#giorgia_meloni

  • Giorgia Meloni assigne l’historien Luciano Canfora en justice pour diffamation, une aberration
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/giorgia-meloni-assigne-lhistorien-luciano-canfora-en-justice-pour-diffama

    Pour avoir qualifié la Première ministre italienne de « néonazie dans l’âme », le chercheur comparaît devant la justice italienne le 16 avril, alerte un collectif d’une centaine d’intellectuels et de journalistes. La dirigeante met l’Italie en coupe réglée et s’attaque à tous les contre-pouvoirs.
    –—
    A l’heure où les libertés académiques sont menacées partout dans le monde, nous, historiens, philologues, philosophes, éditeurs, journalistes, souhaiterions alerter l’opinion publique sur une affaire extrêmement grave, et qui n’a pourtant jusqu’à présent fait l’objet d’aucun article dans la presse française.

    Le 16 avril prochain aura lieu à Bari un procès sans exemple en Europe depuis 1945. L’historien #Luciano_Canfora, l’un des plus grands intellectuels italiens, est attaqué en #diffamation, à 81 ans, par nulle autre que la cheffe du gouvernement, Giorgia Meloni.

    Voici les faits qui lui sont reprochés : il y a deux ans, lors d’une conférence dans un lycée, Luciano Canfora a qualifié #Giorgia_Meloni de « néonazie dans l’âme ». Il faisait par là allusion au fait que le parti qu’elle dirige, Fratelli d’Italia, trouve ses origines historiques dans la « République de Salò » (1943-1945), sorte de protectorat #nazi gouverné par un #Mussolini Gauleiter du IIIe Reich, et qui fit régner dans l’#Italie du Nord un régime de terreur que les Italiens désignent couramment sous le nom de « nazifascisme ». Cette filiation est incontestable. Et de fait, Fratelli d’Italia arbore toujours la flamme tricolore du Mouvement social italien (MSI), dont le nom reprenait la titulature de #Salò : République sociale italienne (RSI).

    Le fondateur de ce parti, Giorgio Almirante (1914-1988) affirmait encore en 1987 que le fascisme était « le but ultime » (« il traguardo ») de son parti. Ces origines n’ont jamais été reniées par Giorgia Meloni, qui célébrait récemment Giorgio Almirante – rédacteur de la revue raciste et antisémite la Difesa della Razza (de 1938 à 1943), puis chef de cabinet d’un ministre de Salò – comme « un politique et un patriote, un grand homme que nous n’oublierons jamais », ni d’ailleurs par aucun des membres de son parti, à commencer par le président du Sénat, Ignazio La Russa, qui se vante d’avoir chez lui des bustes de Mussolini.

    Tous, systématiquement, refusent de se définir comme antifascistes : c’est comme si, en France, un gouvernement refusait de revendiquer l’héritage de la Résistance. De là des scènes pénibles, comme lorsque Ignazio La Russa, en visite au Mémorial de la Shoah en compagnie d’une rescapée des camps, la sénatrice Liliana Segre, répond aux journalistes qui lui demandaient s’il se sentait, ce jour-là, « antifasciste » : « N’avilissons pas ces occasions. »

    Giorgia Meloni n’a jamais condamné les manifestations néofascistes récentes, notamment celle qui a eu lieu récemment à Rome, Via Acca Larentia, ni les violences néofascistes comme le passage à tabac de lycéens à Florence l’an dernier, et elle s’est même permis – ce qui est une première en Italie – de tancer le président de la République, le très modéré Sergio Mattarella, parce que, conformément à ses fonctions de gardien de la Constitution, il avait protesté contre la violence inouïe avec laquelle la police avait réprimé des manifestations pacifistes d’étudiants à Pise et à Florence.

    Très loin de l’image modérée qu’elle projette sur la scène internationale, Giorgia Meloni est, en réalité, en train de mettre l’Italie en coupe réglée. Elle ne cache nullement son intention de faire évoluer l’Italie vers le modèle illibéral de la Pologne et de la Hongrie. « On pense que c’est inconcevable, mais cela pourrait arriver », déclarait en début d’année Giuliano Amato, ancien Premier ministre et président émérite de la Cour constitutionnelle. Peu après, et comme par hasard, le ministère de la Justice annulait à la dernière minute une présentation de son dernier livre devant les détenus d’une prison… C’est que cette politique comprend un volet culturel fondamental, qui n’épargne même pas un dessin animé comme Peppa Pig (un épisode montrait un jeune ours polaire élevé par un couple de lesbiennes). Il s’agit, comme l’affirmait Gianmarco Mazzi, secrétaire d’Etat à la Culture, de « changer la narration du pays ».

    Tous les contre-pouvoirs possibles sont visés : médias publics, institutions culturelles, animateurs vedettes, journalistes d’investigation, et bien sûr intellectuels. Une émission récente recensait un nombre de procès impressionnant (et la liste n’est pas exhaustive) : le ministre du Développement économique, Adolfo Urso, attaque La Repubblica et Report ; le ministre de la Défense, Guido Crosetto, attaque Domani et Il Giornale ; le Secrétaire d’Etat Giovanbattista Fazzolari attaque Domani, La Stampa et Dagospia.

    La sœur de Giorgia Meloni s’invite à la fête en attaquant en justice un caricaturiste du Fatto Quotidiano. Les deux sœurs se sont même associées pour poursuivre chacune de son côté Brian Molko, le chanteur du groupe britannique Placebo… On apprend maintenant que le ministre de l’Agriculture Francesco Lollobrigida, beau-frère de Giorgia Meloni, poursuit une professeure de philosophie de La Sapienza, Donatella di Cesare, mais aussi le recteur de l’université pour étrangers de Sienne, Tomaso Montanari. « Ils ont la peau délicate », ironise Pier Luigi Bersani (PD).

    C’est dans ce contexte que Giorgia Meloni a fait condamner le grand écrivain Roberto Saviano à 1 000 euros de dommages en première instance (elle en demandait 75 000) pour avoir osé traiter de « salauds » la Première ministre et son vice-Premier ministre Matteo Salvini suite à la mort d’un bébé sur un bateau de migrants : « Giorgia Meloni me considère comme un ennemi », expliquait l’écrivain. « Sa volonté et celle de ses associés au gouvernement est de m’anéantir. […]. Ils ont traîné en justice la parole, la critique politique. Ils ont contraint des juges à définir le périmètre dans lequel il est possible de critiquer le pouvoir », explique-t-il à Libération.

