve de nonchalance mais ce serait aussi une marque de lâcheté, cela reviendrait à trahir les générations futures. Contre les monstres menaçants qui, tandis que les forêts disparaissent, s’élèvent dans le ciel pour, demain, faire de la terre un enfer, une « résistance non violente » n’a aucun effet ; ce n’est ni par des discours ou des prières, ni par des grèves de la faim et moins encore par des flatteries que nous les chasserons. (...)

    #Günther_Anders #non-violence #anéantissement #maîtres_du_monde #lâcheté #monstres #morale #armes #tuer #tabou #effroi #douleur #détermination

  • Praying Mantises Can Kill Birds and Eat Their Brains All Around the World
    http://www.newsweek.com/animal-videos-praying-mantis-kill-birds-eat-brains-633684

    Nyffeler says that mantises, which are sometimes introduced into suburban areas to control insect pests, might exact a significant toll on hummingbirds in these areas. However, Mebs notes that 147 confirmed cases worldwide is still a small number, and the impact of this type of predation is likely to be small. But Nyffeler suspects that many more birds may become prey to these mantises than has already been observed. “It can be expected that almost all of the more than 300 hummingbird species are vulnerable to predation by large mantises where they co-occur,” he says.

  • Saudi Arabia Bans National Geographic Cover Featuring Pope Francis | Foreign Policy
    https://foreignpolicy.com/2015/09/08/saudi-arabia-bans-national-geographic-cover-featuring-pope-francis

    Saudi censors might have also seen dangerous implications for the Wahhabi state in how National Geographic framed its coverage, as the cover referred to Francis leading a “quiet revolution” to reform the Catholic Church.

    #modéré#Arabie_saoudite #censure #phobie #effroi

  • Les chants de Lénine, Trotski, Grimm et d’autres résonnent encore dans la bourgade tranquille de Zimmerwald
    http://www.revue.ch/fr/editions/2015/04/detail/news/detail/News/les-chants-de-lenine-trotski-grimm-et-dautres-resonnent-encore-dans-la-bourgad

    En 1915, des leaders socialistes-révolutionnaires venus des quatre coins d’Europe se réunirent à Zimmerwald pour une conférence secrète. Lorsque les habitants du village comprirent ce qui venait de se produire, ils furent saisis d’effroi. Source : La Revue suisse

    • #Zimmerwald a fini par régler le problème en adoptant une loi pour l’oubli. En 1962, les monuments et plaques commémoratives, quels qu’ils soient, furent interdits.
      […]
      La commémoration des 700 ans du village, qui se déroula en 1996, raviva les craintes. […] Et ce n’est pas fini : c’est à ce moment précis que le groupe de jazz « Hot Lenin » fit son apparition. Cette formation composée de musiciens du village revisitait les airs folkloriques du village au rythme de la bossa nova, du swing, de la musique latine et du punk.
      […]
      Konrad Burri, le batteur de « Hot Lenin », explique que la Conférence ne suscite pas de commentaires particuliers dans le village et que le passé ne pose pas de problème. Serait-il pour autant possible d’entonner l’« Internationale » lors de la prochaine représentation ? Burri sursaute : « Mais, vous êtes fou ! ». C’est un sujet délicat et l’idée semble invraisemblable.
      […]
      Cette sérénité retrouvée a toutefois des limites. « Hot Lenin » a, dans un premier temps, été inscrit au programme de la cérémonie commémorative. Il a ensuite été déprogrammé, car une conseillère en communication a recommandé aux organisateurs de ne pas inviter un groupe, qui s’approprie de manière aussi décontractée le nom de Lénine.

  • L’enfance misérable des frères Kouachi - Reporterre
    http://www.reporterre.net/L-enfance-miserable-des-freres
    Après, j’ai tendance à penser que c’est moins une question d’enfance difficile que d’âge adulte sans perspectives.

    Evelyne tient pour responsable la politique de la Ville. « Le but était de parquer là les pauvres. Et personne ne s’en occupait. Les assistantes sociales démissionnaient une à une. Elles avaient trop de boulot par chez nous, elles préféraient se faire muter ailleurs. Alors chaque mois, on avait une nouvelle personne qui reprenait notre dossier, et au final, on n’avançait pas. »

    • Sans doute un mélange des deux ? On doit pouvoir surmonter une enfance difficile avec des perspectives une fois adulte, ou vivre différemment le manque de perspectives si on a eu une enfance heureuse, mais si on cumule les deux, ça commence à faire beaucoup.

