#noisiel

  • #Ligue_du_LOL : un an après. C’était il y a un an. L’affaire dite de… | by Vincent Glad | Medium
    https://medium.com/@vincentglad_67276/ligue-du-lol-un-an-apr%C3%A8s-aeee7784cf4d

    Huit mois plus tard, à la faveur d’une rencontre entre Florence P. et un des membres de la Ligue du LOL, je découvrirai l’histoire derrière ces supposées menaces physiques. Le 16 décembre 2011, France 5 tourne dans le 11e arrondissement la 3e édition du Grand Webze, une émission consacrée à la culture web présentée par Vinvin et François Rollin. Florence P. y est chroniqueuse. Il se trouve que par le plus grand des hasards, un membre de la Ligue du LOL habite juste à côté du studio d’enregistrement et que plusieurs membres du groupe y sont réunis ce soir-là pour prendre un verre. Le Grand Webze fait alors l’événement sur Twitter, c’est la première émission de ce genre à la télé française. Quelqu’un propose alors de s’y rendre pour aller saluer leur idole à tous, le professeur Rollin. L’émission vient de se terminer, ils rentrent à trois ou quatre dans le studio en montrant une carte de presse. Ils tombent alors sur Florence P. et lui demandent où se trouve le professeur Rollin. Ils échangent quelques mots amicaux avec celui-ci et repartent. Fin de l’histoire.

    C’est donc cette simple demande de renseignements sur un plateau télé qui deviendra huit ans plus tard « une intimidation physique sur le lieu de travail d’une jeune femme », comme le dénoncera, l’air grave, Patrick Cohen sur France 5 . La question n’est pas de remettre en cause le ressenti de Florence P., qui a visiblement paniqué en voyant des twittos qu’elle connaissait, mais de questionner ses reprises médiatiques. Pourquoi aucun média n’a jamais cherché à éclaircir cette histoire d’agression physique qui a pourtant pesé très lourd dans notre dossier ?

    Il est évident que si je devais réécrire aujourd’hui mon texte d’excuses, je ne le ferais pas de cette manière. Il y a de nombreuses erreurs factuelles et d’analyse. Ce week-end-là, j’ai reçu les témoignages sur Twitter en pleine face. C’était le temps de la libération de la parole et elle était nécessaire. Même si je percevais certaines hypocrisies, je me disais que tous ces témoignages étaient véridiques, les victimes ne pouvaient pas mentir. Et de fait, elles ne mentaient pas, elles ont juste reconstruit leurs souvenirs à la lumière de la légende noire de la Ligue du LOL. Toutes les souffrances endurées sur Internet trouvaient une clé explicative simple et définitive : la Ligue du LOL.

    Dans une interview récente, Iris G. a très bien résumé le problème de cette affaire : « Se souvenir de ces quelques mois relève de l’exploit quand on vous donne quelques jours pour le faire ». Les victimes déclarées ne se souvenaient pas plus que moi des détails de cette époque. On a tous, et moi le premier, refait l’histoire dans nos têtes avec cette nouvelle grille de lecture présentée par Checknews : la Ligue du LOL était la base arrière d’un harcèlement sexiste. J’écris alors et j’y croyais sincèrement : « Je n’ai pas vu que nous avions fait taire, avec nos blagues, les premières paroles féministes quand elles sont apparues sur les réseaux vers 2011–2012. » Un an après, après avoir investigué en détail toute cette affaire, je pense que cette affirmation est fausse. Quelques uns d’entre nous ont eu des clashs personnels avec des féministes, mais il n’y a jamais eu d’effet de meute pour faire taire une parole militante sur ce sujet. Le harcèlement contre les féministes sur les réseaux sociaux est aujourd’hui sans commune mesure avec les quelques blagues qu’il pouvait alors y avoir. En 2010, les blagues les plus récurrentes portaient plutôt sur ceux qu’on appellerait aujourd’hui les boomers. Si je me suis moqué de personnes à l’époque sur Twitter, c’était surtout des “vieux” blogueurs — qui se trouvaient être très majoritairement des hommes.