    Luciano Canfora, qui jouit d’une immense notoriété dans son pays, est donc la prochaine cible. « Un des succès de Giorgia Meloni », faisait observer Federico Fubini, du Corriere della Sera, « c’est qu’elle est parvenue à rendre presque impoli le fait de lui demander ce qu’elle pense du #fascisme  ». C’est précisément cette impolitesse qu’a osé commettre le savant helléniste.

    Nous sommes loin de partager tous les positionnements politiques de Luciano Canfora. Nous n’en sommes que plus libres pour affirmer son droit absolu à les exprimer. Bien plus : c’est notre devoir. Comme le formula si fortement l’un des plus grands juristes du siècle dernier, Oliver Wendell Holmes (1809-1894) : « S’il y a un principe […] qui exige plus impérieusement que tout autre d’être respecté, c’est le principe de la libre-pensée – non pas la liberté de pensée pour ceux qui sont d’accord avec vous, mais la liberté pour la pensée que vous détestez. » Freedom for the Thought That We Hate : ce fut le titre d’un grand livre d’Anthony Lewis. Il devient plus qu’urgent de le traduire.

    Toutes et tous, le mardi 16 avril, nous serons présents en pensée au tribunal de Bari, aux côtés du professeur Luciano Canfora.

    • Le bureau du procureur de Bari, à l’issue de l’audience préliminaire, a confirmé l’ouverture d’un procès, le 7 octobre prochain. « La Première ministre sera très certainement appelée pour témoigner à la barre », a souligné l’avocat de Luciano Canfora auprès de l’agence ANSA.

  • Recep Tayyip Erdoğan promet à #Giorgia_Meloni de réduire les flux de migrants

    La Première ministre italienne Giorgia Meloni a été accueillie par le président turc Recep Tayyip Erdoğan à Istanbul dimanche (21 janvier). Une rencontre qui semble avoir servi à jeter les bases d’un #accord futur entre l’Italie et la Turquie visant à réduire l’arrivée de migrants en provenance de la #Libye.

    Au cours de la conversation, qui a duré plus de deux heures, les deux dirigeants ont discuté du renforcement de la coopération en matière d’immigration, la collaboration mise en place l’année dernière ayant permis de réduire de 56 % les flux irréguliers le long du corridor entre l’Italie et la Turquie.

    Le voyage de Mme Meloni est l’occasion de « confirmer la nature stratégique du partenariat, au niveau bilatéral, au sein de l’OTAN et au sein du bassin méditerranéen » avec la Turquie, ont déclaré des sources diplomatiques italiennes.

    La coopération dans ce domaine, expliquent ces mêmes sources, sera de plus en plus étroite, y compris en ce qui concerne la Libye, sujet sur lequel les ministères des Affaires étrangères des deux pays ont l’intention de se mettre d’accord prochainement.

    Mme Meloni, qui a pris la présidence du G7 le 1er janvier, a remercié M. Erdoğan pour ses efforts de médiation diplomatique entre l’Ukraine et la Russie, et en particulier pour la réactivation de l’initiative relative aux céréales de la mer Noire, qui vise à débloquer l’expédition de céréales à partir des ports ukrainiens, après que la Russie n’a pas renouvelé l’accord en juillet dernier.

    Sécurité et commerce avec l’Afrique

    Compte tenu du prochain sommet Italie-Afrique qui se tiendra à Rome, le développement et la sécurité sur le continent africain ont été l’un des sujets abordés. Pour l’instant, le président turc ne devrait pas assister au sommet organisé par Mme Meloni, qui s’efforce de promouvoir le dénommé « #plan_Mattei_pour_l’Afrique », basé sur une approche « non prédatrice » de bénéfice mutuel pour l’Afrique et l’Europe, principalement dans le domaine de l’#énergie.

    Selon des sources italiennes, les #échanges_commerciaux entre l’Italie et la Turquie ont dépassé les 25 milliards d’euros et se rapprochent de l’objectif commun d’au moins 30 milliards d’euros d’ici à 2030. Les opportunités économiques pour les entreprises italiennes ont également été examinées au cours de la réunion, en particulier dans le secteur de la #défense.

    Toutefois, en ce qui concerne le processus d’adhésion de la Turquie à l’UE, auquel Mme Meloni s’est toujours opposée avant de devenir Première ministre, il semble qu’il n’y ait eu qu’un « échange d’idées ».

    Dans un discours prononcé en avril 2021, la présidente du parti Fratelli d’Italia a demandé que le statut de la Turquie en tant que pays candidat à l’adhésion à l’UE soit définitivement révoqué.

    « Ces dernières années, M. Erdoğan a intensifié l’involution de la Turquie dans une direction islamiste, réduisant les espaces de liberté […] Nous ne pouvons pas accepter que la Turquie finance l’islam politique en Europe », avait déclaré Mme Meloni dans un discours adressé à Mario Draghi, Premier ministre de l’époque.

    https://www.euractiv.fr/section/immigration/news/recep-tayyip-erdogan-promet-a-giorgia-meloni-de-reduire-les-flux-de-migrant

    #Italie #externalisation #asile #migrations #réfugiés #Recep_Erdogan

  • Le gouvernement Meloni à l’épreuve du procès de l’attentat de Bologne


    Sur les lieux de l’attentat à la gare de Bologne (Italie) le 2 août 1980. © Photo Farabola / Leemage via AFP

    La condamnation récente à perpétuité de deux néofascistes dans l’affaire de l’attentat de la gare de Bologne en 1980 provoque l’embarras de l’équipe de Giorgia Meloni qui voudrait réécrire l’histoire. Un ministre et une députée Fratelli d’Italia gravitent dans l’entourage des ex-terroristes.
    Karl Laske
    16 octobre 2023


    LeLe 27 septembre 2023, Gilberto Cavallini, dit « Gigi » ou « Il Nero », ne s’est pas présenté devant les juges. Le #néofasciste, ex-membre des Nuclei Armati Rivoluzionari (#NAR), auteur et coauteur de plusieurs assassinats – notamment ceux du policier Francesco Evangelista et du procureur Mario Amato, en 1980 –, a été condamné en appel à perpétuité pour sa participation à l’attentat commis gare de Bologne le 2 août 1980, qui avait fait 85 morts et 200 blessés . Arrêté en 1983, et déjà condamné pour différents crimes et association de malfaiteurs, l’ancien terroriste de 71 ans est en semi-liberté.
    Il y a peu, les enquêtes journalistiques de La Repubblica et de la Rai ont dévoilé ses réseaux et ses liens avec un membre du gouvernement, le sous-secrétaire d’État à l’environnement et à la sécurité énergétique, Claudio Barbaro. La condamnation en appel d’« Il Nero », et l’incarcération, en juin, d’un autre néofasciste, ex-membre d’#Avanguardia_Nazionale (AN), Paolo Bellini, 70 ans, condamné à perpétuité, en avril 2022, comme le coauteur du même attentat de Bologne, ont clarifié les responsabilités, et embarrassé le gouvernement de Giorgia Meloni, qui n’a jamais admis la mise en cause des néofascistes dans cet attentat.

