• Retraites : ce que révèlent les comptes-rendus d’opération des CRS sur les heurts à Nantes, Rennes, Bordeaux ou Toulouse

    Lors de la manifestation contre la réforme des retraites, à Nantes, le 23 mars 2023. STEPHANE MAHE / REUTERS

    Des documents confidentiels consultés par « Le Monde » révèlent l’intensité du maintien de l’ordre en province lors de la neuvième journée de mobilisation, jeudi 23 mars, où plusieurs compagnies ont été sérieusement prises à partie.
    Par Antoine Albertini

    Quatre cent quarante et un policiers et gendarmes blessés au cours de la seule journée du jeudi 23 mars, à l’occasion de la neuvième journée de mobilisation interprofessionnelle contre la réforme des retraites : vendredi matin, au lendemain d’affrontements sans équivalent depuis les manifestations de « gilets jaunes », le ministre de l’intérieur a admis un bilan « effectivement difficile » sur le plateau de CNews, faisant état de « 1 500 black blocs venus casser du flic » à Paris. Si la capitale, avec 105 fonctionnaires touchés, a concentré près du quart des effectifs blessés, les forces de l’ordre ont été sérieusement bousculées dans plusieurs villes de province, comme en témoignent les « Septimo » consultés par Le Monde.
    Dans ces journaux de marche, chaque unité de CRS décrit le déroulement des opérations de maintien de l’ordre, à la minute près, et recense non seulement le nombre de blessés dans ses rangs, mais aussi celui des munitions tirées. Tous ces documents décrivent une situation très dégradée, marquée par des heurts continuels sitôt après la dispersion des cortèges officiels – et, parfois, pendant la progression des manifestants.
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    Le compte rendu de la CRS 22 de Périgueux, à Nantes, illustre la violence des affrontements entre les forces de l’ordre et, estime le document, huit cents individus appartenant à la mouvance d’« ultragauche » – dont deux cents black blocs. Il explique aussi le lourd bilan essuyé par cette unité : trente contusionnés et blessés, dont huit transportés au CHU de l’Hôtel-Dieu, l’un d’eux devant subir une intervention chirurgicale en urgence pour une plaie ouverte à la main.
    Barrages, poubelles, mortiers
    Jeudi, peu avant midi, et alors que les policiers sont déployés à Nantes depuis moins de deux heures, un « groupe à risque » commence à les prendre à partie. Mobiles et organisés, les émeutiers multiplient jets de projectiles, barrages et incendies de poubelles ou de palettes, tirs de mortiers d’artifice et jet d’au moins un cocktail Molotov. Une heure plus tard, alors que les incidents se poursuivent, les CRS vont se retrouver en sérieuse difficulté : ils doivent obéir à l’ordre de se replier vers une position très défavorable à proximité du quai Turenne, où des manifestants, disposés en surplomb, les assaillent sous un « déluge de projectiles ».
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    « Acculée », l’unité doit procéder à des tirs de grenades à très courte distance pour espérer se dégager puis se retrouve contrainte d’« opérer repli » sur le parking du CHU, une position de nouveau « très défavorable » où elle est encore prise à partie avant de parvenir à s’extraire du guêpier. Sans discontinuer, les affrontements se poursuivront pendant de longues heures, jusqu’au début de la soirée, où les responsables de la CRS 22 dressent le lourd bilan.
    Avec une partie de la CRS 15 de Béthune, elle aussi engagée à Nantes, la CRS 22 a tiré un nombre impressionnant de munitions : plus de 450 grenades de tous types et 72 grenades de désencerclement, des engins généralement réservés aux cas les plus extrêmes du maintien de l’ordre. Preuve de consignes destinées à limiter drastiquement l’emploi des LBD (lanceur de balles de défense), mis en cause dans la totalité des cas d’éborgnement, seuls cinq tirs de cette arme ont été appliqués.
    « Manifestants cagoulés »
    Moins exposées, les CRS 14 de Cenon (Gironde) et 20 de Limoges (Haute-Vienne), mobilisées à Bordeaux, ont aussi connu une journée intense, entre démantèlement de barricades érigées par les manifestants tout au long du cours Pasteur et « multiples jets de bouteilles en verre » ou de mortiers d’artifice, de pavés descellés de la place de la Victoire, sans compter des mises à feu de poubelles et des incendies qui se propageront à plusieurs véhicules. Eux aussi organisés, des dizaines de « manifestants cagoulés » sont même parvenus à tendre une corde dissimulée « au milieu d’encombrants et de détritus » sur toute la largeur d’une artère dans le but, décrypte le compte rendu, de « déclencher un bond offensif pour ensuite faire trébucher la première ligne des boucliers après les avoir attirés par provocation ». Bilan : deux blessés et dix contusionnés, trois personnes interpellées.
    A Toulouse, où les heurts se sont intensifiés à la fin de l’après-midi, la CRS 24 de Bon-Encontre (Lot-et-Garonne), a dû prendre en charge un black bloc pour une gêne respiratoire, avant que le commandant de l’unité ne perde brièvement conscience à la suite d’un jet de pavé sur son casque. Les policiers, qui ont tiré 115 grenades lacrymogènes et 9 grenades de désencerclement, comptent 1 blessé et 12 contusionnés.