    • "La publication successive de nos excuses dans la journée du dimanche a creusé notre tombe. Saisis par l’émotion des témoignages, nous nous sommes soumis à un exercice de repentance en prenant à notre compte, pour plusieurs d’entre nous, des erreurs commises par d’autres. Lynchés par la foule vengeresse, on en a tous rajouté avec le vain espoir que nous puissions sortir vivants du grand feu de joie qui se préparait. Funeste erreur. Après les excuses, le lynchage a redoublé de vigueur, les menaces de mort et de représailles physiques ont commencé à déferler. Nos repentirs ont été jugés insincères, non suffisants et tournés en ridicule. Surtout, même s’ils ne le disaient pas, ils sont apparus comme la preuve de notre responsabilité sur tous les faits qu’on a pu nous reprocher par la suite. Quand finalement j’ai pris une avocate, une semaine plus tard, afin de contester mon licenciement, elle semblait incrédule : « Mais pourquoi tu t’es excusé pour des choses commises par d’autres ? ». « Ben, je sais pas », lui répondais-je, penaud. « Les gens me menaçaient si je ne le faisais pas. Alors je l’ai fait »"

    • Une membre de la Ligue du LOL, mère de famille, a elle aussi supprimé des dizaines de tweets anodins, dans un surréaliste moment de parano :

      « Alors que nous étions traqués de toutes parts sur le web et que les journalistes prenaient part au lynchage, j’ai eu l’impression que le monde devenait fou. Au point d’imaginer la possibilité d’être vue comme une mère indigne et donc qu’on me retire mes enfants. Complètement paniquée, j’ai commencé à effacer frénétiquement des tweets, un peu au hasard, dès qu’ils contenaient un mot ou une expression vulgaire. Le seul qui me revient vraiment en tête, c’est celui dans lequel je moquais un service administratif pour sa lenteur. Je l’ai effacé en me disant que l’Etat pourrait se retourner contre moi, que je pourrais être accusée d’avoir, en quelque sorte, “harcelé” la mairie. »

    • Plutôt que par des faits, le « harcèlement » sera souvent étayé par… des théories. C’est une chercheuse québécoise, n’ayant jamais parlé avec aucun des protagonistes, qui offrira à la presse française la grille de lecture de l’affaire. Interviewée dans le Nouvel Obs, Têtu, Le Point, Terra Femina, le Monde, Slate et LCI, Martine Delvaux y développe sa théorie du « boy’s club » et des « schtroumpfettes ». Professeure de littérature, la Québécoise ne peut se prévaloir de travaux sociologiques sur la question. Elle est en revanche très bonne cliente pour les médias, qui ne s’en priveront pas.

    • La rédaction s’est lancée dans un traitement comparable à celui qui avait suivi les révélations sur Weinstein, mais sans l’enquête du New Yorker, et sur des faits qui n’avaient rien à voir. »

    • Le #cyber_harcèlement est un fait social très particulier en ce sens qu’il peut y avoir une vraie victime mais pas de vrais coupables. La meute constituée n’apparaît qu’aux yeux de sa cible. Chacun, pris isolément, a l’impression de ne rien faire de répréhensible. Le harcèlement apparaît rarement comme tel au moment où il a lieu. Sur le moment, la cause semble juste, les railleries ou les insultes sont justifiées par le contexte et peu de monde y trouve à redire.

    • 19 novembre 2019. Une jeune femme nommée Sabrina entre dans une épicerie de Villiers-sur-Marne. Elle a une vive altercation avec la commerçante pour une histoire de monnaie rendue. La vendeuse filme la scène et sa fille la publie sur les réseaux sociaux. La vidéo atteint très vite le million de vues. S’engage alors une véritable vendetta contre la jeune femme, entre Twitter et la vraie vie. Un mec la repère très rapidement et lui donne une première correction physique, publiée en vidéo sur Twitter. Le lendemain, trois jeunes femmes la retrouvent dans son quartier. Elles lui mettent plusieurs gifles et filment la scène, qui devient à nouveau virale

