• Avant-propos
    https://www.partage-noir.fr/avant-propos


    ❝Cet avant-propos ouvrait la deuxième édition de cette brochure. Pour les faiseurs de modes, l’anarchisme est mort avec les terroristes anarchistes. Pour les intellectuels soumis aux modes de pensée en vogue, l’anarchisme est mort parce qu’il n’a pas su prendre le pouvoir. Rares, en effet, sont les philosophies et les humanistes qui ont su dépouiller l’habit du vieil homme quand il s’agit pour eux d’analyser la notion de pouvoir. Encore plus rares sont ceux qui ont osé s’apercevoir (...) 01 - Réflexions sur l’anarchisme - Maurice Fayolle

    #Volonté_Anarchiste
    #Maurice_Fayolle

  • « Le Monde libertaire », l’enfant naturel du « Libertaire » (1954-1982)
    https://www.partage-noir.fr/le-monde-libertaire-l-enfant-naturel-du-libertaire-1954-1982

    En octobre 1954, Le Libertaire reparaît sous un titre que les circonstances nous ont obligé à modifier, car le vieux journal de Sébastien Faure et de Louise Michel, tombé dans des pattes douteuses, est en train d’agoniser. Il sera mensuel et il le restera longtemps. Dans son éditorial signé par la commission de presse, la rédaction « annonce la couleur » : Le Monde libertaire sera le journal de tous les anarchistes, ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être, mais il ouvrira ses colonnes à « des hommes épris de progrès ». L’ambition de la Fédération anarchiste se dévoile nettement dans ce texte. Il s’agit de faire du Monde libertaire un journal qui soit l’héritier du Libertaire classique, journal d’organisation, journal de militants, et des Temps nouveaux de Jean Grave, journal de culture ouvert à tous (...)

    #Maurice_Joyeux #Volonté_Anarchiste #Suzy_Chevet #Léo_Ferré #André_Prudhommeaux #Maurice_Laisant #Albert_Camus #Maurice_Fayolle #Fernando_Gomez_Pelaez #Collino #Paul_Chenard #Pierre-Valentin_Berthier
    https://www.partage-noir.fr/IMG/pdf/lmlibertaire-1954-n001.pdf

  • Du « Libertaire » au « Monde Libertaire » après la Seconde Guerre mondiale
    https://www.partage-noir.fr/du-libertaire-au-monde-libertaire-apres-la-seconde-guerre

    Le jeudi 21 décembre 1944, #Le_Libertaire reparaît : quatre pages sous un format réduit, avec ce sous-titre : « Sébastien Faure et Louise Michel : fondateurs ». Il est bi-mensuel et va le rester pendant plus d’une année. Son format est réduit à l’image de la presse de ces temps difficiles. Cependant, même si les caractères du titre sont restés les mêmes, sa présentation est bien différente. Les articles sont courts, le contenu englobe toute l’activité politique, sociale, culturelle de l’époque. C’est, compte-tenu des circonstances, un bon journal. Les hommes et les femmes qui vont l’animer sont mes contemporains. Citons Henri Bouyé, Vincey, Durand, #Suzy_Chevet, auxquels, sortant de Montluc, je vais bientôt me joindre. Si l’on voulait qualifier ce premier numéro et ceux qui vont suivre, on pourrait dire (...)

    #Monde_libertaire #Maurice_Joyeux #Henri_Bouyé #Louis_Mercier-Vega #Gaston_Leval #Georges_Brassens #Volonté_Anarchiste

  • « Le Libertaire » entre les deux guerres mondiales (1919-1939)
    https://www.partage-noir.fr/le-libertaire-entre-les-deux-guerres-mondiales-1919-1939

    1919. #Pierre_Martin a disparu, #Louis_Lecoin va prendre sa place pour animer Le Libertaire qui reparaît. De nouvelles signatures vont s’ajouter à celles qui ont survécu au carnage et à la désagrégation des consciences jetées dans ce pourrissoir qu’est l’état de guerre. Sébastien Faure essaiera bien, pendant cette période tragique, de faire paraître un journal : Ce qu’il faut dire, qui devra rapidement se saborder devant les menaces du pouvoir. Les anarcho-syndicalistes crieront avec les militants qui iront à Zimmerwald pour essayer d’arrêter la guerre : Cette guerre n’est pas notre guerre. Efforts infructueux, mais qui sauveront l’honneur du mouvement ouvrier. Les anarchistes, cependant, ne désarment pas. Ils feront paraître le 15 juin 1917 un numéro clandestin du Libertaire, ce qui vaudra à (...)

    #Maurice_Joyeux #Nestor_Makhno #Piotr_Archinov_ #Pierre_Besnard #Volonté_Anarchiste #Maurice_Joyeux #Nicolas_Faucier #André_Prudhommeaux

  • « Le Libertaire » avant La Première Guerre mondiale (1895-1914)
    https://www.partage-noir.fr/le-libertaire-avant-la-premiere-guerre-mondiale-1895-1914

    C’est le 16 novembre 1895 que #Sébastien_Faure publie le premier numéro du Libertaire, en France cette fois-ci ! Le journal prend la suite des deux hebdomadaires anarchistes : La Révolte de #Jean_Grave et Le Père Peinard d’Emile Pouget, qui viennent d’avoir des ennuis avec la justice. Il n’est pas sans intérêt de noter qu’à la même époque, Jean Grave, qui ne désarme pas, lance #Les_Temps_nouveaux destiné à remplacer La Révolte et dont l’audience va devenir considérable dans les milieux littéraires. #Maurice_Joyeux

    / #Volonté_Anarchiste, Jean Grave, Les Temps nouveaux, Georges Yvetot , #Émile_Pouget, #Pierre_Martin, #Louis_Lecoin, Sébastien Faure, #Charles_Malato, #Victor_Méric, Georges (...)

    #Georges_Yvetot_ #Georges_Pioch

  • La naissance d’un journal : « Le Libertaire » américain (1858-1861)
    https://www.partage-noir.fr/la-naissance-d-un-journal-le-libertaire-americain-1858-1861

    Sous une forme qui a souvent varié, Le Libertaire est un des plus vieux titres de la presse de langue française. Au cours de ces cent cinquante dernières années, chacune des nuances de la pensée socialiste révolutionnaire a été représentée en son temps par un journal dont le titre, dans sa continuité, a subi les aléas que lui imposèrent ses démêlés avec la justice, ses difficultés économiques, ou simplement les influences internes qui se disputaient sa direction. Le Libertaire, pas plus que d’autres titres, n’échappera à ces vicissitudes qui furent le lot de la presse depuis que Théophraste Renaudot lança, en 1631, la première feuille politique qu’il appela La Gazette. Ainsi, Le Peuple de Proudhon sera, au hasard des événements politiques, Le Représentant du Peuple ou La Voix du Peuple comme Le Libertaire (...)

    #Maurice_Joyeux #Etats-Unis #Joseph_Déjaque #Archives_du_Monde_libertaire #Volonté_Anarchiste
    https://fr.theanarchistlibrary.org/library/joseph-dejacques-a-bas-les-chefs-fr

  • [BD] #Maurice_Joyeux (1910-1991)
    https://www.partage-noir.fr/bd-maurice-joyeux-1910-1991

    ❝Né le 29 janvier 1910 dans le dixième arrondissement de Paris, fils d’un militant socialiste mort à la guerre, Maurice Joyeux grandit à Levallois-Perret. Apprenti, il quitte sa famille à 13 ans. Adhérent de la CGTU, il milite entre autres au Comité des chômeurs dont il deviendra le secrétaire. Une des actions de ce comité sera l’attaque du consulat de Pologne, relatée dans un de ses romans, et qui lui vaudra un an de prison, en 1933. Maurice Joyeux adhère à l’Union anarchiste en 1935 (...) Partages


    / #Maurice Joyeux #@narlivres
    #anarchiste
    https://www.partage-noir.fr/IMG/pdf/bd-joyeux.pdf

  • Pour les 70 ans du 14 juillet 1953 commémoration et appel à refaire les défilés populaires du 14 juillet - Histoire coloniale et postcoloniale
    https://histoirecoloniale.net/Pour-les-70-ans-du-14-juillet-1953-commemoration-et-appel-a-refai

    Lors du #Front_populaire et entre la Libération et 1953, la #Fête_nationale a été marquée par des défilés populaires dans Paris, le plus souvent entre la place de la Bastille et la place de la Nation. Le massacre par la #police parisienne, le 14 juillet 1953, place de la Nation, des #Algériens défilant parmi les Parisiens en demandant leur indépendance y a mis fin. Six d’entre eux ont été tués par balles ainsi qu’un syndicaliste de la Métallurgie #CGT qui les défendait. Cette répression a marqué la fin des #défilés_populaires du 14 juillet. 70 ans après ce drame trop oublié, une commémoration spectaculaire aura lieu le 13 juillet Place de la Nation. Et de nombreuses associations et organisations syndicales ou politiques appellent à refaire, chaque #14_juillet, les défilés populaires en hommage à la Révolution française.


    https://www.infolibertaire.net/que-fait-la-police-2
    https://antiopees.noblogs.org/post/2023/07/09/que-fait-la-police

    Le 16 juillet 1942, #Maurice_Rajsfus avait quatorze ans. Il fut arrêté par la #police_française avec ses parents et sa sœur lors de la rafle dite du Vel d’Hiv. Les deux enfants furent libérés à la suite des quiproquos absurdes dont les bureaucraties ont le secret et qui ménagent les (très) rares interstices de liberté en régime totalitaire. Ils ne revirent plus jamais leurs parents. Dès lors, et jusqu’en 2020, date de sa mort, Maurice eut une dent contre les flics : « je n’aime pas la police de mon pays », disait-il, comme on dit aujourd’hui ACAB.

    https://editionsdudetour.com/index.php/collection-maurice-rajsfus
    https://www.youtube.com/watch?v=lQRgym8IDGM

  • ★ KARL MARX : LE TÉNIA DU SOCIALISME - Socialisme libertaire

    Maurice Joyeux : Karl Marx, le ténia du socialisme  ! (1983) 

    Il y a cent ans, Karl Marx disparaissait. Les sociétés communistes vont commémorer l’événement en jouant de la cymbale, plus ostensiblement en Russie et dans les démocraties populaires, et avec moins de fastes de la part des partis communistes occidentaux où on a plus de difficultés à faire coïncider les prophéties du « Grand Sachem » avec les impératifs imposés par les évolutions économiques et sociales de l’humanité. Parmi les citoyens qui ont rejeté le marxisme, on en parlera avec cette ignorance et ce détachement inévitables que l’on porte aux personnages qui ont joué un rôle, mais que le temps estompe sans les effacer complètement.