    Écouter aussi Violences policières : une histoire du maintien de l’ordre « à la française »
    A Rennes enfin, la CRS 42 a dû faire face à « 1 000 manifestants radicaux dont 200 cagoulés ». Scénario identique : barricades, jets de pavés, véhicules caillassés et même des heurts entre les ouvriers d’un chantier situé quai Chateaubriand, sur les bords de la Vilaine, et les manifestants qui y font irruption peu avant 13 heures « afin de se réapprovisionner en barrières et en projectiles ». A 14 h 14, moins de deux heures après le début des échauffourées, 30 % du stock de grenades de l’unité est déjà consommé et un « recomplètement » est demandé par radio. Les incidents ne prendront fin qu’aux alentours de 17 heures.
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/03/25/retraites-les-crs-eprouves-apres-une-journee-noire-a-nantes-rennes-bordeaux-

    le sinistre de l’intérieur a revendiqué l’utilisation de 4000 grenades de désencerclement à Sainte-Soline.

    Edit le pointeur de l’intérieur semble avoir exagéré, ce serait 4000 grenades de toute sortes qui auraient été employées.
    La veille de la manif, il annonçait que « les Français vont voir ce week-end de nouvelles images extrêmement violentes », évoquant des activistes prêts à tuer du flic, ce qui fixait le cadre dans lequel allait s’exercer le maintien de l’ordre...

    #CRS #journaux_de_marche #police #manifestations

  • Coronavirus Tests Science’s Need for Speed Limits - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2020/04/14/science/coronavirus-disinformation.html

    But the mess he was seeing on Twitter suggested a downside of the service provided by the site, known as a preprint server, during the emerging coronavirus pandemic. The social media platform was awash with conspiracy theories positing that the new coronavirus had been engineered by the Chinese government for population control. And the theorists’ latest evidence was a freshly submitted paper on bioRxiv from a team of Indian researchers that suggested an “uncanny similarity” between proteins in H.I.V. and the new virus.

    Traditionally, the Indian researchers would have submitted a paper to a peer-reviewed journal, and their manuscript would be scrutinized by other scientists. But that process takes months, if not more than a year. BioRxiv, medRxiv — another site co-founded by Dr. Inglis — and other preprint servers function as temporary homes that freely disseminate new findings. For scientists on the front lines of the coronavirus response, early glimpses at others’ research helps with study of the virus. But there is a growing audience for these papers that are not yet fully baked, and those readers may not understand the studies’ limitations.

    “Science is a conversation,” said Dr. Ivan Oransky, a physician and co-founder of Retraction Watch, a blog that reports on retractions of scientific papers. “Unfortunately people in times of crisis forget that science is a proposition and a conversation and an argument. I know everybody’s desperate for absolute truth, but any scientist will say that’s not what we’re dealing with.”
    Science’s first draft

    In November 2013, Cold Spring Harbor Laboratories — a 130-year-old research institution — launched bioRxiv. Inspired in part by arXiv, a preprint server focusing on the physical sciences that started in 1991, Dr. Inglis and Richard Sever, a colleague at Cold Spring, hoped that the rapid dissemination of new biological research findings could help other researchers around the world validate or use that data. Interest in bioRxiv then drove the launch of medRxiv, which focuses on health sciences, in July 2019.

    Faced with the public misuse of the Indian team’s findings, Dr. Inglis and Dr. Sever decided to add a more prominent notice to readers than was already on the site for those who might not be familiar with preprints.

    Now, a yellow banner on every manuscript at bioRxiv warns readers that coronavirus papers on the site are “preliminary reports that have not been peer-reviewed. They should not be regarded as conclusive, guide clinical practice/health-related behavior, or be reported in news media as established information.”