    La « matrice néofasciste »
    Longues de 1 724 pages, les motivations de la sentence condamnant Bellini relèvent en particulier « la preuve éclatante » du financement de l’attentat par le haut dignitaire de la #loge_P2 (Propaganda Due), le financier d’extrême droite Licio Gelli, décédé en 2015. Preuve de la « #stratégie_de_la_tension » mise en œuvre par des réseaux clandestins au sein de l’#État et les #forces_armées. Sur une comptabilité manuscrite qu’il avait intitulée « Bologna » (un mot que les premiers enquêteurs n’avaient pas retranscrit), apparaissent une provision de 5 millions de dollars et un versement d’un million en espèces (20 %) peu avant l’attentat.

    La sentence souligne aussi les capacités de manipulation des groupes néofascistes par Licio Gelli et Federico Umberto D’#Amato, l’ancien chef du Bureau des affaires réservées du ministère de l’intérieur, également décédé, tous deux mis en cause lors d’un premier procès pour des manœuvres visant à désorienter l’enquête.
    La « coopération opérationnelle » des groupuscules Nuclei Armati Rivoluzionari et Avanguardia Nazionale a été par ailleurs établie par la justice : hold-up communs, faux papiers, caches d’armes partagées… La sentence relève au passage que l’une de ces caches se trouvait dans le local romain du journal Confidentiel, la couverture d’un réseau international impliquant d’anciens dirigeants du groupuscule français Ordre nouveau.
    En dépit de ces investigations, la présidente du Conseil Giorgia Meloni n’a cessé de contester, sur son compte Twitter (aujourd’hui « X »), les décisions de la justice concernant l’attentat de Bologne, réclamant « la vérité ». Et alors que le président de la République Sergio Mattarella a solennellement souligné, en août, « la matrice néofasciste » de l’attentat, Giorgia Meloni a, cette année encore, provoqué une vive polémique, le 2 août, parlant dans un message d’un des « coups féroces infligés » par « le terrorisme » à l’Italie, sans préciser lequel, et en signalant une nouvelle fois qu’il fallait « parvenir à la vérité » sur les attentats. Une façon à peine voilée de contredire l’institution judiciaire.

    Or la « matrice néofasciste » ne concerne pas que l’attentat de la gare de Bologne, mais toutes les « stragi », c’est-à-dire les #massacres, à commencer par l’attentat de #piazza_Fontana, à Milan, le 12 décembre 1969 (16 morts et 88 blessés), ou celui de la piazza della Loggia à #Brescia le 28 mai 1974 (8 morts et 102 blessés), dont les procès se sont conclus par la condamnation de membres du groupuscule néofasciste #Ordine_nuovo et de responsables opérationnels de sa cellule en Vénétie.
    Concernant #Bologne, la « vérité alternative » avancée par l’équipe Meloni tient en une « piste palestinienne » liée à l’incarcération d’un militant palestinien pour trafic d’armes en 1979, une piste explorée mais fermement écartée par la justice vu l’implication matérielle des néofascistes, et par ailleurs les preuves d’un dialogue entre Italiens et Palestiniens au sujet de cet épisode.
    Cette piste internationale avait fait partie des contre-feux ouverts par Licio Gelli lui-même, aux débuts de l’enquête. En 2019, huit députés Fratelli d’Italia ont tenté de la rouvrir par une demande de création d’une commission d’enquête parlementaire, faisant délibérément l’impasse sur les enquêtes judiciaires et les condamnations définitives, en 2007, de trois premiers auteurs de l’attentat, ex-membres des Nuclei Armati Rivoluzionari, Valerio Fioravanti, Francesca Mambro et Luigi Ciavardini.

    Cet été, l’un de ces députés, Federico Mollicone, a encore demandé la « levée du secret » sur d’éventuels documents concernant la piste palestinienne. « Ces documents n’existent pas, c’est le énième rideau de fumée lancé sur le 2 août », a commenté Paolo Bolognesi, le président de l’Association des familles de victimes de l’#attentat_de_Bologne.
    En février, c’est le ministre de la justice, Carlo Nordio, qui a soutenu devant le Sénat la validité des arguments des avocats de Cavallini visant à annuler la condamnation du néofasciste – en s’appuyant sur une jurisprudence inexistante concernant la limite d’âge des juges populaires. « Il a fourni une assistance aux terroristes », s’est indigné encore Bolognesi dans La Stampa.

    Un soutien matériel aux condamnés
    « La strage de 1980 est la plus contestée dans ses résultats judiciaires parce que les enquêtes et les sentences ont touché des points sensibles d’un système encore actif », a commenté l’un des anciens juges de Bologne Leonardo Grassi au Fatto Quotidiano.
    « Il est normal qu’aujourd’hui on revienne à la piste palestinienne, c’est la manière dont la partie politique qui se sent impliquée, et qui est au gouvernement, cherche une voie de sortie, poursuit-il. Parce que le parti de Giorgia Meloni revendique sa continuité avec le Movimento Sociale Italiano (#MSI), et celui-ci est proche du monde d’où proviennent les exécuteurs des stragi. »
    Un monde plus que proche. Comme l’a montré l’enquête de la Rai et de La Repubblica sur l’étrange coopérative Essegi 2012.
    Cette société est justement dirigée par l’un des premiers condamnés dans l’attentat de Bologne, Luigi Ciavardini, 61 ans. Et elle a permis à « Il Nero » Cavallini de décrocher un emploi et la semi-liberté.
    Condamné à treize et dix ans de prison pour les meurtres d’Evangelista et d’Amato, et à trente ans pour l’attentat de Bologne, Ciavardini, dit « Gengis Khan », a fait tourner sa coopérative, dédiée à l’accueil des détenus en semi-liberté, à coups de subventions publiques (plusieurs millions d’euros) de municipalités et collectivités locales amies – jusqu’à la perte de son agrément en juin dernier.
    Ces deux condamnés pour l’attentat de Bologne ont tous deux bénéficié du soutien du sous-secrétaire d’État à l’environnement de #Giorgia_Meloni, Claudio Barbaro, ancien élu du Movimento Sociale Italiano (MSI). Ciavardini a obtenu sa propre semi-liberté grâce à l’emploi que lui a offert Barbaro au sein de l’Alliance sportive italienne (ASI) qu’il a présidée pendant vingt-sept ans. Et le ministre a « contribué à payer » les frais judiciaires de Cavallini, selon un témoin cité par La Repubblica.