      Certes, je n’invente pas l’eau chaude en disant ça ;-)

    • Ces « enfants des années 80 », c’est à dire du 1er socialisme ont été d’emblée #bannis (mis au ban, banlieusardisés). Et oui @monolecte, autant que leur enfance, c’est sans doute une #jeunesse sans aucune #perspective (voir la vidéo à laquelle Koulibaly avait participé sur Fleury mérogis : http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/01/12/quand-amedy-coulibaly-denoncait-les-conditions-de-detention-a-fleury-merogis) - y compris politique (et c’est là que toute cette merde renvoie à une responsabilité collective et non pas « républicaine ») - qui contribue lourdement à fabriquer ce genre de fascistes là.
      aucune « excuse », simplement la question ne peut se poser slt sous un #angle_moral (l’#effroi et le refus suffisent pas...)

      https://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=tf2VZoPs1z4

    • ce n’est pas une découverte récente :

      "Moi, Khaled Kelkal" (1995)
      http://antisophiste.blogspot.fr/2009/04/khaled-kelkal-terroriste.html

      À l’évidence, [Kelkal] a essayé successivement toutes les stratégies possibles d’intégration :

      ¤ la loyauté aux valeurs et aux normes du monde des « Ils » a buté sur l’inadaptation scolaire.

      ¤ la voie du conformisme déviant (défection aux normes plus qu’aux valeurs des « Ils ») l’a mené en prison.

      ¤ la voie de l’Islam (défection aux valeurs "matérialistes" des « Ils ») le mène à une impasse. L’Islam ne procure pas du travail !

      Ne pouvant trouver sa place, Kelkal envisage de partir en Algérie :

      ¤ la voie de l’Exit : être musulman dans une communauté de musulmans, être un maghrébin dans une société de maghrébins, être humble parmi les humbles... c’est cela l’intégration. Las ! le rêve algérien n’a pas résisté à la guerre civile qui sévit là-bas. Et puis, que connaît-il de l’Algérie, lui qui est arrivé en France à l’âge de deux ans ?

      L’Islam réapparaît ici dans sa dimension politique : en Algérie, il a pu devenir une idéologie de combat qui offre aux laissés pour compte du « système » une solution collective ; en France, il peut être une idéologie de ressentiment, qui n’offre aucune solution collective mais permet de donner un sens à des stratégies individuelles de rupture. Quand toutes les solutions ont été explorées, il reste les solutions désespérées :

      ¤ la voie du Terrorisme (ici sous couvert d’islamisme), véritable suicide médiatique : exposer sa vie pour faire entendre sa voix, choisir l’Exit ultime pour donner plus de poids à la Prise de Parole.

      Finalement, la dérive du jeune Kelkal questionne la capacité de la société française à intégrer ses enfants les plus déshérités, à leur donner leur chance. Pour Dietmar Loch, qui l’avait interviewé trois ans plus tôt, « Khaled Kelkal était un franco-maghrébin qui cherchait la reconnaissance et la dignité, et ne les a pas trouvées » (Le Monde du 7 octobre 1992)

      “Mohamed Merah ressemble beaucoup à Khaled Kelkal” (2012)
      http://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20120326.OBS4584/mohamed-merah-ressemble-beaucoup-a-khaled-kelkal.html

    • Bien d’accord, et il n’est pas besoin d’Islam pour que de tels phénomènes se produisent.

      Nanterre-la-Folie, socialisation ou barbarie, Chimères n°46, avril 2002.

      L’histoire se répète depuis plusieurs mois sans qu’on n’y prenne garde. Là c’est un événement inimaginable de l’autre côté de l’Atlantique [11 septembre 2001, ndc] ; ici c’est un fait sans précédent dans une #banlieue de la capitale. Dans les deux cas, c’est la même réponse sociale et médiatique. Il faut couvrir l’absolue singularité de ces gestes, contenir leur possibilité de contagion, la peur et la panique, le questionnement légitime sur le sens de ces passages à l’acte. On invoquera d’abord l’exceptionnalité, le caractère absolument imprévisible de tels gestes - le système n’est pas pris en défaut, les gouvernants contrôlent la situation, n’ayez crainte populations... Puis, dans le même mouvement, il faudra tout de même expliquer l’inexplicable, rendre compte, donner des raisons, on convoquera donc une batterie d’experts au service de l’interprétation. D’un côté on surenchérit dans le mythe ; de l’autre on surjoue la raison, c’est la matrice rhétorique qui justifie l’#état_d'exception_permanent dans lequel vivent désormais nos sociétés. Dans ce dispositif discursif d’annulation où la charge d’un événement est prise en étau, une fonction particulière est réservée au psychologue. Il fournit le lexique de la réprobation unilatérale, folie, démence, barbarie, etc. On le remarque à propos des crimes sexuels comme pour le terrorisme, le champ psychiatrique - paupérisé et dévalué - est aujourd’hui annexé au champ juridique, mode de production privilégié d’une anormalité de masse qui ne connaît pas encore ses lois.