    Such problems are not confined to preprint servers. Peer-reviewed journals are also receiving a greater volume of submissions about the novel coronavirus, and reviewers are working through them at a breakneck pace. “All the top journals have gotten lightning fast,” Dr. Topol said.

    While some of these peer-reviewed findings have helped other scientists, others have been exaggerated on social media and by traditional news outlets. One example was a study about the potential of combining anti-malarial and antibiotic drugs to treat Covid-19. President Trump touted it as “one of the biggest game changers in the history of medicine.” The paper’s publisher is now investigating its findings. To date, there is no conclusive data that suggests these drugs work.

    #Journaux_scientifiques #Prépublications

  • Quantifying the distribution of editorial power and manuscript decision bias at the mega-journal PLOS ONE
    https://arxiv.org/abs/1701.04906

    We focused on two variables that represent social factors that capture potential conflicts-of-interest: (i) we accounted for the social ties between editors and authors by developing a measure of repeat authorship among an editor’s article set, and (ii) we accounted for the rate of citations directed towards the editor’s own publications in the reference list of each article he/she oversaw. Our results indicate that these two factors play a significant role in the editorial decision process. Moreover, these two effects appear to increase with editor age, which is consistent with behavioral studies concerning the evolution of misbehavior and response to temptation in power-driven environments.

    #pouvoir #journaux_scientifiques

  • Quelques raisons de refuser la fouille imposée pour la manifestation du 15 septembre.
    http://paris-luttes.info/home/chroot_ml/ml-paris/ml-paris/public_html/local/cache-gd2/96/d1178cd743102513266c4a7f872f0b.jpg?1473792312
    http://paris-luttes.info/quelques-raisons-de-refuser-la-6670

    Comme lors des manifestations du 23 juin et du 5 juillet, les autorités ont probablement décidé de transformer les manifestations en zoo de la contestation. La manifestation du 15 septembre n’échapera pas à cette sinistre règle. À nous de lutter contre ce dispositif, et en premier lieu à refuser la fouille imposée à l’entrée de la manif.

    @lundimatin @rezo

  • Academics can change the world—if they stop talking only to their peers

    Research and creative thinking can change the world. This means that academics have enormous power. But, as academics Asit Biswas and Julian Kirchherr have warned, the overwhelming majority are not shaping today’s public debates.

    Instead, their work is largely sitting in academic journals that are read almost exclusively by their peers. Biswas and Kirchherr estimate that an average journal article is “read completely by no more than ten people.”

    http://qz.com/642892/academics-can-change-the-world-if-they-stop-talking-only-to-their-peers
    #publications #université #académie #journaux_scientifiques #édition_scientifique #débat_public

  • Sur le phénomène des #journaux_prédateurs (#spam scientifique) :

    Journal Accepts Paper Reading “Get Me Off Your Fucking Mailing List”
    http://www.iflscience.com/technology/journal-accepts-paper-reading-get-me-your-fucking-mailing-list
    http://www.iflscience.com/sites/www.iflscience.com/files/styles/ifls_large/public/blog/%5Bnid%5D/Screen_Shot_2014-11-21_at_10.19.51_AM.0.0.jpg?itok=4MeXBtp6

    A paper that largely consists of the words “Get me off your fucking mailing list” repeated 863 times has been accepted by a journal that claims to be peer reviewed. The move might appear to offer hope to scientists struggling to get marginal work published, but really just exposes the extent of scam publications pretending to be contributing to science.

    et un blog qui recense ces faux journaux qui permettent contre rémunération d’avoir des “publi” que personne ne lira jamais.

    http://scholarlyoa.com

    #bibliométrie #recherche via @anne

  • Journal de Jeunesse (Extraits)
    http://www.larevuedesressources.org/journal-de-jeunesse-extraits,1162.html

    Mardi 3 mars 1896 J’ai écrit à Valérie Kirmisson pour lui demander de venir jeudi chez moi, avec Magali. Elle est très gentille, Valérie, très bien élevée, très aimable et intelligente. Elle a quinze ans et demi. C’est drôle cette préférence que j’ai à choisir toutes mes amies beaucoup plus âgées que moi : c’est peut-être à cause de mon caractère tellement au-dessus de mon âge. Je ne sais pas si c’est heureux ou malheureux pour moi, d’être ainsi, de savoir bien des choses que les enfants ignorent, d’avoir une (...)