    Mais le ministre n’est pas le seul à soutenir les ex-terroristes des NAR. La députée (Fratelli d’Italia) Chiara Colosimo, une proche de Meloni, a ainsi rendu visite à Ciavardini à la prison de Rebibbia en 2014. L’émission « Report » de la Rai a dévoilé une photo de l’élue accrochée à son bras à cette occasion (voir ci-dessous).
    Malgré cette relation à l’évidence amicale, Chiara Colosimo a été élue en mai dernier présidente de la commission antimafia par le Parlement, provoquant une levée de boucliers parmi les familles des victimes des attentats, et un appel solennel de leur part, en vain.

    Cette nomination à la tête de la commission antimafia est d’autant plus problématique que Luigi Ciavardini a été aussi sous investigation pour ses contacts avec la #Camorra, la mafia napolitaine dans le cadre de l’enquête « Mafia Capitale ». L’ancien terroriste avait détenu un restaurant à Rome, Il Tulipano, en association avec le comptable du clan, Massimiliano Colagrande, alias « Small », condamné définitivement en février 2020, à 30 ans de prison.

    Début août, les néofascistes condamnés ont reçu un autre soutien, plus modeste, celui du responsable de la communication institutionnelle de la région du Lazio, Marcello De Angelis, un ancien parlementaire d’extrême droite, lui-même issu du groupuscule Terza Posizione, auquel avaient appartenu les trois premiers condamnés de l’attentat de Bologne avant de rejoindre les NAR, Valerio Fioravanti, Francesca Mambro et Luigi Ciavardini – ce dernier n’est autre que son beau-frère.
    Sur Facebook, De Angelis a assuré que ses trois camarades, condamnés définitifs, n’avaient « rien à voir avec le massacre de Bologne ». Son post a immédiatement été « liké » par Claudio Barbaro. Le communicant a démissionné fin août des services de la région après la découverte sur son compte de posts antisémites, ou encore célébrant Himmler. On relève au passage que l’ancien activiste dialogue sur Facebook avec un proche de Marine Le Pen, l’ex-chef du GUD #Frédéric_Chatillon installé à Rome depuis ses ennuis judiciaires.

    La « Primula nera »
    L’incarcération surprise de Paolo Bellini, en juin dernier, alors qu’il était dans l’attente de son procès en appel, a été décidée dans l’urgence pour des raisons de sécurité. Placé sur écoute, l’ancien membre d’Avanguardia Nazionale condamné à perpétuité a proféré des « menaces alarmantes » contre son ex-femme et un juge.
    Il a fait savoir qu’il préparait « quelque chose d’apocalyptique » pour « clore la carrière du président de la cour d’assises de Bologne » qui l’a condamné, et qu’il avait découvert que le magistrat avait un fils diplomate au Brésil. Il annonçait aussi avoir « tout juste fini de payer 50 000 euros » pour « descendre » son ex-femme qui a trop parlé lors de son procès. Des mesures de protection ont été prises.
    Quarante ans après les faits, Paolo Bellini a été confondu par l’exploitation d’une série d’images extraites d’un film super-8 tourné par un touriste suisse dans la gare de Bologne, quelques minutes après l’explosion de la bombe, le 2 août 1980. Un homme en tee-shirt bleu, cheveux frisés hirsutes, passe devant la caméra sur le quai numéro un de la gare. C’est lui.

    L’enquête est rouverte. Des photos anciennes sont saisies, analysées et comparées par des moyens techniques aux images en super-8. C’est positif. Le film est présenté à son ex-femme. Placée sur écoute, elle déclare à son fils reconnaître son ex-mari, formellement. Elle avoue alors aux juges que l’alibi qu’elle lui a fourni pendant la première enquête était inventé.
    Les menaces de Bellini sont prises au sérieux, car sa vie a été émaillée d’assassinats et de cavales qui lui ont valu le surnom de « Primula nera », le « Fantôme noir ». Après quelques années au MSI, un premier meurtre commis en 1975, il prend la fuite au Paraguay, aidé par le chef d’Avanguardia Nazionale, Stefano Delle Chiaie, l’homme lige de l’internationale fasciste.
    De retour en Italie sous une fausse identité brésilienne, il obtient des facilités de circulation et un port d’armes par des contacts au sein des #services spéciaux, et devient pilote d’avion privé. L’un des portraits-robots établis après l’attentat de Bologne fait émerger son vrai nom et son visage parmi ceux des suspects, mais la « Primula » demeure dans l’ombre.
    Interpellé en 1981, il échappe aux poursuites dans l’affaire de Bologne, mais reste incarcéré jusqu’en 1986 pour d’autres épisodes criminels qui avaient conduit à son départ en cavale. Il se rapproche alors de la #’Ndrangheta, la mafia calabraise, pour laquelle il commet au moins six assassinats entre 1990 et 1992, puis trois autres entre 1998 et 1999. Grâce à des aveux négociés, il bénéficie du statut de « collaborateur de justice » et de remises de peine.

    La mort de juge Falcone
    En 2019, les images de la gare de Bologne permettent aux juges de reconstituer l’histoire de son implication dans l’attentat, en rassemblant les éléments épars, qui s’avèrent accablants.
    Selon un témoin, son frère, Guido, décédé en 1983, avait expliqué à un proche son rôle dans l’attentat, et révélé la présence sur place de Stefano Delle Chiaie avec Gaetano Orlando, un néofasciste connu au Paraguay. D’après Guido, Paolo avait amené « le matériel » utilisé pour l’attentat dans « un sac de sport ou une valise », et était allé chercher Delle Chiaie pour l’accompagner à la gare avec trois complices.
    Selon Guido, Paolo avait reçu 100 000 millions de lires (environ 50 000 dollars) pour l’opération. Les juges relèvent des liens avérés avec Gilberto Cavallini, récemment condamné, et exhument aussi une écoute significative d’un néofasciste, ex-chef de la cellule vénitienne d’Ordine nuovo, Carlo Maria Maggi, condamné définitif pour l’attentat de la piazza della Loggia à Brescia en 1974. Maggi confirme à son interlocuteur l’implication des « NAR », Mambro et Fioravanti, et raconte que c’est « l’aviateur » (Paolo Bellini, donc) qui a apporté la bombe à la gare.
    Bellini, réincarcéré, n’a pas livré tous ses secrets, loin de là. Il est soupçonné dans l’affaire de l’attentat de Capaci qui a tué le juge Giovanni Falcone avec sa femme et son escorte, le 23 mai 1992.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/161023/le-gouvernement-meloni-l-epreuve-du-proces-de-l-attentat-de-bologne

    edit : l’article omet de signaler que Piazza fontana (1969) a immédiatement été attribué à l’extrême gauche