    En dehors d’une œuvre idéologique discutable, et par la place qu’il occupe dans l’histoire, Marx mérite mieux que les propos dithyrambiques des uns ou l’indifférence des autres. Sa destinée, à la fois complexe et passionnante, épouse son époque. Il est né au début d’un siècle qui va accoucher d’une transformation prodigieuse de l’économie qui prendra la place qu’occupait autrefois la philosophie dans la préoccupation intellectuelle des hommes, et cela en un temps où les mutations s’accomplissent à une cadence inconnue depuis les origines. Il appartiendra à un poignée d’idéologues qui, comme lui, prirent conscience de l’avenir qui attend la société, de l’accompagner intellectuellement au cours de la première partie de son existence. Le destin de ces hommes passionnés de comprendre, de savoir, d’expliquer, et finalement de penser l’évolution qui se dessinait, ce sera de donner une forme première à ce qu’on peut appeler, au large sens du terme, le socialisme, et ils revendiqueront hautement le mot avant que leurs apports personnels différents ne conduisent les élites à les singulariser par une formule particulière qui cerne mieux leur propos, et qu’ils relèveront car elle délimitera leurs acquis théoriques et soulignera leurs ambitions particulières (...)

    #Marx #marxisme #communisme #socialisme...
    #anarchisme #Maurice_Joyeux

    ⏩ Lire l’article complet…

    ▶️ https://www.socialisme-libertaire.fr/2023/05/karl-marx-le-tenia-du-socialisme.html

  • 60 ans de “Max et les Maximonstres” : toujours le livre de jeunesse le plus subversif ?
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/sans-oser-le-demander/max-et-les-maximonstres-de-maurice-sendak-a-60-ans-pourquoi-la-punition-

    Le chef-d’œuvre de Maurice Sendak fête ses 60 ans. Max, puni pour avoir fait des bêtises, se retrouve sur l’île des Maximonstres. Comment interpréter ce voyage ? Comment recevoir ce livre pour enfants pas comme les autres, fait de monstres effrayants et dépourvus de paroles ?

    lol qui est le⋅a stagiaire qui a titré ça débilement au départ (url) alors que c’est pas du tout ce qui est dit dans le contenu ?

    #audio #radio #France_Culture #Maurice_Sendak #littérature_jeunesse #imagination #enfants #monstres

    • Oui ça doit être leur façon de prendre position dans le débat sur le time-out...
      Sur le livre :

      Soon after, he began work on another solo effort. The story was supposed to be that of a child who, after a tantrum, is punished in his room and decides to escape to the place that gives the book its title, the “land of wild horses”. Shortly before starting the illustrations, Sendak realized he did not know how to draw horses and, at the suggestion of his editor, changed the wild horses to the more ambiguous “Wild Things”, a term inspired by the Yiddish expression “vilde chaya” ("wild animals"), used to indicate boisterous children.

      He replaced the horses with caricatures of his aunts and uncles, caricatures that he had originally drawn in his youth as an escape from their chaotic weekly visits, on Sunday afternoons, to his family’s Brooklyn home. Sendak, as a child, had observed his relatives as being “all crazy – crazy faces and wild eyes”, with blood-stained eyes and “big and yellow” teeth, who pinched his cheeks until they were red. These relatives, like Sendak’s parents, were poor Jewish immigrants from Poland, whose remaining family in Nazi-occupied Europe were killed during the Holocaust while Sendak was in his early teens. As a child, however, he saw them only as “grotesques”.

      When working on the 1983 opera adaptation of the book with Oliver Knussen, Sendak gave the monsters the names of his relatives: Tzippy, Moishe, Aaron, Emile, and Bernard.

      https://en.m.wikipedia.org/wiki/Where_the_Wild_Things_Are

  • Le CNR : derrière le mythe, une opération politique
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/05/10/le-cnr-derriere-le-mythe-une-operation-politique_657535.html

    À l’occasion de l’hommage de Macron à Jean Moulin, le 8 mai à Lyon, la CGT a tenu à placer la manifestation de protestation sous le signe de la défense de « l’héritage social de la Résistance ». Elle s’est revendiquée de Jean Moulin qui, selon elle, « a unifié toutes les résistances derrière le programme du #CNR ».

    Pour bien des organisations sociales, le Conseil national de la Résistance (CNR) serait la matrice de toutes les avancées des 80 dernières années, en particulier la Sécurité sociale et la retraite par répartition. #Ambroise_Croizat, ministre #PCF du Travail et de la Sécurité sociale en 1945-1946, est célébré comme un héros de la classe ouvrière. Mais le CNR camouflait une opération politique.

    En unifiant la #Résistance, #Jean_Moulin, ex-préfet en mission pour de Gaulle, visait à réaliser derrière ce général réactionnaire l’union de tous les partis, de la droite jusqu’au PCF. L’objectif était de remettre en selle l’appareil d’État français, en s’émancipant le plus possible de la tutelle américaine et en évitant toute révolte sociale. Le programme du CNR, les « jours heureux », était l’habillage social de cette unité politique. Dans cette alliance, le PCF apportait son influence parmi les classes populaires et son réseau militant capable d’encadrer les travailleurs qui espéraient que leur vie change après la guerre. En échange, de Gaulle allait donner au PCF trois puis cinq ministères dans les gouvernements issus du CNR.

    Le rôle du PCF et de la #CGT entre 1944 et 1947 fut de promettre aux travailleurs des jours heureux lointains pour leur faire accepter les sacrifices immédiats, rationnement, travaux pénibles, et la remise en place de l’ordre social. #Maurice_Thorez, dirigeant du PCF et ministre d’État, fustigea « la grève, arme des trusts » et exhorta les mineurs de charbon à « produire, produire et encore produire » pour gagner la bataille de la production. À ceux qui n’avaient pas oublié le rôle de la police sous Pétain, à ceux qui entendaient maintenir des milices armées, il ordonna : « Une seule police, une seule armée ». La police de Macron et Darmanin qui éborgne aujourd’hui les manifestants est la lointaine héritière de la police pétainiste blanchie par le gouvernement issu du CNR.

    L’État rebâti sous l’égide de #de_Gaulle et Thorez n’était en rien celui des travailleurs. À quelques exceptions près, les grands patrons qui avaient fait des affaires pendant l’occupation allemande conservèrent leurs usines. Les nationalisations tant vantées permirent la reconstruction et l’approvisionnement de leurs entreprises détruites. Même les concessions faites aux travailleurs, les assurances sociales et la retraite, profitaient aux patrons : construire un système collectif d’assurance maladie ou vieillesse leur permettait de maintenir les salaires au plus bas.

    Symbole du fait que le gouverne­ment issu du CNR défen­dait coûte que coûte les intérêts de la bourgeoisie française : le 8 mars 1945, de Gaulle faisait bombarder et massacrer plusieurs dizaines de milliers d’Algériens à ­Sétif et Guelma parce qu’ils avaient osé se révolter contre l’ordre colonial. Les ministres du PCF et les chefs de la CGT apportèrent leur caution à ces massacres.

    Taire cette histoire serait se préparer à livrer une nouvelle fois les travailleurs à leurs exploiteurs.

    #mythe #stalinisme

  • #rappel La fête de LO pendant le week-end de la Pentecôte, à Presles (95)

    La fête se déroule à Presles le samedi 27 mai de 11 h à 23 h, puis sans interruption du dimanche 28 mai à 9 h au lundi 29 mai à 20 h.

    La carte est valable pendant les trois jours de la fête. Elle coûte 20 euros en prévente jusqu’au 24 mai au soir, 25 euros ensuite et sur place. L’entrée est gratuite pour les enfants de moins de 14 ans accompagnés.

    Pour obtenir à l’avance 20 % de réduction sur vos dépenses, des bons d’achat sont disponibles. Payés 4 euros, ils valent 5 euros pendant la fête.

    Cartes et bons d’achat sont disponibles auprès de nos militants et ici : https://fete.lutte-ouvriere.org/billetterie

    Train : gare de Presles-Courcelles (ligne H depuis la gare du Nord) – départ toutes les heures à partir de 6 h 34 – 38 minutes de trajet.

    Cars gratuits depuis le métro Saint-Denis-Université (ligne 13) : samedi 10 h à 17 h – dimanche 8 h à 17 h – lundi 8 h à 14 h. Retour : jusqu’à 23 h le samedi, 1 h 50 le dimanche, 20 h le lundi.

    Renseignements, programme, vente de cartes et bons : https://fete.lutte-ouvriere.org

    • Les présentations de livres à la fête cette année :

      – Guillaume Fondu, préfacier et traducteur, et Éric Sevault, éditeur : Les Carnets de la Révolution russe, de #Nikolaï_Soukhanov
      – Marc Plocki : pour la réédition des livres de #Maurice_Rajsfus, historien-militant
      – Marion Leclair et Alexia Blin : Les articles du New-York Daily Tribune de #Marx et #Engels
      – Rémi Adam : Vendus contre des obus, d’Alexeï Kozlov
      – Lucien Détroit, préfacier : Sur les piquets de grève, les femmes dans la grande grève des mines de l’Arizona de 1983, de #Barbara_Kingsolver
      – Henri Marnier, préfacier : Seuls les fous n’ont pas peur, de Georg Scheuer

      Au chapiteau des sciences :

      Samedi
      – Valérie Delattre : les grandes #épidémies de peste
      – Patrick Berche : les #pandémies virales contemporaines
      – Claire Mathieu : #ChatGPT
      – Paul Verdu : la diversité des couleurs de peau
      – Pierre-Olivier Lagage : le télescope spatial James Webb

      Dimanche
      – Vincent Mourre : les outils en pierre de nos ancêtres
      – Patrizia D’Ettorre : les #fourmis et leur monde d’odeurs
      – Olivier Lambert : quand les #baleines marchaient sur la terre ferme
      – François Desset : faire revivre les langues anciennes
      – Dalila Bovet : l’#intelligence des #oiseaux
      – Antoine Balzeau : une brève histoire des origines de l’humanité #préhistoire
      – Bahia Guellai : les enfants face aux #écrans

      Lundi
      – Roland Salesse : le cerveau cuisinier
      – Edwin Roubanovitch : la #musique à la #Préhistoire
      – Alain Riazuelo : l’aventure de la Terre
      #Étienne_Klein : la démarche scientifique
      – Michel Viso : les défis pour aller sur Mars