    #Journaux_personnels #Journal_intime

  • Asylum Seekers/Refugees’ Orientations to Belonging, Identity & Integration into Britishness: Perceptions of the role of the mainstream and community press

    This article considers asylum seekers/refugees’ perceptions of the negative asylum coverage that dominates mainstream press, as counter-posed to primarily positive representations in community newspapers. It explores how these perceptions, in different ways, contribute to asylum seekers/refugees’ fragility of national belonging, national identity and ability to integrate into the UK. The paper argues that while much of the coverage has questioned ethnic minority migrants’ ability to belong and integrate into an ‘imagined’ British national and cultural community, it incidentally strengthens asylum seekers/refugees’ transnational identities. The article suggests that in addition to a ‘policymaking/structuralist’ paradigm in understanding the ‘inclusion-exclusion’ that asylum seekers/refugees experience in the UK, the agency of news media as a powerful institution ought to be given due prominence. The article will add to calls for a victim centred approach to analysing forced migrants’ narratives that prioritises their views, while not precluding critical viewpoints.

    http://obs.obercom.pt/index.php/obs/article/view/668

    #réfugiés #migration #représentation #media #journaux_locaux #intégration #appartenance #identité #UK #Angleterre #asile

  • En finir avec le #journalisme
    http://atelier.mediaslibres.lautre.net/En-finir-avec-le-journalisme.html

    Plutôt que de s’arrêter à une critique globale des médias et du pouvoir des élites du journalisme, c’est bien à une critique radicale de la fonction même de journaliste qu’il faut s’intéresser. Aussi, au lieu de vouloir faire du journalisme autrement, ne serait-il pas préférable de faire de l’information, mais sans journalistes ?

    (…)

    On admet généralement que ce n’est pas le journalisme en tant que tel qui pose problème mais la manière dont il est pratiqué dans la presse marchande. Le journalisme serait neutre, seul son usage serait problématique. Quand il est « indépendant » ou « engagé », le journalisme serait un bon outil. Un moyen d’accéder à une connaissance critique et un puissant vecteur d’indignation. Or, il s’avère en fait que c’est le journalisme en tant que tel, dans sa forme moderne apparue à l’ère industrielle, qui pose problème : en tant que régime de construction de la réalité et de confiscation de la parole par des intermédiaires autorisés.

    • L’auteur de cet article a trop consommé de mass-medias. ça lui a ramolli le cerveau : il n’arrive pas à imaginer qu’un autre journalisme est possible. Il associe donc le journalisme au modèle dominant.

      Le rôle du « journaliste n’est pas seulement de délivrer de l’information brute. Mais de la mettre en, forme pour qu’elle soit lue par des acteurs qui ne sont a priori pas concernés par celle-ci. Cela prend du temps. C’est un métier.

      S’il poussait son raisonnement un peu plus loin, Zenoone parlerai de #division_sociale_du_travail , mais il s’arrête dans l’expectative du journalisme tant critiqué.

      Dernière remarque : » les journalistes sont contraints d’afficher une neutralité ". Il a vu ça où, l’auteur ? dans #l'Huma communiste ? dans #Libé socialiste ? dans Le "Figaro UMPiste ? dans #Les_Echos Libéral ? dans #La_Croix catholique. Le seul exemple qui pourrait coller à la recherche de la neutralité pourrait être #Le_Monde. Mais on a vu son lectorat fondre lorsqu’il s’est éloigné de sa ligne trotsko balladurienne (entendez par là l’ex-faculté de ce journal à ouvrir ses colonnes à des rédacteurs de tous horizons) pour se complaire dans un méandre dans sa démagogie centriste. Je n’aborde même pas la galaxie de site web indépendants tant il me semble que le journalisme d’opinion est développé en France . Encore faut-il la lire et lui donner la place qu’elle mérite.

      Après, on peut parler des #journaux_gratuits ou des #journaux_régionaux. Mais à ce niveau là, peut-on encore parler de journalisme ? N’est-ce pas l’absence de #journalisme caractérisant notre époque qu’il faudrait critiquer ?

    • La thèse défendue dans cet article réside dans la conception du journalisme comme « régime de construction de la réalité et de confiscation de la parole par des intermédiaires autorisés », justement ce que tu défends comme si cela ne devait jamais être questionné (la mise en forme de l’information brute par des professionnels). Sur le reste, la conclusion répond très bien à tes critiques il me semble.

    • On a du mal à vous suivre. Quel journalisme imaginez-vous ? Le journalisme d’origine donnait les nouvelles du jour dont les « faits-divers ».
      Les opinions de chacun manquent curieusement d’originalité, même si chacun semble y tenir comme à la prunelle de ses yeux.
      « Ce ne sont pas vos opinions qui comptent mais ce qu’elles font de vous, » disait l’autre.