    #Italie #État #extrême_droite #attentat_massacre (s)

  • Festa delle Donne : A Lipari la nuova “toponomastica”

    Bella e originale. Non sappiamo ancora di chi è l’iniziativa ( anche se lo supponiamo) ma è lodevole. Lipari si è svegliata nel giorno della Festa delle Donne con le sue vie “intitolate” alla memoria di grandi donne, alcune anche in vita, della cultura, della scienza, del giornalismo , della musica ( c’è anche Patty Smith) ecc. Un modo anche per ricordare all’Amministrazione che la toponomastica dovrebbe essere aggiornata . L’ultima rivisitazione risale a poco più di dieci anni fa per opera della giunta Bruno con il Rotary club, con la collocazione delle targhe in ceramica .

    Mais il y aurait beaucoup de choses à dire sur le fait qu’un des noms proposés pour la nouvelle toponymie soit celui de #Giorgia_Meloni (sic) :


    https://www.giornaledilipari.it/festa-delle-donne-a-lipari-la-nuova-toponomastica

    #toponymie #toponymie_féministe #genre #noms_de_rue #Lipari #Sicile #Italie

    • 8 marzo: Lipari per un giorno «intitola» vie a grandi donne

      Un «suggerimento» al Comune per una revisione toponomastica

      Lipari in occasione della Giornata internazionale della donna ha intitolato, apponendo dei fogli sui muri delle vie dell’isola a grandi donne, alcune anche in vita, del mondo della cultura, della scienza, del giornalismo, della musica.

      Il «cambio toponomastica» ha coinvolto anche donne eoliane che, nel tempo, si sono contraddistinte in vari campi.

      L’iniziativa anonima, è stata realizzata la notte tra martedì e oggi. Potrebbe essere un «suggerimento» all’amministrazione comunale affinchè si proceda ad una revisione della toponomastica, in molti casi risalente agli anni immediatamente successivi all’ultima guerra mondiale. (ANSA).

      https://www.ansa.it/sicilia/notizie/2023/03/08/otto-marzo-lipari-per-un-giorno-intitola-vie-a-grandi-donne_2b325fdc-44ff-49f4-

    • I nomi di Donne famose sono apparsi sui muri di Lipari: gli isolani acclamano il “cambio toponomastica”

      Lipari, l’isola più grande dell’arcipelago delle Eolie, celebra la Giornata Internazionale della Donna in modo originale e significativo. Durante la notte tra martedì e mercoledì, alcune donne straordinarie del mondo della cultura, della scienza, del giornalismo e della musica sono state omaggiate con l’apposizione di fogli sui muri delle vie dell’isola.

      L’iniziativa, anonima e spontanea, ha suscitato grande interesse e curiosità tra i residenti e i turisti.

      La scelta di dedicare spazi pubblici alle grandi donne della storia è un messaggio forte e chiaro, che invita a riflettere sulla necessità di riconoscere l’enorme contributo che le donne hanno dato e continuano a dare alla società, in tutti i campi.

      Il “cambio toponomastica” ha coinvolto anche alcune donne eoliane che, nel corso del tempo, si sono contraddistinte in vari ambiti.

      Questa iniziativa potrebbe essere considerata un “suggerimento” all’amministrazione comunale per procedere a una revisione della toponomastica, che in molti casi risale agli anni immediatamente successivi all’ultima guerra mondiale.

      Una revisione che potrebbe permettere di rendere omaggio alle grandi donne dell’isola e ai loro meriti, aprendo nuove strade alla memoria collettiva.

      In un’epoca in cui la parità di genere e la valorizzazione delle donne sono ancora temi di grande attualità, l’iniziativa di Lipari rappresenta un’importante occasione di riflessione e di sensibilizzazione.

      L’idea di dedicare spazi pubblici alle grandi donne della storia è un modo per ricordare il loro contributo e per ispirare le nuove generazioni a lottare per i propri diritti.
      Alcuni nomi di donne affissi sui muri di Lipari

      Hannah Arendt è stata una filosofa e teorica politica tedesca di origine ebraica, nota per i suoi contributi alla riflessione sul totalitarismo, la politica e la cultura.

      Arendt è nata a Hannover, in Germania, ed è fuggita in esilio negli Stati Uniti nel 1941, a causa della persecuzione nazista degli ebrei. Ha insegnato in diverse università americane, tra cui la New School for Social Research e la University of Chicago.

      Tra le sue opere più famose ci sono “Le origini del totalitarismo”, “La condizione umana” e “Eichmann a Gerusalemme”, in cui analizza il processo al criminale di guerra nazista Adolf Eichmann e sviluppa la sua teoria della “banalità del male”.

      Arendt è stata, anche, una critica del concetto di “diritti umani”, sostenendo che essi non hanno una base oggettiva e che la loro affermazione non garantisce necessariamente la protezione delle libertà individuali.

      Il suo pensiero ha influenzato numerosi studiosi di filosofia politica e la sua figura è stata oggetto di diversi film e opere letterarie.

      La figura di Carmelina Naselli, come quella di Cocchiara e Pitrè a Palermo, rappresenta un punto di riferimento importante negli studi folklorici e delle tradizioni popolari siciliane.

      Nonostante l‘imperante storicismo ideologico crociano, che metteva in secondo piano queste discipline tacciate di simpatizzare con i metodi del positivismo, la Naselli riuscì a far fronte, continuando a professare rigorosamente il metodo storico-filologico nella sua indagine di studio e di ricerca. Questa diatriba si sarebbe poi attenuata solo dopo i lavori di Ernesto De Martino sull’etnologia storicistica.

      Ilaria Alpi è stata una giornalista italiana che ha fatto carriera come inviata di guerra. È nata a Roma e ha studiato Scienze Politiche presso l’Università degli Studi di Roma “La Sapienza”. Dopo aver iniziato la sua carriera come giornalista presso l’agenzia ANSA, nel 1989 è entrata a far parte della redazione di Rai News.