  • Maurice Tréand
    https://www.atlande.eu/une-autre-histoire/991-maurice-treand-9782350308685.html
    La vie trépidante de l’homme des basses besognes du PC
    Maurice Tréand est connu pour être l’homme qui a convaincu les Allemands qui occupaient Paris de laisser reparaître L’Humanité en juillet 1940.
    Issu d’un milieu social modeste, Tréand devient, par son action musclée dans les Jeunesses communistes, un cadre régional d’envergure. Ayant accédé au poste de permanent du comité central, il est envoyé à Moscou à l’École léniniste internationale et obtient à son retour des fonctions au sein de la commission centrale des cadres où il est l’homme des basses besognes du parti. Très rapidement, entre 1934 et 1938, Tréand s’impose comme le patron de cette commission, véritable police secrète interne. La guerre entraîne finalement sa chute, sa mort politique puis physique et, pour le Parti communiste, la gestion de sa mémoire.
    #PCF #Maurice_Tréand #Sylvain_Boulouque

  • There are approaches in #Migration_Studies that (still) believe governments can turn migration on and off like a tap. That they can simply ‘manage’ and neatly regulate migration through policy tools, usually depending on supposed market needs.
    Then there’s the Autonomy of Migration approach that focuses on migrant resistances & subjectivities ‘on the move’. Without downplaying the violence of borders and migration policy, it points us to the material struggles of migration and contestations over human mobility.
    Why is this important? Just look at the case of Italy at the moment. The new government has continued the anti-migration agenda of previous governments but adds more overt racism and ‘border spectacle’ to it, harassing civil rescuers and the like. That’s bad enough.
    The border spectacles of the Meloni government (and other EU governments, also in the UK) are horrible and violent, sure. They are dehumanising, they poison society, generate hate and division. They will also lead to more deaths at sea, no doubt about that. But…
    …these spectacles are also expressions of desperation on the side of the powerful. They see that no matter what they try, ‘unruly’ migration continues, people arrive. For years now, Italy, other EU member states, and the EU as such have invested in the Mediterranean border.
    They have withdrawn EU rescue capacities, harassed civil rescuers, criminalised people on the move. They have built up interception capacities in Libya, collaborated with militias, increased aerial surveillance. They have pushed-back, non-assisted, let drown.
    Still, all of this has failed to achieve what it was meant to. Arrival numbers are higher this year than in the last four, maybe even five. Over 92.000 people arrived to Italy, only a fraction rescued by NGOs. The majority landed autonomously or were rescued close to shore.
    That’s EU migration policy failure in plain sight. That’s trying to turn the ‘migration tap’ off (of course, only for certain migrations!) but not knowing where the tap even is or which way to turn it when found. Utter helplessness.
    This inability to ‘manage’ unauthorised migrations leads to desperation and this breeds even more violent border measures. That’s why solidarity with those on the move is needed, and this is why we need to do what we can to monitor the EU’s (externalised) border practices.
    But in times when the issue of migration becomes so horribly abused in political projects and agendas, it’s important to remember this inability of policy and the material fact of migration: about 2.5 million people reached the EU via the sea over the last ten years.
    They crossed the Mediterranean and made Europe home, despite its borders, despite its hostile environments. It is this material fact of migration that gives me hope in pretty dark times.

    https://twitter.com/MauriceStierl/status/1592865221902622720

    #autonomie_des_migrations #migrations #Maurice_Stierl #désobéissance_spatiale #inefficacité #violence

    ping @karine4

  • #AuPoste 47 : soirée de lancement de la collection #MauriceRajsfus
    http://www.davduf.net/auposte-47-soiree-de-lancement-de-la-collection

    Fierté (et fébrilité) d’animer la soirée de lancement de la collection #MauriceRajsfus en compagnie (et quelle compagnie !) de ses enfants, de l’historienne Ludivine Bantigny, et de l’avocat #Arié_Alimi. Samedi 19 juin à 17 h, au Lieu-dit (Paris 20e). #Au_Poste sera en direct ! Le Lieu-Dit, les éditions du Détour et l’Association des amis de #Maurice_Rajsfus ont le plaisir de vous inviter à une rencontre autour de Maurice Rajsfus. À 17h la collection sera présentée par Bertrand Bernard du Détour et (...) Au Poste

    / #Police, Une, Arié Alimi, Maurice Rajsfus

  • Soirée de lancement de la collection #MauriceRajsfus
    http://www.davduf.net/soiree-de-lancement-de-la-collection

    Fierté (et fébrilité) d’animer la soirée de lancement de la collection #MauriceRajsfus en compagnie (et quelle compagnie !) de ses enfants, de l’historienne Ludivine Bantigny, et de l’avocat #Arié_Alimi. Samedi 19 juin à 17 h, au Lieu-dit (Paris 20e) Le Lieu-Dit, les éditions du Détour et l’Association des amis de #Maurice_Rajsfus ont le plaisir de vous inviter à une rencontre autour de Maurice Rajsfus. À 17h la collection sera présentée par Bertrand Bernard du Détour et Marc Plocki, fils de Maurice (...) #Police

    / #Police, Une, Arié Alimi, Maurice Rajsfus

  • Notes anthropologiques (LXII)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/Notes-anthropologiques-LXII

    « La violence sacrificielle manipulée par les seigneurs a servi à renforcer les inégalités sociales, en concentrant et en centralisant le pouvoir. Maurice Godelier rappelle justement que, dans la théorisation du don, Mauss ajoute une quatrième obligation, souvent oubliée, aux trois étapes classiques de la réciprocité : donner, recevoir, rendre. Il s’agit de l’obligation de faire des dons aux dieux et aux hommes qui les représentent. Les offrandes et les sacrifices auraient la capacité de “contraindre” les divinités à continuer à dispenser aux humains les biens dont ils sont les maîtres (pluie, nourriture, plantes, richesses diverses). Dans ces rapports, les dieux et les esprits sont toujours supérieurs aux hommes, qui restent perpétuellement les débiteurs. La formation de classes sociales et la divinisation des seigneurs (rois, souverains) qui manipulent ces croyances sont corrélatives de cet “endettement”. C’est la dette de la vie (de l’énergie qui anime les hommes, de leur sang) que les hommes doivent payer régulièrement aux divinités par le truchement de ceux qui les représentent, voire de ceux qui les incarnent. Le sacrifice humain est donc une prédation et il n’est pas étonnant que les félins, les plus grands prédateurs du règne animal, apparaissent constamment dans l’iconographie des peuples américains. »

    Dans un premier temps, Je me propose de commenter ce passage de Carmen Bernand tiré de son livre Histoire des peuples d’Amérique.

    La première remarque concerne le don aux dieux, qui serait selon l’opinion de Maurice Godelier une quatrième obligation, le plus souvent oubliée, dans les étapes concernant le don : le don aux dieux viendrait donc couronner les différents moments qui définissent d’un point de vue théorique la pratique du don : donner, obligation de recevoir, obligation de rendre et, enfin obligation de faire des dons aux dieux. Dans cette affaire, Maurice Godelier et à sa suite Carmen Bernand confondent, volontairement ou non, deux circonstances différentes qui peuvent se présenter en fonction du donneur : il s’agit de rendre à qui donne. (...)

    #anthropologie #Carmen_Bernand #Maurice_Godelier #Marshall_Sahlins #Luc_de_Heusch #don #dette #dieux #assujettissement #aliénation #banques #insoumission #zapatistes

  • #AuPoste 32 : #Maurice_Rajsfus l’éclaireur raconté par ses enfants - davduf.net
    http://www.davduf.net/auposte-32-maurice-rajsfus-l-eclaireur-raconte

    Michelle et Marc Plocki seront #AuPoste ce jeudi pour parler de leur père, décédé en juin denier, écrivain, historien, activiste, observateur de la chose policière et des fascismes. Ensemble, on parlera de Maurice le travailleur acharné, de la réédition en cours de ses œuvres, de ses archives (désormais en lieu sûr), de ce qu’il reste de lui et de ce qu’il nous reste à faire. C’est à 8h45, c’est ouvert à tous et toutes. Soyez là, soyez nombreux !

  • Décryptage du rapport Duclert : une analyse superficielle qui exonère à tort l’État français
    https://survie.org/themes/genocide-des-tutsis-au-rwanda/la-france-et-le-genocide-des-tutsis/article/decryptage-du-rapport-duclert-une-analyse-superficielle-qui-exonere-a-tort-l

    Survie a lu et analysé le rapport de la #commission_Duclert sur les archives relatives au rôle de la #France au #Rwanda entre 1990 et 1994. En attendant la publication annoncée de milliers de documents, il n’apporte pas vraiment d’éléments nouveaux... mais occulte ou édulcore les questions les plus compromettantes. La commission se permet ainsi de conclure "responsable mais pas coupable", au sujet d’une complicité qu’elle a par ailleurs évité d’aborder en ne travaillant que sur les #archives. A ce titre, elle fait pire que la mission d’information parlementaire de 1998, qui avait déjà contribué, dans un exercice similaire, à masquer la complicité de l’ #État_français.

    La manière dont l’État français s’est engagé auprès du régime génocidaire étant connue et documentée depuis longtemps, ce rapport ne contient rien de véritablement nouveau. En travaillant à partir d’un matériau parcellaire (les archives versées uniquement), la commission ne pouvait pas mener l’enquête approfondie qui aurait permis d’éclairer certaines zones d’ombre. Pour cela, il aurait fallu qu’elle croise les documents avec d’autres sources (témoignages en particulier) et qu’elle les confronte avec les travaux existant sur la question pour tirer les conclusions qui s’imposent.

    Des points cruciaux ne sont abordés que de manière superficielle, comme la formation du Gouvernement Intérimaire Rwandais sous la houlette de l’ #ambassade de France, ou l’abandon à leurs tueurs de 2 000 #Tutsis à #Bisesero, sans que la hiérarchie militaire ne donne l’ordre de les secourir [1]. De plus, les aspects les plus controversés de la présence française au Rwanda sont occultés, comme le rôle éventuel joué par des militaires ou des mercenaires français dans l’attentat du 6 avril 1994 et dans la défense de #Kigali entre avril et juillet 1994, les raisons de la présence officieuse de soldats français pendant le génocide, les livraisons d’armes pendant le #génocide, l’ordre donné de réarmer les auteurs du génocide une fois ceux-ci passés au #Zaïre, ou encore le soutien apporté par les autorités françaises au projet de reconquête du Rwanda par le régime génocidaire.

    Par ailleurs, en désignant des boucs émissaires, l’état-major particulier du chef de l’État et l’ambassadeur de France à Kigali notamment, la commission attribue l’essentiel des responsabilités de la faillite de la politique française au Rwanda au président #François_Mitterrand, aujourd’hui décédé, à ses conseillers militaires, à l’ambassadeur #Georges_Martres, sans qu’un lien soit fait avec la politique ordinaire de la France en #Afrique.