    • Son adresse, son numéro de téléphone, son numéro de sécurité sociale sont publiés sur Twitter. Une sextape circule aussi sur les réseaux. Quelques jours plus tard, elle est internée dans un hôpital psychiatrique. Nombre d’articles dans la presse française : deux (tous deux dans Le Parisien)

    • 26 novembre 2019. Le hashtag #Noisiel apparaît dans les trending topics Twitter, du nom d’une ville en Seine-et-Marne. Sur ce hashtag, on découvre la vidéo d’un habitant de la commune ayant un rapport sexuel avec un autre homme. Des milliers de commentaires homophobes sont postés, les internautes se mettent à la recherche du jeune homme. Il doit quitter la ville immédiatement et se réfugie à l’étranger. Nombre d’articles dans la presse française : une douzaine.

  • Émeutes après la blessure de Villeneuve la Garenne : Les gouttes policières font déborder le vase populaire
    https://desarmons.net/2020/04/21/emeutes-apres-la-blessure-de-villeneuve-la-garenne-les-gouttes-policieres

    #Villeneuve-la-Garenne s’est enflammée depuis ce dimanche soir. La révolte a éclaté après qu’un habitant de la ville, Mouldi, a percuté la portière d’une voiture Passat banalisée de #police, arrêtée au niveau d’un feu, samedi soir vers 22 heures sur l’avenue de Verdun.

    Dans la voiture de police se trouvaient quatre agents de la #BAC des Hauts-de-Seine, qui avaient remarqué Mouldi alors qu’il circulait sans casque sur une moto-cross. Lorsque Mouldi est arrivé à hauteur du véhicule pour la dépasser par la droite en emprunter la piste cyclable, l’un des passagers, qui l’observaient pourtant dans leur rétroviseur et ne pouvaient avoir manqué son arrivée à pleine vitesse, a ouvert la portière, projetant Mouldi sur un poteau du trottoir. Précisons que la voiture n’était pas sérigraphiée, Mouldi ne pouvant pas savoir qu’il s’agissait d’un véhicule de police.

    Des témoins directs présents sur les lieux ont filmé les minutes suivantes et publié les vidéos (deux angles différents) sur Snapchat. On y voit Mouldi crier de douleur, tandis qu’un policier lui fait un bandage à un mètre du poteau sur lequel il a atterri. Sa moto est quelques mètres plus loin sur le trottoir, tandis que trois autres policiers font des allers-retours entre Mouldi et leur véhicule. L’un des témoins affirmera que l’un des policiers était alcoolisé, affirmant que la portière a été ouverte volontairement à l’arrivée de la moto. Les témoins pensent dans un premier temps que Mouldi a perdu sa jambe. Pris en charge à l’hôpital, il souffre d’une fracture ouverte de la jambe gauche, mais n’a heureusement pas été amputé.

    Le lendemain matin, une autre vidéo prise depuis la station essence qui jouxte le lieu de l’accident, montre des policiers emporter le poteau sur lequel Mouldi a été projeté la veille. Le parquet affirme qu’aucune enquête #IGPN n’a été pour l’heure diligentée, mais la presse prétend qu’une enquête a été ouverte contre Mouldi pour « rodéo urbain » et « mise en danger d’autrui ». L’enquête est menée par le SAIP local, c’est à dire les collègues directs des policiers de la BAC impliqués dans l’accident.

    On s’en fout bien de savoir si Mouldi avait un casier judiciaire. Avec cet Etat répressif, nous sommes des dizaines de milliers à avoir un casier judiciaire, pour des raisons diverses. Cela ne justifiera jamais que des policiers frappent, mutilent et tuent un-e seul-e d’entre nous.