      La tragédie de Nanterre n’est pas un fait divers : elle est le produit d’une individualité en tant que celle-ci exprime des tendances sociales plus générales. Un fait intrigue dans le retour de la violence sur la scène sociale depuis plusieurs mois : la combinaison de l’homicide et du suicide. Richard Durn implorait qu’on le tue à la mairie de Nanterre ; en moins de 35 heures il y est parvenu. Les pirates du 11 septembre ou les combattants de l’Intifada sont dans des situations semblables. Nul besoin de se tourner vers des pensées extrêmes pour comprendre ce dont il s’agit. Durkheim analysait ainsi le phénomène en 1895 : « il doit y avoir une autre forme, plus moderne, du suicide, susceptible également de se combiner avec l’homicide. (...) L’état d’exacerbation où se trouve alors l’individu est tel que, pour se soulager, il lui faut deux victimes. Voilà pourquoi, aujourd’hui, un certain parallélisme entre le développement de l’homicide et celui du suicide se rencontre surtout dans les grands centres et dans les régions de civilisation intense. C’est que l’anomie y est à l’état aigu ».

      La trajectoire sociale de Richard Durn exprime en tout point le désir d’en finir avec cette anomie . Le « meurtrier de Nanterre » fait partie de ceux qu’on a appelé les exclus. Il touchait le RMI depuis plusieurs années. Durn est un précaire, ou plutôt un « intello précaire » (Anne et Marine Rambach, Les intellos précaires, Fayard 2002), pas un laissé-pour-compte traditionnel qui rentre dans la connaissance préétablie que nous avons de la relégation sociale. Diplômé d’histoire et de science politique, finançant ses études en travaillant à temps complet, il n’a cessé de chercher une reconnaissance institutionnelle. D’origine slovène, on le trouve engagé dans une action humanitaire en Bosnie pendant la guerre. Il n’est pas un oisif, il est de ceux qui ne supportent pas de ne pas avoir d’activité, de rôle dans la société, de ceux qui souffrent d’avoir intériorisé la norme du travail salarié . Intello précaire, son activité propre ne trouve aucune inscription sociale, aucune reconnaissance matérielle parce qu’elle n’entre pas dans le circuit de la valeur d’échange. On se moque aujourd’hui de cet homme qui continuait d’habiter chez sa mère à l’âge de 33 ans, comme s’il s’agissait là d’une pathologie annonciatrice de ses actes ultérieurs. Là encore l’affaire est banale : les services de la mairie n’ont pas pris en compte sa demande de logement social sans la passer au crible préalable du contrôle. On se demande quelle atrocité supplémentaire est nécessaire pour que la « gauche plurielle » cesse d’ignorer le lien qui existe entre les faits de Nanterre et son refus de faire de la pauvreté et des inégalités une question digne d’un candidat à l’élection présidentielle - comme le déclarait Jean-Christophe Cambadélis, chargé de campagne de Lionel Jospin, en recevant des chômeurs et des précaires il y a peu - et qu’elle s’interroge sur le niveau des minima sociaux, sur l’interdiction de RMI qui frappe des centaines de milliers de jeunes de moins de 25 ans. Il y a une irresponsabilité intolérable à continuer à traiter des actes de violence ou du thème de l’insécurité comme s’il ne s’agissait pas, comme le rappelle Durkheim, de « faits sociaux ».