    Car si ces acteurs, prisonniers de représentations idéologiques erronées – ethnicisme, lutte d’influence avec les « Anglo-Saxons » - se sont montrés incapables de prendre en compte le génocide en préparation puis en cours, beaucoup d’éléments montrent que ces représentations n’étaient pas le propre de Mitterrand et d’un petit cercle de conseillers. Elles étaient largement partagées au sein du Quai d’Orsay et de l’état-major des armées. Cette analyse des réalités africaines en termes ethnicistes et de rivalité géopolitique avec les Anglo-Saxons remonte à la #colonisation et imprégnait en 1994 toutes les structures de l’État ayant à faire avec l’Afrique. La commission s’exonère ainsi d’évoquer la #Françafrique et de questionner le fonctionnement global des institutions.

    Pour finir, c’est une « responsabilité accablante » qui est évoquée, mais en rejetant toute idée de complicité. La commission donne pour cela une définition très étroite de la #complicité_de_génocide, selon laquelle le complice doit partager l’intention. La commission exclut donc que les autorités françaises aient pu se rendre complices des auteurs du génocide. Cette définition est erronée. Se rend en effet complice celui qui aide le criminel, en connaissance de cause, avec un effet sur le crime commis, sans pour autant partager son intention. A l’évidence la commission est sortie de son rôle d’analyse historique pour endosser un rôle politique au service du pouvoir.

    [1] Ils seront secourus à l’initiative de militaires français. Sur cet épisode, voir cet article : https://survie.org/themes/genocide-des-tutsis-au-rwanda/nos-actions-en-justice/article/dossier-judiciaire-bisesero-mobilisation-des-parties-civiles-pour-eviter-un

    • Commission Duclert sur le rôle de la France au Rwanda : l’Elysée privilégie « l’aveuglement » pour masquer la complicité française

      https://survie.org/themes/genocide-des-tutsis-au-rwanda/la-france-et-le-genocide-des-tutsis/article/commission-duclert-sur-le-role-de-la-france-au-rwanda-l-elysee-privilegie-l

      La « commission Duclert » vient de remettre à #Emmanuel_Macron le fruit de 2 ans de travail sur le rôle de la France au Rwanda, avant et pendant le génocide des Tutsis : un rapport de 1200 pages, dont l’ #Élysée a savamment fait la promotion auprès des journalistes en annonçant qu’il concluait à une « responsabilité accablante », basée sur une « faillite de l’analyse » et un « aveuglement » des décideurs français. Selon les éléments communiqués par l’exécutif français, la commission Duclert rejette l’accusation de « complicité de génocide », au prétexte que l’intention génocidaire n’était pas partagée par Paris.

      Pour l’association #Survie, qui dénonce depuis 1994 le soutien de la France aux génocidaires rwandais, ces premiers éléments rappellent les conclusions édulcorées de la mission d’information parlementaire de 1998, ou encore les propos du Président #Sarkozy en 2010 qui faisaient état de "graves erreurs d’appréciation" au sujet du Rwanda.

      Comme l’explique #Patrice_Garesio, co-président de Survie, « Si l’Élysée matraque de tels éléments avant même que chercheurs et associations aient pu lire le rapport, c’est mauvais signe : c’est une tentative de saborder tout débat. Parler de "faillite de l’analyse" et d’"aveuglement" est un recul, car on savait avant même la création de la commission que des analyses très lucides et pertinentes ont été transmises jusqu’à la tête de l’État et qu’elles ont été sciemment écartées par les décideurs de l’époque. La complicité est documentée, l’enjeu serait plutôt de compléter le tableau, hélas très cohérent sur la base de ce qui est déjà public. »

      Aujourd’hui, il n’y a plus de doute, seulement des dénégations. Le soutien français aux génocidaires n’avait rien d’aveugle ; il s’est même poursuivi après le génocide, alors que les faits étaient connus. Comme l’association Survie l’a déjà montré dans ses publications [1] : il y a bien eu #complicité, dans le sens d’un appui effectif qui a facilité le crime,et en connaissance de cause. Rappelons que #Maurice_Papon a été condamné pour complicité de crime contre l’humanité malgré l’absence "d’intention génocidaire".

      L’association Survie, à travers un travail collectif de ses militants, va analyser en profondeur le rapport et en publiera prochainement un compte rendu ; ainsi, le débat pourra s’établir sur des bases concrètes, plutôt que sur des effets d’annonce du Palais.

      Contact presse : Mehdi Derradji - chargé de la communication et des relations externes (+33 6 52 21 15 61) mehdi.derradji@survie.org

      [1] Voir notamment : Raphaël Doridant et François Graner, L’État français et le génocide des Tutsis au Rwanda, coll. Dossiers noirs, Agone-Survie, Marseille, 2020. https://agone.org/livres/letatfrancaisetlegenocidedestutsisaurwanda/9782748903942

    • Rwanda : les créanciers du génocide
      https://cadtm.org/Rwanda-les-creanciers-du-genocide

      Les principaux fournisseurs d’armes au Rwanda entre 1990 et 1994 sont la France, la Belgique, l’Afrique du Sud, l’Égypte et la République populaire de Chine. Cette dernière a fourni 500 000 machettes. L’Égypte - dont le vice-ministre des Affaires étrangères, chargé des relations avec l’Afrique, n’était autre que Boutros Boutros-Ghali - a offert au Rwanda un crédit sans intérêt pour lui permettre d’acheter des armes d’infanterie pour un montant de six millions de dollars en 1991. Une fois le génocide déclenché, alors que l’ONU avait décrété, le 11 mai 1994, un embargo sur les armes, la France et la firme britannique Mil-Tec ont fourni des armes à l’armée criminelle via l’aéroport de Goma au Zaïre (Toussaint, 1996). Une fois Kigali, capitale du Rwanda, prise par le FPR, plusieurs hauts responsables du génocide ont été reçus à l’Élysée. Les autorités rwandaises en exil ont installé à Goma avec l’aide de l’armée française le siège de la Banque Nationale du Rwanda. Celle-ci a effectué des paiements pour rembourser l’achat d’armes et en acheter de nouvelles jusque fin août 1994. Les banques privées Belgolaise, Générale de Banque, BNP, Dresdner Bank... ont accepté les ordres de paiement des génocidaires et ont remboursé les créanciers du génocide.

    • The Silence: 25 Years Since the Rwandan Genocide
      https://www.magnumphotos.com/newsroom/conflict/gilles-peress-silence-25-years-since-rwandan-genocide
      Author Philip Gourevitch’s memories and Gilles Peress’ images: the importance of documenting atrocity


      Gilles Peress Near the border of Rwanda. Goma. Zaire. 1994. © Gilles Peress | Magnum Photos

      “The immensity of this crime is beyond our imagination and is only surpassed by the unbelievable indifference of the West”
      – Gilles Peress

  • Le « parler petit nègre », une invention coloniale
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/01/22/le-parler-petit-negre-une-invention-coloniale_6067162_3224.html

    Contrairement à ce que l’on croit souvent, le « petit nègre » n’est pas un « français élémentaire usité par les Nègres des colonies », comme l’affirmait en 1926 le Larousse du XXe siècle, mais un idiome inventé par l’administration française. « Comment voudrait-on qu’un Noir, dont la langue est d’une simplicité rudimentaire et d’une logique presque toujours absolue, assimile rapidement un idiome aussi raffiné et illogique que le nôtre ?, écrit en 1904 l’administrateur colonial Maurice Delafosse. Si nous voulons nous faire comprendre vite et bien, il nous faut parler aux Noirs en nous mettant à leur portée, c’est-à-dire leur parler petit-nègre. »

    Je me souviens qu’on a déjà référencé des textes qui expliquent ça.

  • Que répondre à celles et ceux que gêne le mot race ?

    Les races n’existent pas : bien-sûr ! Faut-il donc renoncer au mot ? Sarah Mazouz répond pas la négative, car si les races n’existent pas, les manifestations du #racisme sont toujours là, et partout : #inégalités et #préjugés, commentateurs d’extrême-droite invités sur les grandes chaînes télé, petites blagues du quotidien, #violences physiques et symboliques, et plus largement encore une #discrimination massive au travail, au logement, et dans toutes les sphères de la vie sociale. Avec pédagogie, l’auteure explique l’importance du mot « Race », et pourquoi il peut et doit être utilisé dans un tout autre sens que son acception raciste. Surtout, elle dévoile ce qui se niche derrière le refus obstiné – et prétendument antiraciste – d’utiliser le mot : un déni persistant de parler d’un #rapport_de_pouvoir, doublé d’une ignorance regrettable de la multitude des travaux existants. Parce qu’il est clair, limpide, aussi utile que percutant, nous recommandons vivement la lecture de ce livre, dont voici un extrait.

    Une scène se répète souvent. Lors de journées d’études ou de séminaires portant sur la #question_raciale ou sur les auteurs·trices spécialistes de ces questions dans le monde anglophone ou en France, il se trouve quasiment toujours une personne dans le public pour faire la remarque suivante : en France, on n’utilise pas le terme de race. Il ne peut pas être utilisé comme notion servant l’analyse scientifique parce qu’elle appartient au lexique raciste. L’utiliser, c’est croire que les races existent, donc se laisser confondre avec les tenant·e·s d’une idéologie qui prône une hiérarchie naturelle entre les groupes humains.

    Passé la lassitude de devoir répondre régulièrement à cette question, on finit par le faire. Parce que la pédagogie est faite de répétition. Parce qu’il est toujours bon de lever le malentendu. Aussi, parce que la résistance à l’usage de cette notion dit quelque chose de son histoire, de la nécessité d’explicitation qui doit, par conséquent, en régler l’emploi et tout simplement de la manière dont, précisément, les processus de #racialisation jouent dans ce que l’on admet ou non, dans ce que l’on sait ou ignore.

    On souligne alors l’idéalisme qu’il y a à croire que le problème peut être réglé par la seule suppression du mot et le #déni qui consiste à considérer l’#évitement comme la solution. On s’attache à rappeler que pour les personnes soumises aux catégorisations racialisantes, l’expérience de l’assignation ou des discriminations raciales qui peuvent en découler est quotidienne (que le mot « race » soit utilisé ou non). On peut ajouter que les #discours_racistes n’ont pas besoin du mot de race pour inférioriser les membres des groupes qu’ils visent.

    C’est le cas par exemple de l’adjectif « #ethnique », qui est souvent conçu comme une manière acceptable de qualifier les processus qui relèvent, en fait, des logiques de racialisation sans avoir à utiliser les termes de race, de racialisation ou de #racisation, comme si le terme en lui-même permettait de prémunir du geste d’#essentialisation et d’#assignation_racialisante. On peut dire « #ethnie » et penser « race » dans l’acception raciste du terme. C’est le cas, par exemple de certains textes de #Maurice_Barrès où l’écrivain antisémite parle du « nez ethnique » du capitaine Dreyfus.