    Dans la nuit de dimanche à lundi, ce ne sont pas seulement les quartiers de Villeneuve-la-Garenne qui ont explosé de colère, mais aussi certains quartiers de #Nanterre, #Suresnes, #Aulnay-sous-Bois, #Egly, #Gennevilliers, #Epinay, #Grigny, #Fontenay, #Saint-Ouen, #Villepinte, #Neuilly-sur-Marne, #Amiens Nord, #Rueil-Malmaison, #Noisiel, #Mulhouse, #Sevran, #Evry, #Strasbourg, #La_Courneuve, #Chanteloup, #Bordeaux, #Toulouse : feux de poubelles, artifices et barricades contre gaz lacrymogènes, balles de caoutchouc et grenades. Et arrestations violentes de journalistes indépendants, pratique devenue coutume chez des policier-es qui ont très clairement quelque chose à se reprocher…

    Ces explosions de colère ne sont pas seulement le résultat de l’accident de Mouldi, mais font suite aux contrôles, humiliations et violences incessantes subies par les habitant-es des quartiers populaires, notamment depuis le début du confinement. Cette colère est politique.

    Dans la semaine précédent l’accident de #Mouldi, le 15 avril, #Malik_Zar_Mohammad, 25 ans, a été tué de trois balles dans la tête par les policiers d’une brigades cycliste dans le parc de la Courneuve. Les policiers ont été appelés en renfort par une brigade équestre durant sa ronde, après que Malik aurait refusé de quitter les lieux et se serait rué sur les chevaux avec un couteau. Repoussé à l’aide de gaz lacrymogène, les policiers affirment qu’il serait revenu à la charge avant d’être abbatu (NB : Malik était demandeur d’asile et non francophone).

    Dans la nuit du 14 au 15 avril, un homme de 60 ans est mort dans une cellule du commissariat de #Rouen, après avoir été arrêté pour conduite sous l’emprise d’alcool. Le médecin l’ayant vu au moment de son placement en cellule l’avait jugé apte à la garde-à-vue.

    Le 10 avril, la police de #Bruxelles a tué Adil, 19 ans, pour avoir enfreint le confinement, en percutant son scooter en voiture dans le quartier d’Anderlecht.

    Dans la nuit du 9 au 10 avril vers 1 heures, Boris, 28 ans, est mort noyé dans la Charente à #Angoulême, après avoir tenté d’échapper à un contrôle de la BAC. Pris en chasse par la police, il se serait trouvé bloqué à contre-sens sur le pont Saint Antoine et serait descendu de son véhicule avant d’enjamber la balustrade et de se jeter dans l’eau.

    La même nuit vers 4h30, un automobiliste de 28 ans est mort dans un accident de voiture sur la route départementale 643 à hauteur d’#Estournel, après avoir esquivé un contrôle à #Cambrai et été poursuivi par la police. Son passager, âgé de 20 ans, a été hospitalisé entre la vie et la mort et placé en coma artificiel.

    Toujours la même nuit, un homme de 49 ans est mort dans sa cellule de dégrisement à #Sorgues, après avoir été interpellé en raison d’une rixe avec son colocataire. Il est constaté mort dans sa cellule lors de la reprise de service par les gendarmes le matin.

    Le 8 avril, la police municipale de #Béziers a tué #Mohamed_Gabsi, 33 ans, lors d’une arrestation violente pour avoir enfreint le confinement (alors que Mohamed dormait à la rue).

    Le 4 avril, la police de #Chanteloup-les-Vignes a tiré au LBD dans la tête d’une fillette de 5 ans, en marge d’échauffourées faisant suite à un contrôle de scooter. 14 tirs de LBD et 9 grenades lacrymogènes ont été recensés. Elle a été plongée dans un coma artificiel à l’hôpital Necker, souffrant d’une fracture et d’un important traumatisme crânien.

    De nombreuses images de contrôles violents ont également circulé dés le début du confinement, dont l’agression de Sofiane, 21 ans, le 24 mars aux #Ullis ou celle de #Ramatoulaye, 19 ans, le 19 mars.

    Six morts entre les mains de la police française en deux semaines !!

    Nous nous associons à la colère des émeutiers, qui ne font que réagir à cette #violence systémique et raciste qui inonde notre paysage quotidien, les réseaux sociaux permettant aux témoins de diffuser instantanément les preuves en images des agissements policiers dans les quartiers populaires. Ces images ne rendront pas #justice, mais elles permettent au moins d’établir la vérité et de prendre une distance critique par rapport à la version officielle servie par les auteurs de ces actes et les procureurs qui organisent systématiquement leur impunité.