      Cet aveuglement prend une résonance particulière dans le cas de Richard Durn qui, pour lutter contre la stigmatisation et la dissolution du lien social subies, se tourne vers la politique, vers les associations et les partis. Les contorsions initiales des Verts pour ne pas accepter de reconnaître qu’il fut de leurs proches, comme il fut membre éphémère du Parti Socialiste, ajoutent au pathétique des faits. On ne veut pas admettre que Richard Durn a cherché dans le monde militant de quoi surmonter son désenchantement . Son adhésion à la Ligue des droits de l’homme comme sa présence dans les partis politiques jusqu’à sa participation au contre-sommet de Gênes en juillet 2001 témoignent d’une volonté d’intégration sociale qui ne trouve pas d’échos, d’un désir de socialisation qui échoue à répétition. C’est que le précaire n’a pas le droit d’exister positivement comme il n’a pas le droit d’exister politiquement. Voué à la seule survie, il est proprement l’irreprésentable. Rien n’est plus faux par conséquent que de comparer le geste de Durn avec celui des mass murderers américains, et de se repaître ainsi, dans la bonne conscience retrouvée, d’une critique de l’américanisation de la société française. Le meurtre commis par Durn n’a pas lieu dans un bureau de poste, un lycée de province, un Mac Donald’s, dans une rue commerçante ou lors d’une simple réunion de famille. Il survient dans une institution politique, dans l’arène censée représenter au mieux l’idéal démocratique à sa plus petite échelle. Le passage à l’acte dans la séance du conseil municipal de Nanterre n’a donc rien d’aléatoire. Il exprime l’état de frustration d’un citoyen banal face aux instances de représentation politique existantes qu’il a connues de l’intérieur. Et si Durn s’en prend, dans un geste apparemment incompréhensible, à ceux qui lui furent politiquement le plus proches, n’est-ce pas précisément parce qu’ils sont ceux qui l’ont le plus déçu ? En pleine campagne électorale, l’acte met en cause, à sa manière, les limites de la représentation politique. Directement visé aussi : l’État dans sa diffusion capillaire.

      Il faudra s’interroger sur le fait qu’il est devenu inacceptable de proposer une interprétation politique d’actes qui portent cette dimension, même s’ils sont exceptionnels, même si leurs conséquences sont extrêmes, même s’ils sont marqués au coin du ressentiment. Y a-t-il récupération à dire que la résurgence, au niveau international comme au niveau local, d’actes de « propagande par le fait », de violences qualifiées tantôt de terroristes, tantôt de démentes, exprime un état de tension des sociétés actuelles, une crise sociale qui est aussi une crise politique ? Il est plutôt étonnant qu’il prenne si rarement la forme d’actes isolés, violents, inorganisés, comme ce fut pourtant toujours le cas dans l’histoire au moment où, comme depuis le milieu des années 1990, recommence un nouveau cycle de luttes - qu’on regarde par exemple l’anarchisme en France à la fin du XIXe siècle. La mort de Durn désespère aujourd’hui ceux qui misaient déjà sur une grande catharsis citoyenne au cours de son procès programmé en sorcellerie. Un psychiatre regrette sa mort parce que son procès aurait constitué un « événement dans l’histoire de ce type de pathologie ». Des membres du PCF se plaignent que la police remplisse mal sa mission répressive en ayant insuffisamment menotté et surveillé l’inculpé. Politiques et scientifiques déplorent tous qu’un deuil consensuel ne puisse être construit contre ce raté de la vie.

      Mais s’il est vrai, comme l’explique Ulrich Beck, que les « sociétés du risque » tendent à distribuer leurs capitaux en fonction de la menace que les individus peuvent porter à l’équilibre instable du capitalisme, les démunis n’auraient-ils plus pour seule subjectivation possible que de devenir kamikazes ? Dans ce contexte de renaissance possible d’une « guerre des classes » qui prend la forme d’une guerre civile internationale, on a peine à croire que la seule réponse envisagée soit celle d’une criminalisation accrue de la misère : mater les salons où l’on cause établis dans les cages d’escaliers et emprisonner les fraudeurs des transports en commun est désormais prévu par la Loi de Sécurité Quotidienne (LSQ). La répression dans les banlieues comme dans les métros, le refus institutionnel des pratiques de gratuité, la traque des pauvres entraîneront toujours une violence en retour. À l’échelle internationale, avec la guerre contre le terrorisme, comme à l’échelle locale avec les polices de proximité et bientôt les centres de détention pour mineurs, ou dans l’organisation du marché de l’emploi avec le PARE, on ne peut traiter aujourd’hui de la pauvreté et de la précarité comme dans l’Angleterre du XVIIIe siécle, en la surveillant, en la pénalisant ou en la mettant de force au travail.

      Nanterre, il y a 34 ans en mars, fut le théâtre d’événements moins tragiques où étudiants futurs précaires de l’Université nouvelle et habitants des bidonvilles de « La Folie » ne demandaient rien d’autre que Durn : une démocratie réelle contre une représentation politique séparée.

      #Durn

      Ndc : la formule exacte de Cambadélis recevant les mouvements de #chômeurs et #précaires de l’époque : "On ne va pas contamment augmenter les minima sociaux".