    À l’instar de ce que l’universitaire britannique Satnam Vidree a fait lors d’une conférence consacrée aux rapports entre « Gauche et Race », organisé le 15 octobre 2019 au CERI (Science Po), on peut également inviter notre interlocutrice ou interlocuteur à considérer les logiques de racialisation comme un #fait_social avec lequel il faut travailler, qu’elles s’incarnent dans le #racisme_explicite ou qu’elles se manifestent insidieusement et de manière sédimentée dans nos catégories de #perception même les plus anodines.

    On peut parfois ajouter que l’#inconfort suscité par la notion de race recèle quelque chose de salutaire en ce qu’il nous empêche de croire que la question est classée et qu’il nous rappelle dans quelle(s) filiation(s) historique(s) des discours, des gestes mais aussi des choix politiques, des pratiques administratives ou des décisions juridiques peuvent continuer de s’inscrire.

    On peut également inviter à rompre avec cette #fétichisation du terme « race » en rappelant que la notion de classe a acquis sa dimension critique grâce aux travaux des penseurs socialistes et en particulier grâce à Marx. Mais avant de devenir l’instrument théorique et politique mettant en lumière l’appropriation et l’exploitation dont les membres de la classe ouvrière faisaient l’objet et servant, par le concept de lutte des classes, à analyser la structuration conflictuelle du capitalisme tout en réfléchissant à la possibilité de son dépassement, la #classe a servi une lecture naturalisée des rapports sociaux au service de l’aristocratie et de la bourgeoisie. On peut d’ailleurs à ce titre ajouter qu’une des leçons du marxisme est de rappeler le sens historique et social des concepts et que les sens et les usages qu’on en fait évoluent et sont à historiciser.

    Certain·es pourront expliquer la persistance du #malentendu en reprochant aux tenant·es d’une démarche critique de la race d’utiliser le même terme que celles et ceux qu’ils souhaitent combattre. L’idée est dans ce cas que les choses seraient plus claires si un mot différent que celui de race permettait de désigner le rapport de pouvoir que les travaux critiques désignent par la notion de race. À cette objection, on peut déjà répondre que « racialisation » et « racisation » ne font pas partie du lexique utilisé par les textes et les auteurs racistes et qu’ils ont bel et bien été inventés pour désigner les processus sociaux de production des hiérarchies raciales.

    Par ailleurs, faire cette critique, c’est une fois de plus se placer sur le seul plan lexical et faire comme si le problème tenait au mot (y avoir recours produirait le racisme, l’ôter réglerait le problème, en utiliser un autre éviterait le malentendu) et non au rejet de l’exigence de reconnaissance d’un phénomène social auquel le concept invite.

    Le débat tel qu’il se configure actuellement en France et les crispations qu’il donne à voir porte en fait précisément sur le fait de dire et d’accepter que la société française racialise. On pourrait utiliser un terme qui n’a rien à voir avec celui de race mais auquel on donnerait le contenu conceptuel de la notion critique de race, on assisterait malgré tout aux mêmes levées de boucliers. En ce sens, le problème n’est pas tant celui de l’équivoque lexicale du terme « race », que celui de la résistance politique au concept de racialisation ou de racisation.

    De même, je ne pense pas que transposer au contexte français la proposition faite par le philosophe africain-américain Michael O. Hardimon dans Rethinking Race. The Case of Deflationary Realism (2017) d’utiliser le concept de « #socialrace » mettrait fin à ce type de malentendu ou aux attaques plus violentes auxquelles on peut faire face quand on utilise la notion de race de manière critique. D’abord, sans doute que certain·e·s profiteraient de la façon dont ce mot-valise a été construit pour objecter que le fait de préciser « social » laisse entendre qu’on accepte d’autres conceptions de la notion de race. Ensuite, il me semble que les analyses proposées par le philosophe pour éviter les écueils posés par la #polysémie de la notion de race, pour métaphysiques qu’elles soient, tiennent en fait beaucoup à la façon dont le concept de race est utilisé dans le contexte états-unien. Son point de départ pour examiner les formalisations possibles du concept de race est un contexte où l’usage du terme est admis, courant et peut, de ce fait, être plus vague. D’où l’objectif de Hardimon de préciser différents sens du concept de race tout en s’attachant à limiter et à cerner le sens de l’énoncé « la race existe » – ce qu’il signifie en parlant de #réalisme_déflationniste, c’est-à-dire admettre que le concept critique de race désigne des phénomènes réels tout en limitant les cas auxquels il s’applique.

    Le cas français obéit à une chronologie différente. Pendant longtemps, le terme ne pouvait s’utiliser comme un concept décrivant un rapport de pouvoir socialement produit. Puis, il a été progressivement introduit en ce sens et c’est sur cet usage-là que les polémiques et les critiques se concentrent aujourd’hui. Transposé au contexte français, le choix de forger le mot-valise « socialrace » n’offrirait pas en fait une solution préférable à celle qui consiste à expliquer en quel sens on fait usage de la notion de race ou à utiliser les notions de racialisation ou de racisation.

    Parce que, pour le moment, il n’y a pas d’autres usages explicites de la notion de race disponibles dans les discours publics. Ensuite, parce que, au risque de me répéter, c’est bien la mise en évidence des processus de racialisation qui pose problème à celles et ceux qui s’en prennent aux travaux critiques de la race.

    Les attaques qui portent sur le choix du mot « race » ne doivent pas nous tromper. Si elles jouent de l’aubaine que constitue l’histoire de ce mot, elles se concentrent en fait précisément sur le concept critique de race, entendu donc comme processus social de racialisation ou de racisation.

    Enfin si la question n’était qu’un problème de mécompréhension de ce que l’on entend par race, la vindicte aurait cessé à partir du moment où les explications ont été données, sans que nous ayons à revenir constamment sur ce que la notion critique de race signifie ou sur ce que « racialiser » veut dire.

    https://lmsi.net/Que-repondre-a-celles-et-ceux-que-gene-le-mot-race
    #race #racisme #mots #vocabulaire #terminologie...
    Et évidemment, là, aujourd’hui en France, #séparatisme
    #Sarah_Mazouz
    #historicisation #ressources_pédagogiques

    aussi signalé ici :
    https://seenthis.net/messages/897162

    ping @isskein @karine4 @cede

    • Race

      Les répercussions mondiales de la mort de George Floyd, le 25 mai 2020, l’ont montré : plus que jamais il est utile de défendre un usage critique du mot race, celui qui permet de désigner et par là de déjouer les actualisations contemporaines de l’assignation raciale.

      User de manière critique de la notion de race, c’est, en effet, décider de regarder au-delà de l’expression manifeste et facilement décelable du racisme assumé. C’est saisir la forme sédimentée, ordinaire et banalisée de l’assignation raciale et la désigner comme telle, quand elle s’exprime dans une blague ou un compliment, dans une manière de se croire attentif ou au contraire de laisser glisser le lapsus, dans le regard que l’on porte ou la compétence particulière que l’on attribue. C’est ainsi expliciter et problématiser la manière dont selon les époques et les contextes, une société construit du racial.

      Si le mot a changé d’usage et de camp, il demeure cependant tributaire de son histoire et y recourir de manière critique fait facilement l’objet d’un retournement de discrédit. Celles et ceux qui dénoncent les logiques de racialisation sont traité·es de racistes. Celles et ceux qui mettent en lumière l’expérience minoritaire en la rapportant à celle des discriminations raciales sont accusé·es d’avoir des vues hégémoniques. Dans le même temps, les discours racialisants continuent de prospérer sous le regard indifférent de la majorité.

      Si le mot de race sert à révéler, y recourir est donc d’autant plus nécessaire dans le contexte français d’une République qui pense avoir réalisé son exigence d’indifférence à la race et y être parfaitement « #aveugle », « #colour-blind », dirait-on en anglais.

      https://anamosa.fr/produit/race
      #livre

    • « Race », de Sarah Mazouz

      Sarah Mazouz est sociologue, chargée de recherches au CNRS. Ses travaux s’appuient sur des enquêtes ethnographiques et mobilisent les critical race studies, la sociologie du droit, la sociologie des politiques publiques et l’anthropologie critique de la morale. Elle montre comment s’articulent dans l’espace social immigration, nation et racialisation.

      https://soundcloud.com/radio-traces/sarah-mazouz-final


      #lecture #son

  • Entretien avec #Mathieu_Rigouste : une #généalogie coloniale de la police française
    (2017 —> pour archivage)

    L’entretien qui suit est la transcription d’une conversation ayant eu lieu le 23 septembre 2016 afin de figurer dans le 8ème numéro de The Funambulist (disponible en ligne et dans certaines librairies) dedié a une critique de la police dans differents contextes politiques et géographiques (États-Unis, Palestine, Égypte, Allemagne, Brésil, France). https://thefunambulist.net/magazine/police

    LÉOPOLD LAMBERT : Mathieu, ton travail consiste à beaucoup d’égards de mettre à jour la #généalogie_coloniale déterminante de la #police_française. J’aimerais donc commencer cette conversation avec le #massacre du #17_octobre_1961 qui a vu la police parisienne tuer entre 40 et 100 algérien-ne-s lors de manifestations ayant rassemblé environ 30 000 personnes en solidarité avec le #FLN. Lorsque nous évoquons la répression sanglante de l’état français au moment de la révolution algérienne, nous pensons souvent aux #violences commises en Algérie mais pas nécessairement en « métropole » ; c’est pourtant là que ce se détermine la police française d’aujourd’hui en relation à la partie de la population provenant d’anciennes colonies de « l’Empire » (nous en parlerons plus tard). Peux-tu nous décrire cette relation, ainsi que de la figure déterminante de #Maurice_Papon, préfet pour le régime Vichiste, puis à #Constantine en Algérie et enfin à l’œuvre à Paris donnant l’ordre d’un tel massacre ?

    MATHIEU RIGOUSTE : Il y a plusieurs racines de l’#ordre_sécuritaire. L’axe de mes recherches, c’est la #restructuration_sécuritaire qui accompagne la restructuration néolibérale du #capitalisme à l’époque contemporaine. Dans tous mes travaux je retombe sur ce mécanisme dans lequel on voit la société impérialiste française importer dans son système de #contrôle, de #surveillance, de #répression des dispositifs qui viennent des répertoires coloniaux et militaires. Au sein de l’Algérie qui est la colonie de peuplement et d’expérimentations d’une gestion militaire de la population colonisée la plus poussée, sont développés des répertoires d’#encadrement qui vont influencer en permanence, depuis 1830, la restructuration du contrôle de la population « en métropole ». Notamment par l’application de ces dispositifs sur les populations directement désignées comme étant la continuité des indigènes en Algérie, c’est-à-dire principalement les #arabes à #Paris. On a donc des répertoires particuliers, des #régimes_policiers de #violences appliqués aux colonisés « en #métropole » qui font un usage régulier de pratiques de #coercition, d’#humiliation, de #rafles, d’#assassinats, de #tortures longtemps avant la #guerre_d’Algérie et de manière continue. On a déjà une police dans les années 30 qui s’appelle #Brigade_de_surveillance_des_Nord-Africains (#BNA) qui est donc une police opérant sous critères racistes, chargée par l’utilisation de la coercition d’encadrer les français de souche nord-africaine. Ces répertoires vont se transmettre. La continuité de l’état, ça veut dire la continuité des personnels, des administrations, des bureaucraties. Et à travers la restructuration des unités de police, se transmettent des systèmes de #discours, d’#imaginaires, d’#idéologies, et de #pratiques.