      Durante la sua carriera, Ilaria Alpi ha coperto diversi conflitti internazionali, tra cui la guerra in Somalia e la guerra del Golfo. Nel 1994, mentre si trovava in Somalia per un’inchiesta sul traffico di armi, è stata uccisa insieme al suo operatore Miran Hrovatin.

      La morte di Ilaria Alpi e Miran Hrovatin ha sollevato numerose polemiche e controversie, sia in Italia che all’estero, e, ancora oggi, l’omicidio rimane avvolto nel mistero. Nel 1999, in memoria della giornalista, è stata creata la Fondazione Ilaria Alpi, che promuove iniziative culturali e formative nel campo del giornalismo e dell’informazione.

      https://newsicilia.it/messina/cronaca/i-nomi-di-donne-famose-sono-apparsi-sui-muri-di-lipari-gli-isolani-acclamano-il-cambio-toponomastica/854872

  • Les Vingt-Sept prêts à renforcer la chasse aux #migrants. Ils ont appelé au renforcement « immédiat » des mesures.

    La plupart des pays d’#Europe orientale, mais aussi l’#Autriche ou le #Danemark, demandent que les fonds européens puissent financer le déploiement de ces barrières physiques. On en compte déjà sur plus 2.000 km aux #frontières de l’#UE.

    Une grande victoire pour les héritiers du fascisme :

    Le compromis trouvé par les Vingt-Sept convient aussi à l’#Italie. « Je suis très contente des résultats obtenus », a assuré #Giorgia_Meloni, évoquant « une grande victoire pour l’Italie ».

    (Les Échos)

    #immigration #immigration_illégale #flux_migratoires #espace_Schengen #réglementation #stigmatisation

    • Europe : entente contre les migrants

      Tous les chefs d’État de l’Union européenne se sont entendus, au cours du sommet du vendredi 10 février, pour renforcer la #lutte_contre_l’immigration.

      De nouvelles #clôtures aux frontières de l’UE et entre pays de l’UE vont être construites et financées par l’Europe.

      2 000 km de #murs ou de #barbelés sont déjà en place dans douze pays de l’Union, comme en Espagne, à la frontière avec le Maroc, en Bulgarie, pour bloquer les migrants venant de Turquie, et même en France, à Calais, pour les empêcher de rejoindre l’Angleterre. La barrière la plus longue fait 500 km. Elle est située entre la Lituanie et la Biélorussie.

      Officiellement, la France et l’Allemagne sont opposées au financement des murs et des clôtures par l’UE. C’est pourquoi la déclaration finale ne les mentionne pas. Mais elle parle de restreindre les visas ou de faire pression sur les pays d’où sont originaires les migrants, au travers de l’aide au développement par exemple, pour qu’ils bloquent leurs ressortissants. Et puis, si les murs ne seront pas financés, les « clôtures mobiles », les tours de guet et les véhicules de surveillance, le seront ! Ce n’est qu’une question de sémantique. De la part des dirigeants européens, c’est surtout une posture hypocrite. Car c’est la domination des grandes puissances aux quatre coins du monde qui est responsable de bien des guerres et de la misère qui poussent des femmes et des hommes à tout quitter pour espérer vivre mieux dans un pays « riche ».

      Cette déclaration de l’Union européenne qui appelle au renforcement immédiat des mesures contre les migrants montre quel avenir se profile. L’Europe d’aujourd’hui fait de plus en plus penser à celle des années 1930 où les prétendues démocraties, comme la France, côtoyaient les dictatures fascistes comme celles de Hitler et de Mussolini et s’entendaient avec elles pour faire des migrants de l’époque, souvent les Juifs, les parias du continent. Ceux qui fuyaient l’Allemagne ou l’Autriche devenues nazies ne trouvaient pas de refuge : ni en France ni aux États-Unis. Les visas n’étaient plus délivrés. Les quotas d’immigration, dérisoires, étaient dépassés. Beaucoup de migrants étaient renvoyés dans leur pays d’origine où ils risquaient la mort, tout comme c’est souvent le cas aujourd’hui.

      https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/02/15/europe-entente-contre-les-migrants_504988.html

      #barbarie

  • En #Italie, le gouvernement de Giorgia #Meloni s’en prend aux ONG qui sauvent les migrants en mer

    Un nouveau « #code_de_conduite » pour les #navires_humanitaires est entré en vigueur, mardi. Des #amendes allant de 10 000 à 50 000 euros sont notamment prévues à l’encontre du commandant de bord si les règles ne sont pas appliquées.

    –--------------------
    Durant la campagne électorale à la fin de l’été, Giorgia Meloni, la dirigeante du parti d’extrême droite italien Fratelli d’Italia avait relancé l’idée d’un #blocus_naval pour arrêter les bateaux intervenant en mer pour sauver les migrants. Une solution inapplicable dans les faits, mais payante en termes de communication politique. Désormais installé à la tête du pays, le gouvernement de Mme Meloni a néanmoins mis à exécution sa promesse de réguler les flux migratoires avec une mesure qui ressemble à une déclaration de guerre aux ONG engagées dans le sauvetage des migrants. Le 3 janvier, un nouveau « code de conduite » pour les navires humanitaires est entré en vigueur sous forme de #décret.

    Parmi les nouveautés de ce texte figure notamment la fin des #opérations_de_secours « simultanées ». Dès lors qu’un port de débarquement a été attribué par les autorités italiennes à un navire, il doit être atteint sans délai pour que puisse s’achever l’opération de sauvetage. Plus question désormais, sauf demande spéciale des autorités italiennes, qu’un bateau qui vient de recueillir des réfugiés détourne sa route vers une autre embarcation en perdition tant qu’elle n’a pas touché terre. En somme, la nouvelle réglementation du ministère de l’intérieur entérine un glissement qui constitue une menace claire sur le #droit_de_la_mer et les conventions internationales dont l’Italie est signataire.

    Ce tour de vis sécuritaire a provoqué indignation et inquiétude chez les ONG « Plutôt que de nous assigner un rôle clair de sauver des vies en mer, ce décret tente de limiter notre champ d’action sans proposer aucune solution alternative », se désole Juan Matias Gil, chef des opérations de secours en mer de Médecins sans frontières (MSF). « Il faut s’attendre à une baisse dans nos capacités d’opération de sauvetage, et plus de morts à venir. »

    Les ONG dérangent

    Autre nouveauté, le gouvernement impose désormais aux ONG de recueillir les demandes d’asile à bord des navires de sauvetage, de sorte que la procédure administrative soit prise en charge par le pays dont les navires battent pavillon. Une procédure qui promet de nombreux casse-tête juridiques. Si l’on suit les nouvelles normes, qui empêchera des migrants somaliens de demander l’asile à Rome, s’ils sont recueillis par un navire marchand italien au large de Mogadiscio ?