    Donc au moment du 17 octobre 1961, il y a déjà tous ces répertoires qui appartiennent à l’arsenal de l’encadrement normal et quotidien des arabes à Paris. J’essaye d’alimenter une piste un peu nouvelle qui apporte un regard supplémentaire aux travaux critiques qui avaient été faits sur la question et qui essaye de montrer comment les doctrines de #contre-insurrection dominaient la pensée militaire de l’époque et comment elles ont été importées et réagencées après leur application industrielle pendant la guerre d’Algérie, notamment à partir de 1956, pour passer du répertoire militaire et colonial dans le répertoire policier de l’écrasement des arabes à Paris. Tu l’as dit, ça passe par des personnels ; on pense à la figure de Maurice Papon en effet, mais aussi à des « étages » moyens et inférieurs de la police, les #CRS, les #gendarmes_mobiles… tout le monde fait son séjour en Algérie pendant la guerre en tant que policier en formation ou pour servir puisqu’on avait utilisé la plupart des effectifs militaires et policiers disponibles à l’époque. Il y a donc déjà une masse de policiers et de gendarmes qui ont été faire la guerre aux colonisés et ils se sont appropriés le modèle de contre-insurrection, le modèle de #terreur_d’Etat. Et puis, il y a aussi tout le contingent, les « #appelés », toute une génération de jeunes mâles qui vont se construire – certains, en opposition, mais une minorité – dans cette guerre d’Algérie, et à travers toute l’économie psychique que ça suppose, les #peurs et la #férocité que ça va engendrer dans toute une génération qui prendra ensuite les manettes de la #Cinquième_République.

    Ce que j’essaye de montrer donc, et que l’on voit bien dans le discours de Maurice Papon à l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale (IHEDN) en 1960, c’est que lui en tant que #IGAME, c’est-à-dire super préfet itinérant en Algérie, se forme à la contre-insurrection – c’était déjà un spécialiste des mécanismes de #purges, il s’était illustré par la #déportation des juifs de Bordeaux pendant l’occupation – et donc, assez logiquement, est nommé super préfet en Algérie pour organiser l’écrasement de la #révolution_algérienne. Il se forme ainsi à la contre-insurrection et expériment une forme de remodelage d’une contre-insurrection militaire et coloniale en contre-insurrection militaro-policière et administrative. Il se fascine completement pour cette doctrine qui exhorte à se saisir de l’ennemi intérieur pour pacifier la population, qui dit que le guérillero, le partisan, est comme un poisson dans l’eau, l’eau étant la population, et donc qu’il faut se saisir de la population. Ce système idéologique et technique va être élevé au rang de doctrine d’état et devenir hégémonique dans la pensée militaire francaise à partir de 1956. Dès lors, la doctrine « de la guerre (contre) révolutionnaire » alimente la restructuration des appareils de défense intérieure, « la #défense_intérieure_du_territoire » à l’époque, c’est-à-dire les grands plans de #militarisation_du_territoire en cas d’invasion soviétique. #Papon fait partie de la plateforme de propulsion d’une analyse qui dit que probablement une invasion soviétique – c’est la grille de lecture générale de toute la pensée militaire de l’époque – serait certainement précédée de manifestations géantes communistes et nord-africaines. Papon a en quelque sorte ouvert les plans de défense intérieure du territoire le 17 octobre. Il n’y avait eu que très peu de renseignements du côté de la Préfecture et ils ont été pris au dépourvu ; lorsqu’ils se sont rendus compte le 16 au soir, ou le 17 au matin qu’il y allait il y avoir des manifestations, ils sont allés chercher dans les répertoires disponibles, en l’occurrence la défense intérieure du territoire qui sont donc des plans de gestion militaire de la métropole en cas d’invasion soviétique. Ca explique pas mal de choses sur la puissance du dispositif mis en œuvre. Sur la radio de la police, on diffusait des messages d’#action_psychologique, on disait que les arabes avaient tué dix policiers à tel endroit, etc. pour exciter la #férocité des policiers. Il y a encore un autre aspect qu’il faut prendre en compte – j’y travaille en ce moment – c’est le soulèvement des masses urbaines de décembre 1960 en Algérie. C’est un peu la réponse à la #bataille_d’Alger, c’est-à-dire la réponse du peuple colonisé à la contre-insurrection. C’est un déferlement des masses (avec des enfants, des vieux, des femmes, etc.) dans les rues des grandes villes algériennes qui déborde la militarisation, déborde la contre-insurrection militaire et policière et emporte le versant politique de la guerre d’Algérie alors que le versant militaire était quasiment perdu. Le FLN et l’#Armée_de_Libération_Nationale étaient quasiment K.O. technique, militairement parlant et c’est donc le plus petit peuple qui remporte l’aspect politique de la guerre d’Algérie. Ça va marquer très très fort les administrations, les états-majors politiques, militaires et policiers et quand Papon se fait « ramener » à Paris c’est parce qu’il est reconnu comme un spécialiste de la gestion des arabes aux colonies et qu’on lui demande de faire la même chose à Paris. Il emporte donc cette mémoire avec lui et au moment où son état-major obtient l’information qu’il va il y avoir des manifestations organisées par le FLN et que des algériens vont marcher, depuis les périphéries vers le centre-ville – c’est-à-dire le même mouvement qu’en décembre 1960 en Algérie – il va utiliser l’arsenal d’écrasement qui est à sa disposition.

    Bien entendu, tout cela va semer des graines dans toute la Cinquième République qui est fondée autour du coup d’état militaire qui porte De Gaulle au pouvoir en 1958 et à travers toute cette grammaire idéologique qui considère les arabes et les communistes comme un #ennemi_intérieur dont il faudrait se saisir pour protéger la France et « le monde libre ». Voilà pour le contexte idéologique.

    LÉOPOLD LAMBERT : Dans le livre qu’est devenu ta thèse, L’ennemi intérieur (La Découverte, 2009), tu décris cette généalogie dans de grands détails. Peux-tu nous parler en particulier de la manière dont la doctrine de contre-insurrection coloniale française, élaborée d’abord par des militaires comme le Maréchal #Bugeaud au moment de la colonisation de l’Algérie, puis par d’autres comme #Roger_Trinquier, ou #Jacques_Massu au moment de la guerre de son indépendance a par la suite influencé d’autres polices et armées à l’échelle internationale – on pense notamment à Ariel Sharon ou David Petraeus ?

    MATHIEU RIGOUSTE : On peut dire que c’est à l’origine même de la construction de l’Etat. L’Etat se forge comme #contre-révolution. C’est un appareil qui permet aux classes dominantes de refermer soit le mouvement révolutionnaire soit le temps et l’espace de la guerre pour asseoir leur domination. Tout état se forme donc sur des appareils de contre-insurrection. Du coup, on trouve une pensée contre-insurrectionnelle chez #Sun_Tzu ou dans toute autre philosophie politique. Mais effectivement avec l’avènement de l’état nation moderne, du capitalisme et de sa version impérialiste, la contre-insurrection va elle-même prendre des formes modernes, industrielles, va se mondialiser, va se techniciser, va se rationaliser, et va évoluer en même temps que les systèmes technologiques. Du coup on a des formes modernes de doctrines de contre-insurrection chez le Maréchal Bugeaud en effet. Lui-même, son parcours et sa pensée reproduisent le mécanisme de restructuration impériale, c’est-à-dire l’importation de dispositifs issus de l’expérimentation coloniale et militaire vers le domaine du contrôle. Il va ainsi pouvoir expérimenter des pratiques contre-insurrectionelles à travers la conquête de l’Algérie avec toute sortes de dispositifs qui vont perdurer, comme les rafles, les déplacements de population, etc. et d’autres qui vont être mis de côté comme les enfumades, mais il y reste bien une logique d’extermination durant toute la conquête de l’Algérie.

    Pendant les dernières décennies de sa vie, Bugeaud ne cesse d’insister sur le fait qu’il a constitué une doctrine de contre-insurrection applicable au mouvement ouvrier en métropole. Il passe également beaucoup de temps à démontrer les similarités qu’il y aurait entre le processus révolutionnaire – ce que lui appelle « les insurrections » – au XIXe siècle en métropole et les révoltes aux colonies. À la fin de sa vie, il écrit même un livre (qui ne sera pas distribué) qui s’appelle La guerre des rues et des maisons dans lequel il propose de transférer son répertoire de contre-insurrection à la guerre en ville en métropole contre le peuple et dans lequel il développe une théorie d’architecture qui va se croiser avec toute l’hausmannisation et qui correspond à l’application de la révolution industrielle à la ville capitaliste. On va donc voir des doctrines militaires et coloniales passer dans le domaine policier en même temps que Hausmann « perce la citrouille » comme il dit ; c’est-à-dire en même temps qu’il trace les grandes avenues qui permettent à la police ou l’armée de charger les mouvements ouvriers. On introduit également tout cet imaginaire de la tuberculose, des miasmes, etc. On assimile les misérables à une maladie se répandant dans Paris et il faudrait donc faire circuler l’air. C’est comme aujourd’hui dans la rénovation urbaine, on ouvre des grands axes pour que la police puisse entrer dans les quartiers populaires le plus facilement possible et aussi pour les enfermer. Et on invoque la circulation de l’air. On a donc ces logiques avec tout un imaginaire prophylactique, hygiéniste, qui se met en place en même temps qu’on importe le répertoire contre-insurrectionnel dans le domaine de la police sur toute la seconde partie du XIXe siècle.

    Avec la restructuration impérialiste, les Etats-nation, les grandes puissances impérialistes du monde occidental vont s’échanger en permanence leurs retours d’expériences. On en a des traces dès 1917 après la révolution russe, où on voit donc les polices et les armées du monde occidental se faire des comptes rendus, s’échanger des synthèses d’expérience. Et c’est comme ça tout au long du XXe siècle. Tu parlais d’Ariel Sharon ; on a des traces du fait que des envoyés spéciaux de l’armée (et peut-être aussi de la police) israélienne qui ont été en contact et qui ont sans doute été également formés au Centre d’Instruction à la Pacification et à la contre-Guérilla (CIPCG) en Algérie. Les spécialistes de la contre-insurrection français et israéliens s’échangent donc, dès la guerre d’Algérie, des modèles d’écrasement de leurs ennemis intérieurs respectifs. On a donc une sorte de circulation permanente des textes révolutionnaires et contre-révolutionnaires. J’avais travaillé là-dessus pour une préface que j’ai écrite pour la réédition du Manuel du guérillero urbain ; on pense que ce manuel a beaucoup plus circulé dans les milieux contre-insurrectionnels que dans les mouvements révolutionnaires – ceux-ci disaient d’ailleurs qu’il n’avaient pas vraiment eu besoin d’un manuel de guérilla urbaine dans les années 1970. On a donc une circulation permanente et parfois paradoxale des textes révolutionnaires et contre-révolutionnaires, et des expériences.

    LÉOPOLD LAMBERT : Et des films comme La bataille d’Alger !

    MATHIEU RIGOUSTE : Exactement ; j’allais y venir. Ce film est d’abord censuré les premières années mais il va circuler en sous-main et il va être validé très rapidement par l’armée française qui dit que les choses se sont passées de manière très proche de ce qu’on voit dans le film. Celui-ci va donc à la fois permettre d’introduire la question contre-insurrectionnelle et le modèle français notamment. Bien que ça n’ait pas forcément forcé l’application exacte de ce modèle dans toutes les armées occidentales, on retrouve ce film dans beaucoup de formations militaires étrangères. On retrouve le film dans des mouvements révolutionnaires également : on sait par exemple que les zapatistes le projettent de temps en temps et s’en servent, d’autant que l’armée mexicaine est une grande collaboratrice de l’armée française. La gendarmerie mexicaine qui a tué des enseignants à Oaxaca il y a trois mois venait d’être formée par la gendarmerie française à ce modèle de gestion des foules, mais aussi au maniement des armes que la France vend avec.

    LÉOPOLD LAMBERT : Dans un autre livre, La domination policière (La Fabrique, 2012), tu dédies un chapitre entier à une branche de la police française qui est sans doute celle contribuant le plus à la continuation de la ségrégation coloniale de la société française, en particulier dans les banlieues, la Brigade AntiCriminalité (BAC). Quelqu’un comme Didier Fassin a fait une étude anthropologique très utile mais, somme toute assez académique puisque venant de l’extérieur, mais toi-même a vécu la plus grosse partie de ta vie en banlieue parisienne, à Gennevilliers et tes écrits peuvent ainsi nous donner un regard plus incarné à la violence raciste (et souvent sexiste et homophobe) qu’une telle branche de la police développe. Peux-tu brièvement nous retracer l’histoire de la BAC et nous parler de son action en banlieue ces dix dernières années (cad, depuis les révoltes de 2005) ?

    MATHIEU RIGOUSTE : Les Brigades AntiCriminalités représentent assez bien ce que j’essaye de démontrer dans mes travaux sur le capitalisme sécuritaire parce qu’elle a deux origines ; c’est la fusion des polices endo-coloniales et de la restructuration néolibérale de l’État. Ce sont des polices qui vont être formées au début des années 1970 et qui vont aller puiser dans les personnels, dans les grilles idéologiques, dans les boites à outils pratiques des polices endocoloniales. Je dis endocolonial pour parler de ces polices comme la Brigade de surveillance des Nord-Africains, et par la suite les Brigades Agression et Violence qui déploient les repertoires coloniaux sur des populations internes au pays sur des critères socio-racistes. Je parle d’endocolonialisme car ce ne sont pas les mêmes régimes de violence que ce qui est appliqué aux colonies et ce ne sont pas les mêmes régimes de violence appliqués aux classes populaires blanches – les Black Panthers ne se prenaient pas tellement la tête ; ils parlaient juste de colonies intérieures. Et parce que la société impérialiste a besoin de maintenir la surexploitation et la surdomination d’une partie des classes populaires, la partie racisée, elle a aussi besoin d’une police spécifique pour ça. C’est pour ça qu’après 1945, c’est-à-dire après le vrai-faux scandale de la collaboration de la police française à la destruction des juifs d’Europe, la bourgeoisie Gaulienne invente « la France résistante » et tente de faire croire que ce racisme a été renvoyé aux oubliettes. Mais bien-sûr on va reproduire les mêmes types de dispositifs avec souvent les mêmes personnels – on va aller rechercher les gens qui étaient dans les BNA vu qu’ils savent faire et qu’on va leur refiler le même boulot – et on va trouver une nouvelle dénomination, celle des Brigades Agression et Violence. Un appareil de gestion socio-raciste va ainsi être mystifié par cette dénomination, ce qu’on retrouve également dans la dénomination d’AntiCriminalité aujourd’hui dans cette rhétorique de la « guerre à la délinquance » qui permet de cacher les appareils de production du socio-apartheid derrière des mythes légalistes.

    On se retrouve donc avec une police qui fait à peu près la même chose, qui se rationalise, se modernise, et au tout début des années 1970, c’est-à-dire juste après 1968 – parce que dans tous ces ennemis intérieurs, il y a aussi le gauchiste, la figure qui n’avait jamais complètement disparue du révolutionnaire qu’incarnait la figure du fellagha – on considère qu’il faut des polices modernes qui vont aller dans les quartiers populaires installer la nouvelle société rationnelle, optimisée, néolibérale, etc. On va donc aller chercher dans les répertoires d’idées, de pratiques, de personnels, pour forger une nouvelle police. La première expérimentation se fait en Seine-Saint-Denis, c’est pas un hasard et en 1973, on file à un ancien des Brigades Agression et Violence la charge de policer les quartiers populaires de Seine-Saint-Denis et son unité va donc s’appeler la Brigade AntiCriminalité. Il va mettre à profit tout ce qu’on apprend à l’époque dans les grandes écoles de la nouvelle société, c’est-à-dire, ce qui s’appellera bientôt le néomanagement : l’application aux appareils d’état de la restructuration néolibérale dans les entreprises en quelques sortes. D’ailleurs, la doctrine de la guerre contre-révolutionnaire va elle-même être transposée dans les théories néolibérales et on parlera de doctrines de « guerre économique » par exemple. Il s’agit de détruire l’entreprise ennemie, en l’empoisonnant, en quadrillant son marché, en utilisant des agents de renseignement, tout ça nait au cours des années 1970. Cette première BAC va influencer la naissance d’autres unités sur le même mode dans différente villes et on va ainsi appliquer aux quartiers populaires des méthodes de gestion endocoloniales ce qui va mener aux premières grandes révoltes contre les violences policières dans les cités.

    Il apparait également une nouvelle logique comptable qu’on va appeler aujourd’hui « la politique du chiffre » qui consiste à optimiser le rendement, la productivité de la machine policière. Faire du chiffre, ça veut dire faire le plus possible de « bâtons », c’est-à-dire des « mises-à-disposition ». Ils appellent ça « faire une affaire » ; une affaire, c’est ramener quelqu’un et une histoire à traiter pour l’Officier de Police Judiciaire (OPJ) et si cette histoire est suffisamment utilisable pour en faire une affaire auprès du procureur et du coup aller jusqu’en justice et mettre cette personne en prison ou en tout cas essayer, ça fera un « bâton ». Ces bâtons gonflent une carrière et donc par exemple un commissaire qui veut « grimper », devenir préfet ou je ne sais quoi, il a tout intérêt à développer des unités de BAC dans son commissariat parce que celles-ci font beaucoup de mises-à-disposition puisqu’elles fonctionnent sur le principe du flagrant délit – les Brigades Nord-Africaines fonctionnaient déjà sur cette idée. Le principe du flagrant délit, c’est un principe de proaction. On va laisser faire l’acte illégal, on va l’encadrer, voire l’alimenter, voire même le suggérer ou le produire complétement pour pouvoir se saisir du « délinquant » au moment où il passe à l’action. La BAC est donc un appareil qui tourne beaucoup autour de la production de ses propres conditions d’extension. Cette logique de fond, c’est notamment ça qui va faire que les BAC vont se développer dans l’ère sécuritaire, c’est parce qu’elles font beaucoup de chiffre et qu’elles produisent également beaucoup de domination socioraciste, dont l’Etat a besoin pour contenir le socio-apartheid. Ceci se trouve dans le fait que le plus facile pour faire des mises-à-disposition et remplir ainsi cette mission néolibérale consiste à « faire » des ILS et des ILE : des Infractions à la Législation sur les Stupéfiants – des mecs qui fument des joints – et des Infractions à la Législation sur les Étrangers – des sans-papiers. Comment on trouve du shit et des gens qui n’ont pas de papiers ? Eh bien on arrête les noirs et les arabes. On traine donc autour des quartiers populaires pour faire des arrestations au faciès sur les classes populaires de couleur.

    Voilà comment nait en gros la BAC dans les années 1970 ; elle s’est ensuite développée tout au long des années 1980, d’abord par l’intermédiaire des BAC de Surveillance de Nuit (BSN) et au début des années 1990 et l’avènement de Charles Pasqua – le symbole le plus caricaturale des logiques politiques, policières et militaires de la guerre d’Algérie et dont la carrière politique est structurée autour de la chasse à l’ennemi intérieur – au Ministère de l’Intérieur, il va intensifier cette utilisation des répertoires de contre-insurrection et va être à la pointe de la genèse du système sécuritaire français. C’est lui notamment qui va rendre possible que toutes les villes de France puisse développer des BAC. Ce qui est à nouveau très intéressant du point de vue du capitalisme sécuritaire c’est que les BAC sont des unités qui utilisent beaucoup de matériel, et qui en revendiquent beaucoup, qui « gueulent » pour être de plus en plus armées. Ça c’est très intéressant pour les industriels de la sécurité. Pour les flashballs par exemple ; les BAC ont demandé à en être armées très vite, elles veulent les nouveaux modèles et elles participent avec les industriels à créer les nouveaux modèles et, bien-sûr, c’est elles qui utilisent le plus de munitions : le flashball est utilisé tous les soirs pour tirer dans les quartiers populaires de France. C’est la même chose pour les grenades lacrymogènes ; on en voit beaucoup dans le maintien de l’ordre des manifestations de mouvements sociaux dans les centre-villes mais les gaz sont utilisés quotidiennement dans les quartiers populaires.