    La crainte de « l’#appel_d'air », rhétorique habituelle des membres de l’exécutif et de la majorité pour justifier les restrictions, a de nouveau été mise en avant par les responsables politiques convaincus que les navires humanitaires sont des « #taxis_de_la_mer ». Les #statistiques démontrent pourtant le contraire : sur près de 100 000 migrants qui ont débarqué en 2022 sur les côtes italiennes, à peine plus de 10 % ont été recueillis par des ONG.

    Installé en Sicile où il suit les questions migratoires pour Radio Radicale, le journaliste Sergio Scandura effectue une veille permanente des embarcations de migrants en approche des côtes italiennes. « Ce décret est inédit, estime-t-il, personne jusqu’ici n’avait jamais adopté un texte qui va à l’encontre des lois internationales mais aussi des lois européennes. » « La réalité est que les ONG dérangent parce que l’on ne doit pas voir ce qu’il se passe au large de la Libye », dénonce le journaliste.

    « Menace de #sanctions_financières »

    L’Eglise catholique italienne a elle aussi vivement réagi. « Ce décret n’est basé sur rien, il est construit sur un faux sentiment d’insécurité », a tonné Mgr Gian Carlo Perego, président de la commission pour les migrations au sein de la conférence épiscopale italienne. Pour l’archevêque de Ferrare-Comacchio (Nord), « la première considération serait de savoir si ce sont les ONG qui posent un problème de sécurité à l’Italie ou bien si ce sont précisément elles dont les bateaux sauvent des vies ».

    Outre les nouvelles normes, le gouvernement italien a également prévu tout un arsenal de #sanctions en cas de non-respect de la part des navires humanitaires. Des amendes allant de 10 000 à 50 000 euros sont prévues à l’encontre du commandant de bord si les nouvelles règles ne sont pas appliquées. En cas de récidive, les autorités s’arrogent le droit de séquestrer les navires. Un recours est possible mais, autre nouveauté, celui-ci devra être déposé devant le préfet dont les pouvoirs sont élargis. « Il est clair que la menace de sanctions financières est préoccupante », souligne Marco Pisoni, porte-parole de SOS Méditerranée, qui affrète le navire Ocean-Viking. « Les opérations de secours demandent des moyens, et ces amendes pourraient nous mettre en difficulté avec nos donateurs, en Italie mais également dans toute l’Europe. »

    Pour les ONG, le message du gouvernement est clair : non seulement entraver les opérations de secours, mais les éloigner de la Méditerranée centrale, là où les besoins sont les plus forts. Le 31 décembre, avant la parution du décret au journal officiel, l’Ocean-Viking a pu faire débarquer 113 personnes dans le port de Ravenne… à 900 milles nautiques du lieu de sauvetage. Pour Maco Pisoni, la nouvelle politique du gouvernement italien signe « la disparition programmée de la présence des navires dans les zones #SAR [régies par la convention internationale sur la recherche et le sauvetage maritimes] internationales et nationales ».

    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/01/05/en-italie-le-gouvernement-de-giorgia-meloni-s-en-prend-aux-ong-qui-sauvent-l
    #Giorgia_Meloni #sauvetage #Méditerranée #asile #migrations #réfugiés #mer_Méditerranée

    • Italy’s Anti-Rescue Decree Risks Increasing Deaths at Sea

      New Policy Obstructs Lifesaving Work of Rescue NGOs, Violates International Law
      The latest migration decree by Italy’s government represents a new low in its strategy of smearing and criminalizing nongovernmental organizations saving lives at sea. The government’s goal is to further obstruct the life-saving work of humanitarian groups, meaning that as few people as possible will be rescued in the central Mediterranean.

      The decree prohibits vessels of search and rescue organizations from carrying out multiple rescues on the same voyage, ordering that after one rescue their ships immediately go to the port allocated by Italy and reach it “without delay,” effectively requiring them to ignore any other distress cases at sea.

      The rule, which does not apply to other kinds of vessels, breaches the duty on all captains to give immediate assistance to people in distress under multiple international law provisions, including the UN Convention on the Law of the Sea, the International Convention for the Safety of Life at Sea, the Palermo Protocol against the Smuggling of Migrants, and EU law.

      The negative impact of the new rule is compounded by the government’s recent practice of assigning rescue boats very distant ports of disembarkation in northern and central Italy, requiring up to four days of navigation, in breach of the obligation to make available the nearest port of safety. Ordering rescue ships to sail to distant ports prevents them from saving lives in the central Mediterranean for longer periods of time, forces them to incur significant additional costs in fuel, food, and other expenses, and can increase the suffering of survivors on board.

      The decree also imposes on nongovernmental rescue ships the duty to collect data from survivors onboard, including their intent to claim asylum, and share that information with authorities, in breach of EU laws, including the asylum procedures directive .

      As 20 search and rescue organizations pointed out in a joint statement on January 5, the decree risks adding to the numbers of people already dying in the Mediterranean Sea or returned to horrific abuse in Libya.

      The European Commission should call for the immediate withdrawal of this decree and an end to Italy’s practice of allocating distant ports and take legal enforcement action against rules that blatantly disregard EU legal obligations towards migrants and asylum seekers. Above all, it’s time for a state-led European search and rescue mission to prevent further avoidable deaths at sea.

      https://www.hrw.org/news/2023/01/09/italys-anti-rescue-decree-risks-increasing-deaths-sea

    • Migrants : en Italie, la « guerre » du gouvernement contre les ONG

      Les nouvelles règles font exploser les coûts des sauvetages en mer. Reportage à Ancône, où le « Geo-Barents », le bateau de secours en mer de Médecins sans frontières (MSF), a été aiguillé.

      L’homme est masqué, coiffé d’un gros bonnet gris et enveloppé d’une épaisse couverture rouge qui masque sa silhouette. Il vient de sortir du ventre du Geo-Barents, le bateau de secours en mer de Médecins sans frontières (MSF). Descendu de la passerelle, il pose un pied mal assuré sur le quai 22 du port de commerce d’Ancône. Quatre autres hommes le suivent. Masqués aussi, coiffés de gros bonnets gris, enveloppés d’épaisses couvertures rouges ou blanches. Boitant presque sur la terre ferme après des jours de mauvaise mer, les corps aux visages invisibles, affaiblis, de ces rescapés anonymes attirent tous les regards, dans le matin mouillé de ce jeudi 12 janvier.