    Le phénomène continue de se développer dans les dix dernières années. La BAC semble vraiment caractéristique de ce capitalisme sécuritaire, notamment par sa férocité mais aussi par son aspect ultralibéral, ultraproductif, ultraoptimisé, ultraviril, ultramédiatique : la BAC se met en scène, les agents s’inspirent énormément de ce qu’ils voient à la télévision… On a même une extension de ce qu’elle a inventé comme système de domination et d’écrasement des quartiers populaires vers la gestion des autres mouvements sociaux, comme récemment des luttes contre la loi travail. Généralement, la BAC est utilisée comme dispositif de pénétration, de saisie, de capture et elle est de plus en plus combinée à des dispositifs d’encerclement, d’enfermement, d’étranglement dans lesquels on utilise plutôt les CRS, les gardes mobiles. On a vu pendant le mouvement contre la loi travail, les BAC qui étaient employées à faire « du maintien de l’ordre ». À Toulouse, on a vu les effectifs des BAC sont utilisés dans l’expérimentation de nouveaux dispositifs hybrides : capable de faire et du maintien de l’ordre et de la capture, de l’intervention, de passer de l’un à l’autre en permanence, et de passer à des niveaux d’intensité très hauts très rapidement. La BAC rejoint ainsi la logique de restructuration de tous les appareils en ce moment qui consiste à devenir rhéostatique : être capable de s’adapter comme le mode de production toyotiste, c’est-à-dire s’adapter le plus instantanément à la demande, avec le moins de stock et de dépenses possibles et de la manière la plus rationalisée qui soit.

    LÉOPOLD LAMBERT : Tout comme Hacène Belmessous dans le deuxième numéro de The Funambulist, tu décris la manière dont « la rénovation urbaine » enclenchée en 2003 constitue à beaucoup d’égards une manière pour la police de s’approprier l’espace urbain des banlieues. Peux-tu nous en dire plus ? Cela intéressera sans doute beaucoup la moitié (ou le tiers) des lecteurs/-trices de The Funambulist qui sont architectes ou urbanistes !

    MATHIEU RIGOUSTE : Il y a effectivement un sursaut en 2003, mais ça avait commencé bien avant. Un des premiers grands quartiers qui est soumis à une politique de ce qu’ils appellent « la rénovation urbaine », mais ce qui est en fait de la destruction et du réaménagement, c’est le quartier où je suis né ; le Luth à Gennevilliers. Il s’agissait d’une coopération du Plan Pasqua et du Parti Communiste Français (PCF) qui gère la ville depuis les années 1930, tous deux ravis de se débarrasser des familles les plus pauvres et d’essayer une nouvelle forme de gestion des quartiers populaires. C’est un processus constant : la ville capitaliste au gré des crises de suraccumulation du capital, se restructure pour continuer à concentrer des masses de travailleurs pauvres autour de ses centres d’accumulation du capital. Et dans ces quartiers populaires, ces campements, ces bidonvilles, ces territoires misérables, les dominé-e-s, les exploité-e-s, les opprimé-e-s, les damné-e-s, inventent en permanence des formes d’auto-organisation, d’autonomisation, de fuites et de contre-attaques, des cultures d’insoumission et des manières de se rendre ingouvernables. Il faut donc en permanence, pour le pouvoir, à la fois une police qui permette de détruire cette dynamique d’autonomisation récurrente et de survie – parce qu’en fait les gens n’ont pas le choix – et un réaménagement des territoires : il faut à la fois ségréguer et pénétrer ces territoires pour aller y détruire tout ce qui peut émerger de subversif. Et l’urbanisme tient un rôle fondamental dans la restructuration sécuritaire de la ville capitaliste. Cette logique est déjà à l’œuvre dans les bidonvilles durant la guerre d’Algérie ; on a des polices spécialisées à la gestion des bidonvilles, c’est-à-dire au harcèlement, à la brutalisation, à la surveillance, au fichage, parfois à la torture, parfois même aux assassinats et aux disparitions d’habitants du bidonville et qui détruisent les cabanes des habitant.e.s parce que même dans le bidonville, on voit ré-émerger des formes de mises-en-commun, d’auto-organisation, de politisation révolutionnaire, de colère, d’entraide, toute sorte de choses qui menace le pouvoir et qui nécessite donc une intervention. En plus d’intervenir avec de l’idéologie, du divertissement ou de l’aménagement, il faut intervenir avec de la coercition.

    On retrouve ce processus dans toute l’histoire de la ville capitaliste ; c’est une dialectique permanente. Sauf que ce qui nait dans les années 1970, c’est un schéma qu’on va voir apparaître ; à partir du moment où on met des polices féroces, comme la BAC, autour des quartiers populaires, celles-ci produisent de la violence policière et donc produisent de la colère. Les dominé-e-s, face à ça, vont produire des tactiques, des techniques, des stratégies, des pratiques de résistance et de contre-attaque. Ça va donner lieu à des révoltes, parfois très spontanées, parfois plus organisées : une histoire des contre-attaques face à la police nait dans les années 1970 et on se rend compte, au gré de ces révoltes et de leur répression et de leur gestion médiatique que des municipalités en collaboration avec la police et les média sont capables de désigner aux pouvoirs publics et au reste de la population en général un quartier populaire comme ingérable, infâme, irrécupérable. Ceci s’accompagne d’une logique humanitaire ; aller « sauver des gens » alors que les revendications pour des meilleures conditions de vie sont permanentes et que les habitants n’obtiennent jamais rien.

    Toute cette logique va activer au cours des années 1970 la reconnaissance par les pouvoirs publics et par le capital industriel et financier du fait que lorsqu’on est capable de désigner un quartier populaire comme infâme, on va pouvoir activer un circuit de capitaux financiers d’abord, puis industriels, liés à ce qu’on va appeler de manière publicitaire « la rénovation urbaine », c’est-à-dire un protocole de restructuration de ce quartier qui peut aller jusqu’à sa destruction complète. Il va ainsi apparaitre beaucoup de régimes de restructuration : certains consistent à éloigner les populations les plus pauvres ou les moins gouvernables, d’autres vont organiser l’évacuation totale de ces populations, d’autre encore qu’on observe beaucoup depuis le début des années 2000 à travers la mystification de la mixité sociale consistent à parler de réhabilitation mais à en fait déplacer les plus pauvres, sans détruire le quartier. On fait ça à la fois avec de la police et de la prison, mais aussi avec la hausse des loyers provoquée par l’arrivée de nœuds de transports en commun qui permet de faire venir des cadres qui ne se seraient pas déplacés jusque-là ; la petite bourgeoisie à laquelle on veut permettre de venir s’installer à la place des quartiers populaires. Bref, à travers tout ce programme publicitaire qu’est la rénovation urbaine, la transformation des quartiers populaires en quartiers petits-bourgeois va attirer des flux de capitaux gigantesques, notamment liés au fait que depuis le début des années 2000, l’État investit énormément pour appuyer les pouvoirs locaux dans leur politiques de restructurations urbaines. C’est de l’argent qui va retomber immédiatement dans les poches des industriels du bâtiment et aussi dans celles des industriels de la sécurité, encore une fois, parce qu’on voit qu’une fois que la police, les média, la prison et les autorités municipales ont réussi à « déblayer le terrain », le réaménagement des quartiers se fait en partenariat avec tous les industriels du bâtiment mais aussi des technologies de surveillance, de design – les cliques du néo-urbanisme – les publicitaires, les commerces, bref tout un système d’entreprises qui vivent autour de ça. La logique de fond est à la fois le renforcement du socio-apartheid, mais aussi une forme de colonisation interne à travers l’expansion de la ville capitaliste et l’invention de nouvelles formes d’encadrement de la vie sociale.

    LÉOPOLD LAMBERT : À l’heure où nous parlons, l’état d’urgence promulgué par François Hollande au lendemain des attentats du 13 novembre 2015 a déjà été renouvelé trois fois. Pour un certain nombre de francais-e-s blanc-he-s de classe moyenne ou riches, cela ne représente qu’une nuisance négligeable mais pour la population racisée française, en particulier ceux et celles que l’on nomme pudiquement « musulman-ne-s d’apparence » ce régime légal donnant une latitude encore plus importante à la police insiste encore d’avantage sur l’existence d’une sous-citoyenneté qui ne dit pas son nom. Travailles-tu actuellement sur la manière dont l’état d’urgence agit comme précédent à la fois légal et dans les pratiques policières ? Peux-tu nous en parler ?

    MATHIEU RIGOUSTE : Je ne travaille pas précisément sur cet aspect des choses mais bien-sûr, je suis ce qui est en train de se passer, notamment au sein des luttes dans lesquelles on avance et on réfléchit sur cet aspect-là. Et effectivement, tu le résumes bien, il y a toute une partie des strates privilégiées, même des classes populaires qui ne se rend pas compte de ce à quoi sert l’état d’urgence parce qu’il ne le voit pas et les média ont vraiment un rôle fondamental là-dedans. C’est ça aussi le socio-apartheid : les vies sont séparées, elles ne se croisent pas. Effectivement l’état d’urgence a permis une intensification de la ségrégation mais aussi de mécanismes d’oppression contre les quartiers populaires, ce qui peut rester complétement invisible pour le reste de la population. L’angle d’attaque, c’est l’Islam et les violences, ce sont des perquisitions fracassantes : explosion de la porte, on met tout le monde a terre et en joue, parfois on gaze à l’intérieur des appartements, parfois on tabasse. Ca provoque des traumatismes très forts dans les familles ; on a des récits de perquisitions en pleine nuit et les enfants, la maman, la grand-mère, plusieurs mois après, cherchent à être suivis par des psychologues. À l’école, c’est dramatique, les enfants n’y arrivent pas, après que des unités militaro-policières ont débarqué chez eux en mode anti-terrorisme. Les violences, ce sont aussi des assignations à résidence ; on a du mal à le saisir lorsqu’on ne le vit pas, mais il s’agit d’un système d’encadrement très dur car il faut aller pointer régulièrement. La plupart de ces histoires, je tiens à le dire, se dégonflent après ; il y a déjà des victoires dans les tribunaux parce que l’immense majorité de ces assignations à résidence sont fondées sur rien du tout, surtout par le fait que la personne a été désignée par quelqu’un comme étant « très pratiquante », possiblement « radicalisée », c’est de l’ordre de la délation. Ce sont donc des violences très fortes et très profondes dans les familles, principalement musulmanes à travers ces perquisitions, ces assignations à résidence et ces procédures judiciaires qui durent bien-sûr et qui épuisent. Les noms des gens sont lâchés dans la presse, toute une ville peut d’un seul coup vous considérer comme un probable terroriste.

    Donc voilà, l’état d’urgence permet l’intensification du socio-apartheid, de l’islamophobie et des racismes d’état, ce qui se conjugue assez bien à la gestion quotidienne des quartiers populaires dans la France impérialiste.

    https://blogs.mediapart.fr/leopold-lambert/blog/200117/entretien-avec-mathieu-rigouste-une-genealogie-coloniale-de-la-polic
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