      Au bout du quai, on les attend. Le préfet de la province et le chef de la police ont fait le déplacement. Ces jours-ci, la frontière de l’Italie, qui est aussi celle de l’Europe, passe aux yeux de tous par leur ville. Les agents de la police aux frontières sont là, comme les hommes de la Guardia di Finanza, les pompiers, les fonctionnaires de la police scientifique et des membres du groupe cynophile des chasseurs alpins. Sur le quai 22 du port de commerce d’Ancône, il y a l’Etat, donc. Mais pas seulement. Des volontaires de la Croix-Rouge et de Caritas, sous-traitants des services publics italiens, sont déployés près d’une tente blanche. Et enfin, tenus à une distance de quelques dizaines de mètres, des journalistes sont parqués dans un enclos formé par des barrières. Une dizaine d’équipes de télévision filment la scène en direct.

      Le navire est arrivé à quai vers 7 h 30, quand, de l’autre côté du port, la sirène des chantiers navals appelait à leurs postes de travail les centaines d’ouvriers immigrés employés par des sous-traitants de la Fincantieri, qui y construisent deux paquebots de croisière de haut luxe dont les masses blanches et brillantes dominent la baie. Près de deux heures plus tard, les cinq anonymes descendus du bateau ont disparu vers le barnum blanc des autorités. A bord du navire, soixante-huit autres attendent de les rejoindre, majoritairement originaires du Soudan et du Nigeria.

      En touchant terre, ce petit groupe d’hommes, bien inférieur en nombre aux effectifs déployés, sur le quai 22 du port de commerce d’Ancône, est en train de traverser une ligne de front invisible. Car ils sont les derniers en date à faire les frais de la guerre judiciaire et politique que l’Etat italien mène depuis 2016 aux ONG de sauvetage opérant en Méditerranée centrale et portant secours aux migrants qui s’élancent des côtes libyennes en direction de l’Europe à bord d’embarcations de fortune. Et s’ils attirent malgré eux tant d’attention, cinq jours après avoir été secourus au large de Tripoli, c’est que, sous l’impulsion du gouvernement dominé par l’extrême droite de Giorgia Meloni, cette vieille histoire vient d’entrer dans une phase nouvelle.

      Une cible claire et identifiée

      Le voyage de 1 200 kilomètres effectué par le Geo-Barents de MSF, depuis le point perdu dans les flots où les migrants en détresse sont montés à bord, et les quatre journées de navigation supplémentaire qu’il a dû affronter, est en effet le résultat d’une politique. Parallèlement à un nouveau décret limitant l’action des ONG, sous peine de sanctions, à des sauvetages uniques, le gouvernement italien assigne désormais aux navires opérant dans la zone des destinations situées loin au nord des ports méridionaux où ils accostent habituellement. Livourne et Ravenne ont organisé des débarquements en décembre 2022, avant qu’Ancône accueille mardi l’ Ocean-Viking de l’ONG SOS Méditerranée avec trente-sept naufragés à son bord, puis le Geo-Barents.

      L’objectif est de répartir l’effort sur tout le territoire, selon le ministre de l’intérieur Matteo Piantedosi, affilié à la Ligue (extrême droite) et proche du vice-président du conseil Matteo Salvini, qui s’était illustré lorsqu’il occupait le même poste entre 2018 et 2019 par la fermeture des ports italiens aux ONG. « Le gouvernement ne veut pas laisser s’installer des mécanismes de routine dans les trajets de migration » , avait précisé pour sa part, à Ancône, la veille de l’arrivée de l’ Ocean-Viking, le président de l’autorité portuaire, Vincenzo Garofalo. Selon les ONG, cependant, l’objectif réel du gouvernement est autre. En complétant les dispositions du décret par ces éloignements vers le nord des côtes italiennes, il entend rogner leur présence en Méditerranée centrale et, surtout, peser sur leurs finances.

      « Nous avons estimé grossièrement que la volonté du gouvernement de nous faire venir jusqu’à Ancône avait provoqué une augmentation de 100 % de nos dépenses en carburant » , indique ainsi Juan Matias Gil, chef des opérations de secours en mer de MSF, présent sur le port d’Ancône au moment de l’arrivée de l’ Ocean-Viking. Pour l’ONG internationale, une marge d’adaptation existe, et de tels coûts peuvent être absorbés. Ce n’est pas le cas pour des organisations comme SOS Méditerranée, consacrée uniquement au sauvetage en mer. « La guerre que nous mène le gouvernement italien entre dans un tout nouveau chapitre dont il espère que le dénouement passera par notre disparition de la Méditerranée centrale » , indique M. Giltandis que les naufragés sortent du bateau par groupes de cinq avant de disparaître sous la tente médicale.

      « On s’attaque à nous, les ONG, car nous sommes la pointe visible d’un phénomène face auquel le gouvernement ne peut en réalité pas faire grand-chose » , ajoute M. Gil. Comme si la présence des ONG offrait aux pouvoirs publics une cible claire et bien identifiée sur la question migratoire et que la contrainte de ces débarquements dans des ports éloignés de la zone de secours devait fournir l’image d’un flux contrôlé. Certes, l’immigration n’est pas la préoccupation première d’une opinion italienne plus inquiète de l’inflation et des conséquences économiques de la guerre contre l’Ukraine. Elle reste un sujet sur lequel un Etat européen peut mettre en scène son action, même si c’est pour quelques heures, au bout du quai d’un port de commerce mineur.

      Galaxie d’associations

      Après avoir débarqué et traversé les premières formalités administratives de leur parcours en Italie, les 73 naufragés descendus du Geo-Barents, escortés par des policiers, sont montés dans des bus de la marine militaire italienne pour être emmenés plus tard quelque part en Lombardie. Ceux qui étaient arrivés trente-six heures plus tôt à bord de l’ Ocean-Viking ont été orientés vers divers centres d’accueil de la région des Marches, gérés par une galaxie de coopératives issues du monde catholique ou de la gauche associative.

      Les rescapés arrivés sur les deux navires des ONG à Ancône entre mardi et jeudi sont au nombre de 110. Selon le ministère de l’intérieur, le nombre total de migrants arrivés par la mer en Italie, incluant les débarquements autonomes et ceux qui ont été organisés par les gardes-côtes italiens dans les eaux territoriales depuis le début de l’année, s’élevait à 3 819 au 13 janvier. D’eux, pourtant, on ne verra pas même les silhouettes, au loin sur une passerelle.

      https://www.lemonde.fr/international/article/2023/01/15/migrants-en-italie-la-guerre-du-gouvernement-contre-les-ong_6157915_3210.htm